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napoleon

  • Balzac contre le Monde

    Comment un type aussi mondain, aussi gonflé d'illusions qu'Honoré de Balzac, a-t-il pu produire un monument littéraire, la Comédie humaine, qui contribue aussi peu à la gloire du monde et de la bourgeoisie ? C'est à peu près l'angle d'étude choisi par Stéphane Zweig dans sa célèbre biographie intitulée, "Balzac ou le Roman de sa vie". Le génie de Balzac repose sur un paradoxe : comment un homme aussi optimiste, dont l'optimisme écoeura jusqu'à ses amis les plus proches, a-t-il pu produire autant de chefs-d'oeuvre inoubliables ?

    L'optimisme permet en effet de gagner trente-six fois de suite le tournoi de Roland-Garros, de devenir multi-millionnaire en quelques mois, de participer à la fabrication de la bombe A, de gravir les treize sommets les plus élevés du globe en six mois... toutes choses que l'on s'attend à voir un type plein d'entrain comme Balzac accomplir ; mais, si l'optimisme est le carburant de la performance, il ne permet pas de produire une oeuvre d'art, quelque chose d'utile à la société, comme la boussole, l'hygiène médicale ou la littérature, qui permet à l'humanité de se connaître elle-même, dans sa bassesse comme dans son héroïsme, et ainsi de progresser.

    Zweig nous fait partager sa stupeur devant un tel phénomène ; les meilleurs amis de Balzac, et les quelques femmes qui l'aimèrent, furent les témoins effarés de cette monstruosité. Sans doute y a-t-il toujours quelque chose de monstrueux dans le génie authentique : la pudeur excessive des femmes, qu'elle soit innée ou l'effet de l'éducation, les empêche d'être des artistes véritables ; chez les quelques femmes qui le furent néanmoins, s'affranchissant des réflexes de leur espèce, on trouve une audace inhabituelle. George Sand donne presque toujours le conseil à son ami Flaubert de ne pas prendre de risque, et Flaubert était pourtant loin de foncer tête baissée en avant comme Balzac !

    Les relations amoureuses de Balzac, presque toujours avec des femmes mariées issues de l'aristocratie, évoquent donc le conte de "La Belle et la Bête". Balzac ne cherchait pas la grâce dans la beauté physique, mais dans l'origine aristocratique de ses conquêtes.

    Balzac est un génie paradoxal, une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, moine discipliné la nuit, enfermé dans son cabinet de travail avec plumes, encre et papier, distillant la vendange des choses vues à la lumière du jour, et spéculateur fou et imbécile le jour. Zweig suggère que la niaiserie de Balzac était peut-être due à l'extrême concentration dont il faisait preuve au cours de ses heures de veille. Balzac n'a pas plus de moralité qu'un marin breton ou qu'un prêtre catholique ; il progresse en tirant des bords extrêmes, et lorsqu'il n'aura plus la force physique de ce grand écart, il s'éteindra au seuil de la comtesse de Hanska, qu'il se représentait comme un havre de paix, une femme-giron ; cette grande dame par la taille de son arbre généalogique était flattée du désir d'une telle comète pour sa personne assez insignifiante, bien que très titrée. Il faut dire que Balzac était parvenu au sommet de la gloire, à l'échelle de l'Europe, pour ne pas dire du monde, en un temps où les romanciers étaient encore considérés comme des philosophes.

    Au contraire des femmes qui partagèrent la vie agitée de l'homme Balzac, ses lecteurs aiment la lucidité de son regard ; du moins est-ce le cas de Zweig, de Barbey d'Aurevilly, de Karl Marx, de Paul Bourget... de tous les lecteurs capables d'établir entre les romans d'Alexandre Dumas et ceux de Balzac une hiérarchie. Eugène Delacroix se demandait comment son ami A. Dumas pouvait écrire des choses aussi niaises ? La réponse tombe sous le sens : parce que Dumas ne se préoccupait pas d'art, mais de vivre. La seule ambition de Dumas était de jouir de ses rentes.

    Zweig note qu'avec les années, à force d'accumuler les expériences le plus souvent pénibles, les romans de Balzac sont de plus en plus crus, et leur tonalité sentimentale parfois exaspérante s'estompe.

    On doit voir Balzac comme un entrepreneur de littérature à ses débuts, et non comme un apprenti-poète à l'instar de Flaubert. La comparaison avec Flaubert, qui n'est pas dans Zweig, permet de mieux comprendre Balzac au plan de la méthode. Balzac procède presque d'un empirisme pur ; il n'a pour ainsi dire pas de modèle : Corneille et Racine sont avant tout synonymes de gloire à ses yeux. Il tâchera en vain d'en imiter les vers. Le véritable modèle de Balzac, c'est... Napoléon - c'est-à-dire un modèle d'entêtement et de volonté. Napoléon, qui n'a jamais ajouté à l'art ou à l'intelligence humaine, qui fascine mais n'intéresse personne. La gloire posthume de Napoléon s'ancre dans la bêtise humaine, qui prendra au XXe siècle des proportions tragiques (conduisant d'ailleurs S. Zweig au suicide).

