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hannah arendt

  • Dans la Matrice

    Le totalitarisme trouve sa justification dans la philosophie moderniste. Celle-ci ne fournit pas forcément une caution positive à l'économie capitaliste, mais elle constitue la moindre entrave à son développement.

    - Prenons quelques exemples : l'idéologie communiste ne s'oppose pas au capitalisme ; on peut même penser, à la suite de Lénine, que le communisme a contribué involontairement au progrès du capitalisme, à la manière des despotes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ; en ce qui concerne l'idéologie nazie, il n'est pas difficile de discerner derrière l'argument néo-païen ou écologiste (darwiniste) un régime bourgeois capitaliste comme les autres, moderne avant tout. Quant à l'idéologie démocrate-chrétienne, la moins opposée au capitalisme, quand elle paraît s'y opposer en telle ou telle circonstance où l'exploitation (coloniale, par exemple) paraît au grand jour, ce n'est que par de vains discours et sermons populistes.

    Par conséquent il n'est pas étonnant que certains penseurs contre le totalitarisme viennent du courant réactionnaire ou aient été inspirés par lui. Plusieurs essayistes réactionnaires ont ainsi fait remarquer l'irrationalité de la pensée moderniste, ou encore son intellectualisme.

    Parmi ces essayistes, Hannah Arendt, dont la remarque la plus utile est pour indiquer que la nécessité politique diverge de l'exigence de vérité. H. Arendt ajoute que cette divergence a toujours passé pour une évidence, que nul penseur ou philosophe n'a jamais songé à nier avant l'avènement des temps modernes. Ainsi, on peut concevoir l'argument scientifique comme une caractéristique du totalitarisme, et préciser ainsi la définition du régime totalitaire : c'est un régime qui paraît se soumettre à l'exigence scientifique. En pratique, c'est la technologie qui est présentée comme le fruit de la science, et non la vérité ou la connaissance, la résolution de l'énigme de la condition humaine.

    On constate ainsi que le régime communiste a vidé Marx de sa substance, pour n'en retenir que le leitmotiv scientifique et le très maigre apport politique, que l'on peut presque résumer à l'emploi de la terminologie moderniste. 

     

  • Mélenchon contre Arendt

    Lors d'un "talk show" sur une chaîne publique française, où des politiciens mélangés à des membres du "show-business" répondent aux questions de journalistes plus ou moins impertinents, l'un de ceux-ci apostrophe Jean-Luc Mélenchon, candidat communiste représentant les derniers ouvriers du pays ; celui-ci venait de traiter de "menteurs" un certain nombre de politiciens concurrents.

    - Le mensonge n'est-il pas inhérent à la politique, comme le dit Hannah Arendt ?

    - Non, on n'est pas obligé de croire tout ce que dit Hannah Arendt.

    A l'appui de cette affirmation de Hannah Arendt, des milliers d'années de politique et de gouvernement des hommes jusqu'à aujourd'hui. Dans "La Crise de la Culture", où l'essayiste allemande fait de la culture de masse dans laquelle nous baignons actuellement un élément caractéristique du totalitarisme, Arendt précise que l'affirmation de Mélenchon, la prétention des politiques modernes à dire la vérité ou s'y conformer est également une caractéristique des régimes totalitaires modernes.

    Le mensonge de Mélenchon (qui n'a rien de "marxiste", contrairement à ce qu'il semble penser), est facile à déceler : c'est l'égalité. La promesse du droit moderne d'un monde égalitaire, promesse dont l'usage principal est de tenir les peuples opprimés en haleine. Si K. Marx n'est pas un philosophe totalitaire, c'est parce qu'il se garde d'énoncer la liberté ou la vérité en termes juridiques.

    Le mensonge contenu dans l'utopie égalitaire, bien plus démocrate-chrétienne que marxiste, que ce mensonge soit volontaire ou non, est au service d'un autre mensonge plus puissant - le machiavélisme bourgeois. Le populisme est, entre les mains des élites bourgeoises, une arme à double tranchant. La manipulation du peuple est proche de celle des explosifs. Les élites s'en servent comme d'une arme contre leurs rivales, en même temps qu'il peut leur arriver d'être désarçonnées brutalement par la violence populaire, entretenue aujourd'hui notamment à travers la culture de masse.

