Quand j'entends Lionel Jospin raconter sa vie à la télé, je comprends que de braves cons aient pu voter pour Sarkozy. Le côté cocasse de Jospin, c'est qu'il ne peut ouvrir le bec sans faire l'apologie du suicide, c'est plus fort que lui.
Déjà Karl Marx voyait dans le discours démocrate-chrétien ou socialiste le discours le plus dangereux pour le prolétariat, car le plus apte à rallier à une politique bourgeoise destructrice. De fait l'armée des instituteurs républicains laïcs s'est laissée en France déposséder du discours moral dont elle avait quasiment le monopole par une presse et des médiats aux ordres des cartels industriels et bancaires qui produisent désormais carrément des émissions grand public à la gloire des "500 familles" qui ont conduit la France là où elle en est, au bord de la faillite et de la nullité intellectuelle que l'Académie dite "française" incarne parfaitement.
Le niveau élevé du chômage en France depuis les années 70 contraint même les politiciens qui ne dissimulent pas ou peu que leur raison sociale est d'être des factotums de l'industrie et des banques (Sarkozy, Fillon, Chirac et Balladur avant eux), il les contraint à adopter le discours social-démocrate hypocrite.
Le gauchissement du discours aux Etats-Unis à travers Obama est bel et bien lui aussi une conséquence de l'entrée des Etats-Unis en récession. Le socialisme s'avère donc être la meilleure vaseline pour enculer le peuple.
Les deux minorités qui ont réagi le plus tôt en France à l'hypocrisie du discours socialiste ou du "gaullisme de gauche" sont les électeurs de Le Pen issus de milieux populaires et les immigrés des banlieues. Tout semble les opposer, mais en réalité ces minorités ont en partage de n'avoir pas grand chose à perdre ; c'est ce qui leur fait dire face aux politiciens et leurs cortèges de promesses et de journalistes : "Ôtez-vous de notre soleil." Cynisme populaire contre cynisme politique. Machiavel n'avait pas tort de peindre la politique aux couleurs du diable (Avec le pourpre et l'écarlate, l'orange en est une, que le roi des faux-culs François Bayrou n'a pas craint d'adopter.)
Commentaires
Pour vous donc, le capitalisme ne peut-être réformé...Et dans ce cas, quelle alternative? Le communisme moribond empoisonné par sa propre histoire? Ou alors, la révolution...?
Mon propos est certainement naïf. Mais je crois bien que, naïf, je le suis en plein...
Je ne comprends pas tout. pas toujours d'accord avec vous. Et les deux certainement dûs à ma pauvre érudition quelque peu fantomatique... Mais j'insiste, je m'accroche, je continue...
Trois précisions :
- le communisme marxiste n'est pas une utopie politique mais une utopie scientifique ou artistique. La force n'intervient chez Marx que dans la mesure où il est persuadé que, fondamentalement, le pouvoir est hostile au progrès scientifique et artistique, à sa propagation jusqu'au plus bas de l'échelle sociale, condition pour Marx de la destruction de l'Etat. Personnellement je constate dans le domaine de l'art que je connais bien, que plus l'Etat est puissant et concentré, plus l'art décline ; comprenez que si le marxisme était une utopie politique, il serait le national-socialisme selon Hegel ; or il ne l'est pas ; c'est l'intelligentsia communiste qui a ramené la science de Marx à la mystique de Hegel ;
- je ne suis pas en train de dire : tout le monde s'est gouré, on a mal interprété Marx et si on l'interprète correctement, tout ira mieux ; non, je ne fais que répéter cette vérité soulignée par Marx lui-même du tropisme extrêmement fort de la politique. Observez que le dévoiement du christianisme, perçu aussi par beaucoup comme une utopie antipolitique (Flaubert déclare que le christianisme est antisocial, ce qui lui paraît utopique voire dangereux) ;
- on peut croire si on se fie aux apparences que la politique a triomphé aisément du christianisme et du communisme ensuite et les a complètement subvertis, les érigeant en religions de la classe dominante l'un après l'autre, croire donc qu'on est dans l'impasse. A mon sens c'est plus compliqué que ça et cette façon de voir superficielle est elle-même typiquement politique. Les portes fermées que l'art et la science enfoncent sont plus ou moins invisibles mais n'en sont pas moins ouvertes. La politique, dont on peut ramener le raisonnement à un cercle (la spirale du Père Ubu est très bien "vue") a beaucoup de confiance en elle-même et dans la perpétuation de ses organes "ad infinitum", mais tout peut basculer du jour au lendemain. L'Empire romain, figuration de l'empire du mal pour un chrétien ou un communiste, n'a pas vu venir sa chute brutale.
Tropisme: force obscure, inconsciente qui pousse à agir d'une certaine façon. Je précise pour Pierrot qu'on pourrait aussi dire "envoûtement ou charme" rapport à l'a propos de sa note sur Camus.
D'ailleurs la citation de camus que tu nous donnes Pierrot est très intéressante, je la soumets à Lapin en passant : " Le charme: Une manière de s'entendre répondre "oui" sans avoir posé aucune question claire."
Moi je traduis charme par "sex appeal". Exemple : "La mort exerce sur les femmes un "sex appeal" très fort, au contraire de la vérité dont la beauté les effraie."
Le rituel sexuel et celui de l'inhumation sont sacrés pour les gonzesses.
On peut voir que Jésus-Christ est obligé de s'y reprendre à deux fois pour que Marthe pige enfin que la mort n'est pas inéluctable. La politique va de la petite mort à la grande : c'est mathématique.
Je suis assez d'accord avec vous pour votre traduction de "charme". Effectivement, moi j' ai lu la citation de Camus dans ce sens. Et je suis bien persuadé qu'il ne l'entendait pas autrement...
Mais pourquoi serait-ce autrement! Notre état de mammifères, ne nous ramène-t-il pas à charmer pour la survie de l'espèce...?