Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pourquoi Marx ?

À propos de la convergence du catholicisme avec la doctrine marxiste, trois remarques supplémentaires :

- Il ne vient à personne l’idée de dénoncer la collusion de la pensée chrétienne avec Platon, Aristote, Nitche, Maurras, Kant, etc., a priori. Le pape cite lui-même Kant comme un visionnaire, dont Péguy a au contraire souligné l’ineptie.
Des maisons d’édition se revendiquant clairement catholiques publient même des biographies de Nitche où l’auteur n’hésite pas à étaler sa sympathie pour l’inventeur de la morale du super-héros. Michel Onfray, nitchéen médiatique, spécialisé dans l’anticléricalisme, n’en a pas moins reçu dans sa Normandie natale une éducation démocrate-chrétienne exemplaire, avant d’être initié aux arcanes de la philosophie par Lucien Jerphagnon. Bien sûr, s’agissant de la repentance de l’Eglise catholique, Onfray préfère la position de l’Inquisiteur à celle de l’accusé ; ça peut se comprendre de la part d’un super-héros comme lui, “best-seller” édifiant (il prend sur la couverture de ses bouquins une pose de super-héros laïc qui n’a peur de rien et surtout pas du ridicule.)

*

S’il fallait décerner la palme du paganisme à l’un de ces auteurs, Platon ou Nitche l’emporteraient évidemment sur l’auteur du Capital, loin, très loin de l’”éternel retour” ou de la mythologie de Platon. Alors pourquoi Marx ? Est-ce un hasard ?

- Secundo, cette convergence entre le communisme et le catholicisme est d’abord contestée par des catholiques qui ignorent à peu près tout du marxisme. Benoît XVI a-t-il connaissance du rejet du césarisme par Marx ?
Ou contestée par des marxistes qui ignorent à peu près tout de la doctrine catholique. Ce versant-là est plus intéressant, dans la mesure où Marx lui-même, s’il avait une bonne connaissance de l’Ancien et du nouveau Testament, voit la religion chrétienne à travers le prisme de Feuerbach, c’est-à-dire de la théologie protestante, même si Marx rejette en définitive la démonstration générale de Feuerbach, après un examen approfondi. Feuerbarch fonde d’ailleurs la morale laïque bien plus sérieusement que Nitche ou les divers existentialistes.

- Enfin, il convient de remarquer que le communisme a été perverti par la même hérésie que le catholicisme au cours du XXe siècle, à savoir la religion laïque. Ce sont les principes laïcs, admis par une large majorité de communistes en Europe de l’Ouest qui ont ôté au communisme son caractère révolutionnaire et scientifique. Exactement comme l’intrusion de principes laïcs dans la doctrine catholique, malgré le syllabus de Pie IX et le combat d’écrivains comme Bloy, Péguy, Claudel, Chesterton, Waugh… a eu pour effet de transformer le christianisme en césarisme. Les démocrates-chrétiens continuent d’aller à la messe, de faire des retraites de Saint-Ignace, d’analyser les textes sacrés, mais pour le reste, beaucoup, en purs esprits s’en lavent les mains, quand ils n’apportent pas carrément leur soutien à l’Etat laïc, affirmant contre la lettre et l’esprit que le devoir d’un chrétien est en toutes circonstances… de payer l’impôt à César.

*

De la même façon que la religion laïque est fondée sur sa propre négation désormais, à savoir l’affirmation de sa “neutralité” (de l’usage du kantisme dans le fanatisme…), la religion démocrate-chrétienne est fondée sur sa propre négation elle aussi : le passage de l’Evangile de Matthieu où Jésus, en présence des Pharisiens, recommande de ne pas rendre un culte à César - d’une façon qui semble inaccessible à l’entendement de ces pharisiens, entre parenthèses.
Le manifeste du Parti communiste en particulier, et Marx en général qui démystifie l’Etat, est plus conforme que la religion démocrate-chrétienne à l’évangile de Matthieu.
On pourrait rétorquer que Marx, s’il s’oppose à la religion de l’Etat, critère qui permet de distinguer un régime totalitaire d’une dictature, fonde une religion de l’homme pour l’homme. Ça serait inexact ; Marx fonde une religion de l’“humanité”. L’histoire récente montre que cette religion de l’“humanité” s’oppose à la religion libérale des “Droits de l’homme”. En niant Dieu, serait-ce en passant par l’angélisme philosophique de Kant ou le “pari de Pascal” (Péguy a fait le lien entre les deux sophistes), on finit par nier l’homme. En réaffirmant l’humanisme, Marx peut-il nier Dieu ? Le fait est qu’il ne le nie pas. Ce que Marx nie, c’est l’aptitude de la religion à mettre en valeur la Vérité.
Même si la volonté de restaurer l’esprit scientifique et artistique dans l’Eglise sous-tend en partie le récent concile de Vatican II, le moins qu’on puisse dire c’est que cette volonté a échoué ; le style gnostique des actes du concile le prouve. Cet échec est le même que celui de Mai 68. Cet échec a un nom : victoire du libéralisme, ou de l'angélisme.

Commentaires

  • "affirmant contre la lettre et l’esprit que le devoir d’un chrétien est en toutes circonstances… de payer l’impôt à César"

    C'est ce que dit l'Evangile :

    "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est Dieu." (Mt 22:21)

    Il est du devoir du chrétien de payer l'impôt dû à César mais il ne lui est pas permis de rendre un culte à l'empereur. A force de trouver des convergences entre le marxisme et le christianisme, on s'éloigne de la bonne orthodoxie. Il faut prendre Marx au mot quand il parle de la religion :

    "La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé a une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole."

    http://marx.engels.free.fr/marx/txt/1843critiqueh.htm

    Difficile de s'entendre avec un marxiste quand on est chrétien.

  • Jésus ne fait pas un parallélisme entre César et Dieu mais recommande au contraire de ne pas mettre César au même niveau que Dieu.
    Il n'interdit pas de payer l'impôt à César, mais il n'en fait pas une question de principe non plus, contrairement à la doctrine démocrate-chrétienne.

    Je rappelle le contexte : les Pharisiens pensaient avoir trouvé une astuce pour compromettre Jésus avec les nationalistes juifs ou bien avec les autorités romaines. Il désacralise les deux, mais ne dit pas "Vous devez payer l'impôt à César" : auquel cas les Pharisiens auraient atteint leur but, si vous voyez ce que je veux dire. Vous lisez ce que vous voulez entendre.