    C'est l'apparence de démocratie qui exige d'un politicien qu'il s'exprime "au nom de la vérité", c'est-à-dire qu'il dissimule bien mieux son mensonge que les tyrans de l'antiquité.

    A noter que le tribun communiste, qui a écrit un pamphlet contre l'Allemagne de Mme Merkel, se sent obligé de rendre hommage à la "pensée allemande" et de citer des philosophes qui lui ont servi de pères spirituels, aussi divers que Marx et Kant.

    Marx, s'il est de nationalité allemande, a rejeté l'idéalisme allemand de Hegel à l'aide de la philosophie matérialiste anglaise du XVIIIe siècle, principalement. Marx n'est donc pas très allemand. La pensée allemande mérite surtout l'éloge des technocrates et des représentants d'institutions technocratiques. Il semble que la mécanique influe sur les Allemands jusque dans leurs écrits philosophiques. Il est plus juste de faire à cette nation crédit de l'automobile.

  • Du Totalitarisme

    Hannah Arendt a tenté dans divers essais d'élucider le phénomène du totalitarisme, c'est-à-dire de la tyrannie moderne, qui au contraire de l'ancienne sait se faire aimer.

    Shakespeare a fait mieux et plus tôt que tous les analystes ou adversaires du totalitarisme, puisqu'il a conçu une mythologie propice à faire tomber les écailles des yeux de celui ou celle qui le veut. Notamment Shakespeare montre comment une idée falsifiée de l'amour est au coeur de la tyrannie totalitaire.

    Il y a à boire et à manger dans l'analyse d'Hannah Arendt. Shakespeare, lui, est on ne peut plus synthétique. Il faut dire que, pour un chrétien, la capacité de synthèse est surhumaine, c'est-à-dire qu'elle prend sa source dans le divin, exactement comme la loi naturelle émane du point de vue païen de Satan. L'anthropocentrisme débordant de la culture moderne nihiliste n'est donc ni satanique, ni chrétien. Le caractère indéfinissable du totalitarisme est précisément ce qui le rend insaisissable, tandis qu'il est beaucoup plus facile d'appréhender la tyrannie classique oedipienne, comme Moïse fit il y a plusieurs millénaires, identifiant à jamais celle-ci avec l'Egypte des pharaons.

    Dans le passage ci-dessous, Hannah Arendt soulève le problème de l'histoire, du christianisme et de la civilisation moderne, d'une façon plutôt utile puisqu'elle décèle à peu près la ruse qui consiste pour l'Occident à prétendre incarner une sorte d'avant-garde historique. Cette ruse est une invention de l'Eglise romaine et des papes, reprise ensuite par des institutions laïques, qui tout en s'étant séparées de l'Eglise, ont prolongé la méthode et la ruse de leur matrice. Ainsi les "valeurs républicaines" revendiquées aujourd'hui par certains moralistes doivent beaucoup plus à l'Eglise romaine qu'elles ne doivent aux théoriciens et politiciens antiques.

    "A cause de cette insistance moderne sur le temps et la succession temporelle, on a souvent soutenu que l'origine de notre conscience historique réside dans la tradition judéo-chrétienne [concept frauduleux en soi], avec son concept de temps rectiligne et son idée d'une divine providence [l'idée de "temps rectiligne" n'a aucun fondement chrétien, et la "divine providence" coïncide avec la "monarchie chrétienne de droit divin"] donnant à la totalité du temps historique de l'homme l'unité d'un plan de salut - idée qui contraste en effet aussi bien avec l'insistance de l'antiquité classique sur les événements et faits singuliers qu'avec les spéculations de l'antiquité tardive sur un temps cyclique [c'est l'idée de temps rectiligne qui est excessivement spéculative et fonctionnelle, comparée à celle de temps cyclique]. On a cité beaucoup de preuves à l'appui de la thèse selon laquelle la conscience historique moderne a une origine religieuse chrétienne et est née de la sécularisation de catégories originellement théologiques. Seule notre tradition, religieuse, dit-on, connaît un commencement et, dans la version chrétienne, une fin du monde : si la vie humaine sur la terre suit un plan divin de salut [une telle description, anthropocentrique et contredisant la Genèse, n'est pas authentiquement chrétienne - autrement dit, la vie humaine n'est pas plus sacrée du point de vue chrétien que du point de vue païen antique - elle l'est moins], alors son seul déroulement doit receler une signification indépendante de tous les événements singuliers et les transcendant tous. Par conséquent on en conclut qu'un "tracé bien défini de l'histoire du monde" n'est pas apparu avant le christianisme, et que la première philosophie de l'histoire est présentée dans le "De Civitate Dei" de saint Augustin. Et il est vrai que chez Augustin nous trouvons l'idée que l'histoire elle-même, c'est-à-dire ce qui a un sens et est intelligible, peut être séparée des événements historiques singuliers rapportés dans la narration chronologique. Il affirme explicitement que "bien que les institutions passées des hommes soient rapportées dans le récit historique, l'histoire elle-même n'a pas à être comptée parmi les institutions humaines." [le problème du totalitarisme réside très largement dans le fait qu'il est impossible d'accorder le plan politique à l'exigence historique du salut autrement que sous la forme de l'illusionnisme, dont la philosophie de Hegel est emblématique et le concept de temps historique rectiligne]. 

