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rousseau

  • Rousseau contre Darwin

    "C'est en un sens à force d'étudier l'homme que nous nous sommes mis hors d'état de le connaître." J.-J. Rousseau.

    En effet l'invention de la psychanalyse n'a fait qu'accroître l'énigme humaine.

    Quant au darwinisme, il explique tout, sauf le propre de l'homme. Il serait intéressant de connaître le préjugé de Darwin sur l'homme car la science moderne est une science sociale. La distinction des sciences sociales et des sciences "dures" est une vaste blague.

    - Ah mais, arrêtez, on a des preuves, des tas d'indices qui corroborent le transformisme ! Les flics ne tardent pas à débarquer avec leurs indices.

     

  • Saint Molière

    S'il y a "peu d'élus" selon les saintes écritures chrétiennes, c'est parce que très peu d'hommes échappent au plan social et aux illusions qu'il procure. Il y a certes beaucoup d'amour chez un homme comme Molière, bien plus que chez Rousseau par exemple, parce que Molière incite son prochain à regarder la société comme le néant spirituel. Tandis que, si J.-J. Rousseau n'est pas le béat socialiste que nous peignent les manuels scolaires modernes, il n'a pas conscience que le mouvement social est nécessairement déclinant. Rousseau est sentimental, comme tous les Allemands. Moi qui suis né au milieu des attrape-couillons libéraux, il y avait de grandes chances que je contracte ce sentimentalisme, qui est pire que de perdre un bras ou une jambe. Je sais donc tout l'amour que j'ai reçu de Molière, et qui a mille fois plus de prix que les vagues ondes chaleureuses de ma propre mère dans ma direction.

    Il faut dire ici le vice particulier des mères juives ou catholiques, qui explique sans doute l'imbécillité d'une majorité de rabbins et de curés catholiques, leur acharnement à prêcher le faux. Je parle surtout pour les curés catholiques, que je connais mieux. Mais pour que le judaïsme soit exprimé en France comme cette moraline pernicieuse sur la shoah, on peut supposer des rabbins la même stupidité.

    Le grand public, c'est-à-dire le public laïc, entretenu dans l'ignorance laïque de tout ce qui n'est pas le calcul mental le plus débile, pompeusement qualifié de "cartésien", le grand public croit que les curés catholiques expriment des points de vue catholiques, alors qu'il n'en est rien. 99 % des curés catholiques ne font qu'exprimer dans leurs sermons les leitmotivs que leurs mères leur serinaient dans l'enfance, un peu comme si c'était Marthe qui avait enseigné Jésus et non l'inverse. Cette volonté farouche, caractéristique des femmes, de n'accorder dans leur vie aucune place à la vérité, on la retrouve dans le clergé catholique.

    C'est ainsi à peu près la seule catégorie d'hommes qui appréciera dans ce pays la littérature apéro-digestive de Proust, qui résume bien à quoi ces fainéants boches sont occupés : la recherche du temps perdu, c'est-à-dire une des seules activités où l'homme se place au-dessous de l'espèce animale : le luxe de la pensée. Voilà à quoi ces chiens sont occupés : à nous présenter le luxe de la pensée comme l'humanisme. Aussi salauds sont-ils que Molière est saint.

  • Feu sur le Ramadan !

    La confiance utopique de Tariq Ramadan dans une possible "neutralité" de l'Etat laïc français, garantissant la liberté de culte, est typiquement mahométane. On retrouve néanmoins un tel a priori favorable vis-à-vis de l'Etat dans d'autres religions judéo-chrétiennes proches. Le jansénisme en France, théologie de la secte de Port-Royal-des-Champs (tout un programme) a ressuscité durablement le providentialisme médiéval au XVIIe siècle, rompant avec l'humanisme de la Renaissance. Sainte-Beuve a fourni une analyse sagace bien que partisane de l'idéologie janséniste. Cette analyse permet d'entendre tout ce qui lie le XIXe siècle romantique et bourgeois au "Grand Siècle" de l'absolutisme, par-dessus les "Lumières françaises" du XVIIIe.

    Le providentialisme, emprunt médiéval à la philosophie païenne romaine, en tant qu'il est procès de sacralisation du pouvoir politique, est inévitablement présent dans toutes les doctrines religieuses à tendance théocratique. Donc dans l'islam ou "les islams". Mais la philosophie nazie de G.W.F. Hegel, la morale existentialiste qui en découle est la déclinaison ultime de cette conception théocratique.