    Sinon je vous remercie, une fois n'est pas coutume, pour votre citation de Marx qu'il faudrait extraire de son contexte pour la rendre incompatible avec la doctrine catholique. Il n'y a rien d'hérétique à considérer qu'à l'époque où Marx s'exprime, la religion, protestante ou catholique, entretient l'esprit d'une époque sans esprit. Léon Bloy pense la même chose à peu près à la même époque.
    Il n'y a rien d'hérétique à penser non plus que la religion doit être supprimée en "tant que bonheur illusoire du peuple", bien au contraire.
    Il ne me paraît pas faux de dire que la religion a joué au XIXe le rôle d'un opium pour le peuple. C'est un jugement de valeur historique, quoi qu'il en soit, et non théologique, que Marx porte.

    Il faut compléter cette citation sur les convictions religieuses de Marx par le fait que Marx s'intéressait peu au christianisme, considérant que la religion laïque, illusion suprême, avait déjà supplanté le christianisme.

    Le mythe grotesque selon lequel le christianisme a assassiné Dieu ou les dieux, c'est Nitche qui l'a agité, s'en prenant notamment à saint Paul : en aucun Marx ne gobe de telles fadaises. Or il se trouve que Nitche, déjà au XIXe siècle, avait commencé de séduire le clergé catholique, à commencer par l'abbé Mugnier… dont Bloy fustigea le crétinisme d'avant-garde.

  • J'ai entendu à la radio, probablement inter, il y a plusieurs années, Lajoinie faire remonter l'origine du communisme au sermon sur la montagne…

    Voilà où nous a conduit le nazaréen et son dieu du désert depuis deux mille ans.

  • Le catholicisme n'est pas une théorie mon ami, c'est une religion. En tant que religion, elle se suffit à elle même - et qui n'est pas avec elle, est contre elle. Le marxisme est hérétique, tout simplement et c'est largement suffisant, car il n'est PAS catholique. Il y a pas à faire une branlette intellectuelle sur ça, c'est un dogme, point-barre.

    Tenter de rapprocher le marxisme de la religion catholique démontre surtout à quel point le catholicisme est devenu pourrissant.

    Cette pourriture étant provoquée plus par des romantiques tels que Hegel que par des esprits objectifs et éclairés tels que Kant.

    "Le mythe grotesque selon lequel le christianisme a assassiné Dieu ou les dieux, c'est Nitche qui l'a agité, s'en prenant notamment à saint Paul"

    My god...

    Déjà que le "super-héros laïque"...

    Nebo, viens nous sauver!

  • Non, le communisme est antérieur au sermon sur la montagne, si tant est qu'ils aient un quelconque rapport. On peut remonter à la République de Platon, si on veut. Pour moi, le communisme est un christianisme mal interprété, un contresens. Jésus a dit : "Mon royaume n'est pas de ce monde" et les communistes voudraient faire de la terre un paradis. Ils croient que les mille ans de bonheur prédits dans l'Apocalypse (ch. 20) auront lieu sur cette terre. Ils ignorent l'interprétation symbolique de l'écriture. On ne saurait être en plus complet désaccord. Le christianisme n’a pas vocation à être une utopie — or le communisme en est une et de la plus belle espèce.

  • Lapinos,
    Vous dites que les libéraux se fichent du syllabus, mais vous, que faites vous du communisme "intrinsèquement pervers", de Pie XI ?

    "Le manifeste du Parti communiste en particulier, et Marx en général qui démystifie l’Etat, est plus conforme que la religion démocrate-chrétienne à l’évangile de Matthieu."

    Il ne s'agit pas de plus ou de moins. Il s'agit oui ou non d'être en conformité avec la morale de l'Evangile, sans entre-deux. Ce n'est pas une question de degré, et l'Ecriture faire parler Dieu : "je vomirai les tièdes".
    On est là dans le domaine de la morale, des actes donc. Et dans le domaine des principes, c'est Spendius qui a raison : le marxisme est fondamentalement anti-catholique, puisque ne s'appuyant pas sur la foi.

  • Pour tous les païens le christianisme se présente aussi comme une utopie, Sébastien, bien que ça n'en soit pas une. Le communisme non plus, c'est une science humaniste.

    Le langage de Pie XI est marqué par l'idéalisme, la Voix. Intrinsèquement pervers, ça ne veut rien dire. A l'inverse l'Evangile n'est pas intrinsèquement bon.
    Le communisme n'est pas en contradiction avec la doctrine de l'Eglise, pas plus que le classicisme grec introduit par saint Thomas dans la pensée chrétienne. Et le catholicisme ne repose pas sur la foi mais sur la Révélation.

  • Vous vous défilez.

    Pour le "classicisme grec", il faut se rappeler d'une phrase de Chesterton (je crois que c'est lui), qui disait que les païens (grecs) tentaient d'accéder par l'imagination aux vérités apportées par le christianisme. Ils arrivent à "obtenir" la morale chrétienne avant que le christianisme n'apparaisse, par leur simple sagesse - c'est en ça qu'ils sont intéressants.

    Mais Marx ne se situe pas du tout sur ce plan là. Déjà, le catholicisme est "positif", en ce sens qu'il fonde une ordre religieux et social (comme la pensée des grecs, visant aussi à fonder). Marx est un penseur négatif: il combat tout et ne propose rien, ou simplement vaguement. La pensée catholique cristallise celle des grecs et fait un "monument" visant à l'Éternité, qu'on ne peut envoyer en l'air comme ça. Donc, oui, le marxisme est anti-catholique, tout simplement car il n'est pas catholique.

  • On ne peut servir deux maîtres à la fois...

  • Pour saint Thomas d'Aquin, saint Paul ou saint Augustin, le classicisme grec contient bien plus qu'une simple "intuition pré-chrétienne" (pour parler comme Simone Weil).

    Et l'ordre politique et social chrétien s'appuie largement sur Aristote (ainsi que sur Platon, hélas).

    Si le Paraclet apporte avec lui la science, ce n'est pas pour que les enfants du Bon Dieu se vautrent dans les gadgets de la philosophie libérale, Spendius, l'esprit promothéen le plus ringard qui soit : Jacques Attali.