    L'admiration de Balzac pour l'ambition de Napoléon permet de souligner un autre aspect du paradoxe balzacien : alors que sera reconnu à Balzac le talent de peintre d'Histoire, il écrit dans la langue d'un peuple qui méprise l'Histoire, lui préférant les récits épiques dans des décors de carton-pâte, préfigurant le cinéma et le roman nationaliste. Suivant cette fantaisie bien française, Balzac remisera cette admiration enfantine pour Napoléon au profit de convictions légitimistes tout aussi fantaisistes, mais plus propres à servir ses ambitions amoureuses.

    Flaubert, quant à lui, a Goethe dans le viseur, et se retiendra de publier quoi que ce soit qui ne soit pas digne de son ambition artistique ; il n'a pas le même besoin de s'émanciper par l'argent que son aîné, ce besoin qui poursuivra Balzac toute sa vie, le rendra le plus souvent malheureux, mais aura pour effet de cravacher sa volonté.

    Mais, au stade de la préface de la Comédie humaine, ce n'est plus le même Balzac que le Balzac inexpérimenté et brouillon des débuts ; il n'a toujours pas de style, mais au moins il a une oeuvre, universellement reconnue.

    L'effort de Balzac pour devenir millionnaire ET un grand homme de lettres, simultanément, a transformé son existence en fuite haletante, entrecoupée de plages d'un travail nocturne harassant. Mais B. était conscient que l'on ne peut pas creuser profondément deux sillons en même temps, et il avait choisi le sillon de la littérature, sans arriver à se défaire du vice capitaliste de la spéculation, véritable aspiration au néant.

    Selon Zweig, Balzac aurait été richissime s'il s'était sérieusement attelé à ses affaires au lieu de se dédoubler, car il avait un certain flair, et d'autres, plus appliqués, sur ses intuitions ont bâti des fortunes. Il est certain que l'argent ne pouvait suffire à combler l'esprit d'un Balzac comme il comble celui d'un Bernard Arnault, d'un Bill Gates ou d'un Elon Musk.

    Le dilettantisme de Balzac dans le domaine des affaires se retrouve dans le domaine amoureux. On l'a décrit comme soumis, servile même en face des femmes ; la réalité est que Balzac a surtout cherché à séduire des femmes sensibles aux flatteries. Balzac endosse le costume de l'amoureux chevaleresque avec plus ou moins d'habileté, pour le besoin de sa cause amoureuse.

    La comtesse ukrainienne Hanska est sa dulcinée du Toboso, à peine moins idéalisée. Elle est exotique, aristocrate, riche, elle a lu ses romans, reconnu son génie : c'est là bien plus qu'il n'en faut pour que la cristallisation ait lieu. Leur amour semble artificiel ? Qu'y a-t-il de plus artificiel que l'amour, qui tienne plus à un détail ? Du reste les obstacles et la distance qui séparent Balzac de l'épouse du comte de Hanski le rapprochent de son oeuvre ; ces obstacles rapprochent aussi la baronne d'un désoeuvrement qui était peut-être aussi... existentiel.

    Balzac se sait possédé, par le désir de s'enrichir, de conquérir de riches aristocrates, mais il n'a pas fait pas de cette possession tout un fromage, comme d'autres écrivains secondaires, Proust ou Barbey d'Aurevilly. Il en a fait de bonnes nouvelles, comme "La Peau de Chagrin".

    Avant d'atteindre la veine réaliste où il s'épanouit, Balzac a donné dans le genre putassier le plus rentable, le genre que les éditeurs, qui sont les maquignons des lettres, attendaient déjà au XIXe siècle. Mais, là encore, dès qu'il l'a pu, Balzac a quitté le trottoir pour se mettre tant bien que mal à son compte, se hisser jusqu'à une littérature honorable. Là encore la petitesse de ses débuts s'explique par un milieu social moins favorable que celui de Flaubert, une mère qui veut le faire fonctionnaire ou notaire à tout prix. Balzac a fait le trottoir pour échapper à sa mère. Peut-être est-on trop sévère avec elle ? Quand les mères ne se débarrassent pas de leur fils, comme fit Mme Balzac-mère en plaçant Honoré chez une nourrice, puis en pension, elles ont tendance à les étouffer, à en faire de petits chiens d'appartement.

    Balzac a eu maintes fois l'occasion de se suicider, au cours de son existence : s'il n'en a rien fait, surtout dans les jeunes années, c'est peut-être grâce à l'extraordinaire résilience, procurée indirectement par cette mère maladroite, quasiment honteuse de son rejeton, semble-t-il.

    La tâche de Zweig n'était pas mince, au moins aussi ardue que celle de Rodin, cherchant à représenter le grand homme dans une sculpture, qui a souligné de Balzac l'aspect monstrueux de sa personnalité.

