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L'Empire d'essence

La grossièreté du cinéma français fait ressortir la subtilité de certaines productions yankies. Plus belle la vie évoque même la politique-fiction de George Orwell, représente une sorte de France totalitaire scénarisée par BHL. Tous les clichés sont là. En dehors de quelques méchants qui ont des bobines d’électeurs de Le Pen, le soleil brille sans éclipse sur une société pluriculturelle métissée.

La proportion importante de fictions policières, elle, est caractéristique de la mentalité puritaine. L’état-policier, l’état-hygiénique, c’est un rêve typiquement bourgeois. Avec une fascination, une incrimination particulière des crimes sexuels tels que le viol, l’inceste ou la pédophilie (qui dans la civilisation classique grecque ne sont même pas des crimes, sauf peut-être pour les stoïciens, et encore…).
Les malversations de la “Société générale” ou de l'UIMM, l’étalage de la haine des nantis de Neuilly les uns pour les autres ont certainement des répercussions sociales plus graves que tel ou tel acte pédophile, mais cela le bourgeois ne le voit pas.

Bien sûr il y a des raisons politiques d’abord à la supériorité de l’industrie cinématographique des Etats-Unis. Seul un cuistre peut l’imputer à la richesse des studios d'Hollywood.
Les Yankis ne lisent pas, ou peu. Et la frontière entre le cinéma et la littérature n’existe pas, n’a quasiment jamais existé aux Etats-Unis. Cette fonction de propagande subtile, elle est jouée en France par une sous-littérature écrite, des écrivains comme Eric-Emmanuel Schmitt, Anna Gavalda, BHL, Marc Lévy, Frédéric Beigbeder, Patrick Besson, etc.
Patrick Besson ne demanderait pas mieux que d’être scénariste pour TF1, et il n’est pas si “cher” que TF1 ne puisse l’embaucher, mais il n'y pas encore de demande en France pour un produit impertinent, même si Sarkozy en rêve, pour pimenter ses soirées avec Carla.

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À côté de séries comme 24 h, Les Experts, Prison break, qui jouent sur des ressorts banals, la fascination commune pour le sexe et la violence, avec une dose de suspense et de patriotisme yanki en plus, et qu’on peut qualifier de “pornographiques” sans s’y attarder, d’autres séries plus psychologiques visent le public féminin.
Il faut garder à l’esprit que près de soixante-quinze pour cent de la production littéraire commerciale est épongée par des femmes ; si le bovarysme touche de plus en plus les hommes, c’est d’abord historiquement une affaire de femmes. Si la gent féminine fait des efforts hypocrites dans ce sens, elle reste assez imperméable à la débilité psychologique profonde d’un match de football ou de rugby.
Sex and the city est l’exemple le plus célèbre de ce genre de séries qui donnent dans l’épaisseur psychologique, sans équivalent à la télé française
Sex and the city est une sorte de publicité pour la société new-yorkaise, mais sans verser dans le manichéisme, avec un contraste qui rend la propagande plus efficace. Spielberg est plus efficace que Léni Riefenstahl : le public paie pour voir les films de Spielberg !
Reste que l’androgynie morale des héroïnes de la série Sex and the city, pour le public français amateur de jolies femmes, est assez dégoûtant.

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Plus récemment, dans la même veine "impertinente", la série Dr House évite aussi les clichés du cinéma européen, balourd jusque dans les analyses sociales de Chabrol, ou ontologiques de Godard.
Ce personnage de toubib handicapé, chef du service des cas épineux, qui appelle un chat un chat, et une chienne une chienne, en dit assez long sur la société yankie. À condition de ne pas porter sur cette série le regard d’une téléspectatrice française moyenne.
Cette série n’est bien sûr pas fabriquée pour le public français d'abord.
Ainsi le Dr House étant politiquement incorrect, il se doit pour les Etats-Unis d’être athée ; difficile à piger en France où ce sont au contraire les “intégristes” musulmans ou catholiques, les membres de l’Eglise de Scientologie, qui sont politiquement incorrects, l’athéisme étant banal sous nos latidudes.
Le comique de cette série est typique du nouveau comique bourgeois. Le Dr House fonctionne exactement de la même façon que les bouquins de Nitche. Il dit ce qu’un bourgeois peut entendre de plus choquant, tout en restant dans les limites de ce qu’un bourgeois peut entendre. Aussi politiquement incorrect soit-il, il ne faut pas s’attendre bien sûr à ce que le Dr House nie l’existence des chambres à gaz, par exemple, ou se mette à vanter les mérites de Ben Laden en tant que résistant à l’occupation israélo-américaine, ce genre de truc, même pour rigoler, dans le cadre d’une fiction, par pure provocation (le rire doit beaucoup à l'effet de surprise) ; l’émoi dans les chaumières serait trop grand et l’avenir commercial de la série compromis (Même si aux Etats-Unis elle fut diffusée en “pay per view” sur une chaîne du cable, ce qui est une donnée du cahier des charges.)
Le bourgeois est plein de petits tabous que le Dr House brise par surprise, et ça chatouille. La ménagère yankie est prête à ce que ses valeurs antiracistes ou féministes, la limitation de vitesse ou l’interdiction de fumer soient ridiculisées par un personnage de fiction, qui a l’excuse d’ailleurs d’être handicapé. De toutes façons ces valeurs sont superficielles et n’engagent à rien. Mais pas touche aux grands tabous bourgeois.
De même si Le Pen fait toujours des cartons en termes d’audience à la télé, c’est aussi parce qu’il y a des bobos qui le regardent juste “pour se faire peur”.
Dans la vraie vie, un tel personnage “socialement incorrect” a peu de chances de faire mouiller les gonzesses qui, dans la série, sont toutes au garde-à-vous devant House. D’autant moins que malgré ses fonctions de chef d’un service hospitalier, le Dr House est complètement raide.
Même s'il est un phénomène avant-coureur, le bobo en France ne donne encore qu’une faible idée du niveau de conformisme qui règne aux Etats-Unis. La diffusion par TF1 de ce genre de série prouve que le décalage entre le public français et le public yanki tend à s'effacer ; tous les efforts des politiciens libéraux et de la propagande télévisée vont dans ce sens.
Malgré sa volonté d’indépendance, son refus ferme de se plier à l’hypocrisie bourgeoise, le Dr House comme Nitche en définitive rentre dans le rang et le système en ressort encore plus fort. C’est bien tout le sens du mépris qu’un catholique ou un communiste réserve à la philosophie de Nitche : en définitive elle ne fait que renforcer les valeurs bourgeoises, son principe est antirévolutionnaire, comme le mouvement de Mai 68 qui, sous couvert de combattre le puritanisme et l’ignorance, n’a fait que les renforcer, ajouter de l'hypocrisie à l'hypocrisie.
Nul hasard dans le fait qu’un cochon de curé démocrate-chrétien, dans une basilique française en 2008, invoque les bienfaits de la morale de Nitche dans son sermon. Idem pour l’hédonisme laïcard ridicule de Michel Onfray ; c’est la même religion.
L’”identité française” est un concept crétin de philosophe sarkozyste ; en revanche le peu d’honneur français qui subsiste incite à botter le cul de tels énergumènes en soutanes, plus prompts à défendre les valeurs bourgeoises évolutionnistes et athées que les valeurs évangéliques.
Comment prétendre à l’universalisme chrétien lorsqu’on se berce d’illusions aussi ringardes ? Certes un type comme Tariq Ramadan, à défaut d’être moderne, est plus français qu’un curé démocrate-chrétien, étant donné qu’être français, ça se mérite, ce n’est pas un magot ni une rente de situation.

