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Le Procès

Ce n'est plus le procès d'Ilan Halimi mais le Mur des Lamentations. La crucifixion de Barrabas après celle de Jésus. Pour la plus grande joie de Fofana. C'est la passion pour la Loi au seuil de l'Apocalypse. Le principal coupable on ne le voit pas, caché derrière les médiats.

Marx est saint qui ramène toute balance à l'hypocrisie. D'une part comme de l'autre, c'est la haine. Me Szpiner s'occupe d'exploiter "L'Affaire".

"Je frapperai de mort ses enfants, et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs ; et je rendrai à chacun de vous selon vos oeuvres." (Ap. II, 23)

Et quelle est l'oeuvre du jeune homme riche ?

Commentaires

  • Je viens de passer chez le talentuissiportnawakesque Stalker pour y découvrir un article habituellement ampoulé et illisible sur le-dit gugusse.
    Ce qui emmerde les Capitalistes réacs' Juivomânes, c'est l'étrange altérité entre leur philosophie Foucaultienne et la bêtise crasse des neuneus brutaux de banlieue, ceux-la s'acharnant à vouloir offrir un terrain d'exercice à la volonté de puiSSance. De grands hypocrites, jalousant à leur confrères immigrés une liberté de ton et de poing qu'ils ne s'autorisent plus.

  • En dehors du phénomène qui consiste à lécher le cul de BHL pour espérer passer un jour à la télé, la judéomanie vient plus anciennement d'Allemagne, comme l'a souligné Bernanos.

    Les cartels industriels ont germanisé l'Europe au XIXe avec l'appui de l'Eglise. Que penser de guignols qui mélangent Bloy avec... Heidegger !.. si ce n'est qu'ils sont de nuisibles crétins. Même Hegel, qui est la matrice de toute cette engeance de moralistes boches maudits est plus utile à démonter comme Marx l'a fait que le galimatias du moine mélancolique Heidegger. Et Bloy dégueule Hegel instinctivement.

    Pour dire jusqu'où va la germanisation : même Badiou, pourtant la cible des "Atlantes" yankis en ce moment, le communisme de Badiou est mâtiné des théories puritaines de Leibniz-Pangloss.

    Si Karl Marx est aussi moderne, c'est bien parce qu'il a rejeté le judaïsme ET le christianisme boche.

  • Philosophie allemande : saucisse !
    Littérature allemande : saucisse !
    Culture allemande : saucisse !
    Musique allemande : saucisse !
    Le boche pue des pieds, c'est scientifiquement prouvé.
    Dans ma famille, traditionnellement, on tue les allemands depuis des générations. Et maintenant, on fait des Länders en Europe... Misère ! Notre vieux pays bourbon atomisé en Länders ! Quelle époque ! Maudite saucisse !
    Quand à BHL, il est si drôle ! Je ne rate jamais ses éditoriaux du Point : un régal. Dans le genre cocasse, il y a aussi Claude Imbert, mais c'est trop long à lire. J'y arrive pas.

  • Amusant, vu que je suis en train de rédiger une petite note que je compte intituler "Morale du tueur en série", qui n'est pas sans lien avec l'Allemagne.

    Il est de bonne tradition française de voir dans les soldats comme dans les musiciens des pédérastes. Bidasses et guitaristes de toutes sortes n'impressionnent d'ailleurs que les femelles hystériques, fétichistes, collectionneuses ou cinéphiles. N'assistent avec plaisir aux défilés militaires, aux concertos, aux opéras et tous les branlements dans ce genre que des gonzesses, des curés ou des invertis.

    Si vous ne vous êtes pas encore rendu compte que les Français n'aiment rien tant que le silence éternel et dur, c'est probablement que vous n'êtes qu'un métèque qui vient de passer la frontière. Dans ce cas je vous invite à ne pas vous essuyer les pieds sur les traditions françaises comme sur un paillasson et à essayer plutôt de les comprendre.

    Même récemment les Français n'ont admis qu'avec beaucoup de réticence les jongleries du Boche Albert Einstein, organon publicitaire du crime atomique. Pourquoi ? Précisément parce qu'il s'agit d'un idéologie de musicien (de Hamelin en l'occurrence), inspirée des tuyaux d'orgue.

    Français de souche, je peux supporter assez bien la présence de Tariq Ramadan, qui manie assez bien la langue française (bien qu'il use trop de périphrases et que le français contrairement au boche n'est pas une langue d'orateurs), et qui a pris la peine de lire Voltaire ; mais comment voulez-vous qu'un Yanki avec son cinoche et son rockn'roll ne me donne pas envie de dégueuler ?

    (De fait BHL avec ses tombereaux de superstitions germaniques n'est pas "typisch franzosich" et son amour possessif pour la France m'évoque irrésistiblement celui d'Adolf Hitler.)

  • Nan. Vous n’y êtes pas. Je suis français comme vous. Vos digressions notamment sur Einstein me fascinent, me soulagent ainsi qu’un laxatif puissant, et pour tout dire, rejoignent une intuition que je n’ai pas la capacité de formuler. Il faudrait travailler (libido sciendi : la plus redoutable des concupiscences !). Elles me rappellent un ouvrage qui m’avait bouleversé, à 17 ans. Je retrouverai la référence. On y exposait la supercherie tautologique de Kepler (mm’/r2), entre autres fumisteries. Cela n’allait pas bien loin mais assez pour me vacciner. A cette époque l’école républicaine m’infusait le prêchi-prêcha progressiste de la religion laïque, à base de Camus, de Victor Hugo, d’Hannah Arendt, de Martin Luther (enfin, ce qu’ils en disaient), de Martin Luther King, et autres rhapsodies humanitaires. L’injection programmée du poison révolutionnaire, avec du pathos en anesthésiant : on nous passait les films de Claude Lanzmann au ciné-club du lycée… Ce fatras ésotérique, démoniaque et « tolérant » me donnait mal au crâne. J’ai même failli devenir bobo, par un déterminisme imbécile, et aller faire mes courses en 4X4 au Bon Marché, puis partir en congés payés aux Seychelles, avec un tee-shirt « I love NY », un blackberry in the pocket et des gosses penchés sur leur Nintendo. Tout un programme ! Suis-je sorti indemne de ces années de catéchisme capitaliste ? Va savoir.
    On rigole, mais franchement, quand on réfléchit cinq minutes, et qu’on mesure l’ampleur de la machine, c’est pas joli-joli, hein ? C’est même Kolossal ! C’est terrible ! Alors qu’en fait, il suffit d’apprendre à lire correctement, c'est-à-dire un mot après l’autre, tranquillement. Miracle des voyelles : fiat lux ! C’est comme le Port-Salut. C’est bizarre : personne ne le fait.
    Et vous Lapinos, comment faites-vous ?

  • Comment je fais ? Eh bien je dirais que c'est l'érotisme de l'art qui m'a guidé, entre autres choses. L'art le plus lumineux, celui de la Renaissance, permet par exemple de comprendre le caractère subtilement iconoclaste et démoniaque du cinéma.

    Vous faites bien de parler de Kepler, qui évoque comme Pascal le diptyque Don Juan-Sganarelle de Molière, l'attraction magnétique entre le mondain et le dévot, qu'on peut d'ailleurs voir comme deux facettes d'un même personnage. Marx dont la démonologie a une force de pénétration aussi forte que celle de Molière a compris que le paradoxe, le dualisme démoniaque, se résout de façon "successive". A savoir que le mondain se change en dévot (janséniste), puis le dévot en mondain, tour à tour.

    Qu'est-ce que Kepler déduit qu'il y a entre les astres ? De la musique.
    Qu'est-ce que Kepler fait du cercle ? Il le change en ellipse !

    - Un point assez anecdotique mais tout de même amusant : une équipe de techniciens de laboratoire yankis, après exhumation du corps de Tycho Brahé a émis l'hypothèse assez récemment que Brahé a été empoisonné par son assistant J. Kepler. Hamlet qui meurt empoisonné comme vous savez, est en partie inspiré de l'astrologue Tycho Brahé, tenant du géocentrisme et dont les mesures astronomiques demeurent indépassées aujourd'hui.

    - La remarque de Luther à propos de l'ARRIVISME de Kopernik est une des clefs du succès de la théorie algébrique paradoxale de Kopernik (si le soleil est au centre du monde, alors celui-ci ne peut pas être sphérique comme pose Kopernik parallèlement de façon incohérente ; la géométrie algébrique se présente comme une représentation rigoureuse, et dès qu'on s'approche de plus près, elle part complètement en couille et les paradoxes jaillissent de partout, ce qui n'est guère étonnant vu que le caractère analytique de l'algèbre fait qu'elle est fondamentalement paradoxale et binaire). Pour rejoindre Marx, on peut faire de l'algèbre le langage bourgeois par excellence puisqu'il possède exactement la même perfidie que Marx a détecté dans les "valeurs" bourgeoises.
    Sans Luther, je n'aurais peut-être pas perçu l'arrivisme de Kopernik (et de son assistant Rhéticus) ; en revanche celui de Galilée ou Giordano Bruno saute aux yeux.

    - Une autre clef du succès de Kopernik, qui a mis près d'un siècle à s'imposer, est contenue dans ce petit extrait des recherches de l'abbé C. Heullant de Louviers (1905) http://pagesperso-orange.fr/sedlouviers/histoire/dossiers/copernic.htm

    Je suis parvenu par des voies différentes à la même conclusion que cet abbé Heullant, "obscurantiste" d'après le pâle crétin ignorant qui a rédigé l'intro de la page sur le site de la page de Louviers ; mais le point n°8 évoquant H. Poincaré m'a retenu étant donné que Poincaré fait à propos d'Einstein la même remarque qu'à propos de Kopernic, à savoir qu'Einstein comme Kopernic est entièrement de domaine de la théorie (au passage, il faut noter que Poincarré est un enfoiré du même acabit qu'Einstein, un irresponsable qui découvre le caractère saugrenu de sa propre science tout en le camouflant ; au moins Bertrand Russell, lorsqu'il a découvert tardivement l'absurdité à être "néo-pythagoricien" au XXe siècle, a fait machine arrière.)

    Historiquement le cadre assigné à Kopernic fut d'ailleurs pendant longtemps celui des mesures astronomiques et non de l'observation physique. C'est le "pallier" que Galiléo Galiléi (!) fait franchir, aidé par des hommes d'Eglise (!), à Kopernic. Habile rhéteur (si on le compare à Kopernic), Galilée a effectué le travail de "vulgarisation" des calculs astronomiques de Kopernic qu'il a transformés en mode de représentation de la réalité cosmique ; ou plutôt en absence de représentation, car l'univers, la galaxie (Ne lésinons pas sur mes mots pour impressionner les cons, se dit le fonctionnaire du CNRS) l'entité copernicienne ou galiléenne est de type anamorphique et se heurte donc à l'imaginaire (le cinéma est encore la meilleure façon de suggérer l'anamorphose, et de suggérer que cette anamorphose est une forme).

    Bon, je dois avouer qu'en dehors de l'érotisme, un autre indice m'a mis très tôt sur la piste : le fait que les "matheux", les polytechniciens, sont évidemment des abrutis et des ignares, béotiens dans presque toutes les matières. La comparaison de Sartre avec un ténia à lunettes par Céline, ça c'est de l'observation et de la science et s'applique à tous les géomètres-experts, Descartes inclusivement.

  • « L’érotisme de l’art » : Je cerne mal le sens de l’expression. Entendons : l’exaltation qu’inspire la fréquentation des œuvres de la Renaissance. Oui. Mais aussi cette fréquentation me paralyse. Car la beauté paralyse, comme Méduse. Pétrifié, je suis alors saisi d’un sentiment de vanité incalculable qui m’empêche opportunément d’approfondir. Il m’arrive souvent de penser que ce n’est pas plus mal car la beauté est indépassable. A moins de coucher avec Méduse, en lui mettant un oreiller sur la tête. Je l’ai fait aussi. Maintenant, elle m’emmerde…
    Je ne crois pas que le « dualisme démoniaque » se résolve en succession. Car la force d’attraction induit une giration infernale qui détraque tout. Voyez Montherlant. La rigueur de la grâce rend dingue car elle obsède. D'où l'intérêt de l'ellipse. Or que « la bonne conscience est souvent paresseuse », dit Helvétius. Encore une fois, la libido de l’approfondissement est suspecte. La vigilance est la vertu du vice.
    Le point de vue d’Heullant me semble très salubre. Je vais peut-être « approfondir ».
    L’algèbre comme langage bourgeois ? Oui : il y a même une « algèbre des valeurs morales » et vue de près, c’est vrai qu’elle part en couille et que les paradoxes en jaillissent de partout !

  • Méduse n'est pas érotique, elle est harmonique ; charmante, séduisante, mais pas "belle" au sens classique. Vous confondez sado-masochisme et érotisme !

    Comme dit l'helléniste Jean-Pierre Vernant, les Gorgones sont "jeunes-vieilles", "belles-laides" ; elles possèdent la séduction monstrueuse de la musique, dont l'harmonie est inséparable du chaos (c'est Andromède qui est belle).

    Voyez aussi "McBeth" ; ou encore Don Juan : un metteur en scène qui choisirait un bel acteur pour le rôle du janséniste dédoublé en séducteur mondain et en dévot ferait erreur ; c'est par la voix et par son style que Don Juan fascine les femelles (un peu comme Sartre avec la pucelle bourgeoise S. de Beauvoir, histoire de rappeler que l'hystérie religieuse précède l'hystérie féministe).

    Sur la résolution du paradoxe, je n'ai pas été clair. Vous faites allusion avec la giration, volontairement ou pas, à l'idéologie de Newton qui s'inspire à la fois d'une loi mathématique modélisant la force centrifuge et de l'attraction magnétique, ce qui oblige Newton à un bidouillage mathématique invraisemblable pour accorder les contraires (il faut lire d'Alembert sur Newton : à la fois d'Alembert fout en l'air le système de Newton, et en même temps il se prosterne devant la science de Newton !?)
    Mais laissons Newton de côté.
    Je voulais dire que la coïncidence, l'harmonie s'opère dans la suite, dans le mouvement. Le mouvement, la suite algébrique dissimule le paradoxe. C'est la rhétorique mise en oeuvre par Zénon d'Elée, solide savant si on le compare au crétin Einstein ou à Poincaré qui ne vaut pas beaucoup mieux, mise en oeuvre par Zénon afin de démontrer que le temps n'existe pas. Notez qu'Einstein a lui aussi une intention démonstrative mais qu'il est pris à son propre piège, il tombe dans le paradoxe, démontrant aussi bien l'absolu que la relativité. Zénon sait faire la différence entre la réthorique et la science. Einstein l'ignore 2500 ans plus tard !
    Donc je parlais de résolution sur le mode opératoire, artificiel, et ce descriptif vaut pour la dualité "onde-particule" qui n'est pas et ne peut pas être puisqu'on se situe sur le plan rhétorique simultanée.

    - Heullant cite Brunetière et son constat de faillite de la science. Il est certain que si Marx avait eu du temps à consacrer à la science physique, il serait arrivé au même constat. Il y a aussi Simone Weil, qui a eu pour frère un des ces abrutis mathématiciens. Et Auguste Comte bien sûr, qui très tôt a pointé le crétinisme profond des polytechniciens et de la polytechnique (dont on vient de subir le régime inepte ces cinquante dernières années).

    (L'ellipse est plus algébrique que le cercle, et donc plus en rapport avec la "grâce" janséniste coïncidente dans le temps -XVIIe siècle.)

  • « Vous confondez sadomasochisme et érotisme ! »
    Il y a un peu de ça : je suis confondu ! Nan, en fait je suis trop gentil, trop patient.
    Je vais lire d’Alembert sur Newton, bien que j’aie déjà perdu beaucoup de temps avec cette période (celle de d’Alembert) et cette bande d’énervés.
    Je ne vous suis pas encore tout à fait sur l’harmonie (au sens ondulatoire, c’est bien ça ?) de l’alternance du dévot et du libertin incarnée chez un Don Juan sans grâce. Ca viendra peut-être.
    D’ailleurs pour moi Don Juan n’est pas un libertin, mais un dégénéré. Le libertin érudit, c’est l’honnête homme, tel que décrit par Faret dont un des derniers représentants est Saint-Evremond. Oui, il s’amuse, mais il n’emmerde personne. Il ne théorise pas comme un porc. D’ailleurs c’est une règle : dès qu’on théorise, qu’on généralise, on commence à emmerder le monde. D’où la salubrité de mon allergie à l’approfondissement. Ce qui n’empêche pas de discuter.
    Il me semble qu’Hegel parle de Newton interprétant Kepler, dans sa Logique. Je ne me souviens plus de ce qu’il dit et je n’ai pas retrouvé le passage (je n’ai plus de bibliothèque depuis longtemps). Auriez-vous ça ?
    Le mouvement n’est pas une succession d’immobilités, etc. C’est bien ce que démontre Zénon. Je suis très, très d’accord. La physique saucissonne arbitrairement les choses. C’est aussi révoltant que le calcul intégral.
    J’ai souvent pensé que les égarements que vous évoquez sont dus à l’utilisation intempestive et gratuite de l’idée l’infini (vous n’avez pas encore réglé son compte à Leibniz). On utilise l’infini à tort et à travers, alors qu’on ne sait pas s’il existe. Moi je ne l’ai jamais vu. Même après force dégustation de Moulin-à-Vent. Toute la probabilité est aussi à revoir.
    Borges a eu aussi cette intuition en déclarant, que lorsque « l’idée d’infini pénètre une pensée, elle éclate et la tue ». C’est un peu ce qui s’est passé à l’époque moderne, je veux dire la Renaissance.
    En fait, tout part en couille, comme vous dites poétiquement. Vertige, écroulement, déroutes et pitié !
    Mais alors quoi ? Qu’est-ce qu’il faut faire ?

  • - Laissez tomber d'Alembert, il est juste bizarre ; comme n'est guère cohérent de la part de Voltaire l'enthousiasme pour Newton, dont la science ne diffère pas sensiblement de celle de Descartes.
    L'approfondissement qui est une pente dangereuse, c'est la spéculation, la psychanalyse ou l'algèbre qui mènent à l'ésotérisme et à un mysticisme hystérique. En revanche l'approfondissement de l'observation à l'exemple d'Aristote ou de François Bacon est parfaitement salubre et guérit de cette fiction qu'est la mort.

    - Je vais faire tomber deux idées reçues que vous énoncez : la première, c'est que Borgès n'a aucun mérite à dire vaguement à propos de l'infini ce que Aristote a énoncé de façon très précise à propos de cet outil et des dangers de confusion qu'il contient. Pour les Grecs, l'infini est une limite, c'est-à-dire exactement le contraire de ce qu'il représente pour un crétin obscurantiste tel que Pascal.
    Autrement dit pour Aristote l'idée d'infini n'est pas gênante tant qu'il s'agit de mesurer un concombre avec un double-décimètre. Dès qu'il s'agit de science physique, elle ne mène plus à rien. Les crétins mathématiciens qui énoncent aujourd'hui que telle ou telle théorie est "élégante" ne comprennent pas qu'ils ne parviendront jamais à une équation plus élégante que 0=0, le super noeud papillon idéal pour aller percevoir son prix Nobel à Stockholm.
    0=0, ça c'est de la grande musique boche !

    - Deuxièmement, la Renaissance est la période historique où l'art grec a été le mieux compris, celui d'Aristote en particulier ; mieux qu'au moyen âge et mieux que par les Lumières françaises de la fin du XVIIIe siècle, comme l'enthousiasme malheureux de Voltaire pour Newton le prouve. Dès l'instant où la peinture assigne une fonction mystique au clair-obscur, cela prouve qu'elle est gangrenée par la musique.
    L'ésotérisme scientifique et artistique n'est pas un héritage de la Renaissance, période où l'animisme médiéval n'a presque plus cours, mais bien plutôt du XVIIe siècle (c'est contre les cléricaux dévots et jansénistes que Molière écrit, raillant leur christianisme médiéval à travers Sagnarelle, et la servilité du clergé vis-à-vis d'aristocrates bafouant ouvertement les principes chrétiens, tel Don Juan.)

    François Bacon est "secret" sous certains aspects, mais pas du tout ésotérique comme Descartes peut l'être. Ce qui trahit l'ésotérisme chez un savant ou un artiste, c'est l'absence de maîtrise, volontaire ou pas. Or Descartes, quand il se met en tête de résoudre les problèmes d'algèbre d'Aristote comme si c'étaient des problèmes de robinets, Descartes ne sait pas ce qu'il fait. Aussi y a-t-il déjà des trous noirs dans la géométrie algébrique de Descartes, et, je vous le donne en mille, ils ont exactement la même origine que ceux des modèles-standard astronomiques actuels.