    La démarche de Zweig est analogue à celle de S. Freud explorant l'oeuvre de Shakespeare, mais, contrairement à Freud, Zweig n'a pas cherché à faire coïncider Balzac avec ses préjugés. En outre, Balzac et son oeuvre constituent non seulement un terrain d'étude psychologique exceptionnel, mais ils permettent de pénétrer plus largement le XIXe siècle. L'Histoire ne permet pas de retourner dans le passé, elle permet de comprendre ce passé mieux que la plupart des hommes qui y ont vécu. Quel recul Napoléon avait-il sur son temps ?

    NB : Ajoutons au crédit de Zweig qu'il a su faire dans la Comédie humaine, dont il est globalement très admiratif, le tri entre le très bon, le bon et le mauvais (harcelé par ses créanciers, Balzac pouvait bâcler la seconde moitié d'un roman pour honorer une commande). C'est donc un bon guide de lecture pour ceux qui n'aiment pas s'en remettre au hasard.

    (Chronique pour la revue littéraire Z)

  • Napoléon = Hitler

    L'apologie de Napoléon est l'apologie licite de Hitler. Or, si le brigandage est illicite, les plus grands massacres perpétrés par le genre humain contre lui-même ont revêtu les formes légales.

    On trouve ici l'explication de la menace que l'histoire et Shakespeare représentent pour les élites et leurs opérations de blanchiment.

  • Dans la Matrice

    Tel ou tel tyran moderne (Napoléon), ou encore quelque éminence grise, ont pu faire en aparté la remarque du dommage causé par l'athéisme en matière d'ordre public, autrement dit du bénéfice de l'idolâtrie afin d'intimer le respect des institutions et leurs principaux actionnaires aux masses populaires.

    La Révolution française et la mise à mal d'un culte providentiel renforçant l'autorité de l'Etat peut ainsi apparaître, du point de vue élitiste, comme un coup porté à l'ordre pyramidal. Toute l'astuce de la bourgeoisie en matière culturelle a consisté à ériger une morale de l'homme équivalente de l'idôlatrie précédente, ou encore un existentialisme moderne, dans le prolongement du providentialisme de l'ancien régime. On voit d'ailleurs que la définition de l'homme devant laquelle le citoyen moderne doit s'incliner, non seulement est proche du robot (corvéable à merci), mais que cette définition incombe aux scribes et aux hommes d'élites. La démocratie est une prescription élitiste. Oedipe n'est plus seulement tyran, il a gravi un échelon supplémentaire pour se hisser à la hauteur du sphinx.

  • Etat est mort !

    La décomposition des organes de l'Etat à laquelle on assiste est dans le prolongement de la mort de dieu, déplorée par Napoléon ou Nitche.

    L'Etat providentiel ne pouvait en effet se passer du préalable d'un dieu providentiel, distribuant fortune et  biens "au hasard", c'est-à-dire selon une méthode dont un esprit scientifique et qui cherche à élucider l'enchevêtrement des causes naturelles, ne peut prendre comme le fruit du savoir, mais comme celui de l'ignorance ; une ignorance consolidée par les mathématiques modernes des allemands Descartes ou Einstein.

    Clairvoyant, Bernanos l'est quand il fustige le hasard comme "le dieu des imbéciles": effectivement, si le dieu des chrétiens est "inexploitable", il ne se refuse pas à être connu de l'homme selon l'apôtre Paul ; mais Bernanos manque de discernement en oubliant de mentionner l'important effort du clergé romain pour ramener dieu à une force providentielle fondamentalement inique. Dont l'iniquité a passé dans l'Etat, et que l'idéal démocratique ne fait qu'agraver en la dissimulant.

    Le hasard est la limite traditionnellement assignée par le clergé ou les élites à la science, comme une frontière au-delà de laquelle le clergé perd sa fonction de direction de conscience. Le hasard est aussi le dieu des cinéastes, c'est-à-dire des artisans de l'architecture la plus superflue, où la culture se confond avec le voeu pieu. 

    En même temps qu'elles la déplorent, les élites font fi de leur importante contribution à cette ruine pour chercher des boucs émissaires et fuir leur responsabilité : juifs, chrétiens, anarchistes, etc. La volonté humaine la plus faible cherche à éliminer tout ce qui la contredit, pour tenter de se raffermir.

    La décomposition de l'Etat et de sa matrice romaine doit laisser le chrétien impassible, ainsi que Hamlet dans le Danemark. Sachant que l'Etat, comme n'importe quel corps physique, est prédestiné à s'étioler et à pourrir. L'Etat et ses actionnaires ne connaissent d'ailleurs pas d'autre remède ultime que la guerre ou la conquête pour prévenir le pourrissement de leurs organes, car l'Etat n'est, comme la nature qu'il imite, qu'un buveur de sang. La sueur des plus désintéressés ou des plus fous dans les périodes dites "de paix", le sang quand la sueur ne suffit plus.

    L'homme, dit le Messie, n'est victime que de lui-même et de sa propre bêtise, et la mort sacrée seulement parce qu'il s'y plie à l'avance tout au long de son existence.