    Cette similitude entre le concept chrétien et le concept moderne de l'histoire est cependant trompeuse. Elle repose sur une comparaison avec les spéculations de l'antiquité tardive sur l'histoire cyclique, et néglige les concepts d'histoire classiques de la Grèce et de Rome. La comparaison est encouragée par le fait qu'Augustin lui-même, lorsqu'il réfutait les spéculations païennes sur le temps, avait essentiellement en vue les théories cycliques de sa propre ère, qu'aucun chrétien en effet ne pouvait accepter à cause du caractère absolument unique de la vie et de la mort du Christ sur terre : "Une fois Christ est mort pour nos péchés ; et renaissant d'entre les morts il ne meurt plus." Ce que les interprètes modernes sont enclins à oublier est que saint Augustin a proclamé ce caractère unique d'un événement, qui sonne si familier à nos oreilles, pour cet événement seulement [on devine combien cet "oubli" est propice aux élites et aux mouvements politiques et culturels qui s'avancent derrière la bannière chrétienne] - l'événement suprême de l'histoire humaine, où l'éternité, pour ainsi dire, fait irruption dans le cours de la mortalité terrestre ; il n'a jamais prophétisé ce caractère unique, comme nous le faisons, pour des événements séculiers ordinaires. Le simple fait que le problème de l'histoire n'a fait apparition dans la pensée chrétienne qu'avec saint Augustin devrait nous faire douter de son origine chrétienne, et cela d'autant plus qu'il est apparu, selon les termes mêmes de la philosophie et de la théologie d'Augustin, du fait d'un accident.(...) [contrairement à la théologie démocrate-chrétienne des papes modernes, la "Cité de Dieu" d'Augustin fait référence pour étayer la notion d'histoire chrétienne à l'eschatologie évangélique. Augustin n'est ni premier ni principal dans l'explication de la conscience chrétienne, mais il est vrai que la scolastique médiévale constitue un recul par rapport à Augustin.]."

    H. Arendt (In : "La Crise de la culture") 

  • Contre H. Arendt

    Hannah Arendt a fait, ainsi que Simone Weil, quelques observations judicieuses à propos des causes de l'oppression moderne, désignées comme le "totalitarisme", et dont la culture de masse prouve aux yeux d'Arendt la persistance au-delà du régime nazi ; d'une certaine manière, le point de vue d'Arendt n'est guère éloigné du point de vue fasciste, critique à l'égard de certains aspects de la culture moderne.

    Judicieuse en particulier la remarque d'Arendt sur la divinisation de la science, au stade totalitaire. L'eugénisme nazi, celui de la Chine communiste, ou encore des laboratoires qui financent les principaux partis politiques démocratiques, sous couvert de "darwinisme social", illustre l'usage de la science par les régimes totalitaires. L'industrie de l'armement n'a pas seulement un rôle politique : elle est le produit de l'effort de "savants". Les philosophes de l'Antiquité étaient capables de concevoir des armes de longue portée ou de destruction massive, mais aucun n'a tenu qu'il y avait là autre chose que de l'ingéniosité. On pourrait dire que l'invention et le génie sont exclus du champ de la science antique, car l'Antiquité juge ces activités entièrement dépourvues d'imagination.

