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  • (Muppet) Show must go on

    Il n'y a que dans le "Club de l'Economie" de Jean-Marc Sylvestre qu'on peut revoir cette "gueule cassée" de la politique qu'est Alain Madelin.

    La politique, cet ahuri de Madelin, espèce de ravi du casino, n'a jamais fait qu'en essuyer les plâtres ; depuis que je suis gosse, je le vois défendre les mêmes causes perdues d'avance avec le même enthousiasme. Me fait penser à ces maniaques qui, de façon récurrente, réclament la réouverture des maisons closes.

    Le plus invraisemblable c'est qu'on ressorte ce cocu de mécanisme horloger suisse précisément aujourd'hui quand le temps marque un recul dans les esprits, et les martingales se culbutent les unes les autres comme un château de Descartes sur lequel le Paraclet soufflerait.

    Madelin est aussi ce personnage d'ingénieur-fou dans "Mort à Crédit" qui rêve d'inventer la pomme de terre de trente livres où la montgolfière à pédalier double.

    Il croit que la polytechnique et l'invention de nouveaux gadgets sauveront les gangsters en cols blancs du Capital au dernier moment.

    Et personne pour rétorquer à Madelin qu'il n'y a JAMAIS eu dans l'histoire de science plus liée à l'Etat que la science polytechnique. Aux Etats-Unis comme en France, l'ingénieur en quête de nouveaux outils technologiques est d'abord un fonctionnaire. D'où est-ce que Madelin croit que les cinq cent millions de dollars qui ont servi à promouvoir Barack Obama viennent ?

    - La polytechnique est si liée à l'étatisme et si peu à l'imagination libre qu'elle a permis à Staline de venir concurrencer les Etats-Unis sur leur propre terrain alors que la Russie des tsars était aussi médiévale et agricole que la Bretagne à la fin du XIXe siècle (Je cite la Bretagne parce que j'y ai observé la même dévotion -féminine et hystérique- pour la polytechnique qu'en Allemagne).

    - La polytechnique est si liée à l'étatisme qu'elle fait partie à part entière de la religion de l'Etat.

    Son développement est parallèle à la substitution progressive de l'Etat à Dieu depuis le XVIIe siècle, selon le processus décrit par Karl Marx ou Simone Weil ; si cette dernière a pu voir l'absurdité de la science de Max Planck et des équations de Helmholtz, c'est certainement grâce aux études de Marx qui décrivent la métamorphose d'un judéo-christianisme à bout de souffle en religion de l'Etat laïc. Le délire de Helmholtz est bel et bien un délire religieux.

    - A. Soljénitsyne a fait partie en tant qu'ancien soldat de l'Armée Rouge avec son ami Dimitri Panine d'un groupe d'ingénieurs reclus dans un goulag spécial, et il fait lui-même la comparaison entre sa situation et celle d'un moine (S. était en outre ravi que le goulag le débarrasse d'une première épouse qu'il ne pouvait plus sacquer, à qui il devait reprocher de n'être pas assez maternelle vu le tempérament de "bonne du curé" de la remplaçante).

    Le rapport est plus étroit que Soljénitsyne lui-même ne croit entre la science de l'ingénieur et celle du moine. On pourrait dire qu'elles sont toutes les deux "cellulaires" et "spéculatives".

    On peut s'en rendre compte sous un autre angle, celui du fétichisme. L'objet, quel qu'il soit, simple cruche à eau ou "outil de défense nationale" odieux aux yeux d'un chrétien, a un rapport avec l'âme et la culture de l'âme. L'objet est aussi organique que l'âme. Il ne faut pas s'étonner de la part du fétichiste ou du collectionneur d'une véritable mystique de l'objet, par conséquent.

    L'objet fait plus que satisfaire un besoin naturel dans la religion capitaliste ; il a comme la gloire pour Achille effet de rassurer le capitaliste sur sa survie dans l'au-delà, le Nirvanâ de Nitche ou Dieu sait quelle breloque pour touriste sexuel.

  • Les Experts de TF1

    Fascinante émission que le "Club de l'Economie" sur TF1, animée par Jean-Marc Sylvestre. Là il faut avouer que, question vulgarité, les feuilletons yankis sont battus.

    On comprend l'intérêt pour les "500 familles" de types comme Sarkozy, Chirac ou Jospin pour les représenter officiellement quand on regarde cette émission, car les tocards réunis habituellement par Jean-Marc Sylvestre sur son plateau ont de quoi faire effrayer la ménagère française de moins de cinquante ans et plus comparés aux politiciens.