  • Le Chat de Schrödinger

    La mystification scientifique est de toutes les époques. Ne pas la soupçonner dans le temps où nous sommes est faire preuve d'une grande arrogance, ou bien d'une grande faiblesse, celle-là même que l'arrogance dissimule, comme on voit tel chef d'Etat à la voix de fausset s'entraîner à parler caverneux.

    Une certitude scientifique: la science moderne est entièrement coupée de l'humaniste occidental, dans la mesure où celui-ci n'accorde aux applications pratiques de la science qu'une faible signification scientifique.

    Le propos de l'humanisme est de souligner qu'il n'y a pas de science sans métaphysique ou conscience. La culture technologique moderne ne dérive pas de l'humanisme, mais de la science la plus cléricale du XVIIe siècle, contrairement aux dires des médiocres manuels scolaires républicains, à peu près au niveau de la légende dorée des saints catholiques romains en ce qui concerne les figures emblématiques du XVIIe siècle, où, nous disent ensemble tous les propagandistes de la foi moderniste, le monde est passé des ténèbres à la lumière.

    Il faut bien relier cette question avec celle de Dieu. Suivant la déploration de Nitche : "Dieu est mort.", bien mal traduite par les disciples aussi disparates que loufoques de cet antiprophète, puisqu'elle exprime le regret que le dieu des élites soit mort, c'est-à-dire que le monde moderne l'ait tué, faisant perdre ainsi aux élites le suprême moyen de légitimation. Napoléon exprime le regret similaire de ne pouvoir persuader le peuple qu'il descend de Vénus comme César, et non d'une bonne femme corse, nonobstant la dévotion oedipienne de tout tyran pour sa mère.

    En effet le prolongement de dieu, son nouveau nom, c'est la science technologique. L'homme bionique n'est pas un futurisme, c'est l'effet du conditionnement technologique passé ou présent sur l'homme moderne. Bien des produits de la technologie moderne ne visent pas un rôle de satisfaction des besoins vitaux primaires, mais vous attachent, à supposer que vous en soyez l'esclave, en tant que porteurs d'espoir, ainsi que le vase de Pandore, symbole de toutes les productions humaines débiles ou insignifiantes. L'espoir, que d'autres païens nomment encore "culture de vie", est l'effet thérapeutique principal du discours religieux. Si Satan a lieu de se réjouir d'être ainsi transposé dans des gadgets technologiques, j'incline à penser comme Nitche que ce n'est pas le cas, mais ce n'est pas la question ici.

    J'ai trouvé ça dans une gazette, la "Quinzaine littéraire" (n°1076), à propos d'un récent bouquin intitulé "Le Chat de Schrödinger", par Philippe Forest.

    "Ce scientifique autrichien [Schrödinger] a mis au point un exemple pour tenter d'exprimer ses réserves vis-à-vis de la physique quantique (qui s'intéresse aux particules et à l'infiniment petit]. Il envisage une expérience où un chat enfermé dans une boîte serait mis à mort par un procédé radio-actif produisant la désintégration d'un atome, si bien que, selon la physique quantique, pendant quelques instants l'atome doit être considéré en même temps comme étant et n'étant pas désintégré, et l'animal comme à la fois mort et vivant. Les conditions de réalisation d'une telle expérience sont si délicates que c'est surtout une expérience de pensée.

    Pour S., il ne fait aucun doute qu'un chat ne peut pas être en même temps mort et vivant. Cela signifie que le calcul probabiliste sur les particules, s'il a bien une vertu prédictive, n'infirme pas toute conception raisonnable d'une réalité à l'intérieur de laquelle aucune chose ne peut être à la fois elle-même et son contraire."

    Et le plumitif de la "Quinzaine" d'ajouter : "Sans remettre en cause la validité et le sérieux des recherches scientifiques, Philippe Forest constate que la pensée humaine, dans tous les domaines, fabrique de petites fictions pour mieux tenter d'approcher ou d'expliciter le réel."

    On peut constater ici jusqu'où va le scepticisme du savant moderne, puisqu'il doute qu'un chat puisse être mort et vivant en même temps. Il néglige l'hypothèse du fantôme ou de la réincarnation, que la physique quantique entraîne plus audacieusement à concevoir. Et si nous allions tous au paradis, comme les particules élémentaires ?

    Plus sérieusement, je relève quelques points : l'expression "expérience de pensée" est à la fois judicieuse et nous ramène ne même temps à la métempsycose. Bon nombre d'expériences scientifiques modernes peuvent être qualifiées "d'expériences de pensée", et non seulement le fait d'agiter vivement des particules pour chercher le boson de machin-bidule-truc-chouette aux frais du contribuable. Un cas typique : l'attraction de Newton. Les moyens n'existant pas de sonder le coeur de la terre au-delà de son épiderme pour en extraire la matière attractive, Newton doit bien en passer largement par une "expérience de pensée". Ajoutons que bien des hypothèses religieuses relèvent de ce qu'on peut appeler "l'expérience de pensée". Si la science moderne, qui se veut "expérimentale" d'abord et surtout, est fondée principalement sur des expériences qui sont des démonstrations déductives, alors cette science est religieuse. L'idée de "vertu prédictive" vient renforcer cette présomption, car ce qui est prédictif sans être historique, ou annoncer comme Cassandre une mort certaine, c'est l'espoir infini, qui a lui aussi une signification religieuse.

