L'hypothèque bancaire actuelle fait que les médiats -y compris ceux qui roulent ouvertement pour Sarkozy-, traitent Cuba avec moins de mépris ou d'indignation feinte qu'il y a un an ou deux. L'urgence est d'un seul coup beaucoup moins grande de se rebeller contre une dictature qui prive ses sujets d'écrans plasma dans le salon et de taux d'intérêt défiant toute concurrence pour construire couple et famille sur des bases immobilières plus sérieuses qu'un air de salsa.
Cohn-Bendit, petit tailleur d'idées toutes faites pour bobos, retourne sa veste au Capital qui porte désormais la marque "Décroissance et Pudeur".
Peut-être est-on curieux de savoir comment on vit dans un régime fondé sur l'idéal, quand on se prépare soi-même à être sevré bientôt d'or noir et de la sueur et du sang d'esclaves aussi lointains que ravis -nous dit "Le Figaro"- de s'enrichir grâce à nous ?
Le rappel que le principal boulevard à putes de La Havane est tout de même une fière idée des colons yankis est le seul clin-d'oeil discret adressé au téléspectateur de "M6", qui diffuse le reportage que je regarde. Mais c'est un autre détail qui me choque : la caméra montre un type qui exerce un métier traditionnel cubain : lecteur public ; il lit au micro des bouquins à des rangées d'ouvrières qui roulent en tirant la langue des cigares de luxe. Aussi désuet mais charmant que la lecture au réfectoire des derniers monastères. Or ce préposé à la culture populaire lit quoi ? Guy de Maupassant ! C'est-à-dire à peu près le genre de littérature du goût de la bourgeoise française moyenne !? Je crois même me rappeler que Maupassant est l'écrivain préféré de Giscard-d'Estaing, avec le résultat qu'on sait. Non mais où Fidel Castro a-t-il la tête ? Le culte de la littérature pornographique française n'est pourtant pas le genre de Marx et Engels.
Cela dit j'ai déjà entendu dans des réfectoires d'abbayes des lectures encore plus vaines que ça ; la "Vie de Saint Dominique" par Lacordaire, par exemple, tissu de dévôtes conneries espagnoles.