A la radio qui diffuse la rumeur du monde, j'entends la voix d'un type se plaindre de la décadence ; il regrette que les écrivains n'écrivent plus comme Proust.
La décadence est confirmée par ceux qui s'en plaignent sans savoir ce qu'elle est.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
A la radio qui diffuse la rumeur du monde, j'entends la voix d'un type se plaindre de la décadence ; il regrette que les écrivains n'écrivent plus comme Proust.
La décadence est confirmée par ceux qui s'en plaignent sans savoir ce qu'elle est.
Dans un pays comme la France où règle le culte de la littérature, qui comme tous les cultes est excessif, les chefs d'Etat sont amenés à "communiquer" leur passion dans ce domaine. On sait par exemple l'estime de de Gaulle pour l'auteur du "Génie du christianisme", le pédéraste chrétien François-René de Chateaubriand. J'insiste sur la pédérastie de l'auteur, au sens plein du terme, car elle explique pourquoi Chateaubriand trouve du génie à la religion qui en est le plus dépourvue au monde, car elle est la moins providentielle - moins encore que le judaïsme. Pour un artiste un peu plus sérieux ou un savant, le génie est en effet une maladie infantile.
Georges Pompidou avait des goûts de prof. Mitterrand disait en pincer pour Jacques Chardonne, dont l'esprit n'est guère éloigné de Chateaubriand. Jacques Chirac devait trouver trop efféminé d'étaler ses goûts.
N. Sarkozy a dit son admiration pour Céline, ce qui est plutôt habile quand on vient d'une banlieue chic, puisque Céline est le dernier grand auteur populaire, ce que l'on reconnaît notamment au fait qu'il est censuré par l'Education nationale. Pour ne pas complètement se couper de Neuilly et du financement du parti, N. Sarkozy a aussi dit admirer Proust. Difficile, là encore, de savoir s'il était sincère, mais il y a bien une commune "recherche du temps perdu" entre Proust et les politiciens modernes, c'est-à-dire une sorte d'activité paradoxale qui consiste à ne pas agir, une sorte d'autofiction pure, les politiciens étant désormais absorbés par l'élaboration de la meilleure image possible d'eux-mêmes.
N. Sarkozy a émis cet avis qu'il n'est pas nécessaire d'être homosexuel pour aimer la littérature de Proust. Du reste Proust est le type d'homosexuel décrié aujourd'hui, qui refuse de faire son "coming out" pour ne pas choquer sa mère. Cependant, s'il n'est pas besoin d'être homosexuel pour aimer Proust, il faut comme beaucoup de femmes, être fasciné par la mort, et, je dirais, une qualité de plaisir spécifique associée à la mort. En même temps qu'elle en est le produit le plus raffiné, non loin du cinéma, la littérature de Proust traduit la nullité absolue de la culture occidentale et pourquoi Nietzsche la croit condamnée à rejoindre ce néant auquel elle aspire secrètement, comme une jouissance suprême.
Ce qui manque chez Nietzsche, c'est une explication plausible de comment le prince des poètes, Satan-Zarathoustra, a pu être vaincu par une myriade de petits poètes pédérastiques occidentaux. Qu'est-ce que Satan peut bien avoir en tête quand il donne l'avantage à des guerriers-femelles, incapables d'héroïsme et qui font la guerre en appuyant sur des boutons et des gâchettes, au lieu de permettre aux valeureux guerriers arabes de triompher ? Pourquoi le triomphe de la quantité sur la qualité ? De la hyène occidentale sur le lion d'Orient ? Qu'est-ce que c'est que ce sens merdique de l'histoire ? Pour cela il faut lire les prophètes Paul de Tarse et Shakespeare, qui en savent plus sur Satan que ses lieutenants-généraux eux-mêmes. Chaque manière de faire la guerre indique un état d'esprit particulier de Satan à l'égard de ses créatures, une façon d'en disposer stratégiquement la mieux adaptée aux circonstances de la lutte.
"Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un changement de décor. (...)" dixit Frédéric Beigbeder.
La littérature de Beigbeder n'est elle-même qu'une resucée de Proust. Il n'y a que les médecins allemands pour s'intéresser vraiment à Proust et à Beigbeder. Ce dernier est d'ailleurs un peu moins nul que Proust, car un peu plus critique.
L'homme du peuple, qui n'a rien à cirer de la littérature et de la culture, à l'instar des chrétiens, pourra se demander de même : "Qu'ont apporté les savants de la fin du XXe siècle ?"