    L'expérimentation de certains savants, matérialistes notamment, est conçue à l'inverse de ce type "d'expérience de pensée". Il s'agit de ne pas examiner la matière sous l'angle exclusif de son potentiel physique, afin de ne pas s'empêcher de répondre à la question du début de la matière et de sa disparition éventuelle autrement que par un théorie impossible à vérifier expérimentalement. L'expérience de pensée n'infirme pas la métaphysique, c'est-à-dire l'idée que tout n'est pas exploitable et soumis à l'exploitation en raison du potentiel, par l'expérience ; elle l'exclut théoriquement. C'est-à-dire qu'un telle méthode revient à placer la culture au même niveau que la nature physique, puis progressivement au-dessus de la nature elle-même, pour atteindre le paradoxe que Schrödinger soupçonne d'être entièrement casuistique.

    En ce qui concerne "les petites fictions pour mieux approcher le réel", c'est une lourde erreur de la part d'un critique littéraire de penser ça. Nombre de philosophes, tragédiens, voire romanciers, ont conscience du décalage entre le réel et le langage humain, de la difficulté ou la faiblesse de l'homme à rendre compte de la réalité. Si ce n'était pas le cas, l'humanité n'aurait produit que des ouvrages de pure stylistique, habiles seulement à traduire l'odeur des madeleines ou les sentiments féminins - des ouvrages en principe faits pour échapper à la réalité, comme la tapisserie que Pénélope fait et défait indéfiniment. S'il y a une équivalence possible entre la réalité et la fiction, comme si elles pouvaient coïncider, c'est dans la géométrie qu'on la retrouve. La géométrie égyptienne est une philosophie naturelle raisonnable, de concordance entre les éléments supérieurs et la fiction humaine, relative. Raisonnable, c'est-à-dire écologique, parce qu'il n'est pas très sérieux d'envisager la culture comme étant supérieure à la nature, ou la nature relative à l'homme. Les mathématiques modernes basculent dans cette absurdité, pour des raisons d'efficacité circonstancielles.

    Suivant mon propos sur le lien entre la religion et la science, d'une manière ou d'une autre, selon qu'on accorde à la mort des droits comme dans les cultes païens, ou qu'on les lui retire comme dans le christianisme authentique (de saint Paul, par exemple, qui traduit la mort comme la somme des erreurs), on peut prendre la précaution vis-à-vis du sérieux et de la validité de la recherche scientifique moderne, alors même que Schrödinger ouvre une piste vers la critique, comme la peur du blasphème.

    Une fois les fétiches modernes démystifiés -et selon moi ce n'est qu'une question de temps-, à quel dieu l'homme moderne pourra-t-il encore s'accrocher ?

     

     

  • L'Europe négationniste

    C'est le sacre de Napoléon par lui-même que l'auto-satisfecit des technocrates européens, se remettant le prix Nobel, rappelle. Sans doute Napoléon était-il plus conscient de la portée anthropologique de son geste ; moins irresponsable, bien que, déjà, massivement meurtrier.

    La seule paix dont la technocratie européenne peut se prévaloir, c'est celle qui règne après les grands massacres humains : la paix des cimetières. De tels discours, propres aux benêts, sont faits pour entretenir l'espoir ; la politique se situe désormais au niveau du pantomime.

    Ne vous y fiez pas : Anders Breivik est l'Européen véritable de la fin des temps, le fils de l'Europe prédatrice et sournoise.

  • Dialogue avec l'Athéisme

    "L'athéisme n'est point. Les grands, qui en sont les plus soupçonnés, sont trop paresseux pour décider en leur esprit que Dieu n'est pas ; leur indolence va jusqu'à les rendre froids et indifférents sur cet article si capital, comme sur la nature de leur âme, et sur les conséquences d'une vraie religion ; ils ne nient ces choses ni ne les accordent : ils n'y pensent point."

    La Bruyère

    Il est vrai que l'élitisme est une des principales causes de l'athéisme. Pour les hommes d'élite qui ont la foi, Dieu n'est le plus souvent qu'un simple principe, ce qui revient au même que l'athéisme (Pascal : "Dieu est un point." ; Napoléon : "Et l'hypothèse de dieu ?").

    Le pouvoir ou la quête de puissance, à quoi les hommes d'élites sont occupés, est une fuite qui ne leur laisse pas de répit pour des choses moins vaines. Dans le peuple, l'athéisme est souvent lié à l'esclavagisme, c'est-à-dire la contribution du peuple à la gloire des élites (y compris cléricales). L'athéisme est aussi dans "la science sans conscience", c'est-à-dire la technique, assujettie elle aussi à la quête de puissance.

