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galilée

  • Satan dans l'Eglise

    "Ne voyons pas le diable partout !", dixit un curé catholique romain à des enfants qui l'interrogent sur le sujet du diable, qui fascine à juste titre les enfants.

    Le catholicisme romain est la religion (ou pour être plus précis le culte, puisque le Messie a interdit aux juifs de faire des commandements un objet ou un motif de culte), qui mène à la confusion de Dieu et de Satan.

    Impossible de savoir à quelle divinité les cathédrales gothiques rendent hommage. Difficile à première vue de dire si Dante répand le culte du christ Jésus ou bien celui d'Apollon.

    On prête à tort à la réforme de Luther d'inaugurer une version plus moderne du christianisme. La "modernité" prend en réalité sa source dans le moyen-âge et l'Eglise romaine. D'autre part la critique du catholicisme romain par Luther est beaucoup moins radicale que celle contenue dans la mythologie renversante de Shakespeare. Celui-ci fait table rase de la doctrine sociale médiévale dans lequel le message divin avait été noyé, de sorte que l'ivraie de la doctrine sociale ne puisse jamais repousser.

    On objectera que le diable est omniprésent dans la culture médiévale catholique. En réalité il ne s'agit que d'une figure inventée par l'Eglise catholique, dépourvue de fondement scripturaire. De même l'enfer, chez les "illuminati" Dante ou Galilée, n'a rien de juif ou de chrétien.

    Le diable, dans l'Eglise catholique, est dépourvu de la dimension historique qu'il a chez Paul de Tarse ou Shakespeare. Ce dernier indique un monarque catholique, contredisant au nom du bien la défense faite par le Messie de fonder son royaume sur la terre.

  • Dieu et la Science

    Dans la technocratie moderne, la Science s'est substituée à Dieu sur le plan psychologique. C'est ce qui rend les débats scientifiques aussi houleux et difficiles, et justifie que des institutions civiles publiques octroient parfois des sommes considérables à des savants, sans comprendre un traître mot de ce qu'ils racontent, mais sur la seule foi que les travaux seront beaux et bons, voire rentables, flatteurs pour l'espèce humaine en un mot.

    Pour de nombreux scientifiques bornés, il ne serait pas rationnel de mêler Dieu à des considérations scientifiques, bien que la plupart des savants illustres devant lesquels il convient de se prosterner, l'ont fait. Autrement dit, I. Newton était capable de faire de grandes découvertes scientifiques, mais son esprit était trop obstrué pour qu'il ne fut pas athée (je suis loin de croire la science de Newton vraie, mais peu importe en l'occurrence, je prends Newton comme un exemple de savant croyant ; j'aurais pu en prendre un autre encore plus dévot, comme Galilée, qui croyait non seulement en dieu mais aussi au purgatoire).

    Ici, je suis obligé de faire remarquer le lourd déficit en matière d'histoire de la science, comme dans peu d'autres disciplines à ce point, et, un Français comprendra le propos suivant facilement : quand l'histoire fait défaut, ça sent la religion à plein nez ! Ainsi l'histoire est dissuasive de croire dans le motif religieux du progrès social. L'historien comprendra vite, par exemple, que la science et l'éthique ne peuvent s'accorder que dans un régime de type totalitaire ou théocratique, où les savants définissent des règles éthiques, au nom d'une vague transcendance dont la rationnalité n'excède guère celle des nombres irrationnels ou d'un ordinateur.

    Notez que je ne dis pas que Dieu, en tant que but assigné autrefois à la conscience, avant que la science ne nourrisse la conscience de l'homme à son tour de grandes espérances - je ne dis pas que ce dieu-là existait, ou qu'il était un but fiable, mais seulement qu'il était efficace sur le plan psychologique, c'est-à-dire fédérateur des masses, notamment populaires.

    De même il n'est pas prouvé que la science moderne, excluant Dieu, ait une autre valeur que celle de représenter une simple motivation psychologique. Comme un avion de chasse est un produit de la technique et non une pensée scientifique, il se pourrait que la science moderne ne soit elle-même qu'un produit ou un concept de science. C'est ce que certains désignent parfois aujourd'hui sous le nom de "matrice".

     

  • Krach de la science

    Sous le titre "Le savoir scientifique peine à s'imposer dans les cerveaux." (sic), un journaliste spécialisé dans la vulgarisation scientifique (P. Barthélémy) s'offusque que 29% des personnes interrogées dans un sondage persistent à croire dans le géocentrisme, c'est-à-dire se fient plutôt à l'observation de la rotation du soleil qu'aux modèles mathématiques sur lesquels certains mathématiciens s'appuient pour prétendre le contraire.