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Pour revenir à Dr House, c’est plus précisément l’apologie de la science (médicale) yankie à quoi cette série œuvre tout compte fait.
La science yankie, rappelons-le, en dehors de prolonger l’usage de quelques super-gadgets nazis (sans les nazis, les Etats-Unis seraient sans doute en faillite depuis longtemps), la science yankie n’a accompli aucune prouesse et ses missiles pourraient bien se retourner contre elle.
Depuis cinquante ans, quelle “potion magique” nouvelle les laboratoires américains multimilliardaires ont-ils élaborée ? Que dalle en dehors de produits dopants et de repeindre en rose des pilules vertes - même le “pot belge” est une invention belge.
(En sciences humaines, les Yankis nous ont “chipé” les trois plus grands raseurs que la France ait enfanté : Derrida, Robbe-Grillet et BHL ; si les universités yankies y mettaient plus de conviction et que le niveau d’anglais était un peu moins faible dans l’université française, le débauchage américain pourrait même contribuer à améliorer sensiblement le niveau moyen du corps professoral européen.)

Néanmoins, de façon dialectique, derrière la propagande, le scénariste de Dr House émet quand même une critique authentique. Elle est presque indiscernable puisqu’elle porte sur l’épistémologie.
Aux Etats-Unis, pour résumer, on peut dire que l’épistémologie stagne au “niveau Wikipédia”, c’est-à-dire le plagiat plus ou moins rigoureux d’encyclopédies solides dans un but prétendument humaniste, ce que certains qualifient (le plus sérieusement du monde) de “science démocratique”.
Cela donne le type de raisonnement statistique suivant : “Puisque 80 % des gens pensent que l’hypothèse évolutionniste de Darwin est exacte, eh bien c’est qu’elle ne peut pas être fausse.”
Les tirades du Dr House vont à l’encontre de cette épistémologie-là, et montrent plutôt bien ce qu’elle a d’arrogant et de niais à la fois.
Les assistants du Dr House incarnent la médecine académique, systématique, pleine de certitudes statistiques, et bien sûr carriériste. Sans le carriérisme à l’arrière-plan, on ne peut pas comprendre la science démocratique.
L’esprit imaginatif et ouvert, élitiste, du Dr House, au strict plan de l’épistémologie, l’emporte toujours dans cette série. Le Dr House a toujours raison et ses assistants ont toujours tort (Je précise que je n’ai pas vu la fin de la série et qu’il n’est pas exclu que le Dr House finisse cinglé ou avec une MST comme Nitche.)
Sur ce plan-là la série a valeur de pamphlet - ou de sous-pamphlet.

Si l’athéisme du Dr House est d’une banalité telle en France que même Sollers et BHL jugent plus branché de se draper d’une sorte de voile spirituel, en ce qui concerne son niveau scientifique le public français n’est plus très loin du public yanki. Je vous laisse conclure.

Commentaires

  • Sinon mis à part les fictions policières, penses-tu qu'il y aiet des séries qui reflètent vraiment la réalité de la société Américaine?

    (Ma foi, je suis plus bronchée sur les séries syriennes..elles sont tellement réelles!!)

  • Les séries policières ne reflètent pas la réalité mais les goûts des Yankis, leur fascination pour les crimes sexuels.
    Dans le meilleur des cas, il y a un message philosophique authentique, comme dans ce "Dr House", mélangé à la propagande.
    Le cinéma est un des piliers de l'empire américain, très largement virtuel.
    Il n'y a pas d'art, encore moins un art populaire, sans réalisme et objectivité, justement. C'est ce que Hegel a parfaitement compris et anticipé, ainsi que tous les poètes humanistes français du XIXe (Baudelaire, Ingres, Chenavard, Delacroix) : la philosophie est l'ennemie de l'art, comme la pornographie, véhiculé par la photographie et le cinéma, notamment, est l'ennemie de l'érotisme.

