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L'Economie pour les Nuls

"Il suffit de remarquer que les crises sont chaque fois préparées justement par une période de hausse générale des salaires, où la classe ouvrière obtient effectivement une plus grande part de la fraction du produit annuel destiné à la consommation." Karl Marx

Les médias capitalistes tentent tant bien que mal de dissimuler deux faits à l'opinion publique :

- Le premier, c'est que la crise actuelle correspond bien au schéma économique auquel Karl Marx consacra vingt années d'études. Il s'agit bien en effet d'une crise due à l'excès de crédit et de Capital, et non au manque de Capital ; la surproduction de biens de consommation n'est que le corollaire de l'excès de Capital.

Autrement dit les gaspillages dantesques dont nous sommes les témoins, derrière lesquels se dissimulent des vies de labeur harassantes, à quelques milliers de kilomètres de nous, ne sont pas dûs à l'incompétence des banquiers, mais à l'impossibilité de faire fructifier normalement l'excès de Capital accumulé par les grands banques nationales. Nulle philantropie bien entendu dans les prêts consentis à des foyers insolvables aux Etats-Unis, mais une conséquence de ce "débord" de crédit.

- La "morale" de Jérôme Kerviel ou de Daniel Bouton, des escrocs de toutes sortes, n'est pas en cause non plus ; c'est surtout au plan mental que ce genre d'énergumènes est déficitaire. Le problème général est un problème de responsabilité, du banquier à la caissière de supermarché en passant par l'officier français volontaire pour une mission en Afghanistan, le tortionnaire d'un camp de  prisonniers en Pologne ou ailleurs. Le totalitarisme est au contraire "hypermoral" et le léviathan une grosse baleine qui dévore ses enfants.

C'est l'excès de conventions dans tous les domaines qui mène à l'irresponsabilité. Ainsi, dans le domaine du langage, le soucis excessif des conventions, orthographiques ou grammaticales, reflète cet esprit femelle et les effets du "discours de la méthode" sur la virilité, le "fétichisme" du langage, très net chez des auteurs comme A. France ou son pasticheur M. Proust. Contre ce fétichisme en grande partie, Louis-Ferdinand Céline a bâti la seule oeuvre littéraire vraiment vivante du XXe siècle. La préoccupation du style chez Céline n'est que "résiduelle" et ce qui le mobilise est bien l'expression d'une vérité occultée au premier chef.

Auparavant Alphonse Allais, auteur populaire lui aussi, dans le canard que lisait le paternel de Céline, faisait ressortir par ses pastiches cette sclérose de la langue française. Allais est mi-figue mi-raisin. La marque du totalitarisme en littérature consiste dans la "parodie involontaire" qui est le niveau de la littérature actuellement. 

De la même phalange, Léon Bloy est, lui, un auteur presque entièrement dépourvu de style, mais qui a survécu comme Marx exclusivement par la force de son message eschatologique.

Commentaires

  • "Léon Bloy est, lui, un auteur presque entièrement dépourvu de style"
    L'assertion est étonnante, il me semblait au contraire que le style de Léon Bloy était clinquant, tonitruant, aisément reconnaissable et très facile à pasticher (mots rares, inversion des adjectifs, exagérations, latinismes, allégories, scatologie, adverbes d'appréciation, oxymores, singularités typographiques, lexique de la douleur et de l'avilissement, ironie, rythme puissant, etc.), même si le Maître est inégalable sur des phrases aussi introuvables que : "Il eut le tact gothique d'exhaler un grand dédain pour la France..."
    Alors qu'appelez vous le STYLE ? Estimez-vous, vous, en avoir ?

  • Je ne crois pas du tout que Bloy soit facile à pasticher. Ou alors ses (tentatives de) romans ; c'est vrai que j'oublie de préciser que pour moi, Bloy, c'est son Journal et rien d'autre. Je veux dire que sans le Journal, il serait passé "à la trappe", on n'en entendrait plus parler que chez les thésards.

    Même les tentatives de pasticher Céline se sont soldées par des échecs. Il est vrai qu'elles étaient motivées par la haine et le désir de nuire à Céline, mais même sans cette haine, je ne crois pas qu'on puisse donner l'idée de Céline en mettant la sincérité de côté.
    En peinture c'est l'impressionnisme, le "style", avant même le cinéma.

  • Tiens, vous ne dites plus que le style, c'est l'aptitude à écrire des poèmes qui riment ? ça va mieux on dirait !

  • Le pastiche a un sens beaucoup plus général que vous croyez, Nadine. Pour Marx, par exemple, les Romains pastichent les Grecs, c'est-à-dire qu'ils imitent leurs formes sans comprendre vraiment ce qui les a inspirées.

    Ainsi en vient-on au bout du compte à confondre la mort avec la vie, l'Esprit du temps avec l'Esprit éternel, comme l'embaumeur Proust contre lequel je vous mettais en garde.

