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tycho brahé

  • Dans la Matrice

    Tout le monde connaît cette façon moderne de classer les études scolaires en "études scientifiques" d'une part et "études littéraires" d'autre part. Eh bien cette distinction est strictement moderne, c'est-à-dire qu'elle n'a aucun sens, ni scientifique, ni littéraire, ni même historique. Ce clivage traduit seulement un préjugé moderne. La réforme des études scolaires et universitaires n'aura jamais lieu, car elle requiert la reconnaissance préalable de la fonction religieuse remplie par le système scolaire et universitaire moderne, et que cette fonction dépasse largement le but scientifique officiel.

    L'assimilation de la technique à la science est d'abord le fait de l'université et des universitaires. La technocratie ne peut pas se remettre en cause elle-même. Les ouvrages de Hannah Arendt sont sans doute significatifs du maximum d'esprit critique dont un représentant de la technocratie peut faire preuve. George Orwell dépasse ce niveau maximum en une phrase, lorsqu'il indique que les intellectuels sont les personnes qui ont le plus de goût pour le totalitarisme. De fait, le cinéma, qui est l'art le plus totalitaire, est entièrement justifié comme un art selon un raisonnement intellectuel. La dimension rhétorique du totalitarisme convient aussi parfaitement aux intellectuels et explique que nombre de poètes modernes se soient compromis avec les pires régimes. 

    Bien que tardive, la philosophie des Lumières elle-même ne correspond pas à ce clivage. Cela n'a pas de sens de dire les ouvrages de Voltaire plutôt "littéraires" ou plutôt "scientifiques".

    Le rapprochement par Francis Bacon Verulam de la science juridique et de la géométrie algébrique est beaucoup plus perspicace et utile du triple point de vue de l'histoire, de la science et de la politique. Soit dit en passant, il ne peut y avoir d'histoire de la science véritable, domaine où l'université moderne et la technocratie pèchent de la manière la plus flagrante, sans examen approfondi du propos de Francis Bacon. Grâce à Bacon, on sait ainsi que l'astronomie qui repose sur des modèles algébriques est nécessairement une astronomie subjective. L'univers est en proie à des métamorphoses successives à partir de son origine première, nous dit l'université. A moins que ce ne soit l'astronomie moderne qui soit une rhétorique en constante évolution ; non l'objet des études scientifiques, mais l'instrument de prédilection utilisé pour ces études.

    A propos de la pièce "Hamlet", écrite par Bacon et signée "Shakespeare" : les lecteurs les moins observateurs observent son arrière-plan astronomique pour plusieurs raisons. Non seulement Hamlet parle aux étoiles, mais le spectre son père est lui-même une sorte d'ange ou "d'Epiphane", c'est-à-dire une divinité se manifestant aux hommes. C'est un phénomène astral, puisqu'il se confond avec un étoile brillante. En outre le château d'Elseneur (Elsinborg) au Danemark fut la résidence d'un des astronomes les plus célèbres de l'Occident, Tycho Brahé, tenant de la théorie géocentrique, et auteur de calculs de positions d'étoiles non moins précis que ceux de Copernic, promoteur plus ou moins volontaire de la thèse héliocentrique. Polonius est de surcroît le pseudonyme transparent de ce dernier.

    S'il n'est pas le premier à témoigner dans ce sens, nul n'est mieux conscient que Francis Bacon de l'enjeu de la science pour l'homme. En ce sens, Bacon pourrait passer pour moderne, puisque l'antienne du progrès et de la science est une antienne que l'on entend tous les jours ou presque. Mais Bacon n'est pas moderne dans la mesure où sa science offre peu de points de correspondance avec la science actuelle, et peut-être plus encore parce que Bacon indique que l'homme est assez largement réfractaire à la science, et beaucoup plus porté à l'invention technique, domaine où il n'y a pas de progrès véritable. Bacon montre en quelque sorte que l'idée de progrès, si elle n'est pas liée à la métaphysique ou aux choses surnaturelles, n'a aucun sens.