    Si le monde a enflé jusqu'à devenir l'univers, avant d'éclater en bouillie de particules "dualistes", c'est parce qu'on a commencé à le regarder au XVIIe siècle par le petit bout de la lorgnette.

  • Approfondissement n’est pas chicane, dont je me méfie comme des plaideurs. Borges n’a aucun mérite, et je me contrefiche du mérite (comme du démérite) en général, qui n’est pour rien dans mes élections. Je crois d’ailleurs me souvenir que Borges évoquait, précisément, les dégâts de la lecture des Grecs à l’époque que vous évoquez. Les premiers lecteurs des Grecs (après Byzance), comme Boccace, furent consciencieux. Boccace en profitait même pour se taper le pauvre Léonce Pilate (qui finira par se barrer) car contrairement à ce qu’on dit, il semble que la « grécaille famélique », ne fut pas si bien accueillie. C’est plus tard qu’on a théorisé comme des cons, dans une Réforme désordonnée et finalement ratée. Si c’est aux XVII et XVIIIème que les scientifiques ont fait preuve d’irréligion jusque dans leurs travaux, tout de même, très tôt ils ont déraillé. La Mirandole, déjà, voyait bien grand (et bien vite). Le pape lui reprocha même « d’exciter l’impertinence des juifs » ! (ça ne s’invente pas). A part ça on dit qu’il aurait fondé un syncrétisme mais, à vrai dire, je n’en sais rien ou en tous cas je ne l’ai pas compris.
    Mais peu importe. Ne ressentez-vous pas le besoin de bazarder cette chierie de « bouillie de particules dualistes » ? Il suffirait peut-être d’appeler un chat un chat ? Malheureusement je ne suis pas universitaire, mais un méprisable dilettante. Je ne puis aborder tous ces trucs que sous l’angle littéraire.
    Par exemple, pour en revenir au Juif Einstein, je sens bien qu’il ne saurait impunément considérer la lumière comme un phénomène du monde observable, alors qu’elle en est la condition. Il y a d’autres âneries, comme le caractère isotrope de la vitesse de la lumière, qu’il est totalement inutile de démontrer.
    Après ces facéties, Einstein est obligé de tordre l’espace et le temps quand ces derniers ne lui conviennent plus. C'est odieux !

  • - Sauf qu'Einstein est précisément très littéraire.
    L'idée de spécialité et d'expertise, de scission entre l'art, la science, la poésie, etc., vient de l'approche statique du XVIIe siècle, de la dissection baroque. C'est précisément ce qui empêche de voir que Einstein ou Bachelard appartiennent au registre de la littérature mystique et non à celui de la science. L'intention d'Einstein est à peu près la même que celle de Bergson qui consiste à "humidifier" le cartésianisme qu'ils trouvent beaucoup trop sec, pas assez spirituel. Et ces imbéciles vont se montrer encore plus cartésiens que Descartes, c'est-à-dire encore plus nuls, en croyant. Mais je ne trouve pas qu'Einstein ou Bergon sont spécialement "juifs" (il y a toutes sortes de Juifs) : leur caractéristique c'est plutôt le "national-socialisme" ou la croyance laïque dans l'Etat-providence.

    La Renaissance est beaucoup plus près de ce "syncrétisme" que vous attribuez à Pic de La Mirandole, en employant un terme qui vise de la part des clercs à nuire à une théologie, celle de la Renaissance, assez anticléricale et antisémite (Rabelais, François Bacon, Dante Alighieri, ne sont pas les seuls exemples.)
    Après, question d'hellénisme, il faut entrer dans les détails. Jacqueline de Romilly par ex., censée être "helléniste" et amoureuse de la Grèce n'aime en réalité dans la Grèce que ce qui n'est pas spécifiquement grec (exactement comme Nitche ou Freud, Lévi-Strauss) : et Athènes privée de son dynamisme, c'est Rome-la-dynastique.
    L'Allemagne a eu quelques humanistes ; pourtant il a faut attendre le XXe siècle (!) pour qu'Heidegger reconnaisse l'importance de la "Physique" d'Aristote, tout en la traduisant en boche quasiment à l'opposé de ce qu'elle dit !

    Bergson dit quand même un truc intelligent : "Sans les Grecs, on aurait sûrement eu la poésie, mais on n'aurait pas eu la prose." Là il découvre en partie que la forme grecque est constituée contre la musique, la poésie et le langage. Donc J. de Romilly est une fétichiste, une muséographe comme Proust. Et le fétichisme du langage est bien sûr le pire de tous, un signe d'extrême putréfaction.

    - Vous êtes assez naïf sur l'Université ; moi-même j'en ai été viré à une époque où mon anti-académisme n'était pas le dixième de ce qu'il est aujourd'hui.
    Observez que la crise financière aurait dû en principe jeter le discrédit sur les "mathématiciens" nobelisés qui ont fabriqué les martingales de Jérôme Kerviel ou Daniel Bouton, B. Madoff, les prétendument prestigieuses écoles de Princeton, du MIT, de Berkeley, dont toutes ces insanités multimédaillées proviennent ; ce sont eux les premiers responsables. Ou, du moins, l'assemblée de crétins qui siège à Stockholm aurait dû présenter ses excuses pour avoir décerné des médailles à des gugusses prétendant fonder l'économie sur les lois du "black jack".

    Il n'en a rien été ou presque. Kerviel, Madoff, sont utilisés comme des pare-feu.
    La crédibilité des savants n'est pas seule en jeu, mais celle de tout un système de recherche qui brasse des dizaines de milliards d'euros, emploie des centaines de milliers de fonctionnaires à la solde de l'industrie. Pour avoir discuté longuement avec des physiciens, je sais ce qu'il en est :
    - ignorance des principes opposés à leur propre physique algébrique (Zénon, Parménide, Aristote, Simone Weil, Auguste Comte, François Bacon, etc.) ;
    - croyance superstitieuse dans la "psyche" ;
    - ignorance des principes fondateurs de leur propre "géométrie algébrique" (Descartes, Huygens, Fermat) qu'ils se contentent vaguement d'idolâtrer ;
    - peur d'être pris en flagrant délit d'enculer les mouches et de cultiver les paradoxes, après avoir inventé la théorie des cordes, la théorie des bouclettes, puis ce sera celle des tortellini, etc.
    - étroitesse d'esprit et intellectualisme tels que lorsqu'on cause avec un rempailleur de chaises ou un cordonnier après avoir causé avec un astronome (le genre André Brahic), on a l'impression d'avoir affaire à un humaniste.

    L'ingéniérie capitaliste n'a jamais inventé aucune forme ; elle se contente d'additionner, développer, produire, exploiter, trier, comme les ouvrières d'une fourmilière. La preuve c'est que Bacon a décrit schématiquement il y a près de quatre siècles à peu près tous les gadgets qui nous environnent aujourd'hui et nous abrutissent pour beaucoup comme la photographie ou le cinéma.
    A tel point qu'on se demande si le mot "progrès" n'a pas été juste inventé pour camoufler l'archaïsme profond de notre société (difficile à percevoir quand on entend l'histoire comme une fusée.)
    "Une crise pire que celle que la Grèce a connue au Ve siècle av. J.-C." diagnostique Simone Weil ; d'où l'utilité de tous les collabos du régime capitaliste, démocrates-chrétiens en particulier, de la transformer en petite dinde pieuse.

  • Ben oui : aux temps de l’Abbé Pluche, la langue permettait de débattre de n’importe quelle discipline. Mais aujourd’hui, si vous n’êtes pas un universitaire, vous êtes une crêpe. Qui m’écoutera si je dis que la contraction du temps est une vue de l’esprit ? Je vais faire marrer les professeurs. C’est d’ailleurs vrai dans toutes les disciplines, un jour une connasse de sciences-po que j’espérais bien culbuter m’a dit : « tu peux pas comprendre : t’as pas lu Max Weber ». Ahurissant.
    Je pense que le syncrétisme (appelez cela comme vous voulez) de la renaissance n’a pas eu lieu, ou plutôt qu’il a foiré, malgré la somme.
    Vous êtes assez naïf sur la finance, si je puis me permettre. Cela n’a rien à voir avec la mathématique, qui ne sert que de prétexte. Pour avoir été trader, un temps (j’ai fait un peu tous les boulots), je puis vous dire que des maths, ils s’en foutent. Oui, les stations de travail sont suréquipées de modèles d’analyse, ça va des moyennes mobiles à l’auto-corrélation, c’est assez amusant mais au fond, les mouvements se décident sur des ragots de chiotte et des intuitions fugaces. Franchement, c’est de la roulette. On fait des millions sur des positions de quelques secondes. C’est très marrant. Et obscène. Une fois seulement j’ai vu un modèle intéressant, basé sur une approche non déterminisme et qui constituait le produit de base d'un hedge-fund. Il s’est aussi cassé la gueule. Mais les modèles sont généralement rédigés par ceux qui n’ont pas fait fortune et qui gagnent un peu de sous avec un bouquin.
    J’envisage de créer un comité de soutien au Juif Madoff. Tous ceux qui se sont gavés comme des cochons sur son fonds ne pouvaient ignorer qu’aucune entreprise, aucun pays, aucun système ne peut produire cette performance. Et maintenant ceux-là même qui grâce au Juif Madoff impudemment se sont enrichis des années durant l’envoient incontinent au ballon. C’est vache ! Pauvre Madoff !
    Vous avez raison : tout ce système brasse des milliards et emploie des centaines de fonctionnaires. Mais, de toute façon, il faut bien les employer à quelque chose. Car ils ne savent rien faire. Il paraît que certains ne savent même pas cuire un œuf ! Qu’ils soient chômeurs ou chercheurs, ils sont à la charge publique. Autant qu’ils fassent des maths. Mais vous sous-estimez le cynisme de tout ce bigntz. Je crains que ce soit bien pire que ce que vous imaginez, et aussi beaucoup plus simple. Vous avez bien raison de vous interroger sur le ressort véritable du satané progrès de notre société.
    « D'où l'utilité de tous les collabos du régime capitaliste, démocrates-chrétiens en particulier, de la transformer en petite dinde pieuse. » C’est un peu ça.

  • Approfondissement n’est pas chicane, dont je me méfie comme des plaideurs. Borges n’a aucun mérite, et je me contrefiche du mérite (comme du démérite) en général, qui n’est pour rien dans mes élections. Je crois d’ailleurs me souvenir que Borges évoquait, précisément, les dégâts de la lecture des grecs à l’époque que vous évoquez. Les premiers lecteurs des Grecs (après Byzance), comme Boccace, furent consciencieux. Boccace en profitait même pour se taper le pauvre Léonce Pilate (qui finira par se barrer) car contrairement à ce qu’on dit, il semble que la « grécaille famélique », ne fut pas si bien accueillie. C’est plus tard qu’on a théorisé comme des cons, dans une Réforme désordonnée et finalement ratée. Si c’est aux XVII et XVIIIème que les scientifiques ont fait preuve d’irréligion jusque dans leurs travaux, tout de même, très tôt ils ont déraillé. La Mirandole, déjà, voyait bien grand (et bien vite). Le pape lui reprocha même « d’exciter l’impertinence des juifs » ! (ça ne s’invente pas). A part ça on dit qu’il aurait fondé un syncrétisme mais, à vrai dire, je n’en sais rien ou en tous cas je ne l’ai pas compris.
    Mais peu importe. Ne ressentez-vous pas le besoin de bazarder cette chierie de « bouillie de particules dualistes » ? Il suffirait peut-être d’appeler un chat un chat ? Malheureusement je ne suis pas universitaire, mais un méprisable dilettante. Je ne puis aborder tous ces trucs que sous l’angle littéraire.
    Par exemple, pour en revenir au Juif Einstein, je sens bien qu’il ne saurait impunément considérer la lumière comme un phénomène du monde observable, alors qu’elle en est la condition. Il y a d’autres âneries, comme le caractère isotrope de la vitesse de la lumière, qu’il est totalement inutile de démontrer.
    Après ces facéties, Einstein est obligé de tordre l’espace et le temps quand ces derniers ne lui conviennent plus. C'est odieux !

  • Je ne nie pas que les courtiers comme les turfistes fassent appel à leur instinct. Mais avant d'en arriver là, ils ont fait des écoles où on leur a tout enseigné sauf l'économie. On enseigne aux étudiants en écoles de commerce à être cons tout en ayant l'air sérieux.
    Que des types comme Guy Sorman puissent continuer de se pavaner à la télé en disant que l'économie capitaliste est la meilleure des économies possibles, alors qu'elle est un des facteurs déterminants des guerres mondiales dès la fin du XIXe siècle, c'est scandaleux.
    Ou un type comme Alain Minc, historien et économiste "pour rire", qu'on interroge comme s'il était un spécialiste ou un expert de quoi que ce soit en dehors de l'autopromotion.

    L'apparence de sérieux d'une salle de marché qui rassure les petits comme les gros porteurs, elle vient bien de tous les ordinateurs, bases de données, graphiques... algébriques. Comme la prospective algébrique, c'est de la pure foutaise, rien de plus normal que par la suite le courtier fasse appel autant à ses propres gris-gris qu'aux mathématiques bidons.

    Là où se situe le cynisme, c'est quand on fait croire aux Français que le contingent de soldats envoyé en Afghanistan a pour but de lutter contre le terrorisme alors qu'il s'agit de contrôler et détourner au profit des Occidentaux la "manne pétrolière".

    Dans ses écrits les plus tardifs, Marx prophétise que les attentats contre la réalité vont s'intensifier ; l'algèbre est un des vecteurs les plus efficaces du mensonge capitaliste. C'est par le biais de la vectorisation que Einstein passe pour poser son principe de relativité - ou d'absolu. Or le mouvement n'est jamais "continu" qu'au plan algébrique, dans un repère orthonormé ; Zénon fait exprès, lui, de se placer au niveau rhétorique de l'algèbre pour sa démonstration qu'Achille ne rattrapera jamais une tortue partie devant lui, et que le mouvement et le temps ne sont par conséquent que des phénomènes fugaces.
    Einstein ne fait pas la différence entre la rhétorique et la science physique, et son raisonnement n'a même pas l'élégance de celui de Zénon puisque la relativité générale, si elle était vraie, empêcherait de prendre la moindre mesure d'équivalence, mesure préliminaire pourtant indispensable à Einstein.

    Très tard, le théoricien des mathématiques Bertrand Russell a pigé ça (il ne mérite donc pas les nombreuses médailles qui lui ont été décernées), l'archaïsme du pythagorisme qu'il avait loué toute sa vie. Aussitôt ce revirement lui a valu d'être attaqué de façon virulente, notamment de la part du sinistre L. Wittgenstein, connard profond, qu'un chrétien comme moi peut difficilement regarder autrement que comme un possédé.

  • Oui. C’est un peu ça. L’économie n’est pas une science, c’est plutôt une croyance. Avec ses dieux (la croissance, la confiance, etc.) et ses temples, les banques, les cabinets d’avocats, où vous retrouvez la solennité liturgique. Il y a aussi les incantations des économistes, etc. Bref : un délire. Je n’ai jamais compris que cette odieuse supercherie n’indigne pas les étudiants. Il y a peu, des étudiants de Normale Sup ont gueulé un peu, voir : http://www.autisme-economie.org/. C’est un peu naïf mais d’une ingénuité rafraîchissante.
    « Là où se situe le cynisme », c’est bien pire. Le pétrole n’est qu’un prétexte de second ordre. Je fus consultant pour un groupe d’investisseurs (des maffieux, mais réglo) qui se demandaient s’il fallait entrer au tour de table du projet Nabucco, en quelque sorte concurrent du pipe BTC. C’est consternant. Il ne s’agit pas du tout d’une affaire de pétrole. C’était peu avant l’incident géorgien. Evidemment j’ai déconseillé l’opération. On n’y voyait plus rien, et en plus l’acier flambait. Mais mon conseil procédait davantage de considérations politiques qu’économiques. Ils ont beaucoup rigolé car dans mon rapport j’ai parlé des traités de Westphalie, avec comme vous savez deux visions du monde qui s’affrontent : la démocratie mondiale ou les états-nations (discours de Munich de Poutine). Comme rien n’est encore joué, les Russes ayant passablement miné le terrain, car il y a encore la Transnistrie, l’Ukraine, etc. et de l’autre côté les Américains précipités par leur fuite en avant.
    Ce n’est pas très original mais je déballe cette affaire car je crois qu’il y a un lien intéressant entre Bertrand Russel dans sa renonciation à Pythagore et les traités de Westphalie (intervenus peu de temps après la création de l’académie française). Je veux dire qu’à la fin de sa vie Bertrand Russel s’est peut-être souvenu qu’il était un sujet de Sa Majesté, et que la vérité est synthétique.
    Donc, pour aller plus loin, il faudra constater l’échec de la mission de l’Académie (Nique ta mère !) à qui on a confié la garde d’un enfant dont elle n’est pas la mère.
    On trouve notamment chez Jünger cette idée que la vitalité d’une langue coïncide avec celle de son peuple. C’est un peu la même chose. L’Académie, qui a failli dans sa mission, ferait mieux de rechercher les vrais parents du rejeton qui leur a échappé. Les conséquences de cette négligence sont incalculables. Le problème, c’est que les parents, ben on les cherche toujours.

  • Bien sûr qu'il y a un rapport entre la politique (le traité de Westphalie) et le néo-pythagorisme de Bertrand Russell. Dans les deux cas, politique et scientifique, il s'agit au XVIIe siècle d'un retour à la statique. Même s'il est moins stupide que Pascal, Descartes commet cette bévue énorme de convertir la géométrie en "géométrie algébrique" ; il perd ainsi la science de la géométrie qui a permis à Michel-Ange de dessiner une architecture "organique", tirée de la connaissance des formes ; l'architecture qui procède par induction, par opposition à l'architecture contemporaine totalitaire qui est "syllogistique".

    Une question qui intrigue Marx et par laquelle il cherche à élucider la chair de l'Histoire, c'est : comment se fait-il qu'après Aristote, zénith de la pensée grecque (c'est l'unité d'Aristote qui conduit Marx à le placer plus haut que Platon), la décadence soit venue si vite ?
    Cette question, Marx aurait pu se la poser à propos d'une période plus récente : d'où vient qu'après le sommet artistique de la Renaissance, la science de François Bacon, on soit retombé si vite dans les spéculations romaines ou médiévales, la "docte ignorance" du cardinal de Cues ?

    La portée de la réaction de Russell est assez limitée. Il n'est pas loin de s'apercevoir que le hasard et la spirale ne sont pas dans la Nature mais bien dans le pythagorisme lui-même.
    Les Dr Folamour de la science capitaliste ont dépensé trois milliards d'euros (et ils en réclament dix de plus !) pour fabriquer un accélérateur de particules ("Large Hadron Collider") en Suisse afin d'éclaircir notamment le problème, comme disent ces fonctionnaires pédants "de la dualité onde-particule" ; ce sont bel et bien des pythagoriciens qui, souhaitant en apprendre plus le soleil, l'étudient au couchant alors qu'il plonge dans la mer Mediterranée, et incluent dans l'étude ontologique du soleil celle de son reflet dans la mer ; quand l'onde n'est qu'une information de nature statistique ou prospective - s'informer sur une information, tel est le projet tautologique et pharaonique baptisé LHC.

    Les Dr Folamour de la science astronomique capitaliste ne sont pas plus intelligents que vos courtiers.
    Au demeurant vous devez savoir que les dangereux schizophrènes récompensés à Stockholm dans le domaine des sciences économiques ne font qu'emprunter leurs outils à leurs confrères mathématiciens.

    - Russell n'a pas pigé le caractère entièrement rhétorique et presque exclusivement "religieux", extra-scientifique de Pythagore, sans quoi il aurait prononcé la même condamnation sans appel que Simone Weil de la science laïque capitaliste.
    Russell a été pris de court. Même quart de tour en arrière de la part de Poincarré lorsqu'il dit qu'après tout on doit regarder Einstein, lui-même, et même Kopernik (!), comme entièrement du domaine de la théorie (je regroupe ici le propos rapporté par l'abbé Heullant de Louviers et quelques phrases (tardives) de "La Valeur de la Science".)

