On entend parfois de jeunes gothiques émules de Satan déclarer, dans des reportages télévisés par exemple, que l'entrée dans la vie civile les a fait renoncer à leurs rituels, maquillages et autres refrains sataniques. Ces reportages sont à l'instigation d'autorités scolaires ou paramilitantes qui jugent le satanisme peu hygiénique et défavorable au bon déroulement d'une scolarité typique, et exhibent donc des repentis "rangés des messes noires".
Ne subsiste plus, une fois l'adolescent métamorphosé en gentil papillon-citoyen, s'il n'a pas attrapé un cafard ou un bourdon trop gros en travers de la gorge, qu'un tatouage indélébile en forme d'étoile, de dragon ou de phénix, dissimulé derrière une cravate bien lisse.
C'est une curieuse idée de croire que la vie professionnelle et l'âge adulte éloignent forcément de Satan. On voit bien dans les Evangiles que les plus dangereux suppôts auxquels le Sauveur et ses apôtres sont confrontés sont parfaitement insérés dans la vie socio-professionnelle, quand ils ne siègent pas carrément au Sanhédrin.
D'ailleurs d'où viennent les pratiques sataniques, dont le décompte s'avère un peu troublant pour les autorités laïques ? Mgr Onfray par exemple, du service de diffusion des idées laïques les plus avancées, rien que sur l'existence historique de Jésus émet de sérieuses réserves ; alors pour ce qui est du diable, le prélat se retiendrait de pouffer s'il n'était pas pénétré du sérieux de sa charge. Merdre, que vient faire le diable en plein XXIe siècle alors que Malraux a déclaré que le XXIe siècle serait religieux ou ne serait pas !?
Il est communément admis que ce culte naïf, le personnel de l'éducation nationale étant peu enclin à de telles galéjades, s'attrape entre camarades de cours de récréation et ne vient pas du désir malsain des enfants d'imiter leurs vieux.
Commentaires
...ne vient pas du désir malsain des enfants d'imiter leurs vieux mais de l'éternel esprit de contradiction de l'homme sans doute. Alors pour que Dieu l'emporte, il faut que le diable l'emporte, momentanément au moins (et on en revient au problème du temps).
Et à ce propos not' Lapin, quand est-ce que tu vas nous donner à lire ce roman dont tu nous as un jour laissé entendre que...?
(bon tu peux virer ce commentaire, je manque de discrétion, mais j'ai perdu ton imèle dans le déménagement)
Le projet littéraire le plus ambitieux, c'est selon moi celui de Bacon écrivant des fables théologiques sous le nom de Shakespeare pour indiquer à tous le chemin de la liberté.
Etre moins ambitieux que ses pères ou même camper sur des positions avancées, revient à reculer face au Temps assassin : c'est une défaite.