    On a trop souvent en effet affaire aujourd'hui à de faux savants (en général des statisticiens), prônant une "science éthique", or c'est précisément là qu'il y a un phénomène totalitaire nous dit Hannah Arendt. L'histoire de la science, si elle était enseignée avec un peu de sérieux en France, et non par des fonctionnaires partisans, nous renseignerait sur le fait que la "science éthique" est rattachable au principe de la "philosophie naturelle", bien plus religieux que scientifique.

    Cela signifie que la science qui est enseignée comme telle par les régimes totalitaires n'est pas une science fondamentale : le rapport qu'elle entretient avec l'objet de la science, c'est-à-dire l'univers au sens le plus large, est un rapport religieux et non scientifique.

    Il est très décevant de ne pas lire dans Hannah Arendt cette remarque complémentaire, d'une science moderne abaissée au niveau où l'art doit opérer, et d'un art moderne élevé au rang où la science devrait opérer "en toute indépendance".

    Il est trop facile de pointer du doigt en direction de l'Eglise catholique, effectivement impliquée dans cet étrange enlisement de la conscience humaine, tout en s'abstenant d'observer que l'université laïque en activité, perpétue ce mouvement "baroque", pour prendre l'adjectif qui désigne l'insanité catholique romaine à son apogée. Je reprends d'autant plus volontiers cette expression de Nietzsche qu'il l'a empruntée à un savant chrétien : la culture moderne, justifiée par l'université moderne, a pour but de maintenir l'homme dans un "labyrinthe" d'erreurs.

    Mon explication quant à l'erreur d'appréciation commise par H. Arendt est que cette essayiste est allemande, par conséquent entraînée à sous-estimer le rôle joué par l'université dans le cautionnement de l'oppression. En effet les Allemands ne peuvent pas s'empêcher de se prosterner devant l'Université, contrairement aux Français ou aux Anglais, plus pragmatiques et peu portés à prendre les "sciences humaines" pour des sciences véritables, en quoi ils ne se trompent pas puisque les "sciences humaines" prolongent le discours religieux.

    Je cite H. Arendt ("La crise de la culture") : "La conquête de l'espace par l'homme a-t-elle augmenté ou diminué sa dimension ?" La question soulevée s'adresse au profane et non au savant : elle est inspirée par l'intérêt que l'humaniste porte à l'homme, bien distinct de celui porté par le physicien à la réalité du monde physique. Comprendre la réalité physique semble exiger non seulement le renoncement à une vision du monde anthropocentrique ou géocentrique, mais aussi une élimination radicale de tous éléments et principes anthropomorphes en provenance du monde donné aux cinq sens de l'homme ou des catégories inhérentes à son esprit. La question tient pour établi que l'homme est l'être le plus élevé que nous sachions - postulat hérité des Romains dont l'humanitas était à ce point étrangère à la disposition d'esprit des Grecs que ceux-ci n'avaient pas même de mot pour l'exprimer. Si le mot humanitas est absent de la langue et de la pensée grecques, c'est parce que les Grecs, à la différence des Romains, ne pensèrent jamais que l'homme fût l'être le plus élevé qui soit. Aristote appelle cette croyance atopos, absurde. (...)"

    J'ai recopié en bleu quelques lignes dont le sens est peu sûr. En effet, la "conquête de l'espace" est un slogan aussi bien irrecevable du point de vue de l'humanisme que du point de vue de la science physique.

    Bizarrement, H. Arendt assimile ensuite l'anthropocentrisme au géocentrisme. La méthode scientifique, qui n'a rien de "nouveau" ou de moderne, est la plus dissuasive de l'anthropocentrisme, c'est-à-dire de transposer sur l'objet de l'étude scientifique des caractéristiques humaines, ainsi qu'un mauvais peintre transférera sur la toile, agissant au hasard, ses émotions, plaçant ainsi son art, tant par le but que par le moyen, à un niveau inférieur au niveau où se situe la production artisanale.

    Or le géocentrisme est fondé, comme la rotondité de la terre, sur l'observation du mouvement du soleil, c'est-à-dire sur la vision, donc le sens par lequel l'homme est le moins abusé.