En ce qui me concerne, je ne recommanderais pas Shakespeare si Shakespeare ne relevait pas de la science, comme la plupart des mythes.
F. Beigbeder ajoute : "Je ne pense pas que les centres commerciaux soient la plus grande réussite esthétique du siècle précédent, mais je les considère comme un progrès par rapport aux camps de concentration." Ici Beigbeder retombe au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise démocrate-chrétienne, c'est-à-dire de la littérature la plus insane de tous les temps, car il va de soi que les camps de concentration et les centres commerciaux traduisent le même phénomène bestial. On mange en 2014 comme on tue en 2014 : les méthodes d'assassinat nazie sont pasteurisées et hygiéniques. Si les chambres à gaz ont bel et bien été mises en service, c'est ce qu'elles signifient : non pas une cruauté excessive, mais un professionnalisme exemplaire. Les Allemands ont plaidé pour leur défense qu'ils ne s'étaient pas bien rendu compte qu'ils accomplissaient le pire, l'ayant accompli en fonctionnaires plus ou moins zélés. Les centres commerciaux n'ont rien de rabelaisien non plus, mais ils sentent la doctrine sociale démocrate-chrétienne à plein nez. Ils résultent de la germanisation accélérée de la France par ses élites après la dernière guerre, que Bernanos a qualifié de mensonge plus grand que le mensonge de la collaboration lui-même. De fait le parti gaulliste est un des artisans du négationnisme. Conjointement avec le parti communiste, il a fait en sorte qu'on ne puisse tirer aucune leçon de l'histoire.
Les hommes du XXe siècle appartiendraient-ils au néant ? Tous leurs efforts ne tendraient-il pas secrètement vers la nullité ?
L'existence est aussi emmerdante qu'un problème de mathématiques ou une partie d'échecs, quand on la prend dans le sens normal de la vie. Qu'est-ce la démocratie serait ennuyeuse, si elle était possible. Mais les hommes les plus courageux et les plus entreprenants, seuls capables d'agir et non de passer leur temps à calculer et recalculer leur espérance de vie, ceux-là aiment encore mieux jouer et tricher plutôt que d'appliquer les règles.
La démocratie appliquée me fait penser au pays des Lotophages où Ulysse s'enlise quelque temps avec ses compagnons, avant de s'extirper de cette torpeur trop humaine.
C'est une riche idée de la part de Dürer d'avoir placé dans sa "Mélancolie" les instruments de la technocratie aux pieds de Lucifer. Il avait prévu la littérature de Proust ou Houellebecq, tous ces bouquins qu'on donne à lire dans les sanatoriums pour ne pas brusquer les malades, qui risqueraient l'apoplexie si on leur donnait à lire du Shakespeare ou du Molière.
S'il y a "peu d'élus" selon les saintes écritures chrétiennes, c'est parce que très peu d'hommes échappent au plan social et aux illusions qu'il procure. Il y a certes beaucoup d'amour chez un homme comme Molière, bien plus que chez Rousseau par exemple, parce que Molière incite son prochain à regarder la société comme le néant spirituel. Tandis que, si J.-J. Rousseau n'est pas le béat socialiste que nous peignent les manuels scolaires modernes, il n'a pas conscience que le mouvement social est nécessairement déclinant. Rousseau est sentimental, comme tous les Allemands. Moi qui suis né au milieu des attrape-couillons libéraux, il y avait de grandes chances que je contracte ce sentimentalisme, qui est pire que de perdre un bras ou une jambe. Je sais donc tout l'amour que j'ai reçu de Molière, et qui a mille fois plus de prix que les vagues ondes chaleureuses de ma propre mère dans ma direction.
Il faut dire ici le vice particulier des mères juives ou catholiques, qui explique sans doute l'imbécillité d'une majorité de rabbins et de curés catholiques, leur acharnement à prêcher le faux. Je parle surtout pour les curés catholiques, que je connais mieux. Mais pour que le judaïsme soit exprimé en France comme cette moraline pernicieuse sur la shoah, on peut supposer des rabbins la même stupidité.