    Une chose frappante aux Etats-Unis, c'est l'absence presque totale d'érotisme, que tu ne trouves que dans les ghettos noirs, mexicains ou chinois.
    Tandis qu'une femme voilée, sans excès comme à la Renaissance en Europe ou dans certains pays musulmans, ça peut être très beau.

  • Excellent Lapinos! Superbe analyse.

    C'est ce qui me fait enrager en regardant cette série, son incapacité à aller plus loin, son désir de choquer, mais pas trop. Là ou je change d'avis avec vous, c'est que je ne mettrais pas la faute aux réalisateurs de la série, mais au système de production cinématographique américain, dans lequel, pour ce faire un nom, on est obligé d'entrer, et dans lequel, pour entrer, il faut accepter de propager la morale bourgeoise. Éclater ce système unique et centralisateur (comme le disent les libertariens, "décentraliser"), détruire tout le système sous-jacent qui parasite l'activité des réalisateurs, et des séries comme Dr House réussiraient enfin à être "totales". Mais elle reste une excellente série - pour un petit con comme moi qui n'aime pas l'Art (même Baudelaire, je le trouve chiant dès fois, sans parler des autres - j'espère que vous me le pardonnerez), ce genre de petites piécettes me botte bien.

    (Vous devriez voir la série en entier: House aime se foutre gentiment du pro-sémitisme moderne, il touche des fois - ne serait-ce que "en passant" - des sujets plus choquants pour le bourgeois.)

    Je reste sur ça. A vous, si vous avez quelque chose à redire...

    PS: Ne soyez pas trop méchant avec les séries, selon moi elles sont ce que le cinéma a produit de mieux, elles construisent une espèce de mythologie moderne: elles produisent des héros - et les héros, c'est ce qui manque le plus à notre société, même d'Ormesson le sait.

  • Tiens, "s'élever par l'Art" vous dites?

  • Excellent article Lapinos !!

    Les séries, contrairement aux films sont des continuités d'intrigue, on brode une maille à l'infini sans prendre de repos. Ce qui verse, à terme, dans la fantasmagorie pure. Et lorsqu'on est en panne d'inspiration, rien n'est plus tentant et naturel de donner corps à l'inconscient. Ce qui offre un excellent portrait... des scénaristes.
    Il y'a également une chose qui me frappe dans les séries américaines, ce bien avant l'avènement des séries en première partie de soirée, c'est la position victimaire de la femme. Etant jeune, j'ai le souvenir d'avoir eu affaire à une quantité impressionnante de téléfilms mettant en scène une pauvre jeune fille ayant maille à partir avec un "psychopathe" (galvaudé au possible) qui a la folle envie d'en faire, après une simple nuit d'amour, l'élue de son cœur. Je ne compte pas les séries avec femmes battues, enfants "enlevés" par l'ex-mari, amoureux transi "outrageusement" insistant ect ect...
    Désormais les Desperates Housewives sont bien moins hypocrites. On étale ce cynisme mais en lui donnant un aspect incontournable, excusé, immanent et tacite. Celà parait moins grossier, presque dérangeant (en réalité ça l'est autant qu'un hérisson par temps de brouillard sur l'A1) et comme celà est filmé de manière léchée, tout le monde adore.

  • Si vous n'adoptez pas un point de vue politique, objectif, communiste, sur l'art, Spendius, vous resterez en position de vous berner vous-même et de berner les autres.
    Je ne rends pas le scénariste responsable puisqu'il est absurde d'abstraire l'art de son contexte.
    Le contexte du cinéma, c'est aussi que c'est un "procès" et non un outil, c'est-à-dire qu'il réduit la liberté de création à presque rien. Il est assez évident pour le dire autrement, de façon plus "hégélienne", que le cinéma est né, a connu son apogée (Chaplin, Tati, Buster Keaton) et puis son déclin, dans un laps de temps très court.
    Pour revenir aux séries américaines, elles plagient un genre littéraire, le feuilleton, avec des contraintes financières moins importantes.
    ("S'élever par l'art" : ne voyez pas de contradiction dans cette expression avec le communisme ; pourquoi croyez-vous que Marx faisait apprendre par coeur à sa fille des pièces de Shakespeare ? Remettre l'homme sur pied ce n'est pas lui couper la tête, au contraire, de mon point de vue c'est Benoît XVI qui est matérialiste et non Marx étant donné que seule la politique permet de dominer la matière et que Benoît XVI renonce à la politique.)

    Le point de vue subjectif, qui est le point de vue totalitaire ainsi que celui des charlatans, permet de décréter que le cinéma est un art, et au-delà que tout ce que le plus bête des quidams, Bernard Arnault par exemple, décrète comme étant de l'art.
    Pour faire des Etats-Unis un Etat et des séries américaines un art populaire, le sophiste démocrate-chrétien passe nécessairement par ce genre de subterfuge. Comme les premières victimes du totalitarisme sont les faibles et les opprimés, l'idéologie démocrate-chrétienne est carrément scandaleuse.

  • En ce qui concerne, "Desperate housewife", le scénariste est un militant gay, ce qui explique en partie la satire de la famille américaine et des couples hétérosexuels.
    Alors qu'une vraie critique consisterait à dénoncer le puritanisme yanki, qui touche aussi bien les couples militants homosexuels que les couples hétérosexuels ; la terminologie elle-même "hétérosexuel-homosexuel" est typiquement bourgeoise et puritaine. Se définir par son orientation sexuelle, il n'y a rien de plus bourgeois. De même la revendication du mariage par les soi-disant homosexuels fait d'eux des bourgeois encore plus bourgeois que ceux qui leur refusent l'accès à cette institution.

