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Créationnisme

Nouveau quitus du Vatican accordé à Darwin en octobre dernier. Bien sûr Benoît XVI ne défend pas la thèse binaire et raciste de Darwin positivement, pas plus que Pie XII n'approuva positivement la politique d'Adolf Hitler, mais la passivité aussi est scandaleuse lorsqu'elle est répétée.

La condamnation publique d'Hitler aurait pu avoir pour effet de durcir l'attitude des autorités nazies vis-à-vis des populations brimées. Tandis que dans le cas de Darwin, il s'agit d'une idéologie anglo-saxonne qui sert à cautionner les expériences ignobles de l'industrie pharmaceutique capitaliste. Si la statue de Darwin s'écroule, comment les officines justifieront-elles le fameux 'génie génétique' qui, en cinquante ans, après avoir englouti des millions de dollars dans la recherche contre le cancer, n'a pas progressé d'un iota ?

Il est complètement faux de prétendre, comme certains démocrates-chrétiens osent l'affirmer, que les thèses de Darwin ne sont pas contraires à la foi chrétienne. D'abord, bien sûr, parce que Dieu a fait l'homme, non pas le singe ou l'amibe, à son image. La Genèse distingue nettement la création des animaux de celle d'Adam et Eve. La raison 'métaphysique' est assez évidente et les musulmans, les juifs ou les protestants partagent à peu près la même raison. En outre le catholisme authentique affirme le bienfait pour tous d'une Science et d'un Art authentiques qui accroît la Charité. Et il se trouve que Darwin est un malhonnête plagiaire de Lamarck. Aucune autorité ecclésiastique, même sous pression, ne devrait cautionner la méthode de Darwin.

Aux observations de Lamarck qui elles-mêmes ne sont que des hypothèses assez superficielles (La dérive des continents demeure en grande partie hypothétique elle aussi), Darwin ne fait qu'ajouter des calculs empiriques. Son évolution est 'statistique', c'est-à-dire binaire, plus encore que l'idéologie nationale-socialiste de Hegel, elle devrait être condamnée comme une aberration.

La caractéristique de la science 'empiriste' éclate au terme de trois siècles d'évolution vers le totalitarisme. Elle est observable notamment dans le domaine de l'épistémologie (K. Popper), ou dans les derniers avatars de la science polytechnique (M. Planck, Boltzmann, Poincaré, Einstein, de Broglie) : la science empirique ou 'potentielle' implique que l'Univers a été créé par l'Homme. Dit comme ça, ça peut paraître cocasse, en réalité cette bêtise est à pleurer. L'athéisme laïc aurait dû déboucher en toute rigueur logique sur une science entièrement fondée sur le hasard. C'est-à-dire l'absence de science. Hélas les athées qui se suicident sont rares, et la science laïque est devenue 'probabiliste'.

Ce déterminisme fallacieux est satanique. La référence à Pythagore et l'éloge de la symétrie trahissent le pacte avec le diable. Le pape se retrouve dans la situation paradoxale d'être interdit de se prononcer sur le plan scientifique, sauf pour approuver publiquement des thèses athées. L'Eglise catholique n'a sans doute jamais de son Histoire été aussi minable. Vivement la Révolution.

Commentaires

  • Mon cher Lapinos,

    Si je trouve votre tirade amusante car proche d'une certaine vérité, il est des moments où vous allez un peu vite en besogne. Je vous reprendrai sur Poincaré qui était "intuitionniste" (voire son débat contre les logiques de Russel et les fondements des mathématiques vues par Hilbert). Or, je ne vois pas comment on peut être intuitionniste sans réaliser que la pensée est parfois "inspirée", inspirée d'on ne sait pas où...

    Poincaré fut un fervent défenseur de l'impossibilité de l'homme à trouver des "fondements" aux mathématiques (cf. Gödel), et dans son combat, il s'est affronté à une pensée "protestante", si je voulais reprendre vos termes, protestante anglo-saxonne et protestante allemande. Un bien beau débat que cette querelle, d'ailleurs.

    Je vous rejoins donc sur le point des investigations géniques qui ont cela d'absurde qu'avec une suite de milliards de bases, des scientifiques un peu imbéciles espèrent trouver les séries de bases qui nous donnent les yeux bleus, le nez pointu, telle ou telle maladie, etc.

    Mais tout cela, si cela vous apparaît comme de la politique ne devient de la politique que lorsque l'homme n'a plus d'autres arguments pour cacher sa naïveté ou sa bêtise. On peut voir aujourd'hui dans la crise financière que, quelques soient les génies mathématiques employés par les banques, la bêtise est toujours une caractéristique fondamentale de l'homme.

    1001

  • - Kant est lui-même 'intuitionniste' comme vous dites, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un raisonnement binaire que je qualifie, pour être précis, d'algébrique. Autrement dit, pour Kant, le cerveau humain fonctionne à peu près comme celui d'un ordinateur, même s'il est incapable, et pour cause, d'assigner une place à l'intuition dans ce système.

    - La contradiction de Poincaré, voisine de celle d'Einstein, dérivée de celle de Kant, tient à ce que malgré toutes ces spéculations, la réalité finit par lui sauter aux yeux.

    La réalité de l'infinie stupidité d'un ordinateur aujourd'hui n'est plus aussi évidente pour les nullibistes (cartésiens) d'aujourd'hui.
    Prenez le docteur laïc Claude Allègre, par exemple, loin d'être le pire et qui a reçu toutes les médailles en toc possibles et imaginables, eh bien il n'est même pas capable de distinguer dans le théorème central limite, au coeur du raisonnement 'probabiliste', la preuve que ce raisonnement est statique (ou binaire). Ici j'en profite pour dire que c'est exactement la même chose que de prendre le cinématographe, purement informel, pour de l'art. La cinématique d'Einstein ou Poincaré est une idéologie comme le cinéma est une idéologie.

    Au départ, vous avez Descartes, qui bien qu'en grande partie débile est capable de faire une différence entre ce qui est 'statique' et ce qui est 'dynamique', à la retombée vous avez des gugusses comme Allègre qui mélangent tout et retournent dans tous les sens des problèmes que Descartes essayait déjà de résoudre de façon inappropriée il y a plus de trois siècles !
    La preuve que Poincaré est contradictoire, vous pouvez la trouver dans un ouvrage tardif où il démontre que la théorie d'Einstein est elle-même incohérente, c'est-à-dire que son préambule interdit sa conclusion en même temps qu'il la permet : mais Poincaré ne sait pas quoi faire de cette incohérence, étant donné qu'elle fonde en grande partie sa propre 'science' - qui n'en est pas une.

    - Maintenant il est évident pour un catholique marxiste comme moi qu'il y a chez Einstein comme chez Poincaré une volonté réformatrice qui peut les rendre sympathiques à un musulman ou à un démocrate-chrétien (je ne distingue pas fondamentalement les musulmans des démocrates-chrétiens ou des laïcs réformateurs, qui sont à mes yeux trois tentatives de réformer le christianisme.)
    La tentative d'Einstein d'instiller dans l'empirisme la spiritualité qui lui fait défaut est vouée à l'échec dans la mesure où Einstein n'a pas compris que la sécheresse de l'empirisme vient de son humidité. De même la tentative sur le plan théologique de Joseph Ratzinger de rendre la raison à l'Occident est vouée à l'échec dans la mesure où la 'raison' du pape, c'est la stupidité de Descartes qui prend les paradoxes d'Aristote pour des problèmes de robinet et essaie de quadraturer le cercle dix-sept siècles après J.-C. !

    Je suis assez surpris de constater qu'il y a des musulmans (chiites) qui s'intéressent à la théologie de la Libération et au marxisme alors que les Français eux-mêmes préfèrent danser des rondes sataniques autour du bonhomme Noël, qui vole aux pauvres pour donner aux riches.
    Ces chiites doivent savoir que la théologie de la Libération, c'est aussi bien la mort de la démocratie-chrétienne yankie que celle de l'islam, bref de tout sécularisme (et l'empirisme est typiquement une science 'séculière' et Darwin une sorte de prophète capitaliste.)

  • Bonjour Lapinos et bonne année combative à vous !

    Pour ce qui est de l'intuitionnisme de Kant, je ne sais pas, je ne suis jamais à l'aise pour user de concepts définis à un instant t0 sur des sujets d'un instant t0-t1. Je pense que les mots peuvent nous mentir dès lors que nous cataloguons trop rapidement le passé à partir de concepts récents. Pour ce qui est de sa pensée logique "pure", je suis bien d'accord, mais reconnaissez à Kant le mérite de le dire et de dire que tout ce qui n'est pas la raison pure (nous dirions probablement "logique pure" aujourd'hui) lui est inaccessible tant cela est complexe à penser (dans sa deuxième introduction si je me souviens bien). N'y voyez pas une défense, je ne suis pas un grand amateur de Kant, mais une nuance dans votre propos.

    Poincaré en effet est bien obligé de se rendre compte qu'il ne sait rien. Souvenez-vous que tout démarre par le fameux problème des trois corps, et que sur ce problème insolvable dans l'absolu, Poincaré viendra fonder de nouvelles disciplines mathématiques. Mais l'origine est là. Nous poursuivons souvent tous des buts qui sont en nous depuis longtemps. Cette poursuite chez Poincaré est menée de manière entière et donc, il découvre les limites de la science, du formalisme, des représentations mathématiques. Je trouve ça plutôt sympa pour un scientifique. Dans Zermelo-Fraenkel, on n'enseigne plus du tout ce genre de choses, mais un formalisme très comme il faut, très consensuel, mais néanmoins très incomplet.

    Je tente de vous suivre mais je ne suis pas certain que nous parlions de la même chose. Certes, Poincaré démontre que les théories de son époque ne tiennent pas la route et que les siennes sont fondées sur les mêmes axiomes, mais qu'aurait-il dû faire ? Son but était simplement de prouver que comme toute représentation humaine, les mathématiques sont imparfaites et que nous ne découvrons pas, comme Hilbert le pensait, les "lois divines". Tout au plus les approximons-nous, les modélisons-nous, cela avec des erreurs qui, parfois, sont corrigées par d'autres personnes, plus tard, ces dernières fondant d'autres théories avec leur lot incompressible d'erreurs propres.

    Je vois cette partie de l'histoire différemment de vous manifestement. Au lieu de juger Descartes par exemple (je ne parlerai pas d'Alègre, le personnage ne m'intéresse pas), je vois le "je pense donc je suis" comme l'illustration d'un tournant dans la pensée occidentale, un tournant qui en rejetant Dieu, attribue ex nihilo à la pensée et au je la possibilité de fonder l'être. Pour le "croyant" que je suis, cette phrase est absurde, mais elle a un grand mérite historique. En effet, au cours de l'histoire, c'est merveilleux, nous avons toujours des personnages qui cristallisent un certain inconscient collectif. Descartes fait cela. Le monde est en train de changer et de devenir plus intellectuel. Descartes est un fils de la Renaissance, mouvement de refoulement de ce qui est pour restaurer artificiellement ce qui fut au nom du fait que c'était mieux avant.

    Nous sommes en plein mythe du progrès. Descartes capte et retranscrit. Et d'autres le feront après lui. La plupart des philosophes, dans une certaine mesure, même s'ils se pensent leaders sont des suiveurs de l'inconscient collectif de l'élite. Ils nous exposent donc les légendes crues à leur époque.

    Les sciences dures comme les mathématiques étaient dans le même cas. Certains énergumènes comme Riemann avaient bien tenté d'éborgner les mythes mathématiques, mais on l'avait traîné dans la boue. A la fin du XIXème, de grands intellectuels se chargent de montrer que tout est fondé, que tout va bien, que les mathématiques sont La vraie science. Ce sont des hommes de bonne volonté même si leur intentions sont de faire taire ceux qui dans leurs rangs commencent à mettre en doute certains principes un peu foireux. Et puis, patatra ! Poincaré arrive avec son intuitionnisme, Einstein va utiliser la géométrie riemannienne et estocade, Gödel va démontrer son théorème d'incomplétude. Pensez à la réaction des gardiens du temple de l'époque, éminents mathématiciens qui ont produit de grandes choses. Eux qui pensaient découvrir les lois absolues de l'univers, on leur dit qu'ils approximent, qu'ils tâtonnent, qu'ils sont inspirés... Horreur.

    C'est pourquoi, a contrario de ce que vous dites, je ne défends pas la volonté "réformatrice" de Poincaré, je défends sa recherche obstinée de la vérité, envers et contre tous, même si la vérité qu'il trouve, et vous le reconnaissez, est bien pénible pour lui car elle met en danger ses propres "réalisations".

    Pour ce qui d'un plan plus spirituel, je ne trouve pas qu'Einstein ait fait quelque chose de plausible dans cette direction. Tout juste quelques phrases pour amuser la galerie. Il a sans doute eu des affres métaphysiques, mais rien de bien communicatif.

    Pour ce qui est de l'islam, réformateur du christianisme, je doute que vous ayez compris le sens du message islamique. Je pense que vu par vous, cette thèse doit pouvoir se défendre, mais vue spirituellement, cette thèse est éloignée de la vérité. Mais il nous faudrait quelques heures de discussion pour débattre de cette tournure un peu provocante, genre de tournures dont vous avez la maîtrise.

    Pour ce qui est de la théologie de la libération, j'avoue humblement mon incompétence.