    Ce providentialisme peut aussi être comparé à une sorte d'idée maçonnique chrétienne, qui prête à la politique, qu'elle soit abstraite ou s'incarne dans un homme (ce qu'une idéologie peut difficilement éviter), qui lui prête peu ou prou le rôle de démiurge, de "grand architecte" traçant les plans du monde. Poussée à son point de rigueur et d'absurdité extrême (c'est ce qui en fait toute la valeur), le franc-maçon suisse Joseph de Maistre (cette géodésie totalitaire n'est pas sans rapport avec l'horlogerie) s'est fait le porte-parole d'une version quasiment "ottomane" de la France chrétienne (dont Baudelaire, sous l'influence délétère des spéculations juridiques de J. de Maistre, avoue le caractère satanique ; "Le prêtre, le poète et le soldat", ainsi Baudelaire résume-t-il l'arrière-plan moral et politique de son romantisme, plus romain que chrétien par conséquent).

    J. de Maistre se rêve en éminence grise d'un homme providentiel, Napoléon fournissant un exemple de criminel de guerre à la hauteur de son espérance (L'espèce de fièvre mystique de J. de Maistre évoque celle de Goebbels ultérieurement, même si la haine systématique de l'art, trait dominant chez de Maistre -haine quasi proustienne- fournit "a contrario" de précieux renseignements sur ce qui échappe au domaine de la seule mécanique ou du droit. La s–ret‚ du mauvais goût de cet horloger savoyard force en effet l'admiration.)

    A juste titre, Voltaire voit dans le jansénisme une sorte de reviviscence du judaïsme, iconoclaste et destructrice pour l'histoire. De fait le romantisme ne fait que sonner le glas de l'art, dont le cancer remonte à la période baroque. Rares sont les critiques qui au cours des derniers siècles ont su discerner dans la peinture de Rembrandt ou Rubens, par-delà leur virtuosité, les marques du délitement musical de l'art.

    Le contrat social de J.-J. Rousseau en revanche se rapproche assez de l'idéal de T. Ramadan. La rhétorique laïque grossière d'Eric Zemmour (petit "soldat belge" du cartel médiatico-militaire Dassault - "On n'est pas couchés", France 2 le 26 sept.) qui lui est opposée, T. Ramadan doit la prendre pour ce qu'elle est : un discours RELIGIEUX évacuant l'histoire, par quoi TOUTE thèse d'un pouvoir temporel neutre, repérable à son caractère statique, devra nécessairement passer. L'idée païenne du destin, véhiculée par Hegel jusqu'à nous sous la forme du providentialisme est en effet incompatible avec la recherche d'une logique historique. La propagande cinématographique capitaliste a poussé loin comme sa grande soeur nazie la destruction de la science historique, sans compter la tentation totalitaire récente de légiférer sur l'histoire.

    En l'occurence l'effacement des crimes de guerre atroces de Napoléon (ou de Gaulle) par Zemmour*, le refus d'en tirer la leçon (et au premier chef de voir la troublante ressemblance entre le régime napoléonien et le régime nazi, parfaitement équivalents sur le plan philosophique) s'apparente non pas à du "négationnisme", mais carrément à une négation cléricale de l'histoire elle-même.

    Goebbels pas mort !

    Deux exemples de mensonges grossiers, propagés à la vitesse du son par les médiats :

    1/ L'opposition binaire sans cesse réaffirmée entre un Etat "garant de l'intérêt général" et de grands groupes industriels et bancaires menant leur barque à leur guise - contre l'évidence que ces deux systèmes centripètes s'inscrivent dans le même cercle et ne peuvent être compris séparément. Pas de dictature ou de totalitarisme sans le sophisme, même sous-jacent, de la "loi naturelle". Le projet économique capitaliste COMME la doctrine de la nation laïque projet‚e vers l'avant reposent sur l'idéologie de la "loi naturelle" ; une loi naturelle d'engendrement, dont il faut avoir lu Aristote comme Marx pour comprendre qu'il s'agit d'un mouvement inéluctable de corruption. Shakespeare lui-même a vu venir cette pourriture et la nomme "Danemark", en référence à l'Apocalypse de Jean. Croire au destin revient à s'y soumettre. La mort préside au capitalisme comme au nazisme auparavant.

    Le voile de ténèbres baroque a ressuscité dans une Europe qui les avait vaincus, à l'instar des Grecs plus de deux mille ans auparavant, la fortune et le destin romains. Hitler n'est qu'un pion dans ce jeu d'échec.