    De fait les femmes sont plus "victimes" que les hommes. Mais le féminisme (et c'est bien de ça dont il s'agit dans les séries américaines qui font des hommes des pervers sexuels et des brutes en puissance), le féminisme en détournant les femmes des véritables causes de leur oppression, les conduit à être plus opprimées encore (la caissière des centres Leclerc incarne la femme féministe opprimée - aux Etats-Unis elles n'ont même pas le droit de s'asseoir !) ; on peut même penser que ce n'est qu'un début. De même les nègres de Louisianne sont des victimes, non seulement du racisme, mais aussi de l'antiracisme.

    Le tort de Spendius (qui est le même que celui de Sarkozy), c'est de croire que la somme de petits espaces de liberté, comme aux Etats-Unis, équivaut à une grande liberté, alors que ce morcellement n'est qu'un symptôme de l'anarchie qui règne partout. Prendre l'algèbre ou la géométrie pour une science, ça relève typiquement de l'anarchie. Un savant qui serait au-dessus des niaiseries officielles de Kant, de Popper, de Stephen Gould, aujourd'hui, c'est en partie le cas de Claude Allègre, par exemple, eh bien il est happé, tiré par le bas par les crétins qui l'entourent ; l'anarchie fonctionne un peu sur le modèle du cyclone. L'oeil du cyclone, ce sont les Etats-Unis, dont il faut s'éloigner le plus possible.

  • Je n'ai pas de "point de vue" sur l'art, je n'aime pas l'art, c'est tout. Tout simplement car, selon moi, l'Art n'est pas la recherche du Beau, celle-ci se trouve dans la Science. La meilleur définition de l'art se trouve chez Schopenhauer selon moi: elle permet de soulager les hommes de la vie - et dans ce sens, l'art est une religion, elle est à l'origine de la religion (Baudelaire partage ce point de vue). Il n'y a aucun absolu dans l'art (de même qu'il n'y aucune religion première, il y a une infinité de religions), rien qui "n'élève" l'homme. Et à dire vrai, dans "l'art élitiste", "le vrai art" que vous défendez, j'ai vu peu de choses potables. Même Baudelaire - ce n'est juste qu'un deuxième Jean de Sponde, en moins bien même des fois (comparez "Les Fleurs du mal" aux "Essais de quelques poèmes chrétiens"). Beaucoup trop de conneries, d'artifices, sans aucune valeur, dans la prose de Bernanos, de Barbey, etc.. C'est le risque, quand on pense que l'Art essaie de toucher "l'absolu", on fout de la poésie partout et il n'y en reste plus nul part, que des artifices.

    Les bons artistes, ce sont les Darien, les Céline, les Paraz, les Courier, ceux dont on sent que l'écriture n'est pas trafiquée mais réelle et sincère. Qu'est-ce qu'il y a de sincère chez Maistre, chez Barbey, chez Bernanos? Qu'est-ce qu'il y a de sincère chez la foi mystique et débile de Bloy (aux antipodes de la "foi du charbonnier" de Courier)? Rien.

    Le Beau se trouve dans la Science car seule elle peut toucher l'absolu, dévoiler les "pensées de Dieu" pour reprendre l'expression d'Einstein. L'Art, lui, c'est une immense illusion dont la presque totalités des acteurs sont des faux-culs et des hypocrites.

    Je ne considère pas que le cinéma est un art, voyons, Mr Lapinos! - Mais elle en porte les caractéristiques principale: mensonge, fausseté, artificialité.

    Je n'aime pas le cinéma (ou alors l'ancien: Méliès, notemment), je préfère la série, le téléfilm, genre qui a le mérite de ne pas se prendre comme un art. "On brode une maille à l'infini", comme dit le mouton (pitié, arrêtez avec ces histoires d'inconscient...) une idée par si par là, hop, on développe, on obtient un épisode. Il y a moins d'hypocrisie dans ceci - je dirais même: Il y a moins d'hypocrisie dans Desperate Housewives que dans une page de Bernanos, par exemple.

    A votre tour, camarade.

  • Depuis quand je défends "les petits espaces de liberté" - je vous le dis, vous ressemblez trop à Freud, vous nous sortez des concepts bizarres à tout bout de champs. Essayez de développer, bon dieu!

    Et évitez les dogmes idiots aussi: Il y a encore peu de temps, une bombe a éclaté en physique théorique, une théorie du Tout toute nouvelle qui propose que la réalité est complètement géométrique, de A à Z, grosso modo.

  • Et pour revenir sur Dr House, je ne vois pas en quoi "elle oeuvre à la propagande du système médical yankie" - il est clair que House bosse dans un hôpital yankie, c'est le but, ça n'en fait pas une propagande envers la "science yankie" - je ne vous comprends pas.

    Et la deuxième partie que j'aurais à critiquer, c'est bien entendu, les comparaisons idiotes avec "Nitche".

  • En bref, la grande erreur de votre critique, et d'une manière générale de toutes vos critiques, c'est le trop-politique. Tout est politique chez vous. Les économistes autrichiens ont démontré que la politique n'existe que durant que l'activité humaine n'est pas libre, vous, vous voulez tout politiser, et par conséquent vous videz tout de sa liberté intérieure. Vous voyez de simples séries comme Dr House comme des instruments politiques - ils le sont certainement, inconsciemment surtout, car plusieurs de ses séries dépeignent la société actuelle, elles ne la renforce pas pour autant. House n'est qu'une série, il faut l'apprécier pour ce qu'elle est: ni "l'apologie de la science médicale yankie" ni "le renforcement des valeurs de la bourgeoisie", l'histoire d'un héros, c'est tout.

    Sur ces mots confus, je vais me coucher, moi.

  • "Elles le sont certainement": Je veux dire qu'elles peuvent être vues par un oeil freudien comme le votre comme des instruments politiques mais ce n'est pas le cas. Vous ne pouvez pas présenter des séries fait par des types dont on a rien à reprocher comme des instruments politiques. Ils veulent distraire les foules, il n'y a rien à reprocher à ça, c'est une pratique milllénaire. Le véritable problème, c'est l'atmosphère d'oppression bourgeoise, non pas l'activité individuelle libre. Il faut détruire l'atmosphère bourgeoise, mais non pas l'activité libre, et il ne faut surtout pas voir dans l'activité libre une marionette de l'atmosphère d'oppression.

