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Pyromanie

Par une indiscrétion de D. de Villepin, on connaît le mépris affiché de Sarkozy pour la poésie. Etant donné que je ne fais nulle confiance à Villepin et à ses goûts de bourgeois gaulliste pour les poètes les plus pompiers (pompiers-pyromanes, ça va de soi), je préfère dire que c'est la poésie qui méprise Sarkozy, plutôt que l'inverse, spécialement la poésie du poète-critique fachisto-communiste Ezra Pound : 

Avec l’Usure

Avec l’usure nul homme n’a maison de bonne pierre

chacune taillée, puis ajustée

afin que le décor puisse orner la façade,

avec l’usure

nul ne possède un paradis peint aux murs de l’église

harpes et luz

ni la vierge qui reçoit le message

une auréole s’élevant de l’incision,

avec l’usure

nul homme ne voit Gonzague, ses héritiers, ses concubines

un tableau n’est plus fait pour durer, pour vivre avec

mais pour se vendre et se vendre vite

avec l’usure, péché contre nature,

ton pain sera fait de chiffons, toujours plus

ton pain sera sec, comme du papier

sans le blé des montagnes, sans la forte farine

avec l’usure le trait s’empâte

avec l’usure les contours s’estompent

et nul homme sur terre ne trouve sa place.

Le tailleur de pierres est privé de ses pierres

le tisserand de son métier

AVEC L’USURE

la laine ne se vend plus

avec l’usure les moutons n’apportent plus de gain

l’Usure est une peste, l’usure

émousse l’aiguille dans la main de la servante

éteint le talent de la fileuse. Pietro Lombardo

ne vient pas de l’usure

Duccio ne vient pas de l’usure

Ni Pier Della Francesca ; ni de l’usure Zuan Bellin’

ni peinte “La Calunnia”.

Ni de l’usure Angelico ; ni Ambrogio Praedis,

Ni l’église de pierre taillée signée : Adamo me fecit.

Ni de l’usure s&int Trophime

Ni de l’usure saint Hilaire,

l’usure a fait rouiller le ciseau,

Rouiller l’art et l’artisan

Rongé la trame sur le métier

Nul ne sait plus y mêler le fil d’or ;

Azur est dévoré par ce cancer ; cramoisi n’est plus brodé

Emeraude ne trouve plus de Memling

L’Usure frappe l’enfant dans le ventre de sa mère

Elle frappe le jeune homme qui fait sa cour

Le paralyse dans la couche nuptiale, l’usure s’étend

entre le mari et sa jeune épousée

CONTRA NATURAM

Ils ont amené les putains à Eleusis

Des cadavres prennent place au banquet

sur mandement de l’usure.

Cantos XLV

NB : Usure : droit prélevé pour l’utilisation du pouvoir d’achat sans tenir compte de la production ; souvent sans tenir compte des moyens de production.

NL : La "plus-value" n'est rien d'autre qu'un "perfectionnement" de l'usure : un prélèvement à la source, hypocrite.

 

Commentaires

  • "lol"

  • C'est encore un développement du fameux "tout le monde est mort". Jamais l'économie mondiale n'a été aussi développée (je m'en fous de la morale que vous m'amènerez forcément, c'est un fait, c'est tout), et voilà qu'on ramène l'"usure"...

    C'est le manque de sérieux qui nous tuera.

  • Ne le prenez pas mal, il n'y a pas de quoi être vexé, mais s'il n'est pas aussi évident que Dieu, Pound est plus évident que vous ! Merci pour ce beau et bon poème. Comme quoi la poésie engagée quand elle n'est pas d'Eluard...

  • "When I lay in the ingle of Circe
    I heard a song of that kind.
    Fat panther lay by me
    Girls talked there of fucking,
    Beasts talked there of eating,
    All heavy with sleep, fucked girls and fat leopards"
    E.Pound

     "Quand j’étais dans l’antre de Circée,
    j’ai entendu une chanson de ce genre.
    Une panthère grasse gisait près de moi,
    les filles, là, parlaient de baiser et les animaux, eux, de manger,
    tous pesants de sommeil, les filles baisées et les gras léopards."

    La traduction est de moi, vite faite...

    Bien dit Nadine, Eluard, pour les petites filles; pour les grandes, il y aussi John Millington Singe et Rupert Brooke...

    "I said I splendidly loved you ; it’s not true. Such long swift tides stir not a land-locked sea."

    Je vous le traduirai à l'occasion Nadine...

    «No longer mourn for me when I am dead, than you shall hear the surly sullen bell give warning to the world that I am fled… »

    Merci Lapin, pour ce morceau d'usure, je serais pas surpris que Balzac, où qu'il se trouve, apprécie le geste. ( tu aurais la version original? je n'aime pas tellement lire en anglais, sauf bien sûr, quand ça en vaut la peine.)