    Complot médiatique contre la science traduite comme un complot

    Une illustration : le philosophe Luc Ferry, ex-ministre dont la philosophie est tellement circonscrite qu'elle possède toutes les caractéristiques d'une religion d'Etat elle aussi, ce clerc légitime à mots à peine couverts l'interdiction (renforcée récemment) faite aux parents d'élèves de concurrencer l'Education nationale en enseignant directement leurs enfants, par la raison que cette institution est la meilleure garante de la diffusion d'un idéal républicain commun. Libérer l'enseignement reviendrait à mettre en danger la foi dans l'Etat garant des libertés individuelles et de l'intérêt général, et n'irait sans doute pas dans le sens "capitaliste" qui est celui de Luc Ferry. La libre concurrence des idées est une liberté que l'Etat libéral totalitaire réprouve.

    2/ Deuxième mensonge convergent et aussi grossier, le mensonge selon lequel la "Révolution de 1789" marquerait un virage "humaniste" dans l'histoire de France, et même, la franchouillardise débridée de certains laïcards aidant, dans l'histoire de l'Europe, malgré le retard de plus d'un siècle de la France par rapport à l'Angleterre sur le terrain des idées et des efforts de la classe bourgeoise pour s'emparer du pouvoir. Si Tariq Ramadan a étudié de près la litt‚rature française comme il prétend, il peut constater :

    - que les régimes bourgeois qui ont suivi de près la Révolution ne correspondent en rien aux idées de Voltaire ou J.-J. Rousseau ; Napoléon et sa polytechnique assassine sont typiquement inspirés par la philosophie romaine - jusqu'à Stendhal qui prétend s'inspirer de la prose du code Napoléon ; tandis que Voltaire prend ses distances avec la théodicée germanique de Leibnitz :

    - que la France n'a jamais connu depuis la Révolution un régime de liberté d'expression aussi large que celui qu'elle connut sous Louis XV. Si Voltaire souhaite la libéralisation du régime de Louis XV, encore trop autoritaire à son sens, ni lui ni Diderot n'ont été traqués par la censure comme Marx et Engels l'ont été dans toute l'Europe il y a un siècle et demi seulement, à une époque où la presse représentait une force libre de contestation, danger écarté pour l'oligarchie désormais, notamment du fait de la fin de la lutte des classes en France dès le milieu du XIXe siècle (Déjà du temps de l'ORTF le danger n'existait pas, et personne n'a jamais vraiment pris la menace révolutionnaire des foules d'étudiants de Mai 1968 au sérieux, en dehors de de Gaulle lui-même et de quelques "bons pères de famille" bourgeois, vite rassurés.)

    Existentialisme et pédérastie

    La "révolution sexuelle" a d'ailleurs un aspect pédérastique notable, et nul n'est plus porté à se prosterner devant le Léviathan qu'un pédéraste (Il existe même une association de "gays" chrétiens baptisée... "Jonas" ; Jonas est d'ailleurs le "Juif errant" contre lequel la révolutionnaire Simone Weil a les mots les plus durs, ne le cédant en rien à Voltaire pour ce qui est de l'antijudaïsme. On peut fort bien s'abstenir de stigmatiser les "gays", tout en soulignant à quel point leur sexualité repose sur l'angoisse, et combien la propagande totalitaire joue sur le registre de la sécurité civile. Du reste l'homosexualité, déterminisme inventé au XIXe siècle, n'est que la conclusion rationnelle du mariage ; les pédérastes sont probablement beaucoup plus sensibles que d'autres au caractère incestueux d'une sexualité "hétérosexuelle". Moi-même j'ai fréquenté quelques pédérastes dont les mères ressemblaient comme deux gouttes de sperme à la puritaine BCBG Christine Boutin.

    Toute la philosophie existentialiste ou presque, d'ailleurs, qui est une théologie chrétienne invertie, peut être résolue à une sorte de querelle familiale intestine. Le problème que se pose la philosophie laïque de la "fin de l'histoire" (sic) et la question de savoir ce que devient la famille au-delà de la pédérastie, ces deux problèmes n'en sont qu'un, parfaitement grotesque. D'une part parce que la philosophie et la science la‹ques se sont toujours tenues à l'écart de l'histoire ; d'autre part parce que le droit de la famille est un principe de dérogation à l'inceste qui évolue au gré de l'organisation patrimoniale et politique.