    - D'accord avec Jünger puisque, de fait, j'associe comme Simone Weil la "métalangue" algébrique ressuscitée au XVIIe siècle par le crétin Descartes au délitement progressif de l'art depuis cette époque, délitement qu'on peut appeler "académisme" ; mais à condition de voir le rôle négatif joué par des philologues et des poètes amoureux du national-socialisme comme Jünger. La remarque de Jünger, comme celle de Russell, est superficielle : il ne voit pas que la vitalité de la langue vient de la physique, et que déjà de ce point de vue-là le latin est altéré par rapport au grec. Le paradoxe est le suivant : l'Allemand est la plus archaïque, la plus romaine des langues européennes, et la plupart des philologues sont néanmoins boches. Or, comme vous avez compris, je ne suis pas là pour me prosterner devant des paradoxes judéo-boches ou pollack mais pour les piétiner allègrement, question d'apocalypse et de salut.

  • Oui. C’est un peu ça. L’économie n’est pas une science, c’est plutôt une croyance. Avec ses dieux (la croissance, la confiance, etc.) et ses temples, les banques, les cabinets d’avocats, où vous retrouvez la solennité liturgique. Il y a aussi les incantations des économistes, etc. Bref : un délire. Je n’ai jamais compris que cette odieuse supercherie n’indigne pas les étudiants. Il y a peu, des étudiants de Normale Sup ont gueulé un peu, voir : http://www.autisme-economie.org/. C’est un peu naïf mais d’une ingénuité rafraîchissante.
    « Là où se situe le cynisme », c’est bien pire. Le pétrole n’est qu’un prétexte de second ordre. Je fus consultant pour un groupe d’investisseurs (des maffieux, mais réglo) qui se demandaient s’il fallait entrer au tour de table du projet Nabucco, en quelque sorte concurrent du pipe BTC. C’est consternant. Il ne s’agit pas du tout d’une affaire de pétrole. C’était peu avant l’incident géorgien. Evidemment j’ai déconseillé l’opération. On n’y voyait plus rien, et en plus l’acier flambait. Mais mon conseil procédait davantage de considérations politiques qu’économiques. Ils ont beaucoup rigolé car dans mon rapport j’ai parlé des traités de Westphalie, avec comme vous savez deux visions du monde qui s’affrontent : la démocratie mondiale ou les états-nations (discours de Munich de Poutine). Comme rien n’est encore joué, les Russes ayant passablement miné le terrain, car il y a encore la Transnistrie, l’Ukraine, etc. et de l’autre côté les Américains précipités par leur fuite en avant.
    Ce n’est pas très original mais je déballe cette affaire car je crois qu’il y a un lien intéressant entre Bertrand Russel dans sa renonciation à Pythagore et les traités de Westphalie (intervenus peu de temps après la création de l’académie française). Je veux dire qu’à la fin de sa vie Bertrand Russel s’est peut-être souvenu qu’il était un sujet de Sa Majesté, et que la vérité est synthétique.
    Donc, pour aller plus loin, il faudra constater l’échec de la mission de l’Académie (Nique ta mère !) à qui on a confié la garde d’un enfant dont elle n’est pas la mère.
    On trouve notamment chez Jünger cette idée que la vitalité d’une langue coïncide avec celle de son peuple. C’est un peu la même chose. L’Académie, qui a failli dans sa mission, ferait mieux de rechercher les vrais parents du rejeton qui leur a échappé. Les conséquences de cette négligence sont incalculables. Le problème, c’est que les parents, ben on les cherche toujours.

  • Ah oui Pascal ayant fait le vide dans la pensée pour y voir clair, les vecteurs cartésiens s'y baladent comme des bipoints désorientés. Et maintenant notre architecture ressemble à du lego, sans les couleurs. Foutus vecteurs. Mais l'idée du vecteur n'est pas si triviale. Je me demande ce qu'il a fallu, précisément, de mélange de vide, d'"idée d'infini", de zéro ou de néoplatonisme pour faire germer ça. A vrai dire, je me pose la même question que Marx sur cette descente aux enfers depuis la Renaissance. La dégringolade de la géométrie dans la froide algèbre ne suffit pas. Oui on peut l’ « associer » au délitement des arts, l’académisme, mais il y a autre chose. Comment a-t-on pu dégénérer ainsi dans tous les domaines ?
    Apollinaire :
    « Les démons du hasard selon
    Le chant du firmament nous mènent
    A sons perdus leurs violons
    Font danser notre race humaine
    Sur la descente à reculons »
    Mais au fond, Apollinaire est un classique, et non un baroque comme le présentait Billy.
    Vous avez aussi « un coup de dés jamais n’abolira, etc » de Mallarmé mais il me fatigue.
    Si les économistes ne faisaient qu’emprunter leurs outils aux mathématiciens, ça ne serait pas grave, ça pourrait même être intéressant, s’ils le faisaient avec un peu de rigueur. Intéressant mais vain, le calcul des probabilités pascalien n’étant qu’une projection finaliste et égoïste (encore une fois à cause de l’infini). Mais les économistes sont là pour habiller la mariée, ce sont des prêtres, qui implorent, les bras tendus vers le ciel (ou l’Etat) le retour de la « confiance »,de la « relance » devant des millions de Français ahuris d’âneries télédiffusées , qui vont remplir leurs caddies de saloperies chez Auchan, puis manger une pizza congelée dans un « espace antistress »… Et ils font la queue, le regard aussi vide qu’un rat de laboratoire bourré de valium. Pendant que notre ministre des phynances nous avoue qu’elle n’a rien vu venir…
    Je sens monter en moi comme une tentation apocalyptique. Malraux, l’éréthique, avait raison : le siècle est religieux.
    Donc la vitalité de la langue, c’est de la physique. Alors il faut faire un peu de physique, en français ! Francophonie über alles !
    Il faudrait tout de même se rappeler un jour qu’avant la charité, il y a la colère de Dieu.

  • Bien sûr qu'il y a un rapport entre la politique (le traité de Westphalie) et le néo-pythagorisme de Bertrand Russell. Dans les deux cas, la politique et la science, il s'agit au XVIIe siècle d'un retour à la statique (indissociable de la musique).

    Même s'il est moins "arriéré" que Blaise Pascal, Descartes commet cette bévue énorme de convertir les figures géométriques en algèbre ; il perd ainsi la science de la géométrie qui a permis à Michel-Ange de dessiner une architecture "organique", tirée de la connaissance des formes ; l'architecture qui procède par induction, par opposition à l'architecture contemporaine totalitaire qui est "syllogistique", "idéale".

    - La portée de la réaction de Russell est assez limitée. Il n'est pas loin de s'apercevoir que le hasard et la spirale ne sont pas dans la Nature mais bien dans le pythagorisme lui-même. Les Dr Folamour de la science capitaliste ont dépensé trois milliards d'euros (et ils en réclament dix de plus !) pour fabriquer un accélérateur de particules ("Large Hadron Collider") en Suisse afin d'éclaircir notamment le problème, comme disent ces fonctionnaires pédants de la "dualité onde-particule" ; ce sont bel et bien des pythagoriciens qui, souhaitant en apprendre plus le soleil, l'étudient au couchant alors qu'il plonge dans la mer Mediterranée, et incluent dans l'étude ontologique du soleil celle de son reflet dans la mer ; quand l'onde n'est qu'une information de nature statistique ou prospective - s'informer sur une information, tel est le projet tautologique et somptuaire baptisé LHC.

    Les Dr Folamour de la science astronomique capitaliste ne sont pas plus intelligents que vos courtiers. Au demeurant vous devez savoir que les dangereux schizophrènes récompensés à Stockholm dans le domaine des sciences économiques ne font qu'emprunter leurs outils à leurs coreligionnaires mathématiciens.

    - Russell n'a pas pigé le caractère entièrement rhétorique et presque exclusivement "religieux", extra-scientifique de Pythagore, sans quoi il aurait prononcé la même condamnation sans appel que Simone Weil de la science laïque capitaliste. Russell a été pris de court. Même quart de tour en arrière de la part de Poincarré lorsqu'il dit qu'après tout on doit regarder Einstein et Kopernik (!), comme entièrement du domaine de la théorie (je regroupe ici le propos rapporté par l'abbé Heullant de Louviers et quelques phrases (tardives) tirées de "La Valeur de la Science".)

    - D'accord avec Jünger puisque, de fait, j'associe comme Simone Weil la "métalangue" algébrique ressuscitée au XVIIe siècle par le crétin Descartes au délitement progressif de l'art depuis cette époque, délitement qu'on peut appeler "académisme" ; mais à condition de voir le rôle négatif joué par des philologues et des poètes amoureux du national-socialisme comme Jünger. La remarque de Jünger, comme celle de Russell, est superficielle : il ne voit pas que la vitalité de la langue vient de la physique, et que déjà de ce point de vue-là le latin est altéré par rapport au grec.
    Le paradoxe est le suivant : l'Allemand est la plus archaïque, la plus romaine des langues européennes, et la plupart des philologues sont néanmoins Boches. Or, comme vous avez compris, je ne suis pas là pour me prosterner devant des paradoxes judéo-boches ou pollack mais pour les piétiner allègrement, question d'apocalypse et de salut.

  • Je vois Apollinaire mi-romain mi-grec, comme Montherlant. C'est le mieux qu'a pu produire cette époque : la peinture de Picasso est aussi le produit d'une telle hybridation, contre la poésie, et en même temps noyée dans la poésie. Quand on dit que Picasso est "érotique", ça me fait marrer ; il essaie, sans doute, mais Ingres l'est cent fois plus que lui.

    Comment les Yankis et les Boches avant eux auraient pu apprécier Picasso s'il était érotique ? Eux qui n'aiment que le sado-masochisme, les putes en photo et le french-cancan.

  • Je n'ai jamais cherché de filiation à Guillaume Apollinaire. Mi-romain mi-grec peut-être. D'ailleurs ça m'est égal. J'ai longtemps été hypnotisé par ses octossyllabes et ses étranges renvois. J'avais l'impression de découvrir des rouages. Je croyais à une sorte de glossolalie, avant de comprendre que c'étaient les rouages d'un jouet cassé. Bon, j'étais jeune. Sa prose m'a emmerdé.
    Rien d'érotique chez Picasso, non plus que chez Ingres ou même David ou n'importe quel autre néoclassique chez qui, aussi, un rouage a pété. Chez les préraphaélites, c'est pareil. Ressort cassé.

  • Ruskin est sans doute un des plus grands crétins que la poésie a engendrés.
    Mais bien sûr je dois défendre Ingres et David, Géricault, à côté desquels Picasso ou Apollinaire ne sont que des impuissants. A quoi tient encore le petit avantage des Français aujourd'hui sur le reste des nations ? Autant à ces trois-là qu'à Voltaire.

    N'oubliez pas que le climat, un capitalisme déjà dantesque, est extrêmement défavorable à l'érotisme de Ingres. Les agioteurs et les experts-comptables tiennent déjà le haut du pavé. Aussi élevé soit le rang que Ingres atteint, il triomphe contre le temps, contre une époque gangrenée par la musique, et son triomphe est de très courte durée.

    Et le Lyonnais Paul Chenavard qui a compris le caractère tribal et chaotique de la musique et scandalise les deux femelles, les deux fils de curés Baudelaire et Delacroix, lorsqu'il piétine leurs fétiches !
    Ce n'est pas François Bacon ou Michel-Ange, Tintoret, mais un sacré sursaut viril quand même. Et même "Le Radeau de Méduse", tous ces chevaux galopant, difficile de nier le relief apocalyptique, "shakespearien", de Géricault.

  • Vous devenez sentimental ou quoi ?
    Géricault, je veux bien, à cause des chevaux, de la semaine sainte, du Caravage, si vous voyez ce que je veux dire, etc. Mais c'est toujours la même chose, on tolère, on tolère, et à la fin c'est le bordel. Et puis la tolérance, vous savez très bien où ça mène. La charité, la compassion, la pitié, je veux bien. Mais la tolérance me donne envie de conchier le "toléré" autant que "le tolérant", cette équipe de pédales modernes. Tolérer quoi d'abord ? L'hérésie ? La bêtise ? La pusillanimité ? Vous voyez bien : vous commencez avec David et sa bande revival, puis Chenavard, et après ? Vous allez sauver Céline, Drieu, Balzac (Honoré, pas Guez, hélas), Crébillon-fils, que sais-je encore ? On s'arrête où ? Et à la fin on se retrouve avec des Zola et des François Nourissier.
    C'est pas Chateaubriand qui disait "après Napoléon néant" ? Ce n'est pas suffisant. Il faut remonter bien avant, vous le savez bien. Qu'est-ce qu'on s'emmerde avec l'eau tiède ?
    Ce qu'il y a de roboratif, de corroborant, chez vous, si je puis me permettre, c'est les position tranchées, nettes, catégoriques et solidement étayées. C'est très rare.

  • Je préfère nettement sauver Géricault plutôt que la tapette Chateaubriand, femelle renégate qui se vautre dans le commerce, le mensonge et les souvenirs d'enfance.

    Et vous ne pouvez pas même me priver de mon ami Ingres non plus. Ingres est capable de reconnaître en Rubens ou Rembrandt de simples artisans, pétris d'expérience, certes, mais des artisans, contre l'esprit du monde qui va à l'opposé. Diderot s'est gouré, comme sur presque tout, Baudelaire et Delacroix aussi. Pas Ingres de Montauban. Seul contre tous il distingue les signes de putréfaction dans la peinture de Rubens et que, dans la musique, l'harmonie sort du chaos avant d'y retourner.
    Tout ce qui n'a pas viré à l'art conceptuel totalitaire par la suite, à la muséographie, la photographie, à l'algèbre boche de Kandinski, tout ce qui a subsisté de la forme, c'est à Ingres qu'on le doit. Quand ils sont intelligents, Cézanne ou Picasso agissent en sculpteurs, et la sculpture c'est Ingres qui la sauve contre les allégations hystériques et ésotériques de Baudelaire et Delacroix. La définition du "peintre de la vie moderne" par Baudelaire est pleine du style qu'on attend du poète, mais aussi un monument au panthéon de la bêtise humaine, puisqu'elle revient à définir la modernité par ce qui est archaïque et primitif, "foetal" : la musique.

  • Bon, je ne suis pas dogmatique, mais il m’a pris tant d’années d’errements pour apercevoir un peu de lumière dans le Tohu bohu, on est tellement abrutis, je suis tenté, parfois, de simplifier. J’irai voir Ingres, que je ne connais pas.
    D’accord sur Kandinsky et sa glose.
    Vous êtes vache avec Delacroix.
    Quand j’étais gyrovague, je draguais souvent du côté de Saint-Sulpice, charmante place où viennent, par beau temps, des bobos femelles en mal d’amours. Car j’ai tôt remarqué, pour mon plus grand profit, le manque d’amour chez la bobo femelle. Certaines manquent aussi d’hygiène. Bref, c’était une bonne planque. Je demeurais longtemps errant non pas dans Césarée, mais en compagnie des 4 orateurs de la fontaine Visconti. Ces augures accompagnaient mes attentes. A cette époque j’ignorais même qu’on appelait cette fontaine « La Boussole » parce qu’aucun de ces quatre évêques n’aura été nommé cardinal. Mais ils m’ont appris beaucoup de choses et m’ont présenté des copains genre Bérulle, Malherbe, etc. A cette époque, j’étais fortement intrigué par une toile située à l’entrée de Saint-Sulpice : c’est la Lutte avec l’Ange, de Delacroix. Le tableau manque de grâce, mais il a le mérite d’offrir au passant de bonne volonté une réflexion sur un épisode énigmatique de la Genèse, qui est aussi la porte ouverte sur une abondante littérature, et sur d’autres histoires, plus lointaines : celles d’Icare ou Orphée. Il faut reconnaître : la version de Delacroix n’apporte pas grand-chose, n’était-ce une vision bêtement « humaniste » de l’épisode, qui donne presque le dessus à Jacob. Tous les écrivains de l’époque, jusqu’à Gide ou Malraux, allaient se reconnaître dans l’allégorie dénaturée par le peintre. J’ai même lu, sous la plume d’un Hébreux, une parabole du progrès. Mais rendez-vous compte : que pouvait bien signifier, pour un ignare de vingt ans à la dérive, une lutte abstraite et nocturne contre un ange de Dieu, jusqu’à une mystérieuse bénédiction ? Au demeurant, je dois avouer que je n’ai trouvé, du Zohar jusqu’à Hugo, rien de bien convaincant. En tous cas, je serai toujours reconnaissant à Delacroix d’avoir mis sur mon pauvre chemin terrestre sa « Lutte avec l’Ange ».

  • La religion laïque est profondément réactionnaire, bâtie contre la morale chrétienne. Son premier dogme est donc : "Pas de dogme !"
    (Dans la réalité, comme Marx l'a remarqué, c'est ce qui permet à la religion laïque d'être d'une intolérance extrême, sa prétendue "neutralité". Elle substitue l'Etat à Dieu, et la télévision se charge certainement aussi bien de la propagande de la foi que la messe dominicale.)

    Ainsi, les observations de Ingres sur la peinture ne seront jamais publiées sans être précédées par un avertissement d'un fonctionnaire-muséographe quelconque, qui n'a jamais tenu un pinceau de sa vie, avertissement que Ingres n'est qu'un vieux ringard incompétent.
    Comme l'idée de Delacroix de la peinture est plus conforme à l'idée actuelle, alors c'est Delacroix qui a raison.
    Quand Baudelaire et Delacroix, qui ne sont quand même pas des imbéciles tels que ceux qu'on doit subir aujourd'hui, signalent les dangers du procès photographique pour l'art, alors ils redeviennent de vieux schnoques réacs. J'ai même lu un long article d'un fonctionnaire expliquant que Baudelaire ne pouvait pas être vraiment contre la photographie, vu qu'il possédait une photographie de sa mère chez lui.

    Une chose est sûre, un débat tel que celui qui oppose Ingres à Delacroix, ou Chenavard (pour qui la musique est signe de putréfaction) à Baudelaire est impossible aujourd'hui où on nage en pleine idolâtrie et en pleine censure.

    Là encore Engels avait vu juste en annonçant que le capitalisme et la religion laïque mènent au fétichisme et à l'idolâtrie, que c'est l'idée d'"artiste génial" (idée construite sur le modèle de Mozart ou de Pascal) qui est une utopie.
    N'ayant plus qu'un public d'abrutis idolâtres face à lui, Picasso peut crever la gueule remplie de billets de banques.

    Ingres maintient contre Delacroix et Baudelaire cette idée des plus grands artistes grecs ou de la Renaissance que le mouvement (musique) est lié à la putréfaction. De fait si l'on privilégie le mouvement, comme l'Avant-garde russe qui n'a RIEN de communiste, on aboutit à la peinture informelle et stalinienne de Kandinsky.
    Après on ne peut pas en vouloir à Ingres de ne pas avoir poussé le dessein plus loin ; il est comme un génie, beaucoup trop isolé.
    Même Géricault, dont l'anticléricalisme farouche était pourtant "en phase" avec son époque, a été broyé. La légende veut que Napoléon soit intelligent ; en réalité c'est une femelle abrutie, avec des goûts de femelle comme Hitler, et peut-être pire encore : Stendhal ou Chateaubriand, voilà le genre de littérature sentimentale qu'apprécie la soldatesque.

  • Non, je ne dirais pas que la religion laïque est réactionnaire. Elle est progressiste. Il faut quand même s’entendre sur les termes, sinon on ne va plus s’y retrouver. Moi, par exemple, je ne suis pas progressiste. Pas du tout.
    Par contre je suis d’accord que la religion laïque est bien l’antimorale chrétienne. La religion laïque, en gros, c’est l’impératif catégorique. Le criticisme vient de Luther, avec le serf arbitre. Kant lui a mis un noumène dans le cul pour faire joli (en vrai Kant n’a pas agi seul, mais il ne faut pas le dire). Après, César s’est fait Dieu, puis Thermidor, patati patata. Après, il y a eu des variantes : nous, on a eu Renouvier. Ben c’est pas mieux que les boches. Bref. Tout ça est banal. Disons que nous sommes d’accord, au moins jusqu’à Luther, sur la filiation du virus moderne. Ce qui m’intéresse, c’est avant.
    J’ai lu votre « journal de guerre ». C’est très intéressant et très courageux. Mais je crains que cela soit vain car vous vous attaquez à des métastases. C’est pour cette raison que j’essaie de remonter le courant : la religion laïque, Kant, Luther, Erasme, la Renaissance, etc. C’est pour ça que votre histoire de géométrie et d’algèbre m’a vraiment intéressé. Mais je n’ai pas encore tout compris.

    C’est vrai : un débat opposant Ingres à Delacroix, c’est aujourd’hui impensable. Ce n’est même pas ne affaire de censure. D’un point de vue laïque, ce sont deux « grands artistes », deux « génies ». Donc on les fait voir aux Japonais armés de Kodak. Le Japon est vraiment un pays débile (j’y suis allé travailler). J’ai même vu, à Moscou, des Japonais photographier des tableaux de Poussin, sans rien savoir de la contre-réforme. Les Japonais ne produisent que des voitures qui puent et des télés qui débitent des conneries. Je considère, au niveau de la planète, le Japon comme un pays hautement nuisible et sans aucun intérêt. En plus, c’est un climat affreux. D’ailleurs le fait qu’ils soient fascinés par Camus et Sartre est révélateur. L’existentialisme à la sauce soja.

