Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

école de francfort

  • Démocratie et darwinisme

    L'esprit français est, selon moi, le moins propice à accepter la science évolutionniste comme une science. Pourquoi ? Parce que l'esprit français est le plus apte à discerner le caractère religieux du mobile démocratique, appuyé sur l'intellect le plus subjectif.

    La démocratie n'a même pas une consistance républicaine, puisque le régime républicain est un régime élitiste - elle n'a qu'une consistance publicitaire. La démocratie n'est pas non plus populaire, puisqu'elle consiste dans la transposition sur le plan éthique de l'idée de monarchie de droit divin sur le plan politique. Le culte solaire en quoi consiste la philosophie naturelle tyrannique, est réduit dans la démocratie à un culte dématérialisé sous la forme de la vitesse de la lumière. "L'Etat, c'est moi." : le mot de Louis XIV est mal traduit comme l'étalage d'un pouvoir tyrannique sans partage. Plus justement il constitue l'acte de décès du culte solaire direct en Occident, dont le roi soleil s'est fait l'artisan le plus actif. Car après Louis XIV, le souverain, y compris sous la forme la moins désincarnée et largement symbolique de la magistrature suprême, n'est plus ou moins que le produit d'un calcul statistique. Le sursis dont a bénéficié Louis XV a probablement les mêmes causes que celui dont l'oligarchie bourgeoise parisienne bénéficie aujourd'hui. On peut filer la métaphore de Shakespeare selon laquelle les rois ne sont que les acteurs d'une tragédie dont ils ignorent le déroulement connu du seul metteur en scène (Satan), et dire que les états modernes sont le jouet d'une cinématographie, c'est-à-dire d'une pièce de théâtre dont le metteur en scène est mort. Le cinéma le moins débile - et qu'on me pince dès qu'on verra un film dans cette catégorie - est condamné à faire valoir l'ironie, non pas celle du destin mais de la statistique, à savoir que le cinéma est un art entièrement préfabriqué, qui en dehors du motif ironique qui a le don de le remettre en cause, ne consiste que dans la plus vaine recherche du temps perdu. Du point de vue vitaliste artistique, le cinéma est une nécromancie. Il est bien des artistes, comme Dali, à qui la mort procure une vague érection, mais ce motif de jouissance clitoridien est plus dans la mentalité d'une nonne espagnole que dans la mentalité française. Le cinéma français compte deux grands génies en la personne de Diderot ("Jacques le fataliste"), et surtout Alphonse Allais, le plus populaire et pur de cet élitisme, qui a tendance à raidir la mise en scène de Diderot.

    Qu'on me pardonne cette longue digression ; elle était afin de mieux faire valoir le point de vue anti-évolutionniste créationniste de Nitche, qui n'est pas chrétien puisqu'il est satanique, appuyé sur une science physique matérialiste. Tandis que la science évolutionniste jette un pont entre la science et la technocratie totalitaire moderne, la science physique matérialiste jette un pont entre la science et l'art. Ce qui fait soupçonner à Nitche que le darwinisme auquel il a affaire, plus rigoureux et rationaliste que celui auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, n'est que la transposition sur le plan scientifique du préjugé de progrès social socialiste, c'est pour la raison que le mécanisme de l'évolution proposé par Darwin comme une hypothèse, est incompatible avec l'idée de Nitche selon laquelle l'accomplissement de l'homme n'est possible que selon le destin. En conséquence, du point de vue de la physique matérialiste, qui refuse à la statistique le statut de science, ce sont les espèces vivantes les plus douée de conscience qui sont les moins susceptibles de muter. La conscience supérieure attribuée par Nitche à l'homme, ne va pas sans le constat que l'homme est, de toutes les espèces la moins bien adaptée à la nature, quoique le sexe féminin soit doté d'un meilleur instinct naturel que le sexe masculin. La physique matérialiste ne situe pas l'homme au bout de la chaîne linéaire des espèces animales, mais généalogiquement au centre. Le transformisme est donc impossible selon le rationalisme matérialiste, dans lequel les espèces mutantes sont les plus éloignées de l'homme, dans lequel les mutations sociales humaines ne fournissent en rien la preuve d'un quelconque progrès de la conscience humaine, et dans laquelle, surtout, le mouvement hasardeux est le plus relatif, interdisant absolument le raisonnement scientifique qui ne peut lui accorder que le statut de marge d'erreur la plus insondable. Nitche témoigne d'un rationalisme qui part de l'ordonnancement naturel pour aller vers l'insondable. Pratiquement la démarche inverse rend toute forme de politique, d'art ou de science impossible. La science évolutionniste n'envisage pas ou peu que les mutations naturelles puissent être le résultat de bouleversements géologiques violents.