Le grand public, c'est-à-dire le public laïc, entretenu dans l'ignorance laïque de tout ce qui n'est pas le calcul mental le plus débile, pompeusement qualifié de "cartésien", le grand public croit que les curés catholiques expriment des points de vue catholiques, alors qu'il n'en est rien. 99 % des curés catholiques ne font qu'exprimer dans leurs sermons les leitmotivs que leurs mères leur serinaient dans l'enfance, un peu comme si c'était Marthe qui avait enseigné Jésus et non l'inverse. Cette volonté farouche, caractéristique des femmes, de n'accorder dans leur vie aucune place à la vérité, on la retrouve dans le clergé catholique.
C'est ainsi à peu près la seule catégorie d'hommes qui appréciera dans ce pays la littérature apéro-digestive de Proust, qui résume bien à quoi ces fainéants boches sont occupés : la recherche du temps perdu, c'est-à-dire une des seules activités où l'homme se place au-dessous de l'espèce animale : le luxe de la pensée. Voilà à quoi ces chiens sont occupés : à nous présenter le luxe de la pensée comme l'humanisme. Aussi salauds sont-ils que Molière est saint.
La Kulture n'est rien d'autre que le masque bourgeois de l'ignorance. Proust, madame Bovary, le bourgeois gentilhomme ou Adolf Hitler sont "cultivés". On ne saurait insinuer poison plus mortel dans l'oreille d'un gosse d'immigré que cette idée saugrenue de "culture française". La Kulture n'est utile que dans les dîners mondains, sur les plateaux de télé ou pour meubler un appartement avec goût ; la culture, c'est la binette du parvenu.
Même le plus romain et discipliné des humanistes français -mettons Montaigne- ne manquerait pas assez d'esprit critique pour cautionner ce costard cartésien cousu de fil blanc, pour ne pas piger que la culture est nécessairement "à géométrie variable" comme les sophismes de l'atomiste Einstein, c'est-à-dire entièrement soumise au principe de la mode. Ainsi le moderne devient "antimoderne" lorsque le train de la modernité est passé, et retournera ainsi de suite sa veste en temps utile.
N'est véritablement "cultivé" aujourd'hui qu'untel qui connaît les derniers avatars du cinéma hollywoodien et les dix plus gros tubes du Top 50. Ce que le bourgeois ne supporte pas dans la contre-culture, c'est qu'elle lui succède. Laissons les académiciens atteints de gâtisme, confits dans leur mémoire de collectionneurs, pleurer devant le vide-grenier de la culture française.
*
Un conseil simple qu'on peut donner à un gosse d'immigré, puisque c'est la seule voie de l'intelligence qui lui permettra de s'affranchir du football et des corvées que les libéraux cyniques et fainéants lui infligent : se cantonner aux oeuvres de la Renaissance française et européenne (disponibles gratuitement sur Google). Gain de temps assuré lorsqu'on a autre chose à foutre que convertir le temps en argent ou lire des romans de Flaubert après Flaubert, ce qui revient pour une demoiselle à continuer de porter des robes à cerceaux.
Louis-Ferdinand Céline lui-même, mis au ban par la bourgeoisie pour n'avoir pas assez passé de temps à lui lécher la sainte fente, aurait donné tout son ouvrage de moine cistercien défroqué contre deux vers de Shakespeare. Voilà l'esprit critique français, on ne peut plus empreint d'abnégation.
Proust l'a dit, pourquoi le bourgeois bouffe de tout et n'importe quoi, et montre plus de vigilance sur le point de la gastronomie ou la façon de se faire enculer que dans les questions spirituelles : il croit ainsi obtenir naïvement un délai. Ce faisant il ne fait que vivre à crédit, et cette vie-là est comme une mort. La seule puissance que le diable accorde à ses sujets, c'est d'anticiper leur mort.
Le plus gonflé de la part de l'ancien directeur de L'Express Jacques Duquesne, qui constate que l'Eglise catholique a effacé le diable de ses tablettes, c'est de s'en féliciter sur le plan de la responsabilité (et donc de la morale).
Je reviens sur ce mensonge éhonté : le capitalisme, en tant que facteur d'hyperpolitisation, et je ne crois pas qu'on puisse aller plus loin dans le totalitarisme, le capitalisme possède l'effet "désinhibant" d'une drogue (le drogué est un puritain qui interprète l'effet de la drogue comme un effet "libérateur").
On peut poser de fait que "moins l'individu est libre, plus il est aliéné à un système politique comme c'est le cas aujourd'hui, moins il est responsable". A cet égard, l'invention de l'"inconscient" par Freud est une invention typiquement capitaliste et qu'il est difficile de concevoir en dehors d'un tel régime. L"'inconscient" est d'ailleurs étroitement en rapport avec l'idéologie génétique, qui a le même effet déresponsabilisant.