  • En gros, vous êtes un parano. Et il m'a fallu 6 messages pour le dire.

    ("marionnette")

  • Vous êtes si anarchique qu'il n'est pas aisé de vous répondre.
    Vous m'accusez d'être effrayé par un danger qui n'existe pas en étant la preuve vivante de cette anarchie. Tâchez d'établir une hiérarchie dans votre raisonnement : c'est le premier pas vers le communisme !

    Pour un communiste on ne peut pas dissocier la forme du fond. De même la science, l'art et la politique forment un tout. La devise de Marx, c'est : "L'unité du but."
    C'est précisément contre ce démantèlement que Hegel s'élève, et c'est à ce démantèlement que Marx fournit un remède.

    - Il est vrai qu'il y a chez Baudelaire un mélange d'idéalisme et de politique (comme chez Hegel ou Delacroix), mais c'est la politique qui l'emporte en définitive chez Baudelaire, et c'est ce qui fait de lui un classique et non un romantique, un chrétien et non un byzantin.

    - Dans la série "Dr House", la médecine yankie est décrite de façon idyllique puisque même House, qui a tout d'un franc salaud, œuvre à sauver des vies humaines, et que son diagnostic est quasiment infaillible. On est très loin de la réalité économique de la médecine yankie, déterminée par le "marketing" de cartels de l'industrie chimique (Les héritiers directs des cartels nazis, soit dit en passant ; les slogans antinazis ont pour but de dissimuler tout ce que les Etats-Unis doivent à l'Allemagne nazie ; House, en quelque sorte, c'est le parfait nazi, jusque dans sa manie des expériences "in vivo" et son obsession de la génétique, c'est tout l'intérêt et l'ambiguité de cette série).
    Pour revenir au contexte politico-économique de la production de ce genre de séries un peu subtiles sur le plan psychologique et destinées à un public féminin, il est déterminant. Il y a beaucoup plus de niches commerciales, c'est-à-dire de chaînes payantes ciblées aux Etats-Unis qu'en France pour des raisons évidentes d'organisation politique. Ce genre de feuilletons est le produit de la politique de ghettos ; à relier au fait aussi que comme S. Huntington l'a relevé, les Yankis sont dépourvus de conscience politique.

  • Point par point:

    -Je ne suis pas anarchique, je n'incarne rien du tout, je ne suis pas lecteur du Figaro etc - c'est votre freudisme qui le veut, votre besoin de tout poser en idéologie, de "hiérarchiser" comme vous dites. Tout comme les artistes et les philosophes, qui pensent, en faisant des systèmes, s'élever par dessus les hommes pour atteindre le ciel, leurs systèmes, ce sont leurs tours de Babel - mais au final, ce ne sont que des misérables cons. Feynman (un esprit pour lequel j'éprouve une admiration sans borne et sur lequel vous devriez vous pencher) adorait attaquer ces faiseurs d'idéologies comme vous, ces "anti-anarchistes" idiots qui de la science, ne comprennent rien et osent s'en targuer. Parlez de ce que vous savez: C'est le premier pas pour être intelligent.


    La science, l'art et la politique forment un tout? Encore une connerie érigée en dogme. Si au moins vous pouviez me le démontrer...

    "Dans la série "Dr House", la médecine yankie est décrite de façon idyllique puisque même House, qui a tout d'un franc salaud, œuvre à sauver des vies humaines, et que son diagnostic est quasiment infaillible"

    C'est le but même d'une série.

    "On est très loin de la réalité économique de la médecine yankie, déterminée par le "marketing" de cartels de l'industrie chimique (Les héritiers directs des cartels nazis, soit dit en passant ; les slogans antinazis ont pour but de dissimuler tout ce que les Etats-Unis doivent à l'Allemagne nazie ; House, en quelque sorte, c'est le parfait nazi, jusque dans sa manie des expériences "in vivo" et son obsession de la génétique, c'est tout l'intérêt et l'ambiguité de cette série)."

    Encore une envie de tout politiser: Pourquoi il faudrait qu'une série décrive "la réalité économique" si justement, le but d'une série - et d'une manière générale, tout ce qui se rapproche de près ou de loin de l'art - est de décrire la réalité d'une manière idyllique? Et surtout, en quoi la passion pour la génétique et la "manie des expériences in vivo" relie House aux nazis? Des définitions, des artifices, rien que des artifices, mais une pensée complètement morte. Vous vous rendez ridicule à tout politiser, même moi je suis "un instrument politique" à vos yeux il est donc normal qu'une simple série comme Dr House le soit aussi.

    Et ça s'empire:

    "Pour revenir au contexte politico-économique de la production de ce genre de séries un peu subtiles sur le plan psychologique et destinées à un public féminin, il est déterminant. Il y a beaucoup plus de niches commerciales, c'est-à-dire de chaînes payantes ciblées aux Etats-Unis qu'en France pour des raisons évidentes d'organisation politique. Ce genre de feuilletons est le produit de la politique de ghettos ; à relier au fait aussi que comme S. Huntington l'a relevé, les Yankis sont dépourvus de conscience politique."

    ...

  • Les séries : pour des raisons évidentes d'organisation politique.

  • "- Il est vrai qu'il y a chez Baudelaire un mélange d'idéalisme et de politique (comme chez Hegel ou Delacroix), mais c'est la politique qui l'emporte en définitive chez Baudelaire, et c'est ce qui fait de lui un classique et non un romantique, un chrétien et non un byzantin."