    1001

  • - Ne me souhaitez pas la bonne année, je ne crois pas aux années, superstition séculière qui situe ses adeptes au-dessous des tribus barbares dont ils prétendent analyser les mythes. Pour un catholique et un communiste, le temps est le cercle de Satan et il se garde d'y mettre un doigt. L'Histoire, pour les authentiques théologiens catholiques, Léon Bloy, William Shakespeare ou Karl Marx, par exemple, est en quelque sorte 'ce qui échappe au temps'. Il peut se passer dix années mortelles de guerre ou d'ennui qui ne font pas partie de l'Histoire, tandis que les efforts d'un pauvre mendiant isolé participent de la Création.

    - Kant nous ramène à la quantité, et c'est la création qui compte. L'intention de Kant est peut-être louable mais l'Enfer est précisément pavé de ce genre d'intention. Pour prendre un type à peine moins germanique que Kant, Blaise Pascal, c'est par ses calculs et son ignorance que les athées sont parvenus à prouver le Néant, dérivé de l'Infini. Tu parles d'une invention géniale !
    Et c'est pourquoi Robert Bellarmin est un homme lorsqu'il décide de condamner Giordanno Bruno au bûcher. Parce qu'il a compris que c'est la seule façon d'empêcher ce possédé de Bruno de répandre son idéologie de mort.
    Observez que Giordano Bruno est un imbécile, même pas le quart d'un savant, d'une part, et que son prétendu savoir correspond d'autre part à peu près aux idées que l'astrophysique et les mathématiques laïques inculquent aux enfants dès le plus jeune âge et qui fait d'eux à l'âge adulte des robots caisse-enregistreuse ou porte-fusil d'assaut, etc. Mais attention, tenez-vous bien, pas de banals robots, non, le connard capitaliste est un robot 'libre-penseur' !

    - Poincaré, pas besoin d'en dire plus, son nom résume parfaitement la bêtise des mathématiques modernes. Toute une carrière officielle pour conclure que le postulat de la Théorie générale d'Einstein interdit le syllogisme autant qu'il l'autorise !? Vous n'auriez pas eu honte ? Cela imposait au moins à Poincaré de reconnaître que la science d'Einstein qu'il partageait avait près de deux mille cinq ans de retard sur celle de Zénon d'Elée, par exemple, qui ne balance pas des paradoxes comme ce crétin d'Einstein sans trop bien savoir où ils mènent. La corde de Judas attachée au figuier stérile n'est pas loin.

  • Bonsoir Lapinos,

    Pour ce qui est de la "bonne année", excusez cette habitude automatique qui, j'en conviens largement, possède un côté superficiel prononcé. Mais puisque sur votre blog, nous sommes en société, je me pliais, à tort, aux conventions les plus largement acceptées. Ainsi, si je vous suis quant à l'analyse du véritable "poids" des "événements historiques", c'est pour vous taquiner un peu en vous disant que vous attribuez souvent en ces pages de l'intérêt à des non événements dont je n'ai, la plupart du temps, pas connaissance, étant donné ma relative rupture avec les médias. N'y voyez pas une provocation ;-)

    Je ne suis pas un spécialiste de Giordano Bruno, aussi je ne peux que regarder son histoire avec un peu d'indifférence. Car mes sentiments religieux vont plutôt à condamner le bûcher pour des idées, quelles qu'elles soient. Que des doctrines soient "sataniques", ou nuisibles, j'en conviens très largement. Mais je crois que Dieu ouvre les yeux de certaines gens qui vont au delà des apparences. Une fois encore, j'aurais tendance à dire : ni l'Inquisition, ni Bruno.

    Quand vous dites : "pas de banals robots, non, le connard capitaliste est un robot 'libre-penseur' !" Oui, c'est vrai, il se pense comme cela. Mais il en fut de même en tous lieux et en tous temps. Certes le concept en lui-même était moins élaboré et peaufiné, mais dans l'esprit, les gens ont toujours eu un ego démesuré et ont toujours pensé avoir raison sur leur voisin. Aujourd'hui, une certaine idéologie domine, mais regardez seulement 50 ans en arrière pour y voir d'autres idéologies dominantes avec les mêmes figures humaines.

    Je pense qu'il faut dépasser ce débat idéologique, car l'idéologie est souvent nuisible en tant que telle car elle commet des erreurs logiques fondamentales. J'en citerai deux qui sont à mon avis cruciales :
    1. Les idéologies parlent d'une voix commune, d'"un" homme ; or l'homme est multiple et dans sa multiplicité, il ne peut converger vers une seule idéologie. Les idéologies se battent donc entre elles, car tous le hommes ne pourront jamais se retrouver en une seule idéologie (c'est ce que nous dit le Coran de la pluralité des religions).
    2. Les idéologies sont intellectuelles et négligent la partie affective de l'humain, partie qui peut ouvrir la voie à une certaine spiritualité. Quand l'idéologie est intellectuelle, elle forme des classifications, elle divise (comme Satan), elle est analytique, et si la puissance de l'intellect procède souvent de l'analyse, la sagesse provient de la (vraie) synthèse qui unifie (à l'image de Dieu).

    C'est pourquoi, je ne prendrai pas partie pour une idéologie en particulier. C'est pourquoi aussi je trouve qu'avec de la mesure, beaucoup d'idéologies sont acceptables. Et c'est pourquoi enfin, je pense que ceux qui, au moyen de leur idéologie veulent conquérir le monde montrent leur méconnaissance des hommes.

    Expliquer les erreurs des autres est encore une autre démarche, elle aussi à double tranchant. Car si tout est basé sur l'argumentation, le prochain qui parlera plus fort convaincra plus... Je ne crois pas à l'idéologie qui est fille de la raison, car je ne crois pas à la raison... mais en Dieu :-)

    Je serai moins dur que vous sur les mathématiques modernes. "Bêtise" me semble un jugement de valeur inapproprié. Les mathématiques actuelles et leur soeur la physique nous font avoir des téléphones portables, internet et d'autres gadgets intéressants. Mais, le débat est ontologique selon moi. Les mathématiques ne sont pas absurdes, elles sont une représentation. Elles n'ont pas de valeur ontologique sur les lois de la nature. Ainsi le physicien et le mathématicien représentent et non découvrent (Cf. Bachelard, La philosophie du non). Certaines de leurs représentations donnent des effets dans le monde matériel, certains bénéfiques, certains maléfiques. Certaines ne donnent rien (comme les transfinis de Cantor par exemple qui exploitent une faille dans le système de notation mathématique pour laisser libre cours aux délires de l'auteur).

    Les mathématiques, en d'autres termes, c'est comme une perceuse. Quand c'est bien foutu, ça marche ; quand c'est mal foutu, ça ne marche pas. Mais cela n'a pas vocation à dévoiler les lois divines.

    Pour ce qui est de Poincaré, je trouve sa quête pleine de symboles spirituels : il est un enfant des mathématiques de son époque, il s'intéresse à ceux qui veulent donner une vision "cohérente" des mathématiques (sans vraiment que l'on comprenne ce que cela veut dire à part "axiomes + inférence"), il démonte ce système et découvre que tous tentent de bâtir sur du sable... Belle leçon divine sur le fait que tout savoir intellectuel soit fondé sur des axiomes potentiellement incohérents. C'est l'effondrement de l'idole "raison" à laquelle nous assistons, cela de manière bien involontaire. Tout de suite, les mathématiciens pragmatiques vont refouler, car c'est inacceptable consciemment de travailler dans ces conditions :-)

    En ce sens, je ne glorifie pas l'homme, mais la démarche entêtée qui mène à réaliser que tout ce en quoi nous avons toujours cru se révèle être faux. C'est l'aube du mysticisme. C'est mourir avant de mourir. C'est probablement pour cela que j'aime bien.

    Dans un sens, il faut relativiser la non action consécutive à la découverte de Poincaré. Les livres de philosophie si enseignés de nos jours pourraient être passé à un crible comme le sien et démontés de A à Z en peu de temps. La "culture occidentale" pourrait chuter facilement si un Al-Ghazali venait mettre son nez dans les contradictions logiques les plus élémentaires du panthéon philosophique de la Sorbonne. Mais personne, Lapinos, ne souhaite cela. La vérité, par nature, est cachée, non parce qu'on la cache mais :
    - parce que les gens ne savent pas/ne veulent pas la voir ;
    - parce que toute personne doit suivre un chemin propre pour la découvrir.

    Et ce chemin est d'autant plus intransmissible que nous sommes proches d'Elle.

    1001

  • - Vous venez de juger l'Inquisition (Bellarmin) et Giordano Bruno sans les connaître, à égalité, pour faire bonne mesure. Ce n'est pas assez sage. C'est plus sage que de condamner Bellarmin et de porter Bruno aux nues comme un journaliste de télé, mais ce n'est pas sage.

    - Curieux que vous citiez Bachelard au secours de la géométrie algébrique pythagoricienne en vogue aujourd'hui. Je tiens Bachelard pour un possédé et compte écrire un billet à son sujet.

    - Récemment dans un colloque international de sciences physiques une mathématicienne (spécialisée dans les 'différentiels', tout un programme) prend la parole pour énoncer une théorie prétendue nouvelle mais complètement vaseuse en fait. Je lui coupe la parole et je lui dis : "Tout est dit lorsque vous comparez le cerveau humain à celui d'un ordinateur, inutile de continuer." Et là vous savez ce qu'elle me sort : "Attention, je ne dis pas que le cerveau fonctionne comme un ordinateur ; je ne dis pas non plus qu'il ne fonctionne pas comme un ordinateur ; tant qu'il n'est pas prouvé que le cerveau humain n'est pas fait comme un ordinateur..." Et là j'ai eu l'impression d'être comme ce type dans la 'Planète des Singes' qui se rend compte que l'Homme ne descend pas du singe mais qu'il descend vers le singe.
    Par ailleurs cette femme ignorait à peu près tout de Descartes, ce qui revient à utiliser une boussole et une carte sans savoir où vous êtes sur la carte, ou pour un professeur de Lettres à avoir simplement eu ouïe-dire de La Fontaine ou Shakespeare.

    - Concentrons-nous sur nos différences. Nous croyons en Dieu mais vous ne croyez pas au Diable.
    Ma science historique n'est pas 'nivellée' comme la vôtre, et cela découle de la première différence.
    La référence à Marx s'impose ici. Marx a très bien compris que la religion laïque de Hegel (Bismarck/Napoléon/Hitler) est inspirée en grande partie par la théologie chrétienne. Pour L. Feuerbach, qui se distingue par sa rigueur des boutades de Nitche, l'athéisme est conçu comme un perfectionnement de la théologie (Le cocker Luc Ferry défend aujourd'hui une thèse similaire, en essayant de la faire passer pour originale.)

    Donc pour Marx la religion chrétienne et le clergé ont été récupérés peu à peu par les institutions civiles, mais, aussi abusé soient les populations, elles disposent encore des textes évangéliques, et peuvent constater par exemple que l'éloge de la richesse n'y figure pas. Idem pour le possédant : il peut y lire et y entendre régulièrement à la messe que Jésus n'accorde pas plus de chance d'accéder en son royaume à un riche qu'à un chameau de traverser une ruelle étroite.
    Mais plus fort est l'opium de la religion laïque selon Marx, qui nie être ce qu'elle est, une religion au sens concret, et qui possède même sa théologie (où Darwin a joué et joue encore un rôle important).
    Lénine fait à peu près la même différence entre le colonialisme et l'impérialisme. Dans l'impérialisme, il ne peut y avoir de culpabilité ou de repentir : les yankis ne sont pas des colons comme autrefois mais des 'soldats de la paix'.
    Typique est l'attitude du mythomane laïc Lévi-Strauss qui ne prend pas la peine de se demander d'où il vient, quels mythes déterminent son mode de vie ou de pensée, etc.
    Donc Engels et Marx voient bien des signes rétrogrades particuliers et une aggravation de la bêtise. Et l'idée de Marx que la bêtise est un mal plus grand que la méchanceté parce que la bêtise est aveugle et ne permets pas le repentir, cette idée est profondément catholique. De même l'idée que l'égalité, c'est l'injustice, idée contenue dans le marxisme comme dans le Sermon sur la Montagne et la plupart des Paraboles.
    Voilà pourquoi il n'y a pas à mes yeux de différence fondamentale entre Mahomet, Savonarole, Luther, Feuerbach ou Benoît XVI, tous des 'réformateurs'.

    Pourquoi il est difficile de scinder Marx de la croyance en Satan, maintenant : parce l'étude historique de Marx et Engels s'avère 'apocalyptique' en définitive.

    Vous seriez étonné en lisant Feuerbach de constater à quel point, se dépouillant de ses vieux oripeaux chrétiens pour endosser les habits neufs de l'athée ex-luthérien, le mysticisme de Feuerbach est proche du vôtre.
    Drôle d'idée que votre principe de double mort. Une seule ne vous suffit pas ? Est-ce que vous espérez duper Satan en le privant de son bien ? L'amadouer en vous montrant aussi spirituel que lui ?
    Vous voyez que je n'ai pas besoin du secours d'Al-Ghazali pour saccager la Sorbonne. Je fais très bien ça moi-même. Et l'idée de 'culture occidentale' est très certainement née à une époque où on avait cessé de penser depuis longtemps en Europe.
    Rien ne sera vraiment conquis de l'Eternité tant que l'Archange de la vision de Jean à Patmos n'aura pas paru. Alors le temps et la corruption seront effacés. Dites-moi, un dernier mot, vous ne vous intéressez pas aux étoiles et épiphanies ?

  • Mon cher Lapinos,

    Tout d'abord merci pour cette conversation intéressante.