    Mais vous semblez si attachée à la terre que de vous en extraire c'est comme d'essayer d'arracher une souche à main nue, hein ?

  • Vrai. Il faudra bien une hache plutôt, et ça fera mal.

    Il faut absolument que vous preniez connaissance de la conférence de carême tenue dimanche dernier à ND de Paris par Giorgio Agamben. Je ne sais d'où sort ce philosophe italien, mais il a parlé d'une façon qui vous intéresserait fort je crois, du temps messianique/temps apocalyptique, d'eschatologie en général, de tas de choses dont je rendrais mal compte mais d'une manière extrêmement féroce, l'air de ne pas y toucher. Il a dit entre autres en passant que "la philosophie de l'histoire, même chez Marx, est essentiellement chrétienne", ce qui ne me semble pas ce qu'il y a de plus consensuel, ni étranger à vos idées, pour ce que j'en pige, pardonnez-moi. Et l'ensemble du propos sous une forme académique très solide, était vraiment révolutionnaire (pas le genre Benoît XVI, et le clergé en prenait plein la tête, à ce qu'il m'a semblé). Moi je n'ai bien sûr pas tout compris, donc ça devrait vous plaire.

    Je sais que vous ne pouvez pas écouter de son sur votre ordi mais débrouillez-vous, pour aller chez quelqu'un ou je ne sais quoi, ça doit se trouver sur le site de radio ND et c'est en vidéo sur le site de KTO. Sinon toutes les conférences seront publiées ensemble aux Rameaux mais ça se trouvera entre Alain Decaux et je ne sais quel autre clampin, et en plus ce ne sera plus gratuit.

    Je suis sûre que vous n'avez toujours pas lu le Lys dans la vallée, mais ça, s'il vous plaît faites-le, ça ne dure qu'une demi-heure, c'est moins long qu'un épisode de House !

  • Essentiellement chrétienne en ce qui concerne Hegel, essentiellement catholique en ce qui concerne Marx.

    De façon concise puisque je sais que seule la philosophie (Proust - la terre) vous intéresse et que la science (Marx - le ciel) vous dégoûte, je répète que ce qui fait la différence entre l'eschatologie de Hegel et celle de Marx, c'est l'Histoire : celle de Hegel est complètement fantasmée. A la fin, les banquiers et les fonctionnaires vont au Ciel ; leur richesse ne confirme-t-elle pas cette élection ?

    Je note le nom de votre Agamben pour vous faire plaisir, mais sachez, Nadine, que des théologiens ont déjà relevé cette évidence depuis longtemps, que Adolf Hitler lui-même relève dans ses notes la coïncidence entre Marx et saint Paul. Sans parler de Léon Bloy au XIXe siècle, puis de Simone Weil...
    Voilà comme sont les gonzesses : ça fait deux ans que je vous répète ça : en long, en large, en travers, sans parvenir à vous ébranler le moins du monde, juste à vous retenir en vous fouettant les fesses. Et il suffit qu'un curé italien débarque, et pour une fois ce n'est pas un de ces augustiniens ineptes, et ça y est, ce qui ne faisait qu'entrer par une oreille et sortir par l'autre, tout d'un coup se fixe enfin, ça devient o-ffi-ciel. C'est dément. Vous savez que vous résumez à vous toute seule le drame de l'Eglise actuelle ?
    Pour qu'une parole prenne du poids, il faut qu'elle soit prononcée par quelqu'un qui a l'apparence d'un cul béni labellisé, portant soutane si possible, et comme dans le clergé c'est à qui sera le plus con, on connaît la suite...

    Ah, j'oubliais, il y a quand même une autre source fondamentale de théologie dans l'Eglise, et même la plus importante puisque les jeunes curés fringants se font de plus en plus rares, ce sont les feuilletons yankis, à commencer par "La Petite Maison dans la Prairie". Quand on entend dans un milieu démocrate-chrétien parler du "Sermon sur la Montagne", on peut craindre qu'il soit en grande partie dénaturé, mal compris. S'agissant de "La Petite Maison dans la Prairie", les épisodes sont connus par coeur.

    J'en termine avec l'eschatologie, maintenant. Ce que la remarque d'Agamben (si je peux faire plaisir) implique, c'est que l'Eglise catholique ne possède pas en propre d'eschatologie, fait assez surprenant puisque l'eschatologie PROVIENT du Nouveau Testament.
    Pas d'eschatologie, c'est-à-dire pas de théologie qui dépasse la redigestion de Thomas d'Aquin voire saint Augustin (le moins eschatologique des deux).
    De fait Joseph Ratzinger est placé face à ce choix :
    - s'approprier l'eschatologie de Hegel, ce qui lui a été suggéré par un de ses anciens "camarades de promo", Hans Küng (Ce qui fait obstacle là, selon moi, c'est que le pape n'est pas assez ignorant pour ne pas reconnaître dans la philosophie de Hegel grosso modo les principes nazis.)
    - ou bien s'approprier Marx, très éloigné de l'idéologie germanique puisqu'on pourrait presque le qualifier d'"occitan", comme Shakespeare ou Ezra Pound - ce que dissimule l'itinéraire intellectuel déroutant de Marx et Engels.
    L'archevêque de Munich, Reinhard Marx (nom commun), a d'ailleurs franchi le Rubicon récemment. Et là, les réticences du pape sont plus mystérieuses. Si on peut acoquiner les principes chrétiens aux principes mis en avant dans les feuilletons yankis, pourquoi ne pourrait-on pas rejoindre Marx, le penseur le plus profond de l'ère moderne après Shakespeare, comme le moyen âge rejoignit Aristote ? Cela d'autant plus que l'Amérique du Sud, qui représente la survie de l'Eglise, quand nous représentons sa mort, ne demanderait pas mieux. Pourquoi ?

