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vladimir holan

  • En construisant

    ...la Tour de Babel

    "Tu étais en train de purger ta peine et tu travaillais comme manoeuvre.

    Des grimaces de l'aube jusqu'au ricanement du soir,

    le travail était dur comme la terre, l'hiver, pour le fossoyeur,

    et cela faisait longtemps qu'il nous avait coupé la respiration

    et longtemps que l'espoir d'une évasion n'était pas grand-chose de plus

    qu'une giclée de salvive piétinée par le pied nu.

    Le caractère éphémère de tout ce qui était spirituel

    était si effrayant que beaucoup d'entre nous auraient volontiers cru dans l'immortalité de la chair.

    Nous commencions à rencontrer nos doubles...

    En ce qui te concerne... Mais non !...

    Il suffisait que la femme de Psentostris

    longe le haut rempart de bitume

    pour que tout cet énorme édifice inhumain

    qui devait survivre à l'éternité

    t'apparaisse aussitôt pure improvisation.

    Les ruines étaient si immédiates

    qu'elles étaient comme la certitude de l'amour...

    V. Holan (Trad. D. Grandmont)

  • La Nuit avec Vladimir Holan (2)

    Le poète tchèque Vladimir Holan (1932-1970) a aussi insulté la France, promesse de lumières jamais tenue.

    "France, l'infamie de quelques-uns des tiens

    est aussi profonde que le déshonneur qui nous touche.

    Car tu es un drapeau qui s'accroche à la honte,

    tu es une voix sans voix.

    Tu es l'avenir qui ne sera pas,

    la pointure posthume des pleutres.

    Le seul fait qu'aujourd'hui le vent souffle

    donne une forme à tes loques."

    (Trad. D. Grandmont)

  • La Nuit avec Vladimir Holan

    Le poète tchèque Vladimir Holan (1932-1970), a passé une nuit avec Hamlet ("Noc S Hamletem"). Hamlet sait tout, et il guerroie contre le monde qui ne sait rien, faisant comme si "être" était "avoir", et "pouvoir" une fin. A la fin du temps, Hamlet ressuscitera, non pas en raison de la foi mais de l'histoire.

    Je viens de passer une nuit avec V. Holan.

    "Sur le chemin de la nature à l'être

    les murs ne sont pas à vrai dire très accueillants,

    ces murs couverts d'urine par le talent et mouillés de crachats

    par la révolte des eunuques contre l'esprit, ces murs,

    ces murs d'un rien plus bas que leur propre naissance,

    et ces murs où l'on voit déjà mûrir et s'arrondir tout fruit...

    Pleine et fluide, la voix de Shakespeare

    est invite à tout se permettre, et sa parole,

    qui comme l'étonnement même se devrait d'être

    une célébration, devient par la dévaluation du Temps (devant les preuves possibles de son absence),

    un impôt d'usurier sur tous les appartements,

    dans lesquels le metteur en scène s'est installé avec sans-gêne.

    Seule l'escroquerie est ici certitude. Et quant au spectateur,

    sans plus attendre il rampe vers la sortie comme le serpent de saint Georges,

    pour se chauffer à la bile des critiques..." (Trad. D. Grandmont)

    Depuis Samuel Johnson je n'avais pas entendu une parole sensée à propos de Shakespeare.