    J’ignore si « l’artiste génial » est une utopie. Je n’ai jamais compris ce qu’on appelle un génie. Je préfère parler de talent. Comme disait Giraudoux : « nous savons en France, depuis Racine, que le génie ne peut rien contre le talent. » Mais j’aime quand même bien Corneille. Aragon est peut-être un génie. Dans « La semaine sainte » il parle de Géricault. C’est quand même chiadé.
    Napoléon une « femelle abrutie » ? Je ne vois pas bien. Je n’ai pas de sympathie pour cet exalté, et je considère ses expéditions comme des croisades sacrilèges.

  • Il y a plusieurs courants laïcs différents et radicalement opposés. Le courant progressiste a pour caractéristique, de Bacon à Marx en passant par Voltaire, le combat contre un pouvoir étatique fort. Pour Marx la société civile capitaliste dont l'Etat républicain n'est que l'émanation = anarchie.

    Je crois que le schéma d'inspiration marxiste de Simone Weil, même s'il est très simplifié, est juste, à savoir que le citoyen laïc républicain a foi dans les forces qui l'oppressent -l'Etat, les nations, la police, les cartels-, comme l'homme primitif avait foi dans les forces de la nature qui l'effrayaient.

    C'est la morale laïque actuelle qui est "réactionnaire" dans la mesure où elle a du mal à se définir autrement que CONTRE la morale cléricale, qui en fait ne concerne quasiment plus personne, 1 à 2% des Français. Est-ce qu'on entendrait autant parler de la morale cléricale si les journalistes qui prêchent la morale étatique n'en parlaient pas autant ?

    Le plus important à retenir sur le plan idéologique, c'est que tous les courants laïcs, aussi opposés soient-ils, dérivent du christianisme. Ce sont même les systèmes laïcs les plus athées, celui de Feuerbach par exemple, qui sont les plus faciles à rattacher à la théologie "judéo-chrétienne".

    Une clef historique importante, c'est de comprendre que contrairement à ce qu'affirment les historiens officiels ou consensuels, la Révolution française n'est pas le véritable tournant historique. Le véritable tournant a lieu en Angleterre au début du XVIIe siècle comme Marx, n'ayant pour seul souci que la vérité, a fini par s'en rendre compte. Si Marx s'éteint à deux doigts de Balzac, ça n'a rien d'un hasard, c'est que celui-ci hérite lui-même d'une pensée presque complètement oblitérée aujourd'hui : la Renaissance (âge que l'Allemagne n'a jamais réellement connu ni compris, en dehors d'Albert Dürer).
    L'humanisme de la Renaissance, renversé au début du XVIIe siècle, a tout pour déplaire à la religion laïque ou démocrate-chrétienne actuelle, au-delà même de son antijudaïsme. Car l'humanisme, s'il s'émancipe bien de la religion et du cléricalisme médiéval (jusque-là les laïcs républicains peuvent s'en réclamer), se rapproche de Dieu et de la trinité. Les artistes de la Renaissance surpassent la théologie de Thomas d'Aquin. Et de cela ni la religion laïque germanique actuelle ne veut entendre parler, ni même l'Eglise "à la remorque".
    Ce qui prouve que la Révolution française de 1789, composante importante de la mythomanie laïque n'est pas une révolution, c'est qu'elle ne rompt quasiment pas avec l'esprit du XVIIe siècle. L'intention y est chez Voltaire, mais celui-ci n'a pas compris qu'entre Descartes et Newton, il n'y a qu'un différentiel minime. Newton est beaucoup moins "neuf" qu'il n'en a l'air. Et, à tout prendre, Descartes est plutôt moins loufoque.
    Un exemple : Newton qui croit dans l'existence de l'éther, comme Aristote et conformément à une solide tradition humaniste britannique, s'en passe complètement dans sa principale théorie de l'attraction. Exit l'éther. Première incohérence.
    Deuxième incohérence : pour expliquer l'attraction entre eux de corps massifs, une force centripète, Newton passe par une loi censée décrire la force centrifuge (le principe de la fronde), loi qui ne prend pas en compte... la masse.
    Troisième incohérence : l'analogie avec la force magnétique dont on sait qu'elle est très forte à faible distance et nulle dès que le corps ferreux soumis à l'attraction est éloigné.
    Quatrième incohérence : Newton ne sait même pas, et pour cause, s'il doit appliquer sa loi à tout le corps massif astral, ou s'il part du centre ; d'où une ceinture d'astéroïdes grotesque qu'il est obligé de passer autour des reins du globe terrestre pour lester sa thèse un peu légère. Commentaire délicat de d'Alembert : "Une conformité si exacte entre le calcul et le phénomène paraît sans doute une des preuves les plus favorables au système de l'attraction. Mais les conséquences qui en résultent perdront de leur force si quelques-unes des propositions qui servent de base à la théorie de M. Newton sont ou douteuses ou peu exactes. J'oserais dire que j'ai tout lieu de le croire, si je ne savais avec quelle retenue et, pour ainsi dire, avec quelle superstition (sic) on doit juger les grands hommes."
    La foi de d'Alembert dans la théorie de Newton est religieuse, car pour ce qui est de l'exactitude du calcul, d'Alembert s'attache à en montrer le caractère assez largement foireux.
    Cinquième incohérence : au-delà de deux corps massifs, le phénomène d'attraction devient impossible à calculer par la loi de Newton.
    On pourrait aller jusqu'à une dizaine d'incohérences ainsi, voire une bonne cinquantaine en comptant les incohérences théologiques de ce grand homme qui devait lire la Bible la tête en bas.
    Les incohérences scientifiques de Descartes sont mieux cachées.
    Mais si nous reparlions plutôt de Jacob et de sa lutte nocturne avec l'ange ?

  • Simone Weil résume bien. Ce sont les icônes de la religion laïque.
    J’ai bien conscience que la Révolution (et son fils Bonaparte, comme dit le bon Léon) n’est qu’une idole (sanguinaire), un fétiche du culte laïque.
    Newton n’explique pas l’attraction, il la constate et la mesure. Sa loi est une tautologie qui ne signifie rien d’autre que « les corps s’attirent ».
    J’ai découvert le combat avec l’ange à Saint-Sulpice. Je ne savais même pas que c’était un Delacroix. Contrairement à tous les plumitifs et tous les paumés qui croient avoir vu Dieu parce qu’ils en ont bavé cinq minutes pour produire leur roman du progrès (Gide, Malraux, Kauffmann, Vigée) et qui s’identifient à Jacob, je me suis plutôt vu, bizarrement, en ange pardonnant à ces suffisants producteurs d’histoires d’adolescents attardés. Et je puis dire que je me suis battu contre eux pendant des nuits pour me défaire des idées à la con dont ils m’avaient infesté. Pour la bénédiction matinale, évidemment, je n’étais pas vraiment qualifié. A part ça ma hanche va très bien et je bouffe du nerf sciatique. Delacroix ne m’attire pas plus que ça (je préfère aussi Géricault), mais il m’a mis en contact avec cette histoire. Je découvrais une théophanie dans ce qu’elle a de charnel, de brutal. Je réalisai aussi combien ces théophanies sont étouffées par l’enseignement laïc, et leur logophore bâillonné. Pourtant il ne s’agit pas d’être catho ou quoi, il s’agit juste de comprendre, le plus simplement du monde. C’est pour la même raison que je me suis intéressé à Poussin. Il y a tout : le sacrement, donc la présence réelle en réaction contre la Réforme, une géométrie, un décor de ruines antiques. On est à la croisée des chemins. Poussin remportait le pari manqué par Saint Thomas : accueillir l’héritage antique. Depuis je suis un peu obsédé par cette idée qu’il a bien dû se passer quelque chose pour que tout implose. J’ai longtemps cru que c’était l’arrivée de Platon dans le Quattrocento. En vérité je n’en sais rien. Je voyais confusément une force souterraine à l’œuvre pour tout saloper, et qui prenait parfois une forme concrète. Un exemple : le travail méthodique, maniaque de déconstruction de la citadelle chrétienne entrepris par ces salopes de Centuriateurs de Magdebourg. Ces imbéciles ont présenté Jean-Baptiste comme un petit provincial comme il faut. Ils ont fait de sa vie un roman bourgeois. Du Renan avant l’heure.
    Il y a de nombreux autres exemples, mais celui-là est vraiment sur le chemin critique du désastre.

  • - Non, là pour le coup Bloy se goure, et même doublement, sous la mauvaise influence de Joseph de Maistre. Bonaparte n'est qu'un officier qui compense l'absence d'idées par le style. Quant au régime totalitaire de Napoléon, il est beaucoup plus proche des idées de J. de Maistre lui-même que de celles de Rousseau ou Voltaire.
    Il n'y a pas de Révolution française, il y a des philosophes des Lumières, favorisés par le régime de Louis XV et assez disparates (c'est peut-être Diderot le plus proche de J. de Maistre, en réalité, comme le prouve la croyance de Diderot dans des théories économiques libérales, trop grossières pour Voltaire ou même Rousseau.)
    Et il y a une crise économique assez indépendante des idées des philosophes des lumières qui n'empêche pas une restauration bourgeoise comme en Angleterre. La différence d'intensité entre l'anglaise et la française ne s'explique pas par des idées.
    La deuxième erreur de Bloy (encore due à de Maistre) est ce portrait de Napoléon en "homme de la Providence", idée hégélienne malheureuse puisque Napoléon a toute les caractéristiques du suppôt de Satan (à la décharge de Bloy, il n'était pas historien et les massacres atroces perpétrés par les troupes impériales n'étaient pas connus comme ils le sont aujourd'hui) ; Bloy a fait la là même erreur que ces curés allemands qui ont pris Hitler pour un homme providentiel. Au-delà de J. de Maistre, c'est l'influence d'une pensée restée médiévale.
    Que la "solution historique" de J. de Maistre fasse l'objet d'un consensus entre la grande église laïque et la petite secte chrétienne est une chose - que cette rhétorique soit historique en est une autre.

    - Je vous arrête tout de suite aussi en ce qui concerne Newton étant donné que vous tenez un raisonnement "a posteriori". Newton n'est nullement "tautologique" : c'est vous qui avez "pris l'habitude" de ne pas concevoir le phénomène autrement qu'en termes d'attraction. Faites l'essai, demandez à un enfant, il vous fournira peut-être une autre explication (j'ai fait l'essai, et je dois dire que la réponse du gosse m'a comme qui dirait sidéré). La science qui n'est pas née de la dernière pluie de météorites comme vous savez, a déjà fourni plusieurs explications alternatives auparavant.
    Newton étaye bien avec sa loi une hypothèse (née bien avant lui, c'est aussi très important de souligner que cette histoire de pomme est un conte et que Newton ne fait comme Kopernik que ressortir une hypothèse de derrière les fagots puisque ce genre de conte contient la mythomanie de la science laïque moderne ET expérimentale).
    D'Alembert ne prend pas du tout la loi de son grand homme Newton pour une tautologie... bien qu'il n'a pas de mal à voir que sa belle loi pure prend l'eau de tous les côtés. Il y a un moment ou le mathématicien puritain est obligé d'expliquer comment et pourquoi, au point où les corps se touchent, la force infinie qui s'exerce alors n'empêche pas un petit enfant de ramasser cette pomme ; à partir du moment où le puritanisme déborde le registre de la poésie pour entrer dans la réalité, c'est là que l'hiatus se produit.
    Autrement dit vous êtes l'esclave de Newton.

  • Qu'elle soit un conte ou pas, l'anecdote de l'Empereur et de Laplace en dit long sur la connerie des officiers et des "experts" polytechniciens qui leur lèchent le cul :
    - Et l'hypothèse de Dieu, Laplace ?
    - L'hypothèse de Dieu je m'en passe très bien, Sire.

    De fait pour faire parvenir un boulet de canon à son but, on peut s'en tenir à ce qui est visible entre le bas de la visière et le haut de la jugulaire.

  • A propos de Jacob :
    - Il est très "baroque" (Rembrandt) ou "romantique" ou "judéo-chrétien" de s'intéresser au combat de Jacob avec l'ange, dans la mesure où ce passage concerne l'apocalypse juive. Jacob le boiteux est rebaptisé Israël et la maison de Jacob est Israël. Le sort des douze tribus d'Israël à la fin des temps est révélé à Jacob.

    - Jacob est un cadet qui s'empare de la place de son aîné Esaü comme Isaac a pris la place d'Ismaël (tous deux le doivent en partie à leurs mères respectives). Dans la théologie catholique (non "judéo-chrétienne"), la jalousie du frère aîné Caïn, ou de Marthe vis-à-vis de Marie, préfigure la jalousie des Juifs vis-à-vis du Bon Pasteur qu'ils ont fait assassiner.

    - l'apocalypse chrétienne de saint Jean, "fils du tonnerre", n'est pas sans rapport avec l'apocalypse juive ; d'ailleurs pour certains l'ange de Jacob serait le septième de l'apocalypse de Jean : "Et le septième ange sonna de la trompette, et l'on entendit dans le ciel des voix fortes qui disaient : 'L'empire du monde a passé à notre Seigneur et à son Christ, et il règnera aux siècles des siècles'." Ap. XII, 15.
    Il reste que le Nouveau Testament est comme l'antithèse de l'Ancien et que le seul sionisme authentique est celui, spirituel, du vieillard Syméon par exemple : "La gloire pour Israël et le salut pour Sion."
    On entend parfois des clercs judéo-chrétiens dire, comme Mgr Fellay l'habile dirigeant de la secte lefébvriste (il a complètement "blousé" le pape) : "Nous sommes des sémites" : quel sens cela a-t-il ? Racial ? Je ne pense pas qu'un catholique puisse aller jusqu'à dire que Dieu est "de race juive" ? Religieux ? Que Mgr Fellay, Benoît XVI et tous les chrétiens "sémites" se reconnaissent dans le pharisaïsme, voilà l'interprétation la plus probable.

  • - Sur Newton : oui, l’idée a consisté à dire : “les corps s'attirent”. La suite est tautologique. Car comme l’écrit Dehusses : « s'ils s'attirent, ils doivent s'attirer d'autant moins qu'ils sont plus éloignés ; si c'était l'inverse, deux corps seraient de moins en moins attirés l'un par l'autre en se rapprochant, de sorte qu'ils ne se rapprocheraient pas, et si l'attraction était égale à toutes les distances, ces distances n'auraient aucune raison d'être inégales. Ensuite, supposons qu'une des masses vaille x fois plus que l'autre, son pouvoir attractif doit être x fois plus fort. Donc “l'attraction est proportionnelle à la masse et inversement proportionnelle à la distance”. […]
    Mais comme chaque corps attirant l'autre est en même temps attiré par lui, on a le produit des masses divisé par celui des distances, soit la formule de Newton. »
    Cette loi s’applique parfois, ainsi que vous le remarquez. Parfois non.
    Que disait le gosse ?

    - Sur Bloy : je parlais de ce farceur de Léon DAUDET, pas de Bloy, Léon Daudet qui écrivit « Deux idoles sanguinaires », où il fustige la Révolution et l’Empereur, objets de piété de la société moderne. Ca n’allait pas plus loin.
    Mais on pardonne volontiers à Bloy ses errements, à lui qui m’a guéri à jamais du romantisme, cette « littérature pour chambre de malade ».

    - Peut me chaut que Jacob fut baroque ou judéo-chrétien ou romantique, car je m’intéresse surtout au miracle.

  • - Comprenez que je ne pinaille pas à propos de Newton mais que j'essaie d'approximer sa nullité au plus près. On ne peut pas reprocher à Robert Bellarmin d'avoir voulu éliminer Giordano Bruno mais simplement de ne pas avoir su placarder sa nullité sur les murs de la ville pour éviter que les chacals ne fassent un martyr de cet arriviste. "Arriviste" est le terme employé par Luther pour qualifier Kopernik, et c'est certainement une des clés historiques : l'algèbre est à la portée du premier arriviste venu -art de jongleur comme la poésie- et le XVIe siècle a fait le jeu des arrivistes. Il faut dix ou quinze ans pour faire un savant, deux ou trois suffisent pour faire un mathématicien.

    - L'idée principale, celle du magnétisme, proposition parmi d'autres, n'est même pas de Newton. Le rapport algébrique est toujours tautologique, autrement dit statique. Les rapports ne permettent pas de rendre compte de la réalité physique. Ce qui est frappant dans ce type de loi balistique, c'est qu'elles se présentent comme des lois d'une rigueur et d'une pureté parfaite, dont le béotien se dit qu'elles vont lui permettre d'obtenir un résultat d'une précision infinitésimale ; et, dans un second temps, il faut annoncer au béotien que la sacro-sainte loi ne permet de faire des calculs que dans un nombre très restreint de cas, si restreint que même pour une partie de pétanque il vaut mieux recourir au bon vieux pifomètre ; un peu comme le code pénal ou le droit international.
    La loi de Newton, résultat d'un bidouillage mathématique ne s'applique pas parfois, elle ne s'applique jamais. C'est-à-dire que les astronomes posent le principe (religieux, comme on constate déjà chez d'Alembert, Voltaire n'ayant sans doute jamais, lui, rien pigé aux sciences physiques, ni plus ni moins que Mme du Châtelet ou Maupertuis), ils posent que Newton s'applique à l'échelle "cosmique" - les "physiciens", eux, constatent qu'à l'échelle microscopique la loi de Newton ne "fonctionne pas", c'est-à-dire est en décalage avec le saint sacrement. Ils sont d'ailleurs rendu à un tel point de sophisme balistique qu'ils cherchent à isoler des particules qui confèrent la masse !? Ils ne font plus la différence entre ce qui est de l'ordre de la rhétorique et ce qui est de l'ordre du langage (c'est déjà le cas chez ce "docteur de l'Eglise de Scientologie" qu'est Descartes). Gros problème : les modèles-standards algébriques sont censés être uniformes, donc l'hiatus entre l'infiniment grand et l'infiniment petit a de quoi plonger les techniciens de laboratoire dans des abysses de perplexité, prières à saint Pythagore-le-Grand et tout le toutime.

    - Ah, "Léon", moi je n'en connais qu'un. Peux pas oublier cette expression : "Trente ans d'inaction française" pour parler de l'AF. Cela dit le rhéteur Daudet remonte dans mon estime s'il a parlé de Napoléon comme d'une "idole sanguinaire". Mais l'Empire napoléonien, je le répète, sur tous les plans : artistique, scientifique, religieux, économique, politique hérite du XVIIe siècle janséniste ; d'ailleurs Diderot ironise sur le sujet en disant que si on parie sur Dieu, ça impliquer de pouvoir parier aussi sur le Néant ; de fait la foi de Diderot dans le Néant ne semble pas plus assurée que celle de Pascal en Dieu, et il est certainement beaucoup moins sacrilège de parier sur le Néant que sur Dieu. Un athée au XVIIIe pariait en outre contre le cours du jeu et n'était pas une sorte de Pontife comme Sartre ou Onfray, escorté de dévotes.

    - Le miracle est lui-même très "judéo-chrétien" ; les jansénistes y tiennent beaucoup car il est une preuve à leurs yeux que Dieu leur rend bien grâce et qu'ils ont fait le bon calcul. L'historien Gaxotte fait remarquer que sous la Régence où le Régent s'appuie sur le parti janséniste : explosion de miracles dans les provinces, à tel point que le cardinal de Fleury est obligé d'expédier de Paris des médecins pour démasquer les supercheries qui troublent l'ordre public.
    A notre époque de petits jansénistes qui dominent à peine la grammaire, le pape béatifie et canonise à tour de bras, et il faut trois ou quatre miracles pour "faire" un saint. Les seuls créneaux où l'Eglise catholique n'est pas exsangue sont d'ailleurs, en dehors du floklore, ceux du miracle : Lourdes, le Sacré-Coeur de Montmartre font recette.
    Le combat avec l'ange à plus à voir avec l'Histoire qu'avec le miracle. On reconnaît que l'Eglise est janséniste désormais à son refus farouche de l'Histoire, alors même que de toute évidence le christianisme est la plus historique de toutes les religions, plus encore que la religion grecque ou juive. Refus de Benoît XVI de choisir entre l'eschatologie de Hegel et celle de Marx pour aller se réfugier dans les spéculations de saint Augustin. Que cache l'Histoire pour que le pape la craigne autant ?

