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Boycott des JO

Une fois n'est pas coutume, j'approuve Bernard-Henry Lévy de réclamer le boycott des JO. Comment peut-on prétendre à l'organisation de nations unies, tandis que de telles grand-messes sportives néo-nazies continuent d'être organisées, démenti le plus criant au prétexte humaniste de certaines de ces nations ?

- On découvre à cette occasion, en particulier quand ils se tiennent en hiver, que l'écologie est un des discours les plus hypocrites, puisque l'on n'hésite pas à défigurer la montagne pour le spectacle et le profit ; mais surtout, ce sont les mêmes médias qui prêchent l'écologie à la mode et incitent le public à regarder les JO ou à se rendre en masse aux urnes (le décorum patriotique de ces deux manifestations d'un minimum de conscience n'aura échappé à personne).

- Bien sûr il ne s'agit nullement à l'occasion des JO de faire l'éloge du sport et de la vie saine, comme dans les gymnases de l'antiquité, mais bien d'une culture totalitaire exemplaire, ajoutant à l'hitlérisme ou au stalinisme le culte de l'argent et une cause d'aliénation supplémentaire : la technique, l'efficacité et l'esprit de compétition sont bien les termes qui reviennent le plus souvent pour faire l'éloge de ces jeux olympiques, d'ailleurs aussi "jouissifs" que la spéculation boursière ou le casino. Une petite minorité de ces sous-hommes travestis en athlètes, manifestement dépourvus de volonté propre, à l'instar des jeunes guerriers ou des robots qui défendent les grandes démocraties bancaires, se réjouit d'être récompensée d'avoir triomphé d'une multitude d'adversaires.

- Moins encore que des prostituées, les jeunes sportifs entraînés à la compétition disposent de leur corps, puisqu'il est de notoriété publique que leurs parents ou leurs entraîneurs leur ôtent leur libre-arbitre dès le plus jeune âge afin d'en faire des fonctionnaires sans leur agrément (au sens où le sportif moderne, contrairement au gymnaste antique, est incité à s'accomplir dans une fonction ou une spécialité circonscrite).

- Quel meilleur moyen, en outre, de dissuader le plus largement d'une pratique classique vertueuse du sport, que d'en faire assurer la promotion par des sportifs dont l'imbécillité sera flagrante aux yeux de personnes moins conditionnées physiquement ? Cette dissociation de l'intellect et du corps, typique de la mentalité totalitaire, permet d'élargir la critique à une dimension que George Orwell, critique du totalitarisme avant BHL a mieux perçue que ce dernier - à savoir la contribution de l'intellectualisme au totalitarisme.

Il faut des soldats et des types compétitifs pour accomplir physiquement les génocides, mais ce sont toujours des intellectuels qui en sont les commanditaires ou les ordinateurs, qui "appuient" sur le bouton, comme on dit. Einstein, par exemple, qui a accompli un effort de justification du développement de la technique atomique, passe pour un intellectuel de génie, plutôt que pour un grand sportif. On se souvient que l'Ukraine a aussi souffert de l'argument du progrès atomique. Là où les intellectuels se trahissent, et font preuve de sentiments puérils très semblables à ceux de leurs "petites mains", c'est lorsqu'ils se décernent des titres ronflants et se distribuent des médailles entre eux. Les prix Nobel traduisent une inconscience de la part des intellectuels, comparable à celle des irresponsables qu'ils manipulent.

En comparaison des JO de Munich, organisés en 1936 par Adolf Hitler, on observe d'ailleurs une régression : les noirs n'étaient pas les bienvenus dans ces jeux occidentaux modernes, tandis qu'ils peuvent désormais plus largement se soumettre à cette forme d'esclavage alternative, destinée à blanchir tel ou tel régime militaire ou ploutocratique.