    Pauvre Baudelaire, lui qui se disait "dépolitiqué", devient avec vous politique.

  • Vous oubliez les imprécations de Baudelaire contre la société bourgeoise, la démocratie et les philosophes qui forment son clergé, sa relative déception devant la production artistique de son temps. Tout ça vous le retrouvez chez Hegel.

    La morale du Dr House ressemble à s'y méprendre à celle de Nitche, dont les slogans nazis ne sont pas très éloignés. Cette manie de prendre ses patients pour des cobayes évoque aussi la médecine nazie (qui découle de l'épistémologie évolutionniste du XIXe).
    L'équivalent français du Dr House, c'est Michel Houellebecq : à cette différence près que Houellebecq aurait tendance à dire qu'il croit en Dieu, pour être politiquement plus incorrect et narguer le clergé laïc (Michel Onfray).

    Houellebecq qui confond d'ailleurs exactement comme vous gadgets technologiques et science avec un aplomb déconcertant.
    Conclusion : House/Houellebecq, c'est vous !
    J'ajoute pour ne pas vous paraître trop cassant que j'ai plus de respect pour les nazis (House) que pour les yankis (les assistants de House), ultimes crétins.

  • Encore votre analyse freudienne. House + Houellebecq = Spendius! [Ou est-ce que j'ai dit que la science et la technologie, c'est la même chose? Vous insultez mon "feynmanisme" - Feynman ressemblait beaucoup à De Vinci, pour lui, la technologie était un produit de la science, au service de la science]

    Mais... j'éprouve du respect pour les nazis ou pro-nazis. J'aime bien la conception réaliste qu'Hitler se fait de l'art, j'aime bien Rebatet, Céline, etc - peut-être avez-vous donc raison sur la comparaison que vous faites de House avec les nazis et de moi avec House. Mais ce n'est pas le nazisme de House qui le fait traiter ses patients comme des cobayes, c'est sa misanthropie.



    Au fait, vous pensez que les États-Unis en sortiraient moins décadents si ils se revendiquaient du nazisme au lieu de le cacher dans un océan d'hypocrisie?

    Moi, ce que j'aimerais analyser chez vous, c'est votre manie de tout politiser. Vous croyez que des séries comme Dr House sont inventées de toutes pièces?

    Allez, parlez, j'adore votre manière originale de voir le monde.

    Et qu'est-ce que la production artistique de Baudelaire a de spéciale, à part sa reprise de Sponde?

  • Finalement, si je vous comprends bien, ce qui manque à Nietzsche, à Houellebecq, et autres, c'est qu'ils ne sont pas, comme Marx, révolutionnaires?

    ...

    Je vous comprends pas.

  • - Oui, on peut le dire comme ça, précisément ce que Marx reproche à la littérature bourgeoise (Eugène Sue, Chateaubriand), c'est d'être "fabriquée de toutes pièces".
    Les séries américaines, cette "easy-littérature" est évidemment, si on la compare à Chateaubriand sur le seul plan formel ce que le pet de lapin est au lapin.

    - Sur Vinci, je ne peux pas vous répondre à cause du malentendu que les philosophes entretiennent sur les peintres de la Renaissance et Léonard en particulier. Vinci n'est pas un Courtial des Pereire ("Mort à Crédit"), ce n'est pas le précurseur de la civilisation du gadget. La langage de Vinci c'est la poésie, la peinture, c'est là qu'il s'exprime fortement, et ce langage, en dehors de rares historiens d'art ou de collectionneurs avisés, plus personne ne le parle.

    - Pour en finir avec Freud, fétiche de la bourgeoisie puritaine, il n'a pas inventé la psychologie - il y a plus de psychologie dans dix lignes de Platon ou d'Homère que dans tout l'oeuvre de Freud - il l'a tuée en la ramenant au seul déterminisme sexuel.

    - C'est difficile d'imaginer les Etats-Unis sans hypocrisie, étant donné que les Etats-Unis sont bâtis sur ce sable : le mensonge et la propagande. Il a bien fallu pour mobiliser l'opinion publique américaine dresser un portrait calamiteux d'Hitler, avant Saddam Hussein, le présenter de façon binaire comme l'exact contraire des valeurs yankies. Même les Britanniques l'ont fait, alors même qu'une partie de la famille royale était favorable à une alliance avec l'Allemagne plutôt qu'avec les Etats-Unis. Alors qu'un des piliers qui permet à l'idéologie yankie de tenir le coup et de ne pas se dissoudre dans la réalité, c'est la bombe A, inventée par les Allemands. Les antinazis pro-yankis ne sont, ne peuvent être que des hypocrites.
    La première impression que j'ai eue en posant le pied sur le sol américain, après Chateaubriand, Tintin et BHL, c'est d'être en Allemagne. Une Allemagne sans Bach ni Dürer, ça va de soi.

    - C'est le cas de presque tous les philosophes bourgeois après Voltaire - Nitche, Houellebecq, Gombrowicz - ils se tirent une balle dans le pied. Voltaire, lui, est un cran au-dessus, à la charnière, comme Sartre ou Drieu La Rochelle, parce qu'au moins ces trois-là voient leur contradiction à défaut de la résoudre.

  • Vinci n'est certes pas un promoteur de la technologie (ni Feynman - ni moi), mais il se base beaucoup plus sur la science que sur l'art. Il comprend la supériorité du réel sur les fantasmagories des artistes, qui atteignent leur sommet chez Baudelaire, Léon Bloy, etc. Cela rappelle un texte de Feynman, qui défendait que la vision que la physique apporte du monde est une vision infiniment plus belle et élégante que celle des artistes, et qui sous-entendait que les artistes n'arrivaient pas à transcender la Nature, mais que les scientifiques, et surtout les physiciens, y arrivaient. Ou, aussi, un physicien qui me présentait une seule équation (l'équation de champ d'Einstein, qui est, à elle seule, toute la relativité générale) en me disant que cette oeuvre d'art, par la puissance qu'elle contient, allait beaucoup plus loin que n'importe quelle prose d'un soi-disant artiste.

