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  • Orwell et la "crise sanitaire"

    Article corrigé (4 févr. 2022) sous forme de fichier pdf à lire ici.

  • S. Weil contre la physique quantique

    La meilleure part de Simone Weil, à mes yeux, est sa critique de la science physique contemporaine. Dès lors qu'on souhaite sincèrement restaurer l'éthique ou la morale commune, selon le voeu de cette essayiste, on doit s'intéresser à la philosophie naturelle, rebaptisée "science physique".

    L’éthique découle en effet de la philosophie naturelle, de sorte que l’on peut dire que lasimone weil,physique quantique,science,einstein,max planck,catherine chevalley barbarie, dans le premier âge du monde ou dans son état de décrépitude actuel, coïncide avec la superstition.

    J'insiste sur la sincérité de Simone Weil car je la considère comme une denrée rare dans les milieux intellectuels, probablement en raison de la façon dont les études universitaires sont organisées en France.

    La critique de Simone Weil, en raison de son parcours scolaire, se concentre sur la physique dite « quantique », nouveau discours sur les atomes, si petits qu’ils ne sont mesurables et l’énergie émise par ces systèmes n’est quantifiable qu’au moyen d’expériences très délicates, où tous les sens humains doivent être suppléés par un appareillage technique sophistiqué. Le discours de la physique quantique est dit « nouveau » car il déduit des expériences menées à l’échelle subatomique des lois contradictoires de celles considérées préalablement valables, à une échelle moins microscopique.

    L’étude de S. Weil, abrégée par sa disparition précoce mais qu'elle entama très tôt, l’a conduite au constat que la science physique quantique n’est pas une science véritable car elle n’existe pas sous la forme d'une vérité exprimée de façon claire et univoque, qui puisse être entendue par des non-spécialistes, ce qui pour S. Weil constitue une exigence scientifique aussi bien qu’éthique. De même n’existerait pas une Histoire du XXe siècle qui se présenterait sous la forme de tableaux enregistrant des données brutes chiffrées, statistiques, s’abstenant d’une description synthétique et raisonnée de ce temps.

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  • Contre Einstein

    - De tout temps la science a eu un impact sur la théologie, et la théologie un impact sur la science. Si la théologie semble avoir été mise entre parenthèses depuis un ou deux siècles en Occident, c'est parce que le progrès scientifique est devenu peu à peu un objet de foi.

    Autrement dit, religion et foi sont amalgamés dans la "culture scientifique" moderne ; l'expression même de "culture scientifique" est une expression plus religieuse que scientifique, bien qu'elle soit largement admise. Il n'est pas rare que telle hypothèse scientifique moderne soit doublée d'un "credo" religieux ; ainsi certains théoriciens du transformisme biologique (évolutionnisme) professent simultanément leur foi dans la démocratie.

    On peut le constater en les étudiant, tous les savants modernes, qualifiés de promoteurs ou pères de la science moderne, étaient également "théologiens", c'est-à-dire préoccupés par des questions théologiques et la correspondance de leurs hypothèses scientifiques avec la bible. On peut citer les hypothèses du mathématicien Galilée sur la forme de l'enfer ; on pourrait citer une foule d'exemples. Ces préoccupations théologiques ne signifient pas que tous ces savants étaient des théologiens rigoureux, mais témoignent de la conscience de l'interaction entre la science et la foi religieuse ou la théologie.

    - Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que des questions d'ordre religieux ou théologique aient été posées à A. Einstein, mathématicien connu pour une théorie relativement obscure dite de la "relativité". C'est plutôt le contraire qui est étonnant, à savoir que le célèbre mathématicien n'ait accordé qu'un intérêt limité à la théologie. A. Einstein est un homme de son temps, contemporain de nouvelles croyances et religieuses telles que la foi dans le progrès social ou la démocratie. Ses opinions sur le christianisme, le judaïsme, et même Spinoza qu'il disait admirer, sont assez vagues et contradictoires.