    La première fois que j'ai vu et entendu ledit Marc de Scitivaux s'exprimer, j'ai même cru qu'il s'agissait d'une parodie d'un chansonnier (même effet que rend la foire d'art contemporain ; on se dit : "Tiens, voilà un truc qui ne se prend pas au sérieux ; et puis si, il y a quand même un prix de vente affiché.").

    Ce Scityvaux, des "Cahiers Verts de l'économie", n'était sa moindre omniprésence à la télévision, ne le cèderait en rien à Jacques Attali pour ce qui est de l'autopromotion du néant.

    Quand le bonimenteur J.-M. Sylvestre le gratifie d'un "meilleur prévisionniste de la planète" (sic), le Scitivaux se rengorge et secoue fièrement ses fanons de grand mâle cocu dominant. Et justifie à lui seul tous les délits de faciès de la caricature.

    Dernière innovation dans l'émission, J.-M. Sylvestre a recruté une sorte d'entraîneuse, une croupière pour essayer de faire reluire un peu les barbons de son plateau ; qui ressemble à une sorte de pute bavaroise mise au régime sec et maquillée comme une Mercedes volée. Et ça marche ! Les types rosissent un peu, on sent qu'ils brûlent de lui montrer leurs comptes en banques. Rappel que la prostitution joue dans le capitalisme un rôle clef. Marc de Scitivaux parle de "surinvestissement dans les technologies internet", mais c'est oublier un peu vite les milliards de bénéfices supplémentaires engrangés par la prostitution au cours des premières années de développement du réseau internet. Le Scitivaux devrait déplorer plutôt que tous les capitalistes ne soient pas des maquereaux ou des escrocs efficaces ; ça c'est un vrai problème ; on l'a vu avec Kerviel, il était sans doute trop honnête pour faire un bon financier.

    Ce "Club de l'économie" peut être vu comme un feuilleton porno. Ne manque même pas à la partie fine l'aristo fin de race, journaliste au "Figaro" ayant épousé une riche entreprise juive pour éponger ses dettes, Yves de Kerdrel : voix de fausset, raie sur le côté, veste de chasse au vestiaire. Mais du porno édifiant. Je compte enregistrer l'émission pour la montrer à mes neveux. A leur âge, le fameux "Qui veut gagner sa vie la perdra" est un peu abstrait et un "Si tu veux gagner ta vie, tu ressembleras à Marc de Scityvaux plus tard" serait plus parlant.

  • La gueule du peuple

    Le gangstérisme est la meilleure illustration de ce que les banquiers capitalistes vantent habituellement sous le nom pompeux "d'esprit d'entreprise" ou "d'initiative privée". A tel point qu'on peut garantir sur facture que derrière une telle profession de foi prétendument libérale se cache un escroc.

    Que les escrocs soient au bout du compte leurs propres dupes a été annoncé par Marx.

    Lorsqu'un banquier déclare que l'Etat est un frein au libéralisme, il entend par là que, sans la police, les gangsters de tous poils pourraient s'adonner sans retenue à leur activité favorite.

    Il me semble qu'on a rarement vu façon plus vulgaire de se foutre de la gueule du peuple que le "Club de l'économie" de Jean-Marc Sylvestre sur TF1, où une bande de brutasses joviales pas fraichement émoulues de Sciences-po ou Polytechnique, mélangées à des journalistes du "Figaro", s'échange des tuyaux, recettes de cuisine et autres martingales pascaliennes devant la France entière.

  • Goebbels pas mort

    Il y a quelques années, l'écrivaine Amélie Nothomb osait comparer les "reality shows" télévisés aux camps de concentration, débordant ainsi largement le cadre de ce qu'il est convenu de dénoncer dans les médiats, avant de retomber au niveau de la métaphysique des Beatles, dont mes frangines se sont lassées vers l'âge de douze ans et demi.

    Si la comparaison camps de concentration/téléréalité est pertinente, alors ça signifie que Benjamin Castaldi est une sorte de "gauleiter" grotesque ? Les flics sont toujours plus ou moins grotesque. La parade du 14-Juillet aux Champs-Elysées n'a-t-elle pas un côté clownesque (que les gosses apprécient à sa juste valeur) ?

    Il me semble qu'il faut cependant nuancer la comparaison de Nothomb pour mieux en saisir le sérieux. D'abord il faut bien voir que la guerre économique diffère de la guerre conventionnelle sur quelques points ; de l'état de nécessité que la guerre conventionnelle renforce, tous les gouvernements -anglais, français, russe, allemand, etc.-, se sont servi pour justifier auprès de la majeure part de la population le rapt d'une minorité de civils et leur incarcération dans des camps. On constate qu'il est plus difficile en temps de guerre économique comme aujourd'hui pour le ministère de l'Intérieur de justifier l'incarcération d'immigrés clandestins auprès de l'opinion publique, qui surveille ce genre d'opérations avec plus d'acuité. J'ai reçu le témoignage direct de "Français de souche" (notion moins stupide que celle d'"identité française" ou d'orthographe) ayant caché des enfants juifs pendant l'Occupation :

    1/ ils connaissaient personnellement les gosses concernés ;

    2/ ils n'avaient pas pris la mesure exacte du danger qui les menaçait s'ils se faisaient pincer, danger probablement assez variable en fonction des divers commandants allemands.

