L'homme moderne est l'homme qui a perdu le sens tragique de l'existence. L'homme moderne est celui pour qui Shakespeare est une énigme.
tragedie
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L'Homme moderne
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De la Tragédie (2)
Pourquoi Shakespeare est chrétien tandis que Racine ne l'est pas ? Parce que Racine prêche pour sa paroisse au contraire de Shakespeare, théologien qui sait que les sermons divisent autant qu'ils unissent.
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De la Tragédie
Le seul trait d'union véritable entre le monde moderne et le monde antique, ce sont les tragédies chrétiennes de Shakespeare, c'est-à-dire l'art le plus subversif.
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Ophélie
Faute de prince charmant, Ophélie alla se promener à la mare aux crapauds
et n'en revint pas.
Avec Ophélie commence la coutume des blagues sur les blondes, que font les moches
en se disant qu'au moins elles ont de l'esprit.
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Tragédie
Tandis que le personnage principal de la tragédie antique est la bêtise, le personnage principal des tragédies de Shakespeare est l'antéchrist, c'est-à-dire une forme renouvelée de la bêtise.
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La Tragédie
Allez savoir pourquoi tous les auteurs de tragédies sont misogynes ? Homère, Eschyle, Shakespeare... (Un type nommé "Racine" est forcément, comme Flaubert, une femme écrivant des drames, c'est-à-dire cherchant à se justifier aux yeux du monde, le seul dieu que les femmes reconnaissent, car quand elles disent "Jésus-Christ" il faut comprendre plutôt "Ponce-Pilate", "Jules César", "Napoléon" ou "Nicolas Sarkozy", en somme le sauveur de la nation que Jésus refuse d'être, proscrivant toute forme de paternalisme, y compris et surtout le paternalisme ECCLESIASTIQUE.
La pédérastie dans l'Eglise romaine aujourd'hui n'est pas une "faute morale", mais un échec spirituel et la rançon du paternalisme sans issue du clergé).
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Il est vrai qu'on trouve chez Shakespeare quelques personnages de femmes émancipées de leur condition de femme, et par conséquent "antisexuelles". Mais, qu'on ne s'y trompe pas, elles sont toutes, comme la Blanche-Neige du conte, des allégories de l'Eglise véritable, qui ne cède pas à la loi de la chair, vêtue de blanc et non de pourpre ou d'écarlate. C'est le principe même de la tragédie, proche du conte ou de la fable, d'être remplie de figures allégoriques. La psychologie est trop banale pour la mêler à l'art. Qui ne connaît une Bovary ? J'en ai croisé cinquante dans ma vie, bourgeoises toutes plus prévisibles les unes que les autres.
Si Shakespeare était soumis aux "muses", il serait un artiste moins chrétien que Homère. Il n'accuserait pas Dante de se fourvoyer en compagnie de Virgile.
La bourgeoisie abolit la tragédie au profit du hasard. L'art retombe au niveau de la musique, à laquelle les régimes théocratiques font toute la place, et qui résonne dans le néant intellectuel de l'Occident. La musique est le remède des imbéciles, souligne Shakespeare dans ses pièces, des personnes qui s'avancent à reculons dans l'existence, pour ne pas voir le tombeau ouvert devant eux. Observez l'état d'aliénation des personnes qui ne peuvent pas se passer de musique, et vous comprendrez pourquoi Shakespeare n'a de leçon à recevoir d'aucun aliéniste ou médecin.
L'Occident illustre que même les fainéants ont besoin du réconfort de la musique ; et cela indique qu'il est déjà dans un état de décomposition avancé, une vieille femelle stérile.
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Lire Shakespeare
Lisez Shakespeare tant que vous pouvez. Les capacités de rétractation du temps sont aussi spectaculaires que son pouvoir de dilatation.
Pourquoi ne pas commencer par "La XIIe Nuit." ?
- Quelques conseils de lecture. Gare aux notes rédigées par des universitaires ! Pour une raison très simple : Shakespeare les déteste au moins autant que Rabelais. Les intellectuels, dont le nombre croît à mesure de l'obscurantisme, ont d'ailleurs essayé à une ou deux reprises de faire disparaître carrément l'antithéâtre de Shakespeare pour le remplacer par le cinéma de Racine.
- Considérez ensuite que le mot célèbre de Samuel Johnson ("Bûcher des Vanités") : "Ce ne peut être que le diable qui a inventé le libéralisme.", découle d'une lecture attentive de Shakespeare par Johnson. Les commentaires d'intellectuels libéraux sont donc à prendre avec des pincettes. Quand l'un de cette bande de fantômes qui dansent avec la mort (R. Girard), écrit : "Shakespeare n'est pas un auteur apocalyptique.", vous pouvez aussitôt déduire que Shakespeare doit probablement être ce que Girard dit qu'il n'est pas. Et vous ne tardez pas à avoir la confirmation à chaque nouveau chapitre que vous lisez que Shakespeare est un auteur apocalyptique. L'université moderne est méticuleuse au point d'émonder les oeuvres comme s'il s'agissait d'arbres fruitiers, pour les faire coïncider avec les préjugés du moment. Que penser d'universitaires, d'ailleurs, qui pour commenter un tragédien chrétien, se renseignent à peine sur le christianisme, ignorant que l'apocalypse est le seul sujet possible pour un artiste chrétien.
- Laissez tomber l'amateur d'opéra et de code civil Stendhal, et son idée d'un Shakespeare "romantique". C'est une des choses les plus claires dans l'oeuvre de Shakespeare qu'il n'écrit pas plus pour les jeunes filles romantiques que Cervantès ou Homère. Shakespeare, italo-boche ? Du crâne de l'imbécile Ajax, dit Shakespeare, si on le lui fendait il sortirait de la musique. La musique est pour Shakespeare un art d'aristocrates fainéants ou de soldats.
- La bonne méthode pour comprendre Shakespeare, c'est celle que Francis Bacon applique à l'imaginaire fabuleux des Anciens, où la connaissance des symboles est utiles, tandis que la psychologie ne sert à rien. L'art de Shakespeare est plus proche des contes pour enfants, surtout quand ils ont un double sens apocalyptique comme "Blanche-Neige", que du drame bourgeois façon Flaubert ou Stendhal. Il y a entre Hamlet et sa mère un rapport similaire à celui qui est entre Dante Alighieri et Béatrice, que seul le béotien moderne cherchera à élucider sous le rapport psychologique.