    - Je ne crois pas que A. Einstein soit le "génie de la science", proclamé tel un peu partout, y compris dans l'université. A. Einstein est certainement l'héritier des mathématiciens et des mathématiques modernes (XVIIe) et sa théorie de la relativité confère aux technocraties modernes une sorte d'aura scientifique. L'objection scientifique n'est pas tant contre Einstein lui-même que contre les "mécaniciens" et la validité de la modélisation mathématique de l'univers. La "géométrie algébrique", rhétorique pure, véhicule un préjugé en faveur du temps, préjugé que la science d'Einstein porte à son paroxysme. Bien sûr aucun esprit scientifique ne peut souscrire au dogme sur lequel l'hypothèse d'Einstein débouche, suivant lequel le prisme humain, l'intelligence humaine, contient l'univers, sous le seul prétexte qu'elle en contient une définition.

    "Je ne crois pas à l'immortalité de l'individu, et j'estime que l'éthique est d'un usage strictement humain, sans autorité supérieure à l'homme derrière." A. Einstein

    Profession de foi athée assez banale. Einstein n'admet pas l'autorité supérieure de la nature en matière d'éthique, ce qui peut sembler curieux pour un physicien et est sans doute caractéristique de la culture bourgeoise moderne et de sa foi dans le progrès. Il n'y a pas "d"éthique chrétienne", car il n'y a pas d'éthique ou de morale "universelle".

     

  • Le hasard, dieu, la science

    A propos d'une interview du philosophe de plateau télé Luc Ferry, en duo avec les savants de plateau télé Igor et Grichka Bogdanov sur le hasard, dieu et la science (Figaro magazine, 25 oct. 2013).

    Je qualifie Luc Ferry de "philosophe de plateau télé" puisqu'il pratique une discipline proche du yoga ou du sermon du curé en chaire le dimanche : les philosophes sont hors du jeu technocratique et n'ont qu'une influence marginale désormais ; tout au plus ils lui fournissent une caution intellectuelle, en parfaits irresponsables, jouant ainsi le rôle de bouffons du souverain peuple, dépourvus d'effet comique. Appelé aux fonctions de ministre de l'Education naguère, L. Ferry y a joué son rôle de ministre d'une grande nation technocratique : il a prononcé des discours.

    Si j'estime juste de réagir, c'est parce que ce digne représentant de l'ordre public, athée comme il se doit (ou c'est préférable), répand un certain nombre de mensonges sur le christianisme, avec la caution de prélats catholiques romains. "Le Figaro magazine" est d'ailleurs depuis une quarantaine d'années un repaire d'occultistes, portant différents masques, tantôt ouvertement satanistes comme feu Louis Pauwels, tantôt démocrates-chrétiens, se servant du christianisme comme d'une propagande au service des élites capitalistes françaises.

    - Le mérite des frères Bogdanov, tout d'abord est de rappeler, s'agissant d'Albert Einstein, que celui-ci, lorsqu'il mentionne "dieu", évoque une sorte de "grand architecte de l'univers" ; A. Einstein est allemand et non juif comme certains propagandistes tentent de le faire croire, un descendant de Pangloss-Leibnitz et non un disciple de Moïse.

    Il ne peut d'ailleurs en être autrement, s'agissant d'un mathématicien ou d'un juriste. Et Luc Ferry tente de faire passer pour chrétienne une "idée de dieu" juridique, introduite frauduleusement par les clercs du moyen âge et perpétuée ensuite par le philosophe allemand E. Kant. Du préjugé mathématique ou juridique découle une conception uniforme de l'univers, régi de la particule aux astéroïdes les plus importants par des lois ou une architecture en principe univoque (666). Tandis que pour les juifs et les chrétiens, a contrario, l'antagonisme des forces cosmiques empêche de déduire des lois mathématiques de la nature uniformes ou une philosophie naturelle éternelle, telle que celle des anciens égyptiens, des brahmanes indiens suppôts de Satan (ou bien encore de F. Nitche).