    -C'est là que je m'insurge. Les séries ne sont justement pas fabriquées de toutes pièces comme le sont les livres (lisez la correspondance de Flaubert: vous verrez à quel point la notion de "pièce" est présente, à quel point ces chefs-d'oeuvre sont, eux, fabriqués de toute pièces), ils ont une fluidité, une unité, qui est due au fait que justement, elles ne sont pas un Art, ni une "easy-littérature". L'infériorité des séries par apport à la littérature est leur plus grande force: Car, la littérature, en essayant de viser haut, tombe très bas, alors que les séries n'ont aucune chute, on ne sent pas l'hypocrisie. Dans les séries comme Dr House, on a un concept, et puis on a l'histoire. Chez Bernanos, on a une bouillie de philosophie débile sans queue ni tête, et qui, bien évidemment, pour avoir une certaine cohérence, exige d'être fabriquée de toutes pièces.

    -Freud n'est pas tant un fétiche, c'est véritablement l'essence de tout ce qui se produit de mauvais depuis toujours. Et la base de Freud, c'est la méconnaissance de la science (exactement ce que Feynman reprochait à tout les idiots qu'il rencontraient - philosophes en premier plan, artistes après). Vous êtes, vous aussi, un espèce de Freud, un conteur de fables, comme lui. "Pour ne pas être trop cassant", je dirais que vous êtes mieux que lui, néanmoins. Vous aussi, vous essayez de "déchiffrer" les choses, vous interprétez (le fondement de toute psychanalyse, (et donc, de toute pensée décadente) est, selon Deleuze, de privilégier l'interprétation à l'expérimentation), et puis, on a de la peine à vous comprendre: Tenez, je pige toujours pas comment "Dr House", sous votre plume, est tout autant un renforcement des valeurs bourgeoises tout en les mettant en cause. Et de quelle manière: Plusieurs fois, House tient un discours comme le votre, notemment durant un épisode dans lequel, obligé de faire une conférence pour la promotion d'un nouveau médicament, dévoile devant tout le monde toute l'hypocrisie de l'industrie médicale américaine, presque en faisant une comparaison avec les nazis, on aurait cru que c'était vous qui parliez.
    Je suis un peu con, vous savez, et je n'aime pas ce qui n'est pas concret et développé, en bref, scientifique. Je cherche à vous comprendre.


    -Toutes les nations sont baties sur ce sable, ce que vous reprochez véritablement aux États-Unis, c'est d'être le premier pays à ne pas l'avoir caché réellement. Vous n'êtes pas orignal: Votre opinion sur les "yankies", tout le monde l'a... Alors que tout le monde pense encore que la Révolution Française et la Résistance étaient de nobles actes de grands héros, par exemple.

    "Les antinazis pro-yankis ne sont, ne peuvent être que des hypocrites."

    House est justement un nazi anti-yanki. Plusieurs fois, je crois, en l'entendant, vous entendre - épuré néanmoins de tout ces Chenavard et Delacroix bidons.

    (Dis donc, quelle éloge je fais de cette série! - On va encore me sortir que je suis un bourgeois sarkozyste, à ce rythme là)

  • Comment remettre les valeurs bourgeoises en cause tout en ne les remettant pas en cause ?
    Les exemples abondent : Mai 68, Houellebecq, BHL lorsqu'il attaque les nazis, la droite libérale lorsqu'elle attaque la gauche libérale, et vice-versa, les créationnistes yankis lorsqu'ils attaquent les évolutionnistes yankis, et vice-versa.

    Il suffit pour ça d'émettre des critiques marginales. Celles du Dr House à l'encontre du système de santé restent assez superficielles. Ou difficile à décrypter, comme la critique du mode de raisonnement des jeunes internes de House. J'ajoute que je prends cette série comme l'exemple de la série "la plus subversive", comme on peut dire que Houellebecq est l'auteur (non censuré) à l'heure actuelle le plus subversif - alors que, je vous le répète, il partage "grosso modo" les mêmes valeurs positivistes nazies qui sont celles de l'université et des médias aujourd'hui.
    J'ajoute une chose : en s'enfonçant dans l'hypocrisie, la société bourgeoise s'enfonce dans la bêtise.

    Sur Vinci, tout ce que je peux dire c'est qu'il y a déjà eu des débats entre sculpteurs et peintres pour savoir lesquels exerçaient l'art le plus élevé. Qu'il y ait un débat entre les savants et les peintres ou les poètes n'est pas étonnant. Mais je réaffirme que Vinci est un peintre, non pas un savant et encore moins un philosophe. Le but est le même, mais les moyens de Vinci sont différents de ceux d'Erasme.

    Je préfère défendre Balzac ou Waugh plutôt que Bernanos. Avec une intrigue et un concept, on ne fait pas de la littérature authentique, il manque l'ingrédient qu'il y a chez Balzac ou Waugh : l'observation aussi objective et sincère que possible de la nature et de l'homme ; autrement dit on ne peut pas fonder l'art seulement sur la propagande/le mensonge et la virtuosité stylistique. L'art n'est pas gratuit comme un divertissement yanki.

  • On avance...

    J'espère que vous faites une distinction entre BHL et Houellebecq. Alors que BHL joue le jeu de la bourgeoisie a plein nez et en a conscience, Houellebecq non.

