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césarisme

  • Rendez à César...

    Contre la tentative pharisienne de certains théologiens catholiques (mais pas exclusivement) de légitimer l'ordre politique et social à l'aide du Nouveau Testament, qui selon les apôtres donne tout son sens à l'ancienne Loi de Moïse (devenue lettre morte à cause du clergé juif) :

    - Un pauvre comprendra aisément l'exhortation de Jésus-Christ à ne pas se faire le serviteur de deux maîtres et à se préoccuper d'abord de son salut ; en effet les pauvres n'ont pas part, sauf accident, au gouvernement des hommes et de leurs affaires. Quant aux "simples en esprit", appelés aussi "bienheureux", ils restent insensibles aux flatteries démocratiques et perçoivent plus nettement leur caractère démagogique ou catastrophique (révolutions sanglantes au profit d'une caste nouvelle d'arrivistes).

    - La "démocratie-chrétienne" est la formule contemporaine de ce péché contre l'Esprit qui consiste à convoquer la parole de Dieu au service d'intérêts temporels ; la démocratie-chrétienne est une fiction juridique illustrée par les Etats-Unis - l'envers du décors est un régime ploutocratique qui scandalise une partie de l'humanité ; on ne pourrait concevoir de pire repoussoir, si toutefois les évêques de Rome et leur cour n'avaient déjà fourni l'exemple autrefois d'un éloignement radical de la parole divine qu'ils étaient censés promouvoir.

    - Fallacieux et saugrenu à la fois le raisonnement qui consiste à reprocher aux gouvernants de ce monde (unifié par l'argent) de manquer de respect à Dieu et aux Evangiles ; fallacieux parce qu'il contredit l'exigence formulée par Jésus-Christ à l'attention des pharisiens de ne pas confondre les choses spirituelles avec les choses humaines ou terre-à-terre qui relèvent de César (mariage, impôts, etc.) ; mais plus encore saugrenu ce raisonnement, car il peut servir à justifier le césarisme, ou bien son contraire, à savoir la rébellion contre le pouvoir civil.

    Jésus-Christ n'a pas interdit à ses disciples de se mêler de questions sociales ou politiques, pas plus qu'il ne leur a interdit de boire ou manger comme tout le monde, mais il leur a formellement interdit de s'en mêler en son nom ou celui de son père.

    Aucun auteur moderne n'a sans doute mieux traduit que Shakespeare dans ses tragédies la portée historique de cette transgression du message évangélique par certains prêtres ou conseillers politiques qui se réclament de la parole divine.

  • Rendez à César...

    Le régime officiellement laïc et républicain de la France peut faire croire que les catholiques sont "dissidents". Etant gosse et catholique, je l'ai moi-même cru, tout en observant le conformisme du clergé catholique vis-à-vis des lois de la République.

    En réalité, l'idée d'un catholicisme dissident est aussi fausse qu'une vanité de gamin qui fait rouler ses muscles pour épater la galerie : l'Etat républicain laïc est largement le produit de la philosophie du droit catholique romain. La lecture de Karl Marx, notamment, m'a permis de comprendre à quel point la République française est fille de l'Eglise romaine ; d'abord parce que Marx, historien allemand largement inspiré par l'école réaliste anglaise m'a fait prendre du recul par rapport au "roman national" français ; ensuite parce que Karl Marx réduit à néant la philosophie de Hegel, qui constitue le soubassement de la religion des élites européennes, QUE CES ELITES SOIENT ATHEES OU SE DISENT CHRETIENNES.

    La "laïcité" est en effet une construction intellectuelle qui découle de l'interprétation subversive du clergé catholique de la parole d'Evangile fameuse : "Rendez à César ce qui est à César..." ; cette interprétation est subversive puisqu'elle vise à restaurer le césarisme sur la base des paroles messianiques qui le proscrivent. Cette subversion de l'Evangile nous projette dans l'apocalypse, qui décrit avant tout le combat de la vérité contre le mensonge, un mensonge qui prend des proportions à la fois titanesques et subtiles (contrairement au mensonge païen ordinaire, à savoir la loi de l'éternel retour, qui pose le principe d'une humanité soumise aux lois de la biologie et à elles seules).

    D'abord la culture païenne ignore la laïcité ; il n'y a jamais eu de régime politique païen athée. L'évangile propage une forme de laïcité au sens de l'irréligion, dans la mesure où l'évangile met en garde contre la religion païenne, celle-là même qui est accordée au gouvernement des hommes.

    Ce que le clergé catholique s'efforce d'aménager, ce sont les droits du clergé catholique à faire de la politique, alors que ce n'est nullement le but poursuivi par le Messie quand il prononce ces paroles. Le but du Messie est simple : il dissuade ses disciples de prendre la politique véritablement au sérieux. Comme toutes les choses temporelles, la politique n'est pas une chose véritablement sérieuse du point de vue chrétien.

