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Charité réelle

L'aveuglement de la dernière encyclique pontificale ("Caritatis in veritate") laisse pantois, plus encore que la paraphrase de la théologie de saint Augustin à laquelle les fidèles lecteurs de Joseph Ratzinger sont habitués. Pour les "non-initiés" à la glose pontificale, précisons qu'il s'agit pour le pape d'émettre dans cette encyclique quelques avis et conseils dans le domaine de l'économie et de la morale économique.

- Première remarque : le discours moralisateur du pape est comparable à la tentative de Luther de ramener les commerçants allemands à des moeurs plus chrétiennes, tentative infructueuse et qui n'a pas empêché l'Allemagne de devenir le pays d'exploitants, de commerçants, d'industriels esclavagistes et animés d'intentions guerrières qu'on sait. Pire que ça : malgré toute la sympathie que l'essai de Luther peut inspirer à un marxiste, force est d'admettre que la religion réformée est devenue LA religion bourgeoise par excellence, avec la désuétude des régimes aristocratiques et du catholicisme. La religion réformée est devenue celle de l'Empire romain germanique embourgeoisé que Marx a prise pour cible principale de sa critique, étant né dans ce merdier, pour parler "vrai".

Or l'élite politique et économique est désormais moins que jamais, moins qu'elle l'était du temps de Luther, réceptive aux discours et conseils chrétiens. Elle ne peut même pas l'être, puisqu'elle déduit la prétendue modernité de ses principes laïcs de la ringardise de ceux des religions en général, de la chrétienne en particulier.

De toutes les hérésies que l'Eglise a connue, on n'en trouvera pas qui excède le discours de ce monstre qu'il est convenu d'appeler "patronnat chrétien", puisque les discours du patronnat chrétien sont totalement étrangers à l'Evangile qu'on peut douter que les représentants du patronnat chrétien aient jamais lu (je cite l'un d'eux afin d'illustrer la grossièreté des mensonges du patronnat chrétien - Jérôme Bédier : "Dans l'Evangile, il y a beaucoup de personnages riches qui ne sont pas forcément critiqués (...)")

- Deuxième remarque : Flaubert n'est et ne passe pour un grand théologien ; néanmoins et contrairement aux imbéciles représentants du capitalisme chrétien, Flaubert a lu le Nouveau Testament et relevé avec une sagacité mêlée de dégoût le caractère "antisocial" des paroles du Sauveur et de ses apôtres. Tout ce qui relève de la "doctrine sociale" est donc à verser à l'épais dossier du "paganisme chrétien", compromis souvent présenté par le clergé comme la christianisation d'institutions chrétiennes, mais dont les études historiques sérieuses, celles de Marx notamment, permettent de constater la stérilité, "a contrario" la subversion systématique du christianisme par la politique.

Ce figuier greffé qu'est le "judéo-christianisme" ne porte pas plus de fruits que le figuier desséché de la religion juive.

Le "socialisme" n'est d'ailleurs que la nouvelle manière de dire "la politique", c'est-à-dire d'ajouter à la politique la dose d'hypocrisie nécessaire pour essayer de compenser sa pente naturelle vers l'anarchie. Que Benoît XVI compte après Adolf Hitler ou Joseph Staline redorer le blason du socialisme, alors qu'il n'a aucun des pouvoirs régaliens dont ces derniers disposaient pour appliquer leurs doctrines statiques, et que l'auditoire du pape se limite à quelques chaisières, deux ou trois confréries d'hypocrites patrons chrétiens, et un clergé essentiellement constitué de poules mouillées, c'est ça qui laisse pantois !

 

 

 

Commentaires

  • Que serait cette charité réelle ? La dictature du prolétariat peut être ? Le lancement d'une croisade apocalyptique contre l'esprit du monde ?

  • Ce Lapin est de +en+ déroutant.
    Et je comprends que les commentaires soient peu fréquents.

    J'ai fait l'effort de consulter des textes précédents et chaque fois que je vois une clarté et crois deviner le "le bout du tunnel!" je découvre qu'il s'agit d'un train arrivant en face!

    Au secours; pouvez-vous vous résumer ?
    J'aime votre style tout de même.

  • Il arrive que les commentaires de Lapinou eclaircissent les choses, patience.