  • Tu sais quoi mon lapin, il y a une autre façon de traduire le fameux "d'une part...d'autre part " de Marx, c'est la mise en abyme (ou abîme); le truc préféré des néo-"nazi"-citoyens (je propose Néci, comme Nazi qui est forgé sur nationnal socialiste, Néci le serait sur néo citoyens.) Tout est relatif sauf la relativité, pour les scientistes. Tout est rationnalisation sauf "notre" rationnalisation pour les PNListes. Le manque de manque de sérieux, le lyrisme du lyrisme, le moderne du moderne, la femme dans l'homme et l'homme dans la femme, la religion de la religion, la politique politicienne, la langue de la langue, la science de la science, la comm de la comm, etc.
    Ca s'analyse tout ça. c'est génitif! d'aucuns diraient qu'ils ne se sentent pas gênés! salauds ou innocents? salauds car innocents. Pervers car ils dénient.
    Pardonnez-leur, Seigneur! nous?... nous tenterons de les excuser.

    Au fait, j'aurais besoin de tes lumières pour une traduction à l'usage d'Alexia... "Factus est nobis sapientia" je crois que c'est Saint Paul...

  • Votre théorie selon laquelle on peut distinguer les moeurs de l'économie ne résiste pas à l'analyse des faits, Spendius. Elle n'est donc pas scientifique. Entre la morale et l'économie, préoccupation première de Pound, au moins aussi communiste qu'Eluard, l'interaction est totale.

    Vous confondez les flux monétaires et l'économie. C'est sur la base d'un tel raisonnement que les "économistes" du FMI ont conduit l'Argentine, un des pays les plus riches du monde (je parle de richesse réelle), à la banqueroute.

  • "liquid animals, melted ossifications,
    slow rot, foetid combustion,
    chewed cigar-butts, without dignity, without tragedy,
    ..............m Episcopus, waving a condom full of black-beetles,
    monopolists, obstructors of knowledge.
    obstructors of distribution."

    Peux pas vous recopier tous les "Cantos", Fodio. Chez un bouquiniste ou un libraire digne de ce nom, vous devriez pouvoir dénicher ça.

  • Nadine, Pound est un auteur que j'admire beaucoup et que je lis aussi, il n'empêche que j'ai un mot à dire sur l'analyse que la Lapinos prête à Pound, c'est tout.

    "Votre théorie selon laquelle on peut distinguer les moeurs de l'économie ne résiste pas à l'analyse des faits, Spendius.Elle n'est donc pas scientifique. Entre la morale et l'économie, préoccupation première de Pound, au moins aussi communiste qu'Eluard, l'interaction est totale."

    Je n'ai jamais dit ça, j'ai dit le contraire, et ma principale preuve que l'économie génère les moeurs des époques, c'est vous, qui êtes un produit tout à fait moderne, comme Fodio. [qui s'amuse avec le fameux coup du "Tout est relatif...sauf la relativité", un vieux coup que tout les gamins de 9 ans font à la récréation. Bien entendu, toute clownerie de Fodio pour se rendre intéressant à toujours pour but de m'infirmer avec "ironie", ce qui, tout le monde le remarquera ici, ne fonctionne guère ("le manque du manque de sérieux"...Est-ce qu'au moins vous avez lu Marx, un livre?)...]. Vous êtes le gauchiste grincheux, comme Zemmour, qui pique "là ou ça fait mal" mais qui s'excuse direct après, qui nous parle de capitalisme mais passe son temps à regarder la télé et à squatter les supermarchés....

    "Vous confondez les flux monétaires et l'économie. C'est sur la base d'un tel raisonnement que les "économistes" du FMI ont conduit l'Argentine, un des pays les plus riches du monde (je parle de richesse réelle), à la banqueroute."

    L'économie, c'est gérer les flux monétaires. Je ne confonds rien du tout. C'est vous (via Pound) qui ne comprenez pas cela, et prétendez que l'économie et les flux monétaires sont presque opposés, en gros qu'il faut lutter contre le développement économique par "la politique", ou je ne sais quelle autre billevesée...

    Lol, le FMI...vous connaissez David Friedman, le fils de Mitlon Friedman, Prix Nobel d'économie? Cet économiste, très respecté, a été le premier à attaquer les organisations de ce genre, des espèces de super-États interventionnistes responsables, comme vous l'avez souligné, de plusieurs banqueroutes.

  • Milton Friedman n'est pas un économiste mais un expert-comptable.
    L'interventionnisme du FMI n'est pas en cause directement, ce sont ses tours de passe-passe monétaires qui le sont.

