Le plus gonflé de la part de l'ancien directeur de L'Express Jacques Duquesne, qui constate que l'Eglise catholique a effacé le diable de ses tablettes, c'est de s'en féliciter sur le plan de la responsabilité (et donc de la morale).
Je reviens sur ce mensonge éhonté : le capitalisme, en tant que facteur d'hyperpolitisation, et je ne crois pas qu'on puisse aller plus loin dans le totalitarisme, le capitalisme possède l'effet "désinhibant" d'une drogue (le drogué est un puritain qui interprète l'effet de la drogue comme un effet "libérateur").
On peut poser de fait que "moins l'individu est libre, plus il est aliéné à un système politique comme c'est le cas aujourd'hui, moins il est responsable". A cet égard, l'invention de l'"inconscient" par Freud est une invention typiquement capitaliste et qu'il est difficile de concevoir en dehors d'un tel régime. L"'inconscient" est d'ailleurs étroitement en rapport avec l'idéologie génétique, qui a le même effet déresponsabilisant.
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On peut même voir que l'inconscient freudien occupe dans la religion laïque ou existentialiste la même place que le purgatoire dans la religion chrétienne (médiévale). Non seulement parce que le médecin ou le psychiatre occupe le rôle dévolu autrefois au confesseur (un rôle politique clef), mais parce que l'inconscient a le même caractère de science-fiction que le purgatoire. Dans le cas du purgatoire il s'agit d'un temps linéaire, dans le cas de l'inconscient d'un temps cyclique, c'est-à-dire que l'"après" existentialiste, le "post-mortem" bourgeois est à peu près équivalent à l'"ante-mortem" (on le comprend bien à travers la litanie pédérastique de Proust, dont le gain de temps procède d'une rétrogradation). Contre les mathématiques bourgeoises imbéciles, il faut redire que la ligne est un perfectionnement du cercle et non l'inverse. Le signe le plus primitif, c'est le cercle.
La ligne du purgatoire, opposée à la spirale de l'inconscient a une raison : elle est architecturale. Le purgatoire n'est pas seulement un "temps", c'est un "espace-temps" plus raffiné. Ce critère permet de comprendre que la conception médiévale est moins animiste que le concept de la religion bourgeoise existentialiste. La "circulation libre" des âmes ou des fantômes est le propre du tribalisme. Le séjour délimité des morts a un effet de libération sur les vivants ; clairement, il libère en partie d'un poids généalogique.
D'ailleurs, à propos du moyen âge et de sa conception géométrique du séjour des morts, il faut dire que Dante Alighieri, traversant le Purgatoire, l'Enfer et le Paradis, a détruit ces architectures ou ces sciences-fiction en les banalisant. Etant donné l'importance du purgatoire au regard du pouvoir temporel de l'Eglise, et l'hostilité de Dante à ce pouvoir, synonyme de compromis avec les marchands, que Dante dénonce bien avant Luther ou Marx comme une pente vers l'Enfer, on mesure l'impact de la théologie de l'Alighieri, peut-être plus fort que l'impact de Thomas d'Aquin, plus "politiquement correct".
Pour résumer et dire en un minimum de mots à quoi tient l'aliénation capitaliste, désormais à l'échelle mondiale, on peut dire que le capitalisme a réintroduit l'idée de destin au coeur de l'humanisme et de l'humanité (destin qui pour un chrétien se note 666).
Si l'on veut en savoir plus sur le diable, mieux vaut lire Baudelaire plutôt que les dix derniers papes. Le tabou brisé par Baudelaire est le suivant : parler du diable dans un régime bourgeois, alors qu'en principe on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu.
Commentaires
Au cours d’un séminaire lacanien (séminaire !!!) alors que le gourou annonce qu’il va s’autoriser à couper la parole à l’intervenant du jour, je suggérai que bien entendu puisque cette parole est de toute façon coupable. J’aurais lâché un pet, pas pire ! le psychiatre s’est exclamé ha mais pas du tout, bien au contraire ! j’ai failli me barrer incontinent. Je regrette pas d’être resté, la suite valait son pesant de Prozac.