  • Je le répète pour la énième fois parce que ça me paraît important : pour son refus de l'Histoire, sa peur panique d'exprimer un point de vue catholique, Benoît XVI a été félicité par les "Temps modernes" (Claude Milner), non sans une légère nuance de mépris -de rigueur de la part d'un laïc agnostique parlant d'un pape chrétien.
    Or les énergumènes qui écrivent dans "Les Temps modernes" sont de tels cacouacs que les banquiers véreux qui écrivent dans "Commentaire" peuvent passer pour des humanistes à côté.

  • congratulations! t'es tellement convaincant que on pourrait meme croire que te pense vraiment ce que tu ecris....

  • "Félicitations", dit-on en France, monsieur le Touriste. France, pays où la bonne foi reste présumée hors du personnel politique.

  • Lapinos,
    Contraint et forcé, j’ai dû m’absenter. Vos pétarades m’ont cruellement manqué.
    Bellarmin, les jésuites (comme aussi les oratoriens) étaient sans doute, eux aussi, trop arrivistes, et trop empêtrés dans les hiérarchies conciliaires (voir Bossuet) pour régler leur compte à Giordano Bruno et aux impiétés de Copernique. Les pingouins du concile de Trente n’ont pas fait le boulot convenablement. Plutôt que d’aller chercher dans Rome tantôt les païens (renaissance humaniste), tantôt les pères (contre-réforme), ils auraient mieux fait de s’inspirer d’Urbain II. La croisade, y’a que ça de vrai. Un jour, il faut arrêter d’ergoter et se rappeler que normalement l’église ne discute pas : elle enseigne.
    Léon Daudet fut un médiocre romancier, mais un extraordinaire chroniqueur. Il n’aimait pas Napoléon, dont la filiation janséniste ne lui a pas échappé. Mais il ne va pas assez loin dans l’analyse de cette filiation. Il accable surtout Luther.
    Je me suis mal exprimé sur les miracles. Je voulais parler surtout de la présence réelle. Malgré les beaux efforts de Nicolas Poussin, elle a disparu. Et je me demande de plus en plus si les Centuriateurs, au fond, n’ont pas fait que constater cette disparition. Car, sans la présence, que reste-t-il du verbe ? Une dialectique ? Un discours électoral ? Un roman de Zola ?
    Le pape actuel ? Quel pape ? Libellule ou Papillon ?

  • - Pétaradant, moi, alors que je montre la puanteur de la musique, dès l'harmonie ?
    - Poussin j'en suis loin puisque le paysage et le jardinage ne sont pas grecs. Seul un latin pouvait confondre la Grèce avec le jardin d'une villa romaine, parsemé de copies de sculptures grecs. Les Romains ne sont pas prêts à tout pour s'approcher de l'éternité comme les Grecs ; la poésie romaine (qui comprend Poussin) n'est qu'un instrument du pouvoir.
    - La croisade ? Dans la croisade il y a déjà tous les ingrédients du "judéo-christianisme", la substitution de Moïse à saint Paul. Je vois Bernard de Clairvaux comme un suppôt de Satan, une forêt sombre. L'or de sa foi a des reflets d'argent, son calice est rempli de sang versé par des épées... de fer. Même les jésuites sont plus proches du glaive de l'Esprit.
    Voyez comment encore, mille ans après, les dominicains continuent de lécher le cul de Claudius, de faire passer les entreprises les plus bassement humaines pour des espèces sacrées. Philippe Verdin et le Léviathan yanki, Jacques Arnould et le singe fait homme... sans compter cet Humbrecht, qui se demande comment lutter contre... la crise des vocations ! En 2009 !! L'Eglise catholique a opéré sa mutation depuis des siècles déjà, et ce cacouac ne s'est pas encore aperçu.
    Je ne crois pas que l'acharnement des dominicains à faire table rase de l'histoire, crime contre l'Esprit, ait beaucoup de rivaux.
    Le médiéviste Etienne Gilson a d'ailleurs repéré l'emprunt de la philosophie luciférienne de Hegel (je dis qu'elle l'est) à Bernard de Clairvaux. C'est la fiction qui dissimule la présence, et comme Marx le démontre, la philosophie de Hegel est une fiction ésotérique.

    Pour que les choses soient claires.
    Porteur, mais de quoi ? Même en latin, il y a "lumen" et "lux"...

  • Pour que les choses soient claires : c’est à cause de Marcel Aymé, que j’aimais bien dans ma jeunesse. Il y avait un héros qui s’appelait Porteur. Je ne me rappelle même plus dans lequel de ses romans. Ca ne va pas plus loin. Ni lumen, ni lux. Et vous savez bien ce que je pense des lumières …
    « Pétarade » n’avait rien d’irrévérencieux. C'est le contraire. Surtout, n’y voyez aucune offense.
    Poussin, le pouvoir, etc. Oui bien sûr. Je comprends que la tentative de syncrétisme vous laisse indifférent chez Poussin. Mais je faisais allusion à la série sur les 7 sacrements. C’est précisément ce qu’il y a de politique chez Poussin qui m’a intéressé, dans la longue histoire de la décadence où je cherche en vain une explication. Pour que les choses soient claires : vous avez bazardé certains des préjugés où j’étais enlisé.
    J’évoquais la croisade par opposition aux stériles et soporifiques ratiocinations des modernes. Quant à la FSPX, je n’ai encore bien regardé, je puis me tromper, mais ça n’a pas l’air bien méchant non plus.
    Justement, Bernard de Clairvaux ne voulait pas partir en croisade. Ca l’emmerdait, et d’ailleurs elle a foiré. Il est parti pour faire plaisir au pape. Pour le reste, vous croyez que Cluny, c’est mieux ? Ils ont tous trop lu Cicéron et les Pères.
    Sur Darwin, (Darwin, Lamarck, etc., je ne fais plus le détail depuis longtemps), moi j’ai une autre idée : je crois bien que ça pourrait être le singe qui descend de l’homme. Quant à ce que peuvent en penser des dominicains (même s’il s’agit d’un allumeur de réverbères)…

  • - Poussin est un Romain, comme Montaigne : il pastiche les Grecs. Selon la définition de Virgile lui-même, l'art romain est entièrement dévoué à la politique.
    Pour Marx, Engels, Shakespeare, au contraire, l'art est tout ce qui excède le cadre temporel de la politique : ni la poésie, ni la philosophie, ni la musique, ni la rhétorique, ni les mathématiques, ni la technique.
    Difficile à piger dans la mesure où le politique est désormais devenu la totalité, et qu'il n'y a plus rien en dehors de la politique, rien que du cinoche, de la technique déguisée en métaphysique.

    - Laissez tomber la FSPX, ce sont des abrutis qui font passer des querelles de personnes pour des querelles théologiques, alors qu'ils n'entravent que dalle à la théologie. Leur dada, c'est de reprocher au pape de n'être pas assez "scolastique", c'est-à-dire médiéval. Alors même que Benoît XVI est "augustinien", c'est-à-dire encore plus archaïque. En gros ils croient que le protestantisme est "moderne". Ils n'ont pas compris que Thomas d'Aquin est un moderniste à côté de saint Augustin et que Blaise Pascal a plus de deux mille ans de retard intellectuel ! Un janséniste tel que Sainte-Beuve est une véritable échelle de Jacob à côté de Pascal.

    La force de la FSPX, c'est la liturgie et la discipline ; c'est la force des armées. Ici c'est leur adversaires qui sont stupides de croire qu'on peut "moderniser" la liturgie, qui est, par essence, archaïque.
    Pour ce qui est de la manoeuvre, en revanche, Mgr Fellay a roulé le pape dans la farine ! On aurait dit Churchill roulant Hitler dans la farine.

    (La croisade prêchée par Bernard de Clairvaux dans le sud-Ouest a fait des milliers de morts pour rien ; et l'ordre dominicain semble n'avoir été créé que pour lécher le cul des puissants, et restauré pour ça par Lacordaire ; frère prêcheur de croisade n'a pas lu Matthieu XV, 11 : "Ce qui sort de la bouche de l'homme souille l'homme.")

  • « C’est à un commencement d’asphyxie qu’il faut attribuer les sensation voluptueuses que plusieurs individus semblent avoir éprouvées ». Fourcroy, comparant les effets de l’asphyxie à ceux de la strangulation.
    Oui : tout est politique. Mais il reste la beauté des arbres, la mer, la Bretagne en hiver, « l’érotisme de l’art », les yeux d’Anna, les seins de Veronica, le Moulin-à-Vent, Shakespeare-Bacon, le bon Léon, François Rabelais, la conversation, La Victoire de Samothrace, David, Zurbaran…
    La beauté a un peu foutu le camp, mais il reste des traces. Marc Fumaroli dit (L’école du silence) :
    « L’esthétique, telle qu’elle apparaît au titre de discipline autonome au XVIIIème siècle, en même temps que le « retour à l’antique » européen dans les arts, déracine la théorie du beau de la rhétorique, de la poétique et surtout de la théologie et de la prière. […] Mais à la Renaissance, et encore au XVIIème siècle, surtout en Italie, les traités de rhétorique et de poétique appliqués aux arts restèrent tout de même des traités du faire. La théologie dogmatique ou mystique des images, avec sa variante néo-platonicienne à Florence est la véritable philosophie esthétique du Moyen Age et de la Renaissance, dont la Réforme catholique est, à cet égard, le prolongement naturel. »
    C’est une piste. Cependant je ne vois pas dans la Contre-réforme de « prolongement naturel » de la philosophie esthétique de la Renaissance. Par ailleurs, je ne sache pas que la formulation d’une « philosophie esthétique » existât à cette époque, et formulée comme telle. Entre Apollon et David, je veux bien, malgré les siècles, mais après… Remarquez : on peut toujours prier.
    Alors : où est passée la Beauté ? Elle ne s’est pas évaporée toute seule. Qu’est devenu l’érotisme de l’art que naguère vous évoquiez ? Il s’est bien passé un truc, non ?

  • Fumaroli n'est qu'un idéologue boche, le genre qu'on cite dans un dîner entre courtiers de banque, mais :
    - entre le moyen âge et la Renaissance, il y a une différence importante, qu'on peut traduire comme "un recul de l'animisme" à la Renaissance.
    Dante Alighieri n'est plus vraiment typique du moyen âge dans sa manière -peu 'scolastique'- de s'approprier une partie de la religion grecque, ou dans sa façon peu hiérarchique d'expédier deux ou trois papes au fin fond de son "Enfer" ; quant à François Bacon, qu'on peut prendre comme le sommet de la Renaissance, il est encore moins "médiéval" que Dante ; cela dit la littérature de Bacon-Shakespeare est déjà pleine de cette question de l'attentat contre l'art.
    - "néo-platonicien" est un terme piégé puisqu'il englobe généralement Aristote, bien que celui-ci s'éloigne considérablement de Platon. Quant au "néo-platonisme" de Bacon, sa cible principale c'est la scolastique sclérosée, et derrière celle-ci... Socrate et Platon, vains spéculateurs aux yeux de Bacon.
    Avant d'être chez Marx, le constat de la décadence de Socrate et Platon est déjà présent chez Bacon. Aristote et Bacon occupent des positions similaires : isolés au milieu de leur temps comme Hamlet dans la forteresse d'Elseneur, tout en occupant tous les deux des fonctions officielles relativement importantes et exposées, précepteur d'Alexandre dans un cas, jurisconsulte de tout premier plan dans l'autre.
    - Vous avez raison de ne pas voir dans la Contre-réforme de prolongement de la Renaissance puisque la Contre-réforme, comme la Réforme elle-même est indissociable de la musique qui fait son entrée comme le loup dans la bergerie au XVIIe siècle ; une mystique de l'ouïe et non de l'image. La peinture ne disparaît bien entendu au XVIIe siècle, mais celle-ci va peu à peu et de plus en plus se déliter au gré de la musique ET de l'algèbre jusqu'à, disons, l'art totalitaire de Kandinsky.
    Musique et algèbre sont indissociables puisque l'invention de la musique instrumentale au XVIIe siècle coïncide avec le "néo-pythagorisme". A tel point que la "théorie des cordes", idéologie italo-boche en vogue actuellement, pure superstition algébrique, existe déjà chez Descartes à l'état de théorie musicale ; on pourrait presque donner à un essai sur le nationalisme le titre suivant : "La Corde et le Nationalisme", puisque comme vous savez Judas Iscariote est un zélote qui voit en Jésus un "homme providentiel" venu restaurer la gloire d'Israël.
    Dans le domaine religieux, le "judéo-christianisme" est un produit du XVIIe siècle. Impossible d'acoler à la Renaissance en général et à Shakespeare en particulier ce monstre théologique, incarné spécialement dans Newton.

    Que s'est-il passé vers la fin du XVIe siècle-début du XVIIe siècle qui explique la gangrène musicale ? La réponse est à chercher en Angleterre, qui précède les autres nations à cette époque, et chez François Bacon en particulier, qui surplombe l'Angleterre avec mépris, comme la colombe surplombe le phénix.
    Mais tant qu'on ne se saisit pas du glaive, la science n'est rien.

  • A ce stade je ne tiens pas la musique en soi comme satanisante. Tant qu'elle reste contrapuntique. En gros jusqu'à Palestrina ou Roland de Lassus. Evidemment, il y a eu des continuateurs, mais il faut bien reconnaître que l'harmonie a tout submergé. Je ne connais pas de groupe de rock contrapuntique. Le bordel, c'est les accords. La tierce, la quinte. C'est donc plutôt l'algèbre qu'il faudrait incriminer. Pareil avec la peinture, avec le nombre d'or, la spirale de Fibonacci et autres fadaises de boutonneux de math sup.
    Mais tout cela n'est que le symptôme récurrent d'une même maladie, apparue sous Platon et revenue à la Renaissance avec les métèques chassés de Byzance (avec qui les humanistes se montrèrent bien inhumains) débarquant en Italie, leurs malles pleines de manuscrits grecs. C'est pour ça que je me suis intéressé aux mésaventures de Léonce Pilate. Je ne crois pas une seconde à la fable de sa mort sur un bateau, foudroyé en plein océan. Je crois qu'il s'est réfugié à Malte, avec des bouquins qui d'ailleurs y sont toujours planqués... Enfin c'est à se demander quel usage Byzance a fait de ces trésors. Les philosophes du groupe de Mistra, les Pléthon et ses compains, étaient peut-être plus sages que Cosme de Medicis et les potes sodomites de Boccace. Mais ont-ils fait de la musique ?
    Certes on peut constater une coïncidence historique du néopythagorisme et de l'apparition de la musique instrumentale. Et quoi ? Le fait que les recettes faciles proposées par quelques équations aient envahi les arts, avec ce nombre d'or ou les perspectives décalées ou tous ces trucs, n'explique pas pourquoi ils ont laissé tombé l'art du "faire" dont parlait Fumaroli (c'est la seule raison pour laquelle j'en parlais). Ils étaient pas si cons. Tout le monde sait que David a une jambe plus longue que l'autre, il se foutait des maths. Et Titien, Vinci étaient eux-même musiciens...
    Moi j'ai longtemps accablé Platon, avec ses idées qui dansent dans un néant éthéré, avec sa fable bêtifiante de la caverne, où je vois plutôt une parabole involontaire du progrès. Il y a toujours un épileptique pour vous dire que la vraie vie est ailleurs, qu'il faut marcher avec lui vers la vraie lumière, patati patata, etc. alors que ce malade vous amène dans une autre caverne, et alors ça recommence, en pire. Et vous en bavez encore plus. On n'en sort pas, même avec l'Atlantide, avec laquelle cet ahuri Platon aura fait tomber la Vérité dans l'Histoire. Mais il a oublié les mirages ! Je me demande bien ce qu'en pense votre Bacon (que je n'ai pas lu encore).

  • - Le contrepoint lui-même est algébrique. Ce que vous ne pouvez pas ôter de la musique, c'est le mouvement. Tant que le mouvement, c'est le bal populaire, Aristote lui-même ne voit pas d'inconvénient à une musique circonscrite à sa fonction.
    Le problème est celui d'une métaphysique et d'une science fondées sur la musique. L'idéologie d'Einstein, une des plus bêtes qui soit (Einstein n'aurait même pas été admis dans un cercle de sophistes), sa jonglerie n'est pas par hasard fondée pour partie sur l'analogie avec des tuyaux d'orgue (quand on sait que Einstein et ses complices prostitués à l'industrie sont aussi fondés sur une balistique inepte, on ne peut pas s'empêcher de faire le rapprochement avec les fameux orgues de Staline, cette dimension liturgique donnée à la guerre.)

    - Le "faire" de Fumaroli est très superficiel si on le compare à celui d'Aristote. Il correspondrait presque plutôt à l'"agir" du Stagirite. Les Romains sont de très bons, et même excellents "faiseurs" : ils n'en restent pas moins au stade du pastiche. Il manque quelque chose aux Romains : l'ontologie. Si l'on entend partout ce vocable dans l'Université aujourd'hui, c'est précisément qu'elle en a perdu le sens (je ne prétends pas dégrader l'art romain au niveau du cinoche barbare d'aujourd'hui, ni même Cicéron au niveau de ce Fumarolo et de son verbiage officiel, rassurez-vous - nuance et perspective sont mères de la science historique !).

    - Vous ne pouvez nier que le XVIIe siècle soit celui de la sacralisation de la musique, même si on peut certainement en déceler les prémices dès le XVIe siècle (Le Milanais Vinci n'est pas forcément le plus savant des savants de la Renaissance, même s'il est agréé comme tel aujourd'hui dans les catalogues.)

    - Bacon est contre Platon et la gnose scolastique platonicienne, mais bien sûr pas pour jeter comme vous le bébé avec l'eau du bain, le progrès en même temps que Platon. Par pitié ne me ressortez pas Maurras ou un truc dans ce goût-là, qui est le meilleur moyen de se précipiter dans l'Enfer en croyant que c'est le Paradis. Voyez ce que donne un apôtre de la statique comme Maurras : antisémite et germanophobe, il n'y a pas plus judaïque et boche que lui. Cet abruti invraisemblable (beaucoup moins pervers que Hegel par là-même, qui lui maquille la statique en progrès), cet abruti de Maurras trouve le moyen d'aimer la religion... sans Dieu ! Exactement comme un rabbin deux mille ans après la résurrection ! Il est probable que les sourds ont dans la tête une petite musique qui résonne en permanence.

  • Non, je ne souhaite pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Je vous épargnerai aussi Maurras, soyez tranquille, pas de danger. Mais vous ne pensez pas qu’il est temps de simplifier, un peu ? J’ai assisté à votre discussion avec « La voix dans le désert ». Si je puis me permettre, j’ai un peu le sentiment que vous perdez l'un et l'autre votre précieux temps dans ces arguties fuligineuses. C'est dommage. Vouloir convaincre est d'une vanité suspecte. D'ailleurs vous n'y songez pas vraiment, ni l'un ni l'autre, alors à quoi bon ? Rien ne remplacera le faire (ou l’agir). Aucune équation, aucun système. Donc j’ai envie de dire à La Voix que Lapinos a raison, archiraison, tellement raison que c’en devient irritant. Il a forcément raison car il est du parti de la Beauté. Avant qu'elle sombre, avec le grand vaisseau de la Renaissance, infesté de virus néopythagoriciens. Platon a tué la vérité en l'enfermant dans l'Histoire, la Renaissance aura finalement tué la Beauté, en lui mettant une équation dans le rectum, après l'avoir une dernière fois contemplée, incrédule. On aura beau l’étudier sous toutes les coutures, la mesurer, la soupeser, l’exposer aux Japonais, un kodak dans une main et un hamburger dans l’autre, l’autopsie ne fera pas revivre. Enfin les modernes auront raison du Bien, avec un contrat social qui devient imbitable. Jusqu'à ce qu'il ne nous reste plus que l'être suprême et les guerres napoléoniennes. Léviathan a tout dévoré, maintenant il rote et pète et nous empoisonne, il nous défèque dessus et en plus il nous a à l'œil ("tout grand ouvert dans les ténèbres", comme dit Hugo dans sa Conscience). Saint Thomas, Augustin, Aristote ou Averroès, pourquoi agiter ces marionnettes ? On peut toujours chatouiller Léviathan avachi dans la graisse flasque de ses méplats et lui dire, le novum organum à la main : "euh, excuse-moi de te déranger en pleine digestion, tu peux relire Bacon, y'a un truc que t'as pas bien compris ?" Tu parles, Charles ! Qu’est-ce qu’il va en faire, de l’organum ? Vous voulez savoir : il va le numériser ! Il va le transformer en octets, en faire des megabites ! The message is the medium ! Et des armées de maître de conf’, de Libeira ou de Fumaroli, de bavasser pour savoir si Bacon a raison contre Aristote ou contre Platon ou si c’est le contraire, que sais-je ? Avec La Voix, vous embrouillez les clefs dans la serrure, alors qu’il faut enfoncer la porte des ténèbres (ils appellent ça les « lumières », antiphrase caractéristique) à coups de pompe, et foutre le feu ! L’inventaire a déjà été fait par des générations de réacs, on a la liste, des noms, plus la peine de pinailler. Envoyez tout ça en l'air et allez vous promener dans la forêt, buvez donc force pinard (je préconise le Moulin-à-Vent), relisez Rabelais et bouillavez la fermière sous les marronniers ! Sans vergogne aucune ! Ca soulage. Alléluia ! La résurrection vient, comme dit l'autre pomme embastillée, il vaudrait mieux l'organiser. Ah oui, mais vous ne savez pas par quoi commencer ? Avec des blogs ou des journaux de guerre, qui seront d'ailleurs bâillonnés avant pas longtemps par Hadopi, Hadopi II ou Hadopi III, on n’ira pas loin. Big Brother is fucking you. Le Baroque est fatigué (il fait la leçon aux prisonniers !) et Hoplite aussi, et les autres théorisent, résignés derrière un verre de bière, ou revisionnent « Easy Rider », ou relisent en pleurant « Le camp des Saints ». Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire avec cette théorie de bras cassés qui ânonnent des bribes filandreuses de scholastique recuite ou qui ressassent en gémissant la contemplation fataliste de Jünger et les complaintes de Malaparte, ou d’autres encore qui s’excitent sur les imprécations de Céline ou l’autosurvie de Bloy ? Et pendant que nos millions de bobos lisent les grotesques éditoriaux de BHL ou de Claude Imbert, les armées de Pluton débarquent de Kaboul à l’Afrique, en passant par le Kosovo et Tbilissi, achevant de bazarder ce qui reste du traité de Wetphalie, que Poutine voudrait sauver… Bordel, on n'est pas tirés d'affaire ! Alors, Lapinos : quoi faire ? Relire Bacon ? Apprendre le grec ?