    Existentialisme et pédérastie peuvent être compris ensemble comme le triomphe apparent de Dionysos sur Apollon (Dans le seul but pour Apollon d'asseoir plus solidement son pouvoir ; la République bourgeoise n'a pas inventé l'idée de substituer pour une plus grande efficacité le divertissement à la terreur policière.)

    La voie antiromaine

    Le progrès de l'islam ne peut se faire que dans le sens d'une reconquête scientifique, d'une théologie de la Libération par la science. Même si l'interdiction formelle de servir deux maîtres -Dieu et César- n'est pas dans l'islam comme elle est dans le Nouveau Testament chrétien, l'histoire montre que les autorités politiques font toujours un usage policier des doctrines religieuses, jusqu'à les subvertir complètement comme c'est le cas avec le national-socialisme de Hegel et ses lieutenants du désordre que sont les philosophes existentialistes, amphigouriques suppôts qui ne se connaissent pas eux-mêmes. Et la science est forcément un combat, comme le révèle la vision de Jean, car de la Libération les systèmes étatiques fondés sur la peur ne veulent pas.

    Sur le chemin de cette reconquête, il est d'ailleurs un savant musulman qui pose de très sérieux jalons : Averroès, "au seuil de l'histoire", et donc de la révélation, moins près de la pente théocratique que ne l'est Thomas d'Aquin lui-même. Un thésard démocrate-chrétien pas très sérieux (Rémi Brague) a tenté récemment à coup de néologismes vaseux de démontrer l'apport décisif de Rome à la civilisation européenne ; thèse proche de celle du pape Benoît XVI, parfaitement antihistorique comme toute thèse boche qui se respecte. Le pape n'hésite pas d'ailleurs à se référer à des philosophes parfaitement abscons comme Adorno ou Horckheimer, Popper, Heidegger, branleurs de l'espèce susdite qui font regretter amèrement au Français que je suis que toute la philosophie allemande et pollack ne se soit pas suicidée à la suite d'Hitler et de son état-major, au lieu d'émigrer aux Etats-Unis.

    Non, ce qui caract‚rise la pensée occidentale, comme Aristote en son époque décadente, en quoi elle est différente des pensées orientales ou romaine, c'est bien plutôt par son matérialisme radical, celui de François Bacon (ennemi juré de J. de Maistre) ou de Karl Marx (On en décèle notamment la radicalité au fait que, contrairement à la très grande subjectivité des philosophes épicuriens ou romains, Aristote comme Bacon -la dialectique marxiste-, excluent l'idée animiste de vide, déguisé en "Néant" dans la mystique providentialiste, qu'elle soit chrétienne, nazie, athée, capitaliste. Ce qui me fait dire que Bernanos ne va pas assez loin, parlant du hasard comme "le dieu des imbéciles", car un chrétien doit savoir reconnaître Lucifer dans la roue de Fortune et ses rayons puissants.

    *Pourquoi Zemmour peut exprimer publiquement chaque samedi soir des idées qui ont valu récemment à Le Pen les foudres de l'Inquisition médiatique ? Cela dit presque tout de la société civile française depuis la Libération. Phénomène Zemmour-Le Pen analogue à la condamnation de Louis-Ferdinand C‚line pour propos antisémites et l'absolution des industriels de l'automobile et de l'aviation ayant pourtant mis leur polytechnique de mort au service de l'Allemagne nazie. Industriels actifs pour ce qui est d'exciter le patriotisme vindicatif, mais dont la seule patrie est l'argent.
  • Un peu de science pour tous

    "Un peu de Science éloigne de Dieu, beaucoup de Science en rapproche." Francis Bacon

    Lévi-Strauss prétend avoir lu Rousseau, et même Marx et Engels. Comme quoi faire semblant de lire est largement suffisant pour entrer à l'Académie française.

    Certains comparent même les chiantissimes spéculations de Lévi-Strauss à la prose de Jean-Jacques ?! Celà alors même qu'Engels a expliqué en long et en large que le bon sauvage de Rousseau n'a rien à voir avec une quelconque nostalgie d'un paradis perdu sous les Tropiques. Loin de Rousseau l'idée du retour à la terre, à la sauvagerie ou une quelconque crétinerie nitchéenne dans ce goût-là.

    Non, Rousseau IMAGINE une société qui évolue vers l'abolition des castes et des rapports de pouvoir. Rien à voir avec un écologiste qui pense que l'homme descend du singe ou autres bondieuseries laïques.