Au cours d’un séminaire freudien cette fois, j’ai eu droit à pire. Ça se tenait dans un lieu religieux, un ancien cloitre à Nice, recyclage significatif ô combien ! Il y avait derrière la « scène » une représentation artistique d’une autre scène, celle de la crucifixion. Un truc moderne avec cependant l’impossibilité de ne pas voir de quoi il était question. Là-dessus, alors que je baillais depuis une heure, déboule un girovague vociférant. Le conférencier en était à se demander ce qu'il pourrait bien faire des productions (plastiques ou littéraires, je sais plus) de ces jeunes patients (ses cobayes). Stupeur infinie dans la salle, le clodo n'en revient pas de sa chance et se lâche à fond ! Moi, peu curieux de ses élucubrations je lui lance d'une voix de tête qui l'a un peu déstabilisé: Monsieur, êtes-vous prêt à souffrir la contradiction, ou un truc dans ce genre, j'ai pas noté. Le type après m’avoir jeté un regard alcoolisé a jeté un autre regard périphérique et ne voyant que des dos expressifs a repris sa litanie. Il s'agissait en fait, car il savait très bien où il était, de nous raconter qu'il avait vu une petite fille souffrir dans je ne sais plus quelle circonstance. Nous étions là à bavarder sur la souffrance psychologique et lui, qui croyait être le seul à la connaître vraiment, nous reprochaient de ne rien faire pour sauver son âme et accessoirement celle de cette « pauvre » enfant. Ce qui m'a décidé à le couper vraiment ça a été le regard à la fois peureux et admiratif de mes voisines, on ne se refait pas, confiteor mea culpa ! Je l'ai donc surpassé en volume sonore et d'une phrase sans virgule l'ai éliminé de la conversation en revenant à nos moutons d'un seul élan pour poser la question à l'homme sur la scène, la question qui tue, à savoir, avait-il vu ce à quoi il tournait le dos (Christ, symbole !) et le lieu dans lequel il se trouvait pour ne pas voir que les productions, comme il les appelait, de ces patients, étaient destinées à être consommées pour ne pas dire consumées. (d’ailleurs depuis je me dis que le diable est une pompe à incendie pour éteindre le feu de Dieu) Il en a convenu mollement l’hypocrite, me plaçant probablement dans la catégorie des illuminés redoutables. À partir de ce moment l'air est devenu si lourd que j'ai dû sortir pour respirer. J'ai retrouvé dehors mon clodo qui a fuit lâchement en faisant semblant de ne pas me reconnaître. Quand je suis revenu, un autre zombi avait remplacé le précédent au crachoir. J'ai donc quitté les lieux en me disant que les freudiens ne m'y reprendraient plus. Les lacaniens m'ont paru presque drôle en comparaison.
Ces inconscients poursuivent le but du malin : stupéfier les chevilles ouvrières du capitalisme, les asexuer pour en faire des soldats ou des ouvrières, comme dans la ruche ou la fourmilière. Ou la termitière puisque tu parles d’architecture ! (Note au passage que les alvéoles des abeilles sont des hexagones, et il faut bien qu’elles s’y fassent à ces six faces)
Si on prend un minimum de recul sur la thèse freudienne, notamment au stade de son interprétation erronée de la mythologie grecque et de l'art de la Renaissance, on se rend compte qu'elle revient à justifier la politique : en ça elle est typiquement germanique et ressemble au jansénisme qui consiste lui aussi à sacraliser la politique (Les jansénistes confondent Jésus-Christ avec Ponce-Pilate.)
La philologie dénote exactement du même tour d'esprit. Il y a même des philologues qui ne supportent pas qu'on écrive que Oedipe est "tyrannique". Le seul concept à retenir à mon sens c'est celui d'"acte manqué" : rapprocher Hamlet d'Oedipe alors que de toute évidence c'est Claudius qui lui ressemble le plus (incestueux, assassin, tyran et... boiteux) est un "acte manqué" très révélateur. Etant donné qu'il traduit le désoeuvrement, on peut même dire que l'acte sexuel est l'acte manqué par définition.
Evidemment aux yeux d'un pédéraste comme Freud, Hamlet ne peut être que "névrosé", puisqu'il insulte sa mère et ne se laisse pas assassiner sans réagir par le tyran Claudius.
Dernier point : étant donné la passion de Judas Iscariote pour la politique, et que la théorie (italo-boche) des "cordes" est en réalité, non pas une théorie qui participe de la science physique mais une théorie du langage, je ne peux pas m'empêcher de faire le lien entre la corde de Judas et le langage. L'Occident est d'ailleurs le lieu d'une remise en question grecque et chrétienne du langage et de la rhétorique. Aristote se méfie énormément du langage (la dialectique de Marx vient de là) en raison de son infirmité intrinsèque et comme masquée à saisir les choses de manière artistique ou scientifique. Autrement dit, si l'homme était langage, la théorie de Freud serait valable. Les étendards nazis sont frappés d'un signe quasiment babylonien ; le rouge et le noir symbolisent la religion et la politique : et ce sont les dernières choses qu'on songe à reprocher à l'anthropologue A. Hitler.