    Loin de moi l'idée de juger l'Inquisition et Bruno à égalité. Je reconnais seulement la nocivité de certaines doctrines. Aussi, je comprends la position de l'Inquisition. Cependant, comme Hallaj fut supplicié par les tenants de la lettre islamique, je n'aime pas les mises à mort au nom de la religion. Le jugement de mort est un jugement de Dieu et non un jugement de l'homme. C'est assez simple somme toute. Qui du Clergé ou des autorités islamiques d'antan ou d'aujourd'hui est certain que la mise à mort sera "approuvée" par Dieu ? Je trouve ce débat un peu faussé. Car il ne s'agit pas seulement du plan des idées et des doctrines, mais aussi du plan des actes.

    Si les journalistes d'aujourd'hui portent Bruno aux nues, c'est sans doute parce que Bruno incarne à leurs yeux un symbole de ce qu'ils reconnaissent comme leur culture et leur combat. C'est bien de l'idéologie. Mais quoi de plus naturel dans l'homme de se chercher des cautions dans l'histoire quitte à l'interpréter d'une manière un peu partiale, quitte à y projeter des concepts modernes pour faire fi du contexte historique. Souvenez-vous des livres d'histoire des années soixante-dix : "la lutte des classes dans les campagnes au Moyen-Age" était un chapitre du programme. On pourrait rire de cette projection communiste basique. Comme on pourrait rire quand les historiens d'aujourd'hui nous présente ledit Moyen-Age et son "éthique".

    Ce sont pour moi des manifestations circonstancielles de la pensée qui sont on ne peut plus logiques, même si elles sont fausses. Les gens pensent à partir des matériaux qui sont les leurs. L'inconscient collectif dicte la pensée que l'on croît libre. Vous parliez de "robots libres penseurs" et je suis d'accord avec vous sur ce point.

    La première tâche de l'homme libre est de s'attaquer à cet inconscient collectif en lui-même, et c'est ce que vous faites. Par contre, en faisant cela, il se décale du monde et ne parlant plus sur la même "fréquence" que les autres, sa pensée devient assez vite incompréhensible, ésotérique en un certain sens, pour les autres. Il est alors facile de le faire passer pour un fou ou un imbécile, quelque soit la qualité de ses argumentaires.

    C'est ce que vous notez justement avec votre comparaison avec la Planète des Singes. Vous avez un discours qui est, dans une large mesure, incompréhensible pour beaucoup, car vous avez pris conscience de l'inanité de mythes qui sont les axiomes de la pensée de beaucoup de vos contemporains.

    Les sciences cognitives en sont un exemple flagrant. L'axiome de base de ces "sciences" est que l'esprit humain fonctionne comme un ordinateur. C'est dans l'air du temps. Cet axiome est inconscient de la plupart des chercheurs dans ce domaine qui de plus, au travers de leur idéologie cognitive, tentent de reprendre du pouvoir sur leurs concurrents psychanalytiques. Ces gens se trompent, comme ceux qui prétendent lire le génome et décrypter facilement ce qui y est encodé, comme ceux qui pensaient "fonder" les mathématiques avec un jeu fini d'axiomes cohérents entre eux.

    Nous sommes encore et toujours dans le monde intellectuel de la représentation, seulement les formes de cette représentation ont changé. La représentation du monde varie selon les modes et c'est pourquoi je vous citais Bachelard. Bachelard ne fait qu'étudier les ruptures épistémologiques, les moments où le représentation du monde change. Lorsque cette dernière change, c'est qu'un "modèle intellectuel" a fait son temps, qu'il est épuisé. il en faut donc un autre qui vienne porter de nouveaux fruits (matériels). Lorsque ce nouveau modèle survient, les gens le divinisent, ils en font une idole, car ce modèle est merveilleux à plus d'un titre : il comble les lacunes du passé et il offre des perspectives nouvelles. L'imagination de l'homme et sa passion le poussent vers l'illusion que ce modèle résoudra tout, que c'est le dernier et que rien d'autre ne pourra être trouvé. Il se sent habité d'un grand savoir, il se sent supérieur, comme les gnostiques des premiers siècles. Il méprise ceux qui n'ont pas ce savoir et ergote sur son savoir qu'il utilise souvent comme un instrument de pouvoir. Puis le temps passe et le modèle change. Comme les gens sont morts entre temps, les jeunes refont les mêmes erreurs et s'enthousiasment pour un nouveau modèle, et ainsi de suite.

    Voilà le destin des modèles intellectuels. Ils ne sont pas pérennes. Derrière eux, on voit le culte de la raison. Mais l'amour de Dieu est différent, car ce chemin n'espère pas que la "nouveauté" d'un modèle intellectuel résoudra tous les problèmes. L'amour de Dieu, c'est aimer ce qui est, et la pérennité de ce qui a toujours été. C'est lire les signes du monde à un autre niveau. Là est, pour moi, l'entrée dans le monde spirituel. Attention, nous ne sommes à ce niveau qu'à l'orée du chemin.

    Pour ce qui est de nos différences, la première que vous citez est celle de ne pas croire au Diable. Dans une certaine mesure, c'est un trait islamique. Shaytan, le Diable, existe dans l'islam mais c'est une des composantes du monde divin. Shaytan n'égare que ceux qui n'ont pas foi en Dieu, avec l'assentiment de Dieu d'ailleurs).

    Pour illustration, un extrait de la Sourate 15 :
    40. - Il [Iblis] dit : “ô mon Seigneur, parce que Tu m'as induit en erreur, eh bien je leur enjoliverai la vie sur terre et les égarerai tous,
    41. à l'exception, parmi eux, de Tes serviteurs élus.”
    42. - “[Allah] dit : voici une voie droite [qui mène] vers Moi.

    Dieu permet à Iblis (Satan) de s'attaquer à ceux qui n'ont pas la foi.

    Pour ce qui est de la richesse, l'islam est différent. Il ne condamne pas le riche en tant qu'il est riche, il le condamne s'il ne donne pas, il le condamne s'il est attaché aux biens qu'il possède. Ainsi, le riche peut être bon et généreux, matériellement parlant. L'islam comprend que le monde est fait de riches et de pauvres et la mission du riche n'est pas celle du pauvre. L'islam ne veut pas rendre tout le monde saint. L'islam ne pense pas le monde tel qu'il devrait être mais prend le monde tel qu'il est.

    Deux exemples du Coran :
    - A chaque communauté, Nous avons assigné un culte à suivre (22-67),
    - Et si Allah avait voulu, Il en aurait fait une seule communauté (42-8).

    Sur le religion laïque, je vous rejoins. Elle prétend n'en être pas une, et elle est d'autant plus forte dans les esprits. Et effectivement, Darwin et d'autres jouent un grand rôle dans cette "théologie" athée. D'accord aussi avec vous dans la critique de Levé-Strauss qui, comme vous le dites, ne regarde pas d'où il vient. Conséquence : il reste dans l'inconscient collectif de son temps. Je vous suis aussi sur la bêtise et sur l'égalité.

    Là où je ne vous suis pas, c'est quand vous dites que Muhammad, comme réformateur, conteste ces notions. Ce n'est pas le cas dans l'islam, ni d'ailleurs, je pense dans le Christianisme, mais je le connais moins. L'égalité est devant Dieu, non devant les hommes. Cela n'a pas de sens une égalité sociale, en tous cas pour Muhammad. Par contre, cela ne signifie pas qu'il ne doive pas y avoir des lois pour régir la société, des lois justes mais ne visant qu'à l'égalité de traitement devant la loi.

    Cela me fait penser à l'histoire de Nasrudin à qui des enfants demandent de partager un sac de noix. Il leur demande s'ils veulent le partage des hommes ou le partage de Dieu. Ils répondent le partage de Dieu. Nasrudin donne 6 noix à l'un, 3 à l'autre et rien au troisième. Les enfants sont choqués. "Je vous aurais donné la même chose à chacun si j'avais fait le partage des hommes". Cette histoire est profondément musulmane.

    le principe de double mort est aussi un principe islamique. Satan est en nous, c'est le nafs en islam. C'est comme cela et nous ne pouvons que travailler sur nous (jihad) pour contrôler nos côtés sataniques. Le "Meurs avant de mourir" de Muhammad est une indication qu'une partie néfaste de soi doit rendre l'âme pour que l'on entre sur le chemin du Dieu. Contrôler le nafs est le premier pas de la voie spirituelle islamique. C'est renoncer en soi à une partie de nous que nous considérons longtemps comme étant nous-mêmes et qui en fait ne l'est pas. C'est la porte du monde spirituel islamique. C'est un genre de "renoncement" (quoique je n'aime pas le mot) intérieur pour ceux qui veulent aller vers Dieu. On renonce à son orgueil, on renonce à s'approprier les choses du monde, on renonce à se vanter de nos propres créations, etc., et on renonce au Dieu raison et à une partie de son intellect social pour ouvrir sa vision intérieure. Cela est le chemin du mystique et il est bien loin d'être une doctrine sociale.

    L'islam laisse cette porte ouverte et je ne pense pas que le Christianisme propose quelque chose de comparable. Mais ouvrir cette porte n'est pas le destin de tous, ce n'est pas un des objectifs de la religion que tous y accèdent ; par contre, c'est un objectif qu'elle reste ouverte.

    C'est pour cela que cette "double mort" comme vous la nommez n'est pas une duperie de Satan. Une fois entré dans la voie spirituelle, Satan est encore plus présent et les épreuves sont encore plus difficiles. C'est la grande jihad.

    Sinon, je ne dis pas que vous avez besoin du secours d'Al-Ghazali pour "saccager" la Sorbonne, je dis que son approche méthodologique et exhaustive dans les sciences de la religion est exceptionnelle. Vous devriez jeter un oeil à ce lien : http://www.1001nuits.org/index.php?title=Cat%C3%A9gorie:Al-Ghaz%C3%A2l%C3%AE
    Ce livre, La délivrance de l'erreur, est une introduction à sa démarche. C'est assez impressionnant. Je pense que nous manquons d'esprits de ce type. Mais Ghazali était supporté par Dieu...

    Sinon, non, je ne connais pas bien les étoiles ni les épiphanies.

    1001

  • J'essaie de répondre le plus sèchement possible pour élever le débat au niveau scientifique le plus élevé possible, et en mettant le cas de G. Bruno de côté pour l’instant :

    - Dans la religion grecque aussi, Satan est comme vous dites ‘une des composantes du monde divin’ ; je reviens sur ce point car il permet de comprendre pourquoi le catholicisme authentique (comme le marxisme) est hostile à l’idée de code moral (à l’inverse la religion laïque est hyper-judiciaire et conventionnelle, nonobstant la corruption des banquiers – je répète que les Etats-Unis sont à la fois une des nations les plus puritaines du monde et de celles où la prostitution joue le plus grand rôle économique).
    Tel est le sens de beaucoup de paraboles de Jésus, contre la Loi, ou pour employer un vocable juridique et me faire bien comprendre : ‘anti-égalitaires’. Ainsi le frère aîné jaloux, de la race de Caïn, ne comprend pas pourquoi on tue le veau gras pour le fils prodigue alors qu’on n’a pas fait la même dépense pour lui. Je dis ‘de la race de Caïn’ exprès pour souligner que dans l’exégèse catholique les nombreux épisodes bibliques figurant deux frères indiquent l’antithèse entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
    Saint Augustin (que je n’apprécie guère dans l’ensemble) a par exemple ce commentaire lapidaire : ‘La Loi ne justifie pas’. D’où découle aussi que le riche est invité à TOUT donner et non pas seulement une quote-part (D’ailleurs, entre nous soit dit, quel mérite y a-t-il pour un riche à se dépouiller de la moitié ou des trois quarts de ses biens seulement ?)
    - C’est dans ce sens que j’assimile les grands réformateurs, Mahomet, Luther, Calvin, Savonarole, Feuerbach, Hegel, Joseph Ratzinger : ce sont des réformateurs moraux et mystiques. Sachant bien sûr qu’ils ne sont pas identiques. Feuerbach, que je tiens avec Hegel pour un des plus grands docteurs laïcs, est athée, différence notable apparemment ; pourtant son athéisme se présente également comme une réforme, un progrès ‘éthique’ : on a sorti les grands mots au XIXe siècle pour cacher la misère. Aucun des grands escrocs, de la Bourse ou de la Sorbonne, qui nous font la morale à la télé, ne se promène sans sa petite éthique portable.
    - La mystique catholique ou communiste est très différente de, disons, la ‘mystique morale’ ; c’est une mystique du combat. Quel combat ? Celui de l’Apocalypse. C’est en vertu de la symbolique de l’Epiphanie notamment que les moines du moyen âge se sont permis d'aller piocher dans la science grecque d’Aristote ou dans les sciences arabes étrangères au christianisme, avec plus ou moins de réussite et de compétence, des pierres à affûter le glaive du combat par lequel la bête est décapitée.
    Ben Laden comme Godefroi de Bouillon est sans doute mû par un même sentiment apocalyptique, sous des costumes différents, même si quelqu’un comme Lénine a mieux compris sur quel terrain le combat se gagne et que le glaive n’est pas une arme primitive.

    - Sans transition : il y a bien une lutte entre classes sociales dès le moyen-âge et Karl Marx n'est ni le premier ni le seul à l'avoir relevé. Cette lutte des classes a pris fin dès la moitié du XIXe siècle à l'échelle française et européenne.

