"La politique m'apparaît comme une sinistre rigolade." Simone Weil.
La politique au stade totalitaire où nous sommes rendus a en effet une dimension "bouffonne" proche de la physique quantique (dont S. Weil a dénoncé par ailleurs l'ineptie). Cette dimension bouffonne n'enlève rien à la férocité du totalitarisme nazi, communiste ou démocrate-chrétien.
Et ce n'est pas faute d'avoir essayé, car Simone Weil s'est jetée à peu près dans toutes les impasses idéologiques, progressistes comme réactionnaires, avant de faire ce constat.
Au stade totalitaire, l'homme politique est un démagogue qui manipule les foules, mais qui n'a lui-même que peu de prise sur les domaines où il prétend régner. Qu'est-ce que Hitler en comparaison de la puissance technologique de l'Allemagne et son besoin d'expansion ? Lorsque Lénine compare a posteriori son gouvernement à celui de Louis XIV, également meurtrier et absolutiste, n'est-ce pas une façon de mesurer sa faible marge d'action ?
La foi chrétienne rend particulièrement lucide sur les oeuvres humaines, politiques ou artistiques : leur inachèvement, leur imperfection, leur conditionnement par le péché...
La foi chrétienne rend aussi particulièrement attentif et hostile à cette tentative de vider la foi de son sens, qui se nomme "démocratie-chrétienne" et ne fait que prolonger la doctrine satanique du salut par les oeuvres. L'apostasie sort du sein de l'Eglise comme le pharisaïsme est sorti du clergé juif.
Commentaires
Il est vrai que il y a quelque chose de pathétique de voir nos dirigeants rattrapés par le réel, la vérité et qui ne trouvent pas d'autre moyen pour y échapper que de continuer dans la fuite en avant. Mais d'un autre côté, ils n'en deviennent que plus cruels encore, comme une bête blessée.
Je découvre, bien trop tard, le billet "Autour du nombre 666", qui m'aurait inspiré ce commentaire.
C'est en vain que Tresmontant avait expliqué, dans une traduction et dans plusieurs articles, la vraie nature du livre biblique de l'Apocalypse, qui ne concerne en rien la fin du monde ou la fin des temps, mais simplement la destruction de Jérusalem par les armées de Vespasien et de Titus, destruction évoquée dans un langage chiffré qu'il estimait analogue à celui qui s'impose pour communiquer sans être compris par les troupes du tyran, dans les périodes de persécutions.
C'est en vain aussi qu'il avait, au passage, trouvé la solution de l'énigme du 666, solution rappelée dans une des chroniques rassemblées sous le titre *Problèmes de notre temps* :
"Le livre de l'Apocalypse s'explique fort bien si l'on étudie le contexte historique des années 50-70, avec la sinistre dynastie des Hérodes, collaborateurs et massacreurs. Hôrôdôs, en hébreu, s'écrit avec trois *wauw*. Le *wauw* hébreu vaut 6. Par conséquent, en hébreu, Hôrôdôs s'écrit H6R6D6S. C'est le nom aux trois 6."
La vérité est moins séduisante que le délire hollywoodien, sans doute parce qu'elle offre moins de prise à l'imagination.
On peut évidemment préférer les développements à la manière du pittoresque site "Bible et nombres", développements qui rivalisent avec les obsessions numérologiques d'Abellio et de son sénaire.
Le débat a lieu depuis l'origine du christianisme de savoir si la vision apocalyptique de Jean a une valeur limitée aux premières années de l'Eglise ou si elle a une portée plus large.
Je penche nettement pour la deuxième interprétation, pour plusieurs raisons : la principale est que l'apocalypse de Jean coïncide avec celle de l'Apôtre (Paul). Les chrétiens qui négligent l'apocalypse de Jean, négligent en général aussi l'enseignement de Paul (qui dissuade de croire que l'on peut obtenir le Salut en accomplissant de "bonnes oeuvres").
- Une autre raison est que l'apocalypse de Jean a le caractère symbolique ou mythologique, qui est "conservatoire". Autrement dit, on ne voit pas bien pourquoi la vision de Jean annoncerait un événement proche d'une manière symbolique, difficile à comprendre ("bête de la mer", "bête de la terre"). La vision du prophète Daniel décrit aussi des événements à très long terme à l'échelle humaine, qui présente de nombreuses analogies avec la vision de Jean.
Pour ces raisons je ne crois pas que le nombre 666 désigne un homme en particulier, bien qu'il soit tentant comme cela a été fait pendant des siècles de démasquer tel ou tel : Hérode, Néron, Hitler...
Je penche du côté des interprètes qui voient dans le nombre 666 l'indication d'une DETERMINATION humaine. Comme je l'explique dans un petit essai, l'oeuvre à caractère mythologique de Shakespeare dévoile la signification du nombre 666, "qui est un nombre d'homme", tout spécialement "Roméo & Juliette".