    - La première lacune de ce journaliste est d'omettre de préciser que de nombreux mathématiciens présentent l'héliocentrisme comme une méthode de calcul plus commode que le géocentrisme, non comme un fait nouveau. Copernic est le premier à le faire. Ou, plus récemment, H. Poincaré.

    L'illusion, en calcul, peut être bénéfique. Pas toujours, comme l'indiquent les résultats de l'application de modèles mathématiques dans le monde de la spéculation financière (Personnellement j'attends toujours que les prix Nobel qui ont été à l'origine de ces initiatives renoncent à leurs médailles.)

    - La seconde lacune est d'omettre la réfutation réitérée de la théorie (égyptienne) héliocentrique au cours de l'histoire de la science. Par exemple celle de Francis Bacon Verulam, opposée aux spéculations mathématiques de Galilée.

    - Galilée n'est évoqué par Pierre Barthélémy que pour énoncer une énième fois la légende dorée (républicaine) de Galilée, "martyr de la science". On n'est pas loin du point où la réfutation de la légende dorée sera qualifiée de "révisionnisme" - un point inquisitorial, en quelque sorte. Dans ces conditions, comme dirait cet imposteur de Platon, c'est le premier qui traite l'autre de révisionniste qui marque un point.

    - De façon plus grossière encore, l'article de Pierre Barthélémy est émaillé d'insultes à l'égard de ceux qui, selon les termes du journaliste, ne laissent pas le savoir scientifique s'imposer dans leur cervelle. La localisation du savoir dans le cerveau est une chose assez amusante en soi, qui sent le préjugé mathématique à plein nez. Pourquoi ? Parce que la cervelle est au-dessus de la salle des machines ? Mais passons, ce n'est pas le lieu de contester les travaux de la neuroscience moderne.

    - Le ton arrogant de ce journaliste m'a rappelé une petite phrase, lue il y a un an ou deux dans une gazette de fort tirage à prétention scientifique. Une sorte d'historien de la science improvisé y prétendait que la réticence de l'académie des sciences française à admettre les théories d'Einstein était la conséquence probable de l'antisémitisme invétéré des Français. Là, ce n'est plus de l'arrogance, mais de la connerie en barre vendue sous le label scientifique. D'autant plus que la géométrie d'Einstein est beaucoup plus marquée par l'esprit allemand que par l'esprit israélite (on m'a enseigné dans mon enfance que les prophètes juifs étaient des visionnaires, et non des spéculateurs). Que dirait-on d'un musulman qui refuserait d'admettre l'évolutionnisme, sous prétexte que les Français sont racistes ? Sur un point il n'aurait pas tort : de très mauvaises intentions peuvent présider à la recherche scientifique, et les fausser ; la science est un enjeu moral et politique majeur. C'est aussi une donnée dont on ne peut pas faire abstraction quand on cherche à évaluer le niveau scientifique d'une nation. Un grand savant complet, autant historien que physicien ou métaphysicien, n'a pas inclu par hasard l'honnêté dans la méthode scientifique, sachant la croyance des personnes malhonnêtes dans le hasard.

    - Non seulement la science et l'art sont un enjeu politique majeur, mais dans un régime laïc ou athée, qui prétend substituer la recherche de la vérité scientifique à dieu, pour mieux doter chacun de la raison en lieu et place de la foi ou de la superstition (dans laquelle le hasard joue un rôle majeur). A la religion se substitue la culture dans un régime laïc. A charge pour les acteurs culturels de démontrer que le cinéma vaut mieux que la foi ou la superstition. Idem pour la science : si elle ne progresse pas, et je ne parle pas des divers gadgets du concours Lépine qui sont un peu comme des amulettes (dont les dévots se séparent avec peine), si la science ne progresse pas, alors c'est comme si dieu était passé à la trappe : on tourne en rond. Vu les milliards engagés dans la recherche scientifique, dont une infime partie suffirait à régler le problème de la faim dans le monde, comme dit Claude Allègre, le risque est grand que le public perde confiance dans le personnel chargé de le guider sur les chemins de la vérité. De là l'enquête statistique qui préoccupe notre journaliste. Assez débile sur le plan scientifique, puisqu'elle s'intéresse à "la culture scientifique", qui est une notion religieuse, ce sondage permet surtout de mesurer la confiance du public dans les enseignants. Mais, au fait, qu'est-ce qu'un savoir scientifique dont on est persuadé qu'il est véridique parce qu'on a confiance dans les personnes qui nous l'enseignent ?