    De même je me pince quand j'entends dire par ce quantique crétin de L.S. que "la société commence avec l'interdit de l'inceste". Il a l'air d'ignorer que dans la société juive primitive, non seulement les rapports incestueux n'étaient pas prohibés mais ils étaient encouragés entre une père et ses très jeunes enfants. Et ce n'est que depuis peu que le code Napoléon (qui régit la République laïque) s'est décidé à réprimer directement l'inceste.

    En dehors des lois et des coutumes, ce mec ne pense pas qu'on puisse éprouver le besoin de coucher avec quelqu'un d'autre que sa propre fille ou sa propre soeur ?

  • La faute à qui ?

    Que ce soit pour les flétrir ou au contraire les tirer vers le paganisme, le XIXe siècle janséniste et libéral a fait de Rousseau et Voltaire des philosophes "panthéistes". Ils ne sont pas plus panthéistes que Newton, Leibnitz, Rabelais, Léonard, Dürer ou saint François d'Assise. Aujourd'hui on dirait qu'ils croient à un "dessein intelligent".

    En démontrant que le XIXe voue une haine "à Dieu ET aux Lumières du XVIIIe", Balzac (ou Villiers de l'Isle-Adam) ont paré le coup et révélé la collusion du jansénisme et du libéralisme. Contre les barbarins, Balzac et Villiers sont des remparts.

  • Nombrilisme

    Tout le monde a au moins une bonne raison de détester Céline - moi par exemple, c’est son jansénisme et son hygiénisme qui me débecquetent. Et en même temps, tout le monde a aussi une bonne raison d’aimer Céline. Puis il n’y a pas loin du jansénisme de Céline à son esprit rabelaisien, ou de son hygiénisme à son esprit “bohême”. En fait, il est de deux siècles à la fois, un homme du XVIIIe et un homme du XIXe superposés. C’est le secret des plus grands romanciers : le dédoublement. Chez Voltaire, chez Rousseau, chez Balzac, il y a ça. Proust, lui, au contraire, est monolithique, un produit manufacturé de son époque dont il ne révèle rien mais qu’il se contente d’exprimer. Le vrai nihilisme est là. Une poésie pour les temps à venir, Proust ? Je n’en crois rien : une poignée de cendres.

    *
    Même les analphabètes ont une bonne raison d’aimer Céline, vu qu’il leur fait gagner un maximum de pognon. Le magazine Lire, par exemple, spécialisé dans la littérature pour analphabètes, ne peut pas s’empêcher de publier un hors-série sur Céline, histoire de compenser la nullité de ses chroniques habituelles. Ils ont raclé les fonds de tiroir, revomi une vieille interviou truquée de Madeleine Chapsal, vieille peau distendue, puis retendue, puis redistendue… Céline, les derniers secrets : on dirait un titre de Détective ou de Paris-Match. Ça sent le scoop de journaliste raclé dans une poubelle ou négocié au ministère de l’Intérieur. Quand il s’agit de se foutre de la gueule du populo, il y en a qui ne reculent devant aucun moyen. Faut voir aussi le ton moralisateur que prennent les baveux de Lire pour reprocher entre parenthèses à Céline son antisémitisme tous les deux paragraphes, pareil que si on reprochait à un gamin de cinquante ans d’avoir volé un pot de confiture sur une étagère quand il en avait dix. Ce n’est pas “le grand pardon” mais “la grande rancune”. C’est le premier écrivain français “en conditionnelle”. Et après ça il y en a qui osent dire que la démocratie n’est pas “moralisatrice” ! Même Céline, le plus immoral d’entre tous : surtout pas d’alcool, ni de cigarettes.

  • Pour un art communiste

    Ce qui frappe d’emblée le profane chez Marx, à condition d’aborder ce pan plus discret, c’est la pertinence de sa critique littéraire. Le contraire d’un gugusse foutraque comme Sollers dont les seules lumières consistent à braquer les projecteurs sur sa rotonde personnalité et sa prose éthique (L’éthique du bourgeois est une enflure).
    Il faut ranger un tel fumiste du côté de l’obscurantisme romantique. Au moins Edern-Hallier avait ce geste classique de trier le bon grain de l’ivraie avec solennité, d’appeler un écrivain un écrivain et un maquignon un maquignon.
    Ainsi Marx résout la contradiction apparente entre un Rousseau “positiviste” et un Rousseau “païen”.
    Pour comprendre la façon dont le marxisme s’articule avec la Révolution française, d’ailleurs, la meilleure façon est sans doute de passer par la critique littéraire de Marx.
    Energique contempteur de la religion des Droits de l’homme, Marx a une façon d'envisager Rousseau ou Voltaire beaucoup plus nuancée. Candide, c'est "voyage au bout de la bourgeoisie".
    Pour Marx, Voltaire est fourvoyé dans une impasse, mais il est aussi le premier à s’en rendre compte, c’est-à-dire à explorer cette impasse. Chateaubriand, lui, n’est qu’un menteur, un fuyard. Tous les efforts de la critique bourgeoise consistent d’ailleurs à tenter de justifier les mensonges de Chateaubriand par des sophismes tels que : “Un artiste est forcément un menteur”. Non, l’artiste bourgeois est forcément un menteur : nuance.