    A la thèse classique (dieu est un principe ordonnateur) succède la prothèse moderne (l'outil technique), car si dieu n'est pas indispensable dans le régime technocratique, celui-ci ne peut pas se passer de la transcendance du pouvoir et de l'éthique. La science technocratique ne recule devant aucun paradoxe pour la fournir, aussi dogmatique que l'est le cinéma. C'est pourquoi il n'y a pas de différence essentielle entre une théocratie et une technocratie. Dès que vous entendez parler d'éthique juive ou d'éthique chrétienne, vous pouvez être sûr d'être en présence d'un de ces bricoleurs sournois de la technocratie moderne, habiles à forger des idoles pour méduser le peuple.

  • Tulard le Barbare

    Jean Tulard volant au secours de l'Histoire menacée par le gouvernement Sarkozy, cette blague ! Si Tulard est historien, alors moi je suis carmélite et Max Gallo c'est Karl Marx.

    D'une part l'histoire recèle beaucoup trop de vérités dérangeantes pour avoir jamais été enseignée sérieusement dans l'Université française. Les Etats sont aussi hostiles à l'Histoire que les Eglises furent à la théologie apocalyptique. L'art historique n'est pas moins "maudit" que les autres arts visionnaires, recouvert de flots de musique (comme le montre le mythe de la nymphe Echo, l'art musical -ô combien mimétique- est narcissique : l'art des fous).

    D'autre part, J. Tulard est le représentant d'une abjection historique française qui consiste à honnir Hitler et le vouer aux gémonies tout en célébrant la mémoire d'un dictateur non moins sanglant qu'Hitler, à savoir Napoléon Ier, qui n'hésita pas comme son cousin germain à recourir à l'assassinat politique pour parvenir à ses fins, ni à terroriser les populations civiles.

    *

    Il n'est guère difficile de prouver que le régime nazi est très fortement apparenté au régime napoléonien sur le plan idéologique, qu'il y a là deux sécularismes similaires. C'est même plus facile encore que de démontrer que le nazisme n'est qu'une variation du capitalisme. La nostalgie du paganisme romain fut même affichée officiellement à la fois par le régime nazi et par le régime de Napoléon Ier (Au centre de la civilisation romaine et qui pousse les chrétiens comme les communistes à la haïr : le culte du destin, symbolisé par la svastika aryenne.)

    Un Français qui possède un minimum de dignité ne peut critiquer cette religion de la bourgeoisie allemande que fut le nazisme, la philosophie d'Heidegger ou de Jünger, cette parodie d'humanisme, sans balayer aussi devant sa porte. Faute de quoi ce n'est qu'un vil opportuniste façon BHL ou Tulard.

    Si Dominique Venner actuellement est le seul (à ma connaissance) à être l'auteur d'études historiques soulignant la ressemblance entre les politiques d'Hitler, Napoléon Ier voire Louis XIV, et non à bâtir une fantasmagorie du régime nazi (que les jeunes Français sont de moins en moins disposés à gober malgré les heures de propagandes télévisées hebdomadaires dispensées sans qu'aucun historien proteste contre ces méthodes, profitant plutôt des plateaux télé pour fourguer leur camelote prétendument historique), ce n'est sûrement pas étranger au fait que D. Venner se tient à l'écart de l'Université qui propage une gnose RE-LI-GIEUSE. Quid des études d'historiens allemands démontrant que la politique nazie est la seule politique socialiste (keynésienne) véritable au XXe siècle ?

    Les progrès considérables que Marx et Engels ont fait faire aux études historiques sont une avancée CONTRE la religion bourgeoise et n'auraient pu être enseignées au sein de l'Université allemande d'où est sortie au contraire la religion nationale-socialiste de Hegel.

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    Je pourrais citer cinquante exemples frappants montrant que l'histoire aujourd'hui, dans les collèges, les lycées et l'université a moins à voir avec l'histoire qu'avec ce que les laïcs appellent pudiquement "l'éducation civique", pour éviter de parler de religion ; je dois me restreindre à quelques exemples au cours de cette semaine. (A SUIVRE)

  • Badiou est-il bobo ?

    Doté d'un véritable "radar à bobo" et entraîné à détecter cette espèce femelle à des kilomètres à la ronde, je me sens parfaitement qualifié pour répondre à cette question : "Badiou est-il bobo ?"

    Autant les cas de Philippe Val ou Michel Onfray sont faciles à trancher puisqu'ils se déclarent franchement hostiles au principe révolutionnaire, quitte à, dans le cas d'Onfray, propager des mensonges historiques hénaurmes, sur Robespierre et Danton en particulier. Un écolier peut facilement vérifier que Danton et Robespierre ont fait couler bien moins de sang innocent que le restaurateur des principes bourgeois Napoléon Ier, dont la mégalomanie et le terrorisme préfigurent Bismarck ou Hitler. Même Napoléon III, instrument des milieux d'affaire "judéo-chrétiens", est un criminel de guerre plus grand que Robespierre ou Danton. La compromission de l'Eglise avec le régime de Napoléon III est d'ailleurs beaucoup plus graves que sa compromission avec le régime de Franco qui aurait assez facilement pu se passer de l'appui du clergé.