    La récusation du géocentrisme, quant à elle, repose sur le point de vue théorique de l'observateur, sans lequel le modèle démonstratif que la terre tourne ne serait pas possible. Certain savant l'a admis récemment : l'héliocentrisme est avant tout une méthode de calcul astronomique. En quoi le calcul serait moins anthropocentrique que l'usage de la vue ? La meilleure preuve de l'erreur qui consiste à assimiler l'anthropocentrisme au géocentrisme se trouve dans Aristote, que H. Arendt cite un peu plus loin, puisque celui-ci combat l'anthropocentrisme au profit de l'ontologie, en même temps qu'il apporte sa caution au géocentrisme. De même on peut dire l'art "conceptuel", aussi intelligent soit-il, un art plus anthropocentrique que l'art antique. La poésie d'Homère, par exemple, est beaucoup moins anthropocentrique que l'art de Marcel Duchamp, aussi ironique soit ce joueur d'échecs quant à la possibilité d'un art démocratique.

    "Hamlet" fait date dans le combat contre le totalitarisme ou la direction prise par l'Occident, résumé dans le "Danemark", direction qui est celle d'un sens giratoire maquillé en "sens de l'histoire". En effet le propos de la pièce de F. Bacon, alias Shakespeare, est de pointer Copernic, alias Polonius, au contraire d'Hannah Arendt, comme une menace pour la science - menace représentée par l'anthropocentrisme, effectivement à l'origine d'une philosophie naturelle qui ne dit pas son nom, dont l'abstraction dissimule l'artifice.

    L'hostilité de F. Nietzsche à la culture moderne, persuadé lui-même qu'elle repose sur le néant, a pu lui faire croire que Shakespeare était "athée" ou païen comme lui. Le plus probable est que Shakespeare a décelé dans la science scolastique catholique, dont Copernic, Rhéticus, tout comme Galilée ultérieurement sont les représentants, un complot chrétien contre l'esprit de Dieu (symbolisé par le spectre, père de H.). Il faut d'ailleurs un esprit libre de tout perspectivisme anthropologique, à un point que Nietzsche n'atteint pas, pour comprendre que le théâtre de Shakespeare est d'ordre mythologique, et qu'il échappe aux règles du drame bourgeois.

    La distinction faite par Hannah Arendt entre les Romains et les Grecs s'avère utile. En effet la science moderne dérive bien plutôt de la culture romaine, décadente sur le plan scientifique - hypermorale, pourrait-on dire, et qui tient absurdement l'homme pour un être supérieur, ce que l'on ne peut absolument pas déduire du judaïsme ou du christianisme. Cette idée de l'homme comme un être supérieur, par exemple, semble un préjugé nécessaire à la science évolutionniste. La remarque semble évidente que la science évolutionniste ne compte pratiquement d'avocats qu'au sein de la communauté des savants technocrates, et quelques écologistes en sus qui n'ont jamais mis les pieds dans la nature ; chaque variété de régime totalitaire a inventé une application morale, dérivée du darwinisme.

     

  • Vérité et politique

    "L'objet de ces réflexions est un lieu commun. Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien et de démagogue, mais aussi celui d'homme d'Etat. Pourquoi en est-il ainsi ? (...)"

    Hannah Arendt, in "La Crise de la culture", titre original : "Entre passé et futur", trad. française 1972)

    Dans ce chapitre, Hannah Arendt se réfère un peu plus loin à l'adage latin : "Fiat justitia, et pereat mundus", attribué à Ferdinand Ier, qui résume l'impossibilité de concilier politique et vérité. H. Arendt multiplie les exemples de défenseurs de la vérité, persécutés par la puissance publique. Elle mentionne l'idée ancienne de Platon selon laquelle la vérité ne peut être communiquée à une masse de personnes humaines, où transparaît que la République et la démocratie selon Platon n'ont rien de commun avec le système républicain et les démocraties libérales modernes, fondées sur le principe quantitatif inverse.

