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La symétrique des idées

L’angélisme de Thomas d’Aquin consiste à amalgamer deux courants de pensée opposés, à savoir l’archaïsme de Platon et la modernité d’Aristote.
Cet angélisme est le fait de Hegel aussi, qui mêle l’obscurantisme de Kant avec la philosophie des Lumières.

Thomas d’Aquin et Hegel doivent à l’impression d’exhaustivité qui résulte de l’amalgame leur triomphe dans l’Université, où l’on confond volontiers la gravité avec le volume. Mais de là viennent aussi les contradictions de Thomas d’Aquin et Hegel, leur talon d'Achille. Hegel qui combat le romantisme à partir de principes romantiques.

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On peut voir les choses de façon plus dynamique. Le mouvement de Thomas d’Aquin est de s’extraire de la "romanité" pour aller vers la pensée classique. Et le mouvement de Hegel est de s’extraire de la pensée germanique pour aller vers la pensée néo-classique.
Autrement dit c’est manifestement le fait pour Thomas d’Aquin de s’éloigner du christianisme “romanisé”, et pour Hegel de s’éloigner des extrapolations kantiennes qui font leur force.

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De l’étude de Thomas d’Aquin et de Hegel, sans aller jusqu’à Marx, il ressort deux évidences :
- De la plus ténue à la plus forte, de la plus athée à la moins athée, il n’est aucune pensée en Occident qui n’émane des Grecs ou du christianisme, le plus souvent d’un mélange des deux. Et même au-delà : le nationalisme juif ou l’internationalisme islamique ont plus à voir avec la logique grecque ou chrétienne qu’avec le talmud ou le coran.
- La pensée prétendûment post-moderne ou laïque, se caractérise par une tentative de nier autant que possible ses origines.
On peut la scinder facilement en deux branches. L’une qui s’efforce de brouiller encore plus les cartes du jeu de Hegel, de tirer Hegel vers une petite mystique de sous-préfecture ; l’autre courant consiste à étouffer le radicalisme de Marx - ou bien à le tronçonner, ce qui revient au même étant donné que la force de Marx tient à son unité. Si l’on occulte le combat de Marx contre la religion laïque, on ne peut pas comprendre le Manifeste du parti communiste.

En dehors du national-socialisme et du communisme, il n’y a donc rien à l’Ouest de nouveau à signaler. La pensée “post-moderne” n’est qu’une pensée d’esclaves qui se contentent de nier leurs chaînes. Au fétichisme de l’art s’ajoute celui des idées.
La dynamique des idées s'est déplacée de l'Occident géographique vers la Russie, l'Amérique du Sud et certains mouvements islamiques, de façon plus anecdotique. Contre la force du Verbe, les missiles et les comptes en banque bien garnis sont impuissants. Les Occidentaux se pavanent dans des armures qu'ils n'auront bientôt plus la force de soulever.

Commentaires

  • C'est dur de parler avec vous. On essaie de parler d'un truc et vous vous partez sur mille autres sujets, voire, vous accusez votre interlocuteur de penser le contraire de ce qu'il dit...

    Enfin, je vous signale malgré tout, que les analogies entre Hegel et saint Thomas ne sont pas là où vous les voyez. Je soupçonne même que vous n'ayez jamais lu saint Thomas. Ce dernier n'a jamais amalgamé Platon et Aristote. Qu'il y ait des erreurs chez saint Thomas, c'est évident, saint Thomas n'est pas Dieu le Père, mais j'attends que vous me donniez des exemples précis de contradictions thomistes.

  • Ce que je pense surtout, c'est qu'il ne sait pas de quoi il parle. Il n'a certainement jamais lu sains Thomas d'Aquin, vous lui en avez parlé - vous êtes bon aux débats, mieux que lui sur ce coup, vous l'avez eu. Il a donc fallu qu'il trouve une nouvelle cible, votre maître, et la fasse rentrer dans son jonglage stupide et inepte entre plulsieurs noms , "Hegel", "Marx", "Kant, "Nietche", "Bloy"...

    Réfléchissez un peu lapin: Le classicisme dont vous vous tenez garant et du haut duquel vous jugez tous les autres, est fictif, n'existe que pour vous, est votre petite idéologie personnelle. Cela m'étonnerait que Racine ait un jour soutenu vos idées sur "l'angélisme de saint Thomas d'Aquin"

  • Je préfère vous donner un exemple concret, appliqué à vous-même, la Voix, de la contradiction scolastique de saint Thomas.

