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moïse

  • Pourquoi le Veau d'or ?

    Je lisais récemment un ouvrage sur les dernières années de Karl Marx, entre Londres, Paris et Alger, au cours desquelles il fut durement éprouvé. Le réconfort, il le trouvait en partie dans la douleur physique, qui l'aidait à oublier ses douleurs morales. Mais son combat contre l'esclavage aussi le soutenait.

    Sur le plan intellectuel, on pourrait résumer ces dernières années à cette boutade de l'auteur du "Capital" : "S'il y a bien quelqu'un qui n'est pas marxiste, c'est bien moi !" Mi-dépité, mi-philosophe, il ne faisait ainsi que constater l'incompréhension de la plupart de ses disciples, y compris les plus proches, comme ses deux gendres français (Lafargue et Longuet). Quand il confia ses ouvrages à des traducteurs, Marx fut souvent confronté à la même incompréhension du sens de son analyse scientifique. La faute de l'auteur, trop... subtil ? Voire. Je constate, lisant et relisant Shakespeare, qu'une même pièce donne lieu parfois à des commentaires diamétralement opposés. L'intelligence humaine est limitée.

    D'autre part, au cours de ma pratique prolongée de l'art (plastique), j'ai constaté le goût inné de l'être humain, persistant s'il n'est pas éduqué, pour les choses complexes. A posteriori je me suis aperçu que ma vocation artistique était surtout une aspiration de ma part à la simplicité. Je ne connais aucun artiste véritable qui n'ait accompli un chemin du complexe vers le simple. Le capitalisme a d'abord été pour moi une machine infernale à fabriquer des choses complexes, de plus en plus inutiles.

    Mais revenons à Marx. Incompris, il le fut en France, y compris après sa mort. Il me semble en élucider la principale raison en disant que l'Etat a été élevé en France au rang de divinité tutélaire, suivant une tradition multiséculaire (de Louis XIV à de Gaulle en passant par de nombreux despotes) ; les Français sont ainsi prédisposés à voir en Marx un blasphémateur. La preuve, Tocqueville n'a pas eu beaucoup plus de disciples, sans doute pour la même raison. On parle de démocratie en France comme on parle d'écologie, histoire de passer le temps, et parce qu'il faut bien que les jeunes gens agitent des hochets pendant que les vieillards tirent les ficelles.

    Le destin ne se serait-il pas montré moqueur avec Marx ? En effet, lui qui se voulait "athée", est resté dans la mémoire collective, à juste titre me semble-t-il, comme le dernier adversaire du "Veau d'or", le dieu des bourgeois, ennemi du Vrai Dieu dans la Bible. De son vivant, Marx a suscité l'enthousiasme de quelques chrétiens, qui retenaient surtout de son travail cet aspect. Il a toujours repoussé avec mépris cet "enthousiasme chrétien".

    L'auteur de ce bouquin sur les dernières années de Marx (Marcello Musto) signale le peu d'intérêt de Marx pour les textes sacrés.

    Néanmoins Marx fut un lecteur très attentif de Shakespeare. Sa conception de l'argent, par exemple, en découle entièrement. L'idée que l'argent est bien plus qu'un simple moyen d'échange, la dimension charnelle de l'argent, a été exhibée par Shakespeare dans "Le Marchand de Venise". Or Sh. est entièrement imprégné de la Bible. Le personnage du Juif Shylock a été conçu par un auteur qui n'ignore aucune ligne des épîtres de Paul.

    De plus le peuple Hébreu, fuyant l'Egypte à travers le désert, est une métaphore de l'Histoire. Et cela, Shakespeare l'avait compris bien avant Marx.

    Or la Bible, à travers la fable du Veau d'or, illustre la tendance innée de l'homme - de l'homme au niveau de l'instinct - à l'idolâtrie. Pourquoi le peuple juif trahit-il Moïse et le vrai Dieu au profit du Veau d'or ? La Bible répond : parce qu'il a peur. L'homme est idolâtre par nature. C'est d'ailleurs pourquoi l'athéisme, d'une certaine façon, n'existe pas, mais beaucoup se contentent d'obéir aux ordres de l'argent, le plus humain des dieux, et n'en veulent pas d'autre.

  • Lettre à Flora

    J'ai recopié ci-dessous (éd. Gallimard-Pléiade) une leçon de théologie d'un certain Ptolémée, adressée à sa "soeur" Flora (au sens chrétien du terme) et rédigée dans la première moitié du IIe siècle.

    Ptolémée fournit à Flora des explications sur la Loi de Moïse, compte tenu du bouleversement dans la compréhension des écritures saintes dû à l'avènement de Jésus-Christ.

    - Deux petites remarques sur cette édition (2016) ; d'abord son titre générique "Premiers écrits chrétiens" n'est pas exact, car le volume englobe quelques écrits païens et juifs antichrétiens.

    - Secundo, le qualificatif de "gnostique" appliqué par l'auteur de la note à ce Ptolémée est récusable, puisque l'adjectif "gnostique" n'a plus ou n'a pas de signification précise. Son usage polémique par l'Eglise romaine a fait que la signification de "fausse science" du terme "gnose" est devenu son sens courant. Mais on pourrait considérer comme "gnostiques" des ouvrages réputés catholiques, de moines ou de poètes, mélangeant les références chrétiennes et la philosophie païenne de Platon (Dante Alighieri est un exemple célèbre de ce syncrétisme "gnostique").

    L'intérêt du propos de Ptolémée tient dans la manière rigoureuse, analogue à celle de l'apôtre Paul, dont il s'appuie sur les écritures saintes pour étayer sa démonstration. Avec Paul ce Ptolémée a aussi en commun d'expliquer pourquoi le nouveau testament est plus lumineux que l'ancienne loi de Moïse.

    (J'introduirai ultérieurement des commentaires en gras dans cette longue missive qui provoque la réflexion)

    Ptolémée à Flora

    La loi instituée par Moïse, belle Flora, ma soeur, n'a pas été comprise jusqu'ici par beaucoup de gens, car ils ne connaissent avec précision ni son auteur ni ses prescriptions : tu le verras bien, je pense, quand tu sauras quels avis divergents sont émis à son propos.

    I-LA LOI EST L'OEUVRE D'UN DIEU JUSTE

    Selon les uns, la Loi a été instituée par Dieu le Père ; les autres, au contraire, affirment qu'elle l'a été par l'Adversaire, le diable corrupteur, à qui, de même, ils attribuent la création du monde et qu'ils appellent "le père et le créateur de cet univers".

    Ils se trompent : les uns comme les autres, se contredisant réciproquement, sont passés à côté de la vérité sur ce sujet.

    Car, à ce qu'il semble, la Loi n'a pas été instituée par Dieu le Père, qui est parfait (elle est, de fait, postérieure), puisqu'elle est imparfaite et a besoin d'être achevée par un autre et qu'elle comporte des prescriptions inadaptées à la nature et au dessein d'un tel Dieu. A l'inverse, on ne peut non plus lier la Loi à l'injustice de l'Adversaire, puisqu'elle interdit l'injustice. Et au vu de ce qui suit, cette idée et celles de gens qui n'ont pas bien entendu les paroles de Sauveur : "Une maison ou une ville divisée contre elle-même ne peut rester debout", a déclaré en effet notre Sauveur.

    En outre, en disant que la création du monde est son oeuvre - puisque par lui tout a été fait et que sans lui rien n'a été fait -, l'Apôtre réduit d'avance à néant la sagesse creuse de ces menteurs : la création n'est pas celle d'un dieu corrupteur, mais celle d'un dieu qui est juste et qui hait le mal. C'est là l'idée d'hommes imprudents, qui ne tiennent pas compte de la providence du démiurge et dont l'oeil, non seulement de l'âme, mais aussi du corps, est aveuglé.

