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antisémitisme

  • Alain Soral, idiot utile ?

    Le combat dAlain Soral et de son comparse Dieudonné contre le puissant lobby sioniste est un exemple de bravoure ; mais Don Quichotte ne manque pas de courage non plus

    Le lobby sioniste est-il un moulin-à-vent ? On peut penser en effet que ce groupe de pression na pas dautre grain à moudre que lantisionisme, quoi qu'il semble exercer une surveillance rapprochée de la classe politicienne ; mais avant de développer cet argument, je voudrais expliquer en quoi le propos dAlain Soral rejoint celui de George Orwell, et en quoi il sen éloigne.

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  • Antisémitisme

    Pour parler d'antisémitisme, encore faut-il une définition sérieuse du "juif". Idem pour l'antichristianisme.

  • De l'Antisémitisme

    Il est difficile de parler sérieusement d'antisémitisme en l'absence de définition du "Juif" chez la plupart des théoriciens contemporains qui traitent de cette question. Jésus-Christ était d'origine juive : tous les ennemis de Jésus-Christ, et dieu sait qu'ils sont nombreux, doivent-ils de ce fait être déclarés "antisémites" ? Car Jésus-Christ a dit : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi." Sentence qui vise en premier lieu ses faux frères.

    - A. Hitler était beaucoup mieux instruit de la bible que beaucoup de soi-disant Juifs qui luttent contre l'antisémitisme. En effet, Hitler s'est montré plus indulgent avec les Juifs patriotes, qui avaient rendu un service (militaire) à la nation allemande. Or, il n'est pas difficile de faire le lien - un juif qui a lu les prophéties le fera aisément - entre le patriotisme, la nation et le veau d'or. Quelle nation, en effet, ne possède son veau d'or ? Et quel veau d'or ne réclame les défenses d'une nation ? (Lisez Marx si la bible vous paraît trop désuète.)

    L'indulgence de Hitler à l'égard de quelques milliers de Juifs patriotes est donc assez logique - Moïse aurait été d'accord pour dire que des juifs sectateurs du veau d'or ne sont pas des juifs mais des traîtres.

    La question de l'antisémitisme n'est pas une question sérieuse, et ceux qui la prennent au sérieux ne le sont pas, mais présentent probablement des troubles psychiques. Ici, il est intéressant de noter que, du point de vue de Freud, la question de l'antisémitisme ne se pose pas, c'est-à-dire que cette question ne relève pas de la science. Freud s'estime citoyen allemand, et considère Moïse comme un dangereux anarchiste. Freud n'est donc pas très éloigné de l'antisémitisme pur (dépourvu de démagogie) de F. Nitche.

    Comment les juifs (ou les chrétiens) pourraient-ils avoir une place "à part" dans la société, alors que leur religion les dissuade d'en revendiquer une quelconque ?

    Quant à la "victimisation", procédé proche de ce que Nitche qualifie de "moraline moderne", dénonçant une éthique truquée (dépourvue de fondement naturel), il faut dire que la "victimisation" ne répond pas plus à la demande des victimes que la démocratie ne répond à la demande du peuple. La victimisation n'est donc qu'une ruse au service des élites bourgeoises, au même titre que la démocratie - elle est absolument sans rapport avec le judaïsme ou le christianisme (contrairement à ce que prétend Nitche).

    La question d'une nation satellite des Etats-Unis "démocrates-chrétiens", Israël, qui a choisi de se dire "juive", en dépit d'institutions soumises au veau d'or - cette énigme apparente prévaut largement sur la question de l'antisémitisme, conçu comme un péché moderne.

    Le Shylock de Shakespeare n'est pas le fruit d'une réflexion antisémite d'un auteur parfaitement instruit de la détermination de Moïse contre le veau d'or. Il est un avertissement de Shakespeare touchant à la putréfaction des institutions humaines dans les derniers temps ; Shakespeare prophétise l'avènement d'apparences aussi trompeuses que peut l'être celle d'un usurier réputé juif.

     

     

  • Céline antisémite ?

    Au préalable, je dois dire que la repentance de l'Eglise catholique pour sa complicité dans les massacres perpétrés au cours de la Seconde guerre mondiale compte parmi les motifs qui m'ont conduit à quitter l'Eglise romaine, la tartuferie de cette démarche de la curie romaine me paraissant impossible à assumer. Il ne s'agit nullement de nier la culpabilité de l'Eglise, puisque cela reviendrait à nier l'implication de l'Eglise romaine dans la société civile. Il s'agit de nier que le Christ et ses apôtres entretiennent un quelconque rapport de complicité avec une quelconque société civile. Il faut de tout pour faire un monde, dira-t-on, y compris des Italiens ou des diplomates, puisque l'acte de repentance est une ruse diplomatique. Mais, au monde, l'évangile n'apporte rien, et le point de vue social, en soi, est négateur de la révélation. Le point de vue social est illustré dans l'évangile par la décision de la foule des Juifs de mettre à mort le Christ Jésus plutôt qu'un criminel de droit commun.

    L'invitation à distinguer le "Céline écrivain", que la censure bourgeoise n'a pas réussi à censurer, du "Céline antisémite", relève de la même tartuferie "post-moderne". Comme l'Eglise peut continuer de fourguer ses indulgences, l'éditeur de Céline peut continuer de fourguer des rééditions de Céline en toute bonne conscience. Au pays de Molière, on devrait relever plus souvent que la casuistique a un rapport direct avec l'hypocrisie, et donc les mathématiques modernes, science casuistique s'il en est.

    L'antisémitisme de Céline est donc une construction juridique a posteriori, destinée à fonder les décrets moraux en vigueur aujourd'hui.