    - L'article ci-joint de P. Barthélémy est suivi de très nombreux commentaires, auxquels il ne m'a pas été permis d'ajouter le mien. La cacophonie des commentaires qui suivent répond en partie à la question apparemment scientifique posée par notre expert en communication : pourquoi tout le monde n'est pas convaincu de l'héliocentrisme ? Parce que chaque partisan de l'héliocentrisme a un point de vue et une image du monde différents : les élèves ne sont pas responsables de la confusion des professeurs qui voient chacun midi à leur porte. Si l'univers, objet de la science, est unique, cela n'empêche pas les hommes d'avoir une multiplicité d'avis différents, un peu comme, si dans la nature, c'était l'homme l'erreur. Ah, mais un autre expert m'informe qu'en fait, l'univers ne serait pas unique, mais multiple ! Est-ce que ça ne serait pas un tout petit peu narcissique ?

    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/06/24/le-savoir-scientifique-peine-a-simposer-dans-les-cerveaux/

  • Science et surnaturel

    Lors d'un reportage tv sur l'exorcisme et les exorcistes, un médecin-psychiatre est interrogé en tant qu'expert ; il décrète l'opposition de la science et du "surnaturel". C'est là un spécimen de dévôt républicain, dont la science procède du matraquage, amplifié par des moyens de propagande sans commune mesure.newton.jpg

    - Tout d'abord, il n'est pas démontré sur le plan scientifique que la télé peut contribuer à l'enseignement scientifique plutôt qu'à l'idiotie générale. Cette sorte de scientifique qui cautionne des reportages télévisés est particulièrement suspecte, au moins, d'une grande naïveté.

    - La médecine psychiatrique n'est pas à proprement parler une "science", mais une technique ; les plus illustres savants ont montré par le passé que la médecine a un pouvoir de suggestion sur les foules, analogue à celui de la religion. Le sorcier du village n'était pas par hasard aussi thaumaturge. Pour une raison simple : la culture de vie païenne est, depuis la nuit des temps, le discours religieux le plus banal, sur lequel les grandes théocraties se sont appuyées et s'appuient encore. Au contraire de la méfiance française, on peut remarquer la grande confiance, naguère, du régime nazi dans la médecine, au point de l'ériger en véritable science.

    En principe, sur le plan technique, la fin justifie les moyens. Qui reprochera à un médecin d'employer des moyens ésotériques s'il parvient à soigner efficacement ? Ainsi, l'homéopathie est une science largement "occulte", mais cela n'empêche pas que son usage soit répandu dans les cabinets de médecine et les hôpitaux publics.

    - Galilée, Copernic, Bacon, Descartes, Newton, Leibnitz : il n'y a aucun de ces grands savants ou reconnus tels aujourd'hui qui ne fasse large part au "surnaturel", ainsi que toute la science pendant des milliers d'années avant eux. Et cette liste est très loin d'être exhaustive.

    Galilée, par exemple, qui bénéficie aujourd'hui d'une gloire démesurée, croyait encore au purgatoire plus de trois siècles après Dante (!), et il appartenait au lobby catholique romain le plus archaïque, mélangeant le surnaturel païen avec le surnaturel chrétien de la manière la moins rigoureuse.

    Il y a donc une double inconstance de la part de la science technocratique moderne, dont ce médecin-psychiatre partage l'épistémologie nébuleuse.

    Primo, elle devrait se désolidariser de savants, dont l'imagination fait largement place à des croyances surnaturelles d'origines diverses. D'ailleurs cette science technocratique se livre à une propagande mensongère, à l'aide de moyens dont même l'Eglise romaine n'a jamais disposé, quand elle affirme que la science de ces grands savants qu'elle continue d'honorer, était sans lien logique avec leurs croyances surnaturelles. C'est aussi mensonger que de dire la science technocratique moderne en général, et la médecine psychiatrique en particulier, coupées de la FOI dans le progrès social. Je cite deux menteurs de cette espèce, de stature internationale : le Français Claude Allègre et, plus encore, le Britannique Richard Dawkins, auteurs dans le domaine de l'histoire de la science d'ouvrages sans fondement historique - voire à la limite de la bouffonnerie dans le cas de Dawkins.