  • Lapinos,

    En bref, lorsque quelque chose vous contrarie, c'est de l'idéologie idéaliste ou autre. Quand quelque chose est anti marxiste, vous le rejetez. Ce n'est pas l'attitude catholique cela. Le catholique se soumet aux jugements de l'Eglise. (D'autant qu'il s'agit là d'une encyclique faisant partie du magistère)
    Pourquoi ne fondez-vous pas une Eglise vôtre, avec les Epitres de Saint Paul comme Ancien Testament, Le Capital comme Nouveau, et vos posts sur ce blog comme Actes des Apôtres (Et on décrypte l'Ancien Testament à la lumière du Nouveau) ?

    La pensée des anciens grecs a été mise à sa place par saint Thomas : l'exercice de la raison humaine impuissante, puisque pas assistée de la Foi. Or si l'on lit le marxisme à la lumière de la doctrine de l'Eglise, on rejette à peu près tout :l'athéisme de son fondateur, qui logiquement abouti à une doctrine matérialiste. L'idée de progrès qui veut faire de la terre un paradis... C'est ce qu'a fait Pie IX : lire Marx à la lumière du magistère romain. Et voilà, il l'a rejeté dans une condamnation solennelle. (Pas difficile de comprendre ce qu'a voulu dire le pape pourtant, mais vous préférez ce coup-ci vous arrêter sur les mots, sans vouloir entendre leur signification)

    L'Evangile est parole de Dieu, pas Le manifeste du parti communiste. Comparer les deux est idiot si vous vous dites catholique. Quand vous dites que l'Evangile n'est pas intrinsèquement bon, si vous voulez dire que les interprétations que l'on peut en faire ne sont pas forcément bonnes, l'Eglise est d'accord. Mais s'il s'agit d'affirmer que la Parole de Dieu n'est pas intrinsèquement bonne, vous comprendrez aisément qu'une telle déclaration n'est pas catholique.

    Le catholicisme repose sur la Révélation. La foi est l'adhésion de l'âme à l'ensemble de la Révélation. La Révélation est la base de la foi, et la foi la base du catholicisme en tant que système philosophique. Tuer la foi au nom de la révélation, c'est du sophisme moderniste.

  • Tout est dit. C'est mieux quand c'est un catholique qui défend sa religion contre le marxisme :D

  • Non, c'est le terme "intrinsèquement" qui est sophistiqué. Pour un catholique, au contraire d'un protestant, une idée n'est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise, ça n'a pas de sens ; je dirais même plus : ce n'est pas français de parler comme ça.
    La valeur d'une idée ne se juge qu'à partir de ce que l'homme fait de cette idée. On juge l'arbre à ses fruits. Si Pie IX avait dit, comme je le dis de la religion laïque, que le communisme (de Marx) était d'inspiration satanique, cela aurait plus de sens. Les idées n'ont pas de vie autonome comme ce langage kantien en donne l'illusion : "Et incarnatus est."
    (J'approuve l'esprit, l'intention du "Syllabus", mais j'en déplore la formulation alambiquée.)

    Marx n'est ni athée ni païen ; il est anticlérical, ce n'est pas la même chose. Quant au "matérialisme" de Marx, vous ne comprenez pas sa signification. Il ne consiste pas à se vautrer dans le confort matériel comme l'Occident ex-chrétien.

  • Lapinos,
    Vous savez qu'il n'y a pas que cette courte sentence dans l'encyclique Divini Redemptoris (et il n'y a pas que ce document-ci du magistère qui condamne le communisme, d'ailleurs). Par exemple, il y est fait mention du "matérialisme évolutionniste de Marx" (que je ne confonds pas avec le matérialisme crasse de nos civilisations occidentales dégénérées, contrairement à ce que vous pensez), du "pseudo idéal" du communisme, etc...
    Marx est athée et comme tel, anticlérical (Marx est cohérent, si on le compare aux auteurs libéraux, je vous l'accorde : si Dieu n'existe pas, il faut vivre sans lui et sans ses sbires). Sa philosophie nie Dieu effrontément, elle est athée comme son créateur (et d'inspiration sataniste, cf les petits poèmes de jeunesse). Si vous vouliez dire que sa philosophie est mystique, je suis d'accord, puisqu'elle s'érige en religion : c'est bien ce que note Pie XI dans Divini Redemptoris, d'ailleurs, lorsqu'il parle d'un "nouvel Evangile".

    Spendius,
    Parfois je me demande si vous n'êtes pas vous-même un catholique qui s'ignore...

  • Vous pouvez peut-être me convertir, la Voix :-D

    J'ai entendu parler des poèmes de Marx, mais j'ai jamais pu les lire. Ils étaient satanistes?
    Faites attention, le Lapin va encore dire que Marx est un précurseur de Baudelaire!

  • L'évolutionnisme de Marx est historique, humaniste : il le tient de Hegel. Rien à voir avec l'évolutionnisme archaïsant de Diderot ou d'Holbach, inspiré du paganisme. En outre cet évolutionnisme humaniste, vertical, s'oppose à l'évolutionnisme biologique, horizontal, comme le pape actuel s'avère incapable de s'y opposer. C'est un marxiste italien, d'ailleurs, Labriola, qui a dénoncé le fléau que constitue l'évolutionnisme darwinien, et pire encore le néo-darwinisme, pour la pensée occidentale.

    Si les gnostiques de tous poils haïssent Marx, c'est parce qu'il dévoile leurs mobiles, il réduit à néant leur mysticisme de sous-préfecture laïque. Rien que pour cela il mérite le titre de "plus grand théologien de notre temps" (certes pas "angélique" ni "scolastique").
    La "voix dans le désert" païen, c'est celle de Marx et sûrement pas celle de Pie XII, la vôtre ou celle de Gustave Thibon.

    Le combat de Marx :
    - contre la superstition ;
    - contre la gnose ;
    - contre la fausse mystique laïque ;
    - contre l'idéalisme Allemand ;
    - contre l'épistémologie de Kant ;
    - contre le discours de la méthode et pour celui du but ;
    - contre la bourgeoisie ;
    - contre l'industrie et pour l'art ;
    - contre la spéculation pour l'économie ;
    - contre la réforme pour la révolution...