    En tant que chrétien, je suis enclin à penser que l'écrivain athée Céline est antisémite et antichrétien, puisque celui qui n'est pas avec le Christ est forcément contre Lui, c'est-à-dire un homme ou une femme en perdition. Mais, à vrai dire, l'antisémitisme de Céline est compensé par le sentiment d'horreur et de dégoût que la guerre lui inspire, et sa volonté d'expier sa complicité dans le génocide de 14-18. En somme Céline conçoit les Juifs comme des fauteurs de guerre, plus encore que les Allemands, à une époque où l'acte d'inculpation de l'Allemagne n'a pas encore été rédigé.

    Pour bien faire, il faudrait que les chrétiens comme les Juifs abjurent leur foi officiellement, et ne l'abandonnent pas seulement de facto, dès lors qu'ils acceptent des charges publiques, afin de n'être pas soupçonnés par les païens ou les athées de machiavélisme, c'est-à-dire de prôner une religion de paix tout en tirant les bénéfices de la politique et de la guerre. Bien sûr ce n'est pas possible, car pour cela il faudrait que Satan n'agisse pas dans le monde.

    L'antisémitisme de Céline est beaucoup moins fort et satanique que celui de Nietzsche. La différence est aussi que la doctrine de Nietzsche est aristocratique, tandis que Céline réagit aux "grandes idéologies modernes", à commencer par le stalinisme, en étant conscient qu'elles ont conservé un arrière-plan de morale "judéo-chrétienne" et que le peuple sera forcément la première victime de ces idéologies.

    Le triomphe de la morale judéo-chrétienne moderne représente pour Nietzsche le triomphe du mal absolu, de sorte que la vertu satanique est le modèle du bien et du beau.

     

  • Nietzsche antisémite ?

    L'antisémitisme revêt aujourd'hui, comme on le sait, le caractère de péché majeur, selon une sorte de casuistique de la haine d'un genre nouveau, dont l'inefficacité à endiguer la haine confirme le caractère de casuistique. Pourquoi l'antisémitisme et pas l'avarice ou le délit d'initié ? Allez savoir...

    - Plusieurs intellectuels, philosophes ou artistes ont été inculpés pour cause d'antisémitisme, suivant des critères et un calendrier un peu flous. Le cas de L.-F. Céline est bien connu en France. Il me semble que les cas "limites" sont les plus intéressants : Karl Marx et Simone Weil ont été appelés post-mortem sur le banc des accusés, en dépit de leurs origines sémites, par un pitre universitaire américain du nom de Francis Kaplan, sans doute désespéré de trouver une matière plus sérieuse à étudier.

    Plus récemment, un tribunal français a condamné pour antisémitisme un ouvrage de Léon Bloy, entièrement conçu par ce dernier pour la défense des juifs, mais hélas dans des termes démodés pour les magistrats d'aujourd'hui.

    - Quant à Nietzsche, la balance penche plutôt en sa faveur ces derniers temps, en dépit des accointances de sa famille avec le célèbre chancelier A. Hitler, et des références et révérences d'à peu près tous les mouvements et intellectuels fachistes européens à Nietzsche. On note en effet certains efforts pour blanchir Nietzsche de divers essayistes ; une bande-dessinée a même été produite il y a une dizaine d'années pour prouver qu'en dépit de son satanisme, Nietzsche était "cool" avec les Juifs.

    - Ce qui fait défaut dans ce type d'affaires, c'est une notion à peu près claire du Juif. L.-F. Céline les assimile par exemple à une caste de ploutocrates, un peu comme le pape et les papistes. Mais on sait que Moïse en personne a maudit les adorateurs du veau d'or. Sigmund Freud précise que seuls peuvent être considérés juifs les sectateurs de Moïse, qu'il a tendance à assimiler à une bande de brigands.

    Le nationalisme juif ou sionisme qui cristallise l'attention aujourd'hui était alors embryonnaire.

    Le témoignage d'un ami de Nietzsche, Franz Overbeck, une sorte de "théologien athée" comme il se définit lui-même le plus sérieusement du monde est sans doute le plus éclairant sur, non pas tant l'opinion de Nietzsche sur les Juifs en général, mais sur la consistance de sa théologie satanique (in : "Souvenirs sur Nietzsche") :

    « Je crois que, dans notre manière de considérer l’antisémitisme, nous avions, Nietzsche et moi, des convictions particulièrement proches. De même que nous étions tous deux également fort éloignés de tout fanatisme, qu’il relève d’une haine nationale ou religieuse, même s’il se peut que cela ait été pour des raisons très différentes ayant leurs racines dans nos origines respectives, nous n’avions foncièrement aucune sympathie non plus pour l’antisémitisme. Sans que ce rejet nous ait distingués du reste des Européens de notre temps. Car la radicalité de notre rejet n’aura guère été différente de celle des contemporains qui vivent sous nos latitudes.

    Sous ces dernières, on peut bien dire que tout homme, ou du moins tout homme cultivé, ressent une certaine aversion pour les Juifs, à tel point que même les Juifs de chez nous partagent cette aversion. (...) L’expression la plus claire de ce dégoût que nous éprouvions Nietzsche et moi à l’égard de l’antisémitisme apparaît dans le fait nous avons pourtant parfois abordé le sujet au cours de la conversation, mais jamais avec passion, car, dans le fond, nous n’avons jamais pris ce sujet "au sérieux" et nous l’avons considéré comme une mode des temps qui ne méritait guère qu’on s’y attarde. (…) Les écrits de Nietzsche attestent aujourd’hui encore de façon particulièrement claire (..) que cette attitude n’est pas incompatible avec une certaine dose « d’antisémitisme », en tout cas avec un manque de sympathie à l’égard des Sémites.