    Qu'ils sont passés du côté de la vérité, ce que je dis là te le montre. Chacun des deux partis le fait à sa manière : les uns par ignorance du Dieu de justice, les autres par ignorance du Père de toutes choses, que seul a révélé lors de sa venue celui qui seul le connaît.

    Il nous reste, à nous qui avons été jugés dignes de la connaissance de l'un et de l'autre, à t'exposer avec précision la Loi elle-même, sa provenance et celui par qui elle a été instituée - son législateur. Ce que nous allons dire, nous en fournirons la preuve par les paroles de notre Sauveur, les seules qui permettent de conduire sans faux pas à la compréhension de ce qui est.

    PREMIERE TRIPARTITION DE LA LOI : DIEU, MOïSE, LES ANCIENS

     Il faut donc savoir, en premier lieu, que l'ensemble de cette Loi, contenue dans le Pentateuque de Moïse, n'a pas été institué par un seul, je veux dire par Dieu seul, mais que certaines de ses prescriptions l'ont été par des hommes. Et cette Loi, les paroles du Sauveur nous apprennent qu'elle se divise en trois.

    En effet elle se divise selon qu'elle se rapporte à Dieu lui-même et à son institution de la Loi, puis à Moïse (non en ce que Dieu a institué par son intermédiaire, mais en ce que Moïse a institué sous l'impulsion de sa propre pensée), et enfin aux anciens du peuple, puisqu'il se trouve que ce sont eux d'abord qui ont introduit des préceptes venant d'eux-mêmes.

    Comment donc les paroles du Sauveur montrent-elles qu'il en est ainsi ? Tu vas l'apprendre dès à présent. Alors que le Sauveur discutait avec ceux qui l'interrogeaient au sujet du divorce qui était permis par la Loi, il leur dit : "C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a autorisés à répudier vos femmes ; car au commencement, il n'en était pas ainsi." Car c'est Dieu, dit-il, qui a joint cette union conjugale, et "ce que le Seigneur a joint, que l'homme, dit-il, ne le sépare pas."

    Il montre ici qu'une loi, celle de Dieu, défend à la femme d'être séparée de son mari, et qu'une autre, celle de Moïse, a autorisé à séparer, à cause de la dureté du coeur, ce qui était uni par le lien conjugal.

    A cet égard, la Loi instituée par Moïse est contraire à celle de Dieu ; en effet, maintenir le lien conjugal est le contraire de ne pas maintenir le lien conjugal. Mais si nous examinons le dessein de Moïse qui lui a fait légiférer ainsi, on trouvera qu'il ne l'a pas fait selon sa volonté propre, mais selon la nécessité, à cause de la faiblesse des personnes soumises à la Loi.

    En effet, ceux-là ne pouvaient garder le dessein de Dieu leur interdisant de chasser leurs femmes, avec lesquelles il était désagréable à certains de vivre, et, pour cette raison, ils risquaient de passer davantage du côté de l'injustice et, par là, d'aller à leur perte. Moïse voulut donc leur épargner ce désagrément, à cause duquel ils risquaient d'aller à leur perte, et préférant, en la circonstance, un moindre mal, leur donna de lui-même une seconde loi, celle du divorce : de la sorte, s'ils ne pouvaient garder la première, ils garderaient du moins la seconde et ne passeraient pas du côté de l'injustice et du mal, ce qui aurait entraîné leur perte complète.

    Voilà dans quel dessein Moïse s'est trouvé instituer une loi contraire à Dieu. Au reste, que la Loi de Moïse lui-même est autre que celle qui vient de Dieu, nous l'avons démontré ici de façon incontestable, bien que nous ne l'ayons fait pour l'instant que par un seul argument.

    Il y a aussi des traditions des anciens qui ont été mêlées à la Loi. Cela aussi, le Sauveur le rend évident quand il déclare : "Car Dieu a dit : "Honore ton père et ta mère, afin d'être heureux." Mais vous, dit-il en s'adressant aux anciens, vous avez dit : "Il est à Dieu, le don que tu aurais reçu de moi", et vous avez invalidé la Loi de Dieu par la traditions de vos anciens. Isaïe l'avait clamé haut et fort : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur coeur est loin de moi. En vain ils me révèrent, car leurs préceptes sont enseignements d'hommes."

    Il a donc été clairement démontré que l'ensemble de la Loi se divise en trois : nous y trouvons, en effet, une législation de Moïse lui-même, une des anciens et une de Dieu lui-même. Ainsi établie par nous, la division de l'ensemble de cette Loi a donc dévoilé ce qu'il y a de vrai en elle.

    [Comme l'apôtre des Gentils en ses épîtres, ledit Ptolémée (IIe siècle) explique pourquoi et comment le Messie Jésus est venu remplacer les lois instituées par Moïse afin de mener le peuple hors d'Egypte.

    - Comment : en abolissant ce qui n'était pas pur dans la loi de Moïse.

    - Pourquoi : afin de préparer l'entrée dans la Jérusalem céleste/Terre promise (figuration symbolique de la réunion de l'homme avec Dieu, le père du Sauveur Jésus).

    Ptolémée souligne, citant le prophète Isaïe, que l'impureté des lois juives résulte de ce qu'elles sont, pour partie, des solutions humaines.

    Le lecteur moderne sera surpris par la théologie de Ptolémée tant l'époque moderne est marquée par des catégories philosophiques (monothéisme/polythéisme) impropres à rendre compte de l'esprit des écritures saintes juives et chrétiennes ; la philosophie est elle aussi un "enseignement d'homme", à l'instar de ceux fustigés par le prophète Isaïe.]

     DEUXIEME TRIPARTITION : LOI PURE/MÊLEE AU MAL/SYMBOLIQUE

    A son tour, la première partie -la Loi de Dieu même- se divise en trois : la législation pure, sans mélange avec le mal - celle que l'on appelle Loi au sens propre et que le Sauveur n'est pas venu abolir mais accomplir (car il n'était pas étranger à celle qu'il a accomplie ; et celle-ci avait besoin d'être accomplie) ; puis celle qui est mêlée au mal et à l'injustice et que le Sauveur a supprimée parce qu'elle était inappropriée à sa propre nature. La dernière division concerne ce qui est figuré et symbolique, institué à l'image des réalités spirituelles et transcendantes : c'est ce que le Sauveur a fait passer du sensible et de l'apparent au spirituel et à l'invisible.

    La Loi de Dieu, pure et sans mélange avec le mal, c'est le décalogue, ces dix paroles divisées en deux tables, qui visent à proscrire ce qu'il faut éviter et à ordonner ce qu'il faut faire ; bien que leur législation fût pure, comme il leur manquait la perfection, elles avaient besoin de leur accomplissement par le Sauveur.

    La Loi mêlée à l'injustice, c'est celle du talion et de la compensation des injustices déjà commises, qui ordonne d'arracher "oeil pour oeil et dent pour dent", et de rendre meurtre pour meurtre. Car il ne commet pas moins l'injustice, celui qui la commet en second : l'ordre seul change, l'acte et le même.

    Cette prescription était et est juste par ailleurs ; c'est en raison de la faiblesse des personnes soumises à la Loi qu'elle a été instituée en transgression de la Loi pure, mais elle est inappropriée à la nature et à la bonté du Père de toutes choses. Elle était peut-être adaptée mais, plus encore, elle était le jouet de la nécessité ; car celui qui ne veut pas qu'il y ait un seul meurtre lorsqu'il dit : "Tu ne tueras pas", dès lors qu'il commande de punir le meurtrier par le meurtre, en instituant une seconde loi et en présidant à deux meurtres alors qu'il y en ait un seul, sans s'en apercevoir a été joué par la nécessité.

    Voilà pourquoi le Fils, venu de sa part, a supprimé contre partie de la Loi, tout en reconnaissant qu'elle aussi était de Dieu. Il est en accord avec l'ancienne observance, notamment quand il dit : "Dieu dit : "Celui qui maudit son père ou sa mère est passible de mort."