    La philosophie naturelle de Nitche lui permet de fonder d'ailleurs une morale naturelle objective, qui seule permet une hiérarchie sociale responsable ; de l'évolutionnisme on ne peut déduire qu'une morale relative et un principe de compétition illimité. Dans la doctrine de Nitche, la liberté est niée au profit de la responsabilité politique et de l'art ; dans le totalitarisme, la liberté est affirmée au profit de l'irresponsabilité politique et du commerce.

    L'artiste un tant soit peu conscient de ce qu'il fait, c'est-à-dire résolu à ne pas faire du moderne préfabriqué, comprendra d'ailleurs aisément le raisonnement anti-évolutionniste de Nitche. En effet l'activité artistique ne consiste pas dans la production d'objets plus consensuels ou mieux adaptés que ceux de la concurrence. C'est le jugement ou la conscience personnelle qui doit être, selon Nitche, sélective, afin d'échapper au conditionnement collectif le plus temporel. Si l'art ne permet pas, selon Nitche, d'échapper au temps, du moins est-il fait pour en desserrer le plus possible l'étau, et permettre ainsi la jouissance. Ainsi seulement l'art peut-il rayonner selon Nitche. L'animal, lui, ne tue, ne se bat, n'aime, ne construit que pour son profit personnel, celui de son espèce ou de sa progéniture ; le mâle dominant ne se retire du jeu social que lorsqu'il est frappé d'impuissance, tandis que c'est au contraire la puissance de l'artiste qui lui permet de s'extraire du mouvement social. Or la science évolutionniste réduit tous les actes à des comportements impersonnels ou identitaires. Ce que Nitche conçoit comme le plus indispensable à l'humanité, à savoir l'art, serait le plus nuisible aux autres espèces vivantes si elles en étaient capables. Ou bien on attribue à l'homme une conscience sans fondement dans la matière, suivant un raisonnement impossible à démontrer scientifiquement, ou bien la conscience de l'espèce humaine trouve comme celle des autres espèces vivantes son support dans la matière, et dans ce cas la science évolutionniste n'explique pas comment la matière peut susciter deux consciences aussi opposées que le combat de l'artiste contre lui-même, et la compétition sociale des animaux et des végétaux entre eux.

    L'erreur propre de Nitche est théologique ; aussi bien en ce qui concerne la théologie antique, d'ailleurs, qu'il résume à la théologie et à la cosmogonie brahmaniques, qu'en ce qui concerne la théologie chrétienne. Celle-ci n'est en aucun cas et ne peut pas être le postulat anthropologique de la liberté, n'en déplaise aux imbéciles philosophes-théologiens de l'école de Francfort. Nitche est fondé à qualifier une telle philosophie de totalitaire ; seulement aucune ligne des prophètes juifs ou chrétiens ne permet de déduire une telle philosophie.