  • - Moi je sais quoi faire, Porteur, c'est vous qui ne savez pas. Vous tirez du bavardage la conclusion que les mots n'ont pas de force révolutionnaire. N'attribuez pas cette pensée à Marx : quand il s'en prend à la philosophie, c'est en tant que spéculation détachée de la Nature ; tourner en rond dans le labyrinthe de la théologie et de la science pendant cinquante, cent, deux ans, ne signifie pas pour autant que le labyrinthe n'a pas d'issue. Pénélope peut avoir l'illusion que son histoire n'aura pas de fin ; de son ouvrage lui vient cette illusion.

    - J'ajoute que, si l'on prend comme moi pour date repère symbolique de la sortie de l'histoire (qui n'est pas la politique - "L'Iliade" est la politique et l'histoire c'est "L'Odyssée") l'année 1572, cela fait plus de cinq siècles que nous tournons en rond et que les martyrs adressent leurs suppliques au Ciel. Il y a certes de quoi devenir maboul et railler comme vous le faites l'idée même de progrès. Même les progressistes vous donnent raison puisque ils ont du mal à dissimuler (Napoléon/Hegel/Hitler) qu'eux-mêmes ne croient plus guère qu'au cercle, à la boucle, à l'automobile, au cinéma, à la spirale, idéologies du progrès sur le mode de l'accumulation, statiques maquillées en dynamiques.

  • Alors je n'ai plus qu'à attendre le retour des héros ? Problème : je n'aime pas le tricot.
    Cinq cents ans ! Un beurre ! Et pendant ce temps, Télémaque se fait abrutir par des générations féneloniennes, à devenir quiétiste, aré krishna ! Plutôt crever.
    J'ai une autre idée.
    Globalement, je pense sincèrement que vous avez raison, et je partage la plupart des positions prises par vous sur le « ouaibe », comme vous dites, et je confesse, pour tout dire, une certaine admiration. Je ne suis pas bien armé pour disputer de tous vos trucs, j’ai jamais été à la fac, mais disons que je vois un peu le topo, enfin j’en ai l’intuition depuis bien longtemps. C'est ce que j'ai lu de plus intelligent depuis Mateo Aleman. Evidemment, je ne parle pas de la satire politique, ni même de la propagande tridentine (vous connaissez ça mieux que moi), ça on s’en fout, on est pas profs de lettres. L’intérêt de Matéo Aleman, c’est la psychologie de Gusman, et sa cosmogonie, infiniment plus salubre que tous les systèmes accouchés par les lumières et qui se termineront par un bain de sang. Mais vous aimez Shakespeare, je crois ? Vous me faites penser à Prospero, seul dans votre blogue, après Dieu sait quel naufrage. Faites donc parler Caliban. Je suis sur que vous y arriverez mieux que Guéhenno ! Ariel vous aidera.

  • Ne pas être allé à la fac est une condition "sine qua non" pour pouvoir accéder à l'intelligence. On va à la fac aujourd'hui comme on allait au séminaire autrefois. L'enseignement est conçu comme un catalogue de références quand il n'a pas pour but de former des crétins spécialisés en informatique ou en marketing. Je connais des types qui ont été censurés par des maisons d'édition universitaires pour le centième de ce que je révèle sur mon blogue. Jamais le système n'a été aussi bien verrouillé.

    Diderot avait beau être censuré, assigné à résidence, l'élite intellectuelle pouvait facilement accéder à sa (mauvaise) philosophie. Pas plus tard qu'il y a deux ou trois jours à la télé, j'ai entendu une espèce de parodie grotesque de savant nommé Jean-Didier Vincent, décréter que Sophocle est un "has been" qui n'a plus rien à nous dire ; qu'il existe des bouffons de l'envergure de ce Jean-Didier Vincent, passe encore, mais ce dérivé de Bachelard fait figure d'autorité scientifique ; personne ne se lève sur le plateau ou dans le public pour botter le cul de ce faquin, pas une remarque, rien. Et la télévision publique est là POUR EDUQUER le peuple !?
    On n'en est pas arrivé là du jour au lendemain, mais par une lente glissade.

  • Hé bé mon Lapin, ça change des causeries de l'année dernière avec le gamin (au nom flaubertien qui ne me revient pas). Marrant parce que j'ai tout de suite pensé au Porteur de Marcel Aymé, dans les Tiroirs de l'Inconnu, personnage fascinant et qui meurt à la fin.
    Comme toujours on s'instruit, c'est peu dire, à vous entendre, et puis le ton est plus agréable qu'avec l'autre emmerdeur.

    Tout baigne donc, je viens de récupérer une connexion après six mois d'ellipse. Comme tu n'es pas venu à mon mariage tu viendras peut-être pour mon divorce! J'ai trouvé une petite ferme ukrainienne où je vis seul entouré de quelques potes et de chats. Je cultive mon jardin, en somme, à deux heures de vol de Paris, tu viens quand tu veux, tu verras, c'est très dé(paysans)!

    j'ai constaté avec bonheur que vous n'avez pas trop abordé Freud, tant mieux, car tu sais que j'en prends et j'en laisse, et que tu peux le vomir en entier, ça ne me gène pas.
    Mes lectures, cet hiver, ont tourné autour du fond de l'institut français. J'ai découvert deux écrivains, Pierre Michon et Eric Chevillard, doit pas être trop ton genre.
    Pour en revenir à Porteur, je trouve étonnant qu'il ne se souvienne plus de son origine (ou si vaguement et c'est ce qui m'étonne, la convenance) car ce personnage lui ressemble à plus d'un titre et ce d'une façon quasi intrinsèque, je veux dire que c'est l'essence même du personnage, léger et profond à la fois, arguant même de sa légèreté pour soutenir sa profondeur, il deviendrait vite une idole. C'est d'ailleurs ce que Aymé en a fait. J'aime ce roman, que j'ai d'ailleurs relu cet hiver, le dernier d'Aymé, presqu'autant qu'Uranus que je relis régulièrement.

    je résiste pas au plaisir de te livrer un passage d'Uranus, tu apprécieras que je te taquine...

    « Jourdan, (un prof communiste) donna une tape amicale sur l’épaule du jeune Archambaud et passa dans la grande salle de la Pomme d’Or. Olga, la petite bonne, s’y trouvait seule, assise près de la porte d’entrée et raccommodant des torchons. Avant de sortir, il lui serra la main et lui dit quelques paroles aimables qui la firent rougir de plaisir. Elle détestait en bloc les élèves de première, mais nourrissait un sentiment très tendre pour leur jeune professeur qui s’était toujours montré avec elle poli et gracieux. Le sachant communiste, ayant appris d’autre part que les professeurs étaient très mal payés, elle en concevait une très grande espérance. S’il l’avait su, Jourdan eût été moins aimable avec elle, car pour lui, la plus jolie servante du monde était dépourvue d’attraits. Lui arrivait-il de penser à la femme qu’il épouserait un jour, il n’imaginait guère son visage, moins encore sa poitrine ou ses cuisses, mais sa merveilleuse finesse dialectique, son érudition marxiste et l’éclair de ses lunettes lorsqu’elle lui tendrait un piège sur quelques point de doctrine. Du reste, les plaisirs de l’amour lui semblaient surfaits, en tous cas très inférieurs à ceux de l’esprit et quand, par hasard, il s’y abandonnait, il avait toujours l’impression désagréable d’insulter sa mère. »

    Je sens que tu va t'en donner à cœur joie !

  • - Te confirme que Michon c'est pas trop mon genre. En réalité c'est même pas mon genre du tout puisque si ce genre d'écrivain passe à ma portée, mon premier mouvement sera d'essayer de lui porter un coup de pied au cul ;
    - Je dégage toute responsabilité dans cette histoire de mariage ; en 2009, il faut être pédé pour croire encore au mariage, mon pote ! C'est là la différence entre Fourier et Marx d'un côté, Freud et Nitche de l'autre, pédérastiques crétins qui saccagent Shakespeare et la mythologie grecque.
    Suis à ta disposition, camarade, pour t'aider à te situer d'ores et déjà dans la typologie fine des cocus élaborée par Fourier ; je ne crois pas que l'homosexualité soit une fatalité. Disons qu'entre une Ukrainienne et une bourgeoise comme Nadine, t'as sans doute choisi le moindre mal.
    - Marcel Aymé confond communisme et stalinisme. C'est pas tant le sexe que la sacralisation du sexe par le mariage qui a de quoi effrayer un communiste. La sacralisation de l'Etat n'est qu'un dérivé de la sacralisation du sexe. C'est typique de la religion juive ou romaine qui baise la mort sur la bouche ; pas moyen de comprendre le monstre judéo-chrétien (1572-2009) sans ça. La doctrine politique de Shakespeare est marquée par le divorce d'Henri VIII qui conjugue la bêtise du monarque avec celle de l'Eglise, un mélange abject de sentimentalisme et de droit canonique pour dissimuler de basses stratégies militaires. C'est le contexte du pacte judéo-chrétien avec Satan. Quatre siècles plus tard, des curés se servent de leurs goupillons pour bénir des raids de dragons parachutistes armés jusqu'aux dents, au service des cartels pétroliers et industriels.

  • Je te rassure le mariage je n'y ai jamais cru, ça a été vite fait, au civil et sans témoin, et sans repas non plus, et pour de mauvaises raisons, le divorce sera encore plus vite fait. (en revanche il sera mieux célébré laisse-moi te dire!)
    et bien sûr qu'Aymé confond communisme et "satanlinisme", et il est pas le seul, ici aussi, hélas.

    je préfère chevillard à Michon, mais du premier tu ne dis rien...

    et sinon il s'est passé quoi en 1572?

  • Les seuls hommes qui ont une excuse pour se marier, c'est ceux qui n'ont pas eu de mère. Il n'y a pas pires conseils que ceux d'une mère. Remarque que la morale pédophile freudienne, et existentialiste en général, incite à "tuer le père". Freud n'a d'ailleurs rien inventé, c'est typiquement romain. De là vient que les gosses aujourd'hui sont entraînés à devenir de petits Brutus, comme Sarkozy.

    Et ma misogynie est complètement dépassionnée ; jamais une femme ne m'a fait souffrir en particulier, c'est bien le principe féminin qui est le vecteur de Satan. François Bacon l'analyse en détail en quelques pages dans "Sagesse des Anciens", tirant la leçon du mythe de Pan.
    Est-ce que ce n'est pas étonnant que le pape actuel attaque justement François Bacon ? Et Pan a un rapport étroit avec la lune, d'ailleurs, exactement comme l'Eglise. Pan/Satan a séduit la muse Séléné, et la femme vêtue de soleil qui a les pieds posés sur la lune, c'est l'Eglise, non la "Vierge Marie" comme les nationalistes européens ont l'impudence de faire gober à leurs ouailles.
    (Je prends 1572, date de l'apparition dans la constellation de Cassiopée d'un nouvel astre comme la date-repère symbolique de ce qui s'apparente à une "sortie de l'histoire", selon la science de Bacon. Quelques années après la mort de Bacon, Hobbes qui fut son secrétaire publie le "Léviathan", c'est-à-dire la doctrine la plus radicalement opposée à la science de Bacon, et qui est à peu près la doxa dite "judéo-chrétienne" que la philosophie boche n'a fait ultérieurement que perfectionner. Le coup de génie de Hegel consiste à résoudre par un syllogisme le paradoxe de la "loi naturelle", ou : comment est-ce qu'une nature mouvante peut fonder une règle fixe ? Il fait de l'histoire un concept, et il lui insuffle un mouvement cyclique à coups de truismes allemands au long de centaines de pages qui en imposent par leur lourdeur à tous les étudiants de Germanie - sauf Marx, qui va directement à la conclusion retrouver le paradoxe intact - c'est plus facile à voir encore, Einstein parvient à méduser les ingénieurs par le même procédé. Nitche ou Kierkegaard sont tellement abrutis qu'au lieu de rejeter le procédé rhétorique de Hegel, qui est le procès de la ruse de l'Etat laïc totalitaire même, c'est carrément l'idée de progrès qu'ils rejettent.)

  • Oui c'est vrai j'avais été séduit par Porteur. Puis je l'ai oublié. Je n'ai jamais approfondi le sens de cette filiation littéraire. Je pense que chercher ses racines est une préoccupation de légume. J'ai toujours le pressentiment que la cause du présent est dans « un » avenir (il suffit de savoir lequel), non pas dans le passé. Ce n’est pas très original. Car « les fruits passeront la promesse des fleurs » comme dit le bon Malherbe. Imaginer qu'un évènement est la cause d'un autre seulement parce qu'il le précède est un postulat révoltant qui revient à dire que ses traces de pas sont la cause d'un promeneur qui se perd dans le désert. Le passé ne produit jamais rien. C'est aussi pour cette raison que je ne m'arrête pas un instant à Darwin. Beaucoup de savants projettent leur propre finalisme dans leurs risibles spéculations.
    Moi j’ai souffert des femmes car je ne résiste pas à la beauté, et je pense qu’il n’y a que ça d’intéressant, en gros. Lapinos dit que je suis sado-maso ; après réflexion je pense que c’est autre chose. Il ne s’agit pas de choisir entre Méduse et Andromède, ni même entre la vertu et la volupté, comme Hercule à la croisée des chemins. Encore qu’à voir le choix des humanistes, qui sont tous tombés dans le panneau (sauf peut-être Dürer), on peut discuter. L’envoûtante perspective d’un regard croisé avec une déesse me lamine (avec un boudin, vraiment, ça ne marche pas). Peu me chaut qu’elle soit marxiste, catholique, sportive, lectrice de Duras ou de Carl Schmitt. Dans tous les cas, j’y vais. Un esclavage.
    C’est vrai, on n’a pas encore parlé de Freud. J’ai eu affaire à des freudiens, j’ai même fait un séjour à Sainte-Anne. Epuisé par une aventure dévastatrice, et malgré quelques préjugés, je m’étais laissé convaincre, vaincu par mon entourage. Après m’avoir mis en pyjama et drogué, un psy m’a calmement expliqué que j’étais « probablement malade ». Puis il s’est mis à agiter en vain ses misérables marionnettes freudiennes impudemment pillées dans l’Antiquité (avec un casting appauvri et bourré de contresens) et à me parler de ma mère. J’avais beau expliquer à cet imposteur que j’avais simplement du chagrin, contrariété humaine classique, qui n’est autre qu’une mélancolie du tempérament, que je traite en général avec du Moulin-à-Vent, il s’obstinait dans ses grossières comparaisons. J’ai conseillé à cet escroc de lire Homère et j’ai quitté ce mauvais lieu plein de regards prostrés, de cris inhumains, de souffrances rentrées, de têtes chancelantes d’hallucinés livrés à des charlatans subventionnés. Je crois que l’inconscient n’existe pas. La psychanalyse est une puante phraséologie hérissée de néologismes gréco-latins qui mettent les naïfs en confiance. L’inconscient est une pure invention pour gagner des sous, en épatant le chaland avec des diplômes et des marionnettes volées dans les librairies. C’est un business.

  • On ne peut pas s'en laver les mains comme ça, de Darwin, Porteur ! Si vous croyez que ça m'amuse de patauger dans l'idéologie de Darwin ou de Newton.

    On doit préciser de quel déterminisme il s'agit, et que le déterminisme de Darwin est satanique si l'on est chrétien, totalitaire si l'on est communiste. Il oppose un raisonnement descendant à la logique transcendante que Marx -athée ou pas, peu importe-, s'est approprié. On ne peut pas compter sur l'Eglise pour se charger de nettoyer les écuries d'Augias ; ni même sur les communistes.

    - Idem pour le freudisme ; il s'agit bien sûr d'une énième théorie de l'âme parmi des centaines au cours de l'histoire de l'humanité, notamment de l'humanité primitive, mais il est utile de situer le fantôme de l'inconscient en-deçà de l'animisme médiéval. Il est plus dangereux de prêter une âme à une entreprise ou à un pays, une nation (on ne peut pas dissocier Freud du nationalisme qui l'a engendré), qu'aux bêtes sauvages et domestiques comme faisait plus scientifiquement le moyen âge.
    Thomas d'Aquin, s'il souffre de nombreuses lacunes, que j'attribue à sa méconnaissance de l'astrologie, indispensable pour comprendre la physique d'Aristote, Thomas d'Aquin n'en est pas moins plus scientifique que Freud. Les chrétiens qui mélangent Freud aux Evangiles sont de véritables suppôts de Satan ; le plus rocambolesque c'est que la plupart d'entre eux viennent de l'ordre moral puritain.

    Kopernik a eu d'ailleurs beaucoup plus de mal à s'imposer que Freud, plus d'un siècle, ce qui montre le manque de rigueur scientifique actuel.

    - Vous faites bien de parler d'"Hercule à la croisée des chemins" ; c'est de fait un élément décisif de l'appropriation de la sagesse des Anciens par François Bacon, de l'analogie avec la mythologie radicalement différente de celle de Nitche ou de Freud que Shakespeare propose.

  • Vous savez comme moi qu’à ce stade la seule réponse acceptable est nécessairement créationniste. De Lamarck, Darwin, De Vries, Morgan, jusqu’à Gould, je n’ai vraiment rien lu de bien convaincant là-dessus.
    L’hérédité des acquis de Lamarck n’explique rien du tout. Pour s’adapter à quoi la Vie est-elle un jour sortie de l’eau ? Et il y a tellement de variations qui ne sont pas du tout adaptives. De toute façon il est démontré que les caractères acquis ne se transmettent pas. Le hasard/sélection naturelle de Darwin est tout aussi insupportable. Depuis que Morgan a martyrisé des générations de drosophiles, on sait que les mutations faites « au hasard » sont régressives, etc. Il suffit d’ailleurs de voir les enfants de Tchernobyl. La liste des impasses de la théorie de l’évolution est longue.
    Bref, depuis qu’on a découvert des mammouths fossilisés et qu’on a compris qu’il s’est passé des choses pas prévues dans la bible, même lue par un unitarien, aucune explication sérieuse n’a été apportée. Rien de nouveau depuis Démocrite. Il faut donc se rendre à l’évidence : la vie invente et improvise au nez et à la barbe de ces mabouls de scientifiques. Vous les surestimez en leur prêtant une intention satanique, même si leurs conclusions le sont (sataniques).
    Pareil pour le freudisme, leur intention n’est même pas satanique, même si les dégâts qu’ils causent le sont.
    Vous avez raison d’évoquer les écuries d’Augias : combien de fleuves faudrait-il détourner pour bazarder tout ce fatras ésotérique et fétichiste ?