    Enfin, il y a la partie figurative, qui est à l'image des réalités spirituelles et transcendantes, j'entends par là la législation sur les offrandes, la circoncision, le sabbat, le jeûne, la Pâque, les pains sans levain, etc. Toutes ces prescriptions en tant qu'images et symboles, ont été modifiées depuis que la Vérité a été révélée : ce qu'elles ont de spirituel a été élevé ; les noms sont restés les mêmes, mais les réalités ont changé. Par exemple, le Sauveur nous a commandé de présenter des offrandes, non pas en sacrifiant des animaux ou des victimes, mais par des louanges, des glorifications, des actions de grâces spirituelles et par le partage avec nos prochains et la bienfaisance à leur égard. Quant à la circoncision, il veut que nous ayons non celle du prépuce de notre corps, mais celle, spirituelle, du coeur. De même l'observance du sabbat : il veut en effet que nous cessions de faire des oeuvres mauvaises.

    Le jeûne aussi : il veut que le trône soit non pas corporel, mais spirituel, dans l'abstinence de tout ce qui est mal. Cependant, le jeûne visible est observé chez nous également, puisque, pratiqué avec raison, il peut profiter à l'âme quand il n'est fait ni pour imiter certains, ni par habitude, ni parce que c'est le jour fixé pour le faire.

    Aussi bien on le pratique pour rappeler le jeûne véritable, afin que le jeûne visible rappelle ce jeûne-là à ceux qui ne veulent pas encore le pratiquer.

    De même pour la Pâque et les pains sans levain, l'apôtre Paul montre que c'étaient des images : "Notre Pâque, dit-il, a été immolée : le Christ" et "pour que vous soyez, ajoute-t-il, des pains sans levain, ne vous mêlez pas au levain (par "levain" en réalité il veut dire le mal), mais soyez une nouvelle pâte."

    CE QUI A ETE ACCOMPLI, SUPPRIME OU MODIFIE

    Ainsi donc la Loi reconnue comme divine se divise elle-même en trois. D'abord, ce qui a été accompli par le Sauveur : "Tu ne tueras pas, tu  ne commettras pas d'adultère, tu ne feras pas de parjure" se comprennent, en effet, comme l'abstention de la colère, de la convoitise ou du jurement. Ensuite, ce qui a été complètement supprimé : "oeil pour oeil et dent pour dent", dans la mesure où cela se mêlait à l'injustice et constituait en soi un acte d'injustice, a été supprimé par le Sauveur qui a commandé le contraire ; or deux éléments contraires s'annulent : "Car moi je vous dis de ne pas vous opposer du tout à qui vous fait du mal, mais si quelqu'un te frappe, tends-lui l'autre joue." Enfin, une partie allégorique a trait à ce qui a été modifié et changé du corporel au spirituel : c'est la Loi symbolique, instituée à l'image des réalités transcendantes. Car les images et les symboles, qui représentent d'autres réalités, étaient valables avant que ne paraisse la Vérité ; mais depuis que la Vérité est apparue, il faut agir selon la Vérité, non selon l'image.

    Ces trois parties, ses disciples les ont évoquées, de même que l'apôtre Paul : celle des images, ainsi que nous l'avons déjà dit, à travers la Pâque immolée pour nous et les pains sans levain ; la Loi mêlée à l'injustice, quand Paul dit : "La Loi des commandements a été invalidée dans les enseignements" ; celle sans mélange avec le mal, quand il dit : "La Loi est sainte, le commandement est saint, juste et bon."

    TROISIEME TRIPARTITION : LE PERE, LE DEMIURGE ET SATAN

    Pour résumer -s'il est possible-, je pense t'avoir suffisamment montré qu'une partie de la loi vient des hommes et que la loi même de Dieu se divise en trois.

    Il nous reste à dire quel est ce Dieu qui a institué la Loi ; mais je crois te l'avoir montré par ce que j'ai déjà dit, si tu as bien écouté. Car si cette Loi, comme nous l'avons enseigné, n'a été instituée ni par le Dieu parfait, ni par le diable, ce qu'il n'est même pas permis de dire, c'est donc un autre qui a institué la Loi, et celui-là est le démiurge et le créateur de cet univers et de ce qui est en lui ; comme il est différent des autres par la substance et qu'il se situe entre les deux, on pourrait à juste titre lui donner le nom d'Intermédiaire. Si le Dieu parfait est bon par sa propre nature - et il l'est (car il n'y a qu'un Dieu bon : notre Sauveur a affirmé que c'est son Père, qu'il a lui-même révélé) -, et si l'Adversaire est par nature mauvais et méchant et se caractérise par l'injustice, celui qui se situe entre les deux, sans être bon, ni vraiment mauvais, ni injuste, pourrait plus spécifiquement être appelé juste, puisqu'il préside à la justice, qui se fait selon lui.

    Ce Dieu sera au-dessous du Dieu parfait et inférieur à sa justice, parce qu'il est engendré et non pas inengendré (car seul le Père est inengendré, lui de qui vient toute chose et de qui dépend toute chose spécifiquement), mais il sera plus grand et plus fort que l'Adversaire, son essence et sa nature étant différentes de l'essence de deux autres. En effet, l'essence de l'Adversaire est corruption et ténèbres (car il est matériel et divisé en maintes parties), et l'essence de l'Inengendré, Père de toutes choses, est incorruptibilité et lumière en soi, simple et de forme unique, tandis que l'essence du Démiurge a produit une double puissance - mais il est lui-même une image du Dieu supérieur.

    Ne va pas, à présent, te soucier de savoir comment l'unique principe de toutes choses -celui que notre foi reconnaît pour tel, celui qui est inengendré, incorruptible et bon-, se sont constituées ces natures, celle de la corruption et celle de l'intermédiaire, qui ne sont pas consubstantielles, alors que par nature ce qui est bon engendre et produit des êtres qui lui sont semblables et consubstantiels. Car tu apprendras par la suite, si Dieu le veut, leur principe et leur origine, lorsque tu seras jugée digne de la tradition apostolique que nous avons reçue nous aussi par succession, et cela, une fois que nous aurons étayé tous ces propos par l'enseignement de notre Sauveur.

    Voilà, ma soeur Flora, ce que je n'ai pas eu de peine à te dire en quelques mots. J'ai écrit là de façon résumée et, en même temps, j'ai suffisamment développé le sujet.

    Par la suite, cela te sera très utile, si, comme une belle et bonne terre qui a reçu de fécondes semences, tu fais pousser le fruit qui vient d'elles.

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    Je donne ici un extrait de mon étude en cours dédiée à l'Antéchrist de F. Nitche, extrait tiré du chapitre sur la philosophie naturelle de cet antichrist, qu'il résumait dans la formule de "l'éternel retour".

    "(...) La physique de Nietzsche et moins proche d’Aristote qu'elle n'est d'Héraclite (VIe siècle avant J.-C.), promoteur du feu comme « élément primordial ». Cette philosophie naturelle évoque le mythe de Prométhée, offrant vie à l’homme, sa créature, sous la forme du feu. La cohérence satanique de la doctrine de Nietzsche se trouve renforcée par ce rapprochement. En effet le mythe de Prométhée est, avec la Genèse attribuée à Moïse, l’une des plus anciennes explications de Satan et de son rapport avec les lois de la physique, dont volonté et vertu humaines découlent.

    Le feu, énergie d’origine solaire, dont nul ne peut se passer pour vivre, illustre parfaitement le thème de l’éternel retour puisque la nature est ainsi résumée à une source d’énergie intarissable, faisant et défaisant l’homme, qui ne peut faire mieux que trouver le meilleur moyen de jouir de la vie, c’est-à-dire l’art le plus propice à ce dessein, par-delà bien et mal.