    (…) Nietzsche a été un adversaire convaincu de l’antisémitisme tel qu’il en a fait l’expérience. Il voyait en effet dans l’une des «formes les plus malhonnêtes de la haine» une «rage de dénigrer et de détruire». Il n’empêche que lorsqu’il est sincère, les jugements qu’il porte sur les Juifs surpassent tout antisémitisme par leur sévérité. Le fondement de son antichristianisme est essentiellement antisémite. »

    Pour résumer le propos de cet intellectuel allemand, l'antisémitisme était une opinion beaucoup trop vulgaire pour que des hommes cultivés comme lui et son ami Nietzsche y cédassent. En revanche la doctrine satanique de Nietzsche était suffisamment solide pour que ce dernier la fasse reposer sur le rejet dépourvu d'ambiguïté du judaïsme.

    Les Juifs trouvent grâce aux yeux de Nietzsche quand ils ne sont pas vraiment Juifs mais "fidèles à leur culture et traditions" ; de même, les catholiques romains bénéficient de l'indulgence de Nietzsche en raison de leurs efforts pour restaurer la culture de vie païenne à l'intérieur du christianisme.

  • L'imposteur Taguieff

    Autant le dire tout de suite, les soi-disant juifs convertis aux valeurs républicaines peuvent être tenus pour des renégats qui insultent les prophètes juifs. Pourquoi ? Parce qu'un juif solidaire de tel ou tel ordre moral, nécessairement relatif, s'assied sur la loi universelle de Moïse, étrangère au droit naturel.

    L'élection ancienne du peuple juif n'est assortie d'aucun droit, mais seulement de devoir vis-à-vis de dieu. Le prophète Job en fait le constat douloureux : le dieu des juifs n'est pas un dieu providentiel, comme celui des païens ou l'Etat.

    Le culte juridique des Egyptiens réduit d'ailleurs dieu à un principe - la puissance. Nitche n'est pas antisémite pour rien - il l'est à cause de sa volonté de puissance, qui n'est pas celle des juifs, des chrétiens ou des anarchistes, qu'il conspue noir sur blanc, les inculpant du vice social, selon la vieille méthode des élites païennes qui consiste à chercher des boucs émissaires pour masquer leur propre irresponsabilité. Les seuls chrétiens, juifs ou anarchistes qui répandent le désordre sont ceux qui se mêlent de réformer la société, en dépit des écritures saintes qui les dissuadent de s'attacher au monde.

    Le racisme est donc une doctrine mystique républicaine, exactement comme le nationalisme : ces doctrines visent essentiellement à justifier la conquête ou à conforter la propriété. Bien sûr l'esclavage ne repose pas d'abord sur le racisme, mais sur le droit de propriété.

    Pas plus l'élection des chrétiens, c'est-à-dire le terme définitif de l'histoire, ne procure aux chrétiens un quelconque droit sur l'au-delà, c'est-à-dire le plus inconsistant des terrains d'où les institution païennes romaines ou égyptiennes tiraient leur légitimité politique.

    L'apôtre Paul condamne le plus sévèrement les chrétiens qui voudraient tirer un quelconque droit moral ou politique de la révélation et de la résurrection de Jésus-Christ. Les inventeurs des nations chrétiennes devront affronter la colère des apôtres. L'Eglise est parfaitement pure de calculs juridiques.

    Dans l'antisémitisme chrétien, on décèle encore la racine juridique.

    Pire, les juifs convertis aux valeurs républicaines prêtent le flanc à l'accusation lancée parfois aux juifs d'avoir inventé le racisme et de le justifier par leur élection. Or le sentiment d'élection divine est communément le réflexe des élites, et Moïse n'a pas inventé l'élitisme : il a au contraire battu en brèche le pacte des élites avec Satan, avec l'aide de son dieu. Qui peut oser se dire juif en dehors de la voie tracée par Moïse ? Qu'est-ce que cela signifie, sinon la trahison des prophètes ?

    Bien mieux vaut un juif comme Freud, ou Sartre, qui fait explicitement le choix des valeurs éthiques allemandes contre dieu.

    Il n'est pas difficile de deviner le mobile de la conversion aux valeurs républicaines à partir de l'attitude de Marx, qui n'a pas fait ce choix et vomit le droit et l'état républicains esclavagistes. Le choix des valeurs républicaines est celui de la sécurité sociale.


  • De Céline à BHL

    Il y a un côté Tintin ou Bardamu chez BHL, mais en plus riche. Je me rappelle avoir entendu un jour ce curé expliquer que la fortune bien pleine et carrée n'empêche pas le talent littéraire, contrairement au préjugé, et donner quelques exemples (que je n'ai pas pris la peine de vérifier). Alors, je n'avais pas pu m'empêcher de penser que, si ce millionnaire distribuait tous ses millions d'un coup, il se retrouverait certainement dans la situation d'avoir, enfin, quelque chose à dire. Lui ou Beigbeder ; mais Beigbeder n'a pas le côté Tintin, plutôt Bécassine ou Gaston Lagaffe.

    Et puis c'est à peu près la seule chance pour les curés riches, en France, de n'être pas honnis. L'homme de gauche, curé moderne, doit faire gaffe à ça, sinon il ne sert à rien. Le problème de DSK n'est pas tant d'être soupçonné de viol, que de l'avoir commis dans un hôtel de luxe, dans le cadre de son métier de "banquier des pauvres".