On comprend pourquoi le discours réactionnaire de Nitche ("C'était mieux avant !") revient en force aujourd'hui sous diverses formes : c'est presque un mécanisme culturel automatique - parce que le "désir d'avenir", slogan moderne ou totalitaire, qui flotte au-dessus de tous les régimes de cette sorte, afin pour les élites de sidérer les masses, le "désir d'avenir" a du plomb dans l'aile.

Un chrétien doit comprendre que l'anthropologie est une ruse de Satan (l'anthropologie se présente le plus souvent sous la forme de l'éthique judéo-chrétienne), afin d'inciter l'homme à chercher la liberté là où elle n'est pas, dans l'accomplissement de devoirs ou de performances sociales, dont l'effet libérateur est identique à celui du rêve ou de la drogue, de la gloire sportive, etc. Conduit dans l'impasse de l'avenir par des clercs judéo-chrétiens, le plus grand nombre des hommes, broyés par les roues de ce char, adopte une position rétrograde antichrétienne.

- A l'intérieur de la culture moderne occidentale, deux tendances se font la guerre, en même temps qu'elles se fécondent mutuellement et se complètent pour faire obstacle à la liberté. C'est pourquoi il n'y a pas de culture, ni d'art chrétiens : parce que, d'une manière ou d'une autre, que cet érotisme corresponde à celui, plus passif, de la femme, ou celui plus actif de l'homme, l'art est érotique tandis que du point de vue chrétien, élucidant l'interdit juif de l'art, la détermination érotique est une faiblesse.

- On observe que la subversion catholique romaine du christianisme, qui consiste à transgresser l'interdit de l'art est fondatrice de l'art moderne - et non pas comme le dit Nitche : l'art moderne décadent et masochiste est chrétien. Cet art moderne abstrait est mû par une détermination érotique féminine, c'est-à-dire nettement plus macabre que l'art païen antique.

- La rhétorique artistique moderne est mensongère (G.W.F. Hegel) : elle s'efforce de faire passer pour le sens de l'histoire, ce qui n'est en réalité que le vieillissement et la sclérose de l'art, manifestée dans l'expansion de la musique, art totalitaire par excellence, car le moins universel, en même temps qu'il est le plus susceptible de passer pour tel.

 

 

Commentaires

  • Je relisais l'Illiade ces derniers jours, qui se terminent par des olympiades comme tu le sais. Un commentaire?

  • Sport et musique sont sans doute pour Homère sur le même plan. Pour en dire plus, il me faudrait relire moi-même ce passage. Sur la guerre comme événement fondateur ou refondateur de la culture, il semble que "l'Iliade" n'a pas pris une ride, et que sur le sujet la littérature moderne est parfaitement superflue.

    - A propos du "Livre de Vie de l'Agneau", que tu as soumis à mon appréciation par le biais d'un lien ; grosso modo, son propos est proche de celui tenu sur ce blogue, à savoir qu'il faut se garder comme de la peste des interprétations et exégèses du nouveau testament de nature institutionnelle - le point de vue institutionnel est celui de la trahison du message évangélique, plus encore que l'antichristianisme.
    E. Swedenborg est encore un exemple de théologien qui tient à préciser en préambule qu'il n'appartient à aucune Eglise temporelle, ni latine, ni orientale, ni protestante, sachant à quel point le message évangélique remet en cause l'interprétation institutionnelle des prophètes. La cause des schismes, de la fornication, de toutes les sortes de péchés contre l'Esprit, est très largement institutionnelle ; on peut le comprendre ainsi : les hommes choisissent de s'abriter derrière des systèmes de lois éthiques qui leur paraissent plus sûrs que la promesse du salut. Ce faisant, ils sont ferments d'iniquité, et la colère du Messie est contre ces hommes qui se disent de dieu mais révèrent en secret Satan, et ordonnent de l'adorer.

