La confusion du matérialisme et de l'athéisme fait partie du mensonge moderne (cf. notice débile wikipédia).
- A contrario on peut affirmer que le matérialisme et l'athéisme vont très rarement de pair. Nitche, par exemple, est bien "matérialiste", mais il n'est pas "athée" au sens moderne du terme le plus courant, où la dimension sociale et religieuse a pris le dessus sur la notion de dieu (au sens large). Autrement dit, dans la conscience de l'athée moderne, le respect de l'Etat et de la loi s'est substitué à celui de dieu. Or Nitche n'entre pas dans cette catégorie-là.
Afin de prouver que dieu n'existe pas, l'athée moderne (l'évolutionniste Richard Dawkins) n'a qu'à faire la démonstration de la capacité scientifique de l'homme. Si les chrétiens associent la polytechnique ou les arts libéraux à Lucifer ("Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"), c'est parce que seul dieu procure la conscience scientifique nécessaire à la science véritable, qui se situe "par-delà bien et mal", non au sens naturel de la culture de vie satanique, mais au sens historique.
La démonstration de la toute-puissance scientifique de l'homme ne relève pas de la science matérialiste, qui privilégie l'expérience. Pas plus que le transformisme darwinien n'est une science matérialiste. La démonstration de la capacité scientifique autonome de l'homme fait en réalité une place plus large à l'hypothèse que n'importe quelle religion un tant soit peu étayée.
Afin de prouver que le Christ Jésus n'est qu'un homme ordinaire, et les prophètes juifs des imposteurs, Nitche s'efforce de démontrer que seul le droit naturel et la philosophie naturelle, rejetés par les apôtres chrétiens, sont rationnels et scientifiques aux yeux de Nitche, pour qui la modernité est un nihilisme judéo-chrétien débile.
L'évangéliste de Zarathoustra-Satan a été trahi par tous ses disciples ou presque, dans la mesure où sa misogynie et son matérialisme sont inconciliables avec l'éthique, l'art et la science modernes.
- C'est donc une science spéculative et non matérialiste que l'on peut rattacher à l'athéisme moderne.
- Dans un récent sermon, l'ex-évêque de Rome rend hommage à Karl Marx et sa dénonciation de l'argent comme un moyen d'aliénation... avant de se démarquer du "matérialisme" de Karl Marx, sans donner de raison.
La première chose à dire de la foi chrétienne, c'est qu'elle rejette l'animisme païen, c'est-à-dire la croyance dans le prolongement de l'existence au-delà de la mort, sous la forme d'une âme. La résurrection du corps Et de l'âme, promise par les évangiles, interdit la spiritualisation de l'âme propre à certains cultes païens. Cette spiritualisation passe en effet par une dissociation idéaliste de l'âme et du corps, et le dénigrement corrélatif de ce dernier, également typique du pire intellectualisme.
Le christianisme se montre donc le plus résistant à la ruse anthropologique élitiste qui consiste à exalter l'âme. Cette ruse est typique du pharisaïsme de J. Ratzinger et de la clique démocrate-chrétienne en général ; elle ne fait que renouveler la ruse platonicienne de Thomas d'Aquin. J. Ratzinger concède à Marx un jugement éclairé de l'aliénation capitaliste, tout en feignant d'ignorer que cette dénonciation de l'argent en tant qu'instrument d'aliénation entre les mains de quelques-uns est indissociable du matérialisme et du rejet de l'élitisme sournois des élites libérales.
Ce rejet réflexe du matérialisme par l'institution ecclésiastique chrétienne n'a pas de fondement chrétien ; c'est la détermination psychologique qui est la plus antichrétienne et peut être rejetée au nom de l'évangile. Ce rejet réflexe du matérialisme s'explique par le fait qu'il est impossible de fonder une institution ecclésiastique sur une logique scientifique - d'autant moins que cette institution se réclame du Messie, dont les paraboles renversent la foi et la raison naturelles. L'Eglise romaine est la matrice des institutions occidentales les plus dangereuses pour l'humanité.
Mais nul n'a produit une critique plus radicale de ce mouvement institutionnel et anthropologique que le tragédien chrétien Shakespeare, sur la base d'une science matérialiste clairement énoncée par Francis Bacon Verulam. Il est difficile pour le profane de comprendre que les tragédies de Shakespeare incluent et illustrent la montée en puissance de l'antéchrist au cours de l'histoire, ses diverses manifestations dont la principale est désignée comme la synagogue de Satan. Dans la stratégie d'éradication du christianisme et de son message évangélique, il n'est dévolu à Nitche qu'un rôle secondaire.