    Pouvez-vous me dire, mon petit, quel est le sens d'une politique de croissance dans un pays dont la population ne croît pas, dont la population active tend à diminuer ?

  • "Milton Friedman n'est pas un économiste mais un expert-comptable."

    Oui, et vous c'est Le Petit Larousse. Est-ce que vous avez lu quelque chose de Friedman, au moins?

    "L'interventionnisme du FMI n'est pas en cause directement, ce sont ses tours de passe-passe monétaires qui le sont."

    C'est strictement la même chose.

    "Pouvez-vous me dire, mon petit, quel est le sens d'une politique de croissance dans un pays dont la population ne croît pas, dont la population active tend à diminuer ?"

    Ben c'est cool, ça veut dire qu'il y aura plus de richesses par habitant.

    Parce que vous, en économie, vous tenez en compte les facteurs non-existants (la "plus-value capitaliste") et les types qui sont pas nés?

    Il faut comprendre une chose, c'est qu'en Science, le concept, c'est considéré comme vrai quand c'est utile. Et vos trucs, ça n'aide en rien, à part divertir les visiteurs de votre blog.

  • On peut intervenir dans l'économie sans augmenter la masse monétaire. La virtualité elle est là. Le système mis en place par Law sous la Régence, afin d'augmenter la masse monétaire et faciliter les échanges, reposait sur des promesses d'enrichissement colonial, et non sur des richesses réelles. Le système bancaire britannique est lié lui aussi à l'impérialisme, aux potentialités d'exploitation.

    L'économie ce n'est pas ça. L'économie consiste à assurer les besoins réels de la population, et pas à créer des besoins de façon artificielle, à l'aide du marketing. Pound est bien, à sa façon, du côté de la réalité.

  • Les acteurs de l'économie ne se trouvent pas dans l'État, mais dans les individus. Rappelez-vous quelque chose, c'est que même dans notre système très contrôlé et interventionniste, l'essentiel de l'activité humaine quotidienne est libre. Il reste bien entendu ce qu'on pourrait appeler les "super-structures", à savoir les grandes entreprises, les marques, l'État (pour moi, tout est dans le même sac), mais le problème c'est que l'essence de l'activité humaine est, comme disait Deleuze, moléculaire, elle échappe à ce qui tente de la contrôler. Ce phénomène devient même une tension, et c'est là que se joue la sphère civile/ sphère étatique. Tout le reste, Histoire comme Politique, ne sont que niaiseries.

    Le but de l'économie est de permettre à l'individu d'assouvir ses propres besoins, tant que ceux-ci n'empiètent pas sur ceux des autres.

    Je ne critique pas Pound, je critique ce que vous essayez d'en faire, papa.

  • Dites, Pound, c'était pas un anti-catholique, qui tirait même vers le nietzschéisme?

  • "Cet économiste, très respecté, a été le premier à attaquer les organisations de ce genre, des espèces de super-États interventionnistes responsables, comme vous l'avez souligné, de plusieurs banqueroutes."

    Euh, je parlais de David Friedman hein. Mais au fait - vous niez le développement économique chilien apporté par les idées de Milton Friedman ou quoi? Ou alors, c'est encore "de l'artificiel", ou je ne sais quoi...

  • Pour moi Nitche est un pur produit du luthérianisme bourgeois, tandis que Pound est trop attiré par l'Italie, Dante, Shakespeare, l'imagerie italienne, pour ne pas être dans le camp catholique, en une période troublée où les renégats sont aussi nombreux à porter l'étiquette de "catholique" que celle d'"athée".

    Après il y a des petits malins spécialistes du mariage de la carpe et du lapin comme Sollers qui amalgament tout pour faire des bouquins plus épais. Mais ça ne fait pas avancer la science.
    D'une manière générale, Spendius, vous verrez rarement un protestant se mêler de questions d'économie ou d'économie. Ces choses-là sont trop basses pour lui. Comme dit Péguy, "Kant a les mains pures car il n'a pas de mains".

  • hahaha... et spendius à une langue de pute car il n'a pas de face! (ni de réalité, par ailleurs)

  • tu veux dire que c'est toi qui a traduit Pound Lapin? alors là, respect!

  • Trad. de Pierre Alien, Fodio.