    Etant donné que pas un seul promoteur du darwinisme ne peut s'empêcher de le promouvoir séparément d'incantations lyriques en faveur de la démocratie, on est fondé à en attendre la preuve dans les progrès futurs de la démocratie ou du socialisme, c'est-à-dire dans le sens inverse des ravages que ces politiques-fictions ont fait subir jusqu'ici à l'humanité. La remarque historique s'impose qu'aucune philosophie naturelle ne constitue une science à part entière. Il n'y a dans la correspondance de la morale et de la politique d'une part, et de la science physique d'autre part, qu'un simple renvoi d'ascenseur. Le rationalisme scientifique, aussi sérieux soit-il à l'exemple de Nitche, ne ferme pas la porte à la métaphysique parce qu'elle n'est pas scientifique, mais bien parce qu'elle l'est trop. 


     



  • Charcuterie chrétienne

    L'école de philosophie de Francfort, dont Joseph Ratzinger a subi l'influence, est le haut-lieu de la charcuterie chrétienne moderne. Le dernier pape romain est considéré par beaucoup comme un conservateur. Ceux-là ignorent que la modernité est le principe religieux le plus conservateur, c'est-à-dire le plus efficace à empêcher le progrès de l'esprit. 

    "Pour l’autocompréhension normative de la modernité, le christianisme a représenté plus qu’un simple précédent ou canalisateur. L’universalisme égalitaire - dont on découlé les idées de liberté et de solidarité sociale, conduite autonome de la vie et émancipation, conscience morale individuelle, droits de l’homme et démocratie – est un héritier direct de l’éthique juive de la justice et de l’éthique chrétienne de l’amour. Ce legs a fait l’objet d’une appropriation constante et d’une interprétation critique, sans subir de transformations substantielles. À l’heure où nous sommes, il n’existe aucune alternative."

    Jürgen Habermas, Conversation sur Dieu et le Monde, 2006.

    Ne croirait-on pas tous les personnages de Molière réunis dans ce cacouac démocrate-chrétien : Trissotin, le bourgeois gentilhomme, Tartuffe, Sganarelle, Don Juan, etc. ?

    Heureusement l'esprit français prédispose à flairer l'hypocrisie dans le style même du prêcheur. Je me demande quel genre d'imbécile une formule telle que "l'autocompréhension normative de la modernité" est censée impressionner ? Un des usages les mieux attestés de la modernité est de servir l'autojustification du chien de guerre qui assassine son prochain au nom de l'éthique. Si un chrétien vous parle de "modernité", vous pouvez être sûr qu'il s'agit d'un faisan.

    - La modernité est comme la musique. Je veux dire par là, d'abord, que la production musicale obsède les inventeurs de la modernité : l'antichrist Nitche, comme le possédé Baudelaire ; or la musique, pas plus que la norme juridique, n'a pour fonction d'élucider le monde, mais de le conforter. Si bien qu'on peut parler d'"arcanes" de la musique ou du droit.

    La bande de cervelas de Francfort a la prétention de combattre le nazisme, mais comme par hasard elle se soucie peu de souligner l'arrière-plan musical et juridique du nazisme. Il est si flagrant qu'on peut voir dans Hitler l'incarnation parfaite du muscien de Hamelin (le diable), qui débarrassa les bourgeois qui avaient signé un pacte avec lui des rats qui mangeaient leurs biens... avant que le pacte des bourgeois ne se retourne contre eux.

    L'effort le plus certain de l'école de Francfort est donc pour blanchir la bourgeoisie allemande qui a "fait" Hitler.

    - L'universalisme égalitaire : même Lénine ne croit pas à cette hénaurme tartufferie, puisqu'il conçoit le socialisme comme une étape vers l'abolition de l'Etat, principale source moderne du droit. Lénine a de bonnes raisons de ne pas gober l'attrape-couillon égalitaire, puisque Marx en a dénoncé la vocation de subterfuge républicain ou national-socialiste.

