Donald Trump et son équipe semblent accomplir sous nos yeux le rêve des Gilets jaunes de démantèlement de "l'Etat profond". La grève des Gilets jaunes est un événement historique dans la mesure où elle a montré qu'une majorité de Français se situe à l'extérieur de l'Etat, piétinant par conséquent la théorie totalitaire de "l'Etat de droit".
Le confinement suivant la grève des Gilets jaunes a montré comment les élites dirigeantes s'affranchissent elles-mêmes de "l'Etat de droit" : en décrétant l'état d'urgence. Tout juriste honnête dans ce pays devrait dénoncer la théorie de "l'Etat de droit", qui est la porte ouverte à l'arbitraire et au coup d'Etat ; ce n'est pas un hasard si les constituants de la Ve République sont eux-mêmes parvenus au pouvoir à la faveur d'une manoeuvre illégale, un coup d'Etat mou instaurant une dictature molle, à laquelle seul le mouvement de "Mai 68" s'opposa, cinquante ans avant la grève des Gilets.
D'une théorie totalitaire -l'Etat de droit- ne peut découler que l'anarchie, sous la forme de l'arbitraire des élites. Il serait vain de dire si ce sont plutôt les élites de gauche ou de droite qui ont tué l'Etat en se l'appropriant.
L'effort de Donald Trump et Elon Musk doit logiquement provoquer une crise financière, car l'Etat profond et le système financier sont étroitement liés. Donald Trump agit comme s'il voulait inverser le cours de l'économie capitaliste. Compte tenu de l'état de délabrement de l'économie américaine, il n'a probablement pas d'autre choix.
C'est à peu près la proposition économique de la France insoumise en France, mais aussi la promesse du candidat Emmanuel Macron, qu'il n'a jamais pu tenir. Je mentionne la similarité des politiques économiques de Trump, Mélenchon et Macron, histoire de dire que si les programmes idéologiques sont "de droite" ou "de gauche", les politiques capitalistes sont, elles, sans étiquettes.
Du point de vue marxiste, l'économie capitaliste est irrationnelle ou elle n'est pas.
Un des effets les plus visibles de cette irrationalité depuis le début du XXe siècle est l'alternance de périodes d'euphorie et de dépression, que le darwinisme libéral ou socialiste, au niveau de la propagande, se fait fort de présenter comme un cycle vertueux.
L'effort de rationalisation du capitalisme se heurte nécessairement à l'esprit irrationnel du capitalisme, qui a contaminé la technocratie et l'Etat. Cette irrationalité est flagrante au stade de l'assignation à résidence de tout un pays pour préserver le bon fonctionnement d'un service public déjà dysfonctionnel depuis des lustres, gangrené par la bureaucratie.
L'échec sur toute la ligne d'E. Macron tient à la nature de l'Etat profond français, son enracinement très large dans la société française, malgré sa pourriture. Le mouvement des Gilets jaunes est presque "macroniste", dans la mesure où c'est un large mouvement de prise de conscience de la pourriture de l'Etat.
Je suis Gilets jaunes car c'est un mouvement qui se situe à l'extérieur d'un Etat inerte, contrairement aux partis de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, qui ne peuvent mathématiquement pas se situer à l'extérieur de l'Etat, mais ne peuvent que promettre à leurs partisans, comme Emmanuel Macron avant eux, de le réformer de l'intérieur.
Mélenchon et ses partisans agitent la menace du fascisme, c'est-à-dire du FN ; Le Pen et ses partisans agitent la menace de l'islamo-gauchisme, c'est-à-dire de Mélenchon. Un troisième candidat plus malin, qui agiterait la menace du désordre causé par la jeune génération et les jeunes actifs, des mélenchoniens aux lepénistes, en passant par les Gilets jaunes, pourrait bien en profiter, compte tenu du dispositif électoral.
Je suis Gilets jaunes car les Gilets jaunes agitent la menace que font peser les élites françaises sur les Français. Cette menace est désormais une menace de guerre intensive, voire nucléaire. La guerre a frappé l'Ukraine en raison de l'absence de souveraineté de cette zone frontalière, réduite à peu près à une force armée par l'attaque russe de 2014, d'une part, et les conseillers militaires de la CIA d'autre part.
Le retrait des conseillers militaires de la CIA met en lumière que le pôle de direction technocratique de l'Union européenne n'est pas plus "souverain" que l'Ukraine. C'est ici que réside le danger d'une guerre étendue, dans la volonté des élites de forger l'Etat européen en voie de délitement dans la guerre.