    - Je préfère 'mensonge' à 'inconscient' collectif où la responsabilité est occultée, trait laïc typique (occultation volontaire de la part de Freud qui n’a qu’une obsession, celle de combattre l’idée de péché et de culpabilité qui dominait son milieu social. On ne doit pas retrancher que l'aveuglement collectif est la conséquence d’actes positifs à l'origine.
    Qu'est-ce qui empêche aujourd'hui d'étudier le mythe laïc comme on étudie la mythologie grecque, papoue, chrétienne ou bouddhiste ? Rien qui ne soit délibéré pour l'essentiel. La censure existe bien et seuls les gens qui n'ont rien à dire pensent qu’on peut s’exprimer librement en France.
    - Que le cerveau humain fonctionne comme un ordinateur n'est pas à proprement parler un axiome ; ici je crois que c'est très important de comprendre que c'est un effet de l'opium laïc, progressif, sur les savants. Poincaré, par exemple, aurait certainement rejeté cette comparaison et vu que la 'computation' informatique, idée vieille comme Platon au moins, n'est que le produit d'un raisonnement humain, que la main préexiste à la fourchette et non l'inverse, que l'ordinateur ressemble étrangement à l'homme tout simplement parce qu'il reflète un certain type de raisonnement humain (syllogistique). Bien sûr que Poincaré aurait vu ça. Seulement il est lui-même engagé sur cette pente glissante, et c'est précisément ce qui l'empêche, ayant quasiment réfuté Einstein sur le plan formel, d'aller plus loin. L'Enfer, c'est la Vérité perçue trop tard : je crois que cette formule prend tout son sens dans le cas de Poincaré (Bachelard est totalement enfermé dans son raisonnement, d'une grande pureté. Il faudrait parler ici de la pureté de l’artifice. Bachelard est comme une peau retournée.)
    - Un autre exemple célèbre, c'est celui de Bertrand Russell, qui s'est vu décerner toutes les médailles en toc de la science capitaliste ou presque. A son crépuscule, il a compris qu’il s’était totalement trompé. Il a fui Pythagore à toutes jambes, mais c’était trop tard. Et ses avertissements n’ont servi à RIEN. Un zombi est passé derrière lui, Wittgenstein, et il a tout effacé de ce que Russell avait presque pigé pour finir, que le langage c’est Frankenstein, la créature de l’homme laïc fait Dieu. Et quel langage en particulier ? Je vous le donne en mille : l’algèbre. La géométrie algèbrique ésotérique des 'nullibistes' qui sert à faire croire au boulanger ou au boucher honnête et intelligent qui ne comprend pas ce langage qu’il a affaire à un savant, alors qu’il a affaire à un imposteur. L’algèbre de Giordano Bruno, de Galilée et de Descartes, celle de Newton, hommes de peu de charité.
    Un seul petit repentir de Russell, pourtant pas très courageux, a suffi pour que Wittgenstein vienne déverser dessus un magma d’incohérences séduisantes pour les crétins. Non, Satan n’est pas EN nous, il est bien entre nous. Je vous le dis comme je pourrais le dire à n’importe quel paroissien démocrate-chrétien qui fermerais les yeux pour mieux se recueillir, ou qui jonglerait avec la conjoncture impossible à carrer du cercle de ses affaires privées et de celui de ses affaires publiques, et se retrouverait soudain avec la corde au cou sans comprendre pourquoi, le diable ayant profité de cet instant de recueillement pour s’approcher par-derrière et lui verser son poison dans l’oreille.

  • Bonjour Lapinos,

    Vous dites que le riche est invité à "TOUT" donner par Saint-Augustin. Je comprends bien cette différence fondamentale de vision sur le monde tel qu'il est ou tel qu'il devrait être et je comprends maintenant pourquoi vous associez le marxisme au christianisme. Cependant, ce n'est pas pour moi le sens de l'islam. Un homme ne peut être condamné par le simple fait qu'il soit riche. Car s'il est né riche, c'est une volonté de Dieu. Par contre, dans le fait d'être riche, il a des responsabilités différentes au sein de la société. Ces responsabilités vont avec une déclinaison particulière du destin de la personne riche.

    Cela est résumé par Rûmî lorsqu'il dit : "quand tu critiques le riche, sache que sa plus grande punition venant de Dieu dans ce monde peut être sa richesse". Cela ne veut pas dire inviter "tous" les riches au renoncement "total". Certes, certains peuvent renoncer s'ils le souhaitent pour se dégager des liens matériels, mais primo ce renoncement n'est pas obligatoire, et secundo ce renoncement n'est en rien une garantie que l'homme deviendra bon. On compte ainsi en islam nombre d'histoires sur des renonçants derviches qui au final sont à ce point enorgueillis d'eux-mêmes qu'ils ne peuvent être réellement sur la voie de Dieu.

    L'islam a donc pour moi une vision plus nuancée du monde matériel. Mieux vaut un riche au grand coeur qui fait le bien qu'un riche qui renonce et qui renforce son ego par le fait qu'il ait abandonné ses possessions matérielles. Ainsi, en islam où Jésus est aussi un prophète, les paroles de Jésus ne sont pas interprétées de la manière dont vous les présentez.

    Cela ma fait penser au célibat des prêtres dans le catholicisme. Célibat pourquoi, pour être à l'image de Jésus ? Mais alors comment un prêtre qui n'a jamais été marié peut aider des couples dans la difficulté. Les voeux de chasteté impliquent une distance du monde réel qui est incompatible avec la mission d'un homme de religion.

    L'islam regarde beaucoup plus la mission et le rapport intentions/actes qu'elle ne recherche l'application de lois abstraites identiques pour tous les hommes.

    J'avoue ne pas comprendre votre tirade sur l'éthique. Une fois encore, tous les gens qui font le mal ont toujours de bons prétextes pour faire le mal. Le prétexte le plus commun est une image de leur ego. Ce n'est pas parce qu'ils sortent cette "éthique" pour justifier des actes mauvais qu'ils ont raison. Il faut regarder cela avec placidité, la mauvaise foi étant une des caractéristiques de beaucoup d'hommes.

    J'avoue ne pas comprendre non plus votre tirade sur l'Epiphanie. Le glaive pour apporter l'Apocalypse ? Avant la décision de Dieu ? A la place de Dieu ? Tout cela ne me semble pas très raisonnable et très prétentieux, à la fois des moines comme de la théorie marxiste de la révolution. Un mystique vous dirait : regardez autour de vous, regardez dans les siècles passés et voyez que tout est comme avant. Vous avez l'impression que les choses ont changé car le discours autour des choses a changé. Mais l'homme est resté le même. Il y a des riches et des pauvres, comme avant, sachant que la richesse est la pauvreté est surtout une caractéristique intérieure, et non comme on le pense souvent un solde sur un compte en banque.

    Ce mythe de forcer l'Apocalypse pour hâter la venue du jugement est une doctrine ésotérique actuellement en vogue dans les milieux judéo-chrétiens. Je trouve personnellement ce combat tout à fait illusoire, fantasmagorique et très proprement athée, dans la mesure où l'homme veut se substituer à l'ordre de Dieu. J'avoue que cette théorie me met mal à l'aise. Vous croyez vraiment à cela ou je vous ai mal compris ?

    Votre vision de l'inconscient collectif est contestable. Certes l'inconscient collectif ne produit pas que du négatif, et j'en suis le premier convaincu. Il structure la pensée de beaucoup de gens ce qui permet des accomplissements collectifs, mais en même temps il empêche souvent les réalisations à contre-courant, il les rend plus difficiles.

    Quand vous parlez de "mensonge", je crois que vous projetez. Si ceux que vous traitez de menteurs étaient conscients de leur mensonge, ils seraient libres de faire autre chose. Or, ils ont au mieux conscience d'une certaine mauvaise foi, mais non d'un mensonge de leur part. Ouvrez les yeux : vous êtes passé du côté des ésotéristes. Vous creusez le sens des choses dans votre voie et reprochez aux autres de mentir au regard de ce que vous avez personnellement découvert à l'issue de vos lectures et recherches. Mais les gens sont très souvent inconscients de ce qu'ils font, ils sont dans le brouillard. Votre connaissance ne doit donc pas vous aveugler. La plupart des gens est portée par cet inconscient collectif, les gens sont de grands endormis. C'est pourquoi, je vous dis souvent de ne pas trop faire attention à ce qu'ils disent, car ils ne disent que ce qu'on leur a dit de dire. Pour flatter son ego, une personne dira d'elle-même qu'elle est "libre penseur" car elle trouve ça valorisant et parce que c'est à la mode. Cela n'a aucun rapport avec ce qu'elle est vraiment. Elle pourra avoir conscience du fait qu'elle abuse un peu, mais ce ne sera qu'une conscience d'une certaine exagération, mais non du vrai sens de ce terme qui d'ailleurs, la plupart du temps, lui est inconnu (si tant est que l'expression veuille dire quelque chose).

    Je ne suis donc pas totalement d'accord avec la vision freudienne de l'inconscient, mais pas non plus avec la vision sartrienne de la pure conscience. Non, tous, nous avons des choses refoulées en nous, des pulsions refoulées qui motivent nos combats, des énergies négatives venant de relations humaines du passé qui nous pilotent à faire telle ou telle chose. Tous, nous avons tendance à nous protéger en écrasant une partie de nous-mêmes, et le plus nous sommes intellectuels, le plus nous avons cette tendance.

    Il faut donc je crois être prudent avec cette notion de l'inconscient. Il va de soi que la plupart d'entre nous ne voyons pas complètement les conséquences de nos actes, ni leur cause. C'est le travail mystique que de méditer sur cette loi immuable des causes et des conséquences. Car, la notion de responsabilité va avec la notion de conscience. On n'est pas totalement responsable quand on est inconscient. Cela ne veut pas dire : on est irresponsable, ce qui faux, mais cela ne veut pas dire on est 100% responsable, car c'est faux aussi. L'inconscient, pour être un concept utile est à utiliser avec modération selon la voie médiane.

    "L'Enfer, c'est la Vérité perçue trop tard " dites-vous. Je ris ! C'est l'enfer pour l'ego ! Mais pas pour l'homme mystique pour qui il n'y a pas de trop tard. Percevoir la Vérité, c'est le but, la quête, c'est aller vers Dieu. De quel droit jugez-vous que c'est trop tard ? Si Dieu l'avait voulu, il l'aurait fait plus tôt. Non, c'est l'enfer pour l'ego qui se croyait plus malin, qui se croyait le meilleur et qui s'aperçoit qu'il n'est qu'un être imparfait et mesquin. C'est pourquoi je comprends que nous ayons une vision différente de Poincaré. C'est pour moi un aboutissement en soit de parvenir à la Vérité. C'est Poincaré devant l'obligation de se dépouiller de ses oripeaux scientifiques, avant la mort. C'est l'acharnement à comprendre qui arrive à réaliser que comprendre n'est pas le but, c'est la quête du savoir par un homme qui voulant connaître les fondements de son savoir, réalise que son savoir est néant. C'est merveilleux. Certes, l'ego en prend un coup, mais quel délice. C'est un signe de Dieu que d'arriver là, et croyez-moi, ceux qui y arrivent une fois dans leur vie sont élus par Dieu.

    Oui, je suis d'accord avec vous sur Russell et encore plus sur Wittgenstein qui me fait un peu de peine, je l'avoue. Mais sachez quelque chose : le repentir d'un seul homme n'aura jamais de vertu sociale. Il n'est donc pas étonnant que malgré le reprentir de Russell, Wittgenstein soit arrivé pour en remettre une couche. De plus, soyons humains : Wittgenstein devait faire ses propres expériences et peut-être croyait-il à ses théories incohérentes et formelles.

    Mais encore une fois, vous jugez, mais quel mal y a-t-il à ce que quelqu'un refasse les erreurs du passé ? Vous, dans votre façon de penser, vous évoluez. Prenez un lecteur de vous il y a quelques années, il pourrait vous accuser de plein de choses, alors que votre pensée est plus mûre aujourd'hui qu'hier. Prenez l'archétype Huysmans : il y aura des partisants de son époque ésotérique, et des partisants de son époque chrétienne. La seconde est consécutive à la première mais cela n'empêchera personne de partir des influences de la première, même si la seconde indique de Huysmans était revenu au Christianisme après une longue errance.

    Ne jugez pas les hommes aussi durement. Nous sommes dans la nuit et le brouillard et nous errons chacun à la lumière des étoiles que nous prenons pour repères. Les saints sont guidés par la lumière du soleil. C'est mieux, mais ce n'est pas à la portée de tous. Pour ceux qui errent, c'est des changements de direction, des incertitudes, de la mauvaise foi, des mensonges parfois et beaucoup d'incompréhension et d'inconscient.

    Quand vous dites "Non, Satan n’est pas EN nous, il est bien entre nous.", je pense que vous voyez notre divergence. Satan fait partie du monde d'Allah et, dans l'islam, il est en nous incarné dans l'ego. Le fait qu'il se manifeste entre nous est une conséquence de l'expression de notre ego envers les autres.

    En conclusion, si je n'ai pas confiance en quelqu'un c'est d'abord en moi-même. Car, je peux m'abuser de la manière la plus facile. Quel distinguo entre "je m'abuse inconscient et on m'abuse", c'est que dans le premier cas, mon regard sur le monde est faussé et je ne peux souvent être tiré de mes illusions que par une aide extérieure. Dans le second, je peux m'apercevoir de mon erreur tout seul.

    1001

  • - Vous ne faites selon moi dans votre dernier message que souligner l’endroit de notre opposition. Vous estimez en quelque sorte que Wittgenstein est un pauvre homme errant sur le chemin de la Vérité dont il est préférable d’avoir pitié. Tandis que je le tiens pour un authentique suppôt de Satan mû par un dessein sinistre. De même pour Bachelard, plus nettement encore, car la pureté et la rationalité du propos de Bachelard m’ont frappé en l’étudiant, et Satan est un être pur (désincarné) et hyper-rationnel (paradoxal – les paradoxes sont partout dans la physique dite ‘quantique’, la théorie des cordes, tous ces gadgets élaborés par des crétins pour des crétins).
    Ce n’est pas de la dureté, c’est de la justice. Je pourrais assez facilement vous démontrer que si un chrétien peut être entraîné à prendre les armes, quand ce n’est pas carrément un avion de chasse, pour aller décharger sa cargaison de munitions mortelles sur une population dont il ignore à peu près tout, en Afghanistan ou ailleurs, sans trop réfléchir, alors que c’est contraire aux principes les plus élémentaires de la religion qu’il professe, cela est en grande partie dû à une coalition de démons tels que Wittgenstein, Bachelard, etc. En ce qui me concerne je ne frappe pas au hasard.