    Ce combat il le partage avec Baudelaire, Claudel, Simone Weil, et, plus encore, Balzac, Bloy, Péguy : cela ne tient pas du hasard - pour Marx comme pour les catholiques orthodoxes que je viens de vous citer, le hasard n'existe pas, ni le zéro ou l'infini, ces amulettes de philosophes asexués. Le triomphe de la superstition et du blasphème, le triomphe de Pascal dans l'Eglise n'a que trop duré.

  • "C'est un marxiste italien, d'ailleurs, Labriola, qui a dénoncé le fléau que constitue l'évolutionnisme darwinien, et pire encore le néo-darwinisme, pour la pensée occidentale....le hasard n'existe pas...Marx, le plus grand théologien..."

    On s'en lasse, de vos phrases toutes faites. Surtout qu'en majeure partie elles sont fausses. Je me permets de citer Poincaré sur le hasard:

    "Il faut donc bien que le hasard soit AUTRE CHOSE que le nom que nous donnons à notre ignorance"

    Et je vous renvois aux physiciens de la mécanique quantique . Vous en êtes encore à Laplace, c'est à dire au déterminisme simpliste et au rationalisme de sous-préfecture, que combat justement la scolastique et le véritable christianisme.

    Quant à Marx, encore une fois, vous pouvez bien faire l'exégèse la plus foireuse qu'il est possible de faire: Marx reste un admirateur de Darwin et un critique féroce de la religion (sans aucune volonté de la justifier par "effet miroir", ou n'importe quel autre argument que vous pouvez sortir).

    Baudelaire, Claudel et Bloy, des grands combattants de la spéculation capitaliste, c'est connu...

    A force de trop utiliser l'induction, voir même l'intuition, pour bâtir vos phrases, vous en oubliez la déduction, qui a une part importante dans le raisonnement logique. Ce n'est parce qu'on peut trouver quelques points communs entre Bloy et Marx qu'on en fait des penseurs de même niveau, il faut savoir hiérarchiser, montrer les liens comme les différences - en bref, il faut travailler le sujet et non pas sortir la première phrase que l'intuition (souvent trompeuse si elle n'est pas redressée par d'autres procédés de logique) nous dit de sortir.

  • Que vous donniez la profession de foi chrétienne de Poincaré pour la preuve de son athéisme, Spendius, voilà bien qui illustre la difficulté qu'il y a pour un catholique comme moi à converser avec un superfanatique laïc tel que vous.

    Comment mouvoir un kantien qui ne sait pas qui il est ni où il se trouve, prisonnier de son repère, retourné à la caverne de Platon. Il y a la solution de lui botter le cul, méthode privilégiée par Bloy pour ramener le bourgeois sur terre... mais impraticable ici, en l'occurrence.

    Vous me direz que vous êtes encore jeune. Mais on n'a jamais que l'âge de ses critères, Spendius, et un mauvais calcul peut vous emporter à n'importe quel âge.

    (Question de hiérarchiser Bloy et Marx, je suis bien obligé de constater que Marx est plus classique encore que Bloy, chez qui on peut déceler, bien qu'il lutte contre, des traces du cancer romantique. Je prends Marx pour le meilleur antidote au sentimentalisme bourgeois, et Bloy pour un euphorisant, quelque chose comme un vin fruité du Sud-Ouest. Ca vous va comme tableau, petit anarchiste ?)

  • Lapinos,

    Vous ne répondez pas à ce que j'affirme. Je ne confonds pas l'évolutionnisme d'Hegel avec celui de Darwin, je vous disais que le pape condamne l'évolutionnisme de Marx (entre autres points).

    Vous ne m'en voudrez pas de penser que la seule voix dans le désert qui compte, c'est celle de l'Eglise (donc Pie XII, pas moi (malgré le titre de mon blog qui tient de l'autodérision aussi, pas Thibon, pas Pascal, et pas Marx non plus. Et de la même manière, je préfère réserver le titre de plus grand théologien à un théologien catholique (allez même à saint Augustin, même si je préfère saint Thomas, vous l'aurez compris) plutôt qu'à un théologien athée.

    C'est Pie IX qui a raison, le communisme est un Nouvel Evangile, et en ce sens vous pouvez vous vanter d'être un vrai communiste...

  • L'évolutionnisme de Marx consiste à expliquer les métamorphoses des sociétés et des régimes autrement que comme le théoricien de l'Etat laïc totalitaire, G.W.F. Hegel, c'est-à-dire en n'attribuant pas ces métamorphoses aux seuls mouvements d'idées. A rapprocher de "Et le Verbe s'est fait chair", et, bien entendu, du peu de cas que font les protestants et les démocrates-chrétiens de l'incarnation.

    L'évolution constatée par Hegel et Marx n'est pas de l'ordre de l'hypothèse scientifique, comme l'évolution de Lamarck, c'est un fait.
    Il faut donc choisir entre le camp de Hegel et celui de Marx. Il n'y a pas d'autre alternative. Tout ce qui s'intitule pompeusement "post-modernité" n'est que le nom que les lâches donnent à leur dérobade ou à leur ignorance.

    Si Benoît XVI préfère choisir le camp de Hegel et du romantisme, ce qu'on est tenté d'attribuer à ses origines allemandes, ça n'engage que lui. Mais je ne crois pas - le croit-il lui-même ? - qu'une poignée de papes va abolir des siècles d'histoire où l'Eglise s'est faite protectrice des sciences et des arts.

    Question théologiens, je préfère les Anglais, Roger Bacon, Duns Scot, Thomas More ; pour moi c'est évidemment là que la pointe de l'Esprit occidental se situe, et une partie du mérite de Marx a consisté dans le rejet des oripeaux de l'idéologie allemande.
    Saint Augustin rappelle trop la décadence romaine. Aller chercher dans la décadence romaine un remède à la décadence actuelle, quelle idée étrange !

    N'invoquez pas Thomas d'Aquin, car quoi qu'il en reste aujourd'hui, il ne fit qu'incorporer Platon et Aristote dans la pensée chrétienne, ce qu'il est indispensable de faire aujourd'hui avec Marx pour rompre enfin avec l'obscurantisme laïc. Et ne me dites pas que Platon est plus chrétien que Marx, la Voix. Ni que parier sur l'existence de Dieu comme fait Pascal n'est pas le pire blasphème qu'un croyant puisse proférer.

    Ce qui s'est passé, c'est une sorte de passage de témoin de l'Eglise catholique au communisme ; pas seulement au niveau de la charité réelle, mais le communisme s'est aussi occupé de reccueillir l'art et la science que l'Eglise avait fini par mépriser en se sécularisant complètement.

