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Blasphèmes

Pour certains, le blasphème ne doit pas être sanctionné, car la liberté d'expression est illimitée ; d'autres, au contraire, plaident le respect des convictions d'autrui, en public, et jugent les paroles blasphématoires blâmables.

Le blasphème contre dieu est devenu, dans les pays occidentaux, une chose assez banale. D'une certaine façon, on peut dire que la "liberté d'expression" est devenue plus sacrée que dieu. Cette liberté d'expression est d'ailleurs une notion assez indéfinissable, comme souvent les choses sacrées. Cependant, les insultes visant l'Etat et ses représentants légaux demeurent en principe répréhensibles, et c'est là une forme de censure du blasphème contre l'ordre et l'autorité.

Le caractère sacré de l'argent s'impose assez naturellement en Occident, plus facilement que le culte de l'Etat (dont la puissance dépend largement). Rares sont les athées qui ne croient pas dans l'Argent.

On note que la concurrence entre dieu et l'argent dans le coeur des hommes est un vieux thème biblique, repris dans les temps modernes par Shakespeare ou Karl Marx.

Mais le blasphème le plus banal dans l'Occident moderne me semble le blasphème contre l'amour. C'est pratiquement comme si la survie du monde moderne dépendait de ce blasphème.

En effet il y a bien pire que nier l'amour, comme font les savants biologistes qui n'en décèlent pas la moindre trace dans leurs éprouvettes ; invoquer l'amour en toutes circonstances est sans doute bien pire que nier son existence, ce qui relève d'une observation générale assez exacte, puisque l'amour est l'exception et non la norme.

Est-il exagéré de dire que la culture occidentale moderne, plus qu'aucune autre, est un complot contre l'amour ? Un phénomène propre à l'Occident comme la société de consommation, qui est aussi une manière politique d'asservir les masses, me paraît explicable du seul point de vue du blasphème contre l'amour.

Commentaires

  • Complot contre l'amour qui tient beaucoup à l'état de dépravation de nos langues, et de nos caractères. De nos langues : J'en parlais avec un ami musulman qui apprend ces dernières années l'arabe après être passé à la moulinette républicaine, et quand je lui évoquais le fait que la langue arabe était celle qui possédait le vocabulaire mystique le plus étendu, il me le confirma en me citant l'exemple du mot "amour", qui selon ce que l'on veut décrire possède plusieurs mots, pour autant d'acception. Comme en grecque par ailleurs, ou l'Eros n'est pas l'Agape, et où l'on est entraîné à le très bien savoir. La conscience moderne croule sous les mots valises et la novlangue la plus équivoque.

    Cette incurie affaibli aussi le caractère (ou bien est-ce l'affaiblissement du caractère qui favorise l'incurie), et il fallut bien ça pour que notamment le caractère masculin s'affaisse à un tel degré de sentimentalisme, que renforce lui même toute la crasse télévisuelle et musicale dont l'on engraisse les bambins dès le berceaux.

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