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racisme

  • L'imposteur Taguieff

    Autant le dire tout de suite, les soi-disant juifs convertis aux valeurs républicaines peuvent être tenus pour des renégats qui insultent les prophètes juifs. Pourquoi ? Parce qu'un juif solidaire de tel ou tel ordre moral, nécessairement relatif, s'assied sur la loi universelle de Moïse, étrangère au droit naturel.

    L'élection ancienne du peuple juif n'est assortie d'aucun droit, mais seulement de devoir vis-à-vis de dieu. Le prophète Job en fait le constat douloureux : le dieu des juifs n'est pas un dieu providentiel, comme celui des païens ou l'Etat.

    Le culte juridique des Egyptiens réduit d'ailleurs dieu à un principe - la puissance. Nitche n'est pas antisémite pour rien - il l'est à cause de sa volonté de puissance, qui n'est pas celle des juifs, des chrétiens ou des anarchistes, qu'il conspue noir sur blanc, les inculpant du vice social, selon la vieille méthode des élites païennes qui consiste à chercher des boucs émissaires pour masquer leur propre irresponsabilité. Les seuls chrétiens, juifs ou anarchistes qui répandent le désordre sont ceux qui se mêlent de réformer la société, en dépit des écritures saintes qui les dissuadent de s'attacher au monde.

    Le racisme est donc une doctrine mystique républicaine, exactement comme le nationalisme : ces doctrines visent essentiellement à justifier la conquête ou à conforter la propriété. Bien sûr l'esclavage ne repose pas d'abord sur le racisme, mais sur le droit de propriété.

    Pas plus l'élection des chrétiens, c'est-à-dire le terme définitif de l'histoire, ne procure aux chrétiens un quelconque droit sur l'au-delà, c'est-à-dire le plus inconsistant des terrains d'où les institution païennes romaines ou égyptiennes tiraient leur légitimité politique.

    L'apôtre Paul condamne le plus sévèrement les chrétiens qui voudraient tirer un quelconque droit moral ou politique de la révélation et de la résurrection de Jésus-Christ. Les inventeurs des nations chrétiennes devront affronter la colère des apôtres. L'Eglise est parfaitement pure de calculs juridiques.

    Dans l'antisémitisme chrétien, on décèle encore la racine juridique.

    Pire, les juifs convertis aux valeurs républicaines prêtent le flanc à l'accusation lancée parfois aux juifs d'avoir inventé le racisme et de le justifier par leur élection. Or le sentiment d'élection divine est communément le réflexe des élites, et Moïse n'a pas inventé l'élitisme : il a au contraire battu en brèche le pacte des élites avec Satan, avec l'aide de son dieu. Qui peut oser se dire juif en dehors de la voie tracée par Moïse ? Qu'est-ce que cela signifie, sinon la trahison des prophètes ?

    Bien mieux vaut un juif comme Freud, ou Sartre, qui fait explicitement le choix des valeurs éthiques allemandes contre dieu.

    Il n'est pas difficile de deviner le mobile de la conversion aux valeurs républicaines à partir de l'attitude de Marx, qui n'a pas fait ce choix et vomit le droit et l'état républicains esclavagistes. Le choix des valeurs républicaines est celui de la sécurité sociale.