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artémis

  • Guerre et prédation

    Où il est facile de distinguer le marxisme du communisme, c'est que le second est un élitisme ; tandis que le propos de Marx est un avertissement contre l'élitisme. Tous les systèmes de pensée critiqués et renversés par Marx sont des modes de pensée élitistes : - la philosophie nationale-socialiste hégélienne, formule nouvelle du culte républicain; - le droit naturel (c'est-à-dire la subversion satanique du judaïsme et du christianisme, d'où dérivent les "nations chrétiennes ou juive") ; - la démocratie libérale, astuce juridique de l'élite bourgeoise pour se dérober à la responsabilité politique.

    L'attaque de Marx, comme celle de Francis Bacon Verulam à la fin du XVIe siècle, avant l'expansion brutale du capitalisme et de la technocratie occidentaux, porte sur le point qui tient le plus à coeur aux élites : l'art et la science.

    Bacon-Shakespeare prend l'exemple des clercs du moyen-âge qu'il brocarde dans ses aphorismes comme ses pièces de théâtre : l'élite est incapable de science ou d'art, elle est seulement capable de spéculer. Comprenez : l'art et la science de l'élite se situent au niveau religieux ou technique. Ils ne dépassent pas la satisfaction des besoins pratiques ; l'esthétique nationale-socialiste hégélienne, gros volume mystificateur, confond en réalité art et artisanat. Quelle est la devinette de l'art abstrait identitaire ou néo-nazi ? Il n'est autre qu'une apologie du travail. A la beauté ou la vertu platonicienne, l'art abstrait des élites nationales-socialistes a substitué une valeur dégradée de la beauté platonicienne, à savoir le travail vertueux (c'est d'ailleurs ce qui explique l'attrait des femmes pour l'art abstrait ou religieux, aussi féminin que Michel-Ange était viril).

    Et la science polytechnique des élites accomplit la tragédie contre laquelle Rabelais écrivit, de la "science sans conscience". On peut constater que les élites blanchissent systématiquement les polytechniciens génocidaires. Elles blanchissent la polytechnique exactement comme les barbares blanchissaient leur dieu.

    - Le même Francis Bacon invite à considérer le mouvement des sociétés comme un mouvement de prédation. "L'affaire DSK" est bien loin d'avoir un retentissement mondial par hasard, puisqu'elle a fait éclater le vernis humaniste de la bourgeoisie libérale. Bien que véniel, il fallait que le péché de DSK soit unanimement condamné par ses pairs, car comment empêcher la prédation des masses populaires, si elles se rendent compte que l'élite, en général, n'a pas d'autre plan, personnel ou général ?

    Le socialisme et la démocratie libérale ne sont d'ailleurs que des pastiches du système oedipien d'ancien régime. Du droit naturel égyptien découle une idée de la monarchie divine, la plus terre-à-terre : celle-là même que l'apocalypse chrétienne affronte ; la souveraineté populaire ne fait que dériver de cet ordre monarchique, plus physique. Pour filer la métaphore shakespearienne, on peut qualifier la démocratie libérale de "descente d'organes". Shakespeare a d'ailleurs montré l'innocence ou la débilité des monarques de droit divin, incarnations de la puissance physique (Richard II) ; une innocence qui se double dans l'ère chrétienne des pires vices ou de la démence, puisque l'apocalypse proscrit absolument un tel culte; il faut un clergé d'un exceptionnel satanisme pour le justifier, c'est-à-dire pour accorder le droit naturel au christianisme, qui de la première à la dernière ligne des évangiles le stigmatise comme un instrument de fornication païenne.

    - La prédation irrémédiable sur le plan social, à cause de la bêtise -au sens propre-, des élites: on en est toujours là.

  • Ouverture de la chasse

    C'est sans doute le caractère dionysiaque des médiats qui les pousse à mener sans pudeur la traque au Jean-Pierre Treiber. Si je ne m'abuse, les journalistes de "France Télévision" viennent d'empêcher la capture de l'ami public n°1 des médiats en le débusquant avant les gendarmes, comme s'ils souhaitaient voir le feuilleton se prolonger le plus longtemps possible ?!

    Est-il besoin de rappeler le rapport entre Dionysos et Artémis la chasseresse qui, offensée dans sa pudeur par Actéon l'ayant vue nue, traque à mort celui-ci ? Le rapport est double :

    - Artémis et Dionysos sont tous les deux sous l'influence de la lune et, pourrait-on dire, parmi les plus "féminins" des dieux, dans le sens de "passionnés" ou "hystériques". Nitche a bien raison de relier le nazisme à Dionysos. Là où il se trompe lourdement, et trompe ses admirateurs avec, commettant ainsi la même erreur que Freud, c'est que Dionysos est un dieu on ne peut plus faible ; il n'est qu'un jouet entre les mains d'Apollyon-destructeur (mieux vaut faire confiance à la science de Shakespeare en ce qui concerne la mythologie qu'aux délires boches de Nitche ou Freud qui projettent la religion de la bourgeoisie franco-allemande sur Homère, tandis que Shakespeare s'appuie dessus.)

    - L'autre rapport entre Artémis et Dionysos, si tant est qu'ils ne fassent pas double emploi, est plus intéressant encore : Dionysos et Artémis semblent en effet portés à la fois vers l'orgie et la pudibonderie, le veau d'or et la loi. Et c'est précisément de cette façon que Marx décrit le capitalisme, comme l'alliage du puritanisme et de la pornographie ; c'est aussi de cette façon que les Etats-Unis illustrent ces deux modalités de fuite apparemment opposées, l'une dans le mariage, l'autre dans la frénésie sexuelle. Shakespeare montre d'ailleurs qu'Ophélie est aussi capable de petite vertu que de grande vertu (épouser un prince charmant). La morale nouvelle de la capote jointe à la mode du sado-masochisme, solution de l'ennui dans un ennui plus grand encore, invitent même à parler de sexe citoyen. Le prêtre qui justifiait le mariage chrétien par quelque entourloupe juridique, compte tenu des changements économiques qui ont modifié sensiblement la répartition du patrimoine, a été remplacé par le journaliste qui prêche le "safe sex". Il est plus efficace de tenir la cité avec du sexe qu'à coups de trique.

    Pour la chasse au Frédéric Mitterrand, contrairement à celle du Jean-Pierre Treiber, elle vient d'être officiellement fermée. C'est un vieux cerf à la viande plus que faisandée que les médiats préfèrent entendre brâmer dans le poste : "Au viol, on assassine la cuculture et mes bouquins de cucul-gnangnan !"