    *

     

    L'hostilité de principe à la révolution est caractéristique du bobo qui rend la bourgeoisie sympathique en la recouvrant de bohème et de fausse culture populaire (Finkielkraut et le football, par ex.).

    Et on a pu, de fait, observer un virage à droite des bobos dans le sens du vent ces dernières années. La girouette BHL aurait-elle accepté de rédiger un bouquin avec Houellebecq il y a vingt ans ? Malgré le mouvement de sympathie de Houellebecq à l'égard des Boches et ses "vannes" anti-islamiques (beaucoup moins opportunistes que celles de Redeker, à la "Une" d'un organe de presse qui vit du trafic d'"outils de défense nationale" (sic) en direction de l'Arabie saoudite, nation qui illustre l'islam caricatural décrié par Redeker.)

    Or Badiou n'est pas hostile à la révolution, ce qui prouve qu'il n'est pas "actionnaire" du système comme Val ou Onfray. Ce qu'on peut reprocher à Badiou, c'est de prendre trop au sérieux le phénomène des "bobos réacs", le symptôme Sarkozy, etc. Si Sarkozy a pu récupérer aussi facilement les idéaux de gauche, c'est que la coquille était vide depuis longtemps. Dès l'élection de Giscard, crétin similaire à Sarkozy, l'uniformisation des idées, derrière des étiquettes différentes, était accomplie.

    - On peut en faire la preuve par de Gaulle, tacticien politicard sans grand relief, que seul un sentimentalisme franchouillard conduit à placer au-dessus ne serait-ce que du général Franco, qui partage une idéologie équivalente à celle de de Gaulle mais possède un destin politique et militaire singulièrement plus étoffé. Or la baderne de Gaulle est révérée à gauche comme à droite et son culte grotesque est devenu quasi-obligatoire.

    - Ou bien la preuve par Nitche, sur le plan des idées, car ce crétin boche qui met systématiquement à côté de la plaque, à côté duquel Hegel même peut paraître "grandiose", Nitche a des émules de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, sans oublier mon curé de paroisse qui mêle allègrement la morale néo-païenne ridicule de Nitche à celle de Vatican II.

    Et si Badiou sonnait plutôt le glas des bobos ?



     


     

  • Obama = SS

    Barack Obama conduira-t-il une politique économique keynésienne aussi efficace que celle d'Adolf Hitler ? Parviendra-t-il à bâtir un capitalisme à visage humain et à résoudre le taux de chômage comme les nazis entre 1935 et 1940 ? That is the question.

    Une chose est sûre, c'est que pour porter l'industrie militaire des Etats-Unis au même niveau que celui de l'Allemagne des Krupp, von Papen, Bayer, von Thyssen avant-guerre, Obama n'aura pas beaucoup à se démener puisque c'est déjà le cas.

    Avant de devenir des images d'Epinal ou de propagande cinématographique, Hitler comme les deux Napoléon, ou encore Bismarck avant lui, ainsi que Franco, Mussolini, Pétain, tous furent perçus comme des 'hommes providentiels'.

    Avec Hitler et Mussolini, Obama partage le fait d'être populaire et de ne pas avoir une image de 'factotum' de la grande bourgeoisie capitaliste. Bien qu'il soit sorti du moule d'Harvard, le métissage d'Obama le rend plus sympathique aux yeux de la foule des téléspectateurs qu'un Kennedy ou un Kerry. Déjà le succès de Bush est celui d'un homme, si ce n'est issu de la classe moyenne, du moins qui le suggère.

     

     

  • De Goebbels à Sarkozy

    Comparer Sarkozy aux nazis, à Hitler, peut paraître exagéré. Le fait est que les circonstances historiques sont très différentes. Hitler se situe plus près de l’apogée du capitalisme, Sarkozy, lui, est plus près de sa décomposition.
    Reste que ma comparaison n’est pas plus absurde que celle que les médias ont osée entre Sarkozy et Napoléon. Entre l’empereur et le führer, les points communs sont d’ailleurs nombreux. La principale différence, c’est que Napoléon est censé incarner la France, ce qui conduit l’Education nationale où règne le chauvinisme, le nationalisme le plus étriqué, à opposer deux figures historiques pourtant proches, qui ont modifié nettement leurs nations avant de les conduire à la catastrophe en passant par des victoires éclatantes.

