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Feu sur le Ramadan !

La confiance utopique de Tariq Ramadan dans une possible "neutralité" de l'Etat laïc français, garantissant la liberté de culte, est typiquement mahométane. On retrouve néanmoins un tel a priori favorable vis-à-vis de l'Etat dans d'autres religions judéo-chrétiennes proches. Le jansénisme en France, théologie de la secte de Port-Royal-des-Champs (tout un programme) a ressuscité durablement le providentialisme médiéval au XVIIe siècle, rompant avec l'humanisme de la Renaissance. Sainte-Beuve a fourni une analyse sagace bien que partisane de l'idéologie janséniste. Cette analyse permet d'entendre tout ce qui lie le XIXe siècle romantique et bourgeois au "Grand Siècle" de l'absolutisme, par-dessus les "Lumières françaises" du XVIIIe.

Le providentialisme, emprunt médiéval à la philosophie païenne romaine, en tant qu'il est procès de sacralisation du pouvoir politique, est inévitablement présent dans toutes les doctrines religieuses à tendance théocratique. Donc dans l'islam ou "les islams". Mais la philosophie nazie de G.W.F. Hegel, la morale existentialiste qui en découle est la déclinaison ultime de cette conception théocratique.

Ce providentialisme peut aussi être comparé à une sorte d'idée maçonnique chrétienne, qui prête à la politique, qu'elle soit abstraite ou s'incarne dans un homme (ce qu'une idéologie peut difficilement éviter), qui lui prête peu ou prou le rôle de démiurge, de "grand architecte" traçant les plans du monde. Poussée à son point de rigueur et d'absurdité extrême (c'est ce qui en fait toute la valeur), le franc-maçon suisse Joseph de Maistre (cette géodésie totalitaire n'est pas sans rapport avec l'horlogerie) s'est fait le porte-parole d'une version quasiment "ottomane" de la France chrétienne (dont Baudelaire, sous l'influence délétère des spéculations juridiques de J. de Maistre, avoue le caractère satanique ; "Le prêtre, le poète et le soldat", ainsi Baudelaire résume-t-il l'arrière-plan moral et politique de son romantisme, plus romain que chrétien par conséquent).

J. de Maistre se rêve en éminence grise d'un homme providentiel, Napoléon fournissant un exemple de criminel de guerre à la hauteur de son espérance (L'espèce de fièvre mystique de J. de Maistre évoque celle de Goebbels ultérieurement, même si la haine systématique de l'art, trait dominant chez de Maistre -haine quasi proustienne- fournit "a contrario" de précieux renseignements sur ce qui échappe au domaine de la seule mécanique ou du droit. La s–ret‚ du mauvais goût de cet horloger savoyard force en effet l'admiration.)

A juste titre, Voltaire voit dans le jansénisme une sorte de reviviscence du judaïsme, iconoclaste et destructrice pour l'histoire. De fait le romantisme ne fait que sonner le glas de l'art, dont le cancer remonte à la période baroque. Rares sont les critiques qui au cours des derniers siècles ont su discerner dans la peinture de Rembrandt ou Rubens, par-delà leur virtuosité, les marques du délitement musical de l'art.

Le contrat social de J.-J. Rousseau en revanche se rapproche assez de l'idéal de T. Ramadan. La rhétorique laïque grossière d'Eric Zemmour (petit "soldat belge" du cartel médiatico-militaire Dassault - "On n'est pas couchés", France 2 le 26 sept.) qui lui est opposée, T. Ramadan doit la prendre pour ce qu'elle est : un discours RELIGIEUX évacuant l'histoire, par quoi TOUTE thèse d'un pouvoir temporel neutre, repérable à son caractère statique, devra nécessairement passer. L'idée païenne du destin, véhiculée par Hegel jusqu'à nous sous la forme du providentialisme est en effet incompatible avec la recherche d'une logique historique. La propagande cinématographique capitaliste a poussé loin comme sa grande soeur nazie la destruction de la science historique, sans compter la tentation totalitaire récente de légiférer sur l'histoire.

En l'occurence l'effacement des crimes de guerre atroces de Napoléon (ou de Gaulle) par Zemmour*, le refus d'en tirer la leçon (et au premier chef de voir la troublante ressemblance entre le régime napoléonien et le régime nazi, parfaitement équivalents sur le plan philosophique) s'apparente non pas à du "négationnisme", mais carrément à une négation cléricale de l'histoire elle-même.