*
On peut même voir que l'inconscient freudien occupe dans la religion laïque ou existentialiste la même place que le purgatoire dans la religion chrétienne (médiévale). Non seulement parce que le médecin ou le psychiatre occupe le rôle dévolu autrefois au confesseur (un rôle politique clef), mais parce que l'inconscient a le même caractère de science-fiction que le purgatoire. Dans le cas du purgatoire il s'agit d'un temps linéaire, dans le cas de l'inconscient d'un temps cyclique, c'est-à-dire que l'"après" existentialiste, le "post-mortem" bourgeois est à peu près équivalent à l'"ante-mortem" (on le comprend bien à travers la litanie pédérastique de Proust, dont le gain de temps procède d'une rétrogradation). Contre les mathématiques bourgeoises imbéciles, il faut redire que la ligne est un perfectionnement du cercle et non l'inverse. Le signe le plus primitif, c'est le cercle.
La ligne du purgatoire, opposée à la spirale de l'inconscient a une raison : elle est architecturale. Le purgatoire n'est pas seulement un "temps", c'est un "espace-temps" plus raffiné. Ce critère permet de comprendre que la conception médiévale est moins animiste que le concept de la religion bourgeoise existentialiste. La "circulation libre" des âmes ou des fantômes est le propre du tribalisme. Le séjour délimité des morts a un effet de libération sur les vivants ; clairement, il libère en partie d'un poids généalogique.
D'ailleurs, à propos du moyen âge et de sa conception géométrique du séjour des morts, il faut dire que Dante Alighieri, traversant le Purgatoire, l'Enfer et le Paradis, a détruit ces architectures ou ces sciences-fiction en les banalisant. Etant donné l'importance du purgatoire au regard du pouvoir temporel de l'Eglise, et l'hostilité de Dante à ce pouvoir, synonyme de compromis avec les marchands, que Dante dénonce bien avant Luther ou Marx comme une pente vers l'Enfer, on mesure l'impact de la théologie de l'Alighieri, peut-être plus fort que l'impact de Thomas d'Aquin, plus "politiquement correct".
Pour résumer et dire en un minimum de mots à quoi tient l'aliénation capitaliste, désormais à l'échelle mondiale, on peut dire que le capitalisme a réintroduit l'idée de destin au coeur de l'humanisme et de l'humanité (destin qui pour un chrétien se note 666).
Si l'on veut en savoir plus sur le diable, mieux vaut lire Baudelaire plutôt que les dix derniers papes. Le tabou brisé par Baudelaire est le suivant : parler du diable dans un régime bourgeois, alors qu'en principe on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu.
If glorious Body of Renaissance classical art and science is under Baroque principles carefully buried, materialistic painting translated into religious music, without forgetting the praise of phallic architecture by the horde of german grave-diggers such as Hegel, Proust, Panofsky... the reason is that Renaissance is far too much politically uncorrect for the bourgeoisie. 'Sexual revolution' is the paederastic choir-boy's revolution.
When it is speaking with its prudishness about 'collective unconsciousness', Shakespeare says more acurately 'Lucifer'. K. Marx himself is defining capitalism as a fiendish virtual principle (Puritan clerks are hating Marx who does underline the link between marriage and prostitution, pornography, although Freud has been masking this link. A puritan guy made a book to try to demonstrate that Marx was possessed by the devil whose name was... Richard Wurmbrand, a program in itself!).
The agreement between Lucifer and Puritan virtue on which French people are educated thanks to Moliere (Don Juan & Sganarelle) is illustrated by the USA now. Louis XVIth wanted to change the rules too as B. Obama does, but he could not.
Si le corps glorieux de l'art de la Renaissance est soigneusement enfoui sous un chaos de principes baroques, l'éloge de l'architecture phallique, par la horde des fossoyeurs allemands (Hegel, Proust, Panofsky, etc.), c'est que la Renaissance est beaucoup trop politiquement incorrecte pour le petit-bourgeois.
Ce que la bourgeoisie appelle pudiquement "inconscient collectif", Shakespeare l'appelle par son nom : Lucifer. "Politique d'abord !", pour finir par le massacre légal des innocents, l'holocauste à Bel.