    Les nazis sont donc des bourgeois, selon vous? L'idée n'est séduisante que pour vous, qui voulez à tout pris choquer le plus (vous êtes aussi un de ces critiques de la bourgeoisie qui ne la critique pas vraiment: Critiquer sur un blog hautetfort, c'est pas le plus subversif). La caractéristique du bourgeois, c'est son non-extrémisme, d'ou son hypocrisie. On ne peut pas dire que les nazis n'étaient pas extrémistes, ils ne sont donc pas bourgeois. Et la "critique de BHL contre les nazis" n'est donc pas une critique contre la bourgeoisie - il n'y a rien de subversif chez BHL, c'est un bourgeois complet.
    Mai 68, c'est pas non plus bourgeois. C'est un évènement fait par des naïfs adolescents (selon Nabe), mais pas des bourgeois, il y a même une pensée nettement anti-bourgeoise derrière Mai 68 (Deleuze, notemment). Maintenant, que les naïfs de Mai 68 soient devenus des bourgeois pas la suite, c'est autre chose...

    "Les créationnistes yankis contre les évolutionnistes yankis": A ce rithme là, pourquoi pas dire qu'être anti-PSG c'est attaquer la bourgeoisie. Ce sont des querelles idiotes internes au système bourgeois, mais cela ne veut pas dire que ce sont des querelles "qui remettent en cause la bourgeoisie sans le faire vraiment"

    "il partage "grosso modo" les mêmes valeurs positivistes nazies qui sont celles de l'université et des médias aujourd'hui."

    Là encore, je vous pige pas, je trouve idiot: Il faut bien, pour qu'une série comme Dr House ne soit pas censurée ou qu'un type comme Houellebecq ne soit pas censuré, qu'il accepte de jouer le jeu de la bourgeoisie ne serait-ce qu'un instant. Quand Nabe accepter de passer à la télé, il "joue le jeu de la bourgeoisie", ça fait de ses critiques des critiques qui renforcent la bourgeoisie? - Même chose pour Houellebecq, et pour Dr House: On doit choisir un type sexy pour que ça tienne la route, puis on doit essayer de l'humilier de temps en temps (procédé courant dans la série: Même si House a presque tout le temps raison dans les diagnostics, il s'incline souvent devant la morale des autres médecins, surtout de son ami Wilson) pour faire comprendre au public que l'attitude de House n'est pas à imiter (comme vous l'avez très bien dit: si un type comme House existait en réalité, il n'attirerait personne), mais dans le fond, si on essaie de faire abstraction de tous ces procédés qui permettent de garder la série non-censurée (quoi que plusieurs fois elle l'a été, par TF1), il y a un vrai pamphlet.
    Même chose pour une autre série américaine, "Dexter": L'histoire d'un tueur en série...de tueurs en séries.
    La morale doit rester sauve, sinon l'idée sombre dans l'oubli, mais le pamphlet est là.

    Par contre, Nietzsche, lui, n'essaie même pas de "jouer le jeu de la bourgeoisie", je ne suis pas d'accord avec vous: Ses idées restent très très subversives, beaucoup plus que Marx (qui avait lui aussi beaucoup de tics freudiens dont vous avez comme qui dirait hérité). Pour s'en rendre compte, il faut lire les analyses monumentales de Domenico Losurdo. Un communiste, hégélien (et dont je pense qu'il est catholique), comme vous, qui a aussi du freudisme, mais qui a réussi à montrer la face entière de Nietzsche, non pas celle de "libérateur" comme le pense Onfray ou Sollers, mais d'un vrai salopard aristocrate et subversif jusqu'au bout. L'analyse éminente de Losurdo démontre en effet l'incompatibilité totale entre Nietzsche, aristocrate et surtout eugéniste avec ce que pensent les gens de Nietzsche. Vous, vous vous fixez sur le Nietzsche vu à travers les yeux des autres, de même que vous considérez que Houellebecq ou House sont "indirectement" bourgeois car ils ne sont pas "révolutionnaires" comme Marx (ça revient souvent chez vous: "Ce qu'il lui manque, c'est être révolutionnaire). En bref, c'est un résultat de votre manie de tout idéologiser (de tout politiser), comme Freud, ou Muray. Ils avaient leurs concepts, vous avez les votre ("démocrate-chrétien"), et vous, comme eux, fabriquez une longue toile idéologique dans lequel tout est à sa place, tout est parfaitement cohérent, et donc, tout manque parfaitement de sens.

    Vinci est certainement peintre, je ne veux pas remettre en doute ceci... mais d'une autre façon. A vrai dire, Vinci me fait penser à Archimède, et Feynman à Vinci. Ce sont dans les trois esprits que j'admire le plus. Simples, sans hypocrisie, géniaux dans ce qu'ils font et conscients du néant dans lequel ils vivent, ce sont les antithèses des Bernanos et autres qui viendront après.

    "observation aussi objective et sincère que possible de la nature et de l'homme"

    Encore des conneries ça, qui ramènent au faux absolu de l'art. Une observation de la nature? C'est la définition même de la physique, ce n'est donc certainement pas du domaine de la littérature. De l'homme? Mais voyons, l'homme est une machine, il faut une sacré dose d'hypocrisie pour donner à l'homme un rôle plus important que ça. Rien ne sépare donc Balzac ou autres de Bernanos et de son écriture chiante. Mieux vaut les "divertissements yankis", vides de tout hypocrisie et effectivement, gratuits.
    Par ce qu'il faut payer pour lire ces types!

  • "J'ajoute une chose : en s'enfonçant dans l'hypocrisie, la société bourgeoise s'enfonce dans la bêtise."


    "-Le profit, le Nouvel Ordre Mondial!

    -Oui, vraiment nouveau..."

  • Remarquez que je ne veux pas être "politique", comme vous: "l'idée est là, le pamphlet est là", je ne l'entends pas au sens politique d'une critique de la bourgeoisie politique,mais d'une critique de la morale du temps actuel. Qu'est-ce qu'on en a foutre de la politique, franchement...

  • 5 fois "politique": C'était pour vous plaire.

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