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Mélenchon contre Arendt

Lors d'un "talk show" sur une chaîne publique française, où des politiciens mélangés à des membres du "show-business" répondent aux questions de journalistes plus ou moins impertinents, l'un de ceux-ci apostrophe Jean-Luc Mélenchon, candidat communiste représentant les derniers ouvriers du pays ; celui-ci venait de traiter de "menteurs" un certain nombre de politiciens concurrents.

- Le mensonge n'est-il pas inhérent à la politique, comme le dit Hannah Arendt ?

- Non, on n'est pas obligé de croire tout ce que dit Hannah Arendt.

A l'appui de cette affirmation de Hannah Arendt, des milliers d'années de politique et de gouvernement des hommes jusqu'à aujourd'hui. Dans "La Crise de la Culture", où l'essayiste allemande fait de la culture de masse dans laquelle nous baignons actuellement un élément caractéristique du totalitarisme, Arendt précise que l'affirmation de Mélenchon, la prétention des politiques modernes à dire la vérité ou s'y conformer est également une caractéristique des régimes totalitaires modernes.

Le mensonge de Mélenchon (qui n'a rien de "marxiste", contrairement à ce qu'il semble penser), est facile à déceler : c'est l'égalité. La promesse du droit moderne d'un monde égalitaire, promesse dont l'usage principal est de tenir les peuples opprimés en haleine. Si K. Marx n'est pas un philosophe totalitaire, c'est parce qu'il se garde d'énoncer la liberté ou la vérité en termes juridiques.

Le mensonge contenu dans l'utopie égalitaire, bien plus démocrate-chrétienne que marxiste, que ce mensonge soit volontaire ou non, est au service d'un autre mensonge plus puissant - le machiavélisme bourgeois. Le populisme est, entre les mains des élites bourgeoises, une arme à double tranchant. La manipulation du peuple est proche de celle des explosifs. Les élites s'en servent comme d'une arme contre leurs rivales, en même temps qu'il peut leur arriver d'être désarçonnées brutalement par la violence populaire, entretenue aujourd'hui notamment à travers la culture de masse.

C'est l'apparence de démocratie qui exige d'un politicien qu'il s'exprime "au nom de la vérité", c'est-à-dire qu'il dissimule bien mieux son mensonge que les tyrans de l'antiquité.

A noter que le tribun communiste, qui a écrit un pamphlet contre l'Allemagne de Mme Merkel, se sent obligé de rendre hommage à la "pensée allemande" et de citer des philosophes qui lui ont servi de pères spirituels, aussi divers que Marx et Kant.

Marx, s'il est de nationalité allemande, a rejeté l'idéalisme allemand de Hegel à l'aide de la philosophie matérialiste anglaise du XVIIIe siècle, principalement. Marx n'est donc pas très allemand. La pensée allemande mérite surtout l'éloge des technocrates et des représentants d'institutions technocratiques. Il semble que la mécanique influe sur les Allemands jusque dans leurs écrits philosophiques. Il est plus juste de faire à cette nation crédit de l'automobile.

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