    Pour Céline, tous les Juifs sont des pharisiens. Pour BHL aussi. Mais ce qui est, dans le cas de Céline, le fait de l'ignorance ou de la licence poétique, est un calcul dans le cas de BHL. C'est un vieux truc des religions de se prévaloir de leurs martyrs pour le besoin de leur propagande : elles le font toutes ; on appelle ça la "victimologie", désormais. Même la religion athée ne s'en prive pas. Plus un discours religieux est sincère, moins il fait appel à la victimologie ; pour les chrétiens, c'est impossible, puisqu'ils implorent la fin du monde, ne trouvant dans cette vie qu'une maigre consolation, en quoi Louis-Ferdinand Céline juge le christianisme bien réaliste et peu propice à tendre des pièges au peuple en lui faisant miroiter le bonheur ou la démocratie. 

     

  • Correspondances

    Le service de presse d'un pote me permet de feuilleter la correspondance de Céline parue en "Pléiade" récemment. Je déconseille de l'acheter. C'est assez comme ça que le contribuable subventionne les maisons d'éditions françaises par l'intermédiaire des achats des bibliothèques municipales, s'il faut en plus donner des thunes personnels à Gallimard !

    Dans la grande chienlit française, sociale-démocrate et gaulliste, les maisons d'éditions qui auraient pu jouer un rôle de résistance sont gravement impliquées. Autrement dit, si j'ai plus de mal à trouver telle ou telle pièce de Shakespeare dans ma bibliothèque que la dernière merde signée Dominique de Villepin en hommage aux nains de la poésie française ou aux boucheries de Napoléon, c'est la faute aux éditeurs.

    D'ailleurs quand d'aventure je me promène au Quartier latin, avec ses petites bourgeoises féministes déguisées en putes, j'ai l'impression de me promener dans Berlin. Céline lui-même était sans doute plus près de vouloir foutre le feu au Quartier latin, de botter le cul à tous les vieillards décatis du Quai Conti qui donnent l'impression de n'avoir jamais ouvert un vrai livre. Dans un sabir extrêmement compliqué à piger -plus slave que français-, la Carrère-d'Encausse met bien un peu d'ordre dans les causes et effets de la révolution bolchevique, pour mieux dire ensuite à la télé le contraire de ce qu'elle dit dans ses bouquins et lécher le cul du tsar Nicolas, personnage aussi inutile que Pie XII, et beaucoup plus dangereux.

    *

    Retour à la correspondance de Céline : la correspondance est un genre de littérature plutôt barbant qui plaît surtout aux collectionneurs (il faut que je redise à mon pote que les collectionneurs vont en enfer directement, ils retournent à la poussière sans passer par la case du purgatoire qui n'existe pas). Bonnes ou mauvaises, les intentions sont nulles pour un artiste comme pour un chrétien, et c'est surtout de ça dont une correspondance est faite, de chatteries et de voeux. Le chrétien qui croit que ses prières vont le sauver croit que Dieu qui a envoyé son fils pour sauver l'humanité attend un hommage ou un coup de chapeau. D'ici que les démocrates-chrétiens décident de canoniser Dieu pour le remercier, il n'y a pas loin. Et encore faudrait-il justifier pourquoi le Dieu des chrétiens n'a RIEN fait pour sauver les Juifs des camps nazis.

    *

    Tiens, profitons-en pour soupeser l'antisémitisme de Céline... Curieusement, d'une certaine façon on peut dire que l'antisémitisme de Céline est plus chrétien que celui de Bloy. L'idée de Bloy que les Juifs incarneront l'archaïsme jusqu'à l'éclatement du Temps n'est pas très cohérente ; disons plus nettement qu'elle épargne trop la calotte chrétienne, bien que ce ne soit pas le travers principal de Bloy d'épargner les cochons, y compris les cochons portant soutane. "Synagogue de Satan" écrit l'apôtre, et synagogue se traduit par "Eglise" au sens large.

    Céline est plus proche de l'anticléricalisme de Voltaire, pour qui le personnel politique comme le personnel religieux font obstacle au progrès. Voltaire est tellement en décalage avec l'époque que nous vivons que c'est aux "Témoins de Jéhovah" que le christianisme de Voltaire fait le plus penser, c'est-à-dire une sorte de protestantisme honnête parfaitement démodé aujourd'hui. Un truc bizarre cependant chez Céline : il semble détester les Juifs tout d'abord à cause de leur faiblesse, puis change d'avis après la victoire des anglo-saxons, et se met à mépriser surtout les chrétiens allemands et français. Céline a lui-même un côté juif et féminin, moins marqué que Nitche, mais n'empêche.

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    Incroyable la façon dont Céline, pourtant cent fois moins misogyne que moi, excite les femmes à s'embourgeoiser (c'est-à-dire à se prostituer encore plus), à se jeter dans le filet de la famille, des gosses, bref de la grande truanderie sociale, dans tout ce qu'il craint pour lui-même comme une lèpre. Ici Céline est plus près du tchador que de Voltaire.

    En fait Céline veut sauver les autres malgré eux, et ça n'est pas chrétien. Le Christ, lui, n'a jamais contraint personne à le suivre. Pas la moindre séduction dans le Christ. C'est la raison pour laquelle toute propagande signale le diable. Ce cornard de Pie XII qui a osé faire l'apologie de la télévision est parfaitement scandaleux ! La mare dans laquelle cette petite salope puritaine d'Ophélie va se jeter n'est autre que le néant ou l'enfer.