Goebbels pas mort !

Deux exemples de mensonges grossiers, propagés à la vitesse du son par les médiats :

1/ L'opposition binaire sans cesse réaffirmée entre un Etat "garant de l'intérêt général" et de grands groupes industriels et bancaires menant leur barque à leur guise - contre l'évidence que ces deux systèmes centripètes s'inscrivent dans le même cercle et ne peuvent être compris séparément. Pas de dictature ou de totalitarisme sans le sophisme, même sous-jacent, de la "loi naturelle". Le projet économique capitaliste COMME la doctrine de la nation laïque projet‚e vers l'avant reposent sur l'idéologie de la "loi naturelle" ; une loi naturelle d'engendrement, dont il faut avoir lu Aristote comme Marx pour comprendre qu'il s'agit d'un mouvement inéluctable de corruption. Shakespeare lui-même a vu venir cette pourriture et la nomme "Danemark", en référence à l'Apocalypse de Jean. Croire au destin revient à s'y soumettre. La mort préside au capitalisme comme au nazisme auparavant.

Le voile de ténèbres baroque a ressuscité dans une Europe qui les avait vaincus, à l'instar des Grecs plus de deux mille ans auparavant, la fortune et le destin romains. Hitler n'est qu'un pion dans ce jeu d'échec.

Complot médiatique contre la science traduite comme un complot

Une illustration : le philosophe Luc Ferry, ex-ministre dont la philosophie est tellement circonscrite qu'elle possède toutes les caractéristiques d'une religion d'Etat elle aussi, ce clerc légitime à mots à peine couverts l'interdiction (renforcée récemment) faite aux parents d'élèves de concurrencer l'Education nationale en enseignant directement leurs enfants, par la raison que cette institution est la meilleure garante de la diffusion d'un idéal républicain commun. Libérer l'enseignement reviendrait à mettre en danger la foi dans l'Etat garant des libertés individuelles et de l'intérêt général, et n'irait sans doute pas dans le sens "capitaliste" qui est celui de Luc Ferry. La libre concurrence des idées est une liberté que l'Etat libéral totalitaire réprouve.

2/ Deuxième mensonge convergent et aussi grossier, le mensonge selon lequel la "Révolution de 1789" marquerait un virage "humaniste" dans l'histoire de France, et même, la franchouillardise débridée de certains laïcards aidant, dans l'histoire de l'Europe, malgré le retard de plus d'un siècle de la France par rapport à l'Angleterre sur le terrain des idées et des efforts de la classe bourgeoise pour s'emparer du pouvoir. Si Tariq Ramadan a étudié de près la litt‚rature française comme il prétend, il peut constater :

- que les régimes bourgeois qui ont suivi de près la Révolution ne correspondent en rien aux idées de Voltaire ou J.-J. Rousseau ; Napoléon et sa polytechnique assassine sont typiquement inspirés par la philosophie romaine - jusqu'à Stendhal qui prétend s'inspirer de la prose du code Napoléon ; tandis que Voltaire prend ses distances avec la théodicée germanique de Leibnitz :

- que la France n'a jamais connu depuis la Révolution un régime de liberté d'expression aussi large que celui qu'elle connut sous Louis XV. Si Voltaire souhaite la libéralisation du régime de Louis XV, encore trop autoritaire à son sens, ni lui ni Diderot n'ont été traqués par la censure comme Marx et Engels l'ont été dans toute l'Europe il y a un siècle et demi seulement, à une époque où la presse représentait une force libre de contestation, danger écarté pour l'oligarchie désormais, notamment du fait de la fin de la lutte des classes en France dès le milieu du XIXe siècle (Déjà du temps de l'ORTF le danger n'existait pas, et personne n'a jamais vraiment pris la menace révolutionnaire des foules d'étudiants de Mai 1968 au sérieux, en dehors de de Gaulle lui-même et de quelques "bons pères de famille" bourgeois, vite rassurés.)