    - "Le hasard se définit par opposition au déterminisme (...)" L. Ferry

    Faux : les lois mathématiques, probabilités ou statistiques, ne peuvent se passer de la notion d'aléa. Or ce sont des lois qui permettent, à l'instar de l'astrologie auxquelles elles se sont substituées dans le registre moral ou politique, de prévoir ou de prédéterminer les événements. Autrement dit l'idée de destin antique (sur lequel s'appuie le culte de Satan), liée à l'astrologie, a pris dans les temps modernes technocratiques l'aspect des statistiques mathématiques modernes. Contrairement à l'affirmation du philosophe kantien, hasard et déterminisme sont liés. Luc Ferry défend ici subrepticement une conception totalitaire de la liberté, comme étant liée au hasard.

    - "Mais le front du hasard recule à mesure que la science progresse. (...)" Grichka Bogdanov

    Plus logiquement, les frères Bogdanov défendent dans un premier temps une conception matérialiste du hasard proche de celle d'Aristote : plus la science progresse, plus la "part de hasard" diminue. Aristote fait en effet valoir que la science naturelle, c'est-à-dire l'observation attentive de la nature, réduit d'autant plus la croyance dans le mécanisme du hasard, tant la nature paraît organisée de façon à ne laisser aucune place à l'indétermination ou au hasard (c'est tout le problème de la science naturelle évolutionniste : la place qu'elle accorde au hasard et à l'idéologie mathématique en fait une parente de l'idéologie kantienne - en principe un savant naturaliste doit se montrer le plus réticent à l'explication du hasard). Le hasard est donc lié à l'imperfection du prisme humain et sa difficulté à ne pas succomber à des mirages.

    Mais cette conception justifie de la part d'Aristote la méfiance vis-à-vis des spéculations algébriques ou mathématiques, nécessairement hasardeuses. L'indétermination n'est pas "une marge de liberté" selon Aristote, comme elle l'est pour L. Ferry, mais le résultat de l'ignorance. Les frères Bogdanov, pour leur part, ne paraissent pas se douter qu'une science qui veut réduire la part de hasard au maximum, doit se baser sur l'induction et non sur l'outil mathématique spéculatif. Expérimentalement, ceci ne veut pas dire grand-chose : "ce que l'on appelle l'espace-temps résulte du big-bang qui s'est produit il y a 13 milliards 820 millions d'années" ; cela n'explique en rien comment la matière peut-être issue de ses conséquences, que sont le temps et l'espace.

    - "Pouvoir choisir entre le bien et le mal implique qu'il y a des possibles dans le monde, la tradition chrétienne arguera donc de la Providence, l'histoire répondant au dessein de Dieu, lequel a eu cette bonté vis-à-vis des humains de leur accorder une marge de liberté (...)." L. Ferry

    Ici Luc Ferry s'exprime de façon lapidaire sur des notions qu'il ne maîtrise ni ne définit, et prête au christianisme un raisonnement qui n'est pas le sien. On pourrait ironiser sur la démocratie de la même manière : la démocratie implique qu'il y a des possibles, c'est ce qui explique que les démocrates s'accommodent d'Etats providentiels totalitaires, dans lequel l'individu n'a même pas le choix des arts ou des sciences qu'il souhaite étudier. La notion de providence est une notion essentiellement païenne et non chrétienne. Ici L. Ferry confond, sans doute intentionnellement, la subversion du christianisme par les élites occidentales, avec le christianisme lui-même. Il est facile de vérifier en lisant le nouveau testament qu'il est pur de toute notion éthique ou providentialiste. L. Ferry fait d'ailleurs référence à une conception hégélienne de l'histoire ("l'histoire répondant au dessein de dieu"), sans aucun rapport avec le nouveau testament, mais beaucoup plus conforme au millénarisme national-socialiste ou démocrate-chrétien. L'ex-évêque de Rome Joseph Ratzinger était imbibé d'une telle philosophie : si elle engendre aussi bien des croyants comme J. Ratzinger, que des athées comme Luc Ferry, c'est avant tout parce que le raisonnement hégélien, comme tout raisonnement providentialiste, a pour effet de cautionner l'élite intellectuelle et politique. 