  • Maçonnerie

    La théorie du complot est au service du cinéma nazi dans sa démagogie contre les Juifs, avant que certains Juifs ne se mettent eux-mêmes à dénoncer, de plus en plus, des complots antisémites venant d'un peu partout (jusqu'à plusieurs par semaine sur la chaîne franco-allemande "Arte"). En espérant que son dessein ne soit pas aussi noir que celui du cinéma nazi, on constate que la revue de Claude Lanzmann "Les Temps modernes", développe un véritable discours religieux irrationnel à base de théorie du complot antisémite (on peut se reporter par exemple à l'autodafé posthume de l'oeuvre de Simone Weil par Francis Kaplan dans "Les Temps modernes" ; l'évolution de l'autodafé en autodafé idéologique n'est pas si étonnant quand on sait le rapport qu'entretient l'idéologie avec les éléments).

    On observe en outre que la théorie de la théorie du complot est elle-même une sorte de théorie du complot. On dira en effet : "Untel croit à la théorie du complot" pour dire que c'est un comploteur. Cette parfaite réversibilité indique qu'on est dans le domaine de la rhétorique partisane, véritable spirale médiatico-politique. De là vient certainement, dès ma génération, une suspicion assez générale et croissante à l'encontre des vérités officielles dispensées dans les médiats et l'Education nationale.

    Plus bête que la théorie du complot, y'a pas, sauf peut-être le "syndrome de Stockholm" qui est assez gratiné lui aussi.

    On devrait dire la théorie DES complots. Le seul complot unique et puissant en effet, c'est celui de l'ignorance, puisque l'histoire marxiste ou chrétienne a vocation à réduire tous les complots à néant.

    *

    Shakespeare en tant que chrétien conçoit même la révélation historique comme un combat contre les comploteurs. Là où il est tout à fait prophétique et prend le contrepied de l'idée commune, c'est qu'il peint le complot comme une arme au service de l'Etat : Polonius, Guildenstern et Rosencrantz au service de Claudius, pour mieux se débarrasser de l'homme de science et des vérités qu'il colporte (une situation que François Bacon a lui-même vécue).

    De fait les preuves sont nombreuses dans les siècles suivants, et même immédiatement après Shakespeare dans LE Siècle, que le mensonge le plus puissant est bien le mensonge d'Etat. Peu de temps après Shakespeare, la "monarchie de droit divin" préparée par Bodin ou Hobbes, véritable insulte au Nouveau Testament dans une Europe pourtant officiellement chrétienne, supercherie qui n'est qu'une première étape vers le régime totalitaire actuel, encore plus anthropologique. Comme Simone Weil l'a aussi courageusement prophétisé, à contre-courant, le raisonnement anthropologique est celui de l'esclave ou du primate.

    Nulle part n'a été mieux transmise que dans les Universités d'Etat la perversion cartésienne de la science, son éclatement qui ressemble à un cancer, puisque le meilleur moyen pour l'Etat de régner sur la science (jusqu'aux chercheurs du CNRS qui ne sont plus aujourd'hui pour la plupart que des larbins serviles, des enculeurs de mouches rêvant de se voir attribuer une chronique sur une chaine de télé quelconque, comme Enthoven Jr) est de la diviser en x cellules, comme une ruche.

    A Descartes comme aux nullibistes qui le précèdent ou le suivent jusqu'à Sartre, on peut en effet imputer la consécration rituelle du hasard, c'est-à-dire du destin ou de l'ignorance, comme clé de voûte de la connaissance. On peut lui imputer aussi l'assurance du branleur scolastique, assis sur un petit tas de spéculations, et qui contemple avec mépris des millénaires de savoirs antiques. Le chacal janséniste invente la façon de croire en Dieu et de ne croire en rien en se fondant sur les mêmes arguments cauteleux. Et c'est bien pour le compte de l'Etat qu'il accomplit son forfait.

  • Fier d'être miso

    "WOMEN BEWARE OF WOMEN!" : je tombe sur ce magnifique slogan misogyne de Thomas Middleton (1580-1627). Cette misogynie-là est sensiblement différente de la misogynie du penseur judéo-chrétien abusé par sa mère, misogynie parfaitement réversible car passionnelle, dont Nitche ou Freud fournissent des exemples presque parfaits ; Nitche avoue que seule sa mère ou sa soeur aurait pu le faire renoncer à l'idée d'éternel retour... aveu d'aliénation stupéfiant. C'est peut-être seulement la soeur de Nitche et non le philologue boche lui-même que séduisit le parti nazi, mais étant donné que la soeur de Nitche a engrossé son frère de l'idée d'éternel retour,  ça revient au même.

    J'interprète le goût assez répandu dans le clergé chrétien comme laïc (M. Onfray) pour la morale sado-maso de Nitche comme un travers pédophile. Benoît XVI est d'une extraordinaire naïveté lorqu'il entend prévenir les débordements criminels du clergé par l'examen psychologique : il faut déjà pour gober la théorie de Freud avoir soi-même une inclinaison incestueuse ! Le serpent se mord la queue.

    Tandis que la misogynie de la Renaissance est évangélique, provient de la confrontation entre Marthe et Marie, la misogynie de Nitche est, elle, "vétéro-testamentaire", comme disent les théologiens contemporains dans le vent.