    De mon point de vue Marx complète la scolastique. C'est-à-dire qu'il fait ce que font Thomas d'Aquin ou Duns Scot, en mieux, à savoir proposer une synthèse du christianisme et de la logique grecque afin de contribuer aux conditions d'une Renaissance.
    Quel intérêt trouverais-je à lire Thomas d'Aquin dans le détail ? C'est ce qui le contient et le parachève qui m'intéresse.

    Tandis que vous, de deux choses l'une, soit vous ignorez que la scolastique a ramené la science et le progrès dans une civilisation menacée par la sclérose et le pessimisme monachique, et alors je prouve seulement que VOUS êtes incohérent, et pas Thomas d'Aquin.
    Ou alors vous postulez qu'aucune logique, aucune science humaine n'a vu le jour en Occident ou ailleurs depuis la scolastique, et dans ce cas je prétends que votre myopie vient du platonisme de Thomas d'Aquin. Qu'on puisse mêler les syllogismes poétiques et archaïques de Platon avec la vision claire d'Aristote, voilà la contradiction. Elle est chez Hegel aussi.
    On ne peut pas vouloir redonner à la logique toute sa force et s'accommoder de la contradiction. Toute la critique de Marx part de là.

    Si vous vous êtes plongé au-delà de la simple enquête, contrairement à moi, dans Thomas d'Aquin et les Grecs, il n'aurait pas dû vous échapper que lorsqu'il répète Aristote (je ne dis pas qu'il ne fait que ça), Thomas d'Aquin le rend moins clair qu'il n'est.
    Il ne faudrait pas oublier Roger Bacon non plus, et son combat d'avant-garde contre le syllogisme, cette fausse image.

    Les jansénistes ne pardonnent pas à Voltaire d'avoir mis à jour le caractère impie des pensées de Pascal, Pascal pour qui l'homme a été créé à l'image du diable.
    Vous remarquerez que la racaille libérale n'a pas osé mettre Voltaire sur ses billets de banque, elle a préféré y mettre Pascal. Tout un symbole.

  • 1-La théologie thomiste ne doit rien aux grecs.
    2-Le système thomiste s'appuie sur la théologie
    3-La philosophie thomiste emprunte ses principes logiques et ses grands principes à Aristote
    4-On en se sert de Platon que dans la philosophie naturelle, en tant que remède à Aristote dans ses errements païens sur l'éternité du monde par exemple.
    Je schématise, évidemment. Mais jamais les syllogismes poétiques de Platon n'ont été mélangé avec la logique claire d'Aristote chez lui. Jamais. La contradiction apparente scolastique, c'est la tension entre la théologie surnaturelle et la philosophie naturelle, entre le plan de la Somme Théologique, et celui de la Somme contre les Gentils, si vous voulez.

    Pas besoin de lire saint Thomas dans le détail, évidemment, mais visiblement vous ignorez les rouages généraux du système thomiste, ce qui invalide grandement votre texte.

    L'attachement excessif à ,la scolastique est anti-scolastique, on est bien d'accord. Mais il faut bien reconnaître que Saint Thomas est le meilleur des scolastiques, et de loin. A l'aune scolastique, votre Marx ne survit pas. Et votre marxisme non plus.

    Le syllogisme n'est pas parfait, évidemment. Mais il est nécessaire, et votre Bacon est un idiot de la Renaissance. Si vous en avez contre le syllogisme, ne vous prétendez plus d'Aristote. Et c'est gratuit de dire que saint Thomas embrouille la pensée d'Aristote, lorsqu'il la commente (l'Ethique de Nicomaque par exemple), il la complète de son point de vue chrétien, y insuffle le ferment théologique, et il n'y a qu'un païen qui puisse le lui reprocher.

    Autre chose en passant : l'internationalisme arabe a plus à voir avec le mosaïsme juif qu'avec la pensée grecque ou le nationalisme des juifs pharisiens.

  • Spendius,

    Vous devez avoir raison. Alors chacun s'amuse comme il peut, Lapinos en exhibant ses jouets marxistes, moi en tentant de lui démontrer qu'il a tort.

  • 1. Homère est la matrice d'Aristote, comme la Bible est la matrice de saint Thomas d'Aquin. On ne peut pas dissocier la logique de la mythologie grecque. Il y a déjà là une première contradiction. Non seulement Thomas d'Aquin a vu ce rapport mais il explique la scolastique : une logique fondée sur un imaginaire. Au lieu que la philosophie d'Augustin est surtout fondée sur la spéculation (parce qu'elle est romaine et non grecque), la philosophie de Thomas d'Aquin est fondée sur le récit de l'incarnation et l'imaginaire qui en découle.
    On peut évacuer les mythes grecs de la propagande chrétienne, mais pas du raisonnement scolastique.