    *

    Un autre aspect positif de Marx, c’est qu’il s’abstient de parler de peinture. La critique, qui contraste avec le journalisme, consiste aussi à ça. Marx est un esprit beaucoup trop “renaissant” pour broder sur des métiers qu’il ne connaît pas. Le contraste est saisissant avec Diderot, dont l’ignorance encyclopédique des tenants et des aboutissants de cet art solide, ne l’empêche pas de pisser des litres de copie afin de divertir la bourgeoisie.
    La différence entre Baudelaire et Diderot, c’est qu’au moins le premier fait des efforts pour comprendre, même s’il y a des contradictions chez Baudelaire, à commencer par son ami Delacroix, pas d’accord sur tout.
    Degas se mettait en rogne dès que Paul Valéry s’avisait de causer de peinture. Que resterait-il de Paul Valéry, si on le passait au tamis ?
    Et même Claudel s’est compromis à ce genre-là.

    Proust, cet imbécile heureux, ni critique ni peintre, n’hésite pas à s’en prendre carrément à Fromentin, critique et peintre. Comme si Sainte-Beuve ne suffisait pas ! On a parfois l’image exclusive du Philistin en bras de chemise qui pue la sueur et réside forcément dans un cul de basse-fosse. Proust est la version gazeuse et parfumée - démocratique - du Philistin. Ni images ni critères chez Proust, mais des stimuli et de la pataphysique. Le principe de “lire pour lire” ne dérange pas le bourgeois qui a l’éternité devant lui. Chirurgie esthétique, psychanalyse et euthanasie ne sont là que pour corriger les mensonges de la réalité, le temps, le progrès et la mort.

    *

    Reste à vaincre un léger paradoxe. Si Marx a l’honnêteté de ne pas parler de peinture, cet art n’en est pas moins l’art communiste par excellence. De fait c’est le plus populaire, celui qui permet la meilleure communication. C’est en tant qu’iconoclaste que le régime soviétique condamne Malévitch ; c’est tout à son honneur.
    Il faut prendre “populaire” dans le bon sens. Céline est un auteur “populaire”. Ne sont pas “populaires” Johnatan Littell, Harry Potter ou Simenon, au seul prétexte qu’ils sont faciles et bâclés.

    Tout ce qui relève en général presque exclusivement du procédé mécanique : le cinéma, la photographie, les romans d’Agatha Christie, ne relève pas de l’art populaire, ni de l’art du tout.

  • L'existentialisme est un onanisme

    Evelyn Waugh a écrit un seul roman existentialiste, L’épreuve de Gilbert Pinfold. Lorsqu’on le lit il se passe exactement la même chose que lorsqu’on lit les œuvres politiques de Rousseau (ou de J. de Maistre) : on étouffe un bâillement.

  • Brocante (3)

    Escales parmi les livres* : t’Serstevens a réussi trente ans plus tôt là où Charles Dantzig a échoué trente ans plus tard : un recueil de critique littéraire libre, truculente et impertinente. En effet Dantzig n’est ni truculent ni “recueilli”. Parfois impertinent seulement. Courbe descendante du progrès. Du cabotage littéraire de t’Serstevens au cabotinage de Dantzig.

    *

    Lege sed elige (Lis mais choisis), c’est la devise de t’Serstevens, qu’il n’a aucun scrupule à recopier sur un autre - éloge de la discipline et du style en littérature comme partout. Le même credo que Chardonne, mais une personnalité bien disctincte.
    On ne peut pas pousser les murs de sa bibliothèque, il faut donc toujours y faire de la place. T’Serstevens nous aide à nous débarrasser de quelques littérateurs inutiles, sans prendre de pincettes.
    C’est Buffon qui écope de la plus sévère raclée. Il en fait l’ancêtre de la science emphatique et inexacte - des évolutionnistes en quelque sorte. Éloge de Réaumur en revanche, modèle pour les créationnistes d’une science simple et désintéressée, qui ne vise pas d'applications prétendûment "pratiques".
    Voltaire en prend pour son grade aussi, et Béroalde de Verville, Casanova, l’orthographe, l’alexandrin, Romain Rolland, le romantisme, les frères Goncourt, Chateaubriand, Flaubert, même Pascal et Rousseau.