    - De surcroît, il existe plusieurs sortes de "surnaturel", et la psychiatrie est fondée sur l'un d'entre eux, quoi que cet expert semble l'ignorer. C'est en outre le plus religieux et le moins expérimental. La méthode spéculative ou psychologique implique en effet de croire dans des états abstraits tel que l'infini, sans consistance naturelle ou expérimentale. Cette sorte de surnaturel, qu'on peut dire "théorique" ou "hypothétique", ou encore "transcendental" a été critiqué plusieurs siècles avant notre ère par Aristote, savant matérialiste et astrologue, qui la fustige comme le courant religieux le plus superstitieux.

    L'opposition moderne d'un technocrate tel que C. Allègre entre une science expérimentale, et une autre qui ne le serait pas, est inepte. Les technocrates placent d'ailleurs dans leur panthéon les savants les moins basés sur l'expérience, comme Newton, Descartes ou Galilée. La démonstration de Galilée du mouvement de la terre autour du soleil est en effet hypothétique/mathématique et contraire à l'expérience de sa stabilité.

    L'opposition entre différentes sortes de surnaturel par Aristote est beaucoup plus scientifique. F. Bacon a renouvelé cette critique à la fin du XVIe siècle ("Novum Organum"), afin notamment de souligner chez certains de ses confrères (Gilbert, Copernic, Galilée) le télescopage de ces différentes sortes de surnaturel, et la confusion absurde que ce télescopage engendre.

    - Pour finir, signalons que la caution fournie en outre à ce reportage de TF1 par un "sociologue des religions", Frédéric Lenoir (!), frise le ridicule, puisque la sociologie n'est autre qu'un discours religieux déterminé par le préjugé juridique républicain. De sorte qu'il n'y a pas de chef de parti politique en France qui ne soit aussi un "sociologue", comme son projet l'y oblige, et même si l'on ne doit pas exclure dans le domaine politique le plus radical cynisme, derrière le projet de société.

    (Ill. de W. Blake représentant I. Newton, le front penché sur la terre. Blake suggère que Newton est trop terre-à-terre et manque de spiritualité. Il n'empêche que Newton a écrit des traités de théologie, qui pour manquer de rigueur n'étaient pas insincères pour autant.)

  • Le Diable dans l'Eglise

    Depuis quelques années je m'escrime à tenter de convaincre plusieurs blogueurs "chrétiens-libéraux" de renoncer à mêler le christianisme à la défense d'intérêts moraux nécessairement particuliers. En vain. La plupart de ces blogueurs pratiquent d'ailleurs une censure stricte.

    Contraire à l'enseignement de saint Paul, la tactique démocrate-chrétienne consiste à se référer à l'Ancien Testament des juifs pour pallier les lacunes du christianisme dans le domaine de la morale, faisant comme si ces lacunes n'étaient pas intentionnelles. L'amour dont parle le Christ n'est pas moral, il n'a aucune utilité sociale. Le christianisme est même une incitation à faire ce qui n'est pas moral, à renverser l'ordre habituel des préoccupations humaines, invaincu par le décalogue. Ce dernier n'est même pas "moral" au sens commun de la morale païenne ou naturelle ; il l'est moins que le droit de vie et de mort de parents sur leurs enfants, ou d'un Etat sur les citoyens qui le composent.

    Qu'il soit intentionnel ou le fruit de l'ignorance, le mélange du christianisme avec la philosophie morale païenne est impossible. Il est stupéfiant de constater que celui qui a le mieux dénoncé cette imposture cléricale, Francis Bacon Verulam, fasse l'objet d'attaques de la part du pape, c'est-à-dire du chef d'une Eglise dont les moeurs scandalisent l'opinion publique. La religion de Platon est incompatible avec le christianisme, dit Bacon, sachant mieux que Thomas d'Aquin la part du pythagorisme chez Platon. C'est au contraire la science des païens qui ne heurte pas le christianisme, quand cette science est exacte (il faut rappeler que Bacon est l'adversaire le plus farouche de Galilée, dont l'archaïsme va jusqu'à défendre la théorie du purgatoire plusieurs siècles après Dante, et qui a introduit après Copernic (le "Polonius" de Hamlet), l'anthropologie dans le christianisme et la science.

    Les adversaires de l'Eglise romaine qui l'accusent aujourd'hui de n'être qu'une secte satanique d'"illuminatis" doivent savoir que la science de Copernic et Galilée, est une des principales sources de la prétendue "science anthropologique", qui revient à une psychologie du cosmos.

