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laïque

  • Bêtise laïque

    On peut définir la culture laïque comme "une culture de la libre-pensée obligatoire" ; cette définition caricaturale permet de souligner la bêtise laïque, en même temps qu'elle est un paradoxe élevé au rang de doctrine ; et même l'origine chrétienne de la laïcité est perceptible.

    En effet, en ce qui concerne ce dernier aspect, nulle religion n'a jamais paru plus proche de la libre-pensée que la religion de Jésus-Christ, qui attisa contre lui pour cette raison la vindicte des représentants de la religion juive et des autorités civiles et militaires romaines.

    La figure de Jésus-Christ libre-penseur est si frappante, soulignée d'ailleurs par les épîtres de Paul, que son assassinat a pu être approuvé par des doctrinaires partisans de l'ordre public, en l'absence même de motif de condamnation légale valable (!) ; F. Nitche est peut-être le plus célèbre, mais surtout le plus franc d'entre eux, qui désigne Jésus-Christ comme un anarchiste. A l'inverse, nombreux sont les doctrinaires révolutionnaires, sincèrement chrétiens ou non, qui se sont servi de l'argument de la libre-pensée chrétienne contre l'autorité de l'Eglise catholique (afin de mettre sa doctrine en porte-à-faux) ; on pourrait multiplier les exemples, contentons-nous de citer Diderot (athée), Rousseau (chrétien), d'Holbach, ainsi que Marx plus récemment.

    La logique de purge du judaïsme et du christianisme, correspondant au voeu de Nitche ou d'athées militants voudrait qu'on instaure un régime théocratique, proscrivant la libre-pensée au lieu de la promouvoir. Nitche en est parfaitement conscient.

    Aucun homme de loi, aucun politicien honnête et compétent ne parviendra en effet à justifier le besoin de la libre-pensée sur le plan politique et social. Si les espèces animales fournissent des exemples d'organisations politiques parfaites, c'est bien parce que la volonté animale est exclusivement tendue vers la jouissance, à l'exclusion de tout principe ou de toute chose métaphysique. Les Anciens en tiraient une leçon sur le rapport de la bêtise et de la politique, et de cette leçon une double limite, haute et basse, assignée à la politique.

    Mais l'éradication de la libre-pensée par le biais de la théocratie s'est avérée inefficace chaque fois qu'elle a été tentée (Napoléon, Hitler). La bourgeoisie libérale a mis en place une stratégie bien plus efficace ; principalement en réduisant la liberté à la liberté de jouir, en quoi le libéralisme excède toutes les sortes de cultures barbares du passé, et le Dr Johnson n'a pas déduit pour rien de sa lecture du "Marchand de Venise" que "le libéralisme est l'invention de Satan". Sur le plan juridique, la bourgeoisie libérale a choisi de mettre en place une théocratie qui ne dit pas son nom, que l'on peut qualifier d'anthropothéocratie. La ruse est grossière puisqu'il s'agit d'inciter le citoyen d'une nation anthropothéocratique à renoncer à la liberté, non pas au nom du droit divin représenté par une caste particulière de prêtres et de princes, mais au nom d'une volonté générale qu'une caste de hauts fonctionnaires prétend incarner. L'arcane est à la fois grossière et instable - on le voit à travers cette "laïcité sacrée" dont chaque citoyen propose une définition conforme à son désir ou presque.

    Cette anthropothéocratie a grand peine, de surcroît, à dissimuler qu'elle est un culte du veau d'or. L'Ancien testament renferme à cet égard une information historique majeure. On y voit le peuple de dieu se scinder de l'ancienne Egypte, pure théocratie, pour affronter une idole, qui en son sein même sème la discorde, à savoir le culte du veau d'or.

    Ce n'est pas un hasard si le régime laïc, soi-disant favorable à la liberté d'expression, se garde d'envisager l'argent comme un instrument d'aliénation et de fanatisme, de sorte qu'à de rares exceptions le culte du veau d'or est la religion la mieux protégée par le régime de libre-pensée laïc.

  • L'Imposture laïque

    Les valeurs de la République française se situent au niveau des valeurs du football. En période de guerre, la République engendre des soldats brutaux ; en période de paix des militants hystériques.

    Si l'on compare la littérature porteuse des valeurs républicaines, c'est-à-dire principalement celle du XXe siècle, avec des littératures contestataires, c'est l'excès de religiosité qui caractérise la littérature républicaine. Pour ne prendre qu'un exemple, Baudelaire : celui-ci estime la démocratie, la regardant en face telle qu'elle est, comme une démagogie grossière.

    Si la civilisation et la "culture moderne", expression qui rend l'idée de civilisation automobile, sont des notions abstraites étrangères à la conscience chrétienne, la cause en est qu'elles impliquent un pacte avec la nature, impossible pour un chrétien puisque le mythe de la chute d'Adam et Eve est la traduction de ce pacte. Sans doute lorsque l'antichrist Nitche écrit : "Le philosophe est un arbre.", il pense à l'arbre par lequel le serpent, symbole de la culture de vie, piège Eve, qui piège ensuite Adam.

    - Shakespeare montre comment les élites chrétiennes ont restauré ce pacte, pour le besoin de l'élitisme, qui lui est d'ordre naturel : cette trahison d'ordre civil constitue un des axes de la montée en puissance de l'antéchrist au cours de l'histoire occidentale. Assez clairement les épîtres de Paul désignent une puissance, non pas antichrétienne apparemment, mais qui feint d'être du côté de Dieu.

    - La civilisation est une notion essentiellement païenne. L'évangile de Judas découvert récemment révèle d'ailleurs un Judas "platonicien", ce qui est la marque de toutes les fausses doctrines judéo-chrétiennes. Or le Sphinx, emblème démoniaque de la civilisation, invite à estimer la civilisation comme l'homme épris de civilisation lui-même, en fonction de son âge.

    Autrement dit, les millénarismes nazi ou démocratique politiques sont des abstractions irrecevables du point de vue satanique, et Nitche les rejette pour cette raison. Ils sont dépourvus de lien avec la nature et se fondent sur les hypothèses les plus religieuses et les moins probables. La conscience chrétienne leur accorde encore moins de crédit, puisqu'il s'agit là d'un détournement odieux de la charité chrétienne, transformée en compassion démagogique et utilisée afin de procurer une légitimité à des élites occidentales captieuses.

    En réalité la civilisation occidentale est morte depuis longtemps. Elle domine d'ailleurs sur les vivants à la manière dont les morts dominent sur les vivants. Vous ne sentez pas l'odeur du Danemark ? Shakespeare a porté le coup de grâce à l'art occidental. Croyez-moi, il ne s'en relèvera pas. La polytechnique, c'est-à-dire l'art au niveau de la brute républicaine galonnée, se fera elle-même sauter le caisson. Si ça se trouve la terre elle-même, mère chérie des Allemands, providence des imbéciles, est elle-même déjà crevée et nous vivons comme des parasites des liqueurs de son cadavre.