    L'égalitarisme occupe en effet dans la théogonie républicaine la place du purgatoire romain. De fait, on peut voir le clergé républicain prêcher l'égalité dans un monde manifestement soumis aux règles de la concurrence sexuelle ou commerciale les plus lourdes. L'arcane juridique consiste ici à dissimuler que le droit ne fait qu'enregistrer des rapports économiques a posteriori : autrement dit, l'égalité est une utopie juridique dont l'économie bourgeoise ou libérale ne peut se passer, pas plus qu'elle ne peut se passer d'un Etat. L'égalité est parfaitement hypothétique, comme l'infini algébrique : c'est un préambule et non un but concret. Compte tenu de l'appui du droit sur la biologie, on peut parler d'aspiration macabre du droit. Plus un régime est proche de la folie ou de la mort, plus il raisonne en termes de droit ; la même monomanie est perceptible chez l'aliéné, marqué des stigmates de la mort.

    - L'éthique juive de la justice ? Ici on voit que cet Habermas n'a probablement jamais ouvert une Bible, et que la démocratie "judéo-chrétienne" est entièrement "sui generis" - un vrai formol. Il y a deux illustrations de la justice juive dans les testaments juif et chrétien. La loi de Moïse, qui ne donne lieu à aucune éthique, puisqu'elle est surnaturelle. Le livre de la Genèse illustre que la voie spirituelle ou surnaturelle est à l'opposé de la voie naturelle, dont l'éthique participe. La loi de Moïse NE PEUT PAS SERVIR à justifier le meurtre ou la propriété. L'éthique est, elle, entièrement asservie à cette fonction, dans un but d'équilibre social. L'autre illustration de la justice juive est le procès truqué de Jésus. Celle-ci est exemplaire du mécanisme de l'éthique, puisque c'est au nom de la secte des pharisisiens que le Christ a été condamné, puis au nom de l'état civil romain.

    Nitche est un professeur d'éthique ou de morale bien moins débile que Habermas, puisque parfaitement conscient de la menace que la vérité représente pour l'éthique comme pour l'esthétique, ou bien encore pour ce que le païen moderne nomme "culture de vie". Mon opinion est que Nitche, en revanche, feint de ne pas comprendre Bacon alias Shakespeare, et que le voile derrière lequel Polonius-Copernic se dissimule symbolise l'éthique, que Hamlet transperce de son épée. F. Bacon emprunte cette métaphore au nouveau testament chrétien, qui nous montre le rideau du temple de Jérusalem se déchirant.

    - L'éthique chrétienne de l'amour ??? Si la charité chrétienne est la plus distante de l'éthique, c'est pour la raison que la charité ne répond à aucune nécessité ni obligation humaine ou terrestre, tandis que l'éthique est censée répondre au besoin de l'intérêt général. Pas plus que l'éthique, les sentiments ne sont libres et gratuits. Ceux qui croient se tenir à l'avant-garde de la morale ou de l'esthétique, mouvement similaire, ne s'aperçoivent pas qu'ils ne sont que les cobayes de la société, qui tour à tour prend un cap plus libertin ou plus puritain, en perpétuelle recherche d'équilibre. Si le puritanisme a le vent en poupe actuellement, qu'il soit musulman, écologiste, chrétien-démocrate, républicain, etc., c'est d'abord parce que la parenthèse du gaspillage libéral et du libre-échangisme, qui reflétait la morale de la caste dominante, se referme à cause du scandale, non pas de façon délibérée ou afin de partager des biens dont l'Occident a perdu le profit. L'éthique est donc aussi oscillante que l'esthétique et ne déborde pas le motif de la décoration d'intérieur. La France est redevable à Molière de l'avoir débarrassée de la saloperie éthique.

    L'éthique démocrate-chrétienne est un stratagème afin d'inclure dans l'amour la sexualité, et par conséquent le commerce, quand l'amour chrétien exclut le rapport humain, et ne peut s'expliquer par lui. Le suicide d'Ophélie est celui de l'"éthique chrétienne".

    L'éthique démocrate-chrétienne participe bien comme le nazisme ou le libéralisme à la mise en valeur de l'instinct. Comme le nazisme, l'éthique démocrate-chrétienne mérite la qualification de pornographie.