    Curieusement, dans le chapitre intitulé "Vérité et politique", Hannah Arendt ne mentionne pas directement le judaïsme ou le christianisme, religions que F. Nietzsche a maudites et justement qualifiées d'"anarchistes", précisément parce qu'elles sont "décalées de la vertu" et du rapport que l'institution politique entretient nécessairement avec la nature (physique). Les évangiles prétendent enseigner une vérité incompréhensible du point de vue social. Le néant est pour le chrétien la clef de toutes les doctrines sociales, par conséquent celles-ci contribuent toutes à entretenir l'erreur et le péché ; avec une mention spéciale, ainsi que le souligne Shakespeare, pour les doctrines sociales chrétiennes, qui comportent nécessairement un degré de mensonge supplémentaire. Shakespeare fait de la culture chrétienne, c'est-à-dire la subversion du christianisme, l'élément crucial de la tragédie du monde moderne. Si certains ont pu croire dans l'athéisme de Shakespeare, se fondant sur sa critique radicale de la culture médiévale chrétienne, c'est parce qu'ils ignorent que la religion chrétienne est la moins susceptible, en principe, de fonder une culture, et ne l'a jamais fait, comme une étude approfondie de la culture occidentale permettrait de s'en rendre compte, que par la "christianisation" d'institutions païennes, ce qui du point de vue chrétien authentique est le pire des péchés, qualifié de "fornication". "Roméo et Juliette" est ainsi une pièce dont le thème principal n'est pas la "passion amoureuse", comme certains critiques superficiels ont pu le penser, mais une pièce qui porte, bien plus profondément, sur la christianisation de l'institution païenne du mariage, dont Shakespeare fait voir de la manière la plus moralement incorrecte pour son époque les tenants et aboutissants.

    L'omission d'Hannah Arendt est d'autant plus surprenante que le totalitarisme est son sujet principal d'étude, c'est-à-dire une forme de tyrannie inédite dans l'antiquité, révélatrice du sens de la politique moderne.

    Ce chapitre sur la vérité et la politique aurait dû entraîner rapidement Hannah Arendt à deux conclusions : premièrement à énoncer le rôle-clef des "politiques chrétiennes" dans le totalitarisme (la doctrine satanique ou antichrétienne de F. Nietzsche s'articule autour de cette idée). On voit bien en effet que, dans la démocratie-chrétienne, la perversion est double : elle l'est par rapport à la conscience ancienne, mise en avant par H. Arendt, du mariage entre la politique et la vérité ; et la démocratie-chrétienne est perverse par rapport au christianisme, dont elle renverse la signification, alors même que les chrétiens devraient en principe être les mieux éclairés quant à la nature mondaine ou temporelle de la perspective démocratique.

    Ironiquement, on pourrait dire qu'il n'y a pas de démocratie-chrétienne qui puisse être fondée sur les évangiles et les apôtres, en raison de la défiance exprimée par les apôtres vis-à-vis des banques, qui n'ont jamais eu un poids politique aussi important que dans les nations démocrates-chrétiennes.

    Hannah Arendt cherche dans son essai "Entre passé et futur" à mesurer ce qu'il reste dans le monde moderne de cette ancienne conscience antique de l'opposition entre le plan politique et une vérité moins relative, c'est-à-dire qui ne serait pas conditionnée par les besoins humains temporels, comme l'est la politique.

    Mais, si le jugement porté par Hannah Arendt sur la culture moderne est sans doute juste et aussi sévère que ceux d'Orwell, K. Marx, Nietzsche, ou encore Simone Weil - H. Arendt échoue dans la mission qu'elle s'est fixée d'élucider les raisons de l'inquiétante faiblesse de la culture moderne (pour parler comme Nietzsche). Ses explications sont assez confuses, et on ne peut s'empêcher de voir dans cette confusion la marque, précisément, de la culture moderne.

    Hannah Arendt achoppe notamment sur la notion de science, dont elle est capable de discerner qu'elle a pris, dans les temps modernes, une pluralité de significations incohérentes, parfois contradictoires entre elles. Comme elle ne le dit pas assez radicalement, la science moderne n'est pas pensée, comme fut la science antique par Aristote, ou la science chrétienne humaniste de la Renaissance par Francis Bacon ("Novum Organum") ; elle n'est pas pensée, c'est-à-dire qu'elle n'est pas hiérarchisée. H. Arendt cite même des exemples d'une science évolutive, dont les données présentes contredisent celles qui faisaient foi naguère, et semblent ainsi vouées à se démoder ; cela implique de ne rien prendre pour fondamental et établi dans la science moderne, où le changement fait donc seul office de dogme. C'est ce qui explique que les néo-darwinistes ou les transformistes n'hésitent pas à proclamer "scientifiques" des études portant sur la nature qui comportent de très nombreuses lacunes, quand ces lacunes devraient scientifiquement disposer au scepticisme et à la prudence. On trouve d'ailleurs dans la science évolutionniste cette caractéristique à la fois moderne et religieuse : elle accorde au hasard la valeur de la science. Ainsi la "science économique" peut-elle parallèlement, sans rire, être proclamée une "science". De la même façon, il suffirait de parier sur dieu pour qu'il existe. La conviction que le monde moderne s'appuie sur des vérités scientifiques est une pétition de principe. Pratiquement, c'est le résultat d'une propagande. Mieux que Hannah Arendt, on peut dire que la science moderne fait une très large place à l'hypothèse scientifique, ce qui est le signe d'un mouvement religieux, comme la démocratie l'est sur le plan politique.