    Rousseau était-il si bête que t’Serstevens le dit ? Et était-il si sensible ? Personnellement je doute de la bêtise de Rousseau, malgré la naïveté de ses recettes politiques, et encore plus de la "sensibilité" du Genèvois, mais les arguments de t’Serstevens sont formulés de telle façon qu’ils touchent. Conclusion sur Rousseau :
    « Mais quelle langue ! déliée, souple, naturelle ! Rien de la redondance d’un Chateaubriand. Nul effort : un bonheur cursif, une musicalité tout intérieure. Tant de sincérité, d’abandon apparent, que c’est à peine si l’on peut parler de style.
    Mais le style, c’est cela. »


    *

    Comme j’ai avalé une cuillerée de Claudel pour me requinquer, et que je passai devant la maison de Mallarmé récemment, coincée entre une forteresse et un fleuve, voyons ce que dit t’Serstevens de ce genre de poète :

    MALLARMÉ

    … Aussi les plaintes et les larmes
    D’une enclume en travail d’enfant
    Fourniront d’attraits et de charmes
    Pour rendre un balai triomphant


    Ce n’est pas du Mallarmé, c’est du Berthelot, un facécieux poète du XVIIe siècle, qui intitule ce poème
    Gausserie.

    La chambre ancienne de l’hoir
    De maint riche mais chu trophée
    Ne serait pas même chauffée
    S’il survenait par le couloir.


    Cette fois c’est du sérieux, et c’est du Mallarmé.
    La bouffonnerie de l’un a le même ton que le lyrisme de l’autre.

    *

    Je l’ai baucoup admiré dans mes vingt ans, à pouvoir encore, aujourd’hui, me réciter par cœur la plupart de ses poèmes ; mais j’étais un peu sot, un peu snob, soumis à toutes les influences, et sans discernement, comme on l’est à cet âge. Je conçois bien que certains de ses vers ont la pureté et la sonorité limpide du cristal, que d’autres brassent la mordorure des nuages au couchant, ou révèlent une joaillerie inconnue des lapidaires ; mais que de préciosité dans la pensée et dans le verbe ! Que de fioritures et de rococo dans une syntaxe équivoque !
    Marque d’un temps, la Belle Époque, qui nous a donné les vases gélatineux de Gallé, les affiches en spaghetti de Mucha, les entrées du Métro, style place Saint-Michel, les majoliques flambées au parfum Pivert, et ces déformations du corps féminin qui faisaient dire à ma grand-mère, en voyant entrer une amie : « Bonjour ma tête ! mon cul viendra demain ! »


    *Aux Nouvelles Éditions Latines, rue Palatine, peut-être reste-t-il quelques exemplaires à la cave ?

  • Confessions intimes

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    J'ai fait un curieux rêve hier soir après avoir éteint la télé, feuilleté quelques pages d'un des cinq bouquins que je lis en alternance en ce moment, et m'être endormi sans effort. J'étais dans un vaste bureau en compagnie de Jean-Marie Le Pen. Il y avait un très beau Bouguereau accroché au mur. Tout indiquait dans ma posture, je me tenais assez raide sur une chaise, sur les genoux une serviette en cuir et sur l'oreille un crayon de bois, que j'avais été embauché comme secrétaire particulier par le Président du Front National. Pas depuis longtemps, parce que j'essayais de deviner en plissant les yeux les titres des bouquins dans les vitrines en attendant que le Président, penché sur une lettre, daigne m'adresser la parole.

    Je sais d'où vient ce rêve. Outre la confidence de Le Pen, l'autre jour, sur son manque de foi dans la construction européenne, j'ai retenu aussi qu'il s'apprête à écrire ses mémoires, pour régler des comptes personnels. Eh, eh, voilà qui est intéressant et qui nous change des bilans comptables et des estimations habituels. Déjà que je n'aime pas les chiffres, si en plus de ça ils sont bidonnés, je ne vois vraiment pas l'intérêt de se prendre la tête avec.