  • Vous délirez mon ami. Ce qu'on essaie de vous démontrer, moi et la Voix, c'est que vous êtes le fondateur d'une nouvelle secte, et non pas un génie qui a réussi à synthétiser deux courants de pensée - qui de toute manières sont impossibles à synthétiser. A cette évidence, vous m'insultez moi de "laïc" et de "bourgeois", et vous dites de La Voix que c'est un mauvais catholique ("car le vrai catholicisme, il est chez Marx", on attend plus que cette phrase) en disant que Saint Thomas d'Aquin n'est pas un bon théologien.

    Je pense que Léon Bloy vous aurait botté le cul, car vous êtes un mauvais catholique - plus qu'il n'aurait botté le cul à moi, car j'ai au moins un certain orgueil qui permet de m'opposer à tout ce que je trouve idiot; comme les thèses de Bloy.

    Et Marx aussi, comme il bottait le cul à tous les mauvais théoriciens du communisme. Votre communisme ne dépasse pas le stade du littéraire, un célinisme de sous-préfécture. Relisez le Manifeste, Marx en parle, de ce type de communisme là.

    Il y oppose la Science, comme moi je déments vos élucubrations sur Poincaré par une citation de Poincaré, qui disait (je connais mieux ces thèses que vous car, contrairement à vous, je les ai étudiées) que le hasard est quelque chose de nécessaire - cela découle de la théorie du chaos dont il a été un des pères.

    En bref, vous êtes un mauvais communiste, et un mauvais catholique. Pour synthétiser (car là, c'est possible), vous êtes un raté. Vous léchez le cul et à Bloy et à Marx, ce qui pour Bloy (qui aurait certainement détesté des néo-théologiens comme More qui cassent le classicisme scolastique au profit d'une théorie anarchique soi-disant humaniste qui ne dépasse pas le niveau de l'utopie) est servir deux maîtres à la fois, et pour Marx viole l'idée de l'unité du but. Ils vous rejetteraient donc de deux coups de pieds au cul, un dans chaque fesse. Moi, je vous accorde que vous avez de bons textes, mais ça pisse pas plus loin. Un nouveau Maurras, en somme.

    "Question de hiérarchiser Bloy et Marx, je suis bien obligé de constater que Marx est plus classique encore que Bloy, chez qui on peut déceler, bien qu'il lutte contre, des traces du cancer romantique"

    Non, ça me va pas mais alors pas DU TOUT. Tout ce que ça signifie, c'est que vous êtes plus communiste que catholique. Sur le plan réel, c'est un vrai n'importe quoi. Marx en plus, selon la Voix, écrivain de petits poèmes satanistes, voilà qu'il devient chez vous un porte parole du classicisme...Vous savez ce que c'est, le classicisme, mon pauvre? Relisez Bossuet. Un indice: C'est pas Molière et autres libertins sans grand talent.

    Je dois me faire le porte parole de Bloy et de Bossuet contre vos hérésies. Quand même, si vous étiez intelligent, vous vous rendriez compte que vous êtes à la masse...

  • Sur les libertins, pour préciser ma comparaison avec Marx: beaucoup de libertins étaient des petits satanistes de seconde zone. Certains sont néanmoins très bons, comme Saint Amant - mais ce ne sont pas des classiques. Et Marx s'inspire beaucoup plus de ces contestataires en carton-pâte que des grands contre-révolutionnaires qui voulaient un retour du classicisme dans les arts.
    Ce débat est malheureusement faussé dès le départ avec vous, parce que, à cause de votre incroyable anarchie, vous pouvez mettre Molière au même niveau que Shakespeare, et Marx au même niveau que les deux derniers - Marx, qui aime Dumas, rappelons le...et après vous osez encore faire de lui un critique littéraire, et de ses petites lettres sans intérêt particulier des textes dignes de Saint-Beuve...

    Tandis que vous évitez soigneusement de parler d'autres de ces lettres, comme par exemple celle ou il montre son admiration pour le livre de Darwin... Un peu comme la propagande soviétique en fait. On élimine les aspérités, on garde ce qui est bon pour le régime.
    Vous, c'est pour votre secte.

  • Spendius,
    Tout est dit.
    Avec érudition, en plus.

    Concernant les poèmes satanistes, j'espère retrouver les références dans le foutoir qui me sert de bibliothèque, je ne promets rien. (Lapinos pourrait comparer avec Baudelaire, car l'on sait que Baudelaire est mort dans le giron de l'Eglise, et j'ai lu quelque part que la servante de Marx a raconté que son maître avait passé la dernière semaine de sa vie à allumer des cierges et à prier dans sa maison- vrai ? Allez savoir).

    Lapinos
    Vos contradicteurs seraient sages s'ils appliquaient l'adage scolastique : "on ne dispute pas avec qui nie les principes".

  • Cher X, oubliez un peu Marx et les marxistes, Darwin et les créationnistes, les cathos de toutes sortes et leur cortège d'intégrismes ou de fondamentalismes pervers... Ils pompent l'air à votre talent — et à vos lecteurs. Racontez des histoires, contez ce que vous vivez, ressentez ; vous avez prouvé que vous saviez le faire avec une plume aussi forte qu'exquise ! De grâce... et de la grâce !

  • Peu importe mes lecteurs et j'emmerde la littérature, chère Claire. La grâce ? étant donné que c'est le nom que donnent les jansénistes et les bourgeois à leur mauvaise foi, je me fais un devoir d'être disgrâcieux.

    (Vous-même n'êtes pas bonne lorsque vous narrez des histoires sentimentales et c'est dans le couperet que réside votre talent. Vous le savez bien, non ?)

  • Votre hérésie, la Voix, consiste à prendre la religion pour un corpus sacré. Il n'est pas difficile de voir d'où vous vient cette idéologie.
    Les contradictions entre les exégètes, y compris sur des sujets classiques comme le péché originel, mettent à mal votre théorie de foi ; le fait que Thomas d'Aquin ou Augustin incorporent les fables païennes de Platon au christianisme sape en outre vos arguments contre Marx.

    À Thibon, chrétien qui se découvre athée en fin de compte, je préfère le chemin inverse de Marx, anticlérical qui n'a pas peur d'aller au grand large et de se frotter à la vérité. Le vrai mystique n'est pas celui qui fabrique du mystère, qui en met là où il n'y en a pas, mais celui qui comme Marx veut connaître la Vérité cachée derrière les mystères.