  • Ouais, c'est ça, avec un nom commack... j'aime bien ton humour et ta modestie mon lapin... ça ne s'invente pas un nom pareil!
    Moi mon traducteur préféré c'est Lazare Bitoune, pas mal non plus hein, et lui, je sais qu'il existe, son nom est sur la quatrième du meilleur roman de Roth, le Théâtre de Sabbath. Mon préféré des personnages contemporains, ce Mickey Sabbath. Une épave accrochée à son art, à son esprit, à ses fantômes, comme moi. Ce qu'il fait de ses doigts, bien mieux que moi... et pisser sur la tombe de sa maîtresse parce qu'il lui pissait dans la bouche de son vivant, en finissant par se faire alpaguer par le fils flic de cette dernière, mais, ayant pissé sur les fleurs qu'il lui apportait et que le flic lui prend des mains, il réalise qu'il a, (Mickey) en fait, éjaculé sur les fleurs sus-dites, et que le gamin flic ne sait pas que tous les autres amants de sa mère défilent sur sa tombe pour s'y branler, qu'il voudrait bien l'écorcher vif ce sale juif qui souille la mémoire de sa sainte mère, fille de l'Est, communiste devenue riche restaurateurs avec villa ranch et des hectares de vieilles pierres victoriennes. La fabrique de gant de Newmark, ha non, ça c'est la Pastorale Américaine, je confonds. Le suédois, contre le marionnetiste, deux mauvais juifs en proix à leur nuque raidie.
    J'aime bien les rotheries, ça me fait rire, et pleurer comme du Balzac quand la fille du suédois fait sauter le caisson à QUATRE américains bon teint! Une vie, encore, le père aurait supporté, peut-être...mais quatre? c'est la crise cardiaque pour grand père et grand mère réunis. Roth a le bon goût d'en finir avec un coup de fourchette dans la main qui vaut bien des balles dans le pied.

  • Putain, Fodio, avec le temps vous auriez du comprendre que votre attitude de lèche-cul d'une part et de véritable chien de l'autre fait que le Lapinos pense de vous que vous êtes un bourgeois sans intérêt...On en baille.

    "Pour moi Nitche est un pur produit du luthérianisme bourgeois, tandis que Pound est trop attiré par l'Italie, Dante, Shakespeare, l'imagerie italienne, pour ne pas être dans le camp catholique, en une période troublée où les renégats sont aussi nombreux à porter l'étiquette de "catholique" que celle d'"athée"."

    "Du catholicisme", c'est vite dit, de la Renaissance oui. Pour le reste, Pound était un espèce de païen. Non?

    Nietzsche détestait plus le protestantisme que le catholicisme, Dantec (qui, rappelons le, connait très bien Nietzsche) est même allé jusqu'à dire que sa critique du catholicisme est en vérité une critique du protestantisme.

  • Spendius, que veux-tu que je te dise mon poussin? dis-moi! je suis bien disposé, là! allez, tu veux boire un coup? t'es où? Viens à Paris ce weekènde, j'y serai, on se verra et tu m'aimeras et je t'aimerai et tout ira beaucoup mieux pour toi. Une simple formalité!

  • :D

  • "Athée", c'est l'épithète que se balancent les croyants entre eux, Spendius. Pour les "sécularistes", les "millénaristes" sont athées, et vice-versa. Pour un janséniste, Rabelais est athée. Pour un rabelaisien comme moi, ce sont les jansénistes/démocrates-chrétiens qui sont athées.

    Ce qu'on peut dire de Nitche et Dantec, c'est qu'ils ont un peu de mal à se situer dans tout ça, mon grand. Mais si t'as vraiment quatorze ans, ça te laisse un peu plus de temps que Dantec pour démêler les fils de la théologie depuis Manès.

  • Et l'agnostique dans tout ça?

    Hou, non, Dantec m'a toujours furieusement fait chier - c'est un produit tout à fait moderne, Soral l'a vite remarqué. Il n'empêche qu'il est marrant.

  • L'agnostique ? La nature a horreur du vide, Spendius.

    Souvent des petits malins, les agnostiques, des commerçants. Sartre à la fin de sa vie, pardon, de son "existence" : croyant un jour, incroyant le lendemain, croyant le surlendemain. Idem pour Chateaubriand. Ou Jean Guitton : "Je doute donc je crois". La version Diderot : "Si Dieu existe quand même, il me pardonnera d'avoir cru sincèrement qu'il n'existait pas."

    Vous pouvez être sûr que c'est un agnostique qui a inventé l'argument selon lequel il est plus confortable de croire en Dieu.

    (Pour les femmes on verra ça quand vous serez un peu plus âgé.)

  • Ben dites donc, j'aurais pas du révéler mon âge, maintenant vous me prenez vraiment de haut!

    Pourtant, le vide, c'est ce qu'il y a le plus, dans la nature.

    Je parle de l'agnosticisme comme une attitude indifférente face à ces questions là, c'est en général ce qui est le plus répandu. Ne me sortez pas des agnostiques...militants.

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