Existentialisme et pédérastie

La "révolution sexuelle" a d'ailleurs un aspect pédérastique notable, et nul n'est plus porté à se prosterner devant le Léviathan qu'un pédéraste (Il existe même une association de "gays" chrétiens baptisée... "Jonas" ; Jonas est d'ailleurs le "Juif errant" contre lequel la révolutionnaire Simone Weil a les mots les plus durs, ne le cédant en rien à Voltaire pour ce qui est de l'antijudaïsme. On peut fort bien s'abstenir de stigmatiser les "gays", tout en soulignant à quel point leur sexualité repose sur l'angoisse, et combien la propagande totalitaire joue sur le registre de la sécurité civile. Du reste l'homosexualité, déterminisme inventé au XIXe siècle, n'est que la conclusion rationnelle du mariage ; les pédérastes sont probablement beaucoup plus sensibles que d'autres au caractère incestueux d'une sexualité "hétérosexuelle". Moi-même j'ai fréquenté quelques pédérastes dont les mères ressemblaient comme deux gouttes de sperme à la puritaine BCBG Christine Boutin.

Toute la philosophie existentialiste ou presque, d'ailleurs, qui est une théologie chrétienne invertie, peut être résolue à une sorte de querelle familiale intestine. Le problème que se pose la philosophie laïque de la "fin de l'histoire" (sic) et la question de savoir ce que devient la famille au-delà de la pédérastie, ces deux problèmes n'en sont qu'un, parfaitement grotesque. D'une part parce que la philosophie et la science la‹ques se sont toujours tenues à l'écart de l'histoire ; d'autre part parce que le droit de la famille est un principe de dérogation à l'inceste qui évolue au gré de l'organisation patrimoniale et politique.

Existentialisme et pédérastie peuvent être compris ensemble comme le triomphe apparent de Dionysos sur Apollon (Dans le seul but pour Apollon d'asseoir plus solidement son pouvoir ; la République bourgeoise n'a pas inventé l'idée de substituer pour une plus grande efficacité le divertissement à la terreur policière.)

La voie antiromaine

Le progrès de l'islam ne peut se faire que dans le sens d'une reconquête scientifique, d'une théologie de la Libération par la science. Même si l'interdiction formelle de servir deux maîtres -Dieu et César- n'est pas dans l'islam comme elle est dans le Nouveau Testament chrétien, l'histoire montre que les autorités politiques font toujours un usage policier des doctrines religieuses, jusqu'à les subvertir complètement comme c'est le cas avec le national-socialisme de Hegel et ses lieutenants du désordre que sont les philosophes existentialistes, amphigouriques suppôts qui ne se connaissent pas eux-mêmes. Et la science est forcément un combat, comme le révèle la vision de Jean, car de la Libération les systèmes étatiques fondés sur la peur ne veulent pas.

Sur le chemin de cette reconquête, il est d'ailleurs un savant musulman qui pose de très sérieux jalons : Averroès, "au seuil de l'histoire", et donc de la révélation, moins près de la pente théocratique que ne l'est Thomas d'Aquin lui-même. Un thésard démocrate-chrétien pas très sérieux (Rémi Brague) a tenté récemment à coup de néologismes vaseux de démontrer l'apport décisif de Rome à la civilisation européenne ; thèse proche de celle du pape Benoît XVI, parfaitement antihistorique comme toute thèse boche qui se respecte. Le pape n'hésite pas d'ailleurs à se référer à des philosophes parfaitement abscons comme Adorno ou Horckheimer, Popper, Heidegger, branleurs de l'espèce susdite qui font regretter amèrement au Français que je suis que toute la philosophie allemande et pollack ne se soit pas suicidée à la suite d'Hitler et de son état-major, au lieu d'émigrer aux Etats-Unis.

Non, ce qui caract‚rise la pensée occidentale, comme Aristote en son époque décadente, en quoi elle est différente des pensées orientales ou romaine, c'est bien plutôt par son matérialisme radical, celui de François Bacon (ennemi juré de J. de Maistre) ou de Karl Marx (On en décèle notamment la radicalité au fait que, contrairement à la très grande subjectivité des philosophes épicuriens ou romains, Aristote comme Bacon -la dialectique marxiste-, excluent l'idée animiste de vide, déguisé en "Néant" dans la mystique providentialiste, qu'elle soit chrétienne, nazie, athée, capitaliste. Ce qui me fait dire que Bernanos ne va pas assez loin, parlant du hasard comme "le dieu des imbéciles", car un chrétien doit savoir reconnaître Lucifer dans la roue de Fortune et ses rayons puissants.