    Dans la société patriarcale du XIIe siècle, encore plongée dans l'obscurité, l'historien Georges Duby a souligné que se nouait souvent une relation ambiguë, notamment dans les milieux aisés, entre la mère et son fils (d'où dérive l'erreur d'interprétation du mythe d'Oedipe par Freud, fasciné qu'il est par la relation entre Jocaste et Oedipe, quand le mythe souligne au contraire ce que la morale doit à la politique, et vice-versa, ce que Shakespeare a parfaitement saisi - le correctif de Jung est d'ailleurs à peine moins inepte que l'inversion de Freud). Cette relation ambiguë semble d'ailleurs déterminer la théologie de saint Augustin. Oedipe n'est qu'un être parfaitement normal, enfermé dans le temps, dont il devine fort bien la définition énigmatique proposée par le Sphinx. Le Sphinx est pris parfois malgré sa signification démoniaque comme un symbole du potentiel de la pseudo-science pyschologique. En réalité c'est avec plus de sagesse que les Romains en ont fait un symbole de la tyrannie. La pseudo-science pyschologique de Freud n'est autre que le produit d'une politique tyrannique. Si Freud est aussi animiste, beaucoup plus encore que Thomas d'Aquin, c'est parce que l'âme s'avère le médiat idéal de domination pour un Etat totalitaire. Le mythe grec est beaucoup plus lumineux à cet égard que la superstition freudienne. Du régime dynastique de Thèbes, il révèle le sous-bassement, qui n'a rien d'idéal. Le raisonnement politique est fondamentalement génital et incestueux, comme Aristote le pense contre Platon, et il ne sort pas de ce cercle. Croire que le capitalisme, nettement inspiré par le modèle génital, est inéluctable, revient à enfermer la logique humaine dans le seul raisonnement génital. De cette façon Nitche comme Freud se retrouve en-deça du bien et du mal quand son voeu était de surmonter le rapport moral, abrutis incapables de comprendre qu'il n'y a pas de raisonnement plus politique que le raisonnement animiste du membre d'une tribu anthropophage ou d'un kamikaze japonais.

    Les féministes, Sylviane Agacinski par exemple, pourtant moins niaise que Simone de Beauvoir, a traduit sottement le patriarcat comme un abus de pouvoir masculin, alors qu'en réalité la violence de la politique touche tout autant les hommes, si ce n'est plus, mais d'une façon différente. Autant dire que les Japonais ou les Allemands sont "phallocrates", alors que de toute évidence ce sont des femelles avides de sécurité, qui se sont jetés après leur défaite sur le modèle yanki comme une femelle se jette sur le mâle dominant vainqueur.

    *

    Le type de misogynie que je qualifie de "romaine" ou de "judéo-boche" séduit d'ailleurs généralement les femmes, et non la misogynie d'Hamlet (Ophélie, c'est autant Nitche que Rosencrantz ou Guildenstern, savants manipulés par le pouvoir politique, le sont).

    Pourquoi ? Parce qu'en réalité il n'est pas difficile de comprendre que la misogynie de Schopenhauer ou de Nitche est d'abord dirigée contre eux-mêmes ; la femme que Nitche déteste le plus, c'est lui-même (Flaubert est beaucoup plus lucide que Nitche, même si sa critique du christianisme est similaire.) Nitche est complètement prisonnier de rapports familiaux. Plus encore qu'en lisant Proust, et c'est peu dire, j'ai la sensation désagréable en feuilletant Nitche d'être enfermé à double-tour dans une table de chevet (Proust me procure plutôt le mal de mer avec sa prose isomorphe de foetus inné).

    Au lieu de diriger sa vindicte contre sa famille, le ventre sacré de sa mère, d'où vient son hystérie, Nitche s'en est pris à des objets extérieurs : Dieu, les femmes, le christianisme (attitude typique de la mentalité libérale, soit dit en passant, qui toujours se défausse et trouve un bouc émissaire, même confrontée à l'évidence de sa propre faillite et corruption. Exemple tout frais : c'est George Bush et non la société civile yankie qui a dévasté l'Irak pour se venger d'un crime que les Irakiens n'avaient pas commis. Le "coup d'Hitler" est sans arrêt recommencé, cinématographie à l'appui.)

    Ce type de misogynie est un aveu de faiblesse et il séduit les femmes, assez nombreuses, ayant un désir de maternité. On peut même penser que si l'institution matrimoniale persiste, malgré son caractère irrationnel au regard des derniers virages en épingle de l'économie capitaliste, qui permet d'épargner individuellement très facilement et se préoccupe peu des conditions de logement et de vie familiale des smicards, si l'institution du mariage perdure c'est uniquement en raison du désir de maternité persistant des femmes.

    Bien sûr ce n'est pas un hasard si le problème des misogynies recoupe exactement celui des antisémitismes. Pourquoi l'antisémitisme et la misogynie "nationales-socialistes" de Nitche sont beaucoup plus dangereux que ceux de Voltaire ? Parce que dans le cas de Voltaire il s'agit d'une critique, tandis que dans le cas de Nitche, ses passions sont dirigées contre lui-même et peuvent aller jusqu'au suicide. Quelqu'un qui peut se tuer par désamour de lui-même est capable de n'importe quelles tortures contre le corps d'un autre. Déjà Léon Bloy à la fin du XIXe siècle mettait les Juifs en garde contre les dangers du libéralisme, avertissement resté lettre morte.

    Les Juifs manquèrent de recul sur la religion allemande et l'idée libérale de renouvellement génétique, imposant aux Juifs de muter à peine de disparaître, Etat dans l'Etat, vieillard qu'on préfère confier à l'hospice (vaine est la tentative de scinder le nazisme aussi bien du capitalisme que du darwinisme) ; les Allemands n'en avaient pas sur les Juifs, et les camps de travailleurs juifs paraissent issus du goût médiéval des Allemands pour la purge.