    +

    Mon combat contre le clergé démocrate-chrétien avait commencé avant que n'éclatent à répétition scandales et histoires de moeurs abominables dans le clergé romain. Ils sont un avertissement, un signal de plus que la raison morale est antichrétienne. L'Eglise romaine, même si elle est prise comme caricature, n'est d'ailleurs pas le seul lieu aujourd'hui où le discours moral puritain voisine avec la prostitution et la pornographie.

    S'il y a encore au sein de l'Eglise romaine des personnes éveillées, possédant assez de courage et d'énergie pour donner à leur vie un sens véritablement spirituel et non seulement moral (la morale est la loi des imbéciles), ces scandales doivent les piquer au vif. Si l'Eglise romaine, qui s'est vidée de ses savants, théologiens, historiens ou même artistes, dans le domaine moral où elle s'est bizaremment repliée, n'a même pas un comportement conforme aux bonnes moeurs qu'elle prône... à quel jeu joue-t-elle ? où entraîne-t-elle ses militants ? ne répète-t-elle pas le pharisaïsme et ses offrandes inutiles à Dieu ? qui sert-elle vraiment ? Les enfants de Hamelin suivent-ils le diable, sachant qu'il est le diable ? Non, ils le suivent parce qu'il joue une musique entraînante et douce à leurs oreilles. 

  • Identité, piège à connards

    ... et à motards, puisque le ministre Christian Estrosi a déclaré récemment qu'un débat sur l'identité nationale dans l'Allemagne des années trente aurait peut-être évité aux Juifs d'être victimes des nazis, quelque chose dans ce goût-là.

    Seul problème, il faut soi-même être nazi pour accepter de participer à un tel débat. Un communiste ne peut pas croire à l'"identité", pure figure rhétorique du domaine de la religion. Karl Marx ne s'est pas décarcassé pour rien à démanteler l'architecture vectorielle nationale-socialiste (Hegel) et à dénoncer son ésotérisme ("Sein-dasein"), n'en déplaise aux staliniens d'hier et d'aujourd'hui (C'est indubitablement le culte de la politique qui a poussé des fonctionnaires de l'université française, Althusser en tête, à accommoder la dialectique marxiste avec une idéologie temporelle, répétant la trahison janséniste d'une manière que Marx et Lénine avaient prévue.)

    A cet égard les Allemands semblent mieux renseignés que les Français eux-mêmes sur l'appartenance de Heidegger au parti nazi (la philosophie de sa maîtresse H. Arendt n'est d'ailleurs pas moins typiquement nationale-socialiste que celle de son mentor) ; aussi sur le fait que Heidegger ne fait qu'ajouter à Hegel une dose de byzantinisme supplémentaire, susceptible seulement de méduser un peu mieux les crétins dans le genre du frère prêcheur Enthoven ou de son confrère Onfray, armés de leurs petites fiches de philosophie pour tenter de donner au service de la propagande télévisée une coloration kulturelle. La dernière chose qu'un Français qui a lu Molière ou Rabelais fera, c'est gober l'idée de "culture", essentiellement romaine ou germanique.

    Pour un catholique, de la même façon, l'identité n'est qu'un fantôme néo-païen et le Messie ne se distingue guère par son patriotisme ou son goût de la généalogie. A tel point que c'est le manque d'ambition temporelle de son Maître, qui va pousser Judas Iscariote à le vendre pour trente deniers aux autorités religieuses juives. Judas Iscariote est le saint patron des nationalistes chrétiens dont la trahison s'accompagne systématiquement d'une subversion des Evangiles à base de droit (J. de Maistre) et de mathématiques (B. Pascal, Galilée).

    Il n'est pas inintéressant d'observer que c'est le courant janséniste où s'est élaborée une doctrine théocratique incompatible avec les avertissements solennels du Christ, et dont dérive l'existentialisme, religion de la bourgeoisie capitaliste, ce courant qui est le plus hostile à l'islam alors même qu'il s'y apparente nettement par sa dérive théocratique nette (gallicanisme). On pense ici à l'appropriation de la théorie de la race élue par les nazis, évoquée par Mircéa Eliade après Léon Bloy* (La théorie raciste de Darwin qui a servi aux nazis est elle-même imprégnées de préjugés judéo-chrétiens et d'un goût -bien peu "naturel" de la part d'un naturaliste- pour la généalogie et les mathématiques.), théorie de la "race élue" qui survit dans l'idéologie libérale. Afin de souligner que les conflits les plus violents ont souvent lieu entre tenants d'idées semblables, le parti minoritaire ou le moins bien armé faisant les frais de la concurrence.