    Je suis obligé de conclure par cet élément décisif qui fait défaut dans l'eschatologie de Marx (mais pas dans celle de Francis Bacon, alias Shakespeare), c'est que la théorie de Kopernik de la terre qui tourne à toute vitesse dans l'Univers est une idiotie (et toutes les thèses subséquentes, bien entendu, celle de cet abruti de Newton, mais pas seulement). C'est un élément décisif dans la mesure où il contraint et il a contraint l'Eglise à une lecture, disons "symboliste" de la Bible, inversant ainsi le cours ascendant de la théologie.

    Par conséquent les papes qui ont admis voire favorisé la théorie de ce sale pollack "arriviste" de Kopernik (c'est Luther qui le dit et il a raison sur ce point), le cardinal Barbarin en tête (!) (Urbain VIII), ont commis un immense forfait (en dehors du cadre religieux qui recouvre tout au XVIIe siècle encore, il faut savoir que ni Kopernik ni Galilée ni Giordano Bruno ne sont concevables, et que c'est pure propagande laïque de faire croire le contraire ; la controverse a lieu entre partis d'Eglise).
    La destruction de la théologie est bel et bien une "oeuvre d'Eglise" et on ne peut pas ne pas en tenir compte au plan eschatologique. Même Descartes est moins coupable, sauf de négligence puisqu'il n'a pas pris la peine, aussi invraisemblable que ça puisse paraître, de vérifier la validité de l'astronomie de Kopernik.

    Comme il m'est difficile de développer Kopernik, Galilée ou Newton ici, un peu plus difficiles à démolir qu'Einstein, et vu votre dégoût de la science surtout, je me contente de vous indiquer ce lien :
    http://pagesperso-orange.fr/sedlouviers/histoire/dossiers/copernic.htm

    Il me semble que vous pouvez peut-être quand même apprécier le comique caché derrière l'introduction à ce "pamphlet" de Charles Heullant que, il faut le préciser, je n'ai découvert qu'après avoir achevé mes propres études, de même que les propos de Simone Weil sur Max Planck, Simone Weil qui relève à juste titre que la physique quantique est pure connerie (germanique).

    Et je m'excuse si je n'ai ni sabre ni goupillon pour vous exhorter à sortir au moins la tête de votre mère la terre et que j'ai tendance à raisonner seulement avec mon pinceau.

  • Ce n'est pas un curé (un curé parlait après lui et franchement ça ne volait pas haut). Je ne sais même pas s'il est catholique. C'est justement dommage que les curés ne parlent pas comme ça.
    Ca n'était pas sur Marx en particulier.
    J'aime les bals, pas les défilés.
    Il y a bien des choses dont m'avez convaincue, et sans y passer deux ans.
    Je vous offrais cette micro-conférence comme un petit cadeau, ça parle vraiment de ce qui vous intéresse, vous, je crois. Vous n'êtes pas obligé de dire merci, mais bon.

    Les plantes les plus enracinées ont la tête dans le ciel, croyez-moi, j'en suis une belle. Simplement je ne vole pas. Si le bon Dieu voulait que je vole, il m'aurait planté des ailes. Ce n'est pas la même chose qu'une âme.

    Je vous prierai de ne pas avoir la grossièreté de me parler de physique, quantique ou newtonienne ; si vous sortez les gros mots, je peux me lancer sur la méthode globale, l'anesthésie péridurale et l'épisiotomie et nous aurons tous deux envie de vomir d'ennui, je crois.

    Je lirai votre lien quand vous aurez écouté mon Vénitien. Na !

  • Et qui vous dit que je n'ai jamais pratiqué l'épisiotomie, d'un bon coup sec et sans anesthésie ? Je suis plus polyvalent que vous ne le croyez.

  • Ah parce que le jour où j'ai été privée d'ailes vous avez écopé d'une poutre ? Je pensais que les lapins faisaient plutôt dans la paille. Les voies du Créateur sont vraiment impénétrables !

    Quoi qu'il en soit c'est pas beau de se vanter. Polyvalent, polyvalent et sadique, on va vous appeler le couteau suisse mon cher.

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