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université

  • Shakespeare ou l'Occident

    Impossible de comprendre l'Occident, cette énigme, sans comprendre Shakespeare. Pour comprendre Shakespeare : éviter les thèses universitaires, car le mépris de l'université est une des caractéristiques de l'art de la Renaissance, quand l'Occident atteignit sa maturité, à cause du panurgisme qui règne dans les institutions scolaires, désormais à un niveau jamais atteint auparavant.

    Plusieurs universitaires m'ont avoué avoir dû censurer leurs thèses pour ne pas nuire à leur carrière ou simplement être publiés ; je précise que ces thèses ne s'en prenaient en rien au grand tabou international de la shoa. Je tairai les noms de ces universitaires, car mon but n'est pas de dénoncer publiquement leur pleutrerie, mais de démontrer que la chinoiserie est la qualité principale requise pour grenouiller dans le marigot universitaire, où il n'existe pratiquement aucun contre-pouvoir, et les jeunes étudiants sont manipulés par leurs professeurs.

    Le désir des rejetons de familles prolétaires d'échapper à leur condition grâce à l'université est un truc que les bandes de singes universitaires exploitent de manière peu ragoûtante. Pratiquement la différence est la même aujourd'hui entre les professeurs de collège et les universitaires qu'elle était entre le bas-clergé et le haut-clergé sous l'Ancien régime. D'ailleurs Benoît XVI est le dernier tocard à rendre hommage aux universitaires européennes, tout en postulant par ailleurs, credo invraisemblable, que le christianisme et la science n'ont rien à voir.

    Le pape situe instinctivement l'université au niveau de ce qu'elle est : un lieu de culte imperméable à la critique, et même, je crois, à l'ironie. Certes l'université française a beaucoup contribué à la germanisation accélérée des esprits français depuis la Libération pour le compte du pouvoir industriel et bancaire, afin de faire des petits Français de bons petits soldats au service de l'économie. Les gens de droite sont beaucoup trop bêtes dans l'ensemble pour comprendre que l'effort d'éradication de l'esprit anarchiste ou individualiste typiquement français a été accompli essentiellement par la gauche.

    D'ailleurs on peut traduire d'après Shakespeare le basculement du mode de gouvernement tyrannique dans le totalitarisme comme le gauchissement ou la féminisation des esprits. Le plus grand visionnaire de l'Occident a été capable d'anticiper l'effondrement de la civilisation occidentale au niveau religieux le plus médiocre, celui de l'éthique démocratique, guère éloigné du cannibalisme humain.

    Comprenez Shakespeare, et vous ne pourrez plus ensuite entendre parler de "comités d'éthique" sans avoir la nausée. Plus généralement, Shakespeare peint l'esprit universitaire comme un pharisaïsme et fait de Copernic-Polonius une figure mythique du pharisaïsme universitaire, ainsi que les traîtres Rosencrantz et Guildenstern. Comment veut-on, après ça, que Shakespeare soit jugé sereinement dans l'université, et que celle-ci n'ait pas préféré qualifier ses pièces d'"énigmatiques" ? Nitche fait d'ailleurs de même, car Shakespeare est le moins dionysiaque ou musical des tragédiens.

    L'éthique, qui est le principe même de l'antichristianisme, cela Shakespeare le sait aussi bien que Nitche, l'éthique devient encore plus sinistre dans le théâtre de Shakespeare quand elle s'avance sous le masque chrétien. Croire que Shakespeare est athée parce qu'il met en péril l'éthique romaine, bottant le cul-béni de Claudel à travers les siècles, c'est faire la théorie d'un Jésus-Christ athée, sous prétexte qu'il voue aux gémonies l'éthique juive, dont le déchirement du voile signifie la fin. L'éthique ne peut se passer d'un voile, ou d'un nuage de signes mathématiques insignifiants. Il est curieux de voir de soi-disant savants s'acoquiner avec l'éthique, matière la moins scientifique au point d'impliquer le négationnisme historique le plus strict. Du point de vue occidental, on reconnaîtra un barbare à ce qu'il est imprégné d'éthique, et donc pas très éloigné de placer le hasard au niveau d'un phénomène scientifique. Les Etats-Unis aujourd'hui, auparavant le régime nazi, sont au niveau de l'éthique, la plus apte à préparer et justifier les génocides de la polytechnique. La science barbare intègre le préjugé d'ordre éthique ou juridique, c'est ainsi que Shakespeare la détecte, et ce qui lui permet d'anticiper le retour en grâce de la science égyptienne en Occident, que la contre-culture populaire aujourd'hui désigne sous le nom de "complot illuminati". A cette contre-culture populaire, l'historien Shakespeare n'enlève que le qualificatif de "complot", ou du moins il le situe au niveau physique primordial qui est le sien.