  • Freud n'invente rien, je suis d'accord, il interprète la mythologie, soit. Mais où je ne te suis pas, Lapin, c'est qu'il réaffirme la valeur du père à une époque où elle est déjà moribonde. Que les mères soient de mauvais conseil c'est tellement évident pour lui qu'il les préfère sous hypnose. Et avec son concept de l'enfant pervers polymorphe il est pas du tout dans l'esprit du temps, c'est ce qui me plait chez lui.
    Avoir ou n'avoir pas eu de mère, qu'est-ce qu'une bonne mère, je te le demande un peu!
    Je me suis marié pour avoir un fils, je l'ai eu mais me le suis fait ravir. Par conséquent j'ai décidé d'en adopter un de 23 ans qui n'a pas eu de père, que je connais bien et qui s'en trouve ravi. J'ai gagné 23 ans sur le timing divin, tu crois que Dieu m'en voudra?

    J'ai eu, cher Porteur, une expérience psy similaire à la vôtre, à la différence que j'ai été contraint de la poursuivre pendant un mois. C'est ensuite que j'ai décidé, plutôt que de jeter le bébé avec l'eau du bain, d'aller y voir de plus près, dans les coulisses de la psy, très scolairement, trois ans à la fac. J'en suis arrivé à une conclusion sensiblement similaire à la vôtre. Je suis comme vous un passionné de la femme, mi divine mi diabolique, Dieu ne faisant pas les choses à moitié. Misogyne donc, puisque LA femme, vous me comprenez! Comme dit Lapin, l'homosexualité n'est pas une fatalité, j'adore son humour, mais enfin, la femme d'aujourd'hui nous ferait facilement souhaiter d'aller nous faire enculer non? Et comme elle est de plus en plus belle, si c'est pas satanique ça! Alors j'avoue que quand j'en tiens une, je résiste mal à la tentation de ne pas lui refuser ce plaisir que l'on accorde aux hommes. Comme dit l'autre, je suis enculé mais régulier!

    Quand au vôtre regard croisé avec une déesse, voir le mythe d'Actéon... le Lapin doit en savoir quelque chose avec tous ces prédateurs à ses trousses. Plus sérieusement c'est autour du "voir" que ça se joue à mon avis. Idem pour Eurydice et Orphée. Entendez-moi bien, il ne s'agit ni de voir ni de comprendre.

  • J'ajoute, histoire de bien vous taquiner tous les deux, que vous avez une façon de nier la psychanalyse qui est très hystérique, (dans le sens de structure ou de principe féminin, comme dit Lapin) vous savez, la dénégation hystérique, ne me dites pas que ...

  • Non. Pas d’hystérie. Lapinos appelle « un chat un chat, et Rolet un fripon », comme dit l’autre. Bien souvent, il remet les choses en place avec une déroutante simplicité. Et même, au fond, pas mal de candeur, si on mesure l’ampleur de l’affaire. C’est presqu’incompréhensible. A ma connaissance, il est le seul. Cette éreintante petite chronique des idées en cours pourrait bien devenir crucifiante. Il laisse déjà parfois, dans son sillage, d’imperceptibles traces de sang. J’ai peur qu’il mette un genou à terre, comme moi… Oui, il y a un peu d’émotion, d’hystérie point.
    Je ne sais pas précisément ce que signifie « principe féminin ». Je n’en ai jamais vu.
    Actéon sera mangé par ses chiens, qui ne le reconnaissent plus. Il y a un peu de ça. Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?

  • - Porteur : je dis que le déterminisme de Darwin est satanique (sachant que sa théorie est marquée par une certaine incohérence). L'évolution selon Darwin est indexée au temps. Le progrès selon Shakespeare ou Karl Marx est contre le temps, prétexte à tous les artifices.

    L'incapacité à fournir une définition cohérente de l'infini se retrouve déjà chez Descartes, qui en parle tantôt comme de "ce qui n'a pas de limite", tantôt comme d'une quantité extrêmement élevée ; de là viennent en partie les extrapolations sur la vie sur terre il y a 500.000.000 ans et que Darwin revêt une dimension religieuse. Donner une consistance numérique au passé permet grâce au pivot de Gauss de croire à l'avenir. Ce projet diabolique est la colonne vertébrale de la religion laïque judéo-chrétienne ; sans lui, elle serait privée d'élément fédérateur ; on le retrouve dans toutes les sociétés laïques, y compris et surtout le nazisme ; on parle du "millénarisme" de Hitler afin de diffamer les théologiens millénaristes, mais la religion de Hitler est éminemment séculière.
    Voyez aussi les bouquins de Pascal Picq, darwinien aussi fanatique que peu scientifique : on les croirait écrit par une moine fanatique du moyen âge.
    - L'aspect satanique est perceptible aussi dans le fait que les darwiniens sont presque complètement fermés au dialogue, ce qui est dû en partie au caractère quasiment totalitaire de l'enseignement universitaire. Pour avoir conversé avec l'une des starlettes de la physique quantique, je peux vous affirmer que ce genre de savant ignore les différentes conceptions de l'espace, parfois radicalement opposées, des savants au cours de l'Histoire. Et lorsqu'on souligne publiquement leur ignorance, ils préfèrent prendre la tangente. Ce genre de savant bénéficie de subventions de l'Etat et de l'industrie qui se chiffrent en milliards de dollars, et le moins qu'ils puissent faire, à défaut de faire avancer la science, c'est de servir de caution morale à l'industrie chimique, militaire, informatique...

    (N'hésitez pas si vous le pouvez à vous mêler à cette conversation, partie du principe que les vilains créationnistes sont en passe d'envahir la planète des gentils évolutionnistes-humanistes, cela alors même que les bouquins d'Yves Coppens sur Lucy dans leur version "bourrage de crâne pour les gosses" continuent de trôner en bonne place, faute de rétractation publique de sa part, dans toutes les bibliothèques municipales de France ; et ce mec préside à la commission sur le... principe de précaution ! )
    (Puis-je vous écrire à votre adresse e-mail pour répondre à la question "Comment agir ?")
    ---------------------------------------------------------
    - Fodio : je m'inscris complètement en faux par rapport à l'interprétation de la mythologie grecque par Freud, interprétation typiquement, et c'est le plus important, typiquement "judéo-chrétienne", et qui l'entraîne à propos de la Renaissance en général et de Shakespeare en particulier à un délire interprétatif (Hamlet = Oedipe) ; pour être tout à fait clair, Fodio, vous partagez à peu près les mêmes idées que Nadine. Défendant une conception radicalement opposée, tu piges que rien n'est pire à mes yeux que quelqu'un qui, comme Nadine, paraît m'approuver.

    Sur l'hystérie tu as raison, Fodio, mais cette idée remonte à l'Antiquité et non à Freud. Le problème n'est pas là, il est que sa théorie animiste est plus archaïque que les théories animistes du moyen âge. Le minimum est de relier l'âme à tel ou tel organe, fonction ou partie du corps ; il n'est pas très clair chez Freud si son âme est reliée à la bite ou au cerveau (l'âme est une glande dans le cerveau pour Descartes et cette thèse, même si elle est inepte, marque profondément le "judéo-christianisme") ; d'autre part le lien est fait dès l'Antiquité entre l'âme et l'intelligence. Chez Freud, son truc de l'inconscient n'est qu'un gadget algébrique qui consiste à voir l'âme/intelligence en négatif (sous l'influence de l'idée cartésienne de néant : on pourrait dire aussi : l'âme en creux). Le scandale pour un chrétien vient de ce que Freud, loin de la combattre, met en valeur l'aliénation/aveuglement, exactement comme un mathématicien suggère la réalité des nombres négatifs ou du zéro (difficile de ne pas penser ici à propos de Freud à un autre mythe, celui de Jonas dans sa baleine qui ne veut pas que Ninive soit sauvée, la baleine de Jonas illustrant parfaitement la théorie du Léviathan en mouvement de Hegel, qui est la théorie judéo-chrétienne la plus sophistiquée - et en même temps la plus luciférienne.)

    Que l'âme d'un foetus reflète l'aller-retour entre sa bite et son cerveau, Fodio, pourquoi pas ? Ou encore qu'une mère pense avec son ventre. Le problème c'est qu'il s'agit surtout dans la théorie de Freud de l'âme de bourgeois boches parvenus à un stade de pourriture morale avancée. "Madame Bovary, c'est moi !" : quand Flaubert passe aux aveux, Freud à ma connaissance se garde de dire : "L'Inconscient, c'est moi !", ce qui aurait été pourtant une façon de sa part, pour une fois, de ne pas penser avec sa bite.

    (L'homosexualité est une obsession pour les puritains boutinistes comme pour les militants gays parce qu'ils partagent la même conception judéo-chrétienne. Quand je parle d'homosexualité, c'est pour relever que le saphisme est le schéma moral de base de l'homosexualité, bien que Narcisse soit un homme ; ou bien j'en parle au sens large dans la mesure où c'est un phénomène qui touche toute la société, y compris et surtout les hommes mariés qui forment des couples beaucoup plus stables (comme les couples saphiques). J'ai mis pas mal de temps à comprendre pourquoi, ne réprouvant pas particulièrement les moeurs du couple type sodomite/enculé -le militarisme ou l'éloge du capitalisme de la part d'un chrétien paraît beaucoup plus gravement immoral-, pourquoi je n'éprouvais pas d'attirance pour les jeunes éphèbes autant que pour les jeunes femmes.
    Probablement parce que l'interdit joue un rôle dans le désir. La part de misogynie condamnable chez moi se cache dans mon désir des femmes, marque de faiblesse et d'homosexualité.
    Le fait pour le clergé catholique d'inciter les jeunes chrétiens à ne pas avoir peur contient une hypocrisie énorme. Dans une large part, l'institution ecclésiale, ce qu'il en reste et ce qu'elle fut auparavant, est déterminée par une terreur incompréhensible.
    Et c'est là encore que Shakespeare s'avère, non pas païen comme Claudel par mesquinerie judéo-chrétienne est porté à le croire, mais un héraut catholique formidable, armé du seul glaive qui peut permettre de trancher la tête de l'hydre, le glaive à double tranchant de la vision de saint Jean. Si Shakespeare fait autant penser à François Bacon, même si ce n'est pas la seule raison, c'est par sa façon caractéristique de sacrifier la politique sur l'autel de la charité. Parce qu'une compréhension beaucoup plus profonde de la mythologie grecque que celle de Nitche ou Freud est nécessaire pour comprendre qu'elle est déjà chargée d'histoire.

  • Lapinos,
    Oui, ce mail fonctionne.

  • - Ce n'est pas l'excès de candeur qui nuit à Voltaire, Porteur, mais au contraire le reste de cynisme -cultivons notre jardin- qui le rend moins immortel qu'il n'aurait souhaité.
    - Ce que j'appelle "principe féminin", et que le polémiste réactionnaire Joseph de Maistre a décelé, pour en faire au contraire l'éloge, c'est le principe du pouvoir (j'ajoute : comme remède à l'angoisse). Le raisonnement en termes de potentiel, de virtualité et de pouvoir est typiquement féminin. Le XVIIe siècle ne porte pas par hasard la perruque. Ce raisonnement rencontre non seulement la nature (les fourmis et les abeilles), mais aussi l'Histoire ; avant Louis XIV et sa perruque, le "Léviathan" de Hobbes, le modèle du tyran est bel et bien une femme, Elisabeth.
    Baudelaire ne l'a jamais compris, mais Bloy a fini, lui, par se rendre compte que Joseph de Maistre n'est pas porté par la logique historique mais par le raisonnement hystérique. La guerre est une valeur féminine et non masculine. Allemands et Japonais à une période récente sont d'ailleurs des peuples de gosses incestueux largement sous l'emprise des femmes. Au Japon il paraît même que ce sont les femmes qui draguent. En Allemagne, seules femmes paraissent posséder une personnalité individuelle. Quant aux Yankis, au terme du processus, c'est un peuple de foetus qui semble n'avoir jamais été vraiment "accouché", ce qui pose un problème d'ailleurs car, exaltant le principe militaire, les étatsuniens ne savent même pas se battre (Ils font d'ailleurs largement appel, comme les Romains avant eux, au mercenariat).
    "Women beware of women!" comme dit le grand Will, traduisant là l'esprit un misogyne supérieur, évangélique à vrai dire car correspondant exactement aux paroles de Jésus à la femme juive Marthe, que son angoisse empêche de comprendre la révolution chrétienne. Le problème du féminisme est entièrement contenu dans la comparaison entre Marthe et Marie-Madeleine. Et le féminisme actuel, c'est là toute son incohérence, au lieu de prendre exemple sur Marie se conforme à Marthe, PARCE QUE C'EST EXCLUSIVEMENT UN PRODUIT POLITIQUE ET MORAL. C'est cette subversion généralisée du progrès en judéo-christianisme qui est proprement diabolique.

  • Tu es tout simplement fabuleux mon Lapin. Je commence à pressentir à présent le fondement de mes doutes sur Freud. Tu es, comme toujours, d'une limpidité émouvante. Et d'une honnêteté, mon Dieu, la grâce, en somme! Je me prends à rêver, autour d'un vieux bourgogne, toi le héraut, Porteur le saint esprit, moi le cynique qui ne cultive son jardin que par manque d'imagination, et Nadine pour nous sucer avec amour...

  • - Porteur n'est pas complètement sauf de toute mélancolie. Et toi, Fodio, même si tu as sans doute raison d'associer la froide Nadine à la succion, tu ferais mieux d'arrêter de penser à ce genre de gonzesse légumineuse. De la belle plante à la brindille desséchée, il n'y a qu'une saison, et il ne faut surtout pas se laisser entraîner par une femelle à danser avec la mort. Les sept vierges du paradis d'Allah réservées aux martyrs sont plus raisonnables que ton idée du bonheur ! (Parlant de Voltaire rappelle-toi ce qu'il advint à la belle Cunégonde.)

    Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus anéantit en quelques mots tous les rêves de continence dans le mariage juif ou romain. De l'exégèse de ce passage, non pas crucial mais salvifique, sont nées deux sortes de pureté si radicalement opposées qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'une des deux fait forcément le jeu du diable.

  • « L’évolution selon Darwin est indexée au temps ». Je vois ce que vous voulez dire, mais cette formulation n’est pas utilisable. L’évolution est nécessairement indexée au temps puisque, comme la physique avec la lumière, elle s’appuie dessus. Il faudrait parler un peu de causalité pour trouver une formulation opératoire, mais ce serait peut-être aller trop vite. Comme disait Churchill : « la vérité doit toujours avancer avec une escorte de nuages ».
    Je crois aussi qu’il y a une Inquisition darwinienne. Pour autant, ce n’est peut-être pas terminé. Dans ses formulations habituelles, le créationnisme semble un tissus d’élucubrations. Mais bien menée, une campagne créationniste intelligemment et puissamment formulée aurait des conséquences géopolitiques intéressantes. Et comme l’évolution est un des piliers du panthéon laïc, on peut imaginer un effet domino assez marrant.

  • J'apprécie que vous compreniez aussi vite. Mais ne m'en veuillez pas de reformuler pour plus de clarté encore :
    - Le progrès de Darwin, comme celui de Hegel est fonction du temps (à la fois automatique et aléatoire, trigonométrique presque, par conséquent - incompatible avec l'observation-déduction de Lamarck dont Darwin s'inspire pourtant largement) ;
    - Le progrès selon Bacon est CONTRE le temps ; dans la mesure où Marx est fondé essentiellement sur Aristote et Bacon, c'est vers le même combat que tend Marx, même si l'Etat soviétique ne pouvait pas ne pas détourner une doctrine qui vise la destruction des institutions temporelles, comme les jansénistes ont trahi le christianisme au XVIIe siècle afin de l'adapter au césarisme, précédés en ça par l'Angleterre d'Elisabeth (dans "Hamlet", Claudius est la puissance civile/Pilate et Gertrude l'Eglise pharisienne prostituée.)
    Votre objection à propos de la lumière et du temps s'imposait donc à ce stade. C'est bien là le point névralgique. Je ne peux que vous répondre par une affirmation et une question :
    - les starlettes de la physique contemporaine, les Hawking, Smolin, Rovelli, etc., je peux vous le dire pour avoir conversé avec certains d'entre eux, sont incapables de remettre leur science dans son contexte comme nous venons de le faire. Ils ont obtenu quatre milliards d'euros pour se payer un accélérateur de particules à la con (Large Hadron Collider), entre autre pour essayer de résoudre le paradoxe de l'onde-particule, sans comprendre que ce prétendu paradoxe est directement lié à la dualité de l'âme et du corps ; c'est-à-dire sans piger qu'il est indispensable de remonter aux thèses animistes de Descartes pour y voir plus clair, puisqu'il est un des principaux fondateurs du trou noir brenneux qui préoccupe tant ces savants retombés au stade anal. Désolé pour tous ces détails scabreux, mais il faut écrire noir sur blanc le charlatanisme de ces savants AVANT qu'ils ne proclament eux-mêmes l'échec de leur projet LHC et ne tentent de le maquiller en succès pour obtenir d'autres crédits -10 milliards est la somme réclamée pour un nouveau joujou ; où le charlatanisme est perceptible même du vulgaire et les politiciens capitalistes parfaitement irresponsables eux aussi, c'est dans le fait que les porte-parole du projet LHC ont commencé à préparer l'opinion publique à l'échec AVANT MEME la mise en route de leur machine infernale (ne serait-ce qu'au plan symbolique).
    - Une question maintenant à propos de la lumière : avez-vous connaissance de la réfutation de la théorie de Newton par Goethe ?

    A propos de votre suggestion de campagne créationniste intelligemment menée, je ne la rejette pas complètement, loin de là, mais il faut bien voir que dans le cas de Darwin son statut de docteur de l'Eglise laïque est déjà quasiment assimilé par le bas clergé laïc/démocrate-chrétien. J'ai lu récemment dans une gazette chrétienne l'éditorial d'un abruti (Jean-Marc Bastière) recommandant à ses lecteurs de croire dans la science évolutionniste : aucun argument scientifique ne venait appuyer son propos en dehors de "Tel biologiste m'a dit que Darwin est vrai", et il était évident que seul le souci de se conformer à la morale étatique guidait ce baveux affligeant (son torchon, "Famille chrétienne" est en partie destiné aux gosses, et au lieu d'éveiller leur esprit critique, il leur bourre le crâne).
    D'ailleurs les néo-darwiniens eux-mêmes, tacitement ont rejeté un par un pratiquement tous les éléments disparates de la thèse de Darwin et il ne reste plus que le credo de l'évolution et de la continuité des espèces (sur le principe de l'hérédité des caractères acquis Darwin contrairement à ce qu'on croit généralement ne s'éloigne pas de Lamarck ; et, après avoir rejeté cette idée pendant des lustres étant donné les indices génétiques contraires, les néo-évolutionnistes sont en train d'y revenir.
    cf. http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1771.php

    Les arguments scientifiques, aussi précis et rigoureux soient-ils sont peu aptes à ébranler l'évolutionnisme qui est d'abord et avant tout religieux, qui a pour fonction d'ouvrir un horizon à la technique capitaliste. Le haut clergé scientifique, lui, peut être plus sensible à des arguments scientifiques. Mais un biologiste sait parfaitement qu'il sera accusé d'être un révisionniste et un nazi, un stalinien, tous les noms d'oiseaux de rigueur, s'il s'en prend à Darwin ; vu la lâcheté et la médiocrité intellectuelle des membres du Comité d'Ethique (Sicard, Kahn, etc.), chargés avant tout de bénir l'industrie capitaliste, comment croire à la rigueur morale de ces gens qui ont validé le basculement dans le néant intellectuel, les débats entre convaincus de la même chapelle ?

  • Tu me manques vraiment. PLesase oublie ta haine ou bien ton plaisir et écrit moi une lettre d'amour.

  • Sinon 3e livre à éditer ...

    Vive l'analyse sociétal mon amour.

