Du point de vue païen, la preuve de dieu est physique ou psychologique ; il y a une forme d'humilité de la part des païens à accepter de se soumettre aux forces de la nature ; mais aussi une forme de résignation à la mort, qui est probablement l'aspect le plus antichrétien.
Certains païens ont foi dans l'au-delà, d'autres non - l'au-delà n'est qu'une construction anthropologique, une religion faite pour rassurer le peuple.
Du point de vue chrétien, la preuve de dieu est historique. On pourrait multiplier les exemples de bouleversements introduits par la révélation chrétienne dans le cours du monde. On se contentera ici de mentionner que la philosophie des temps modernes est axée autour de l'histoire. Sur le sujet de l'histoire, Marx, Hegel et Nietzsche ont des avis et proposent des doctrines divergentes ; cependant Nietzsche lui-même, qui s'emploie à nier que l'histoire a un sens, ne serait qu'un poète subalterne si sa doctrine ne touchait pas à l'histoire.
On peut mesurer l'enjeu moderne de l'histoire de différentes façons, hormis la notoriété des philosophes modernes dont le propos tourne autour de l'histoire. La force d'attraction de l'histoire explique en grande partie la dévaluation presque complète de la vertu, considérée autrefois comme le plus grand des trésors. Là encore on peut remarquer que Nietzsche, acharné à restaurer la vertu contre la moraline moderne, prêche quasiment dans le vide ; ses disciples préfèrent se référer à ses avis les moins sûrs, concernant la culture antique.
Ici il faut remarquer l'importance de la vertu du point de vue de l'homme d'élite, et l'importance de l'histoire du point de vue de l'homme du peuple. La religion de l'homme d'élite consiste dans une conception mystique de la vertu (proche de l'art). Tandis que les religions populaires ou populistes tournent autour d'une issue heureuse de l'histoire. L'extraordinaire confusion de la politique moderne résulte du fait que les élites gouvernent toujours, et le peuple jamais, mais que les élites ne peuvent plus gouverner au nom de leurs seuls intérêts...
Il faut enfin distinguer la "preuve de dieu" de ce que Paul de Tarse nomme foi véritable, et qu'il oppose aux oeuvres prétendument chrétiennes, suivant une exégèse conforme à l'apocalypse. La preuve de dieu n'est pratiquement rien au regard de l'engagement qu'exige la foi à suivre le Christ dans son combat de propagation de la vérité.
Commentaires
Cela me fait songer que finalement notre société en rejetant le christ et le christianisme des origines, rejette en même temps le paganisme, puisque celui-ci est comme la racine de l'autre, dans le sens ou avant d'avoir la foi religieuse envers un dieu invisible et unique, il faut tout d'abord avoir la foi religieuse envers quelque chose de plus "réel" comme la nature sous la forme de multiples dieux.
Car au moins, si nos dirigeants étaient redevenus juste païens, la nature et notre planète ne seraient pas autant saccagés et détruits au nom de l'économie capitaliste.
C'est ce que j'explique sur ce blog. Le monde moderne ne rejette pas seulement le Christ, mais aussi la culture de vie satanique. Le paradoxe de la culture moderne en fait une énigme pour ceux qui se contentent d'un examen superficiel politique ou sociologique.
- Le pharisaïsme, tel qu'il est décrit dans les évangiles et expliqué par Paul de Tarse, permet de mieux comprendre l'antichristianisme contemporain, dont l'efficacité vient de ce qu'il porte un masque chrétien (celui de la démocratie-chrétienne, athéisme déguisé en christianisme).
- En revanche il vaut mieux éviter le terme de "christianisme des origines" qui laisse penser que la vérité chrétienne s'inscrit dans le temps ; la pureté du christianisme est celle des évangiles, auxquels peu d'hommes et de femmes osent se confronter, préférant le "baiser à la mort".
Dans ce cas, est-ce que finalement le ver n'était-t-il pas dans le fruit quand l'ancien testament à été accepté à égale valeur que le nouveau ? On trouve certains passages dans l'ancien appelant ouvertement au massacre (voire extermination), contre les Cananéens, les Philistins, etc. en totale contradiction avec les évangiles. Et il n'y a pas que ça que l'on peut reprocher à l'ancien testament...
- Le nouveau testament n'est pas mis sur le même plan que l'ancien par les théologiens chrétiens un tant soit peu sérieux. Augustin d'Hippone explique que croire une telle chose signifierait que la venue de Jésus-Christ était inutile. Paul de Tarse consacre plusieurs pages de ses épîtres à expliquer que : "Le sacerdoce étant changé, il est nécessaire que la Loi [de Moïse] le soit aussi." (Héb. VII, 12-13).
- Dire "premier" et "second" testaments, comme s'il n'y avait qu'une succession chronologique, traduit l'ignorance, ou plus certainement l'antichristianisme qui s'avance derrière le prétexte de la "démocratie-chrétienne".