    Simone Weil en revanche est dans le même cas que Voltaire et son rapport au judaïsme, étant critique, ne représente aucun danger. D'ailleurs celle-ci a rejeté les idoles allemandes (Max Planck) exactement de la même manière et pour les mêmes raisons qu'elle a rejeté les idoles juives. Probablement Simone Weil a-t-elle été sauvée des eaux de la bêtise, contrairement à son frère André Weil, compromis dans les pitreries du "groupe Bourbaki", parce que la mère de Simone Weil ne l'a pas possédée, n'a pas tué en elle tout esprit critique. Jonas n'est pas un simplement un Juif, c'est un Juif qui vit dans les organes de la baleine, privé de lumière. Et la baleine est une métaphore pour le Léviathan.


  • Regain d'antisémitisme

    Plusieurs pages consacrées par BHL dans un de ses derniers bouquins ("Ce grand cadavre à la renverse", 2007) à diagnostiquer les différentes sortes d'antisémitisme (Pour l'antidote, rendez-vous chez l'apothicaire.) Reste qu'on peut bien avoir cerné toutes les formes d'antisémitisme et être quand même, après ça, victime d'un banal con.

    A propos de la Choa, BHL assure que les nazis n'avaient aucun mobile rationnel, et il parle en même temps d'"industrialisation de la mort", expression qui me paraît également appropriée dans le cas de l'avortement de masse. Pour être cohérent, encore faudrait-il que BHL démontre que le capitalisme industriel n'a aucun mobile rationnel. On devine bien en quoi la robotisation fabrique des individus capables d'exécuter automatiquement un ordre, mais il me semble qu'un prof de philo aurait dû creuser le sujet un peu plus.

  • Voltaire revisited

    "Je ne suis pas contre les Juifs mais contre le type de piété dont ils sont les inventeurs et qui trouve dans le journalisme sa forme la plus aboutie."

    Voltaire ne dit pas "journalisme" mais "christianisme", en réalité, que j'ai changé pour conserver à Voltaire toute sa vivacité et compte tenu de ce que le christianisme est désormais assez marginal.

  • Antisémitisme et féminisme

    La question du féminisme et celle de l'antisémitisme sont étroitement liées. Pas seulement parce que les médias les ont  embrouillées, propulsant au rang de philosophes des journalistes comme Eric Zemmour & Nolleau, dont les arguments binaires finissent par abrutir tous ceux qui les regardent autrement que comme un duo de comiques.

    On voit bien qu'en fait de féminisme, on est en plein dans l'égalitarisme hypocrite. Le principe de répudiation juif ou musulman est "tempéré" à côté du divorce laïc. Une féministe qui verrait un progrès dans le fait que la répudiation s'applique désormais aussi aux hommes, cette féministe-là ferait partie de la catégorie désignée par Balzac comme celle des féministes "bourgeoises", opposée au féminisme "aristocratique". Il ne suffit pas de brandir un godemichet pour être une femme intelligente.

    Ce que des féministes idiotes et labellisées par les pouvoirs publics comme Caroline Fourest ou Isabelle Alonso désirent, c'est le même pouvoir que les hommes ; ça revient à confondre la virilité avec la volonté de puissance de puceaux impuissants comme Nitche, Sartre ou Kierkegaard ! Qu'est-ce que ces philosophies pour garçonnières laïques ont à voir avec le féminisme et la modernité ? Cette philosophie est précisément le produit du patriarcat archaïque, de cette relation "spéciale" que les petits garçons protestants, juifs ou laïcs, entretiennent avec leurs mères, et qui les conduit à penser que le sexe des femmes est une sorte de tabernacle contenant Dieu (J'observe au passage que les grands modernes, Balzac ou Marx, très loin du crétinisme freudien, précision utile, ont été élevés par leurs pères. Un reproche des protestants qui haïssent Marx est qu'il avait de très mauvais rapports avec sa mère.)

    Il ne faut pas s'étonner du succès grandissant auprès des hommes du genre de filles qu'on peut trouver à la sortie des synagogues, des mosquées ou de Saint-Nicolas du Chardonnet. Elles sont archaïques, certes, de croire que la chasteté avant le mariage est un point crucial de la religion, et de déifier leurs maris, mais du moins elles sont sincères. Il vaut mieux avoir dans son lit une enclume plutôt qu'une vipère...

    Préférer l'archaïsme à la fausse modernité est une preuve de bon sens. Rien ne coupe plus du progrès que l'hypocrisie. Comment convaincre une musulmane, par exemple, que l'évolution de la morale est une bonne chose, quand elle a sous les yeux le spectacle de la prostitution de centaines de milliers de femmes extradées d'Europe de l'Est par l'industrie cinématographique yankie. Quand la seule préoccupation des féministes bourgeoises est de réclamer les vingt pour cent de salaires dont le CAPITAL les spolie, ou de s'en prendre au voile des musulmans, eux-mêmes victimes de l'impérialisme.

    Comme l'ont parfaitement saisi Balzac et Villiers-de-l'Isle-Adam, nul ne menace plus l'Eve moderne que l'Eve prométhéenne.

  • L'Antisémitisme est un humanisme

    Sous ce titre provocateur, Les Temps modernes a commenté récemment ce mot fameux de Bernanos : « Hitler a déshonoré l’antisémitisme ».
    L’article en lui-même n’a aucun intérêt ; il s’agit de faire dire à Bernanos exactement le contraire de ce qu’il a voulu dire, de le changer en pur lèche-cul philosémite en déployant des trésors de sophisme, un minimum de bonne foi suffit pour le comprendre.