    - "D'un point de vue épistémologique, la causalité n'est donc qu'une méthode de travail scientifique, et non pas ontologique (...)" L. Ferry

    Ici L. Ferry aborde un sujet qu'il maîtrise un peu mieux ; un sujet primordial sur le plan de l'histoire des sciences. L'ontologie est bien abandonnée au profit de l'étude des causes, mais non pour une raison "scientifique" comme le prétendent Ferry et Karl Popper (exemple type du faux savant ou de l'imposteur faisant foi dans l'université), mais pour des raisons TECHNOCRATIQUES. La science polytechnique ou technocratique n'a d'autres finalité que l'efficacité. L'assimilation de la technique à la science est une ruse des élites occidentales. Par conséquent la scission entre l'ontologie et la science résulte d'un artifice, et non d'une démarche scientifique. Le polytechnicien ou l'ingénieur, au contraire du savant véritable, s'accommode de l'idée d'infini ou d'indéfini.

    (A SUIVRE)

     

  • Mondanités

    Une journaliste, dont le blaze fait supposer l'imbécillité, démontre à l'aide de quelques chiffres que le monde n'a jamais été meilleur qu'aujourd'hui.

    Sans calculs, mais avec un peu d'observation, on devine au rire d'Einstein que la science statistique est une science mondaine.

    Par ailleurs l'écrivaine Amélie Nothomb déclare que son bonheur, aussi grand soit-il, est altéré par la crainte de ne pas rester indéfiniment heureuse : pauvre petite fille riche. 

  • Einstein et le relativisme

    F. Nitche combat le relativisme moral des élites modernes "judéo-chrétiennes". Il nie d'ailleurs que ce relativisme soit un individualisme véritable, et il en fait une des causes principales du populisme et de ses conséquences ravageuses pour l'Occident.

    Le point de vue d'Einstein est relativiste, dans la première proposition, puis absolu dans la deuxième. Exactement comme les valeurs éthiques modernes satisfont d'abord le point de vue des élites dirigeantes, avant de s'imposer ensuite à tout le monde.

    Le cas n'est pas rare dans l'histoire de discours apparemment scientifiques, uniquement destinés à conforter le point de vue éthique dominant, c'est-à-dire à permettre la mise en correspondance de la science et du droit.

    Le matérialisme dans le domaine de la science physique est, selon Nitche, le meilleur garant contre un tel relativisme et des propositions éthiques, scientifiques et artistiques, entièrement fictives ou hypothétiques, dont la solution finale ne peut être que catastrophique. Mais, s'il est beaucoup plus restrictif que celui de la science-fiction moderne, le point de vue matérialiste de Nitche n'en est pas moins lui-même relatif. La théorie du chaos, qui préside selon Nitche au destin du cosmos, laisse transparaître le préjugé de Nitche sur l'organisation du cosmos, pratiquement comme si le préjugé était le mode de raisonnement principal de l'homme d'élite, et que la science physique fournissait la meilleure caution à l'élitisme. On peut dire que la manière dont Nitche met la métaphysique hors-jeu et lui refuse tout caractère visionnaire est pratiquement un réflexe de caste. C'est un brahmane peut-être plus rigoureux que tous les brahmanes que l'Inde a jamais engendrés, défendant le système solaire (666) contre le double danger de la métaphysique et du mouvement moderne d'aliénation mentale. Il y a tout lieu de prendre l'inspiration satanique de Nitche au sérieux.

    Certains se demandent parfois pourquoi l'art moderne est détaché de toute cosmologie véritable, et paraît ainsi sonner aussi creux que le vase de Pandore. C'est tout simplement parce que les élites modernes occupent la place que la nature occupait dans l'art jusqu'à la Renaissance. C'est la caractéristique du totalitarisme moderne d'inventer la nature sous la forme d'une science-fiction.



  • Oublier le temps

    Un mathématicien franco-italien, Carlo Rovelli, vient de publier : "Il faut oublier le temps." J'ai eu l'occasion naguère lors d'un colloque scientifique d'exprimer mon doute à ce fonctionnaire de la science, quant au sérieux de la science universitaire contemporaine. Mon initiative venait de ce qu'il paraissait lui-même fort empêtré dans la théorie d'Einstein sur la relativité du temps, affectée par lui à travers la notion floue d'espace à la matière elle-même.