    Si Hannah Arendt n'est pas loin de l'intuition de Simone Weil que la science physique moderne n'est qu'un tissu d'inepties, d'équations qui ne veulent rien dire, l'explication qu'elle donne à la révolution scientifique qui s'est produite au XVIIe siècle est largement erronée et pleine de contradictions. On voit ainsi Hannah Arendt souligner la difficulté grandissante de la communauté scientifique à fournir des explications sur ses travaux, difficulté dans laquelle elle n'est n'est pas assez débile pour voir une preuve de progrès scientifique : "Il mériterait d'être noté que, parmi les savants, ce furent principalement des hommes de la vieille génération comme Einstein et Planck, Niels Bohr et Schroedinger qui s'inquiétèrent le plus vivement de cet état de choses AVANT TOUT PROVOQUE PAR LEURS PROPRES TRAVAUX." Je souligne ici la seule partie vraiment intéressante de cette remarque, qui pointe le manque de lucidité ou l'inconscience d'Enstein, Planck, Niels Bohr, etc. - et "a contrario" la lucidité plus grande d'une non-spécialiste, Hannah Arendt, capable de comprendre ou deviner que la science moderne se perd dans des détails, et qu'elle prend la précision de ses instruments pour une avancée scientifique fondamentale.

    Cependant, tout en critiquant la science moderne et interrogeant l'étrange phénomène psychologique au sein de la communauté scientifique (comparable à celui de l'abstraction dans le domaine artistique), Hannah Arendt accorde à celle-ci le penchant naturel pour la vérité, qu'elle refuse aux institutions politiques. En dépit de l'enjeu extraordinaire que la technologie représente en termes de pouvoir et de domination d'une nation sur une autre, H. Arendt ne voit pas de raison de se méfier de la communauté scientifique. De même, H. Arendt rend hommage aux techniciens et ingénieurs, grâce à leurs applications scientifiques, de fournir une preuve du progrès scientifique que les théoriciens purs ne fournissent jamais. Cette manifestation du progrès scientifique sous la seule forme d'avancées techniques doit au contraire conduire à soupçonner la théorie pure qui lui est associée d'être une pataphysique, et non une véritable science fondamentale.

    Le plus grave contresens, Hannah Arendt le commet à propos de la science du XVIIe siècle et des savants qui ont contribué à l'avènement des mathématiques modernes. Elle croit en effet cette science mathématique nouvelle, de Copernic, Newton ou Galilée, "purgée de tout élément anthropomorphique", de sorte que le géocentrisme, précédemment, d'Aristote ou Ptolémée, aurait consisté à projeter sur l'univers des catégories mentales naturelles. C'est le contraire qui est vrai : la métaphysique d'Aristote consiste dans un effort pour penser le cosmos en dehors des catégories naturelles auxquelles l'homme est soumis. Il est assorti d'une critique du langage et des figures de la géométrie algébrique qui incitent à croire vraies des notions comme l'infini, alors que celle-ci a une fonction, elle est "efficace", mais c'est une catégorie mentale dont on ne trouve pas d'équivalent dans la nature. Pour Aristote, l'infini est précisément une catégorie mentale. Le géocentrisme, auquel est lié l'idée d'univers fini, est donc une vision scientifique moins anthropomorphique que les modélisations mathématiques modernes de l'univers, qui évoluent constamment, au gré des caprices de la communauté scientifique. La "théorie des cordes", à la mode il y a dix ans, est désormais désuète. 