*Pourquoi Zemmour peut exprimer publiquement chaque samedi soir des idées qui ont valu récemment à Le Pen les foudres de l'Inquisition médiatique ? Cela dit presque tout de la société civile française depuis la Libération. Phénomène Zemmour-Le Pen analogue à la condamnation de Louis-Ferdinand C‚line pour propos antisémites et l'absolution des industriels de l'automobile et de l'aviation ayant pourtant mis leur polytechnique de mort au service de l'Allemagne nazie. Industriels actifs pour ce qui est d'exciter le patriotisme vindicatif, mais dont la seule patrie est l'argent.

Commentaires

  • Plus je vous lis et plus je me dis que la seule objection recevable aux nationalismes est l'objection catholique. Je vais jouer l'avocat du diable un instant. Pour Zemmour ( comme pour Soral, Chevenement, ou encore NDA à quelques nuances prêts ), la nation est le bastion au nouveau désordre mondial, desordre qu'il(s) impute(nt) à la financiarisation et au libre-échangisme dérégulé, dont les racines sont toutes deux des "institutions" supra-nationales. Ces "souverainnistes" n'arrete pas de reclamer le retour à des monnaies basés sur des valeurs réels, comme de Gaule en son temps, ainsi qu'un protectionnisme modéré ( à l'échelle européenne pour certains ) pour harmoniser les conditions sociales vers le haut à l'échelle mondiale, là où la mondialisation et la libre concurence qu'elle "institue" tendent plutôt à les harmoniser par le bas. J'aimerais bien voir comment vous leurs donneriez tord sur ces deux points précis, et qu'elle alternative à la nation pour tenir la bride au libéralisme intégral voyez vous ? Une démocratie mondiale peut être, à la Attali ?!

  • La démonstration historique est dans Marx que l'Etat, c'est l'anarchie. Nous venons d'être témoins de l'implosion d'un système financier hypercentralisé :
    - dont le centralisme explique qu'il se soit "fait dessus" (Un affairiste douteux m'avait annoncé la crise il y a cinq ans comme suit : investissements anarchiques des banques venant d'une accumulation excessive des capitaux entre peu de mains, d'où une prise de risque démentielle nécessaire pour faire procréer ces capitaux ; échaudées par leurs propres martingales, les banques françaises roulent désormais le frein à main serré en attendant qu'on les affranchisse de l'interdiction de rejouer au "Black Jack", autorisation nécessaire dans un pays suréquipé comme la France où l'investissement ne trouve pas ou peu d'objets.) ;
    - banques dont le centralisme croissant coïncide avec celui, simultané, du pouvoir étatique. Louis XIV est un dictateur sanguinaire qui avoue ses crimes et s'en repent quand les nations capitalistes aujourd'hui préfèrent faire porter la casquette de leurs abominations à Adolf Hitler, dont le mobile pétrolier n'est pas moins clair que celui des Etats-Unis ou de la Russie aujourd'hui. On ne caricature le nazisme que pour mieux perpétuer ses valeurs.

    - Retour à Hegel maintenant : l'histoire selon Hegel n'est autre qu'une roue solaire (svastika) en réalité (et le régime nazi interprète mieux Hegel que Sartre ou l'Université française), sa progression trigonométrique (binaire).
    L'hiatus entre la politique et l'art, c'est la loi naturelle selon Hegel qui le camoufle le mieux (mieux que les théories économiques libérales physiocratiques), car c'est elle qui procure le mieux l'illusion du mouvement, qui traduit le progrès historique en "mode" (dans la dialectique matérialiste, le mode trahit au contraire, Aristote s'en explique dans plusieurs chapitres, non le progrès mais la corruption). Comprenez que chez Leibniz par exemple auparavant, le caractère statique et géodésique est beaucoup trop apparent pour séduire vraiment.

    Ainsi tous les artistes-esclaves affairés à lécher le cul de l'Etat aujourd'hui pour en obtenir un maximum de subventions, de protection et de royalties, ne sont que des enfants de Hegel et de sa doctrine nazie, idéalement adaptée à la foi et aux ratios capitalistes (De là vient la haine vis-à-vis de Céline exclusivement : de ce qu'il rappelle aux toutous en pleine gueule qu'ils ont le cou pelé. Ah oui, j'oubliais, toutes les doctrines matérialistes sérieuses sont des doctrines artistiques, car c'est l'idée qui est corruptrice de l'art. En peinture le "nombre d'or", dont Kandinski est la transcription exemplaire : l'art du bunker est musique.)