    - Dialogue impossible avec le représentant d'une science technocratique, qui ne conçoit pas, ou mal, la convergence de la science, de l'art et de la théologie, de sorte qu'ils se reflètent toujours à travers les âges, d'une manière plus ou moins aisée à distinguer. L'art, la science et la théologie de l'Egypte antique, civilisation la plus pure, se répondent ainsi parfaitement.

    L'esprit français quant à lui, moins religieux et plus concret que celui des autres peuples, conçoit mal qu'une science qui repose sur le langage et des concepts mathématiques absents dans la nature, se proclame "expérimentale". On voit d'ailleurs que la haute définition du langage algébrique s'accommode du flou le plus complet sur des notions telles que l'espace ou l'infini, vocables sous lesquels chacun peut pratiquement placer ce qu'il entend.

    La science est un enjeu théologique majeur, et vice-versa. Y compris aujourd'hui, dans la mesure où la technocratie sous l'empire desquelles nous évoluons, se doublent d'une sorte de culte ou de religion qu'on peut qualifier de prométhéenne. En quelque sorte le feu nucléaire inspire un respect analogue à celui que le fleuve amazone a pu inspirer à telle ou telle tribu riveraine. Etc.

    Comme l'art égyptien reflète la géométrie et la science égyptienne, je fais remarquer que les mathématiques modernes trouvent un écho dans l'art du divertissement où la culture nord-américaine brille. Seul un ignorant pourra contester le rapport étroit entre la religion et le divertissement. Toutes les religions païennes l'ont soigneusement prévu et organisé comme soupape à la contrainte de l'ordre social. Il est parfaitement juste de la part de l'historien Marx, relayé par Orwell dans le même sens, d'indiquer le caractère éminement religieux du monde moderne technocratique, c'est-à-dire son inclination pour la vertu et le mode de raisonnement virtuel.

    L'application la plus courante qu'on puisse rencontrer du voyage dans le temps est le cinéma, qui fait éprouver à ses adeptes un tel phénomène virtuel. "Il faut oublier le temps." : une telle proposition, dans le domaine artistique, entraîne l'artiste à reléguer le cinéma au niveau de la musique, c'est-à-dire du divertissement religieux ou culturel, sans grand intérêt par conséquent pour élever l'humanité au-dessus de la bêtise animale qui est son penchant alternatif. Autant dire que pour un savant/théologien/artiste juif ou chrétien, le mélange de cinéma et d'humanisme passe nécessairement pour une grossière plaisanterie. Autant laisser faire l'art par des ordinateurs, si vous voyez ce que je veux dire, et s'en remettre à eux pour libérer l'homme de la condition humaine. Il faut dire ici à quel point l'éthique moderne est propice à la fainéantise, et j'ai toujours vu depuis ma plus tendre enfance le cinéma fréquenté par des branleurs à la recherche du temps perdu. A partir de là, ça détermine forcément une économie fondée sur l'exploitation d'autrui : je veux dire lorsque pour le profit de divertissements assez médiocres, il faut dépenser des millions, conséquemment des esclaves doivent turbiner en parallèle toute la journée avec la devise : "Le travail rend libre." placardée au-dessus de leur tête. Des concepts frauduleux et perturbateurs de l'intelligence humaine, comme la "propriété intellectuelle", en découlent aussi.

    Très nombreux sont les artistes dans l'histoire qui, contrairement aux prêtres fainéants, se proposent par conséquent de ne pas tenir compte du temps et de ses effets dans leur art. Pensez que, sans ça, on n'aurait que des artistes académiques ou modernes (l'académisme est toujours ce qui paraît le plus moderne sur le moment). Shakespeare, qui tient compte du temps suivant l'observation que celui-ci exerce une contrainte majeure sur le progrès et l'imagination ("L'art est long, la vie est courte"), ne voyage pas dans le temps jusqu'à nous. La réalité est autre : Shakespeare se maintient en relation avec nous du fait de son propos universel, par conséquent hors du temps et des dogmes religieux. Shakespeare n'est pas menacé par la ruine, et dévalue ainsi les civilisations les plus orgueilleuses, dont la jalousie viscérale fait d'ailleurs qu'elles ont tenté d'effacer ses oeuvres.