    La revue de Claude Lanzmann mérite le détour. En effet, des religions nouvelles, il s’en crée et il en meurt chaque jour aux Etats-Unis aussi spontanément que des PME-PMI en France. La “laïcité positive”, comme disent les crétins, les barbarins, consiste en fait à ravaler la religion au rang d’une petite entreprise de franc-maçonnerie ou de services payants à la personne.
    Mais la revue de Claude Lanzmann prétend carrément fonder, elle, une nouvelle religion… universelle : c’est ça qui est plus inhabituel. Il faut remonter à la révolution française de 1789, ou celle de 1848, pour trouver une tentative semblable en France - à la révolution de 1917 en Russie pour ce qui concerne le continent européen.
    La base de la religion de la Choa est une sorte d'amalgame de la religion juive, chrétienne et laïque, proprement rocambolesque, que nul juif, nul catholique, nul laïc qui se respecte ne peut gober évidemment, un galimatia stupéfiant. Seule l’anarchie intellectuelle qui règne peut expliquer un tel cabotinage. Même l’absurdité a sa logique, comme l’ont bien décrit Allais et Jarry.

    *

    La récupération de Bernanos n’est pas un cas isolé. Il y a un an environ, la revue Commentaire cette fois, revue démocrate-chrétienne libérale, faisait de même avec Paul Claudel, transformé lui aussi en pur philosémite, sur la base de quelques lettres adressées par le diplomate Claudel à des amis juifs. Avec ses amis peu philosémites, Claudel savait se montrer tout aussi conciliant en privé. Il n'en demeure pas moins un auteur "angulaire", sur lequel la nostalgie païenne de Maurras, ou la désespérance de Pascal, se brisent.
    Aussi le cas de Léon Bloy, le plus intéressant en l’occurrence, car s’il est un écrivain catholique "antisémite", c’est bien Bloy, qui dans un ouvrage à part (Le Salut par les Juifs) a opposé de façon radicale l’antisémitisme chrétien, “médiéval”, politique, celui de Balzac, de Shakespeare, à l’antisémitisme bourgeois, libéral, de Drumont. Pour Bloy l’antisémitisme est bien comme un humanisme, même si Bloy refuse, tout comme L.-F. Céline plus tard, d’être marqué au fer rouge du sceau de l’antisémitisme. Bloy comme Céline sont parfaitement conscient de l'aptitude de la bourgeoisie à retourner la situation ; c'est ce que les bourgeois ont fait en échangeant le racisme du libertaire Drumont pour l'antiracisme des libéraux BHL ou Finkielkraut. La misère morale qui règne dans les zones peuplées d'immigrés, la politique du ghetto aux Etats-Unis, illustrent bien l'hypocrisie du régime bourgeois, qui accuse Hitler pour mieux se dédouaner de ses crimes actuels.
    Un petit sorbonnard étique, Georges Steiner, dont la notoriété ne dépasse pas le cercle restreint des auditeurs de “France-Culture”, insomniaques théseux, a tenté de transformer les imprécations de Bloy en une sorte de potage sans sel. En vain ; il n’a pas convaincu au-delà du cercle restreint des auditeurs de “France-Culture”, public composé essentiellement de demoiselles de compagnie kierkegaardiennes ou jansénistes, public qui ne réclame rien d'autre à vrai dire qu’on le berce près du mur pour l'endormir.
    Jusqu’au Figaro littéraire, qui s’emploie à désamorcer Bloy lui aussi, sous couvert de l’honorer (signé Sébastien Lapaque), alors que le Figaro représente exactement le genre de littérature bourgeoise que Bloy honnissait, ses plumitifs mercenaires avec. Nul doute que la devise voltairienne de l’espion Beaumarchais au fronton du Figaro, “Sans la liberté de blâmer il n’est pas d’éloge flatteur”, eût inspiré à Bloy des insultes choisies et des désirs de horions contre de ce torchon d’agioteurs égalitaristes.

    *

    Les cas de Baudelaire et de Balzac sont réglés depuis longtemps ; ça fait belle lurette que l’Education nationale s’est fait un devoir civique de les pasteuriser, transformant Baudelaire en petit poète en prose, et Balzac en précurseur des séries télévisées américaines.
    Tout se passe comme si Claudel, Bernanos et Bloy représentaient les dernières aspérités du catholicisme, que les démocrates-chrétiens se portent volontaires pour raboter, histoire de donner des gages supplémentaires de soumission. Déjà du temps de Bloy...
    « Etrange société chrétienne qui (…) aux expulsions variées dont la gratifient les gouvernements modernes, répond par l’ablation immédiate de tout ce qui peut rester en elle de généreux et d’intellectuel.* »
    Même si ce genre de procédé est le fait de censeurs véreux, il y a quelque chose de rassurant là-dedans. On pourrait s’attendre logiquement à ce que le Figaro ou Les Temps modernes ignorent complètement Bloy ou Bernanos vu que c’est un mode de censure beaucoup plus efficace.
    De l’hypocrisie ou de la bêtise, il semble que chez le bourgeois ce soit cette dernière qui, à la fin, l’emporte. De son embonpoint et le la couche d'ignorance épaisse qui recouvre chacune de ses sentences, il déduit son invincibilité et se voit encore peiner à jouir ainsi sur le dos des pauvres pendant mille ans, au bas mot, Hitler n'était qu'un petit joueur.
    « Il se peut que le Dieu terrible, Vomisseur des Tièdes, accomplisse un jour le miracle de donner quelques sapidité morale à cet écœurant troupeau qui fait penser, analogiquement, à l’effroyable mélange symbolique d’acidité et d’amertume que le génie tourmenteur des Juifs le força de boire dans son agonie.
    Mais il faudra, je le crains, d’étranges flambées et l’assaisonnement de pas mal de sang pour rendre digérables, un jour, ces rebutants chrétiens de boucherie.* »


    (*Léon Bloy, Le Christ au dépotoir, 1885)