    Matérialiste, la doctrine de Nietzsche se rapproche bien de la science physique grecque (présocratique) qui refuse en général de concevoir le cosmos comme étant, conformément à l’homme, le résultat d’un processus créatif. Cependant « l’élément feu » est celui qui symbolise le plus le processus de création.

    Aristote pour fonder sa métaphysique par-delà les différentes philosophies naturelles de son temps, ne manque pas de critiquer Héraclite en avançant l’absurdité d’une préséance de l’élément feu sur les autres éléments naturels, quand l’observation scientifique conduit au constat de la coexistence des éléments. La critique d’Aristote signifie que toute philosophie naturelle, qu’elle soit matérialiste ou idéale, trouve son unité dans l’homme, qui est dépourvu de cette qualité propre à l’univers ou au cosmos.

     

    A y regarder de plus près, la philosophie naturelle de Nietzsche est aussi peu représentative de l’antiquité grecque que la philosophie d’Héraclite fut. Cet aspect primordial du feu, et donc du soleil, incite à relier plutôt la doctrine de l’éternel retour à la culture de l’Egypte antique. Il est plutôt étonnant que Nietzsche n’ait pas lui-même invoqué cette culture, parfaitement antagoniste du judaïsme honni."

  • Léopardi contre Nitche

    Sans doute parce qu'il est Italien, Giacomo Leopardi est parfois indûment rapproché de Nitche. Cette seule citation de Leopardi, "Le suicide prouve Dieu", où dieu n'est pas une divinité païenne quelconque, suffit à les séparer nettement. Pas plus qu'il n'est satanique, Leopardi n'est adepte de la culture de mort imputée par Nitche au christianisme et à Jésus-Christ lui-même.

    Le mot de Leopardi fait référence à la science naturelle antique, celle d'Aristote notamment, qui voit dans l'homme l'animal le plus complexe, au milieu des autres espèces possédant le souffle vital - un microcosme. De sorte que la sagesse des anciens se préoccupe non seulement de l'aspiration physique, vitale, de l'homme, mais aussi de son aspiration métaphysique contradictoire. Homère a ainsi raconté les aventures de deux super-héros opposés. Achille, courant au-devant de son destin, illustrant l'élan physique ou la culture de vie, nécessairement macabre, et Ulysse d'autre part, plus prudent et illustrant l'aspiration métaphysique et les obstacles tragiques auxquels la sagesse se heurte, mais dont Ulysse finit par triompher. Louant la tragédie grecque, on voit que Nitche en élude les données fondamentales, pour la rapprocher du dieu aryen Dionysos, sans doute afin de l'amputer de la partie métaphysique et conforter sa thèse d'une antiquité grecque baignant dans la culture de vie jusqu'au "décadent" Platon.

    On remarque d'ailleurs dans le récit mythologique de la Genèse attribué à Moïse, la même dialectique que chez Homère - d'une part un arbre de vie, où niche le serpent, symbolique de la science physique, et d'autre part l'arbre du salut, symbolique de la sagesse divine ou de ce qu'Aristote nomme "métaphysique".

    Bien que Leopardi soit l'auteur d'une pensée plus forte et plus cohérente que celle de Nitche, il est moins célébré publiquement que celui-ci. L'explication en est sans doute que Leopardi est moins moderne que Nitche. Bien que la morale aristocratique de Nitche ne s'accorde pas avec le darwinisme, comme le nazisme s'accorda avec lui pour cause de populisme ou de socialisme, la culture de vie nitchéenne ne remet pas en cause le conditionnement physique de l'homme postulé par la science moderne.

    Nitche n'est sans doute pas nihiliste, comme les vils curés modernes qu'il blâme pour s'être acoquinés avec la plèbe et l'empoisonner avec de vains idéaux, mais il est misanthrope, ce qui revient à peu près au même.

  • L'imposteur Taguieff

    Autant le dire tout de suite, les soi-disant juifs convertis aux valeurs républicaines peuvent être tenus pour des renégats qui insultent les prophètes juifs. Pourquoi ? Parce qu'un juif solidaire de tel ou tel ordre moral, nécessairement relatif, s'assied sur la loi universelle de Moïse, étrangère au droit naturel.

    L'élection ancienne du peuple juif n'est assortie d'aucun droit, mais seulement de devoir vis-à-vis de dieu. Le prophète Job en fait le constat douloureux : le dieu des juifs n'est pas un dieu providentiel, comme celui des païens ou l'Etat.

    Le culte juridique des Egyptiens réduit d'ailleurs dieu à un principe - la puissance. Nitche n'est pas antisémite pour rien - il l'est à cause de sa volonté de puissance, qui n'est pas celle des juifs, des chrétiens ou des anarchistes, qu'il conspue noir sur blanc, les inculpant du vice social, selon la vieille méthode des élites païennes qui consiste à chercher des boucs émissaires pour masquer leur propre irresponsabilité. Les seuls chrétiens, juifs ou anarchistes qui répandent le désordre sont ceux qui se mêlent de réformer la société, en dépit des écritures saintes qui les dissuadent de s'attacher au monde.

    Le racisme est donc une doctrine mystique républicaine, exactement comme le nationalisme : ces doctrines visent essentiellement à justifier la conquête ou à conforter la propriété. Bien sûr l'esclavage ne repose pas d'abord sur le racisme, mais sur le droit de propriété.

    Pas plus l'élection des chrétiens, c'est-à-dire le terme définitif de l'histoire, ne procure aux chrétiens un quelconque droit sur l'au-delà, c'est-à-dire le plus inconsistant des terrains d'où les institution païennes romaines ou égyptiennes tiraient leur légitimité politique.

    L'apôtre Paul condamne le plus sévèrement les chrétiens qui voudraient tirer un quelconque droit moral ou politique de la révélation et de la résurrection de Jésus-Christ. Les inventeurs des nations chrétiennes devront affronter la colère des apôtres. L'Eglise est parfaitement pure de calculs juridiques.

    Dans l'antisémitisme chrétien, on décèle encore la racine juridique.

    Pire, les juifs convertis aux valeurs républicaines prêtent le flanc à l'accusation lancée parfois aux juifs d'avoir inventé le racisme et de le justifier par leur élection. Or le sentiment d'élection divine est communément le réflexe des élites, et Moïse n'a pas inventé l'élitisme : il a au contraire battu en brèche le pacte des élites avec Satan, avec l'aide de son dieu. Qui peut oser se dire juif en dehors de la voie tracée par Moïse ? Qu'est-ce que cela signifie, sinon la trahison des prophètes ?

    Bien mieux vaut un juif comme Freud, ou Sartre, qui fait explicitement le choix des valeurs éthiques allemandes contre dieu.

    Il n'est pas difficile de deviner le mobile de la conversion aux valeurs républicaines à partir de l'attitude de Marx, qui n'a pas fait ce choix et vomit le droit et l'état républicains esclavagistes. Le choix des valeurs républicaines est celui de la sécurité sociale.


  • Homère chrétien

    L'Eglise catholique romaine est la première cause d'éradication de la mythologie et des mythes. Dans le glissement progressif de la foi commune vers des vérités mathématiques ou statistiques, non plus dans des vérités mythologiques, l'Eglise latine a joué un rôle décisif en Occident. Pour une raison facile à comprendre: la mythologie n'est pas d'abord un enseignement moral. Elle a un usage social limité. Un de mes professeurs de dessin enseignait à ses élèves : "Le dieu Mars était déjà un imbécile dans l'antiquité." C'est inexact de dire "déjà" ; en inventant le motif du pacifisme militaire, le monde moderne arme les consciences bien au-delà du monde antique.

    La vérité morale ou mathématique est paradoxale: c'est en cela qu'elle entraîne facilement l'adhésion du bourgeois, aussi subtils soient les énoncés de la statistique. Le bourgeois vit en effet pour mourir, sans se poser la question du but, et se satisfait de ce paradoxe, qu'il saupoudre de tel ou tel folklore.