E. Nolleau est le critique de plateau télé parfait, qui a pigé que si on peut encore se permettre d'y vilipender tel ou tel bouquin, cet art bénéfique qu'est le cinoche, il vaut mieux éviter d'en dire du mal. Comme on dit au PS du mal de la guerre, mais on vote pour, histoire de faire la part de l'utopie et du financement des partis politiques.
Dans la même veine moyenne, Nolleau est assez clairvoyant pour discerner la tournure pédophile* des bouquins de Yann Moix, en oubliant de dire que le préau de la littérature française est encombré depuis belle lurette de ludions qui jouent à touche-pipi : Proust, Sartre, Robbe-Grillet et Houellebecq en queue de peloton, qui se languissent du con de leur mère comme c'est pas permis (tendance qui a même donné un spécimen au rayon théologie : Jean Guitton).
Idem pour le cinoche ; il suffit de se poster à la sortie d'une salle et d'observer la bordée de foetus qui en sort après le générique (sic) de fin, les yeux papillonnant devant le monde réel, comme déstabilisés. A tel point qu'on peut dire d'un cinéphile qu'il est "inné".
Dans cette nouvelle Carthage effrayante qu'est New York, terrorisante pour une âme d'artiste français avec ses grands phallus futuristes et sa musique, où Céline se réfugie-t-il ? Au cinoche. Baudelaire a assez d'esprit pour maudire la photographie, irruption du décret dans l'art, mais il se fait cependant tirer le portrait pour que sa mère ne l'oublie pas.
*Compte tenu du risque de poursuite judiciaire, E. Nolleau ne parle pas de "pédophilie", c'est moi qui utilise ce terme dans un sens très large, incluant le sentiment d'homosexualité et même la monogamie entêtée qui dissimule le même besoin de protection maternelle (la sexualité, naturelle et marquée par la perversion pour Freud, est artificielle et marquée par l'inceste pour un chrétien, quel que soit son goût particulier.)
STYLE : le mot seul par lui-même dessine tout un programme, une vraie anguille. Le S est tordu et siffle, le T indique l'écartèlement symétrique, le Y pose le doute et le hasard dynastiques, le L est anguleux, et le E est le trident froid. Il ne manque que la spirale du G ou le X divisionnaire. Et beaucoup d'autres signes encore. Je n'ouvre pas un livre signé Kierkegaard ou Kandinsky, par exemple, sans méfiance, comme un type qui soulève une pierre s'attend à voir jaillir un scorpion. Un philologue n'a pas plus de recul sur la langue qu'un pédéraste sur sa mère, c'est pourquoi il arrive souvent que le philologue finisse raide-pendu comme un point d'indignation, ou étouffé comme une interrogation.
La graphie grecque dissimule moins que la latine la griffe du langage.
"Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?" : je me demande si la grammaire janséniste a jamais produit un plus beau tube, qui trahit autant qu'il traduit que la langue est un animal politique.
On dira que "Céline a du style" pour dire qu'il écrit n'importe quoi, de la musique. On dira que "Proust a du style" pour dire qu'il n'y a rien de meilleur que les lacets de la musique.
Le style est bien une anguille de mer et quiconque possède un glaive s'empresse de découper en rondelle ce ténia.
Une sorte de dogme rédigé en lettre de plomb surplombe la littérature bourgeoise, comme quoi le style serait l'homme lui-même ou son empreinte. Madame de Staël ou Sainte-Beuve sont les principaux prêcheurs de cette paroisse. En persuadant par-derrière Sainte-Beuve qu'une femelle qui se branle en se remémorant les pâtisseries de son enfance mérite elle aussi d'être appelée 'un homme', et par conséquent de posséder son propre style, Proust ne bouleverse pas fondamentalement la critique ; il ne fait qu'effectuer la remise à niveau.
Et, pour finir, pastiche du pastiche : 'Le style, c'est le cameraman.'
Alors qu'en réalité, "Le style, c'est le gnome." Et ça ne vaut pas que pour Sarkozy, même si ça explique en partie la fascination que ce petit Janus en costard exerce sur les amateurs de divertissements proustiens, ravis ou agacés de voir s'agiter sous leurs yeux leur propre caricature.
Au seuil de l'Apocalypse, croyez-moi, mieux vaut tenir une solide épée aiguisée qu'un quelconque style. Et commencer par trancher la gorge avec cette dague, la gorge du petit poète que chacun, porté par l'air du temps, désormais porte en soi, en prenant exemple sur Hamlet d'Elseneur.
