Admiratifs devant des cratères et autres récipients grecs, mon pote et moi convenons que Picasso a tiré le meilleur de son oeuvre de la puissance de synthèse de ces artisans de l'Antiquité dont l'art exprime le mépris des effets spéciaux. De même, si on compare la statuaire de Rodin avec celle d'un bon sculpteur grec, Rodin paraît immédiatement académique et sentimental.
Nous convenons aussi que la mythologie grecque pourrait fort bien être enseignée au collège où elle serait beaucoup plus attirante et utile que n'importe quelle autre matière, permettant de transcender plusieurs disciplines... MAIS, car il y a un mais, c'est impossible car le cadre institutionnel républicain s'en trouverait rapidement ébranlé. Et même, à mes yeux, bien plus vite que n'importe quel dogme chrétien ; c'est une évidence à laquelle mon pote est trop "hégélien" pour pouvoir souscrire. Pourtant les ennemis scolastiques puis jansénistes de la mythologie grecque, qui s'accommodent beaucoup mieux du culte des ancêtres romain ne sont autres que les ancêtres de la République laïque athée à qui le judéo-christianisme a fourni (la philosophie naïve de Feuerbach le prouve) toutes les pièces du raisonnement anthropologique. La forgerie du "droit naturel" ou de la "morale naturelle" est typiquement le genre de spéculation débile léguée par le christianisme à la religion laïque.