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Théosophie

Pour la première fois dans l'histoire, l'Eglise romaine a mis en place une religion dont le dieu est à l'intérieur de l'homme ; il a part à l'âme, trou noir insondable. Les païens ne pouvaient en faire autant avec la nature.

De cette façon, dieu finit peu à peu par épouser les contours de la volonté. Un homme doté d'une forte volonté n'éprouvera pas la nécessité de dieu, tandis qu'un enfant y aura plus volontiers recours. Le manque de volonté sera la preuve que dieu existe ; la ferme volonté prouvera au contraire que dieu n'existe pas. Il arrive que, lorsque la volonté de certains hommes forts chancelle, ils fassent appel à dieu et n'hésitent pas ainsi à se renier.

L'Etat moderne doit beaucoup à l'Eglise romaine, car il est une forme de dieu intériorisé, auquel le citoyen lambda d'une nation moderne consent à se soumettre. L'Etat moderne est une interface entre l'homme et quelque chose d'assez confus ; l'Etat est une sorte de miroir ; sa consistance est psychologique, ce qui explique que psychiatres et psychologues soient devenus ses prêtres.

Mais, cette religion étrange, l'Eglise romaine l'a instaurée de façon sacrilège, contre l'esprit des écritures saintes, suivant un dessein mystérieux. Dieu le Père de Jésus-Christ n'est pas le dieu des païens ; mais il ne siège pas non plus dans le corps impur de l'homme - il ne fait pas partie de ses rêves.

Commentaires

  • Pour Bacon c'est la raison qui met en branle la volonté; les rêves, les passions, les sentiments, les affections sont un obstacle qui relève de la morale, ce en quoi l'église romaine s'est spécialisée. Le but de la rhétorique, de l'art de bien parler est d'imprégner l'imagination pour qu'elle seconde la raison non pour qu'elle l'asservisse. Les abus de cet art ne se glissent que "ex obliquo" et malgré la vigilance qu'on peut avoir.

  • Oui, Bacon fait l'apologie de la mythologie, qui n'est pas une machine à rêves, contrairement à ce que certains croient. Freud lui-même est allé chercher dans la mythologie un ou des éléments rationnels.
    Chez Homère, le rêve de gloire d'Achille est raconté comme un échec ; Ulysse au contraire parvient à triompher de la bêtise (parler de la "ruse" d'Ulysse, sachant la connotation de ce mot, c'est déjà plaider contre Homère).
    La force vitale dont procède la volonté doit être maîtrisée, pour les Anciens Grecs comme pour Bacon. Mais, contrairement à Nietzsche, Bacon ne pense pas que la volonté soit TOUT. C'est parce que la volonté est TOUT au yeux de Nietzsche que le dieu des chrétiens n'est plus RIEN, et qu'il n'y a plus que la nature et ses forces vitales, galvanisantes ou dangereuses.
    En définitive pour Bacon, comme pour Shakespeare, la psychologie est un motif secondaire, la volonté un outil qu'il vaut forger ; tandis que pour les modernes (y compris Nietzsche qui l'est le moins), la psychologie occupe toute la place.

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