  • C'est pourtant simple, Sévérac, l'infinie connerie des démocrates-chrétiens m'effraie : pour ne prendre que le cas de votre Blaise Pascal, il a plus de deux mille ans de retard sur le plan scientifique ! Il se préoccupe de carrer le quart de cercle au XVIIe siècle alors que les savants de l'Antiquité ont déjà émis des conclusions lucides sur la signification des problèmes de quadrature ! Votre bonhomme est en quelque sorte l'ancêtre des architectes contemporains qui ignorent la géométrie.
    Il fait partie de ceux qui ont contribué à ressusciter la philosophie naturelle inepte d'Epicure, et, circonstance aggravante par rapport à Descartes ou Fermat, à lui donner une teinture chrétienne. Si un type comme Jean Guitton au siècle précédent s'est prosterné devant les théories scientifiques les plus ésotériques, sans même chercher à les comprendre, c'est en grande partie à cause de Pascal, qui embrasse le temps sur la bouche, alors même qu'il est l'oeuvre de Satan. Savez-vous ce qu'est un triple six pour les Grecs ? C'est le plus beau coup de dé qu'on puisse faire. Qui joue aux dés en dehors de Pascal, et tire des conclusions si saugrenues des coups du sort qu'elles font d'Eschyle un théologien catholique plus sérieux ? Les soldats romains qui se partagent ainsi la défroque du Sauveur.

    On doit à saint Marx la démonstration que le plus grand et le plus sérieux des penseurs latins, Lucrèce, est un penseur athée ; et, vous pouvez le vérifier par vous-même, à côté du poème de Lucrèce, l'athéisme de Sartre ou d'Heidegger, ou même celui de Diderot ou d'Holbach, sont parfaitement grotesques.
    Marx souligne ainsi la superficialité des principes romains, après François Bacon. Or l'Eglise n'a de cesse depuis la fin du XVIIe siècle que d'abriter l'indigence de sa pensée derrière des principes romains, qu'ils soient scientifiques, philosophiques ou juridiques, étrangers au christianisme.

    La chienlit de penseurs "judéo-chrétiens" tels que Hegel, Maurras, Nitche, pour citer le plus brillant et deux des plus abrutis (qui préfèrent la religion à Dieu !), sur le plan intellectuel provient de la subversion du christianisme par le paganisme latin. Ce que Benoît XVI appelle "raison" est en fait le chaos ; ses valeurs ne possèdent pas d'unité. L'évêque de Rome aujourd'hui, malgré tous les trésors de science sur lesquels il repose, n'est même pas capable de piger, comme la petite Eglise unitarienne réformée, que la science laïque actuelle est essentiellement binaire et fondamentalement antitrinitaire. Vidé de son potentiel trinitaire, le catholicisme n'est plus qu'une coquille vide.

  • La charité réelle consiste pour un savant comme Marx à dire la vérité ("qui rend libre" - selon saint Jean -, même si le journal "Le Monde" n'a pas hésité naguère à attribuer cette parole à Adolf Hitler).

    Sur de nombreux points qui ne demandent pas des études très approfondies, le pape actuel comme ses prédécesseurs sont complètement en décalage avec la vérité, c'est-à-dire qu'ils nagent dans le mensonge et n'hésitent pas à en éclabousser leurs ouailles.
    Deux exemples :
    - comment se fait-il que ne soit pas rétablie cette vérité théologique que la femme aux étoiles de l'Apocalypse N'EST PAS et ne peut pas être Marie, mère du Sauveur ? Et ce d'autant plus qu'une doctrine totalement étrangère au christianisme, à savoir le nationalisme européen, ruse de cet argument pour rallier les quelques dévots qui restent à sa cause ? ça peut vous paraître purement théorique ou symbolique, mais vu que la théorie et les symboles sont précisément la résidence surveillée où les papes sont assignés désormais, l'utilité serait plus grande qu'une encyclique socialiste, dont le patronat démocrate-chrétien cynique se tamponne bien par avance, et qui n'empêchera pas le Tiers-monde de voir le judéo-christianisme actuel comme la religion du Pacte atlantique ou des nantis.

    Il ne faut pas sous-estimer le rôle déterminant d'un Etat de culture démocrate-chrétienne comme la Bavière, puissance financière importante, dans le nationalisme européen.
    Il va de soi que la caution chrétienne fournie par des aumôniers militaires dans une armée au service des intérêts de l'industrie capitaliste engage encore plus la responsabilité du clergé que celle de pauvres crétins comme on peut en voir dans les reportages à la télé qui partent dézinguer des inconnus afghans qu'on leur a assignés pour cibles, et ce pour quelques euros en plus sur leurs comptes-épargne logement.

    - un autre mensonge du pape, auquel je suis particulièrement sensible et qui n'est pas si bénin que ça, c'est l'inculpation de François Bacon dans l'encyclique du pape consacrée à l'espérance, alors même que Bacon est le plus grand savant chrétien moderne, dont le matérialisme fait ressortir le satanisme de la spiritualité "piétiste", et qui, deuxième point qu'un béotien peut vérifier, n'a rien à voir avec les principes de la science capitaliste/laïque contrairement à l'accusation de Benoît XVI. Le pape accuse ici Bacon d'un crime (étant donné la marée de sang que les industriels et leurs ingénieurs ont fait couler, le mot de crime paraît faible), d'un crime de complicité dont le pape est lui-même coupable, qui n'hésite pas à flirter avec des idéologues absurdes comme Karl Popper, Adorno ou Horkheimer, Heidegger, artisans dévoués de la zizanie capitaliste.