    Si le port de la croix est autant à la mode dans les diverses sectes sataniques, c'est en tant qu'il signifie l'existentialisme: non pas un humanisme, mais une religion parfaitement compatible avec le nazisme. Les vérités mythologiques, notamment les plus antiques, ont l'inconvénient de ne pas justifier l'homme, et la femme moins encore, et d'inciter à la résolution du paradoxe humain, d'une manière qui n'est pas passive.

    La mythologie des cinq livres attribués à Moïse a d'abord un sens historique et scientifique. La Mer Rouge engloutissant les Egyptiens est, par exemple, une métaphore historique. Les religions institutionnelles comme le catholicisme romain, en dépit de la lettre et de l'esprit du christianisme, sont fondées sur le négationnisme de l'histoire. Par définition, il n'y a pas d'historien catholique romain. Il est stupéfiant de constater le point de négationnisme atteint par le Grand Siècle.

    - En quoi peut-on dire que Homère est "chrétien" ? Dans la mesure où sa métaphysique, contrairement à celle des Egyptiens, de Platon ou de Blaise Pascal, ne contredit pas la métaphysique chrétienne. Dans la mesure où Homère ne fait pas des hypothèses, comme le purgatoire, impossible à fonder sur les saintes écritures, et que l'organisation sociale pyramidale requiert.


  • Dialectique contre Ethique

    Cette note est pour accompagner Fodio dans l'étude des sonnets de Shakespeare, où le grand prophète chrétien de l'Occident met littéralement le feu à la culture chrétienne médiévale afin de faire table rase de la morale catholique romaine, entièrement satanique.

    Les sonnets de Shakespeare sont donc le plus grand poème chrétien illustrant la dialectique chrétienne, opposée à l'éthique païenne binaire.

    Dès qu'un chrétien ou un juif invoque l'éthique, vous pouvez savoir grâce à Shakespeare que vous avez affaire à un imposteur: ce que les chrétiens authentiques nomment un "fornicateur".

    Jamais civilisation n'a porté de masque plus ignoble que celui de la démocratie-chrétienne, dont le rapport avec "l'odeur du Danemark" est très étroit. Shakespeare a-t-il prophétisé le nazisme ? Non, il a prophétisé bien pire encore, conformément à l'apocalypse. Un esprit divisionnaire extrême, qui ressemble à la convulsion de la bête de la terre, et qui laissera les fidèles apôtres du Christ indemnes. 

    Shakespeare témoigne d'une conscience chrétienne aiguë de l'écartèlement de l'homme par deux forces antagonistes. Il les décrit dans ses sonnets, l'une comme un ange, "un homme parfaitement beau" (sonnet 144), l'autre comme "une femme à la couleur maligne" (ibidem). Quelques benêts dans l'Université y ont lu un aveu 

    de bisexualité ; ça tombe bien puisque Shakespeare, après Rabelais, dissuade de prendre le savoir universitaire très au sérieux. Il n'y a pas besoin d'une théorie du complot pour comprendre la raison de la médiocrité de l'enseignement académique : agrégation et panurgisme suffisent à l'expliquer.

     

     

     

    Le "prince charmant" des contes chrétiens occidentaux n'est pas plus "sexué" que la vierge Marie, quoi qu'il soit nécessaire de tout érotiser pour fourguer des indulgences ou le purgatoire. Ce prince symbolise

     l'Esprit divin, combattant l'iniquité. L'histoire, pour les chrétiens, commence par la chute d'Adam et Eve suivant la mythologie de Moïse, et s'achève par la résurrection de Jésus-Christ (anti-Adam), et de son épouse, l'Eglise (anti-Eve). Comme Moïse, inspiré par dieu, a conçu une mythologie de l'origine du monde et de la chute, qui entraîne la mort de l'homme, Shakespeare conçoit une mythologie de la fin des temps. 

    Partout dans l'oeuvre de Shakespeare-Bacon, les sonnets aussi bien que les pièces, on retrouve ce symbolisme historique ou apocalyptique.

     

     

    L'entreprise de Shakespeare peut se comparer à celle de Dante Alighieri, à condition de comprendre que Shakespeare rétablit l'histoire et la science contre l'éthique et la philosophie platoniciennes du poète italien, sans fondement dans les saintes écritures. La Béatrice de Shakespeare est pure, comme l'éternité, de considérations anthropologiques, nécessairement charnelles, portant la couleur maligne, écarlate ou pourpre, du péché.

     

    - Shakespeare sait très bien la tendance de l'homme à tout traduire sur le plan charnel ou érotique. Cette tendance n'épargne pas l'ère chrétienne; elle est représentée sous la forme de la grande prostituée.

    Bacon développe par ailleurs l'idée, opposée à la psychanalyse, que la chair est le principal obstacle à la conscience et à la science. Elle l'est plus encore lorsqu'elle est sublimée dans des théologies puritaines odieuses et qui frisent la démence sado-masochiste (Thérèse d'Avila). L'ivresse de la chair est moins grande chez Sade ou Don Juan qu'elle n'est chez certains religieux dévôts, parfois totalement abstinents mais dévoués à un culte érotique.

    - La dialectique chrétienne, rappelée dernièrement par Karl Marx d'une manière moins imagée, implique contrairement à la foi et à la raison païenne animiste (tous les paganismes ne sont pas des animismes), implique de ne pas considérer l'âme autrement que comme un "principe vital", indistinct du corps. La raison pour laquelle il n'y a ni purgatoire, ni "espace-temps" au-delà de la mort dans le christianisme, que celle-ci n'est pas une étape nécessaire, est liée au fait que l'âme n'a pas dans le christianisme d'existence séparée ou autonome. C'est le sens chrétien de "la résurrection des corps" : la personnalité morale, juridique, n'a pas de fondement chrétien. "Laissez les morts enterrer les morts !" dit Jésus, car le culte des morts est essentiellement païen.

    Pour le chrétien, tout se joue dans l'enfer, ici et maintenant. Satan passe l'humanité au crible.

    Le christianisme n'est pas "binaire", comme sont les religions "anthropologiques" ou "morales". Non seulement le chrétien reconnaît qu'il y a un aspect positif dans Satan, et non seulement négatif, mais il reconnaît que c'est l'aspect de la santé ou de la beauté (au sens platonicien) sur le plan personnel, ou de la politique lorsqu'elle est équilibrée, dans lequel se traduit cet aspect positif.

    C'est bel et bien un sens chrétien qu'il faut donner à la réforme de la science selon Francis Bacon Verulam (alias Shakespeare), et non censurer cet aspect comme font généralement les universitaires qui traduisent Bacon à leur convenance, suivant une tendance équivalente aux méthodes inquisitoriales du moyen âge. Rien n'autorise le droit canonique !!! Il faut le dire et le répéter face aux chiens qui prétendent le contraire, et se mettent délibérément en travers de la voie de l'Esprit.

    Le droit canonique est une insulte à Paul et son épître aux Hébreux. C'est la manifestation d'un pharisaïsme odieux, qui entraînera ceux qui s'y fient dans l'étang de feu.

    La réforme de Francis Bacon vise en effet deux buts concordants, dont les universités européennes n'ont JAMAIS tenu compte (ce que Bacon avait sans doute prévu) : en finir avec la philosophie platonicienne (il met plus ou moins Aristote dans le même sac, sachant qu'Aristote est à moitié platonicien, et qu'il a fini par rompre avec le pythagorisme et la croyance égyptienne dans l'âme séparée du corps) et revenir à la mythologie d'Homère, porteuse de vérités beaucoup plus profondes que l'éthique de Platon. Par Homère, Bacon veut renouer avec un universalisme dont il sait qu'il emprunte tout à Moïse. L'opposition d'Achille le païen et d'Ulysse le juif est déjà une dialectique illustrée.