    L'Eglise catholique est désormais à peu près exsangue, mais les partis démocrates-chrétiens ont joué naguère un rôle non négligeable dans une manipulation "identitaire" d'ampleur, cousue de fil blanc capitaliste : le "nationalisme européen" ; cette manipulation ne s'est pas faite sans l'occultation de larges pans du Nouveau Testament, dont une ligne vaut mieux que les cinquante encycliques bavardes des dix derniers papes et au-delà. L'indignation de François Bacon à propos de l'enfouissement des Evangiles sous des tonnes de spéculations théologiques est plus que jamais valable, même si l'Eglise n'est plus qu'un vaisseau dérivant au fil du vague depuis longtemps.

    *

     

    Le débat ne peut avoir lieu qu'entre partisans et adversaires du nationalisme et ce débat opposera immanquablement les païens à ceux qui ne le sont pas. Ce seul critère (sérieux) a suffi aux théologiens pour condamner les doctrines nationalistes par le passé, celle de Maurras notamment. Le débat n'a donc d'intérêt (outre qu'il sert au gouvernement à jeter de la poudre aux yeux, comme Chirac auparavant avec le débat sur le voile islamique) que de permettre de mesurer à quel point la France ressemble à l'Allemagne désormais. Etant donné que la chaîne bobo "Arte" est le symbole du pacte monétaire franco-boche, on peut prendre le goût de la pornographie et du cadavre attisé par cette chaîne comme la marque de la nouvelle identité française.

    Le débat sur l'"identité" a quand même le mérite de rappeler le lien étroit entre la musique/mathématiques et le totalitarisme, qui ne peut s'empêcher ici de s'exprimer dans le vocabulaire albégrique, ainsi que, comme Marx l'a démontré, le caractère profondément religieux du raisonnement mathématique et de la passion musicale. Non loin d'Homère et de Shakespeare, Marx est bien l'auteur d'une véritable démonologie. Accessoirement ça permet d'observer que Marx est le tenant d'un aristotélisme véritable puisque l'ontologie matérialiste permet de déceler le caractère luciférien de la "loi naturelle" (sous-jacente dans le droit républicain moderne) ; "luciférien" s'entend en termes plus laïcs de la façon suivante comme la projection sur la "Nature" du rapport humain anthropologique. Les tenants de la "loi naturelle" (le clergé républicain est l'artisan du maintien de cette architecture juridique qui constitue un élément essentiel de la religion libérale après la religion nazie, et ce n'est qu'à titre de fétichistes et d'ignares que des chrétiens défendent le sophisme du droit naturel) peuvent se réclamer de Platon, et surtout de Pythagore : ils ne peuvent se réclamer d'Aristote comme Marx.

    C'est le fait d'appartenir lui-même à une famille d'ingénieurs biologistes proche de la théorie raciale transformiste qui a sans doute empêché Aldous Huxley en revanche dans son essai (raté) "Brave New World" sur le totalitarisme d'en relever l'ingrédient mathématique et musicale essentiel. Le totalitarisme repose sur la foi et la raison. Le capitalisme/écologisme parie sur l'avenir comme Pascal parie sur Dieu ; la grâce janséniste, son providentialisme assassin de l'Esprit : le satané hasard capitaliste n'en est que le produit dérivé.

    *Il faut être bien peu historien pour dater la naissance du nazisme de l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler.
  • La Mère morte

    Le cas des infanticides perpétrés par Véronique Courjault permet, comme l'exemple précédent du tueur en série, de mieux comprendre le tribalisme laïc. Pourquoi l'infanticide et l'eugénisme sont-ils désormais unaniment admis par la société civile ? Les cris d'orfraie devant le crime de la Courjault ne sont qu'une feinte, comme le féminisme en plein trafic pornographique.

    Animisme et croyance dans la métempsycose sont caractéristiques du tribalisme ; et la foi superstitieuse dans la thèse freudienne témoigne de l'ampleur de l'hystérie laïque ; autrement dit, lorsque Lévi-Strauss se penche sur le tribalisme, c'est mû par le même tropisme que Narcisse vers son reflet dans la mare froide de la "psyché". L'image reflétée de la barbarie primitive fascine le sorcier laïc Lévi-Strauss. Avec ce bémol : le miroir dit que la sauvagerie était plus belle et envoûtante lorsqu'elle était jeune, plus directe et brutale que le masque d'hypocrisie du sorcier laïc, son bicorne de vieillard académicien. Il est vrai qu'entre un masque vaudou et l'art stalinien de Kandinsky, l'hésitation est permise. L'artifice de l'animisme primitif est directement lié aux phénomènes naturels ; de là vient la séduction de sa sauvagerie. De l'animisme tribal à l'animisme laïc, il y a du phénix au corbeau.