Sans la bibliothèque de mon hôte, je ne sais pas si j’aurais pu tenir aussi longtemps éloigné de Paris. Il faut dire que je soupçonne la moindre boulangère de province de lire Pascal, Cioran ou une niaiserie de ce genre pour se justifier de vendre un pain aussi dégueulasse à ses clients.
Et dans le moindre plaisancier qui escalade prudemment un promontoire rocheux pour mieux humer les embruns, je vois un petit-fils de Chateaubriand que je me réfrène de pousser au gouffre.
Je parviens à convaincre mon hôte de se débarrasser des ouvrages de Jean Guitton, ce Proust catholique, qui traînent dans ses rayons, avant que ses enfants ne soient en âge de s’en saisir et de se laisser séduire par les attermoiements de ce suppôt.
Me souviens que j’ai été moi-même ‘guittonien’, autour de dix-huit ans et pendant une semaine, avant de voir que le lac n’était qu’un miroir, le 'style' une jonglerie que le chimpanzé Guitton sait parfaitement contrefaire. La seule originalité de poètes comme Proust ou Guitton, c'est que ce sont des pasticheurs sérieux.
Avant de livrer cette poésie aux flammes de la cheminée, je feuillette encore quelques pages, pour mieux éteindre toute nostalgie. Je ne suis pas surpris d’apprendre l’amitié de Guitton avec Althusser, étant donné les efforts déployé par ce dernier, hystérique femelle, pour convertir le communisme en jansénisme, c'est-à-dire les militants révolutionnaires en fonctionnaires de l'Education nationale.
Lu dans une gazette soi-disant littéraire ce remède du grand dadais Beigbeder pour soigner le capitalisme : obliger les étudiants de l'ESSEC à lire Proust. C'est partir du postulat qu'un étudiant de l'ESSEC SAIT lire, postulat démenti par les faits ; un étudiant de l'ESSEC n'est pas de ce point de vue plus avantagé qu'un polytechnicien ou un étudiant à Sciences-po.
A l'appui cette citation extraite de "Le Temps retrouvé" : "La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent réellement vécue, c'est la littérature."
Mais c'est précisément le capitalisme, l'économie virtuelle qui est enfermé dans cette formule de Proust ! Une idéologie femelle de l'expert-comptable pour qui rien n'est chair, tout n'est qu'écriture.
Entre la vraie vie de Jérôme Kerviel et celle de Proust, celle de Beigbeder, quelle différence ? Ici on voit que Sartre est quand même un peu moins con que Proust, Sartre qui à la fin de "Les Mots" finit par reconnaître tardivement que la poésie est parfaitement réversible (BHL rend hommage à Sartre en retournant sa veste à intervalles réguliers.)
Tant le mauvais goût de l'abbé Mugnier est sûr (Proust, Chateaubriand, Barrès, Nitche...), je ne peux m'empêcher de le voir comme le précurseur de tout le clergé catholique actuel.
Ce genre de boussole inversée qui indique l'Enfer n'est pas absolument inutile contrairement à un type comme Sollers qui ne se trompe pas parfois (je n'ai pas d'exemple en tête).
THE TASTE OF FRENCH CRITICIST FATHER A. MUGNIER (1879-1939) IS SO DEPRAVED (HE LIKES PROUST, CHATEAUBRIAND, BARRES, NITCHE...) THAT I CANNOT SEE HIM OTHERWISE AS THE PRECURSOR OF ALL THE CATHOLIC PRIESTS OF TODAY!
THIS KIND OF INVERTED COMPASS THAT INDICATES INFERNO IS NOT ENTIRELY USELESS CONTRARY TO THE FRENCH CRITICIST P. SOLLERS (1936-) WHO IS NOT WRONG SOMETIMES (EVEN IF I DO NOT HAVE ANY EXAMPLE IN MIND).
Du gouvernement moderne
"Le ministérialisme constitutionnel ne sortira jamais de ce dilemme cruel pour les résultats que certains esprits en attendent :
ou la nation sera soumise pendant longtemps au despotisme d'un homme de talent et retrouvera la Royauté sous une autre forme, sans les avantages de l'hérédité ; ce seront des fortunes inouïes qu'elle payera périodiquement.