    Bacon est conscient de l'enjeu majeur de la science, et des implications particulières de l'astronomie copernicienne dans le domaine moral ou politique (cf. "Novum Organum"). Il y a tout lieu de croire que Shakespeare exprime à travers "Hamlet" une hostilité radicale à la science copernicienne, et la vision commune du monde et de l'univers qui en découle -ou en découlera, pour être plus exact, car Copernic n'a pas manifesté une grande maîtrise de sa science et son déroulement ultérieur. On peut dire que la science de Copernic est un préalable au développement ultérieur de l'anthropologie, c'est-à-dire d'un courant scientifique qui a tendance à rapporter les différentes sciences à l'homme. Le seul profit qu'il y a à mettre en équation l'univers ou à en proposer des modèles mathématiques est, comme la cartographie de la terre, un profit pour l'homme, qui d'ailleurs de ce fait peut se sentir maître de l'univers et se bercer de cette illusion. On voit bien tout ce qui peut heurter un esprit scientifique dans cette tournure d'esprit moderne. Ce n'est pas parce que la métaphysique n'est pour l'humanité d'aucun profit, que l'on ne peut en déduire aucune loi morale ou politique, que la métaphysique n'est pas scientifique.

    "Hamlet" est donc une sorte de "Da Vinci Code", à ce détail près que le "Da Vinci Code" entretient un certain nombre de légendes qui courent à propos des rapports de l'Eglise catholique romaine et de la science moderne. L'influence de l'Eglise romaine sur la science moderne est, notamment en France, largement sous-évaluée.

    Un universitaire contemporain se demande pourquoi Francis Bacon a tant fait l'éloge de la mythologie et des mythes anciens (en tant que réceptacles durables de la science), mais n'a pas lui-même écrit de fables ou de mythes. On ne peut manquer d'observer que Shakespeare est le seul tragédien de l'ère moderne, et que ses tragédies n'ont pas le caractère "dionysiaque" que Nitche prête abusivement à la tragédie antique. Les tragédies de Shakespeare sont "historiques" - et par conséquent métaphysiques puisque l'histoire n'est pas une science anthropologique mais issues des prophéties juives de l'antiquité.

     

     

  • Fin de partie

    La question de l'Infini est fréquemment posée sous l'angle du temps ou de l'espace, sous le rapport de la vitesse... Voire du Néant, qui vient sur le tapis vert en fin de partie, immanquablement, et a le don de méduser tous les Rosencrantz et les Guildenstern.

    Pas assez de mon point de vue sous l'angle de l'Infinie Bêtise humaine. Celle de l'astrophysicien André Brahic, par exemple, entre cent abrutis qui publient chez Odile Jacob.

    Ce taré de Brahic embrasse toutes les superstitions de l'ingéniérie avec une ferveur laïque significative : le 'big-bang' comme les Martiens, la pluralité des mondes, le collisionneur de particules suisse, le chat de Schrödinger, etc. : plus c'est con plus ça sera bel et bon pour ce genre de fanatique.

    Brahic s'en prend à un philosophe, Paul Virilio, un truc comme ça, effrayé, lui, par la perspective d'être avalé par un 'trou noir' creusé par ce satané LHC. C'est complètement absurde, à peu près comme de craindre d'être dévoré dans son sommeil par son ordinateur portable. Mais le mérite de ce qui est absurde, c'est de révéler l'hiatus entre la physique et la superstition laïque. De ce point de vue Virilio est plus utile que Brahic.

    En fait de 'trou noir', il y a une 'faille' dans le tissu ésotérique d'équations baptisé 'modèle-standard' de ces béotiens. Une faille telle qu'on peut en trouver déjà chez Pythagore ou, plus récemment, chez les pères-fondateurs de la géométrie algébrique. Pour se faire mousser auprès du grand public et traduire CE QU'ILS NE PIGENT MEME PAS EUX-MEMES, les mecs maintenant disent 'trou noir'.

    Un risque plus sérieux que le collisionneur de particules fait courir, vient du magnétisme qu'il engendre, énergie qui peut être fatale. Mais les Suisses qui sont au-dessus ne semblent pas s'en inquiéter. Il est vrai que les banquiers et horlogers suisses ont déjà tous plus ou moins vocation à finir au fin fond de l'enfer de Dante.

    Ah, surtout ne confondez pas Brahic avec Brahé.