    Sur le plan scientifique, "oublier le temps" revient à extraire la science de la fonction technocratique et religieuse qui lui est assignée. La science ne peut être "consciente", et non irresponsable comme la polytechnique, disculpée par la propagande et l'éducation civique scientifique de tous ses crimes abominables, "consciente" selon le voeu des humanistes, que sur le plan individuel. Il n'y a aucun dommage à rejeter le mobile technocratique, et à mépriser des tocards arrogants qui, à coups de milliards, ne parviennent même pas à atteindre le but limité que les arts libéraux ne peuvent dépasser : la jouissance paisible du plus grand nombre, et un équilibre relatif, point de départ et non terminus de la science véritable. Toute la difficulté est de ramener à une moindre lâcheté l'Occident, qui s'est exposé lui-même par la gabegie de ses élites à un mauvais film terrifiant : le reflet de sa bêtise, l'insondable connerie qui consiste à se rassurer à l'aide de systèmes providentiels, qui sont la première cause de la tragédie humaine. 

  • Science sans conscience

    Débarrassons-nous d'emblée de l'idée stupide, portant la marque de l'université, que Rabelais met en garde contre une science immorale, ne tenant pas compte de l'éthique. Rabelais n'est pas un de ces crétins républicains athées, dont les valeurs imitent celles de l'Eglise romaine, sans même qu'ils s'en aperçoivent, croyant sans doute avoir inventé la franc-maçonnerie et les ruses modernes pour envoyer le peuple se faire zigouiller en première ligne. BHL avec son judaïsme de foire est l'équivalent d'un Bernard de Clairvaux ou d'un frère dominicain, incitant autrui à l'assassinat d'autrui pour le compte de sa paroisse.

    - L'éthique n'est pas le genre de machin nazi que le Français gobe facilement, notamment grâce à Rabelais. Les valeurs républicaines sont plus éloignées de l'esprit français que les valeurs islamiques (ne serait-ce que parce que les musulmans de France sont plus pauvres, et font donc courir un risque de faillite moins grand que les banquiers qui sponsorisent le PS et sa propagande, ou tel ou tel parti).

    Rabelais dit tout le contraire : la science la plus éthique -l'histoire de France selon un prof républicain, par exemple- est la plus inconsciente et la plus néfaste. L'avertissement de Rabelais est contre la science technique ; de même Francis Bacon mettra en garde ultérieurement contre la "science prométhéenne".

    Tandis qu'on admire outre-Rhin les "techniciens", les Français comprennent mieux pourquoi Einstein fait des grimaces de singe, et pas mal de mathématiciens finissent à l'asile psychiatrique, à force d'essayer de résoudre la quadrature du cercle. Einstein est un moraliste qui se rend à peine compte que ses théorèmes rendent la morale impossible autrement que sous la forme du gangstérisme ou du cinéma.

    Si les neurologues modernes sont des imbéciles, c'est parce que les cordonniers sont les plus mal chaussés. 

  • Einstein l'imposteur

    Les juifs qui découvrent dans l'actualité récente les insultes proférées par Einstein à l'encontre de dieu ou de la bible peuvent être certains que ce renégat ne vaut pas mieux dans le domaine scientifique que dans celui de la foi. La religion d'Einstein est une sorte de millénarisme similaire à celui de Hitler.

    Einstein est égyptien, comme tous les logocrates et les polytechniciens. Moïse ne s'est pas payé la tête du peuple. Einstein et les élites républicaines, si, en particulier quand elles déclarent aimer les juifs, tout en matraquant les esprits de mathématiques égyptiennes et de calculs babyloniens sordides. L'adulation d'Einstein vient des Etats-Unis et leur régime oedipien, leur spiritualité démoniaque, leur culture de vie païenne, leurs cinémas à tous les coins de rue, rendant un culte permanent à Moloch Baal.