    Le Pen s'est raclé la gorge et m'a demandé quel titre je pouvais lui suggérer pour ses mémoires ? J'ai un peu bredouillé, vu que je m'attendais pas à cette question : « Pourquoi pas Les Confessions… comme saint Augustin et Jean-Jacques Rousseau ? »
    Il n'a pas eu l'air convaincu, ou alors c'est ma précision sur saint Augustin et J.-J. Rousseau qu'il a trouvée un peu impertinente ? J'ai essayé de me rattraper en disant que le coup de Rousseau, de faire planer la menace de révélations fracassantes et de ne publier ses mémoires qu'à titre posthume était génial, qu'il devait absolument l'imiter - qu'on pouvait même perfectionner l'idée…

    À ce moment-là, Marine est entrée en coup de vent, elle a traversé le bureau en trombe, elle a pris un dossier sur le bureau de son paternel, et elle est repartie aussi sec sans même m'accorder un regard… La suite du rêve m'échappe. La seule chose dont je sois sûr, c'est que ça se terminait pas en cauchemar.

  • La faute à Baudelaire

    Baudelaire et Gautier sont à la limite de ce qu'un profane peut écrire sur la peinture. Baudelaire en a conscience lorsqu'il écrit que la poésie est sans doute le seul biais pour exprimer quelque chose de juste sur la peinture. Néanmoins Baudelaire trouve sa légitimité dans son amour - sa passion même -, pour cet art, qu'il tient de son père. En quelque sorte il s'exprime toujours par hypothèses et se tient prêt à réviser son jugement sur une production dont il n'a qu'une vision extérieure fragmentaire.

    Baudelaire franchit la limite lorsqu'il opère une discrimination entre les peintres "dessinateurs" et les peintres "coloristes". Je souligne cette phrase typique : « Les grands coloristes dessinent par tempérament, presque à leur insu. (…) Leur méthode est analogue à la nature : ils dessinent parce qu'ils colorent. » C'est très poétique mais ça n'a aucun sens précis.

    La couleur n’est qu’un "effet" en peinture, il n’y a aucun peintre au panthéon des peintres dont l’art n’est pas fondé sur le dessin. En revanche, parmi ces génies, certains maîtrisent plus ou moins bien les effets de couleur, et à juste titre Baudelaire peut-il écrire que les tons de Michel-Ange sont criards ou faux (ce qui pour un sculpteur n'est guère étonnant). Rembrandt préfère jouer sur la lumière qu'il est capable de dessiner sans changer d'outil !

    C'est Rousseau qui a raison, condamnant ainsi par avance un impressionniste oisif et crédule comme Monet à rester dans l'Histoire comme un simple peintre expérimental. Ce qui compte aux yeux de l'Histoire, ce n'est pas d'avoir expérimenté mais d'avoir trouvé, n'en déplaise aux journalistes à la mode.

    Idem pour cette définition du peintre moderne que Baudelaire tente de forger. Il y a de beaux mouvements, mais la statue ne tient pas debout.

    Ici on ne peut pas s'empêcher de remarquer que c'est pour ces deux notions, la distinction entre "coloristes" et "dessinateurs" d'une part, et le "peintre moderne" d'autre part, que Baudelaire est surtout "reconnu" aujourd'hui en tant que critique. On a même quasiment érigé ces deux idées en dogmes, alors que Baudelaire est tout sauf dogmatique.

    Il faut bien comprendre que la production picturale est placée dans une situation d'infériorité par rapport à la production littéraire au sens le plus large et le plus vil, journalisme et philosophie inclus. Les peintres s'expriment essentiellement de manière abstraite. Leur sort est donc en partie entre les mains des littérateurs. Il dépend de leur intelligence et de leur honnêteté. Dans la société capitaliste, où la publicité joue un rôle déterminant, autant dire qu'il ne faut plus compter sur l'intelligence et l'honnêteté qui ont été reléguées dans les bibliothèques ou les musées.

    S'il y a bien quelque chose dont on ne peut faire le grief à Baudelaire c'est de s'être interposé entre le public et l'art pour tenter de sauver celui-ci. Ni d'avoir sonné le tocsin et tiré des fusées éclairantes quand la race maudite des libéraux avec leurs machines-outils ont pris le pouvoir. Il y a cette fameuse trilogie de Baudelaire, le prêtre, le soldat et le poète, en dehors de laquelle il n'y a pas de salut. Ça laisse songeur quand on voit comment les prêtres, les soldats et les poètes sont traités aujourd'hui par les marchands.