    - Le seul "hic", venant de Hegel, c'est cette impression de pédaler dans la semoule qu'il procure forcément. Dans le domaine esthétique, on peut penser que lui-même s'est rendu compte de l'absurdité de son système, qui apparaît forcément au moment de conclure, c'est-à-dire de boucler la boucle. Hegel est comme tous ces mauvais mathématiciens du XIXe siècle (Beltrami, Riemann, Einstein, Poincaré), qui ignorent que le cercle précède la ligne en géométrie et non l'inverse (ce qu'Aristote ou Euclide savent).

    - Le dernier "état" de l'art, mathématiquement tracé par Hegel comme une succession d'états (concept anti-historique) après douze cent pages d'un sophisme-fleuve, ce dernier "état" on peut soupçonner son auteur de l'avoir reconnu, même s'il ne l'avoue pas, en réalité comme l'état le plus primitif (danse, musique et poésie = idée), un retour au "statu quo ante". Le prêtre laïc - Lévi-Strauss par exemple - n'admire pas l'art primitif : il mire son mode de pensée en lui. Derrière toutes les déclarations d'amour de l'Occident pour le tribalisme exotique, se cachent des déclarations d'amour pour la religion laïque, une admiration homothétique, pour ne pas dire pédérastique (Nitche, Jacques Chirac, etc.)

    - En polytechnicien abruti, Attali ne fait que pondre la formule totalitaire la plus policée. Il est certain que tous les autres nationalistes à côté du major de promo Attali sont des cancres. Opposer le nationalisme français au supranationalisme européen, c'est ignorer non seulement délibérément l'histoire, mais en outre la théorie mathématique des ensembles sur laquelle la thèse nationaliste totalitaire repose. Vouloir décentraliser un Etat revient à essayer de résoudre la quadrature du cercle.

    - Votre question ultime se ramène donc à : "Comment s'éjecte-t-on d'un train qui se dirige à pleine vitesse vers un gouffre dont on perçoit déjà l'écho ?"
    Et ma réponse se réduit à : "Il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus", sentence apocalyptique à ne pas prendre comme un janséniste ou un banquier luthérien pour une bénédiction de ses entreprises macabres, mais bien comme une leçon d'histoire.
    D'ailleurs c'est par le jansénisme que la vision de Jean a été éradiquée dans l'Eglise catholique même. Le Concile de Trente a banni de l'Eglise les artistes pour les remplacer peu à peu par des musiciens, dont Mozart illustre bien la débilité profonde. Déjà Aristote se demande s'il ne serait pas bon de supprimer l'apprentissage de la musique de l'éducation des enfants compte tenu des preuves de médiocrité fournies par le type du musicien professionnel. De fait on peut penser que le capitaliste va en Enfer comme les enfants de Hamelin, sur un air de flûte. L'enseignement actuel fondé sur la géométrie cartésienne équivaut à une éducation fondée sur la musique : elle est idéale pour former un maximum d'esclaves femelles en un minimum de temps. Aucune pensée à l'appui du totalitarisme -celle de Luc Ferry par exemple- ne méconnaît que le destin de l'Etat et celui du capital sont indissociables. La pensée libérale saborde la liberté aussi efficacement que Hegel sabote l'histoire à l'aide des maths.
    Interdiction formelle dans notre démocratie -si favorable à la liberté qu'elle éprouve le besoin de le répéter du matin au soir- interdiction est faite aux parents de se réunir pour enseigner leurs enfants. Alors même que la "culture" est mise au centre par la philosophie existentialiste, dans l'état de droit absolu les parents ne peuvent inculquer à leurs enfants la culture qu'ils désirent !? Derrière leur rhétorique cauteleuse, c'est bien sûr le pouvoir oligarchique que des curés comme Ferry protègent ; tout ce qu'Onfray trouve le moyen de vanter dans son "université populaire", c'est Nitche, prototype de la pensée bourgeoise germanique, son bouddhisme de secrétaire de mairie. Tout ce qui heurte les valeurs bourgeoises en revanche, de Céline à Dieudonné en passant par Le Pen, par le même clergé médiatique sera systématiquement présenté comme venant du diable, que l'athéisme ressort de sa boîte soudainement, comme s'il n'avait pas aboli toutes les paroles de Jésus contre les démons.

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