  • A vous entendre, ce pape est un artisan de l'increvable mauvaise nouvelle capitalistique, une sorte d'antéchrist en somme qui prostitue la vérité à la fausse science laïque. Vous êtes en cela d'accord avec mon Rabin ( voir lien ). R-A-Tzinger ! Rabbit ! D'une pierre deux coup.

  • Il ne serait pas scientifique de ma part de faire porter au dernier pape le chapeau de l'incurie romaine. Je dis plutôt : "Last but not least".
    D'ailleurs c'est un progrès selon moi de Shakespeare par rapport à Dante Alighieri, contrairement à ce dernier qui précipite dans son "Enfer" les papes simoniaques, de voir dans la grande prostituée de l'Evangile de Jean (la reine Gertrude), ayant trahi l'Esprit (le spectre Hamlet) pour le pouvoir temporel (Claudius), l'Eglise entière composée d'hommes libres. La conception de Dante est à la fois moins proche de l'Evangile, plus romaine et médiévale que celle de Shakespeare.
    L'Eglise est vue par Shakespeare comme l'épouse de Dieu, tandis que Dante en a une vision plus aristocratique ou politique (la profondeur de la critique théologique de Shakespeare est aussi un élément qui tend à prouver que Shakespeare et François Bacon sont un seul homme.)

    Peut-être savez-vous le rapprochement que François Bacon fait entre le Paraclet et Athéna casquée, issue de la tête de Zeus ? Et que la tête de la Méduse tranchée par Persée a été fixée sur le bouclier de cette déesse ?

  • En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte
    révolutionnaire. Le Paraclet, si vous parlez du Saint Esprit et non de Jésus, est pour Saint Jean l'Esprit de vérité. Ainsi le Paraclet est proprement révolutionnaire.

    Pour ce qui est du rapprochement que Francis Bacon fait entre le Paraclet et Athéna casquée, j'avoue mon ignorance. J'ai grand peine à imaginer le Paraclet en armes. Peut être s'agit-il de la conception coranique du Paraclet, soit Mahomet messager de la Vérité, intercesseur clôturant le cycle de la révélation ?

  • Chez les Grecs c'est plutôt Hermès le messager. Outre Héraclès (dont Bacon relève la similitude avec Jésus) défenseur de l'Olympe contre les Géants, Athéna elle-même défend son père en écrasant Pallas d'une pierre.
    Paraclet ne veut-il pas dire "le défenseur" ? Et le Sauveur n'est-il pas venu apporter le glaive ?

    Saint Jean, auteur de l'Apocalypse et son frère Jacques sont surnommés "Fils du Tonnerre".

    - Bien que je n'en connaisse pas toutes les subtilités et variantes, l'islam n'est autre à mes yeux qu'un judéo-christianisme banal. Je n'irais sans doute pas jusqu'à dire que Benoît XVI est un Turc, mais il y a de ça.

    Comme dans tous les judéo-christianismes (la religion laïque étant un judéo-christianisme très particulier comme Marx en fait l'analyse), la question de la foi et de la conservation de cette foi (la purge) est centrale. Je vois donc plutôt Mahomet comme un de ces "hommes providentiels" chers aux judéo-chrétiens (le providentialisme laïc, c'est le providentialisme du système totalitaire, toujours plus désincarné).
    Au demeurant si Dante prend violemment pour cible Mahomet, il incarne lui-même un providentialisme assez typiquement médiéval.

    Au cours de la dommageable parenthèse judéo-chrétienne janséniste en France (1650-2009), le Paraclet a d'ailleurs été comme "escamoté" par la théorie de la grâce, qui contient en germe celle du hasard laïc, qui traduit un déterminisme exacerbé et aboutit à faire refléter par la Nature (théorie du big-bang/trous noirs, antimatière, etc.), le raisonnement humain. La seule façon logique de comprendre l'angoisse écologiste, c'est de la comprendre comme trahissant l'angoisse de l'homme écologiste lui-même. Dans ce phénomène hystérique, la Nature reflète encore l'homme.

    Alors que l'art grec parle beaucoup de liberté, il est significatif que la science laïque place la tragédie grecque sous le signe du... destin implacable, ramenant tout à l'esprit mi-conventionnel mi-absurde de la religion laïque.

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