    - Démonstration rapide : si Einstein n’était pas le visage radieux de l’atome, figure de saint laïc planant au-dessus des abominations perpétrées par les ingénieurs laïcs, il y a longtemps que ses pauvres syllogismes vaseux feraient l’objet des railleries des savants entre eux. Car diviser un vecteur de vitesse en deux, un autre vecteur retranché et le différentiel le complétant, pour de là par le biais du ratio déduire deux vecteurs de temps puis d’espace (!) : n’importe quel enfant de la balle est capable d’en faire autant, et avec plus de style.
    Zénon d’Elée d'ailleurs quand il procède à ce genre de démonstration le fait dans un but précis, pour souligner quelque chose. Einstein, lui, c’est à peine s’il sait ce qu’il fait et les valeurs algébriques avec lesquelles il jongle lui échappent.
    Vous allez me dire : il s’est trompé, voilà tout, l’erreur est humaine, ce qui compte c’est de chercher. Faux : Einstein avait beau être d’une intelligence très médiocre, il a bien vu que l’Absolu qu’il voulait réintroduire dans la science empiriste, trop sèche à son goût, son Absolu virait au Relativisme et au Totalitarisme avec moins de résistance que l'Infini pour devenir le Néant : pour autant Einstein ne s’est pas dessaisi de la gloire qu’on lui tendait et du rôle que la technologie capitaliste lui assignait.
    Il y a des tas de techniques pour supporter le poids de la culpabilité : l’inconscient ‘freudien’ ou ‘jungien’, la sophrologie, le botox – vous pouvez faire confiance aux descendants de Luther pour en inventer une nouvelle tous les six mois : la clientèle afflue pour ce genre de potion.

    - Secundo, je ne dis pas ça ironiquement mais vous pourriez très bien vous charger du prochain prêche dans la paroisse catholique que je fréquente à condition de changer seulement d'habit.
    J’accepte d’autant mieux de passer pour ‘ésotérique’ à vos yeux que je le passe aussi aux yeux de ceux que je suis bien obligé d’appeler mes 'coreligionnaires' et qui ne voient dans l’Apocalypse qu’un tas de sornettes destiné à distraire les moines du moyen âge. Ce n'est sûrement pas agréable lorsqu'on est musulman de se faire insulter par un type comme Redeker, mais je crois que c'est encore pire lorsqu'on est chrétien d'être associé à ce genre de bedaud laïc hideux.

    - Le catholicisme est une doctrine dans laquelle Dieu a tellement confiance en l’homme qu’il est interdit à ce dernier de douter de lui-même afin de ne pas offenser Dieu. La vision de Marx et Engels est conforme à cette doctrine. Le Léviathan laïc et démocrate-chrétien, ce talmud de décrets qu’il renferme, trahit l’homme qui ne veut pas faire confiance entièrement à Dieu. Je me permets le même conseil que celui que j’adresse aux démocrates-chrétiens qu’il m’arrive de croiser, même si je les fuis autant que possible pour ne pas être contaminé par leur lâcheté : lisez Feuerbach (‘L’Essence du christianisme’) : c’est assez rébarbatif, mais vous pourrez précisément y voir une projection de ce que vous êtes vers un avant fictif, c’est-à-dire un mirage. Car Feuerbach est un MIROIR aux alouettes, ainsi que l’angélique Marx l’a vite compris après avoir été ébloui quelques instants.

    Nous avons désormais atteint une frontière : la limite du dialogue entre un catholique marxiste comme moi et un musulman tel que vous, il me semble, sur les questions essentielles que sont Dieu et la Charité. Vous même l’avez ressenti, je crois. A ce stade il ne vous reste plus qu’à choisir d’être apocalyptique ou de ne pas l’être, car c’est la question, le choix de vous rassembler sur vous-même et votre lien à Dieu, ou de lever la tête vers les étoiles qui éclairent le combat contre la Bête.

  • - Je n'ai pas tout à fait dit cela de Wittgenstein. Il me fait de la peine car il est d'une naïveté impressionnante et d'un sérieux très guindé. Je vois surtout en lui de l'orgueil plutôt que cette image satanique que vous lui accordez, un immense orgueil certes mais qui est bien commun chez les intellectuels.

    Sur Bachelard, là, j'ai du mal à rejoindre votre lecture. Je le trouve au contraire plus ouvert que d'autres philosophes à ce que les autres philosophes considérent souvent avec mépris. cela n'en fait pas mon idole, mais disons que j'aime bien qu'un intellectuel note que la représentation du monde change. Ce relativise les guerres de chapelles et met le doigt sur leur aspect très temporellement limité. D'un autre côté, je ne connais pas suffisamment Bachelard peut-être pour avoir une opinion quant à votre opinion très tranchée.

    Votre idée est intéressante, si je vous suis bien, vous parlez de la "pensée nuisible", ces aliments intellectuels que d'aucuns se mettent sous la dent et qui les corrompent, voire corrompent leur religion, n'est-ce pas ?

    Sur votre premier point sur Einstein, j'avoue que le personnage ne m'a jamais vraiment attiré, mais peut-être était-il trop publicitaire. J'avoue ne pas en penser grand chose. Sur votre comparaison entre inconscient et botox, cela me fait un peu sourire. Je ne vois pas où vous voulez en venir. A la fois vous parlez de robots se prenant pour des libres penseurs et à la fois vous laissez penser que l'inconscient est pour vous une farce. J'ai du mal à comprendre votre position. Les robots peuvent s'humaniser, c'est la quête du mystique vers Dieu. Mais endoctrinés comme ils le sont, ils deviennent inconscients des choses, ou plutôt beaucoup de choses anormales leur semblent normales. Vous souvenez-vous de l'expérience de Milgram ? 3/4 si je ne m'abuse des individus envoyaient une dose d'électricité mortelle à un homme sous le couvert de l'autorité. Cela explique bien des choses. Mais cette expérience nous montre peut-être que 3/4 des gens sont manipulables et donc que beaucoup d'entre eux sont inconscients de ce qu'ils font. Je ne serai pas si dur avec vous, même si le psychanlyste pour moi, n'a souvent pas de Voie mais des méthodes. Il faut prendre les bonnes choses où elles sont :-)

    Pour ce qui est du prêche dans votre paroisse, effectivement, j'ai toujours pensé que sur le fond, islam et christianisme étaient assez proches. Sur la forme, ce n'est pas le cas, mais j'aime bien lire les mystiques chrétiens. Vous ne passez pas pour ésotérique à mes yeux, mais je pense que vos concitoyens vous regardent comme tel et c'est ce que vous semblez confirmer. Mais je me méfie de l'ésotérisme, qui a pour moi le même statut que celaui de l'intellect : c'est un outil qui doit être usé avec un but. On doit se servir de sa tête avec un but, on doit user du savoir ésotérique avec un but, une intention. Quelle est donc votre intention ? Quel est donc le but que vous vous êtes fixé avec ce savoir ? Là est, selon moi, la vraie question. C'est pourquoi, je n'use que très rarement que vérités ésotériques.

    "Le catholicisme est une doctrine dans laquelle Dieu a tellement confiance en l’homme qu’il est interdit à ce dernier de douter de lui-même afin de ne pas offenser Dieu." Oui, c'est beau, mais c'est très intellectuel comme vision. Or le monde n'est pas comme cela et je doute qu'il le fut jamais. Car on peut pousser à l'extrême ce raisonnement et dire aux gens qu'ils n'ont pas assez de foi en Dieu car ils ne marchent pas sur l'eau. Douter, c'est le propre des hommes, et si vous interdisez à quelqu'un de faire quelque chose, il le prendra comme quelque chose de mal qu'il ne faut pas faire. Et il culpabilisera s'il n'y arrive pas.

    La culpabilité est une notion très chrétienne selon moi, elle n'existe pas tant que cela dans l'islam où les savants tentent de trouver le juste milieu. Ainsi, il y a l'interdit et le licite et ce qui n'est pas interdit est licite à moins d'être commandé différemment. Le doute est humain. Certes, il n'est pas bon, mais il est là. Le doute, c'est une maladie de l'âme et seul Dieu ou un maître peuvent en guérir vraiment. Mais le doute naît dans les recoins de l'intellect. Feuerbach vous dites, je ne sais pas. Je ne me sens pas très concerné. Vous savez, en lisant Rûmî, Al-Ghazali ou Ibn Arabi, j'ai déjà beaucoup de travail tout en sachant que ces lectures ne sont pas nocives et donc que je peux prendre ma vie pour les digérer.

    Nous avons atteint une frontière peut-être, mais pas une limite :-) Mais Dieu sait mieux !

    1001

  • - La théorie de l'inconscient, qu'il soit individuel ou collectif, est un processus de justification. Quand Marx dissipe l'opium de la religion laïque (d'origine chrétienne : Feuerbach et Hegel), il transgresse un tabou qui n'a rien d'inconscient en explorant le mythe laïc. La censure est bien positive, active, elle n'est pas inconsciente. Lorsque Marx montre par quel chemin ésotérique Hegel substitue la foi dans l'Etat à la foi en Dieu, par exemple, comment expliquez-vous que cela ne soit pas étudié dans la science empiriste laïque. Vous êtes musulman, je suis catholique, et nous avons connaissance tous les deux de religions qui contredisent la nôtre et les étudions. Du moins rien ne nous interdit dans nos religions de le faire, n'est-ce pas ?

    - Récemment sur un plateau de télévision un type a osé émettre l'idée que la théorie de Darwin a des accointances avec l'idéologie des races. Que n'avait-il pas dit là ? Immédiatement la soi-disant philosophe Sylviane Agacinski s'est offusqué de ce qui n'était somme toute qu'un simple avis contraire au sien. Inconscient collectif mon oeil, moi je vous dis que Darwin est un saint laïc, qu'il y a une science, non pas 'objective' mais 'laïque', une histoire laïque, etc.

    - Pour être plus 'décapant' avec vous, je dirais que votre religion musulmane comporte un certain nombre de principes qui vous prédisposent en faveur de Wittgenstein ou de Bachelard. Votre démarche vers ces auteurs n'est pas aussi libre à mon sens que vous le croyez.
    Pour résumer à un point la convergence entre votre religion mahométane et les 'produits dérivés' du luthéranisme ou du jansénisme que sont Wittgenstein et Bachelard, je dirais qu'ils ont commun d'attribuer au Temps une valeur positive. Alors que le Temps a dans la théologie catholique authentique une valeur négative. Tout penseur catholique apocalyptique, que ce soit Balzac ou Shakespeare, verra immanquablement dans la 'mise en valeur du temps' un pacte avec le Diable, maître du Temps. Séduits par Satan, Adam et Eve ont cueillis le fruit de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal (la morale) et ont été chassés de l'Eden, plongés dans le Temps. Pour un catholique, contrairement à un laïc, un juif, un musulman, la Loi (morale) ne justifie pas. Pour un protestant ou un démocrate-chrétien, le compromis laïc est possible précisément dans la mesure où l'Etat semble consacrer les principes légaux et moraux (les Droits de l'Homme, par exemple). Pour un catholique, la morale n'étant pas au coeur de la religion mais la charité, le compromis avec la puissance laïque relève de la haute trahison. D'autant plus aujourd'hui que la puissance laïque insulte les croyants à la Une des journaux et proclame la supériorité des principes laïcs sur la volonté divine.
    Un chiite ou un soufiste comme vous qui s'intéresse à la théologie de la Libération sera inéluctablement amené à croiser la théologie catholique dans ce qu'elle a de spécifique et de différent. C'était le sens de la frontière circulaire que je dessinais.

  • Bonjour Lapinos,

    Je suis d'accord avec vous sur la théorie de l'inconscient. Mais je crains que nous ne parlions pas vraiment au même niveau. Quand je parlais d'inconscient, je pensais "expérience de l'inconscient" et non théorie. La théorie est en effet plus discutable. Je suis d'accord que la censure est active dans le cas que vous citez. Et je suis d'accord que nous devions connaître les exotérismes des autres religions pour en saisir tous les ressorts.

    De la même façon, l'ablation des conclusions de la grande querelle mathématique du début du siècle est tout sauf inconsciente. Elle est inconsciente chez certains jeunes mathématiciens (qui ont le culte Bourbaki) mais elle a été créé volontairement, pour refuser d'examiner et de mettre en lumière une vérité inacceptable.

    Je suis d'accord avec vous sur Darwin aussi. Mais nous ne parlions peut-être pas encore au même niveau. Le cas des intellectuels est très clair : ils défendent une idéologie (ou une religion) laïque (ou athée). Mais certains ont les moyens de savoir qu'il prennent position activement dans un sens. Par contre, ces théories dès lors qu'elles sont enseignées à de jeunes enfants masquent la réalité et en font des inconscients.

