Le goût d'un néo-païen pour le cinéma - mettons Hitler - trahit l'influence sur lui de la culture chrétienne médiévale. Un païen authentique a bien trop de goût pour apprécier le cinéma, que Nitche aurait regardé comme une manifestation de l'art judéo-chrétien le plus efféminé. Disons que le "surhomme" n'a pas besoin de se mentir à lui-même, il rejette ce type de "couverture sociale" en quoi consiste le cinéma, qui est une forme d'onanisme intellectuel ou de prière.
Ce qui est notamment intéressant chez Nitche, c'est la sûreté de son goût, dans une culture moderne où les mille façons de mourir l'emportent sur toutes les autres religions. L'analogie, par exemple, entre démocratie et cimetière, est évidente du point de vue nitchéen. L'intérêt festif pour la guerre de 14-18, non seulement est le meilleur moyen d'occulter l'histoire et les causes réelles de ce conflit meurtrier, mais il traduit une fascination macabre, démocratique, pour de jeunes connards patriotes transformés en martyrs.
Il faudrait situer Nitche à l'extrême opposé de Baudelaire, si ce dernier faisait l'apologie de la laideur et de la charogne, de la drogue, mais Baudelaire constate plutôt ce bouleversement esthétique qu'il ne le salue. Baudelaire exprime d'ailleurs son dégoût de la démocratie. La mentalité de Baudelaire est d'ailleurs très proche de celle de Hitler, en raison de cette bipolarité païenne et chrétienne.
On peut voir Rimbaud comme une sorte de jeune SS, sacrifié à la poésie de Baudelaire ; ce qui plaît d'ailleurs le plus souvent chez Rimbaud, ce n'est pas Rimbaud mais le martyr, la victime. La foule aime le sang, elle aime les hosties, et le prêtre moderne est là pour lui enseigner à ne pas désirer plus. Ni Rimbaud ni les jeunes SS ne rêvaient de finir écrabouillés.
Qui sait à quel fléau apocalyptique il faut rattacher la culture moderne, sorte de cérémonie funèbre d'un art qui fut autrefois vivant ? A l'odeur de décomposition du Danemark ? Au cheval pâle, que la mort chevauche, du quatrième sceau de la vision de Jean ?
Commentaires
Je trouve votre remarque sur le cinéma très juste (on pourrait d'ailleurs la pousser à fond en déduisant qu'Hitler, derrière son coté néo-païen, est en réalité essentiellement de mentalité judéo-chrétienne; ses lois raciales, qui rappellent fortement l'ancien testament, suffisent d'ailleurs à le démontrer, comme l'a fait Jean Soler dans l'un de ses livres).
Je n'ai personnellement jamais pu supporter le cinéma (qu'il soit populaire ou d'auteur). Certains films ne sont pas totalement à jeter, mais l'on peine à trouver des œuvres majeures comme en connaissent la littérature ou l'art. A mon avis, le cinéma, par ses couts de production et par le public qu'il cible (les masses), se condamne par essence à la médiocrité.
Le nazisme est hybride : son paganisme permet de le distinguer superficiellement du communisme et du capitalisme anglo-saxon dont il est proche. Mais les moyens d'action du nazisme, dont la propagande et le cinéma font partie, sont modernes, et par conséquent ils ne sont pas "païens".
Le cinéma recèle l'imposture de l'anthropologie moderne, édifiée sur un fond de morale "judéo-chrétienne", une éthique qui, encore une fois, repose sur un subterfuge.
- En revanche votre propos selon lequel le racialisme dérive de la Bible est inexact. C'est la thèse de Mircea Eliade : le peuple aryen élu est une imitation du peuple hébreu élu. Cette thèse est aussi fausse que celle qui consiste à établir un lien entre l'Etat sioniste et l'Ancien Testament, en occultant ainsi soigneusement que l'Etat sioniste fut le projet de Juifs ayant renoncé à dieu.
- On tue au nom de la race dans le monde moderne comme on a pu tuer autrefois au nom de la culture. C'est bien plutôt la mondialisation et l'évolution économique qui expliquent que les bases légales pour justifier l'assassinat ont changé. Le racialisme à l'Allemande est ainsi susceptible de renaître dans toutes les nations qui chercheront à s'opposer à la domination économique occidentale, appuyée sur l'idée (scientifiquement absurde) d'universalisme racial ou de mélange des races.