    Le catholique qui affirme, comme étant la doctrine catholique : "Les moeurs sont avec la foi le plus haut domaine de compétence de l’Eglise", se trompe donc et trompe son prochain. Les évangiles s'attachent à nous montrer le Messie comme un être exemplaire, non pas sur le plan des moeurs, mais sur le plan de la défense de la Vérité, où il est infaillible. Dans quelle doctrine vérité et morale sont confondues ? La philosophie païenne de Platon.

    Cette doctrine catholique prétendument "classique" est en réalité médiévale - un reflet du Temps, et non inspirée des évangiles chrétiens. Quel besoin y a-t-il de compléter les paroles du Messie, parfaitement claires et concordantes ? La doctrine catholique n'a ici aucune légitimité.

    Le rapprochement du clergé catholique et de l'autorité républicaine n'est d'ailleurs pas sans rappeler le rapprochement des juifs pharisiens avec l'autorité romaine il y a de cela deux millénaires.

  • Imposture laïque

    Nous voulons ici dénoncer le césarisme déguisé et la nullité spirituelle du pacte démocrate-chrétien. Confrontons pour cela la rhétorique laïque à la parole de dieu.

    Première constatation : il n'y a pas de culture laïque païenne ; la laïcité peut donc se traduire comme la transposition dans le droit civil d'une idée chrétienne, transposition monstrueuse, tant du point de vue spirituel que du point de vue historique. On peut ainsi tenir la doctrine maçonnique du "guelfe" Dante Alighieri pour l'ancêtre de la rhétorique laïque (monarchiste). Du point de vue chrétien authentique ("On ne peut servir deux maîtres à la fois"), franc-maçonnerie/civisme catholique et islam sont identiques.

    L'athéisme, en tant qu'il est lié à la culture laïque, est donc un avatar de l'Occident chrétien a contrario du paganisme. Il paraît ici, dans l'athéisme qui est la conclusion logique de l'argument de laïcité, que celui-ci est parfaitement anthropocentrique et distinct des saintes écritures. Logiquement le discours laïc confessionnel finit par s'émanciper de dieu.

    Qui osera, sans craindre de s'étouffer avec sa langue, affirmer que les Etats-Unis théocratiques diffèrent substantiellement, dans leurs moyens et buts, de la République française laïque, quand la solidarité des intérêts de ces nations et de leurs élites saute aux yeux ?

    Comme par hasard, l'apologie de la laïcité est surtout faite pour en remontrer à l'islam, non pour critiquer les chefs d'Etats qui prêtent serment sur la bible. La laïcité sert d'argument au "choc des cultures", nom pour désigner la nouvelle croisade qui, si elle est "sans dieu", n'en est pas moins un fanatisme guerrier.

    Après avoir défini la rhétorique laïque comme une culture occidentale et anthropocentrique hypocrite (la confiance placée dans les banques par ceux qui y déposent leurs avoirs est parfaitement "laïque"), examinons le piège et sa construction de plus près.

    Commençons par citer un tocard, Fabrice Hadjadj, "philosophe démocrate-chrétien laïc" : "César aussi est à Dieu". Cette citation est révélatrice de l'aliénation mentale de son auteur, car le monde et la politique relèvent EXPLICITEMENT de Satan selon les saintes écritures. 

    "César aussi est à Dieu" : lapsus débile mais néanmoins révélateur ; en effet la rhétorique laïque ne fait que renouveler la théorie (égyptienne) de la monarchie de droit divin. Elle n'est qu'une présentation destinée à préserver l'illusion démocratique contemporaine.

    La fameuse réplique du Messie aux Juifs qui tentaient de le piéger "Rendez à César ce qui est à César" ne fonde absolument pas un quelconque distinguo entre "l'ordre spirituel" et de "l'ordre temporel", ainsi que les actionnaires de la démocratie-chrétienne le prétendent. Le Messie se contente de dissuader par là d'accorder aux vanités de ce monde, celles-là même qui absorbent entièrement César ou Néron, une quelconque importance. Seul doit compter pour un juif le salut, voilà en substance ce que Jésus proclame, tout en échappant au piège rhétorique que lui avaient tendu les pharisiens (conscients que la soumission à César aurait constitué un parjure de loi de Moïse). Ni soumission, ni insoumission au pouvoir politique ; n'importe quel exégète ayant un minimum de bonne foi confirmera ce que je dis : impossible de fonder sur les évangiles un quelconque "civisme chrétien".

    Or la démocratie-chrétienne retourne les paroles du Messie, les interprète dans le sens d'une apostasie radicale, puisqu'elle fonde dessus la justification de son anthropologie et de ses doctrines sociales, d'ordre exclusivement temporel et par conséquent vaniteux. Notons ici que le Messie situe même le culte rendu aux morts, et non seulement le mariage, dans l'ordre des vanités : "Laissez les morts enterrer les morts !". On ne saurait se montrer plus radicalement méprisant de l'ordre social.

    La démocratie-chrétienne repose donc sur l'exégèse truquée de ce qui, dans les évangiles, proscrit la civilisation chrétienne.