    Je serai pas contre plus mesuré que vous sur Agacinski que, personnellement, je trouve fort désagréable. Il arrive un moment dans lequel la pensée est si figée dans un ego auto-satisfait que je ne suis pas certain que ces ayatollah ne pensent pas vraiment ce qu'ils écrivent. Si vous voulez, il faut réaliser que la faculté de remettre en cause une théorie intellectuelle n'est pas à la portée de tout le monde, y compris dans le monde des intellectuels. De très nombreux intellectuels ont tant de contraintes dans leur tête qu'ils ne peuvent pas penser comme il faut. Nous le voyons avec Onfray : il parle de psychanalyse mais montre à chaque parole qu'il n'a jamais appliqué à lui-même un seul des principes d'auto-analyse. Son ego est trop fort.

    C'est pourquoi je me demande si vous ne projetez pas votre faculté à interroger le monde sur des gens qui, bien qu'ils devraient en être capables du fait de leur éducation, ne le sont pas forcément. Bien sûr, il en va différemment d'Hegel, ou de Kant ou même de Schopenhauer qui ont les moyens de s'interroger sur un plan formel sur la démarche elle-même de s'interroger. En revanche, même ce niveau "méta" ne garantit pas d'atteindre la vérité. Il faut la flamme divine pour être dirigé, et une intelligence immense sans cette flamme donne souvent des drôles de choses.

    Je me suis peut-être mal exprimé sur Wittgenstein que je ne trouve pas sympathique. Mais je suis prêt à entendre ce que vous avez à dire que Bachelard. Comme je suis prêt à entendre en quoi ma religion me prédisposerait à accepter certaines constatations (assez simples en fait) de Bachelard sur la représentation du monde.

    Pour ce qui est de la valeur positive ou négative du temps, je vais vous faire une réponse de derviche : je ne crois pas dans le mythe du progrès. Pour ce qui est de l'Apocalypse, je serai plus nuancé. Il y a des courants en islam qui sont proches de ce type de théologie. Je dirais que pour le moment, je n'ai pas d'indice d'un progrès (spirituel) de l'humanité mais pas vraiment d'indice d'un déclin. Mais peut-être comprends-je mal ce que vous voulez dire.

    Vous rapprochez l'islam du protestantisme car il cohabiterai avec les fondamentaux laïcs. En l'occurrence, c'est un problème islamique actuel, car certains voudraient composer avec ces principes laïcs qui d'une certaine façon s'excluent l'un autre avec des principes religieux catholiques comme musulmans, mais qui ne s'opposent pas au protestantisme (qui donc à mon avis perd de sa valeur). L'islam au contraire me paraît proche de ce que vous dites du catholique. Vivre en islam, c'est vivre dans une société islamique d'où une certaine peur des laïcs face à l'islam. est-ce que l'islam est compatible avec la société laïque ? Certains voudraient le faire croire, mais ce n'est pas totalement le sens du Coran. Faut-il pour autant renoncer ? Voilà des sujets qui agitent la monde musulman actuel. Mais d'une façon générale, la vision est plutôt conforme à votre vision catholique. Quand on est un peu mystique, les choses sont différentes, on s'écarte et on résiste calmement.

    "D'autant plus aujourd'hui que la puissance laïque insulte les croyants à la Une des journaux et proclame la supériorité des principes laïcs sur la volonté divine." Oui, c'est pareil pour l'islam. Nos religions sont fréquemment bafouées et leurs adeptes discriminés mais c'est comme ça.

    Sinon, je connais mal la théologie de la libération. A première vue, cela me fait penser à la partie sociale de l'islam mais en plus extrême. Je me renseignerai à l'occasion.

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  • - Je ne crois pas à la psychanalyse en tant que processus de compréhension. C'est un processus de déculpabilisation.

    - S. Agacinski est d'une part une militante féministe et, d'autre part, contradictoirement, son indulgence va aux misogynes les plus abrutis qu'on puisse trouver, Strindberg ou Nitche. Il y a bien une logique là-dedans, le féminisme égalitaire laïc étant bel et bien né dans la théocratie puritaine, comme la déculpabilisation sexuelle de Freud est née dans la Vienne corsetée. J'ajoute : né dans la guerre, qui a rendu nécessaire la 'libération' des femmes afin qu'elles contribuent à l'effort de guerre en fabriquant des bombes.
    Le mythe de de Gaulle accordant le droit de vote aux femmes est 'transparent' : chacun sait que les socialistes freinaient des quatre fers, craignant que le votre des femmes ne soit majoritairement clérical.

    Si Agacinski est trop sotte pour savoir tout ça, vous avez raison. Moi je crois plutôt qu'instinctivement elle sent qu'elle n'a pas intérêt à creuser plus avant dans le sens de la vérité. Observez que ces féministes sont toutes de grandes bourgeoises, de Simone Veil à Agacinski en passant par Beauvoir, Ockrent, et les ressorts du capitalisme et de la bourgeoisie n'ont rien de reluisant au regard de la condition féminine.

  • C'est plus profondément que l'islam et le protestantisme (ou le christianisme de J. Ratzinger) se rejoignent.

    Je vais essayer d'être plus clair :
    - Si les protestants ne perçoivent pas la religion laïque comme 'la religion de Satan', ce qu'elle est à mes yeux devenue petit à petit, comme par glissements successifs, depuis le début du XVIIe siècle, c'est en grande partie parce que la philosophie laïque allemande (je cite Hegel et Feuerbach parce qu'ils sont les plus 'brillants'), sous-bassement du totalitarisme (l'athéisme comme progrès spirituel = Feuerbach - l'Etat comme toute-puissance divine = Hegel) la philosophie laïque allemande dérive largement de la théologie protestante moralisante.

    - Marx ne va pas jusqu'à qualifier la doctrine juridique de Hegel de 'satanique', mais il relève à juste titre son caractère ésotérique. J'ai pris la peine d'examiner l'esthétique de Hegel par ailleurs, et y ai découvert le même ésotérisme luciférien.

    - Or ce Léviathan laïc est pour un catholique un édifice immonde, un Temple de corruption. La corruption est la suivante : étant donné que l'Etat, la nation, ne sont rien que des fictions, des artifices humains, des 'personnalités morales' fantomatiques, celui qui ose prétendre que la loi de l'Etat prime sur celle de Dieu, celui-là place plus sa confiance en l'homme qu'en Dieu.
    Et lorsque ces phrases sont prononcées par des chrétiens (Sarkozy, Bayrou), on peut les considérer comme de véritables défis lancés au Ciel. Qui peut inspirer à de pauvres petits humains comme Sarkozy ou Bayrou un tel orgueil et une telle duplicité, en dehors de Satan qui procure l'illusion de la puissance ?

    - L'islam n'est pas comme le 'judéo-christianisme' responsable d'une telle pourriture, cela pour des raisons historiques. Mais l'islam n'est pas fondamentalement hostile à l'athéocratie laïque, parce qu'il n'est pas fondamentalement hostile à la théocratie, étape préliminaire.
    Il n'est pas plus dans la religion luthérienne que dans la religion musulmane de croire au progrès. Le 'progrès' laïc, lui, est un progrès inscrit le Temps, un progrès algébrique. Le progrès apocalyptique, lui, est hors du Temps, c'est un progrès objectif vers Dieu. De là vient que des démocrates-chrétiens qui se vautrent dans le confort matériel osent faire le reproche à Marx d'être matérialistes. Ils sont fascinés par le Temps, source de leur spiritualité, incapables de voir (comme Bachelard), que le Temps c'est de l'argent et non de l'or, que le Temps est l'oeuvre du diable. Le cavalier noir de l'Apocalypse porte une balance, symbole de la justice et du droit humains.

  • (A propos de Riemann je ne souscris pas du tout à votre remarque ; Riemann n'a rien pigé à Euclide qu'il prétend surpasser. Non seulement Riemann est totalement superflu, mais il contribue à occulter la différence essentielle entre la géométrie algébrique et la géométrie, les nombres entiers et les fractions.
    La dimension du temps, notée en minutes et secondes sur une planisphère, est parfaitement conventionnelle. Voilà à quoi un pythagoricien inepte comme Riemann ramène la science, à des conventions, c'est-à-dire au droit. Et ce n'est pas de l'inconscience, mais simplement que l'ingéniérie poursuit un but étranger à la science. Elle n'a nul besoin de savants humanistes mais requiert juste des mécaniciens obéissants.)

  • Sur votre analyse du protestantisme, et sans être un spécialiste, je suis assez d'accord. L'église athée est fille de l'Eglise de Rome et il se peut que cette filiation se soit établie au travers du protestantisme.

    En ce qui concerne l'ésotérisme luciférien, il en va de même pour une bonne part des écrits des philosophes dits modernes. Sur ce domaine, je prends pour base les classifications des hérésies du Vatican et l'extrême finesse de l'hérésiologie catholique (mais quelque part, depuis les Pères de l'Eglise, l'hérésiologie est fondamentale dans l'Eglise de Rome). Je ne puis vous suivre sur Hegel que je connais trop mal, mais je pourrais décliner cette analyse vôtre sur d'autres philosophes.

    Pour ce qui est de la primauté de la loi de Dieu sur la loi des hommes, je suis bien d'accord avec vous et je vous renverrai à l'immense littérature islamique sur le sujet. La loi de Dieu, c'est le Coran, puis la Sunna (la tradition prophétique dans laquelle les hadiths sont estimés suivant leur justesse). En dérive de cela, une sharia, une loi pour le commun des mortels dans une société musulmane. La sharia est faite par des savants de l'islam, experts en fiqh (droit musulman). Sachant qu'il y a plusieurs écoles de fiqh, il y a plusieurs types de sharias. Ce débat est central dans l'islam et il l'a toujours été (voir le dernier livre de Tariq Ramadan par exemple).

    Voyez le problème de l'islam avec un exemple : accepter une loi sur le divorce par exemple française, alors que la loi sur le divorce islamique est dans le Coran ? Difficile. Il est donc, pour beaucoup d'ulemas, très complexe d'aborder la vie des musulmans hors d'un pays islamique, car ils sont obligés de supporter autre chose que la loi divine.

    Voyez pourquoi, je ne voyais pas dans votre argumentaire pourquoi l'islam serait proche du protestantisme. Il est pour moi beaucoup plus proche du catholicisme. "Mais l'islam n'est pas fondamentalement hostile à l'athéocratie laïque, parce qu'il n'est pas fondamentalement hostile à la théocratie, étape préliminaire." Cela dépend à qui vous demandez... L'islam est si multiple. Disons que l'islam est traversé de courants de deux types :
    - ceux qui veulent composer avec le réel et dire que les musulmans sont là et donc qu'il faut qu'ils s'intègrent dans les sociétés telles qu'elles sont (tout en ayant les droits religieux auxquels ils peuvent prétendre) ; ce sont pour moi les modérés ;
    - ceux qui expriment qu'on ne peut pas composer avec la loi de Dieu, et ce discours rend parfois les choses un peu complexes dans notre pays.

    Le problème social de la compatibilité d'une religion avec un droit civil n'est pas simple, que ce soit en France ou ailleurs, en islam ou dans une autre religion.

    Pour ce qui est du temps, vous usez de symboliques qui me sont inconnues.

    J'ai regardé un peu la théologie de la libération. Je ne sais pas, je trouve cette lecture circonstanciée, peut-être un peu a-spirituelle. Il faut se méfier de l'action purement sociale en religion, de la vision purement politique en religion : nous ne sommes jamais loin de l'ablation du spirituel.

    Quant à votre remarque sur Riemann, je ne suis pas certain que ce dernier ait voulu "surpasser" Euclide. Effectivement, il a une certaine vision du formalisme qui le pousse à creuser les limites de ce formalisme pour entrer sur un chemin étrange qui portera ses fruits plus tard. C'est dans l'esprit du mathématicien Riemann que de s'engouffrer dans les infiniment petits, même si ces derniers dérivent du formalisme manipulé. De toutes façons, vous ne semblez pas aimer les mathématiques :-) Certes, elles ont un côté formel, c'est la loi des hommes si vous voulez, je dirais la représentation du monde par un langage humain, mais comme l'informatique en un sens.

    Je ne comprends pas vraiment ce que vous voulez dire en disant : "l'ingéniérie poursuit un but étranger à la science. Elle n'a nul besoin de savants humanistes mais requiert juste des mécaniciens obéissants". Quel est ce but ? Et qu'est-ce que vous entendez par science ? Science au sens moderne ou science religieuse ?

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  • - Le succès du mythe de la Révolution française, acte de naissance de la religion laïque, tient à ce qu'il recueille l'approbation des réactionnaires aussi bien que celle des athées laïcs.
    La réalité historique, c'est que la Révolution française a été immédiatement suivie par une restauration bourgeoise et que Bonaparte n'est pas plus (ni moins) révolutionnaire qu'Adolf Hitler. Qu'en outre les principes 'judéo-chrétiens' communs à Bonaparte et Hitler ne sont pas spécifiques aux Lumières mais se sont imposés dès la fin du XVIe siècle en France.

    - L'incohérence des Lumières françaises est, d'autre part, flagrante. La science est mise en avant, par exemple. Or, à l'exception de d'Alembert, ni Rousseau, ni Voltaire, ni Diderot, ne sont véritablement 'savants'. Seul d'Alembert est capable de comprendre et critiquer Newton véritablement, par exemple. Pas Voltaire qui ne se prive pas pourtant d'opposer Newton à Descartes tant qu'il peut, sans voir que Newton est à peu près le même genre de 'nullibiste'.

    - Je prends donc G.W.F. Hegel et L. Feuerbach, influencés tous deux par la théologie luthérienne, comme des références parce qu'ils présentent des doctrines laïques cohérentes, achevées (je ne peux pas vous cacher que je tiens Nitche, Kierkegaard ou Heigegger, Husserl, pour des radoteurs indignes d'intérêt).
    On comprend bien notamment que l'athéisme est conçu par Feuerbach comme un PROGRES DANS LA CONTINUITE de la théologie luthérienne. Cette idée perdure dans la religion laïque mais n'est ni chez Voltaire ni chez Rousseau. Ce qui est un progrès pour Voltaire, c'est l'anticléricalisme et non l'athéisme, ce qui est sensiblement différent. Voltaire et Rousseau remettent les institutions en cause, comme Marx ; ils ne se prosternent pas devant elles comme Hegel.