    - Ce livre établit un lien entre le nombre de la bête, 666, et l'Eglise romaine. Je suis moins "direct", bien que les symboles et apanages du clergé romain sont effectivement en lien avec la bête, et n'ont rien de chrétiens (mitre, crosse, calotte, pourpre et écarlate des "seigneuries ecclésiastiques") ; le nombre de la bête, 666, est en effet aussi un "nombre d'homme", ce qui ne signifie pas qu'il désigne un homme en particulier, tel ou tel pontife romain, mais tous les hommes. Le 666 est donc significatif de la philosophie naturelle, c'est-à-dire de la philosophie qui tente d'entrer en relation avec le cosmos afin d'en déduire les meilleures lois sociales. L'Eglise romaine a bien un rapport étroit avec la philosophie naturelle, puisque pendant près de deux millénaires, elle s'est donnée pour mission d'en proposer une, en dépit de l'enseignement de la parole divine que la nature est porteuse du péché, et qu'il n'y a par conséquent rien de bon à en attendre spirituellement. La philosophie naturelle catholique romaine est de l'ordre de la science-fiction, c'est-à-dire de l'escroquerie intellectuelle, mais elle n'en est pas moins la plus répandue aujourd'hui dans le monde.

    - Je me suis intéressé à la partie cosmologique du Livre de l'Agneau ; Shakespeare est le meilleur défenseur de la cosmologie chrétienne, sachant l'oeuvre d'occultation du clergé romain, en raison de sa préoccupation de la philosophie naturelle.
    De fait l'apocalypse annonce non seulement le règne de l'amour pour les fidèles de dieu, mais aussi une révélation de la vérité cosmologique, terrain où la science humaine semble faire du surplace depuis des siècles, hésiter entre tel modèle algébrique spécieux ou tel autre, se tenir à de pseudo-expériences de calcul de vitesse de la lumière, etc. A Job qui se plaint du manque de générosité de son dieu, tandis que les païens reçoivent de la nature toutes sortes de dons, dieu répond que lui seul lui fera le don de la vérité à l'homme ignorant.

    Sur cet aspect cosmologique, j'ai été déçu par le "Livre de vie", même si on ne peut qu'être d'accord avec le fait que le monde technocratique totalitaire où nous sommes paraît conçu pour la plus grande aliénation de l'homme, c'est-à-dire sa soumission aux choses les moins essentielles. Je l'ai trouvé trop vague sur le sujet de l'affrontement des puissances cosmiques entre elles, que je m'efforce moi-même de mieux comprendre. Comme l'humanité est captive du temps, on peut comprendre la fin du temps comme la fin des souffrances que l'homme s'inflige à lui-même, du fait de sa bêtise et de son goût pour l'erreur, ainsi que de la cause matérielle de la vie, du temps et du hasard - soleil et lune sont frappés chacun d'un signe fatal dans la vision de Jean.
    La vue des hommes s'est brouillée au cours des siècles, ils ont perdu la compréhension des signes du ciel et des symboles au fur et à mesure que leur coeur s'emplissait d'orgueil et d'autosatisfaction - sur ce nous sommes d'accord, et sur le fait de se tenir prêt, d'éviter les vaines querelles dont les hommes remplissent leur existence en croyant qu'elles sonneront ainsi moins creux.

  • Courses de char, lutte, tir à l'arc, etc. se situent à la fin entre la mort et les funérailles de Patrocle côté grec et celles d'Hector côté troyen. Ce sont les avant-derniers chants, le dernier étant consacré aux funérailles d'Hector, donc.
    Je vois deux choses qui nous opposent à ces Grecs, d'abord ils s'en remettent aux dieux quant aux sort des armes, ensuite ils jouent après s'être entretués. "Nous" faisons exactement l'inverse, c'est dire que nous agissons comme des bêtes privées d'esprit.

    Le Livre de l'Agneau m'est tombé des mains concernant la partie cosmologique justement (tous ces schémas, ces diagrammes). L'explication des fables grecques par Bacon me semble de beaucoup plus proche de la vérité.

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