    Cela afin de souligner que les nouveaux moyens de télécommunication ont pour effet de nous isoler davantage les uns des autres que des Français de souche pouvaient l'être il y a soixante ans de gamins d'origine juive. La "télécommunication" renforce "l'attentat contre le réel", expression dont Marx se sert déjà pour caractériser la religion laïque et le capitalisme. Et les télécommunications séduisent avant tout les êtres "hypermoraux", ainsi que la musique (le refuge des faibles dans une société totalitaire est dans une "vie intérieure".)

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    Pour éviter de charger Castaldi, dont on voit bien qu'il ne fait "que faire son métier" (Il n'y a pas de sottes gens, il n'y a que des sots métiers), disons plutôt qu'on constate de la part des sociétés de production qui livrent des gamins en pâture aux spots publicitaires le "modus operandi" habituel de la part d'une administration pénitentiaire. Systématiquement lorsque les "candidats" d'une telle émission s'organisent pour parer les effets pénibles de leur réclusion par une forme de solidarité, de "contrat social" improvisé, ceux qui tirent les ficelles se démènent pour réintroduire le vice et la trahison dans les petits groupes qu'elle manipule, et ce précisément afin de les mieux manipuler. Le système du "kapo" dans un camp de concentration vise "grosso modo" au même but : éviter une trop grande solidarité entre détenus pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

    *

    Je ne peux m'empêcher de remarquer que ce n'est pas là seulement le témoignage que les organisateurs de tels "divertissements" sournois sont moralement tarés (l'exploitation d'affaires pénales privées par les chaînes d'Etat relève du même genre immonde) ; ça prouve aussi leur manque d'imagination et leur bêtise. Baudelaire a raison de dire que le commerçant le plus avisé est, contrairement à une opinion répandue, le commerçant honnête et non l'escroc, qui finit toujours par se faire rattraper par sa bêtise comme on a pu voir avec Madoff ou Daniel Bouton. Autrement dit, miser sur le goût pour la perversité et le vice du public n'est pas un calcul intelligent à long terme (Le propos de Baudelaire sur l'ambiguïté de la vertu rappelle Sophocle ou Shakespeare et dépasse le niveau de raisonnement de la plupart des curés contemporains de tous bords. Il rejoint aussi Marx sur le point que le capitalisme, en tant que procès systématiquement frauduleux, visant un bénéfice illégal, est condamné par avance à la mort par entropie.)

    Le volontariat des postulants à ce type d'émission n'est bien sûr pas une preuve de liberté. Jusqu'à un certain point, les esclaves chinois au service des cartels industriels chinois sont "volontaires" pour travailler. Le principe du totalitarisme implique même ce sentiment d'être libre de dire et de faire ce qu'on veut qui règne en France aujourd'hui, bien que l'opinion publique aujourd'hui se caractérise par son uniformité si on la compare ne serait-ce qu'à la diversité du XIXe siècle. On peut même dire que les moyens de l'oppression physique sont plus limités que ceux de l'oppression rationnelle.

    Il est tout aussi naïf de croire que, sous prétexte qu'on rémunère ses victimes, on n'est pas un esclavagiste. Le maquereau lui-même ne manque pas de payer ses victimes, et parfois grassement s'agissant de putes de luxe. Ce type de justification par la rémunération a en outre l'inconvénient de conférer de la noblesse au slogan païen ou puritain "Arbeit macht frei", et de le faire paraître moins cynique. C'est la peur qui excite d'ailleurs le désir d'argent comme le désir sexuel et non pas du tout le goût de la liberté. Les Yankis dont le niveau de vie excède d'un tiers celui des Français ont-ils l'air d'être affranchis ? Non, ils ont des airs de porcs qu'on mène à l'abattoir.

    Evidemment si on tient les camps de concentration pour une folie, un mouvement irrationnel, on trouvera la comparaison injuste avec la téléréalité qui a un mobile lucratif déclaré. Il faut pour établir un parallèle entre la téléréalité et son mobile industriel et les camps de concentration penser le totalitarisme dans la formule parfaite énoncée par Hegel au XIXe siècle, c'est-à-dire comme un système reposant sur la foi et sur la raison.