    La théologie des papes que vous citez, La Voix, a été produite sous la menace des baïonnettes et des canons. Léon le treizième n'aime la République que parce qu'il n'est pas libre de faire autrement. Cette théologie-là ne fut libre et courageuse que par intermittence. D'ailleurs Jésus n'a pas assigné à Pierre un rôle de théologien mais un rôle de pierre.

    Quant aux démocrates-chrétiens actuels, leur ambition spirituelle se borne généralement à lécher le cul de gourous comme Sarkozy, que certains n'ont pas hésité à présenter comme le Messie, avant de se rétracter.
    Le Messie-Sarkozy peut s'attendre à être renié trois fois par la clique des petits théologiens démocrates-chrétiens dans son orbite. Voyez Lapaque, du "Figaro", ce flan a déjà tourné sa veste.

  • Plût au ciel que beaucoup épousent votre optique ou aient assez de nuque pour sentir ce qu'est un couperet ! Stop. Point de chicane quand elle n'est de bon aloi, embrassez et emmerdez qui vous voulez : il peut y avoir de la grâce jusque dans le disgracieux. Et puis, qu'est-ce que la grâce, n'est-ce pas ? Un "nonsense" ? (Question d'Alice au Lapin blanc, à moins que du Chapelier à Alice.) Poursuivez à votre aise votre aventure personnelle.

  • Qu'est-ce que le Ciel vient faire là-dedans, après la Grâce ? Tous ces dévôts qui veulent me faire renier, je pourrais trouver ça étrange…

    Pas seulement la littérature, je conchie aussi l'"aventure" et le "personnel"… tout en restant preneur de (bons) conseils.

  • Vous avez renié depuis longtemps, mon pauvre. Vous parlez d'ailleurs quelque part de "conversion" au communisme, c'est dire...

  • Spendius,
    Vous m'ôtez les mots de la bouche, mais allez savoir pourquoi, je ne vous en veux pas (trop).

    Lapinos,
    La mauvaise foi n'est pas si bien partagée que vous ne le croyez sur ce blog. Tenez, si quelqu'un lisait vos réponses sans lire les commentaires, il ne retrouverait pas mon argumentation, puique vous ne répondez pas au fil conducteur de ma pensée. Vous ne répondez pas, vous élargissez les questions. Mauvaie foi est un mot qui qualifie fort bien cette manoeuvre.

    La philosophie paienne sur laquelle saint Thommas greffa en son temps la théologie catholique, ne sape aucunement mes arguments contre Marx. Saint Thomas et les scolastiques avant lui ont condamné les propositions hérétiques contenues chez Platon et chez Aristote. Ce qui reste, ce sont les fondements de leur philosophie, des choses comme l'induction le réalisme, l'unicité de l'être, par ailleurs choses inhérentes à la philosophie catholique sans cet apport grec.

    Ce qui fait que la religion est sacré (à part que je trouve plus que norrmal de considérer sa reigion comme sacrée, mais bon, vous alelz surement réussir à me dire que c'est de l'idéalisme allemand), ce n'est pas tant la théologie, science humaine, mais le magistère romain, vous savez, celui qui est assuré parce qu'assis sur Pierre, de ne pas défaillir dans la foi. Votre interprétation du rôle de saint Pierre dans l'Eglise est contraire à celle du magistère, ceci dit en passant, car si saint Pierre n'est pas un théologien, il a la foi (qui dépasse la théologie) -"J'ai prié pour que ta foi ne défaile pas". La foi c'est l'adéquation de l'âme à la réalité de Dieu; Ce n'est pas la théologie en soi qui est sacrée, mais la Révélation dont l'Eglise conserve le dépôt.

    La théologie n'a pas été faite par les baïonettes, mais par l'assistance de l'Esprit Saint -ce qui peut ne pas vous paraître évident, vu que votre Paraclet s'occupe d'apporter la "science universelle" de Feuerbach, et pas la foi catholique. La promulgation d'un dogme a retenu l'hostilité armée des ennemis de l'Eglise, et il s'agissait de celui de l'infaillibilité pontificale.

    Pour en revenir à Marx, l'idée de progrès à la base de sa philosophie est contrairea vec le catholicisme, c'est ce que dit Pie IX dans Divini Redemptoris.

  • Pourquoi essayez-vous de lui faire changer d'avis ? Si Lapinos a envie de se dire chrétien et communiste, il a le droit. Ça me rappelle Don Camillo. A la fin de la série, Peppone, le maire, devient prêtre mais il reste communiste dans l'âme. Du temps de la guerre froide, il n'était pas rare de rencontrer des chrétiens communistes.

    Il y en a bien qui se disent chrétiens et franc-maçons bien que cela soit contraire à l'enseignement de l'Eglise. Le coeur humain est compliqué et contradictoire.

  • La voix,

    vous ne m'en voulez pas...trop? Ca veut dire que vous m'en voulez un peu quand même.

    Sébastien,
    Le problème, c'est qu'il pense que la réalité peut se soumettre à ses caprices, que l'Église catholique peut "absorber" le marxisme en elle. D'ailleurs, dans un de ses textes, il dit que l'Église devrait laisser tomber la scolastique et carrément rejoindre la pensée de...Hegel.

  • C'est ce que l'ex-condisciple de J. Ratzinger, Hans Küng, recommande au pape dans un de ses bouquins : rejoindre la pensée de Hegel.
    Pour ce qui est de la scolastique, l'Eglise l'a dans les faits déjà à peu près abandonnée depuis longtemps comme un outil rouillé.

    Benoît XVI propose, lui, une miscellanée, un peu à la manière de Sartre, qui tenta vainement d'assembler des pôles qui se repoussent ; cette miscellanée n'est pas une pensée ; c'est une cautère sur une jambe de bois.

    Bien sûr on ne peut recommander Hegel entièrement lorsqu'on est orthodoxe puisqu'il est LE théoricien de l'Etat laïc totalitaire. D'ailleurs Hegel a donné aussi Heidegger, fanatique laïc parmi les plus ineptes, dont la gnose sert de refuge confortable à nombre de crétins.