    Pour le logocrate, dieu est bon pour maintenir l'ordre social, c'est une marionnette.

  • Kulture de mort

    La Kulture n'est rien d'autre que le masque bourgeois de l'ignorance. Proust, madame Bovary, le bourgeois gentilhomme ou Adolf Hitler sont "cultivés". On ne saurait insinuer poison plus mortel dans l'oreille d'un gosse d'immigré que cette idée saugrenue de "culture française". La Kulture n'est utile que dans les dîners mondains, sur les plateaux de télé ou pour meubler un appartement avec goût ; la culture, c'est la binette du parvenu.

    Même le plus romain et discipliné des humanistes français -mettons Montaigne- ne manquerait pas assez d'esprit critique pour cautionner ce costard cartésien cousu de fil blanc, pour ne pas piger que la culture est nécessairement "à géométrie variable" comme les sophismes de l'atomiste Einstein, c'est-à-dire entièrement soumise au principe de la mode. Ainsi le moderne devient "antimoderne" lorsque le train de la modernité est passé, et retournera ainsi de suite sa veste en temps utile.

    N'est véritablement "cultivé" aujourd'hui qu'untel qui connaît les derniers avatars du cinéma hollywoodien et les dix plus gros tubes du Top 50. Ce que le bourgeois ne supporte pas dans la contre-culture, c'est qu'elle lui succède. Laissons les académiciens atteints de gâtisme, confits dans leur mémoire de collectionneurs, pleurer devant le vide-grenier de la culture française.

    *

    Un conseil simple qu'on peut donner à un gosse d'immigré, puisque c'est la seule voie de l'intelligence qui lui permettra de s'affranchir du football et des corvées que les libéraux cyniques et fainéants lui infligent : se cantonner aux oeuvres de la Renaissance française et européenne (disponibles gratuitement sur Google). Gain de temps assuré lorsqu'on a autre chose à foutre que convertir le temps en argent ou lire des romans de Flaubert après Flaubert, ce qui revient pour une demoiselle à continuer de porter des robes à cerceaux.

    Louis-Ferdinand Céline lui-même, mis au ban par la bourgeoisie pour n'avoir pas assez passé de temps à lui lécher la sainte fente, aurait donné tout son ouvrage de moine cistercien défroqué contre deux vers de Shakespeare. Voilà l'esprit critique français, on ne peut plus empreint d'abnégation.

    Proust l'a dit, pourquoi le bourgeois bouffe de tout et n'importe quoi, et montre plus de vigilance sur le point de la gastronomie ou la façon de se faire enculer que dans les questions spirituelles : il croit ainsi obtenir naïvement un délai. Ce faisant il ne fait que vivre à crédit, et cette vie-là est comme une mort. La seule puissance que le diable accorde à ses sujets, c'est d'anticiper leur mort.

  • Bacon, ce héros

    La logique veut que François Bacon, qui érige le principe de la science universelle contre la science universitaire, soit battu en brèche au long du temps par des thésards venus de tous les horizons ; et primo ceux du "grand siècle".

    Après la thèse sur Bacon la plus inepte, celle de Benoît XVI, qui dépasse les bornes de la mauvaise foi en imputant à cet esprit - trop fort pour l'Angleterre, comme son double W. Shakespeare -, la paternité de la métaphysique technologique actuelle (les téléfilms yankis permettent de constater qu'il s'agit plutôt d'une pataphysique ésotérique), on peut citer le procédé le plus vicieux, celui de Hobbes, figure emblématique de la religion judéo-chrétienne.

    Il faut en effet toute la perfidie de Hobbes pour emprunter à Bacon son exégèse "cléricalement incorrecte" des Evangiles afin de mieux consolider la nef de la théocratie anglaise, quand nul n'a mieux discerné que Bacon les effets dévastateurs de la politique et de la morale sur la théologie et l'art, disons, au-delà d'un certain point dépassant les objets de culte artisanaux et la musique de chambre.