    2. C'est bien le problème d'aller chercher un remède à Aristote chez Platon, beaucoup plus archaïque que celui-là.
    J'aurais pu le dire de cette façon : le sophisme de la théologie naturelle, voilà le piège dans lequel ni Hegel, ni surtout Marx ne sont tombés.
    De l'observation que les Grecs avaient une morale proche de la morale chrétienne, déduire qu'il existe un fond moral commun à tous les hommes, c'est une construction logique aberrante, qui revient à nier les sacrifices humains dans certaines civilisations ou l'avortement à l'échelle industrielle aujourd'hui AU NOM DE LA MORALE. Il y a là deux raisonnements platoniciens ou kantiens qui se téléscopent.
    En partant de cette idéologie de la morale naturelle on justifie d'ailleurs des systèmes de régulation des naissances on ne peut plus sophistiqués, c'est-à-dire qu'on en vient à dire que ce qui est NATUREL c'est, non pas ce qui est SURNATUREL mais ce qui est ARTIFICIEL ou INDUSTRIEL ! Bravo la scolastique prise dans ce sens.

    3. Question rouage, les communistes, en général, en connaissent un rayon.

  • Le concept de théologie naturelle n'a rien à voir avec l'eugénisme qui s'est pratiqué et se pratique aujourd'hui.
    Si des tarés se servent de la morale naturelle pour pratiquer l'eugénisme, ce n'est surement pas la définition de la morale naturelle selon les scolastiques qu'ils reprennent, mais plutôt celle des idéalistes.
    Et le sacrifice humain ne contrarie pas cette thèse chrétienne, au contraire, puisque selon les Pères de l'Église, le paganisme est une déformation de la révélation primitive.
    Il faut une piètre connaissance du monde antique pour pouvoir affirmer que les grecs avaient une morale proche de la morale chrétienne. On a assassiné Socrate, je ne sais pas si vous êtes au courant (et au nom de la morale, précisément).
    Mais surtout, la théologie n'est pas qu'une morale. Quand on parle de théologie naturelle, on entend la philosophie qui mène au vrai (Grèce, Rome) et les pratiques religieuses quelles quelles soient (Lire Donoso Cortès au sujet des sacrifices).
    Et si comme vous dites, la matrice de saint Thomas est la Bible, cela signifie bien que les mythes grecs sont évacués et évacuables du raisonnement scolastique.

    Au début, vous accusiez saint Thomas de mêler la logique platonicienne à celle d'Aristote, et maintenant, vous dites que le problème thomiste vient d'Aristote lui-même, de son paganisme. Mais c'est votre postulat de départ qui est idiot : "On ne peut pas dissocier la logique de la mythologie grecque." Si on peut, parce qu'il y a une frontière nette entre l'un et l'autre. Pas la peine de lire Homère pour comprendre l'Organon.

    Ensuite, le problème de Platon n'est pas son archaïsme prétendu. En fait, Platon n'est plus archaïque que Marx. Le seul problème c'est que sa philosophie est inconséquente; qu'on ne peut donc pas en tirer grand chose. Voilà pourquoi c'est chez Aristote que saint Thomas va chercher son assise. Ça ne veut pas dire que Platon est complètement inepte, loin de là, mais juste que l'on se sert de sa pensée en tant qu'objection plus qu'en tant que proposition, pour ainsi dire.

    Mais vous n'y connaissez rien, je le vois bien. Vous ne pourriez pas dans le cas contraire, raisonner comme vous faites, en opposant tout et tout le monde, dans de grandes tirades de manichéisme éphémère (Ça c'est une partie de Votre problème). Chez saint Thomas, on retrouve tout le bon monde : Aristote, Platon, et saint Augustin pour ne citer qu'eux. Saint Thomas a dépassé saint Augustin surtout parce qu'il a su mettre à profit Aristote. Saint Augustin, c'est un platonicien, pas un romain. C'est d'ailleurs visible dans la somme théologique, où les propositions de saint Augustin sont réemployées et explicitées. En clair, il y a des différences entre la philosophie de l'un et de l'autre, qui s'apparentent respectivement à Aristote et à Platon, mais pas dans leur théologie.

  • Les Grecs ont condamné Socrate à mort (Aristote ne leur donne pas tort sur ce point) : la belle affaire. Vous croyez que les procès ou les assassinats politiques manquent dans notre histoire, peut-être ?

    Je crois comme vous que Thomas d'Aquin fut moderne parce qu'il réduisit l'influence des idées archaïques de Plotin dans la pensée chrétienne. Au regard de l'histoire passée, c'est ça qui est neuf chez Thomas d'Aquin.
    Hegel vaut aussi, non pour les restes d'idéalisme germanique qui subsistent dans sa pensée, mais par sa compréhension des Lumières franco-britanniques interprétées de travers par Kant.

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