    - Aucune raison en outre pour que les philosophes du XVIIIe siècle approuvassent comme Hegel le régime dictatorial de Napoléon s'ils l'avaient connu, dans la mesure où le régime plus souple de Louis XV leur paraissait déjà excessivement dictatorial.
    (Disons que si les Lumières françaises fondent une 'laïcité', elle a peu à voir avec celle que nous connaissons aujourd'hui.)

    - Nul 'inconscient collectif' dans ce récit mythologique des origines de la laïcité, mais un mensonge qui arrange les libéraux de droite comme de gauche. Peu importe l'histoire, pourvu qu'on ait la propagande politicienne, en quelque sorte.

    - Ce qui est certainement satanique, c'est que les démocrates-chrétiens s'appuient pour fonder leur trahison sur le passage de l'Evangile où Jésus, répondant aux Saduccéens qui lui tendent un piège, proscrit la confusion entre César et Dieu.
    Cette trahison a lieu en deux étapes : d'abord un parallèle (pythagoricien) entre César et Dieu est énoncé - 'D'une part Dieu, de l'autre César', LA OU JESUS INDIQUE UNE HIERARCHIE, une supériorité du Ciel sur la Terre. Pour mieux prononcer dans un deuxième temps la supériorité de la loi de l'Etat (fiction juridique ésotérique) sur Dieu !
    J'ai pu lire sous la plume d'un gazetier soi-disant chrétien que Jésus impose de payer l'impôt à César, noir sur blanc !
    Lorsque les textes sacrés sont déformés à ce point par des chrétiens, pour les mettre au service de leurs intérêts ou les disculper de leur lâcheté, je crois qu'on peut parler d'influence satanique plutôt que d'inconscience ou d'ignorance.

    - D'après moi, l'islam fidèle est celui que vous qualifiez de 'modéré'. Ben Laden ou les frères musulmans sont confrontés à l'oppression politique, au terrorisme commercial et militaire des Etats-Unis et ils adaptent en quelque sorte la religion islamique à leur situation. Mais l'islam n'est pas fondamentalement révolutionnaire comme le catholicisme.
    Pour les 'judéo-chrétiens', la loi de Dieu c'est le décalogue. Ce 'judéo-christianisme' est le préambule aux 'Droits de l'Homme laïcs' hypocrites (Cette hypocrisie existe aussi dans l'islam : voyez le régime saoudien.)
    Le catholicisme, fidèle au Sermon de Jésus sur la Montagne est révolutionnaire dans la mesure où la loi de Dieu perd son caractère légal, humain, adaptée qu'était le décalogue au peuple juif 'à la nuque raide'.
    Le rapport entre Dieu et les hommes n'est plus 'conventionnel' mais charnel pour un catholique, érotique. Les catholiques tiennent cette révélation de la bouche de Jésus lui-même, vrai Dieu et vrai homme, même si le Sermon sur la Montagne laisse large part à l'intelligence humaine pour dessiner de quoi cet érotisme est fait, comment il bouleverse la condition humaine.

    - Marx et Engels ne sont pas les seuls penseurs à avoir compris l'obstination du Léviathan laïc à détruire la Charité, au nom de la Loi, mais compte tenu de leur position, ça relève de l'héroïsme.
    A l'éthique judéo-chrétienne puis laïque correspond en science une idéologie TEMPORELLE, chronologique. La science statique (balistique) protège en quelque sorte l'Etat totalitaire. La Vérité entraînerait la mort de l'Etat. C'est pourquoi quand le petit suppôt de Satan Frédéric Nitche, préprogrammé par son éducation, proclame que 'Dieu est mort', la théologie de la Libération lui répond que c'est l'Etat qui est mort (c'est d'ailleurs l'Etat que cet idolâtre pleure en réalité sans le savoir) ; et cette baleine entraînera vers l'abyme ses serviteurs, tièdes ou glacés. Nous verrons bien à qui l'apocalypse donne raison.

    Vous ne comprenez pas mes remarques sur l'ingéniérie et le Temps pour la raison suivante : parce que, comme un judéo-chrétien ou un laïc vous ne comprenez pas que du Temps et de la Morale vient la pourriture du Danemark. Vous les comprenez d'autant moins que le Temps est une valeur positive pour vous, cadre de l'algèbre et de toute fiction.

    - Je n'ai rien contre les mathématiques à condition qu'elles n'entraînent pas à prendre des vessies pour des lanternes, ce que Newton ou Descartes, Einstein, Poincaré, font. Il n'y a pas la science religieuse d'une part, et de l'autre celle qui ne l'est pas. L'imagination ne se scinde pas. La science laïque correspond à la foi laïque. C'est parce qu'il est purement conventionnel qu'Einstein est tenu pour un génie dans l'Eglise laïque.
    Pouvez-vous me dire pourquoi la science laïque qui se veut 'progressiste' se vautre dans les spéculations arriérées de Pythagore et des pythagoriciens ? (Arriérées par rapport à Euclide, Zénon, Parménide, Aristote.)
    Plusieurs siècles avant Jésus-Christ la 'physique quantique', -comme si les poids et mesures permettaient de comprendre la dynamique physique !- cette physique quantique aurait paru aux savants une mauvaise plaisanterie.
    La liste des prix Nobel de Physique est un véritable vivier de charlatans. Comment Riemann pourrait-il dépasser Euclide alors qu'il n'a même pas compris qu'Euclide n'est pas un simple géomètre-expert ? Comment ?
    L'odeur de charogne est épouvantable.

  • - Je suis ennemi de la géométrie algébrique et non des 'mathématiques' au sens premier, dont la racine grecque 'mathesis' signifie science, savoir au sens large.

    Une algèbre qui se dispense peu ou prou d'une comparaison des nombres entiers avec les fractions, cela revient à confondre la qualité avec la quantité, à carrer le cercle... au XXIe siècle ! Les problèmes de robinet ne sont pas des problèmes mathématiques. De là découle l'architecture totalitaire de Jean Nouvel, par exemple, complètement destructurée et totalement conventionnelle en même temps.

    - Pythagore à cause notamment de l'élément marin, aquatique, est persuadé que la Nature est réglée par les nombres. Disons que cette réflexion constitue une étape dans le 'naturalisme'. Fort bien. Mais la résurrection de Pythagore au XVIIe siècle est bien un 'signe rétrograde du temps'. Ce n'est plus la mer qui fascine, mais l'outil : de l'outil, numérique, est extrapolée la Nature. Voilà le déterminisme de la science capitaliste.

    - Une preuve : un des promoteurs de ce gadget circulaire pour milliardaires débiles mentaux, baptisé 'Large Hadron Collider', un certain Léon Ledermann (ça ne s'invente pas un nom pareil), pavoisait l'autre jour à la télé, évoquant la 'beauté symétrique' de la Nature. Où cet abruti autosatisfait a-t-il pris que la Nature est symétrique ? Dans l'outil. Sa machine à produire un champ électromagnétique est bel et bien symétrique.

    - Les probabilités, inventées entre autre par cette baudroie gelée de Blaise Pascal, qui sont au coeur de la superstition scientifique laïque (pas seulement Darwin), constituent un 'déterminisme moyen'. L'athéisme pur est incompatible avec la science. Il conduit au suicide ou aux pirouettes de Sartre, au cul-de-sac Feuerbach, à l'hypocrisie de BHL.

    D'où la nécessité d'un moyen terme entre le réalisme scientifique théologique et l'absurdité. Un crétin comme Karl Popper est programmé de la même façon, pour chercher sans trouver. Surtout chercher, mais surtout ne pas trouver.
    Les probabilités mènent d'ailleurs aussi bien à l'ordre parfait que suggère la symétrie qu'au chaos total, au grand étonnement de ces bateleurs. Alors que le chaos est tout simplement déjà présent dans la symétrie. Il suffit de tordre un miroir pour déformer le reflet ou le scinder.

    - La métaphysique laïque est extrapolée de la balistique. Elle est essentiellement militaire, comme la musique instrumentale qui naît à la même époque. Notez que la musique comme la géométrie algébrique procure l'illusion du temps retrouvé.

  • Bonsoir Lapinos,

    Oui, je suis d'accord avec vous sur le mythe des Lumières et sur le mythe de la Révolution Française. Vous parlez de l'athéisme de Feuerbach comme un "progrès dans la continuité de la théologie luthérienne". En un sens, c'est l'effet que me font les églises chrétiennes réformées le plus souvent, en particulier aux Etats-Unis où le christianisme n'a plus que le nom. de toutes façon, dès que j'entends le mot "progrès" en ce qui concerne l'homme, j'ai envie de dire "cela sent l'ego" ; vous diriez "cela sent Satan" probablement. Le progrès est technique mais avant que le progrès touche l'homme par la volonté de l'homme, il faudra que Dieu change les règles du jeu :-)

    La lecture de votre gazetier soit-disant chrétien sur le "rendre à César" me paraît ésotériquement imbécile, en effet. Vous y voyez l'influence satanique, j'y verrai un manque de savoir. Franchement, l'ésotérisme chrétien n'est plus à la mode depuis la fin du XIXème. Les sociétés secrètes les plus chrétiennes sont devenues des repères de brigands athées et comploteurs. Je reprendrai un terme indien tout en riant : nous sommes en plein Kali-Yuga ! Plus sérieusement, comment voulez-vous que des chrétiens non cathéchisés ou mal, puissent comprendre le sens des paroles de Jésus dans l'Evangile ? Ils voient midi à leur porte et interprètent selon ce qu'ils connaissent, soit faussement. Leur ego ne les prévenant pas qu'ils puissent commettre quelque erreur, ils nagent dans l'ignorance. L'islam les nomme les égarés et le Coran détaille parfois savoureusement certains de ces archétypes. En effet, je vous rejoins sur ce point, le terme qui me sied est le plus est égarement et non la dichotomie un peu hégelienne voir kantienne conscience/inconscience (vous allez finir par me convaincre de faire plus attention à mon vocabulaire).

    "D'après moi, l'islam fidèle est celui que vous qualifiez de 'modéré'. Ben Laden ou les frères musulmans sont confrontés à l'oppression politique, au terrorisme commercial et militaire des Etats-Unis et ils adaptent en quelque sorte la religion islamique à leur situation. Mais l'islam n'est pas fondamentalement révolutionnaire comme le catholicisme." Sur l'islam fidèle aux sources, je pense oui. Sur le caractère révolutionnaire de l'islam sunnite, je ne pense pas, en effet. Mais encore faudrait-il définir le sens de révolution... Médine est une cité ouverte où les juifs cohabitent avec les musulmans et ne sont pas obligés de renier leur foi. Peut-être l'islam chiite est plus enclin à trouver du sens dans la révolution (cf. Khomeini), mais c'est aussi un islam plus hiérarchisé avec un clergé et un ésotérisme très fortement développé. J'avoue commencer à m'intéresser à cet islam chiite pour mieux le connaître. C'est aussi un islam plus perse qu'arabe.

    Sinon, tous les soufis savent que l'athéisme va avec une notion de temporalité et que ne se flattent plus de leur histoire que ceux qui attachent une valeur à leurs actes. Nous sommes donc d'accord sur ce point. Comme je vous le disais, mais je ne sais pas si vous avez entendu où s'il vous plaît de penser que l'islam donne une valeur positive au temps, le temps en islam n'est que le temps du repentir, du chemin vers Dieu. Il est court, il est humain, personnel mais il n'est pas véritablement "historique". J'en veux pour preuve toute volonté de réformer l'islam en revenant à la tradition prophétique, à la racine.

    Vous vous entêtez à mettre dans le même panier tout un tas de scientifiques alors que ce ne sont que des grands enfants. Je ne vais revenir à mon credo initial, mais je pense que les gens pensent moins que vous, surtout les gardiens de la science laïque. Ils projettent, ils voient le monde à leur image, c'est tout. Riemann se voit en Euclide bis, mais c'est un Euclide fantasmé, etc.

    Concernant la science, je suis d'accord avec vous, mais vous jouez sur les mots.

    1001

  • - 'Le temps du repentir', 'Un chemin vers Dieu', comment ne prendrais-je pas pour une valeur positive ce que vous décrivez comme une voie vers Dieu ? Benoît XVI et un certain nombre de théologiens voient les choses comme vous, mais ils sont précisément 'judéo-chrétiens', c'est-à-dire que la Pentecôté n'est pas pour eux une véritable révolution, ou alors si elle l'est, ils sont incapables d'expliquer en quoi.
    Pour un catholique authentique, le temps est une voie vers Satan qui a créé ce fossé entre l'homme et l'éternité, non pas 'algébrique', 'fictive', mais substantielle, charnelle. C'est pourquoi la Renaissance comme Marx et Engels accordent autant d'importance à l'art, méprisé par le judéo-christianisme et la religion laïque. Parce que l'art est incarnation, il abolit le temps quand la fiction l'entretient. Michel-Ange vit, tandis que les petits docteurs de loi laïque totalement dépourvus d'imagination comme BHL ne sont même pas nés. Ils ne sont que n+1.