    Or, sans Hobbes, que seraient Leibniz ou Hegel, qui n'ont fait dans le premier cas que consacrer le caractère absolu de l'Etat (absolutisme que Einstein n'a pas eu de mal à "relativiser") ; dans le cas de Hegel mettre en branle le Léviathan ?

    La mauvaise foi de Joseph Ratzinger met en relief la grande fidélité chrétienne de Bacon ; il convient aussi de remarquer cette opposition-là. Car ce que les clercs ont emprunté largement aux paganismes, romain notamment, ce sont leurs principes politiques et moraux, avec au XVIIe siècle une ténacité plus farouche qu'au moyen âge (sur ce point de détail Marx s'est peut-être pendant un laps "égaré"). Tandis que Bacon s'est gardé de prendre ce chemin de traverse, qui aboutit à confondre Jésus avec Ponce-Pilate (auquel certains poètes chrétiens ont rendu un hommage indécent). Bacon a pris aux païens autant que possible le meilleur de leur science naturelle et de leur intelligence artistique, beaucoup moins soumises à la griffe du temps et aux variations des saisons. Bacon s'est tout simplement avisé de ce que la statique païenne est corrélée à l'animisme, et l'animisme au temps, à travers les éléments déchaînés. Si Rome s'est contentée de prolonger Athènes, comme Marx en fait la preuve précise, sans la surmonter, c'est en raison de l'indexation des principes romains sur le temps. A croire que n'excite l'admiration de la Rome antique chez les penseurs judéo-chrétiens, que son habileté au pillage. Inégalés, certes, Cicéron, Lucrèce ou Virgile, par leurs suiveurs.

  • Philologie

    L'espèce des philologues est, parmi la race des experts, la plus méprisable ; Nitche, ou plus récemment J. de Romilly, à peine plus virile.

    Il semble que la philologie soit une passion typiquement romaine puisque la théologie de saint Augustin est émaillée de remarques philologiques, parfois des erreurs manifestes de traduction.

    Le philologue n'atteint pas le bon sens moyen, celui d'un maçon ou d'un boulanger par exemple, étant donné que son outil est à la fois l'objet et le moyen de son ouvrage, ce qui est la façon la plus sûre de s'emmêler les pinceaux, de dire ou faire n'importe quoi. Autrement dit, un philologue sera prédisposé à gober les salades d'Einstein ou de Poincaré, qui apparaîtront à un homme plus sensé comme une vaste blague.

    Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle Voltaire a admis et fait de la publicité à une théorie, celle de Newton, qui pour décrire les interactions entre les corps célestes s'inspire d'équations censées encadrer la force centrifuge, équations dans lesquelles la masse - je répète pour ceux qui ont du plomb dans la cervelle : la masse, n'intervient même pas ; ça aurait dû mettre la puce à l'oreille de Voltaire, au moins le problème de la traduction de l'algèbre au "phénomène physique" supposé, dans la mesure où par ailleurs, pour des raisons d'ordre culturel et théologique, Newton identifie quasiment l'espace à la matière.

     

  • Le Koh-I-Noor

    Mais si je devais choisir un diamant pur pour le mariage de Claudius avec la reine Gertrude, autrement dit du diable avec l'Eglise, je ne choisirais pas Nitche, trop mal taillé par une brute maladroite.

    Je ne choisirais pas Einstein non plus, qui fait trop strass, camelote de chez Tiffany. Je crois que je prendrais Bachelard. Il est pour l'heure ce que j'ai pu trouver de plus régulièrement et précisément taillé dans le mensonge. Bien sûr, Pythagore a beaucoup plus de gueule, Pythagore c'est le Koh-I-Noor comparé à Bachelard. On peut même dire de la théorie de Pythagore qu'elle tient entièrement dans une pierre précieuse. Comme il s'agit d'un mariage bourgeois, et que l'Eglise est une mariée beaucoup trop anémique pour pouvoir porter Pythagore au doigt, je choisis Bachelard, petit ruisseau qui se jette dans la Méditerranée.