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    Le goût prononcé des Français pour les gendarmes, pour l’uniforme, “Le prêtre, le poète ET le soldat” dit encore Baudelaire au XIXe, ce goût les Allemands en ont sans doute hérité de Napoléon et des Français. Indiscutablement, au XVIIIe, et jusqu’au début du XIXe siècle, la France a exercé une forte influence sur l’Allemagne, la Prusse notamment. Aujourd’hui encore, l’ouvrage de Mme de Staël, De l’Allemagne, est célèbre dans les milieux intellectuels allemands malgré la faiblesse de son argument.
    Ce qui a probablement séduit une partie des artistes et des intellectuels français les plus brillants dans l’Allemagne hitlérienne, de Céline à Brasillach en passant par Drieu La Rochelle, c’est l’effet de miroir. Ça n’a pas duré, car comme le reconnaît vite Drieu avec dépit, Hitler n’est qu’un bourgeois comme les autres. Le seul point commun idéologique entre Drieu, qui a touché un peu à tout, et les nazis, c’est le paganisme bouddhiste - Nitche, pour simplifier. Mais quel bourgeois ne s’entiche pas, à un moment ou à un autre, de Nitche ? Drieu est d’ailleurs assez lucide pour reconnaître que ce qui lui plaît le plus dans le bouddhisme, c’est sa nouveauté (cinquante ans plus tard Houellebecq fait figure d’attardé sur ce plan comme sur beaucoup d’autres).

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    Une observation parallèle : de Barbey à Drieu la Rochelle et Céline, en passant par Baudelaire, Bloy, Marx, ce qui fait leur force c’est que ce sont, à des degrés divers, des marginaux. Voltaire et Diderot n’en étaient pas. Et Rousseau l’était moins, guère indépendant. Qu’est-ce que ça change ? C’est ce qui leur donne un point de vue plus élevé, ils ne défendent pas instinctivement les intérêts de leur classe sociale ni même d’une quelconque catégorie. Les insultes lancées par Céline à toutes les institutions et à tous les lobbys influents de son époque ont cette signification. L’accusation d’antisémitisme dirigée contre Céline est le fait d’un bourgeois, d’un social-traître comme Sartre, ou d’un imbécile comme Siné, anar pour rire.
    Mais ces écrivains ne sont pas pour autant “antisociaux” ; de leur point de vue, c’est la bourgeoisie et ses institutions nouvelles qui sont antisociales.

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    Au plan idéologique on peut isoler un tronc de dogmes, de valeurs, de références communs aux libéraux de gauche, de droite, aux démocrates, aux nazis, même aux démocrates-chrétiens. Entre ces “partis”, il n’y a pas de frontières étanches. On a affaire en réalité à un vaste grenier (beaucoup de ces idées prétendument modernes remontent en réalité à plusieurs siècles av. J.-C.) où moisit tout un attirail idéologique dans lequel le régime capitaliste dit “démocratique” puise des slogans.
    Dans ce tronc on retrouve notamment l’évolutionnisme, une certaine forme d’anthropologie abstraite, le credo capitaliste selon lequel le capitalisme serait le meilleur des systèmes possibles (credo qui évoque fortement Pangloss), un certain positivisme scientifique, c’est-à-dire l’assimilation du progrès à la science et de la science à la technologie, l’égalitarisme et sa branche féministe, en pleine efflorescence, et l’athéisme, ou, pour être plus précis, une certaine forme de paganisme. Voilà pour les valeurs communes de la bourgoisie au pouvoir en Occident, transmises à 99 % des Occidentaux, étant donné la force des moyens de propagande dont la bourgeoisie au pouvoir dispose. On peut citer comme “docteurs” de cette Église : Nitche, Sartre, Heidegger, Darwin, Tocqueville, Malthus, Kant, Freud… à verser au contraire aux fossés de l’histoire pour un catholique marxiste.

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    On objectera l’antiracisme de Sarkozy, opposé au racisme d’Hitler. Il n’est pourtant pas difficile de voir qu’on a affaire là à deux conceptions assez idiotes et restrictives, toutes deux “antisociales”. La base de l’antiracisme, c’est le racisme. Il ne suffit pas de renverser une idée idiote pour faire une idée féconde. D’ailleurs, que reste-t-il de ces “philosophies”, au sens contemporain du terme, lorsqu’on les confronte à la réalité ? Hitler n’a pas hésité à mettre au service de sa politique des races non-aryennes. Quant à l’antiracisme, il n’empêche pas les bobos qui y adhèrent de vivre à l’écart des noirs.
    Les Etats-Unis, la plus grande nation antiraciste, est d’ailleurs fondée sur l’esclavage. L’esclavage des nègres dans les champs de coton, relayé par l’esclavage des immigrants dans l’industrie. Qu’est-ce que signifie une "économie tournée à 75 % vers les services" si ce n’est que 75 % de la production est assurée par des esclaves en Asie ? Toute la politique de “quotas de races” menée aux Etats-Unis n’a qu’un but, dissimuler l’écart criant entre les discours démocratiques et la réalité capitaliste. En Afrique du Sud ils ont élu Nelson Mandela, c’est le même genre de stratégie de communication.

    (Il me reste à démontrer que l’idéal démocrate-chrétien n’est pas très différent du paganisme pour compléter mon raisonnement. Mais ceci est une autre histoire.)