Depuis quelques années je m'escrime à tenter de convaincre plusieurs blogueurs "chrétiens-libéraux" de renoncer à mêler le christianisme à la défense d'intérêts moraux nécessairement particuliers. En vain. La plupart de ces blogueurs pratiquent d'ailleurs une censure stricte.
Contraire à l'enseignement de saint Paul, la tactique démocrate-chrétienne consiste à se référer à l'Ancien Testament des juifs pour pallier les lacunes du christianisme dans le domaine de la morale, faisant comme si ces lacunes n'étaient pas intentionnelles. L'amour dont parle le Christ n'est pas moral, il n'a aucune utilité sociale. Le christianisme est même une incitation à faire ce qui n'est pas moral, à renverser l'ordre habituel des préoccupations humaines, invaincu par le décalogue. Ce dernier n'est même pas "moral" au sens commun de la morale païenne ou naturelle ; il l'est moins que le droit de vie et de mort de parents sur leurs enfants, ou d'un Etat sur les citoyens qui le composent.
Qu'il soit intentionnel ou le fruit de l'ignorance, le mélange du christianisme avec la philosophie morale païenne est impossible. Il est stupéfiant de constater que celui qui a le mieux dénoncé cette imposture cléricale, Francis Bacon Verulam, fasse l'objet d'attaques de la part du pape, c'est-à-dire du chef d'une Eglise dont les moeurs scandalisent l'opinion publique. La religion de Platon est incompatible avec le christianisme, dit Bacon, sachant mieux que Thomas d'Aquin la part du pythagorisme chez Platon. C'est au contraire la science des païens qui ne heurte pas le christianisme, quand cette science est exacte (il faut rappeler que Bacon est l'adversaire le plus farouche de Galilée, dont l'archaïsme va jusqu'à défendre la théorie du purgatoire plusieurs siècles après Dante, et qui a introduit après Copernic (le "Polonius" de Hamlet), l'anthropologie dans le christianisme et la science.
Les adversaires de l'Eglise romaine qui l'accusent aujourd'hui de n'être qu'une secte satanique d'"illuminatis" doivent savoir que la science de Copernic et Galilée, est une des principales sources de la prétendue "science anthropologique", qui revient à une psychologie du cosmos.
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Mon combat contre le clergé démocrate-chrétien avait commencé avant que n'éclatent à répétition scandales et histoires de moeurs abominables dans le clergé romain. Ils sont un avertissement, un signal de plus que la raison morale est antichrétienne. L'Eglise romaine, même si elle est prise comme caricature, n'est d'ailleurs pas le seul lieu aujourd'hui où le discours moral puritain voisine avec la prostitution et la pornographie.
S'il y a encore au sein de l'Eglise romaine des personnes éveillées, possédant assez de courage et d'énergie pour donner à leur vie un sens véritablement spirituel et non seulement moral (la morale est la loi des imbéciles), ces scandales doivent les piquer au vif. Si l'Eglise romaine, qui s'est vidée de ses savants, théologiens, historiens ou même artistes, dans le domaine moral où elle s'est bizaremment repliée, n'a même pas un comportement conforme aux bonnes moeurs qu'elle prône... à quel jeu joue-t-elle ? où entraîne-t-elle ses militants ? ne répète-t-elle pas le pharisaïsme et ses offrandes inutiles à Dieu ? qui sert-elle vraiment ? Les enfants de Hamelin suivent-ils le diable, sachant qu'il est le diable ? Non, ils le suivent parce qu'il joue une musique entraînante et douce à leurs oreilles.
Commentaires
Je ne comprends pas pourquoi vous mélangez démocrates-chrétiens et libéraux, alors que ces termes sont significativement opposés. J'imagine que vous avez le point de l'intransigeance là-dessus.
- Il n'y a pas de "valeurs" dans le christianisme. Le seul chrétien à ma connaissance qui l'a compris et utilise le mot "démocratie", c'est Karl Marx. Son idée de la démocratie est très peu commune, puisqu'elle est inconciliable avec l'argent, qui ordonne selon lui systématiquement selon la puissance ; et aussi inconciliable avec l'Etat et son organigramme.
- Du reste c'est sans doute le plus temporel et le moins utile aujourd'hui dans Marx que cette référence à la démocratie, qui était surtout un emblème quand l'Europe était gouvernée par des rois et des empereurs, qui osaient se dire "chrétiens", contre tous les avertissements du Christ, dissuasifs de croire que l'amour peut cohabiter avec le pouvoir.
- Pour ce qui est de la "démocratie-chrétienne" au sens le plus courant, instigatrice du projet européen, elle est pire que le nazisme car véhicule au nom du christianisme un projet et des valeurs national-socialistes.
Le democrate créti est liberal, point barre!
- "C'est un devoir chrétien de voter." Voilà exprimée par le cardinal Barbarin, primat des Gaulois, le caractère démoniaque de la démocratie-chrétienne, produit d'ailleurs essentiellement germanique.
On trouve bien quelques renégats démocrates-chrétiens français, mais généralement ils vont se fournir en argument cauteleux à l'étranger.
Le propos du tartuffe Barbarin (dont Luc Ferry est le pendant parfait dans la secte républicaine) contient trois ou quatre mensonges tissés ensemble, au nom du christianisme dans lequel amour et vérité se confondent.