     

  • Contre Bernanos

    En réponse à Fodio, qui cite Bernanos sur son blog, sincère royaliste sans doute, mais étrange cependant dans une religion qui ne reconnaît de pouvoir royal que celui de dieu, ou celui du christ, qui a défendu à ses apôtres de l'appeler "maître". Etrange Bernanos, qui semble ignorer que le XVIIe siècle des rois tyranniques est marqué dans son propre pays du sceau de Satan.

    Bernanos citant le curé d'Ars : "Ce que je sais du péché, je l'ai appris de la bouche même des pécheurs."

    Ce que les disciples de Jésus-Christ savent du péché, il ne l'ont pas appris de l'homme, qui n'en sait rien de plus qu'Adam et Eve; ils l'ont appris de Moïse et de Dieu. Le pécheur, moi, vous, tout mortel, ne peut pas regarder le péché en face, car cela reviendrait à regarder la mort en face, et non dans un miroir comme la basse condition humaine l'impose. Sauf peut-être au seuil de se résigner à mourir, nul homme n'est capable sans l'aide de dieu et ses prophètes de voir le péché en face. On a tous besoin de sentir qu'on est quelque chose, et non pas un tas de molécules en combustion. La culture de vie des païens les plus terre-à-terre charrie le péché comme le torrent charrie les gouttes d'eau. Jésus-Christ est assassiné - il est haï par Nitche, pour avoir définitivement rendue caduque la culture de vie, et il ne faut pas beaucoup plus de lucidité que des suppôts de Satan comme Baudelaire ou Nitche pour reconnaître dans l'argent moderne le dernier souffle de vie du monde.

    Donc seule la parole de dieu, qui est son Esprit, permet de voir le péché en face sans être anéanti par cette vision. L'aspiration à la connaissance de la parole divine est l'aspiration à être pur et lavé du péché - avant d'atteindre cette pureté éternelle, à être secouru par une force contraire à celle soutenant l'homme ordinaire, qui est sa foi ou son espoir, plus ou moins puissante suivant la vertu de cette homme ou de cette femme. Les rois sont faibles, nous dit le prophète Shakespeare, car ils sont appuyés eux-mêmes sur une masse mouvante, et prête à les noyer à chaque instant.

    Autrement dit : l'apocalypse ou le péché. C'est tout le crime du clergé romain (que Bernanos ignore obstinément, condamnant l'intellectualisme sans voir la part immense des clercs dans la casuistique, jusqu'à faire du catholicisme une religion de philosophes), le crime du clergé de faire écran à l'apocalypse, et de contraindre ainsi l'humanité au péché; de restaurer la mort dans ses droits en même temps que le péché, dont le Messie des chrétiens a levé l'hypothèque, rendant toutes les choses nécessaires à sa survie, inutiles pour son salut.

    Le péché et la mort confèrent au clergé un pouvoir immense sur les hommes, en particulier les ignorants, exactement celui que la maladie et la mort confèrent aux médecins aujourd'hui, en un sens plus vrai, car plus concret que celui du clergé démodé, qui d'ailleurs s'incline désormais devant la médecine, vaincu sur un terrain où aucune parabole du Nouveau Testament ne l'incitait à s'aventurer, pataugeant dans la plus barboteuse thérapie de l'âme et les syllogismes kantiens de crétins patentés, docteurs de l'Université.

    Ce pouvoir immense sur les foules, il a été ôté au clergé par le Messie, s'affranchissant lui-même de la chair et du péché. Niant que dieu réclame à l'homme des sacrifices, quand il ne lui demande que de l'aimer, ce qui n'est pas un sacrifice mais une libération. Celui qui réclame des sacrifices, et procure en échange certaines récompenses plus ou moins illusoires, maintenant l'homme dans un cercle infernal de douleur et de plaisir, de labeur et de fruit de ce labeur, n'est autre que Satan. Et la confiance en lui est comme naturelle et spontanée. Elle l'est chez le paysan, plus encore que chez l'intellectuel, qui croit pouvoir rivaliser par ses propres oeuvres avec le diable. Satan et le monde vacillent de la concurrence que les intellectuels font à Satan.

    Confronté à la philosophie, le paysan a souvent le pressentiment que la métaphysique est une imposture, une pure casuistique, qui parle moins vrai que la nature. En quoi il n'a pas tort, le plus souvent, car la culture est toujours inférieure à la nature. Plus elle prétend surmonter la nature, plus la culture est amère et médiocre - au bout du compte il ne reste plus dans la vaste porcherie bourgeoise que la gastronomie à l'intérieur, et les missiles en direction des affamés à l'extérieur.

    Mais, de ce que la nature est toujours supérieure à la culture, il ne faut pas déduire que la métaphysique n'est que du vent. Que les intellectuels simiesques en sont les plus éloignés, ne prouve pas que les choses surnaturelles n'existent pas. Homère, Shakespeare qui trucide des intellectuels dans ses pièces, Molière, ou même Balzac, ne sont pas des intellectuels. Molière sait que la charité véritable est toujours une insulte pour les cacouacs.

    Bernanos, lui, est un intellectuel, qui reconnaît la vanité de l'intellectualisme. Mais c'est Shakespeare qui mène la bataille contre la race de fer, la plus vaniteuse de tous les temps.

     
  • Pourquoi la misogynie ?

    Pourquoi le judaïsme et le christianisme (non pas l'Eglise romaine) sont-ils misogynes ? Simplement parce que la femme est une puissante incitation à la guerre. Derrière le soldat, comme derrière le capitaine d'industrie, ou même le polémiste, on retrouve la détermination féminine ou sexuelle, qui confirme la justesse des mythologies de Moïse ou d'Homère, à travers les siècles. Achille est entièrement actionné par le principe féminin.

    Le voile catholique médiéval, ou le voile islamique, ne sont pas des instruments spirituels, ce sont des instruments de protection sociale. Dans l'Eglise romaine les femmes dominent des hommes soumis au principe de l'éternel féminin ; nombre d'entre elles en sont, d'ailleurs, relativement conscientes. L'art chrétien authentique souligne au contraire la connivence des femmes et de la mort, ce lien que Jésus tente de dénouer dans la conscience de Marthe, soeur du ressuscité Lazare. L'homme meurt de se conformer à sa volonté ou son rêve de puissance, c'est-à-dire concrètement de se conformer au plan social.

    Sur ce point, l'antichrist Nitche ne se trompe pas : le judaïsme, puis le christianisme, ont irrémédiablement altéré l'ordre social : il n'y a plus après Moïse d'autre choix pour un homme d'élite ou de rang supérieur que de rompre avec son milieu, ou d'adopter la fourberie comme le mode de pensée principal, dont la démocratie est le témoignage éclatant, fondé non plus sur la domination mais le désir d'asservissement, inculqué dès le plus jeune âge aux enfants, à l'aide de moyens de propagande extraordinaires. Le dieu des élites est mort avec Moïse et les prophètes. Les nations ont enflé jusqu'à l'échelle totalitaire de ne plus pouvoir se maintenir à l'équilibre. La vitesse moderne est une fuite de l'Etat en avant, caractéristique de la barbarie de nos élites, qui n'ont pas trouvé d'autre moyen que ce train d'enfer pour se maintenir en selle.

    Si la foi dans l'immortalité est plus répandue dans le monde antique qu'elle n'est désormais, c'est parce que la rêverie, les fantasmes juridiques et la projection vers une cible abstraite, sur quoi repose tout l'art moderne, n'y ont pas de place. Le cinéma est destiné aux peuples guidés par la frustration, non à ceux qui parviennent à jouir normalement. Jamais l'aliénation ne fut mise en valeur dans l'antiquité. Le fait qu'elle le soit aujourd'hui prouve le cynisme superlatif des élites en place.

    La société, incarnation véritable de l'éternel féminin, n'est plus qu'une vieille sorcière retapée à la chirurgie esthétique, dont le lait s'est tari depuis longtemps.