  • Je partage entièrement ton point de vue sur le principe féminin. Il me semble quand même que Baudelaire aussi, ne serait-ce que dans ce poème où il fait dire, certes à l'assassin de sa femme: "Cette crapule invulnérable/ Comme les machines de fer/ Qui jamais ni l'été ni l'hiver/ N'a connu l'amour véritable/" Mais passons, la ruche, la fourmilière, le principe de reproduction, naturel, implacable, la machine à dupliquer, le désir de pouvoir, la guerre comme principe féminin, oui oui, et tout ça caché derrière une soi-disant douceur maternelle. Céline en a dit ce qu'il fallait en une phrase dans le Voyage que je n'ai hélas pas notée (sur l'incurie des mères, à nous faire croire que la vie est bénigne).
    Mais j'en reviens aux mythes du "voir" Orphée, actéon. Serait-ce que les grecques savaient qu'il y a des vérités à ne pas voir, tenaient-ils ce savoir de leurs dieux? et tout de suite je pense à la métamorphose de notre humanité, infantilisation, et même animalisation, et ce sans la moindre conscience ce qui signe bien une métamorphose et non une transformation. On pourrait aussi dire une aliénation, voire une perversion généralisée, polymorphe, très peu sexuelle, au sens génital, mais au sens symbolique aussi, abolition de l'autre en tant qu'hétéro, homogénéisation, ce que tu décris très bien en parlant de l'homosexualité des couple mariés. Bref, on a voulu voir la particule de Dieu comme ils disent, le bozon de Higgs, et nous voilà métamorphosés. ou bien déjà métamorphosés nous voilà prêts à voir ce qui ne doit pas être vu, cette différence onde particule. Quid de la cause et de l'effet? le temps semble être aboli, le temps linéaire. Naturellement je ne sais pas rendre tout ça aussi limpide, ça reste très brouillon n'est-ce-pas!
    Pour moi, je ne fais que résister à la métamorphose en essayant de m'appuyer sur le passé, j'ai un peu d'espoir parce que si moi je parviens à la pressentir, alors que c'était pas gagné du départ, je me dis que mes fils y parviendront aussi, qu'il reste un principe masculin, intelligent, qui sait lire entre les lignes, que le masculin est un miracle dans cet univers essentiellement féminin, et que ce miracle c'est le verbe, et c'est donc une sorte de preuve de l'existence de Dieu. Mais une preuve subjective, parce qu'il doit y avoir du sujet, non pas une preuve objective qui serait matérialiste. Mais mon espoir s'arrête à mes fils car pour les autres je ne sais pas comment je pourrais les toucher. ils ne savent pas ce qu'ils font! ce sont des rhinocéros, des convaincus, des esprits forts. ils me font penser à des enfants et seule une catastrophe pourra les ramener à la raison. On dirait même qu'ils cherchent à ce qu'elle se produise le plus tôt possible et qu'on en finisse avec ce monde de fou. Je pense parfois au proverbe chinois qui dit que si tu ne peux vaincre ton ennemi, renforce-le.

    Et sinon, tu me donnes les clés pour le sermon de la montagne, les deux puretés, j'ai la flemme, je le confesse.

  • "Le prêtre, le soldat et le poète" : ainsi énoncée (dans "Fusées"), la politique de Baudelaire affirme son penchant féminin ; et son goût en art va porter B. vers tout ce qui est instable et putrescible, cadavre compris. Le culte des morts et le goût du cimetière est typique des gonzesses.

    Non, là où Baudelaire se distingue d'une femme ordinaire, c'est qu'il ne nie pas sa possession, il ne la maquille pas en dévotion. Les "Fleurs du Mal" est un titre explicite (à condition d'avoir ne serait-ce que feuilleté un jour le Nouveau Testament) ; tandis que la sonate de Proust n'est elle satanique que de manière assez occulte. Il faut avoir lu Shakespeare pour comprendre que c'est la partition du rire du diable, cette sonate.
    Toi qui aimes Balzac observe que ce petit salopiaud de Proust n'a pas aimé Balzac, il l'a embaumé, poussant la passion selon Sainte-Beuve jusqu'à l'absurde, jusqu'au fétichisme.

    - Les mythes d'Orphée et du Phédon parlent autant de l'ouïe et de l'entendement que du voir. Je crois plutôt en l'occurrence que le mythe d'Orphée dit comme Aristote que ce qui ne se voit pas n'est pas vraiment vrai ; autrement dit que Eurydice s'évapore parce qu'elle n'était pas là. Je prépare justement une note plus complète à ce sujet. Ton interprétation correspond plutôt à la version de Platon, que j'opine à tenir pour décadent et hérétique comme François Bacon... la version de Platon qui dans sa version la plus dégradée aboutit à la thèse de Freud (ébauchée aussi par saint Augustin dans son déplorable "De Trinitate").

    (Je reviendrai aussi ultérieurement sur le Sermon sur la Montagne et les deux exégèses puritaines opposées qui en sont issues.)

  • Tu sais bien que je ne lis pas Proust!

    Je crois comprendre ce que tu veux dire pour Baudelaire.

    Eurydice n'était pas là... hum, comment l'interpréter? Lacan a dit que la femme n'existe pas. Mais là encore, comment le prendre? il n'y a pas de féminin dans le sens où il n'y a que ça? elle serait le symbole, le représentant de la vérité, et à ce titre ne pourrait pas être là, être vue? et Aristote aurait l'air de dire qu'elle n'est pas vrai parce qu'elle n'est pas vue?

  • Yes i love so également comme Lapinos

    Néansmoins Fodio c'est trop viril pour nr pas être trop honnête comme Moi.

    Vive la littérature et les grands hommes.

  • Viva l'amour viruelle mes chéries.

  • Peut-être qu'en lisant Proust tu te rendrais compte qu'il dit à peu près la même chose que Lacan. Chez Proust comme chez Lacan il y a l'idée byzantine que le langage recèle la vérité. Et cette idée contient en puissance la méthode anthropologique (de Darwin, par ex.) et l'ésotérisme (le paradoxe étant insoluble dans le langage, il faudra toujours que le sourcier passe par une pirouette ou un calembour pour parer sa doctrine de raison.

    L'ésotérisme de la religion laïque de Hegel, souligné par Marx, est décelable dès le langage et l'expression de Hegel, dénoncé comme un imposteur par Marx (le fameux "sein-dasein", que les sectateurs de Hegel eux-mêmes sont incapables de traduire en langage intelligible, concret -forcément puisque la formule est algébrique- voire qu'ils ont intérêt à ne pas traduire sous peine que l'interprétation débile qu'ils donnent de l'ontologie grecque n'apparaisse plus nettement encore ; pour résumer, l'archétype, l'être, est pour les savants grecs tel Aristote uni et complet "hors du temps" : tout progrès d'un être imparfait vers la perfection se fera donc CONTRE le temps (que les chrétiens ont traduit en un combat contre Satan-le phénix, Shakespeare en tête.

    Hegel et ses disciples ont produit un humanisme contraire, "romain", où le progrès est fonction du temps -sur le modèle-type du langage algébrique "descendental".
    Le caractère luciférien d'une religion est perceptible à travers sa tendance à sacraliser le langage. C'est typique de la religion "aryenne" ou "nazie", mais également "judéo-chrétienne", dite laïque au stade de la métastase.

    "Ce qui sort de la bouche de l'homme souille l'homme (...)" dit Jésus (Matth. XV, 11-18), affirmation qui laisse (forcément) saint Augustin perplexe. Jésus montre là le terrain favorable au mensonge et à Satan que constitue le langage. C'est d'autant plus intéressant que dans son explication, Jésus relie l'élocution au coeur, et que cet organe est dans les théories animistes les plus sérieuses (plus sérieuses que celles qui rattachent l'âme au cerveau ou à la bite comme aujourd'hui), le coeur est le siège de l'âme. De fait c'est l'organe vital et l'organe du flux, et quand Descartes déduit que l'âme est une glande dans le cerveau, il produit un thèse animiste d'un niveau inférieur à l'animisme médiéval.

    - La force des mythes grecs stupéfie au regard des thèses d'un béotien comme Descartes (et je choisis volontairement Descartes car c'est loin d'être de tous les pythagoriciens le plus nul - on peut appliquer un facteur de cent à Descartes, par exemple, à la louche, pour obtenir la bêtise de Sartre.)
    Il y a une progression telle dans la mythologie grecque, historique, que pour comprendre la dynamique de la mythologie grecque comme Shakespeare la comprend, et opérer un choix parmi les mythes comme il fait, cela suppose une connaissance rien moins que superficielle (Meilleure que Freud ou Nitche qui multiplient les contresens à propos d'Oedipe et de Thèbes.)
    S'il y a un soupçon de vérité dans ce que dit Lacan, il tient à ce que l'animisme est en effet un principe féminin. L'Etat absolu, monarchique, tyrannique, totalitaire, tout ce qu'on voudra, possède l'homme par l'intermédiaire de l'âme. De l'idée de monde engendré par le con/matrice de la femme vient le néant ou le hasard satanique de Blaise Pascal.
    Lorsque Orphée se retourne sur son âme, elle meurt, car elle n'a jamais eu d'existence autre que virtuelle (comme un blogue). Quand Shakespeare-Bacon affirme dit qu'il n'est pas "du côté d'Hercule", il pourrait aussi bien dire qu'il n'est pas "du côté d'Orphée". Cet enfer grec là, séparé des hommes par le flux du Styx N'EST PAS l'enfer chrétien mais le purgatoire chrétien médiéval, le lieu de séjour des âmes d'où pour Shakespeare on ne revient jamais. La copulation (Orphée-Eurydice) excite le désir de puissance en insufflant l'idée d'âme par tous les orifices du couple. Shakespeare a parfaitement compris tout ce que l'âme de l'Etat, de l'Eglise et de toutes leurs canoniques institutions doit à l'âme de la famille, son culte des morts, et ce que l'âme de la famille, en remontant le courant vers la source, doit à la copulation.
    Confrontant ensuite cette conception "romaine" -le mythe d'Orphée n'est-il pas révélateur de l'illusion animiste ?- au Nouveau Testament, en théologien Shakespeare est bien obligé de constater qu'elle est complètement satanique et que Jésus ne cesse du début de sa vie publique à la résurrection de condamner toute tentative de construire le Royaume de Dieu sur la terre. Le mariage, institution humaine, ne permet pas de contenir la passion : voilà ce que dit le Sermon sur la Montagne sur ce point et en quoi il détruit la conception juive et archaïque. Shakespeare n'est pas païen ou athée comme on a pu l'écrire sous prétexte qu'il s'attaque à la politique, au mariage, au césarisme, et même à l'Eglise qui porte la pourpre et l'écarlate, il a simplement lu plus attentivement le Nouveau Testament que Thomas d'Aquin et mieux compris son caractère d'antithèse (Marthe-Marie, Loi-Charité, gloire-salut, fils aîné-fils prodigue, unicité-trinité, etc.)
    La putain Gertrude, mère d'Hamlet, trahit le Saint-Esprit pour l'empoisonneur Claudius, restaurant l'ancienne alliance criminelle des pharisiens avec le pouvoir romain. La prostituée de l'Apocalypse n'est autre que l'Eglise, ça Shakespeare le sait aussi bien et même mieux que Dante Alighieri, théologien-poète "orphique".

  • je lis et relis...(je sors d'une crise de coliques néphrétiques qui me ferait croire n'importe quoi; que l'âme est dans les reins, même)

  • où que je suis en train d'être sondé...

  • - Etant donné que l'âme est un principe de vie et de mort (on pourrait qualifier l'existentialisme XIXe-XXe de "religion de l'âme"), il est plus intelligent de rattacher l'âme au coeur comme cela a été fait dans l'Antiquité ou à des périodes plus récentes (l'idée de "sacré coeur de Jésus" implique un discours sur l'âme de Dieu dont un philosophe tel que Feuerbach démontre aisément le caractère anthropomorphique), au coeur plutôt qu'au cerveau comme dans l'animisme freudien (sans oublier le rôle que jouent les organes génitaux dans son système, qui n'est pas neuf non plus de ce point de vue là, étant donné qu'il y a déjà eu auparavant des théories multi-organes).

    - Dans l'animisme freudien on décèle l'influence de l'intellectualisme de R. Descartes, et de Platon à travers D.
    Mais le coeur correspond mieux : la vie s'interrompt lorsqu'il cesse de battre, il est central, et la notion de flux et celle de température sont très importantes dans l'animiste.
    (La neuropsychiatrie est d'ailleurs balbutiante et elle part de préjugés platoniciens ou freudiens qu'elle cherche à justifier, inversant ainsi la démarche scientifique.)

  • Au risque de paraître ridicule je dois à la vérité de dire que je me sens touché, mon pote, personne ne m'a jamais dit autant de choses, comment dire, j'ai l'impression d'être devant un diamant... et de ne pas l'avoir mérité... tu vois, un mois après je viens de tout relire; ça devrait finir par s'éclairer. Et puis je te connais assez pour savoir que tu ne fais rien gratuitement, donc, j'en déduis que je dois avoir mérité ça... et d'ailleurs depuis mon calculus me fout la paix et même que ça l'aurait dissout, comme un vulgaire scrupulus.

    (Petit salut à G qui a suivi cette palabre à mon insu, les grands cœurs se rencontrent souvent sans se le dire! )

  • Bonjour Madame

    L'évolution naturelle n'a pas encore dit son dernier mot. Les remontées de" l'innéisme des lucidités à
    7000 générations d'innombrabre lignées de générations, permet à l"évolution natureelle de
    spirituellement capitaliser les découvertes émotives du facteur "durée"

    Peu de gens savent que la rotation terrestre est un phénomène entretenu par le permanent balourd des dilatations des faces éclairées constamment en parfaite opposition des rétractions su la face opposée. Que la sphéricité de toute les planètes provient des innombrables vecteurs de pesanteurs provenant de toutes parts,

    Tout cela pour vous tuyauter sur le fait que l'évolution naturelle n'a pas dit son dernier mot en incarnant le genre humain
    Dans le conflit qui oppose l'enregistreuse matière à l'explorateur idéal, la matière a presque réussi à brider la spirituelle imagination en normalisant les mentalités d'hommes par des délimitations mesurables, ces mises au cachot de la lucidité.

    Mais la finaude nature a trouvé mieux : l'innéisme d'un intuitif relai globalisé d'émotion foncière face à de l'inaccoutumé, une recette de l'invention, et d'intellectuels artifices de savoirs et de renseignements. Cet ancestral bagage héréditaire a été remis à jour avant les copulations et de nos jours tout un chacun dispose d'une manne de lucidité DYNAMiQUE

    L’actuel régime STATiQUE, ne peut servir qu’à étalonner, graduer et proportionner des égalités de valeurs marchandes, des qualités spécifiques, et des quantités, prendre des mesures 8 dans des règlements, etc. Ce régime, à la recherche de l’égalité des chances reste dans le prolongement des hiérarchies militaires et est foncièrement dénaturé parce qu’il passe délibérément sous silence le « jugement d’importance prioritaire» , la dynamique tournure d’esprit de tout un chacun, parce Que l’éthique de son but ne s’attache qu’à l’exécution parfaite de Disciplines sans nulle donnée De causalité pour Les libres Arbitres, ce qui Entraine la mutilation du répondant dynamique de sa lucidité et ne fait reposer l’intérêt de toute « copie » que sur de seules mesures statiques et de seules proportions ne pouvant déboucher que sur de la comédie humaine de rôles interchangeables.

    Toutefois, les foncières Stratégies d’Etats-Majors Militaires mises à l’épreuve par des guerres mondiales, ont fasciné les Etats Majors de l’Enseignement, par leurs éprouvés dressages des troupes à aller se faire tuer au combat. Motivé comme son entourage de chambrée chaque troupier suivait les consignes de cette époque, avec une seule et unique interdiction :« UN REFUS D’ORDRE » (suicidaire)…

    … AVeUGLéS PAR CETTE ABSENCE DE POSSiBiLiTé DE FAVORiTiSME SOLDATESQUE, LES éTATS-MAJORS DES PRATiQUES SCOLAiRES ET MéDiATiQUES ont cru pouvoir transvaser cette formule pour gérer sous forme de COTATiONS pseudo-scientistes les motivations à l’apprentissage de l’une ou l’autre discipline scolaire, assortie de MENACES D’éCHECS dans le passage de troublants examens et fixant donc une artificielle motivation émotive à rejoindre les ténors de la mémorisation des vocabulaires, équités, et mesures, pour que la matière enseignée atteste par un diplôme de la compétence disciplinaire aboutie.

    Dénaturé Enseignement Piétinant la Justice Evolutive de La naturelle lucidité innée.

    L’éVOLUTiON NATURELLE HABiTE MAiNTENANT LES MiSE A JOUR De LA LUCIDITÉ iNNéE DE TOUS LES HUMAiNS.

    (**) Ces naturelles mise a jour ne portent donc pas sur des Cotations ni sur nulle autre sorte d’artificiel classement sociaL !

    Mais bien sur de l’ouverture a un mode d’existence Mieux entendu.

    (**)La lamarckienne transmission génétique des intuitives globalisations de « convergences naturelles de trilogiques concertations méditées comme plus ou moins motivantes pour la globalisatrice lucidité, cette naturelle conciliatrice des impacts émotifs devant être naturellement assimilés au jour le jour, en tant qu’intuitions globalisées la nuit, au même titre que les épisodiques récapitulations globales d’une soigneuse remise à jour des bagages de l’entendement que l’innéisme a, depuis toujours, génétiquement transférés aux suivantes progénitures avec, à chaque génération, un entendement mis à jour de la cascade de la succession des entendements des générations précédentes, surtout sur bases du fait que les milieux d’environnement des hommes se démodent et que les spirituelles lucidités doivent s’en accommoder : elles feront suivre plus loin le scénario des globalisations intuitives que poursuivront (subconsciemment ou non) leurs enfants, eux-mêmes futurs géniteurs, déjà successeurs de relais mis à jour par 7.000 ascendances

    Cette alternance en cascades des générations qui dégagent les vraies intuitions foncièrement globalisées à génétiquement transmettre à leur progéniture, est à l’image de l’alternance du jour et de la nuit, (qui remet les idées en place de ce qui fut observé le jour, mais trop hybride pour être approfondi avant une bonne nuit de sommeil.)

    S’agissant ici de dynamisme qui fait bouger la spiritualité des êtres et non de déplacer concrètement on ne sait quoi, LA NATURELLE stabilité spirituelle dynamique s’entend comme intègre et ne versant pas dans du favoritisme quant à la répartition de ses impacts. L’acrobatique dynamisme de l’ordre NATUREL doit cibler ses voltiges en usant d’équilibre spirituel, devant surtout se méfier des abominables sournoiseries du MACHiAVÉLiSME 5 ,

    Le confiant ordre naturel dynamique écarté par les cérébraux rangements et autres mesures statiques de l’ordre public.

    Le relais de l’émotif « bagage intuitif 1 » globalisé transmis lors de la copulation des parents, la maturation dynamique du bagage spirituel abouti, est surtout mis à jour sur base d’intuitions motivées par ce qui lui parvient comme émotion foncièrement inhabituelle dans les confrontations individuelles de ses échanges de sincérité. Ce qui émeut foncièrement provoque un documenté retour à d’éventuelles ripostes « réellement curatrices » via une globalisation d’intuitions, interactives avec les contextes observés et les outils intellectuels aujourd’hui répandus. Une première agglomération émotive reconsidère l’héritage du bloc reçu de ses parents, et centre différemment les globalisations de ce blocs17 de centres d’intérêts intuitifs, et les milliards des blocs17 d’intéressements suivants trouveront leur accélération de droits cumulés à leurs semblables, dans une orchestration plus ou moins rapprochée du centre de gravité global, celui qui met le plus de monde à l’aise, mais qui est aussi le plus coincé par les suivants des incommensurables nombres de provenances de files d’approfondissements de vecteurs semblables aux pesanteurs depuis la globalité superficielle, ce qui provoque des finaux droits d’accélérations incroyables. Peut être est-ce la recherche d’un naturel sens cordial collectif de LA BONNE PERSONNE A LA BONNE PLACE ?

    L’origine de la lucidite

    Après qu’Archimède aie pompeusement démontré qu’une couronne d’or avait, à volume égal, un poids spécifique bien différent de celui d’une couronne d’ersatz, cela frappa de nombreux esprits et pour longtemps. Cette pesée démystifiait toute tromperie grâce à nouvel aspect : le poids spécifique. Outre le tape à l’œil de la marchandise, sa qualité, la quantité de valeur unitaire de son espèce quantifiait une indiscutable égalité de valeur de la somme. De sorte que l’on pouvait partager la marchandise, il suffisait de retirer des contrepoids, ou en ajouter, voire les multiplier mais toujours en ajoutant ou en retirant les contrepoids dans les mêmes proportions que la part de marchandise, et « l’égalité suivra ». Comme c’était ainsi qu’on pratiquait dans tous les commerces, la raison proportionnelle eut l’idée de remplacer les marchandises et contrepoids par de la logique de « contrepoids à contrepoids », d’où provinrent les raisonnements de la règle de trois, et enfin des égalités algébriques et équilibres comptables ; des précieuses indications pour l’intelligence des pertes et profits marchandables grâce à elles, par des propos de raisonnements qui évoluèrent en devenant affirmatifs : catégoriques, disciplinés, alignés, rangés, classés, puis spécifiques



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