    On ne peut que recommander Hegel en tant qu'héritier des Lumières, de la pensée politique occidentale, en tant qu'étape vers Marx.
    (Idem pour Feuerbach, fondateur de la morale et de l'athéisme laïcs mais dont Marx a isolé l'idéalisme. Il est ridicule d'attribuer le matérialisme de Feuerbach à Marx, je vous le signale au passage, puisque Marx a prouvé que ce prétendu "matérialisme" de Feuerbach est en fait, globalement, un idéalisme. La réalité de la religion échappe à Feuerbach, même si elle lui échappe moins à lui qu'à vous ou à Benoît XV, aux démocrates-chrétiens d'aujourd'hui, disciples de Feuerbach sans le savoir.)

    L'hérésie de Léon XIII ne consiste pas à rallier la République en tant que telle ; la République n'est pas "intrinsèquement perverse". Elle l'est concrètement, dans la mesure où elle a instauré le culte de l'Etat et de ses institutions mystiques, dans la mesure où elle est un régime totalitaire d'où la science et les arts sont exclus au profit de la spéculation et de l'idéologie.

    Enfin je vous fais remarquer que vous raisonnez dans le cadre de la propagande capitaliste qui veut que l'URSS soit morte. C'est juste le logo qui a changé ; mais les Russes continuent de mêler intelligemment orthodoxie et communisme, ce qui leur vaut la haine d'un type comme BHL, véritable boussole inversée.
    Le rapprochement entre le marxisme et le christianisme a lieu aussi en Amérique du Sud, nonobstant les réticences de Benoît XVI.

    Arrêtez de vous regarder le nombril comme des vieillards cassés en deux. Si l'Europe est en train de crever, ce n'est pas la faute du nazisme, de l'islam, de la théologie de la Libération, ou de je ne sais quel autre bouc émissaire désigné par les fonds de pension ; c'est bien plus la faute des bâtards démocrates-chrétiens qui lèchent le cul du Capital.

  • "On ne peut que recommander Hegel en tant qu'héritier des Lumières, de la pensée politique occidentale, en tant qu'étape vers Marx."

    Le problème c'est qu'on NE PEUT PAS. Toutes vos tentatives foireuses s'écraseront contre cette évidence que la scolastique (qui n'est pas morte du tout, on retrouve les considérations scolastiques dans la physique théorique comme dans l'économie moderne) et le catholicisme est aux antipodes du marxisme.
    Toutes vos accusations bidons, d'une singulière médiocrité en fait, qui font penser aux accusations du bobo moderne mais inversées (ce qui ne leur donne pas plus d'esprit que si elles étaient "à l'endroit"), n'arriveront pas elles non plus à faire exploser cette évidence - qui bizarrement est une évidence pour tout le monde sauf pour vous, vous le grand manitou de votre secte. Vous êtes disciple de Péladan sans le savoir, vous tirez aussi plus sur le paganisme que sur le christianisme. Le fait que vous ne vous en rendiez pas compte prouve aussi votre médiocrité.

    "Le rapprochement entre le marxisme et le christianisme a lieu aussi en Amérique du Sud, nonobstant les réticences de Benoît XVI.
    "

    Oui, comme il y a eu un rapprochement entre positivisme et catholicisme...si il y a "réticences", c'est tout simplement parce que ces rapprochements sont bidons.

    Arrêtez aussi de parler d'Heidegger alors qu'il a été vérifié que vous ne l'avez jamais lu. C'est aussi le génie de Marx ça? Critiquer les gens sans connaître ce qu'elles disent?

    Maintenant, on va arriver au point suprême: L'Europe n'est PAS DU TOUT au point de crever. Si le capitalisme a démontré sa supériorité sur toutes les autres civilisations, c'est qu'il est supérieur de fait, point barre. (marrant par ailleurs, car plusieurs fois vous imputez la subsistance du système capitaliste à "l'hasard", alors qu'en général vous fustigez ce même hasard comme une simple méconnaissance des choses...)
    C'est un système qui fonctionne très bien car c'est un système qui fonctionne de manière dite "catallactique" : Il s'auto-régule lui-même et ainsi, échappe à toute forme de problèmes qui aurait pu lui faire faire courir à sa faillite.
    Vous savez, les "spéculations", ce que vous croyez être complètement hasardeux, prennent un sens pour qui connait un peu de mathématiques. C'est pas pour rien que ça marche (malgré quelques accrocs que vous vous empressez de souligner, en bon esprit malhonnête), c'est pour des raisons mathématiques. Il vous faudrait lire un peu de Hayek ou même de Mandelbrot pour comprendre, donc je passerais dessus.

    Des analystes sérieux (je parles pas de Fukuyama) ont démontré la stabilité du capitalisme. Dans ce terrain là, à savoir en économie et en histoire, vous êtes un nain, désolé.

    Maintenant, est-ce que je soutiens le système capitaliste pour autant? Pas du tout. Son succès me déplore.

    Mais vous c'est plus singulier. Vous, vous croyez qu'on peut fusionner le christianisme et le marxisme simplement car ils sont opposés au capitalisme. Tout votre argument tourne autour de ça. Pour vous, si la scolastique est vieille, on la jette à la poubelle par exemple. Le marxisme émerge, allez hop, on le mélange avec le catholicisme.
    C'est un argument typiquement moderne, qui procède de la vision "horizontale" de l'évolution, celle de Marx, contre la vision "verticale", celle des scolastiques, dans laquelle on avance vers Dieu.

    Blanc de Saint Bonnet considérait le socialisme et le communisme comme des évolutions de l'anarchie protestante. Marx est exactement dans ce même niveau (alors que Nietzsche non), incapable de hiérarchiser sa pensée et bloqué au niveau de la critique historique, avec quelques grumeaux qui ressortent, une citation de Sophocle par ci, une éloge de Balzac par là...tout ceci est pitoyable.

    Vous êtes pitoyable. Ce n'est même pas la réalité de la religion qui vous échappe (ça, c'est déjà prouvé, la Voix et moi l'avons montré, ce n'est pas un tour de passe-passe avec votre théologien Feuerbach qui permettra de vous sortir de cette évidence), c'est la réalité tout court. Elle est beaucoup plus compliquée que vous ne le pensez.