  • Homère éternel

    Contrairement à Léopardi, je ne crois pas que l'intérêt persistant pour Homère à travers les millénaires relève du hasard. C'est plutôt l'intérêt pour la plupart des auteurs modernes qui relève d'une coïncidence, au sens strict. Il faut être inconscient pour être un auteur moderne, d'une manière que Homère rejette en l'attribuant aux imbéciles. Difficile de prendre Homère au sérieux ET Edgard Morin, tous les pontifes à deux doigts de la démission. Le connard moderne croit pouvoir voyager dans le temps, et il n'est même pas capable de tirer de l'histoire autre chose qu'un baume rajeunissant.

    Le combat de Platon-le géomètre contre Homère n'est pas fortuit non plus. Ce dernier n'est pas tendre avec celui qui se fie à la puissance naturelle du destin : Achille, et sa gloire infinie.

    Il y a bien chez Homère, comme de la part de Moïse, un renversement de la religion égyptienne. L'athée national-socialiste Freud le dit à sa manière d'athée : Moïse a inventé une religion contre celle des Egyptiens. Chez Homère aussi, le plan social ou anthropologique, décisif dans le culte démoniaque égyptien, est dépourvu de sens spirituel. Qu'est-ce qu'un Juif ? Quelqu'un qui ne peut adhérer spirituellement à l'éthique ou au droit naturel égyptien. Ulysse est guidé par une sagesse surnaturelle, dont on peut vérifier qu'elle a beaucoup de correspondance avec celle du roi Salomon, et aucune avec la psychanalyse.

    "Parmi les nombreuses choses que fut Ulysse, il y a une constante dans la littérature occidentale : la fascination exercée par les humains qui se moquent des limites, qui, au lieu de se soumettre à la servitude de ce qui est possible, entreprennent, contre toute logique, de chercher l'impossible." dixit Mario Vargas Llosa.

    C'est très facile de comprendre pourquoi : les limites sont sociales. Le christianisme est antisocial, au point qu'il n'a pas le respect des morts. Celui-ci n'a d'intérêt que pour les vivants, qui à leur tour mourront, et ainsi de suite, suivant la généalogie païenne. Il n'y a pas d'éthique ou de morale dans le judaïsme et le christianisme ; s'il y en avait une, il y aurait un paradis, un purgatoire et un enfer ; or il n'y en a pas. C'est l'intérêt du clergé, en tous temps, et à toutes les époques, de faire croire qu'il y en a un. Aujourd'hui c'est l'intérêt des psychanalystes de faire croire qu'il y a un "inconscient" ou un "subconscient". Ces limites déterminent à l'action sociale. La conscience du chrétien authentique lui indique au contraire cette vérité, blessante à cause de la chair et de la faiblesse de l'âme humaine, que l'enfer se situe ici-bas.

    La "logique" dont parle Mario Vargas Llosa n'est autre que la foi et la raison païennes qui s'organisent autour de la mort. Dans un tel contexte de déterminisme biologique, dans lequel la psychanalyse nazie s'inscrit elle aussi : amour, liberté et vérité n'existent pas. Ce n'est que de la verroterie lancée par l'élite au peuple ignare, afin de le posséder.

    L'amour est parfaitement incompatible avec le déterminisme biologique. Une personne guidée par le destin ou la providence peut se bercer de l'illusion qu'elle est aimée ou qu'elle aime : mais ce n'est qu'une illusion. Elle prend pour de l'amour ce qui n'est en fait que de l'attachement.

    Mario Vargas Llosa semble ignorer que la conscience scientifique n'envisage pas, elle non plus de limites, contrairement à la conscience religieuse qui nie l'histoire. L'antagonisme entre Ulysse et Achille est aussi celui entre la "science consciente" d'une part, et la puissance et la science technique de l'autre.



  • Anthropologie

    Derrière chaque anthropologue se cache un antichrist plus ou moins sournois. On peut dire aussi que l'anthropologie est un masque qui permet à des ignares de faire croire qu'ils sont savants. L'anthropologue n'a pas le sens de l'histoire, il a seulement celui de ses intérêts.

    C'est en tant qu'anthropologue que Polonius-Copernic est exécuté par Hamlet. Ce sont toujours des anthropologues qui jugent et condamnent Shakespeare.

    Qu'est-ce que l'anthropologie ? C'est une façon d'expliquer l'homme autrement que par la mythologie de Moïse.


  • Fin de l'Histoire ?

    C'est parce qu'il n'y a pas de morale ou d'éthique dans le christianisme que les chrétiens sont aussi attachés à l'histoire.

    Comment le chrétien comprend-il la civilisation ? Il la comprend comme l'ennemie de l'histoire, les pharisiens traquant le peuple hébreu dans le désert, puis les juifs et les Romains crucifiant Jésus sur la croix ; plus tard, Rome substituant sournoisement à l'Esprit la grâce et la providence, qui font étinceler les épées des soldats dans les batailles, leur donnent confiance, facilitent leur sacrifice sanglant... ce n'est qu'une fois réunis à la terre que ces braves, s'aperçoivent que leurs mères les ont fait cocus, comme Achille. Achille n'est pas brave, il est lâche, car la gloire est une forme d'imbécillité.

    La civilisation, comme une mer rouge, emporte des millions d'hommes. Et quand les chrétiens ou les juifs charnels prétendent "faire la civilisation", la terre dégorge parce qu'elle ne peut pas tout boire d'un seul coup.

    Dieu soustrait le peuple des Hébreux par Moïse au monde. Jésus-Christ parfait la mission en soustrayant l'individu à l'Eglise. N'ai-je pas raison ? Le goût de l'histoire ne vient-il pas toujours du dégoût de la morale et de l'éthique, de l'idée fixe du devoir ?

    (J'ai lu ton article sur A.J. Toynbee, Fodio ; quelles que soient ses intentions, bonnes ou mauvaises, il n'est pas aussi fort et pur que Shakespeare, qui ne trempe jamais, ne serait-ce qu'un doigt, dans le complot macabre de la civilisation : pour lui, pour nous, pour dieu.) 

  • Oecuménisme

    Un pote mahométan, plutôt curieux de nature, aimerait bien savoir ce que je trouve à redire à Mahomet ? Puisque Jésus est plus véridique que Moïse selon toi, me dit-il, pourquoi Mahomet qui est postérieur à Jésus ne le serait-il pas plus encore ?

    Pourquoi ? Parce que tous les prophètes sont anticléricaux : ils passent par-dessus le clergé pour s'adresser au peuple, et chaque fois leur intervention se justifie par la restauration de l'iniquité du fait du clergé. Tous, c'est-à-dire Homère, Moïse (dont certains prétendent qu'il a influencé Homère), Ezéchiel, Daniel, Jésus, Paul de Tarse, Shakespeare. Mahomet m'apparaît plutôt comme un réformateur du clergé, ainsi que nous en avons plusieurs exemples en France : les jansénistes de Port-Royal, ainsi que les philosophes des Lumières, qui se présentent largement comme un clergé nouveau.

    Mon oecuménisme s'arrête là. Il n'est qu'une feinte ou une impasse de la part des religions. Une impasse qui débouche dans l'absolu sur le syncrétisme, c'est-à-dire la gastronomie. Les religions recèlent le principe du schisme ou de la division, puisqu'elles imposent la conversion, nécessairement idéologique. L'idée même d'un dialogue oecuménique entre orthodoxes et catholiques paraît pure bouffonnerie, puisqu'ils se réclament du même prophète et de la même prophétie. Calculer le PGCD entre deux religions ? On ne peut calculer que le PGCD du mensonge.

    D'ailleurs la religion républicaine, dominante aujourd'hui, ne propose pas ses valeurs, elle les impose. Et comme l'idéologie libérale est encore plus puissante et sournoise, comme larvée, elle impose ses taux de conversion aux tenants des valeurs laïques républicaines. La conversion est faite pour donner le change.

