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amelie nothomb

  • Mondanités

    Une journaliste, dont le blaze fait supposer l'imbécillité, démontre à l'aide de quelques chiffres que le monde n'a jamais été meilleur qu'aujourd'hui.

    Sans calculs, mais avec un peu d'observation, on devine au rire d'Einstein que la science statistique est une science mondaine.

    Par ailleurs l'écrivaine Amélie Nothomb déclare que son bonheur, aussi grand soit-il, est altéré par la crainte de ne pas rester indéfiniment heureuse : pauvre petite fille riche. 

  • Goebbels pas mort

    Il y a quelques années, l'écrivaine Amélie Nothomb osait comparer les "reality shows" télévisés aux camps de concentration, débordant ainsi largement le cadre de ce qu'il est convenu de dénoncer dans les médiats, avant de retomber au niveau de la métaphysique des Beatles, dont mes frangines se sont lassées vers l'âge de douze ans et demi.

    Si la comparaison camps de concentration/téléréalité est pertinente, alors ça signifie que Benjamin Castaldi est une sorte de "gauleiter" grotesque ? Les flics sont toujours plus ou moins grotesque. La parade du 14-Juillet aux Champs-Elysées n'a-t-elle pas un côté clownesque (que les gosses apprécient à sa juste valeur) ?

    Il me semble qu'il faut cependant nuancer la comparaison de Nothomb pour mieux en saisir le sérieux. D'abord il faut bien voir que la guerre économique diffère de la guerre conventionnelle sur quelques points ; de l'état de nécessité que la guerre conventionnelle renforce, tous les gouvernements -anglais, français, russe, allemand, etc.-, se sont servi pour justifier auprès de la majeure part de la population le rapt d'une minorité de civils et leur incarcération dans des camps. On constate qu'il est plus difficile en temps de guerre économique comme aujourd'hui pour le ministère de l'Intérieur de justifier l'incarcération d'immigrés clandestins auprès de l'opinion publique, qui surveille ce genre d'opérations avec plus d'acuité. J'ai reçu le témoignage direct de "Français de souche" (notion moins stupide que celle d'"identité française" ou d'orthographe) ayant caché des enfants juifs pendant l'Occupation :

    1/ ils connaissaient personnellement les gosses concernés ;

    2/ ils n'avaient pas pris la mesure exacte du danger qui les menaçait s'ils se faisaient pincer, danger probablement assez variable en fonction des divers commandants allemands.

    Cela afin de souligner que les nouveaux moyens de télécommunication ont pour effet de nous isoler davantage les uns des autres que des Français de souche pouvaient l'être il y a soixante ans de gamins d'origine juive. La "télécommunication" renforce "l'attentat contre le réel", expression dont Marx se sert déjà pour caractériser la religion laïque et le capitalisme. Et les télécommunications séduisent avant tout les êtres "hypermoraux", ainsi que la musique (le refuge des faibles dans une société totalitaire est dans une "vie intérieure".)

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    Pour éviter de charger Castaldi, dont on voit bien qu'il ne fait "que faire son métier" (Il n'y a pas de sottes gens, il n'y a que des sots métiers), disons plutôt qu'on constate de la part des sociétés de production qui livrent des gamins en pâture aux spots publicitaires le "modus operandi" habituel de la part d'une administration pénitentiaire. Systématiquement lorsque les "candidats" d'une telle émission s'organisent pour parer les effets pénibles de leur réclusion par une forme de solidarité, de "contrat social" improvisé, ceux qui tirent les ficelles se démènent pour réintroduire le vice et la trahison dans les petits groupes qu'elle manipule, et ce précisément afin de les mieux manipuler. Le système du "kapo" dans un camp de concentration vise "grosso modo" au même but : éviter une trop grande solidarité entre détenus pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

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    Je ne peux m'empêcher de remarquer que ce n'est pas là seulement le témoignage que les organisateurs de tels "divertissements" sournois sont moralement tarés (l'exploitation d'affaires pénales privées par les chaînes d'Etat relève du même genre immonde) ; ça prouve aussi leur manque d'imagination et leur bêtise. Baudelaire a raison de dire que le commerçant le plus avisé est, contrairement à une opinion répandue, le commerçant honnête et non l'escroc, qui finit toujours par se faire rattraper par sa bêtise comme on a pu voir avec Madoff ou Daniel Bouton. Autrement dit, miser sur le goût pour la perversité et le vice du public n'est pas un calcul intelligent à long terme (Le propos de Baudelaire sur l'ambiguïté de la vertu rappelle Sophocle ou Shakespeare et dépasse le niveau de raisonnement de la plupart des curés contemporains de tous bords. Il rejoint aussi Marx sur le point que le capitalisme, en tant que procès systématiquement frauduleux, visant un bénéfice illégal, est condamné par avance à la mort par entropie.)

    Le volontariat des postulants à ce type d'émission n'est bien sûr pas une preuve de liberté. Jusqu'à un certain point, les esclaves chinois au service des cartels industriels chinois sont "volontaires" pour travailler. Le principe du totalitarisme implique même ce sentiment d'être libre de dire et de faire ce qu'on veut qui règne en France aujourd'hui, bien que l'opinion publique aujourd'hui se caractérise par son uniformité si on la compare ne serait-ce qu'à la diversité du XIXe siècle. On peut même dire que les moyens de l'oppression physique sont plus limités que ceux de l'oppression rationnelle.

    Il est tout aussi naïf de croire que, sous prétexte qu'on rémunère ses victimes, on n'est pas un esclavagiste. Le maquereau lui-même ne manque pas de payer ses victimes, et parfois grassement s'agissant de putes de luxe. Ce type de justification par la rémunération a en outre l'inconvénient de conférer de la noblesse au slogan païen ou puritain "Arbeit macht frei", et de le faire paraître moins cynique. C'est la peur qui excite d'ailleurs le désir d'argent comme le désir sexuel et non pas du tout le goût de la liberté. Les Yankis dont le niveau de vie excède d'un tiers celui des Français ont-ils l'air d'être affranchis ? Non, ils ont des airs de porcs qu'on mène à l'abattoir.

    Evidemment si on tient les camps de concentration pour une folie, un mouvement irrationnel, on trouvera la comparaison injuste avec la téléréalité qui a un mobile lucratif déclaré. Il faut pour établir un parallèle entre la téléréalité et son mobile industriel et les camps de concentration penser le totalitarisme dans la formule parfaite énoncée par Hegel au XIXe siècle, c'est-à-dire comme un système reposant sur la foi et sur la raison.