    - Je reviens sur l'exemple du gazetier, chrétien autoproclamé mais que je ne veux pas nommer dans la mesure où son exemple est très loin d'être isolé.
    Il n'est pas très difficile de comprendre que si Jésus répond qu'il faut payer l'impôt à César OU s'il répond qu'il ne faut pas payer l'impôt à César, dans un cas comme dans l'autre Jésus tombe dans le piège qui lui est tendu, que les Saduccéens ont malignement conçu comme une impasse. Dire que Jésus prescrit de payer l'impôt, c'est donc trahir l'Evangile et faire de surcroît de Jésus un imbécile.

    Un chrétien à peu près honnête et pas trop ignorant est capable de fournir l'explication que je viens de vous donner que Jésus ne met pas Dieu et César sur deux plans parallèles. Un chrétien à peu près honnête est capable de voir que cette mise en parallèle est une transition vers la subordination de Dieu à l'Etat, c'est-à-dire à la pire hérésie possible, le césarisme. Dante Alighieri place à juste titre les hérétiques de cette sorte au tréfond de l'Enfer, comprenant bien que l'Etat est une idole suscitée par Satan.

    Je maintiens que ce genre d'hérétique ne VEUT pas savoir où est la Vérité. En l'occurrence ce gazetier travaille pour le compte d'un fabriquant d'armes de destruction massive, un des principaux soutien de l'Etat français. Le message véritable de l'Evangile l'obligerait à se remettre complètement en cause.

    Bien sûr il y a aussi de purs imbéciles, comme le dominicain Philippe Verdin, aumônier de Sarkozy, irresponsable crétin qui voit dans la laïcité positive à l'Allemande ou à l'Américaine un régime plus libre que le régime français, alors qu'on voit bien que les plus démoniaques inventions, comme l'infanticide par la chimie à l'échelle industrielle, les bombes chimiques, etc., viennent autant si ce n'est plus de l'Allemagne et des Etats-Unis que de la France, et que la dernière des choses à faire pour un dominicain, c'est de lécher le cul des autorités gouvernementales en ce moment.
    Mais ce Verdin n'est pas le premier crétin irresponsable dans l'histoire de l'ordre dominicain, hélas.

  • J'ai du mal à vous suivre dans votre attaque de la géométrie algébrique, mais peut-être vous ai-je mal compris. Je ne comprends pas ce que vous reprochez à cette approche, son formalisme, son aspect technique, le fait que cette technique de représentation soit basée sur le langage plus que sur la vérité des choses ?

    Pour ce qui est de l'outil numérique, je suis assez d'accord, mais une fois encore je vois le phénomène comme une conséquence de l'erreur de l'homme de prendre ses représentations pour la vérité. Je suis plus tolérant que vous sur cet aspect, plus indifférent aussi peut-être, plus convaincu que mes propres représentations ont si largement évolué au cours du temps et de mon chemin vers Dieu que je ne puis, sans honte, reprocher aux autres leurs erreurs. Une fois encore, nous tombons dans les intentions.

    Il y a ceux qui croient en des représentations (des idoles), ils y croient sincèrement, ils sont égarés mais ne le savent souvent pas ; il y a ceux qui bâtissent des représentations en lesquelles il ne croient pas mais qu'ils trouvent commodes pour manipuler autrui, ceux-là sont les hypocrites ; il y a ceux qui, en usant de leur intellect avec parcimonie voient derrière les représentations, ce sont les justes. Vous pouvez vous battre contre les hypocrites qui sont les pires (c'est très clairement exprimé dans le Coran), vous pouvez pester contre les égarés ou tenter de les ramener dans le droit chemin, tenter de les guider, mais je crains qu'il ne vous faille pour cela que montrer la voie du Livre et non prendre pour prétexte Marx et Hengels, comme caution à ce que vous avez ressenti.

    Je pense que vous n'avez pas besoin de cela. Le message de Jésus transcende largement les écrits de Marx. N'en faites pas une idole parce qu'il a vu une partie de la vérité. Mais peut-être êtes-vous encore sous le charme. L'effet de ce charme vous fait montrer du doigt les autres en les accusant alors que certains se trompent sincèrement et certains trompent les autres en se trompant eux-mêmes. Ne dit-on pas, qui trompe n'a point de guidance ?

    Les exemples que vous citez corroborent le fait que vous trouviez inadmissible la vénération des représentations, ou la confusion entre vérité et représentation : "l'outil numérique génère la Nature". C'est absurde et prétentieux mais cela fait comprendre beaucoup de choses dans la religion athée actuelle et sur les humains. Certes, premièrement, cette vision est athée (votre terme laîque me semble un peu connoté). Deuxièmement, il dénote un égarement bien commun : prendre les choses pour ce qu'elles ne sont pas.

    Certes, quelque chose a glissé avec le temps. Avant les gens vénéraient de vraies idoles. Aujourd'hui, ils vénèrent des représentations. Cela fait longtemps que je médite sur ce changement qui ne me semble qu'apparent sans que j'en saisisse encore la substance. Je crois que je n'ai pas tout saisi, car il n'y a pas de changement. Ces deux phénomènes montrent donc une seule et même réalité. Mais je suis patient.

    C'est comme ça qu'en voyant un génome sur un écran, on peut se prendre à rêver sur l'homme devenant Dieu et décryptant des chromosomes, même si la réalité est autrement plus complexe ; en voyant tourner un moteur d'inférence, on peut rêver à la "découverte" de la conscience ex circuito ; en voyant un champ magnétique symétrique, on rêve à un monde symétrique, etc.

    Je ne pense pas que ce soit un trait de la science "capitaliste", et c'est ce qui nous oppose, je pense qu'avant Marx, qu'avant la théorisation du capitalisme, l'homme commettait les mêmes erreurs. De facto, la société dans laquelle nous sommes valorise ces égarement, car ils sont légion et nous ne pouvons critiquer en démocratie ce qui est légion.

    L'imagination est et a toujours été un fléau de l'ego, un mirage déformant, un voile qui masque la vérité, comme dirait mon maître. L'inspiration est, elle, de source divine, et elle est souvent sans mot.

    Les probabilités... Philosophiquement, je suis d'accord avec vous. Elles ne sont d'utilité que pour faire un sondage. Elles n'ont pas d'intérêt lorsqu'il s'agit des hommes, hormis l'intérêt de niveler par le bas, de masquer les différences, de gommer les individualités. Elles ont l'intérêt de construire une représentation médiane, artificielle mais compatible avec une société de type démocratique. Au travers de cet outil très étrange, on peut penser la démocratie athée et être correctement endoctriné. Une statistique porte toujours un discours social, le type même de voile qui m'intéresse très peu.

    Pour ce qui est de la musique, je suis d'accord avec vous dans la plupart des cas. La musique peut aussi avoir une fonction rituelle religieuse. La musique soufie est parfois circulaire et elle nous replace au centre de ce qui bouge sans jamais changer. Dieu est grand !

    Pour le temps, il est pour moi positif dans la mesure où il sert la cause du chemin spirituel individuel. Mais il est si subjectif qu'on ne peut le conceptualiser mais le vivre. Ibn Arabi était sage à 5 ans, comme on dit, et ce n'est pas mon cas. Pour le reste, la conceptualisée moderne et athée du temps ne me parle pas, mais elle semble importante à beaucoup de gens. Elle est aussi une représentation qui est au coeur des interrogations de Kant comme de Einstein. Mais elle n'est pas au coeur de l'islam. Dieu sait mieux. Malgré vos tentatives pour m'expliquer cette symbolique ésotérique du temps dans le catholicisme, j'avoue que cela ne parle pas à mon coeur et ma tête a du mal à vous suivre. Mais la conception satanique nous sépare, peut-être est-ce là un des points de départ. C'est promis quand même, je relirai l'Apocalypse de Jean.

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  • L'Apocalypse de Jean, qui a des ramifications dans toute la Bible décrit un combat. Et ce combat n'est pas 'intérieur', il est bien réel pour un catholique authentique.

    Pourquoi Marx et Engels ? Parce que je ne peux me permettre de me priver d'alliés aussi tranchants dans ce combat contre la bête de la terre. Qui a souligné aussi bien qu'eux la corruption de l'Eglise et de l'Etat ?

    Pourquoi les chrétiens ont-ils été contraint de ravaler Dieu, comment ont-ils pu oser l'enfermer dans le cercle des affaires privées, si ce n'est parce que le Léviathan a pour seul projet la perdition de l'humanité ?
    La négation du progrès humain par les musulmans, la plupart des sectes protestantes, les juifs, les démocrates-crétins aujourd'hui, voilà la matrice du Léviathan. Pourquoi Dante Alighieri fustige-t-il les mahométans avec autant de force ? Pour la même raison que Jean Chrysostome s'en prend aux juifs, à cause de leur refus du progrès, qui fait le lit de la Bête.
    Pourquoi est-ce que je ne fustige pas les mahométans ? Parce que la religion laïque est bien plus sournoise que l'islam qui met un leurre à la place du progrès, qui substitue les missiles aux anges.
    Je ne fustige pas les mahométans parce que je ne les juge pas dangereux ; si vous étiez dangereux, il y a longtemps que vous auriez rompu le dialogue. En vérité mes correligionnaires s'intéressent peu à Dieu. Ils ignorent ou truquent les paroles les plus vivantes de l'Evangile pour mieux user leur peau de chagrin.
    Le fait même que des chiites s'intéressent à la théologie de la Libération est pour moi signe que l'islam est mort. Ben Laden, pour qui j'éprouve de la sympathie, c'est la mort de l'islam. Exactement comme le bouddhisme est mort quand le Dalaï Lama proclame qu'il est marxiste, car rien n'est plus éloigné du bouddhisme que Marx.

    Le pythagorisme correspond en science à un dieu abstrait et il aboutit à ce que des hyènes chrétiennes : Blaise Pascal, Jean Guitton, se prosternent devant les idoles que sont le Temps ou l'Etat, parient sur l'existence de Dieu.
    Plus radicalement : croyez-vous que la terre tourne autour du soleil, l'ami ? Ou : croyez-vous que la théorie de Nicolas de Cues, Nicolas Copernic, Galilée, Giordano Bruno, Henry More, Isaac Newton, soit une théorie SCIENTIFIQUE ?

    Parce que si vous le croyez, si vous posez cet acte de foi que la terre tourne autour du soleil et non l'inverse qui est la Vérité, eh bien cela fait de vous un adepte de la secte pythagoricienne avant d'être un musulman.
    Et manifestement les pythagoriciens confondent Dieu et Satan, c'est-à-dire qu'ils attribuent à Dieu les caractéristiques de Lucifer.
    Que font les (néo-)pythagoriciens ? Ils modèlent le monde selon les plans de Satan. 'Le hasard est le Dieu des imbéciles' dit Georges Bernanos, sous le soleil de Satan. Je ne crois pas au hasard ni à la coïncidence qui fait que, vue dans le miroir pythagoricien, la Bible devient un texte 'symbolique', car c'est exactement sur quoi la science copernicienne débouche, je pourrais vous le démontrer point par point.
    Cette science pythagoricienne transforme également le pape Benoît XVI en charlatan sans véritable message catholique à transmettre.
    Vous doutez de ce qu'un catholique qui n'a pas toute sa raison peut vous raconter ? Eh bien lisez ce que 'Monsieur Pile-ou-face' Henri Poincaré dit de Copernic. Exactement comme pour Einstein, il souscrit à Copernic sans y souscrire, reproduisant le raisonnement tout à fait étrange de certains censeurs catholiques de Copernic et Galilée, qui autorisèrent malencontreusement ces demi-savants à se fonder sur leur hypothèse inepte (et théologique, pas scientifique !!!!) dans le srict cadre des calculs interstellaires.

    Par ailleurs j'ai l'intuition, encore assez vague je le reconnais, que le Léviathan, ses galériens démocrates-chrétiens, juifs ou musulmans, son gouvernail laïc et la tête de mort qui flotte au-dessus, n'est pas loin de sombrer. L'absurdité de Poincaré, par exemple, aussi grande soit-elle, ne saute pas aux yeux comme l'absurdité des prix Nobel, l'absurdité du 'Large Hadron Collider' et de ses promoteurs totalement ignorants, ignorants jusqu'aux ratiocinages de leurs pères, Descartes, Newton ou Galilée.

    Je ne cherche pas à vous convaincre mais plutôt à vous avertir. Encore un exemple :
    - Comme je discutai (difficilement) avec un physicien italien mondialement connu, tentant de mettre en exergue son ignorance crasse de la science physique et astronomique élémentaire, notamment son ignorance de ce qui détermine ses propres spéculations vaseuses, celui-ci en vient à lâcher dans la conversation que pour Aristote, Newton ou Descartes, au niveau fondamental, l'espace n'a pas d'importance. C'est la preuve qu'un savant de renommée internationale confond Aristote, Newton ou Descartes avec un ordinateur. Vous ne pouvez pas ouvrir une revue spécialisée en science physique sans y voir ce gugusse subventionné présenté comme un génie.
    Maintenant je vais vous dire, parce que c'est décisif, ce qui a pu faire dire une telle énormité à ce type à propos d'Aristote, surtout, mais aussi de Newton et Descartes. Il part de sa propre idée (qui lui vient de la géométrie algébrique), que l'espace, c'est le vide. Comme il n'y a pas de vide chez Aristote (ni chez Descartes, quoi que celui-ci soit incapable de le justifier correctement), mon charlatan italien en déduit qu'il n'y a pas d'espace pour Aristote. On pouvait penser après Heidegger ou l'école de Francfort qu'il était impossible d'interpréter la physique d'Aristote plus stupidement, eh bien cet énergumène prouve le contraire.
    Ce qui est fondamental c'est de botter le cul à de tels crétins. Toute la difficulté est que ces nullibistes sont bien trop utiles à l'industrie de l'armement dont ils couvrent en quelque sorte les mobiles d'un vernis scientifique.

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