Ou la nation changera souvent de ministres ; et, alors, sa prospérité sera physiquement impossible, parce que rien n'est plus funeste en administration que la mutation des systèmes. Or, chaque ministre a le sien ; et il est dans la nature que le plus médiocre ait la prétention d'en créer un, bon ou mauvais. Puis, un ministre éphémère ne saurait se livrer, tout à la fois, et aux intrigues nécessaires à son maintien, et aux affaires de l'Etat. Il arrive au pouvoir, en voyageur, se tire de peine par un emprunt, grossit la dette, et s'en va, souvent au moment où il sait quelque chose de la science gouvernementale.
Ainsi ou Napoléon moins l'épée, Napoléon sous forme d'avocat (...)."
H. de Balzac
*
Balzac n'a peut-être pas de style, mais il a de la pré-science. Le style, c'est le bourgeois. Cela donne cette définition du romancier dans le lexique communiste : "Celui qui n'a pas de science, ni même de pré-science ; exemples : Chateaubriand, Eugène Sue, Anatole France, Proust, etc., etc."
En revanche Céline est un peu trop lucide pour être un vrai romancier, bien qu'il fabrique du style à tout rompre. Ne font pas partie du club non plus Drieu La Rochelle, Evelyn Waugh, Aldous Huxley, toujours en avance de deux, trois, cinq ou dix ans sur leur époque.
Dès qu'on sort un peu du Balzac des programmes scolaires on voit bien que c'est une sorte de Pic de la Mirandole, un humaniste de la Renaissance dans un siècle où l'archaïsme est roi. D'où le portrait un peu ridicule que la critique bourgeoise peint de Balzac. Cette soif de connaissance de Balzac, son appétit, ont quelque chose d'indécent pour les bourgeois pour qui l'Ignorance est mère de toutes les Vertus.
Tout le monde a au moins une bonne raison de détester Céline - moi par exemple, c’est son jansénisme et son hygiénisme qui me débecquetent. Et en même temps, tout le monde a aussi une bonne raison d’aimer Céline. Puis il n’y a pas loin du jansénisme de Céline à son esprit rabelaisien, ou de son hygiénisme à son esprit “bohême”. En fait, il est de deux siècles à la fois, un homme du XVIIIe et un homme du XIXe superposés. C’est le secret des plus grands romanciers : le dédoublement. Chez Voltaire, chez Rousseau, chez Balzac, il y a ça. Proust, lui, au contraire, est monolithique, un produit manufacturé de son époque dont il ne révèle rien mais qu’il se contente d’exprimer. Le vrai nihilisme est là. Une poésie pour les temps à venir, Proust ? Je n’en crois rien : une poignée de cendres.
A l'espoir plus ou moins inquiet du paysan dans la moisson prochaine, puis dans la verdeur du printemps, la nostalgie plus étroite encore du néo-païen écologiste fait pendant. A gauche un paganisme futuriste, à droite un paganisme archaïsant.
"Se vautrer dans le passé c'est peut-être de bonne littérature. En tant que sagesse, il n'y a rien à en espérer. Le Temps retrouvé, c'est le Paradis perdu, et le Temps perdu, c'est le Paradis retrouvé. Que les morts inhument leurs morts. Si l'on veut vivre à chaque instant tel qu'il se présente, il faut mourir à chacun des autres instants."
Aldous Huxley, Le Génie et la Déesse
D'où vient ce préjugé que la sagesse et la littérature ne peuvent faire bon ménage ? De Platon ?
Je ne peux pas m’empêcher de considérer le régime démocratique actuel comme un régime “féminin”. Non pas parce qu’il est plus égalitaire et favorable aux femmes ; de ce point de vue, je ne crois pas que les femmes sont plus dupes du féminisme que les afro-américains ne se font d’illusions sur la véritable nature de l’antiracisme. Mais, plus profondément, parce que la démocratie est un moralisme et un sécularisme. La démocratie est un régime anachronique, archaïsant.
Les idées qui sous-tendent la démocratie, comme la “fin de l’histoire” ou l’existentialisme, l’évolutionnisme, sont des idées typiquement antiscientifiques. On a l’habitude de définir Nitche, approximativement, comme un philosophe néo-païen assez hétéroclite. C’est d’abord une femme sentimentale. Si on se penchait sur l’éducation que les penseurs existentialistes ont reçue, de Pascal à Proust en passant par Kierkegaard, Freud, Nitche - peut-être faut-il ajouter à la liste saint Augustin et Benoît XVI -, je ne serais pas plus étonné que ça si on découvrait le rôle prépondérant et abusif joué par leurs mères.