    *


    Qu'est-ce qu'une société qui juge Véronique Courjault ? C'est une société d'insectes aveugles. La métempsycose, la transmission de l'âme se fait désormais dans la progéniture. On peut d'ailleurs bien saisir ici sur quel type d'anthropomorphisme repose l'idéologie darwinienne, en quoi le darwinisme fait partie du dogme laïc : à la voie du Ciel qui est fermée, Darwin et ses disciples substituent une issue génétique, qui permet à la société laïque de se projeter dans l'avenir (au darwinisme nazi, on n'a fait depuis qu'ajouter une dose d'hypocrisie et des comités d'éthiques fantoches). Descendance contre transcendance. De la même façon l'astronomie contemporaine n'est plus une cosmologie mais une généalogie.

    Aussi le pacte d'un chrétien avec le darwinisme signale-t-il sa possession par des principes étrangers à la parole de Dieu. Le piège du diable est particulièrement bien paré de raison et de grammaire, à défaut de logique et de force.

    Bien que d'un conformisme intellectuel rare, la littérature évolutionniste de Pascal Picq renseigne parfaitement sur la formule religieuse temporelle du darwinisme. Le curé Picq traque d'ailleurs l'hérésie créationniste avec une rage qui rappelle celle d'un inquisiteur dominicain, toute science flanquée avec mépris aux oubliettes.


    *


    L'affaire Courjault est significative de ce que le corps n'est plus considéré avec mépris que comme le contenant de l'âme, sa banale enveloppe ; l'âme a désormais investi le moindre objet : photographie, vêtement, automobile, téléphone portable, maison de famille, ordinateur personnel - le fétichisme est partout ; pire, l'âme hante désormais par le biais de langages puritains (tels l'algèbre et le droit), jusque les meubles incorporels : nation, état, club de football, cinéma, entreprise, copulation, musique ; plus raisonnable et mieux fondé était le moyen âge en regard, de prêter l'âme d'abord aux bêtes domestiques ou sauvages.

    Deux comportements dynastiques sont possibles : ou bien la famille sera nombreuse, parant ainsi la mort par la quantité ; ou bien le choix sera fait d'un eugénisme légal, choix de la qualité, qu'on peut interpréter comme une idée de la métempsycose plus raffinée, "existentialiste". Quoi qu'on puisse penser superficiellement, ce n'est pas sur une base morale que se fait le choix entre ces deux comportements dynastiques, mais sur une base patrimoniale. L'effet du patrimoine n'est pas moins grand aujourd'hui qu'il n'était dans la famille au XIXe siècle ; ce qui s'est considérablement accru, c'est l'hypocrisie.

    Le comportement de Véronique Courjault traduit surtout une hésitation. Si j'étais capable d'endosser l'ignoble robe noire de l'avocat laïc pour défendre cette femme, bouc émissaire commode, je serais tenté de dire : "Que le couple qui n'a jamais pratiqué la régulation des naissances lui jette la première pierre." D'autant plus que la conservation des corps de ses victimes plaide plutôt en faveur de Mme Courjault. La négation du corps n'est pas totale comme dans l'avortement par injection de produit chimique ou curetage mécanisé. Le païen qui enterre ses morts et entretient leur culte, celui-là sait que la terre est une chambre froide. Le stade qui consiste à enfouir les corps plutôt qu'à les brûler est un stade politique plus avancé, qui marque une progression par rapport à l'animisme radical, où les âmes circulent partout où bon leur semble comme des fantômes, et le corps est complètement dissout. Le besoin d'être confronté au cadavre vient de la peur des fantômes.


    *


    Qui place ses billes dans sa progéniture peut se préparer à un avenir de plomb et non d'or, comme il l'espère. Si comme Karl Marx on traduit Aristote sans le trahir*, on comprend à quel point, de Nitche à Freud en passant par Lévi-Strauss, on comprend comme l'hiatus animiste ultime est le produit du tour totalitaire que prend forcément la politique. Il est terrible pour un chrétien de constater à quel point le christianisme a fourbi les armes d'une telle subversion, notamment des canailles incestueuses comme Blaise Pascal, Nicolas -le crabe- de Cues, Isaac Newton, Hobbes (le plus intelligent donc le plus coupable), Descartes, Huygens, Leibniz, et leurs idéologies de mort.

