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photographie

  • Lumière de Lucifer

    Pour reconnaître la photographie comme un art, il faut se placer sur le plan social, dont la ruse consiste à prêter à des choses pratiques ou triviales un caractère spirituel, de façon théorique (ce que les Allemands appellent "éthique pure", et devant quoi ils se prosternent).

    Un Français comprendra facilement que la principale cause de la conversion des barbares allemands au bouddhisme est technocratique. Autrement dit le bouddhisme, culte paysan primitif, dont le meilleur usage est anxiolitique, résulte de l'évolution technique, qui place l'homme dans un contexte animiste. Nombre de penseurs occidentaux ont le mérite de rappeler qu'une technocratie est nécessairement un régime théocratique, dont le b.a.-ba est d'inculquer un mode de pensée spéculatif. Je lisais récemment le propos d'un mage moderne, expliquant que l'idée de récompense ou de paradis est au coeur de l'inconscient de l'homme. Il est plus exact encore de dire qu'il est au centre de l'inconscient collectif dans un régime totalitaire. L'Allemagne nazie fut mobilisée à l'aide d'un millénarisme de cette nature.

    L'homme qui s'efforce d'être libre voudra se débarrasser de cette puce qui lui a été implantée dans le cerveau, pour ne pas se retrouver comme un chien à qui son maître jette un os pour le tenir en haleine, jusqu'à la dramatique et cocasse immolation par le feu du type qui vient de comprendre qu'il n'y a plus d'os dans le garde-manger, archétype de l'homme manipulé. Quelle raison l'individu a-t-il  d'adhérer à la société ? Voilà une question taboue dans un régime totalitaire, et pourquoi la culture est faite pour imperméabiliser l'homme contre le christianisme et toutes les doctrines qui prônent la vérité et la liberté.

    Toute la philosophie allemande moderne, que Karl Marx a justement déclaré nulle et non avenue, l'est pour la raison qu'elle est entièrement prévisible. Les clichés allemands ont une vocation thérapeutique. La cinématographie de Hegel contient toutes les autres. Pour ma part j'ai d'ailleurs complèment cessé d'aller au cinéma, dont j'avais perçu assez jeune le rôle de médication à l'usage des femmes ou des personnes mélancoliques, après m'être cogné G.W.F. Hegel-le néo-Platon. Si la médecine psychanalytique était faite sérieusement, elle devrait considérer la cinéphilie comme un symptôme de névrose. A l'instar de Hitler, on doit considérer les responsables politiques qui avouent leur passion pour le cinéma, comme des criminels en puissance.

    Dans un petit résumé synthétique des éléments physiques qui déterminent le national-socialisme de Hegel, Karl Marx mentionne d'ailleurs le courant électrique.

    Baudelaire et Delacroix éprouvent vis-à-vis de la photographie un mélange de fascination et de dégoût. Il est significatif de leur écartèlement entre la lumière de Lucifer, et celle du christianisme.

    Les paroles de Jésus à propos des pharisiens : "Ils ne savent pas ce qu'ils font." est valable pour tous les mathématiciens et les cinéastes, l'art mécanique en général, qui n'est qu'une méthodologie. Nul mieux que Bacon-Shakespeare, pas même Marx, n'a discerné l'effet destructeur de la méthodologie sur la métaphysique. Le tocard allemand Descartes est bien plus néfaste que Hitler. Descartes est le modèle de l'ingénieur ; il ne comprend jamais rien de ce qu'il lit pour s'instruire : la vanité du raisonnement mathématique virtuel, selon Aristote : comprend pas ; que la culture de vie est un principe païen et non chrétien : comprend pas ; que le temps est une question physique et non métaphysique : comprend pas ; que Bacon tient la mécanique pour un art subalterne : comprend pas non plus. Descartes ne raisonne qu'en termes de rapport, c'est un méthodiste pur.

     

  • Baudelaire ne ment pas

    La lettre de Baudelaire à sa mère, où il dit qu’il aimerait posséder une photographie d’elle, est grossièrement interprétée comme une contradiction par rapport au discours rageur de Baudelaire contre la photographie.
    De la même façon avec Ingres et Delacroix, la propagande a essayé d’adoucir leurs propos résolument hostiles aux premiers “artistes photographes”, arguant par exemple que ces deux peintres s’étaient eux-mêmes servis de photos.
    En ce qui concerne les anathèmes de Barbey d’Aurevilly, c’est plus simple, on en a fait un auteur entièrement aristocratique et ringard dans son ensemble. C’est tout juste si le cinéma ne lui a pas “rendu service” en l’adaptant.

    C’est après la confusion des genres que Baudelaire en a, cette confusion des genres que, il le voit bien, la démocratie favorise.
    Il n’a rien contre l’usage documentaire de la photographie, il faut être un idéologue borné comme Finkielkraut pour penser que la technique est mauvaise en elle-même. Baudelaire est un moraliste.
    Après, au plan documentaire, il faut voir ce qui est le mieux, une photo d’entomologiste ou un croquis d’entomologiste ? Ça se discute. La photo se détériore très vite. Un reportage de guerre illustré par des photos, ou un reportage de guerre illustré par des croquis ? Derrière la photo, il y a l’idée, naïve, que la photo ne ment pas. Il se trouve qu’une des photos de guerre les plus connues, de Robert Capa, d’un partisan communiste espagnol fauché par une balle pendant la guerre civile d’Espagne, est une photo “posée”. La technique photographique n’est pas plus “vraie” en elle-même que la technique graphique, tout dépend de l’honnêteté de celui qui met en œuvre la technique.

    Ce qui est paradoxal et amusant en même temps, dans l’exemple de Capa, c’est que c’est justement parce que la photographie n’est pas un art qu’il a été obligé de tricher. La photo est un résultat, on ne peut pas beaucoup agir sur un résultat, on peut juste essayer de l’anticiper, et rajouter quelques effets, mais l’art, ça n’est pas (peu) ça. Capa, donc, voyant qu’il ne parviendrait jamais à photographier un mort sur le vif, que l’instant était quasi insaisissable, a demandé à un soldat de prendre la pose. Pour ma part je crois qu’il y a plus de vérité dans un croquis tiré d’une observation attentive que dans une photographie.