    L'antichristianisme des Etats-Unis aujourd'hui, et l'analogie du culte qui règne dans cette théorie de nation avec celui de l'Egypte antique, voire de l'Atlantide évoquée par Platon, est constatable en un endroit où Hamlet-Bacon enfonce son épée particulièrement : celui de la "philosophie naturelle". Comme la conscience des Egyptiens est orientée vers un au-delà métaphysique truqué, qui n'est qu'une "morale pure" en réalité, faite pour souder la société égyptienne en anéantissant toute velléité d'individualisme, l'inconscient collectif aux Etats-Unis relève de la même incitation identitaire parfaitement ésotérique du point de vue chrétien.

    Chez les rares chrétiens d'Europe assez stupides ou malhonnêtes pour faire valoir le principe identitaire égyptien, il n'y a pas à chercher très loin pour retrouver les symboles du culte de Satan. Adolf Hitler était lui-même issu d'un tel milieu démocrate-chrétien. Il se caractérise non par le paganisme ou par le christianisme, mais par le mariage ubuesque de l'éthique païenne avec le message chrétien, qui comporte un risque d'aliénation mentale. Dans la prose de Nitche par exemple, l'aspect d'auto-psychanalyse est déterminant (qui le rend peu digne d'intérêt pour le lecteur français, guère amateur de littérature thérapeutique) : un esprit ne peut demeurer durablement installé sur deux forces aussi opposées sans basculer dans l'aliénation.

    Hitler est le bouc émissaire idéal de la démocratie-chrétienne allemande, mais du point de vue chrétien la voie romaine nazie, son culte des éléments, n'est pas le plus dangereux. Certains prêtent à Shakespeare d'avoir annoncé les ravages du national-socialisme. C'est inexact. Brutus, qui est une sorte d'Hitler avant l'heure, désireux de restituer au peuple romain ses droits, est loin d'être le personnage le plus antipathique que Shakespeare a créé. C'est plutôt l'inconséquence de Brutus que Shakespeare signale et stigmatise, et que, déjà du temps de Rome, la démocratie est un mode de gouvernement désuet et inadapté. Non, c'est l'Angleterre que Shakespeare vise, c'est-à-dire un paganisme revêtu des oripeaux de l'éthique chrétienne. Il faut être aveugle pour ne pas comprendre que Shakespeare voit juste : c'est un défaut de machiavélisme qui caractérise le régime nazi, à qui il manque l'essence même du socialisme, à savoir la tartufferie sans laquelle le socialisme n'est plus qu'une utopie inutile, et dont aucun clergé ne peut faire usage.

  • Lire Shakespeare

    Lisez Shakespeare tant que vous pouvez. Les capacités de rétractation du temps sont aussi spectaculaires que son pouvoir de dilatation.

    Pourquoi ne pas commencer par "La XIIe Nuit." ?

    - Quelques conseils de lecture. Gare aux notes rédigées par des universitaires ! Pour une raison très simple : Shakespeare les déteste au moins autant que Rabelais. Les intellectuels, dont le nombre croît à mesure de l'obscurantisme, ont d'ailleurs essayé à une ou deux reprises de faire disparaître carrément l'antithéâtre de Shakespeare pour le remplacer par le cinéma de Racine.

