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fin

  • Fin du Monde

    Ce qui garantit la fin du monde occidental n'est pas tant ses errements économiques ou écologiques, comme on dit aujourd'hui, que l'étouffement de la science par les sciences sociales ; c'est en effet ce que cache l'expression de "science sociale" - l'idolâtrie de la science. Comme l'idolâtrie est le contraire de l'amour, l'idolâtrie est le contraire de la science.

    Cette haine occidentale de la science, sous couvert d'apologie, est un phénomène auquel il est difficile de ne pas accorder une cause surnaturelle. L'explication que donne Nitche à la décadence dans son chapitre "Humain, trop humain", si elle fournit quelques clefs et pistes, ne débouche pas moins sur une impasse (*comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog dans plusieurs notes, comment attribuer le cancer de l'anthropologie au christianisme, alors même que les écritures saintes s'opposent à un quelconque calcul anthropologique).

    Les écologistes admettent en général qu'il est aussi difficile de remédier à la gabegie économique de l'Occident qu'il est facile d'en faire le constat. Tous ne voient pas à quel point les élites politiques sont contraintes par la fatalité, comme un paquebot lancé à vive allure vers un iceberg aperçu trop tard. Il est aussi difficile pour un homme politique d'être écologiste que d'être honnête, au stade populiste de la civilisation occidentale.

    Eh bien, ce qu'il est impossible de faire dans le domaine, somme toute primaire de l'économie, on peut encore moins concevoir que cela puisse être accompli dans le domaine de la science ; en effet, si la gabegie économique représente une menace, à terme, pour les élites politiques, la science, quant à elle, n'est d'aucun profit social ou politique. Shakespeare et Marx ont montré à quel point l'histoire et l'art politique sont deux domaines étrangers l'un à l'autre. On ne peut retirer aucune leçon de l'histoire sur le plan politique, mais seulement sur le plan individuel. Jamais aucune leçon n'a été retirée de l'histoire sur le plan politique, bien que la culture totalitaire s'efforce de démontrer l'inverse.

    Il est légitime de se demander, à la suite de Bacon-Shakespeare, si l'attentat contre la science n'est pas la finalité poursuivie par la civilisation occidentale. Le progrès de la science, explique Bacon, se heurte à la condition humaine, et par conséquent à la politique, dans la mesure où celle-ci n'a pas d'autre but que de procurer à l'humanité un certain équilibre, compte tenu des lois de la biologie. Or la politique moderne s'appuie sur les sciences sociales, ce qui fait d'elle une politique, non pas seulement étrangère au domaine scientifique, mais hostile. La prétention de la politique occidentale totalitaire est d'apporter un remède à la condition humaine. Cette prétention ou cette promesse est comme un poison versé dans l'oreille du peuple.

    On objectera que la fin de la civilisation occidentale insane n'est pas la fin du monde à proprement parler. On objectera que la civilisation peut repartir de zéro, voire qu'il y a eu au cours du temps des civilisations-champignons, comme il y a des villes-champignons.

    Ce serait manquer d'observer ce qui fait la caractéristique de l'Occident moderne, à savoir non seulement la domination du reste du monde par la force et par la ruse démagogique, mais en outre l'Occident moderne se présente comme une civilisation ultime et définitive, une solution heureuse au monde.

    Les civilisations et les nations ne sont pas seulement menacées par la folie et l'aliénation, les catastrophes écologiques provoquées par la gabegie d'élites orgueilleuses, elles le sont aussi par la science.

     

     

     

     

  • Fin de l'histoire

    Ce que l'on désigne habituellement sous le terme un peu emphatique de "post-modernité", qui évoque la théorie des suites (n+1), peut se comprendre entièrement à travers le concept de "fin de l'histoire". Auparavant le sens de l'histoire "faisait débat", pourrait-on dire, puisque Nitche, Hegel et Marx ont des conceptions distinctes de l'histoire.

    Et la France, n'a-t-elle pas part au débat qui agite la pensée allemande ? Elle n'y a pas part sous la forme scolastique, assez peu conforme à l'esprit français. Cependant on peut dire qu'il y a derrière la Comédie humaine de Balzac une forme de conception de l'histoire, avec laquelle K. Marx dit éprouver une certaine affinité. Ni l'un ni l'autre n'ont une confiance très grande dans la justice des hommes.

    D'une manière générale, les Français ont tendance à penser comme Nietzsche que le "sens de l'histoire" est un pur fantasme. Les Français ne diront pas comme Nietzsche "un pur fantasme chrétien", car la mentalité française négationniste (du sens de l'histoire) est due à l'influence de l'Eglise catholique. Martin Luther a justement accusé l'Eglise romaine, sous couvert de la "tradition", de faire prévaloir les questions sociales sur les questions spirituelles. Il n'a pas remarqué au point où Shakespeare l'indique, combien cette préoccupation sociale a pour effet d'occulter la dimension prophétique du christianisme.

    L'histoire, Nitche souhaite donc y mettre un terme, ou plus exactement la question du sens de l'histoire, puisqu'il n'y a là selon lui que pure spéculation chrétienne et fantasmes de prophètes juifs et chrétiens mal inspirés. Seule la morale, fondée dans la nature, a une véritable signification du point de vue de ce philosophe allemand. Sa doctrine a le mérite de souligner l'antagonisme du raisonnement moral et de la logique historique.

    Plutôt qu'à une finalité, la démonstration de Hegel mène à une aporie ou une sorte d'impasse. L'histoire devait mener à un progrès dont nous sommes les contemporains. L'avènement de l'idée ou du concept en art est ainsi un raffinement spirituel ultime. Nul ne conçoit de progrès au-delà. La philosophie post-moderne ressemble à un codicille au bas du testament laissé par Hegel, sa grande théorie du progrès et de l'avancement de la civilisation conçue par Hegel. Cela laisse le champ libre aux concepteurs de nouveaux gadgets afin de nous prouver que le progrès, nous baignons désormais dedans. De cette façon, on comprend que Hegel ne "nourrisse plus beaucoup le débat" sur le sens de l'histoire. On est désormais moderne, point final.

    Quant à Marx, sa théorie du progrès achoppe beaucoup trop sur le problème de l'Etat moderne, dans lequel elle ne voit nullement le résultat d'un progrès démocratique, pour que les fonctionnaires du sens de l'histoire et de la modernité ne disqualifient pas sa critique.