    Descartes est bien capable de voir la dimension ésotérique flagrante de la théorie d'attraction de Newton, mais s'avère cependant incapable de discerner sa propre fascination pour la religion animiste des Milésiens, Pythagore au premier chef, dont le nom propre sonne pourtant comme un avertissement pour un chrétien, fût-il superficiel.

    On comprend aussi la dimension prophétique de la science de François Bacon, théologien sous le nom de Shakespeare, dont les sonnets spécialement disent, mieux que Baudelaire encore, ô combien le phénix est proche de la colombe, ou bien encore que la maîtresse à la chevelure de jais éloigne du blond combattant qui brandit la lance de l'Esprit. Afin de frapper plus juste et garder le sang-froid, Shakespeare pose contre Dante qu'il vaut mieux ne pas s'encombrer d'une Béatrice.

    *Pour Aristote l'homme n'est porté à la copulation et à la politique, second sentiment plus élaboré qui dérive du coït, qu'au stade animal. Le grand savant naturaliste n'a pas manqué d'observer que la meute de loups est aussi une société politiquement organisée. La science d'Aristote est subvertie par les barbares romains, puis par les savants judéo-boches qui lui font dire son contraire et traduisent la pensée d'Aristote en éloge de la politique ! En germe dans sa pensée politique, plus développée dans sa science physique, la critique de la musique, instrument d'asservissement social, est déjà présente chez Aristote. Athéna détruit l'aulos, la flûte à deux tuyaux, après l'avoir inventé.

  • L'Essence de la Laïcité

    Les professeurs parlent couramment de MYTHOLOGIE romaine, grecque, égyptienne, voire chrétienne. C'est une façon pour la religion laïque de se situer au-dessus de la foi naïve, dans le domaine des certitudes.

    Voilà toute la MYTHOMANIE laïque, celle de Lévi-Strauss par exemple, qui se teinte logiquement chez ce 'manchot empereur' de la science d'une nuance d'admiration pour les sociétés tribales. Le serpent se mord la queue, puisqu'en réalité le tribalisme présente de nombreux points communs avec la religion laïque ; il n'y a donc aucun exotisme chez Lévi-Strauss, mais une réflexion narcissique, comme si la Vérité grecque avait prévu l'imbécillité de Lévi-Strauss, ou que Lévi-Strauss était un type d'halluciné qui se répète à travers l'Histoire, hors du temps.

    Ainsi, la pratique du tatouage est un signe d'aliénation de l'individu à un groupe et il est caractéristique de petites sociétés qu'on peut qualifier de totalitaires, où le corps a peu d'importance et sert le cas échéant de support à une forme d'artisanat.

    Véritables révélateurs du cercle laïc, Marx et Engels ont d'ailleurs discerné que la musique n'est pas le point d'achèvement de l'art, comme la philosophie bourgeoise le suggère, mais au contraire un signe rétrograde du temps. Hitler, par exemple, est un véritable chef d'orchestre qui soulève les foules en rythme et en mesure. Le métro, avec toutes ces femelles portant un casque diffusant de la musique électrique suggère l'état tribal de la religion laïque où les individus n'ont plus besoin de communiquer puisqu'ils pensent tous la même chose.

    Il est parfaitement logique que l'armée des Etats-Unis totalitaires torture ses prisonniers à l'aide de la musique. La musique est par essence guerrière ou militaire. L'invention de la musique instrumentale au XVIIe siècle est le fait de statisticiens spécialistes de la balistique.

    La superstition comme quoi la terre tourne autour du soleil, qui serait au centre de l'Univers, à laquelle les sujets de la secte laïque adhèrent automatiquement comme à l'évolution darwinienne, cette superstition a été répandue par une bande de théoriciens des cordes, des canons et des archets, grenouilles mondaines avides d'une gloire facile : Pascal, Descartes, Huygens, More, Newton, après Galilée, Bruno, Copernic, tous les chacals jansénistes ou anglicans. AUCUN GRAND SAVANT n'a jamais gobé un tel tour de passe-passe algébrique.

    Si l'on prend dans la liste précédente le moins charlatanesque de ces possédés, à savoir Descartes, celui-ci n'a même pas pigé la physique d'Aristote qu'il prétend critiquer et tente d'en résoudre les paradoxes... comme si c'étaient des problèmes de robinet !

    Alors en définitive quand cette gazelle de Lévi-Strauss qui fuit devant la réalité admire les tribus sauvages d'Amazonie, elle n'a pas complètement tort, car à leurs superstitions ces tribus au moins n'ajoutent pas l'orgueil immense de la secte laïque.