    - Considérez ensuite que le mot célèbre de Samuel Johnson ("Bûcher des Vanités") : "Ce ne peut être que le diable qui a inventé le libéralisme.", découle d'une lecture attentive de Shakespeare par Johnson. Les commentaires d'intellectuels libéraux sont donc à prendre avec des pincettes. Quand l'un de cette bande de fantômes qui dansent avec la mort (R. Girard), écrit : "Shakespeare n'est pas un auteur apocalyptique.", vous pouvez aussitôt déduire que Shakespeare doit probablement être ce que Girard dit qu'il n'est pas. Et vous ne tardez pas à avoir la confirmation à chaque nouveau chapitre que vous lisez que Shakespeare est un auteur apocalyptique. L'université moderne est méticuleuse au point d'émonder les oeuvres comme s'il s'agissait d'arbres fruitiers, pour les faire coïncider avec les préjugés du moment. Que penser d'universitaires, d'ailleurs, qui pour commenter un tragédien chrétien, se renseignent à peine sur le christianisme, ignorant que l'apocalypse est le seul sujet possible pour un artiste chrétien.

    - Laissez tomber l'amateur d'opéra et de code civil Stendhal, et son idée d'un Shakespeare "romantique". C'est une des choses les plus claires dans l'oeuvre de Shakespeare qu'il n'écrit pas plus pour les jeunes filles romantiques que Cervantès ou Homère. Shakespeare, italo-boche ? Du crâne de l'imbécile Ajax, dit Shakespeare, si on le lui fendait il sortirait de la musique. La musique est pour Shakespeare un art d'aristocrates fainéants ou de soldats.

    - La bonne méthode pour comprendre Shakespeare, c'est celle que Francis Bacon applique à l'imaginaire fabuleux des Anciens, où la connaissance des symboles est utiles, tandis que la psychologie ne sert à rien. L'art de Shakespeare est plus proche des contes pour enfants, surtout quand ils ont un double sens apocalyptique comme "Blanche-Neige", que du drame bourgeois façon Flaubert ou Stendhal. Il y a entre Hamlet et sa mère un rapport similaire à celui qui est entre Dante Alighieri et Béatrice, que seul le béotien moderne cherchera à élucider sous le rapport psychologique.

  • Rabelais avait raison

    Mes études "dissidentes", "hors l'Université", après quelques années m'amènent à la conclusion que François Rabelais a raison. Sa diatribe contre la scolastique et l'Université, qui rejoint la critique aiguë de François Bacon des mêmes institutions, n'est pas de l'ordre de la caricature ou du pamphlet. L'Université s'est bel et bien avérée depuis le temps où Rabelais parle, être un moteur puissant de propagation de la superstition.

    Dès l'enfance d'ailleurs, après avoir lu la thèse révisionniste de Faurisson, publiée par une maison d'édition anarchiste et qui circulait "sous le manteau" dans mon lycée de province, j'ai eu l'intuition que le XXIe siècle serait révisionniste ou ne serait pas. Le contraire de Malraux, par conséquent, si tant est que sa conception de la religion soit plus cohérente que ses idées artistiques.

    Il n'est même pas utile d'affronter la censure à propos de Faurisson, de prendre position pour ou contre. Au regard des études historiques, la thèse de Faurisson est un détail et le révisionnisme historique de Marx beaucoup plus large et fécond. Je cite Marx en tant qu'exemple de science qui s'est construite en grande partie contre l'Université prêchant la science "ex cathedra". La découverte par Simone Weil de l'ineptie des travaux de Max Planck ne doit rien elle non plus à l'Université.

    Faurisson est d'ailleurs, bien qu'anarchiste, essentiellement un universitaire maniaque.

    Non qu'il ne soit absolument rien sorti de bon de l'Université, j'ai pu moi-même au plan du détail en retirer de bonnes choses, en particuliers d'ouvrages parus dans les années vingt ou trente en France ; la mythologie de Jean-Pierre Vernant, plus récemment, est loin d'être dépourvue d'intérêt ; les études mathématiques du Hongrois A. Szabo passionnantes aussi. Mais lorsqu'on compare ce reliquat aux hérésies scientifiques produites par l'Université, le bilan est terrible !

    Quelques exemples de sciences littéralement vandalisées : Aristote par Heidegger et H. Arendt ; Léon Bloy par G. Steiner et P. Glaudes (Bloy est très important pour un catholique dans la mesure où il est un des derniers exemples de théologien assez vigoureusement anticlérical) ; Shakespeare par Girard ou Bonnefoy ; François Bacon par ses commentateurs qui en ont fait "le père de l'empirisme", alors même qu'il n'en possède AUCUNE caractéristique, Karl Marx par Derrida ou Balibar, etc.