  • Grâce à Voltaire

    L'enjeu des Lumières françaises comme mythe fondateur des valeurs républicaines interdit pratiquement de comprendre ce qu'elles représentent et de les étudier comme il convient dans le cadre des institutions républicaines.

    - A cette impossibilité s'ajoutent les travaux obscurs de certains adversaires des Lumières. Dernièrement, la thèse de l'idéologue Zeev Sternhell est parmi les plus vaines, probablement faite pour occulter que le nationalisme juif est un néo-nazisme. C'est se moquer du monde, à la manière de l'imposteur public n°1 Bernard-Henri Lévy, que de faire du "nationalisme" une composante essentielle du fachisme, tout en s'abstenant de vouer aux gémonies l'Etat d'Israël.

    - La critique des Lumières françaises par Karl Marx reste à ce jour, à la fois la plus lucide et la plus politiquement incorrecte. En effet, les usagers de la philosophie des Lumières en tant que mythe fondateur sont idéologiquement liés à leurs adversaires, "comme tenon et mortaise", pour emprunter à Marx sa comparaison de l'idéologie et de la mécanique.

    Cette opposition de nature religieuse recoupe l'opposition de l'éthique républicaine moderne à l'éthique judéo-chrétienne archaïque, opposition où réside le machiavélisme de l'Occident moderne, dont un marxiste authentique tirera argument pour avertir que le nazisme ou le fachisme ne furent que des épiphénomènes. Sur le terrain de la puissance ou de la virtualité où les régimes fachistes et nazis se situaient, ils ont été rapidement écrasés par leurs adversaires. Quiconque comprend un minimum les mathématiques, comprendra ce que signifie l'effondrement rapide d'un régime qui devait durer mille ans. Et, si les logocrates égyptiens qui ont la prétention de gouverner le monde ne comprennent pas les mathématiques, ils n'ont qu'à retourner à l'école de Pythagore ou Platon, ou plus près de nous de ces moines imbéciles du moyen-âge.

    - Disons d'abord ce qui sépare radicalement Marx des "Lumières françaises". Contrairement à la philosophie des Lumières, le point de vue marxiste N'EST PAS UN POINT DE VUE CIVILISATEUR. C'est en quoi on peut rattacher Karl Marx à la spiritualité juive ou chrétienne, outre sa remise en cause radicale de l'argent et de la propriété, valeurs qui fondent le paganisme le plus primaire, tandis que les logocrates judéo-chrétiens tels que Lévinas, Benoît XVI ou Georges Steiner, ne sont en réalité que des scribes égyptiens qui avancent leurs pions derrière le masque hypocrite des "Droits de l'Homme".

    Si un philosophe chrétien ou juif met en avant les "droits de l'homme", vous pouvez être certain d'avoir affaire à un imposteur, pour ne pas dire un avocat du diable. Les droits de l'homme sont aussi étrangers au christianisme que le principe de la monarchie de droit divin, grossière imitation du culte païen égyptien. Le transfert de la souveraineté du monarque au peuple est le fruit d'une manipulation juridique grossière de la bourgeoisie qui, si elle a ravi le pouvoir politique à l'aristocratie, s'est toujours bien gardée de le transférer au peuple.

    La loi de Moïse n'accorde aucun droit aux Juifs, et certainement pas celui, comme font certains citoyens d'Israël abominables, de se servir de dieu pour raffermir la clôture d'un pré carré. Ce blasphème contre dieu est caractéristique d'une logocratie et du procédé des prêtres de Bel. Bien sûr le christianisme ne va pas dans le sens contraire de la loi de Moïse. Il ne remet pas en cause le fait que seules les divinités païennes accordent des dons ou des droits à leurs émules, de telle sorte que le raisonnement anthropologique païen, en termes de droit, circonscrit strictement l'homme à la chair et la compétition qu'elle engendre. L'anthropologie condamne l'homme à mort, en le coupant de la spiritualité.

    - Maintenant, voici ce qui sépare les Lumières françaises du régime républicain qu'elles sont censées fonder, voire de la laïcité française. Les Lumières françaises sont le théâtre d'un débat théologique assez intense, que l'instruction religieuse de ces philosophes permet. Selon la parole de dieu "Qui n'est pas avec moi est contre moi.", on peut considérer Voltaire comme un antichrist ; il n'en reste pas moins que Voltaire connaît mieux le christianisme et son histoire que le conciliabule des évêques de France aujourd'hui, ministres du culte dont les propos traduisent une spiritualité réduite aux acquêts de la propriété républicaine, quand les trafics et opérations militaires les plus odieux ne sont pas aspergés d'eau bénite par ces goupillons mollassons.

    L'originalité de Voltaire est de s'attaquer à Leibnitz et Descartes et dénoncer ainsi une éthique ou une théologie qui n'a de "chrétienne" que l'étiquette. Idem pour Diderot : celui-ci place le clergé catholique en contradiction avec ses propres écritures saintes. Le moins qu'on peut dire est qu'il est peu resté de cet "esprit des lumières" dans la république moderne, sauf peut-être l'hostilité à l'idée des racines chrétiennes de la France, puisque cette dernière, pas plus que l'identité, ne peut s'appuyer sur le christianisme, et qu'elle est un négationnisme historique pur et dur, exactement comme la mythomanie laïque ultérieure.

    On ne voit pas en outre quel philosophes des Lumières possède le degré d'imbécillité nécessaire pour, comme le pape Benoît XVI, croire qu'il est possible de distinguer une sphère des affaires privées, d'une autre qui engloberait seulement les affaires publiques ? Techniquement, autant dire qu'il faut être Allemand pour avaler un tel truc. C'est aussi énorme que d'avancer que la bestialité qui anime les militaires d'un corps expéditionnaire envoyé pour conquérir un pays étranger, n'est pas le résultat d'un entraînement commandé par les plus hautes autorités de l'Etat, mais le résultat de mauvaises habitudes qu'ils ont contractées à leur domicile. Bref, c'est de la tartufferie boche de haute volée. Même les nazis ne se payaient pas la tête du peuple de cette façon.

    - Les "Pensées" de Pascal sont aussi dénigrées point par point fort utilement par Voltaire, comme, à tout le moins, inaptes à fonder une vérité, tant elles paraissent imiter le mouvement vacillant d'une flamme et épouser les doutes de leur auteur. Le "pari de Pascal" est resté comme le symbole de la vanité de ces pensées.

    Etant donné le flou baroque caractéristique de Pascal, et le profit que le clergé sait retirer en général de la fluidité et des envolés lyriques absconses, on peut d'ailleurs bien plus facilement tirer un trait d'union entre l'élite républicaine moderne et Pascal ou l'époque baroque, qu'avec l'élite moderne et Voltaire, qui réserve l'usage du style aux bonnes femmes et aux académiciens.

     

  • Signes rétrogrades du temps

    Il n'est que de voir l'accueil tribal réservé au pape Benoît XVI ou à son prédécesseur par des marées de chrétiens lors de ses voyages à travers le monde pour être éclairé sur la nature véritable des principes démocrate-chrétiens. Comment reprocher après ça à Hitler, Staline, Napoléon ou Louis XIV, le culte de la personnalité ?

    Le peuple hébreu fait ainsi à Moïse le plus souvent, après que Yahvé l'a entretenu à l'écart, un triomphe... avant de s'en retourner à ses petites affaires. Certes le pape actuel a tout pour plaire à des Juifs nostalgiques, mais pas grand-chose pour satisfaire à la mission apocalyptique.

    Il fut un moment question de 'ne pas avoir peur', voire même de 'dissidence', vocabulaire extraordinaire dans la bouche de précieux cardinaux, une 'dissidence' que le cynisme des 'Droits de l'homme' impérialistes impose. Mais on voit que cette dissidence a rapidement tourné en eau de boudin pour virer aux colloques sentencieux devant des assemblées d'édiles marrons trop content qu'on ne les voue pas à la damnation pour les crimes et les blasphèmes quotidiens.