    Autre chose: Quelque chose d'amusant avec vous, c'est que vous pensez que Proust idéaliser ces maîtres et en font des fétiches, alors que vous faites exactement la même chose avec Marx (que vous comparez carrément à Saint Paul en vous servant de Drieu la Rochelle) ou même avec Baudelaire ou Bloy. Pour vous ce ne sont pas des êtres humains, vous les réduisez à des petits prêtres précurseurs de votre secte.

  • Sébastien,
    Le goût de la controverse, on l'attrape un beau matin, ça vous tombe comme ça sur le poil. Mais je en me fais pas d'illusions, je sais qu'il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    Spendius,
    Je ne suis jamais rancunier plus de 10 secondes.

  • Mais vous avez été rancunier pendant dix secondes minimum :D

  • Fukuyama, si c'est ça que vous avez trouvé de plus sérieux, laissez-moi rire.
    Des économistes sérieux, il n'y en a presque pas aujourd'hui. Keynes l'était un peu, mais sans la vision d'ensemble, l'humanisme de Marx, indispensable étant donné que l'économie est une science éminement humaine. On a des experts-comptables comme Strauss-Kahn, des joueurs de bonneteau héritiers de Law qui injectent de la monnaie dans le circuit : un coup c'est le banco, le coup suivant c'est la faillite.

    Je n'attribue pas la survie du capitalisme - un siècle, c'est très peu à l'échelle d'une civilisation - au hasard, ou à je ne sais quelle autorégulation magique, mais à deux facteurs, que Marx ne pouvait pas précisément prendre en ligne de compte :
    - la bombe A, héritée des nazis par les yankis ; elle a permis aux Yankis de compenser la faiblesse de leur armée. Cette bombe A fait aussi partie du capital de confiance accordée aux Yankis par leurs créanciers. C'est la raison pour laquelle les Etats-Unis s'apprêtent à attaquer l'Iran : ils savent que la fin du monopole nucléaire serait un désastre pour leur économie ;
    - la manne pétrolière : c'est aussi le pétrole qui a perdu Hitler, l'a poussé à changer ses plans et à foncer sur les gisements soviétiques, alors qu'il avait la leçon de Napoléon gravée dans la tête.

    Hitler disait "mille ans" ; même si on peut considérer que les Etats-Unis perpétuent ce régime laïc fondé sur la spéculation philosophique et les gadgets scientifiques et juridiques, on en est à un bon siècle tout au plus. Je ne crois pas aux "mille ans" de ces foutus batards. Pour fonder l'économie sur le gaspillage de ressources humaines, il faut avoir au moins fait Heidegger+5.

  • Vous le faites exprès? Je disais "je ne parles PAS de Fukuyama"

    Quand vous nous parlez d'histoire, on dirait que vous nous lisez un roman. D'où vos erreurs grossières.
    J'aimerais bien savoir d'où vous tirez vos conneries.

    Je vais vous raconter un petit secret, qu'un type qui lit un peu d'économistes sérieux (je ne parles PAS de Keynes) sait très bien: Le marché...s'adapte.

    Offre, et demande.

    En d'autres termes, si le capitalisme a, par le passé, gaspillé beaucoup de ressources humaines, maintenant, il s'adapte aux nouvelles idéologies écologistes (qui ont émergé par la conscience du "gaspillage de ressources humaines" pour utiliser votre langage, "conscience" qui a elle même émergée grâce à l'enrichissement des classes par ce même capitalisme qui gaspillait les ressources humaines - la boucle est bouclée): le marché se transforme. C'est ce qu'on appelle "l'auto-régulation", et ce n'est pas magique: C'est le principe qui fait survivre toutes les civilisations.

    Vous n'êtes pas dans le faux, mais vous n'êtes pas "complet". Comme moi d'ailleurs.

    On ne peut pas décrire une époque en utilisant de simples gadgets, qu'ils soient de marxistes ou d'économistes.

  • S'adapter à l'idéologie écologiste n'est pas s'adapter à la réalité. L'écologie véhicule d'ailleurs les mêmes superstitions que le capitalisme : malthusianisme et évolutionnisme.

    Il n'est pas difficile de comprendre que l'écologie, comme l'antiracisme, ont pour principal effet de servir de couverture idéologique à l'impérialisme.

    Même le principe de la "décroissance" ne fait que reprendre le principe de la "croissance", bilan comptable qui ne correspond pas à la réalité économique.
    Le capitalisme est à l'économie ce que le pari de Pascal est à la théologie : un enfantillage basé sur l'extrapolation mathématique et géométrique. La méthode Coué peut avoir des applications au plan psychologique ; en faire le fondement d'une politique, c'est du niveau intellectuel d'un double major de promo comme Jacques Attali.

  • J'ai jamais dit que s'adapter à l'écologie est s'adapter à la réalité. C'est répondre à la demande. C'est toujours comme ça que ça a marché.

    La réalité a toujours tort.

  • "La réalité a toujours tort" : beau slogan kantien pour Cohn-Bendit ou Sarkozy.

  • Non, ça m'a été inspiré par Majorana. Vous savez, c'était un physicien dont considère que si il avait été un peu plus normal, il aurait certainement été l'un des plus grands scientifiques de tous les temps.

    En d'autres termes, cela veut dire que chacun porte des costumes et tout le monde joue un rôle - en bref, la "réalité" est une belle illusion. Le tout dans la vie, c'est d'éviter de jouer le rôle de Tartuffe.

    Même vous, vous jouez un rôle. Vous évitez d'ailleurs de dire votre nom, de "révéler votre identité" comme ils disent dans les séries télé...

  • Vous êtes un peu comme ce type qui porte une lunette bouchée à son œil et en déduit que le monde a disparu.

    Dans une simple dictature, il y a des tartuffes ; dans un régime totalitaire, c'est différent, ce sont des "tartuffes de bonne foi", des tartuffes sincères, autrement dit des fanatiques de l'espèce la plus dangereuse qui soit. C'est tout le sens des paroles de Marx décrivant la laïcité, la religion des Droits de l'Homme comme un opium super-puissant, d'une force inédite.

    Un musulman, un païen, n'a besoin que d'être mis en présence de la Vérité ; avec un laïc libéral il en va autrement, car ce genre d'individu-là a pour principe intangible et définitif que "la Vérité, ça n'existe pas". Ou la "réalité", si vous préférez.

  • Exact, mais comme on est dans un régime libéral, la réalité, ça n'existe pas.

    Habituez-vous aux subtilités de ma pensée, camarade.

Les commentaires sont fermés.