    Le propos de Hannah Arendt sur ce point, suivant celui de Max Planck, est saugrenu, car il revient à faire de l'art abstrait l'art le moins humain qui soit. Or c'est exactement l'inverse. Humaines, trop humaines les mathématiques modernes pour servir de base à un discours scientifique conscient. "Comme le dit Erwin Schroedinger, le nouvel univers que nous tentons de "conquérir" n'est pas "inaccessible pratiquement", il n'est même pas pensable, car de quelque manière que nous le pensions, il est faux ; peut-être pas aussi absurde qu'un "cercle triangulaire", mais beaucoup plus qu'un lion ailé."

    Les paradoxes qu'engendrent un tel discours, parfaitement ubuesque, est particulièrement anthropomorphique, l'homme étant sans doute de toutes les espèces la plus paradoxale.

    Suivant un préjugé élitiste, Hannah Arendt absout les intellectuels et les universitaires du processus de décadence de la culture, contre l'évidence que le poisson pourrit par la tête et que la culture de masse est un moyen élitiste de domination. Ainsi il n'y a pas de cinéma "populaire", il n'y a qu'un cinéma bourgeois libéral, ou bien populiste.

     

  • L'Antéchrist Benoît XVI

    Je ne crois pas que le nombre de la bête (666) désigne une personne en particulier. Benoît XVI est plutôt le type de l'Allemand prédéterminé et fier de l'être, comme l'était Hitler auparavant, avec un excédent de bêtise de la part du pape par rapport au chancelier nazi, puisque Benoît XVI prêche la "culture de vie" (sic) au nom du christianisme, tandis qu'Hitler n'ignorait pas qu'elle est l'essence du paganisme.

    La doctrine sociale nazie est d'ailleurs plus cohérente et moins hypocrite que la doctrine sociale du pape actuel (libérale et faite pour justifier le patronat). La doctrine sociale nazie peut être analysée comme l'effort pour adapter l'éthique païenne au monde ouvrier. Son échec en tant que doctrine sociale résulte de la mondialisation des échanges commerciaux. Le darwinisme social libéral prolonge d'ailleurs l'idéologie nazie - il a la même fonction - et sa caution par la démocratie-chrétienne est à la fois un motif de stupéfaction et de scandale. Les chrétiens doivent se montrer absolument intransigeants avec cette race de vipères, comme le fut le christ Jésus avec les marchands du temple de Jérusalem.

    Or, je le dis aux artisans de paix, convaincus comme moi que la démocratie-chrétienne est l'axe du mal, c'est-à-dire qu'elle contient la méthode pour assassiner son prochain en se faisant passer pour un homme juste, le meilleur antidote contre la ruse démocrate-chrétienne est dans le christianisme lui-même, dans l'évangile qui permet la confusion des traîtres et nulle part ailleurs. Autrement dit il ne faut pas se moquer des démocrates-chrétiens, il faut être inflexible avec eux, et ceux dont la conscience n'est pas encore une poutre vermoulue (il y en a nécessairement) "craqueront" ; au lieu de se croire "élus de Dieu", ils verront qu'ils n'ont été que de petits oedipes, tyrannisant autrui et se tyrannisant eux-mêmes, en vertu de principes égyptiens auxquels Jésus et ses apôtres n'ont nulle part. L'évangile est très simple, tandis que la démocratie-chrétienne, elle, traduit la complexité du monde.

    - Contrairement à ce que prétend la philosophe nazie Hannah Arendt, la bestialité sociale n'est pas une chose banale ou naturelle, elle est entretenue par les élites modernes à l'aide d'un discours pseudo-scientifique ou pseudo-artistique, bien loin d'avoir été enterré avec Hitler.

    Du point de vue de la pensée française, il est impossible de différencier un Allemand d'une femme, en raison de leur manière systématique de se croire prédestinés, qu'ils ne remettent jamais en cause, et leur donne le même air mélancolique que les animaux domestiques, qu'ils tentent de faire passer pour la pénétration des choses naturelles, alors que ce sont les choses naturelles qui les pénétrent bien plus sûrement, l'Allemand n'émettant le plus souvent que des paradoxes. Depuis Voltaire, et sans doute plus longtemps, qui a heureusement choisi Leibnitz comme l'exemple de la bêtise humaine, centrale dans la tragédie et le génocide de l'homme par l'homme, on distingue le Français de l'Allemand à ce que les paradoxes qui font rire le premier, suscitent l'admiration dévote du second - l'art contemporain, par exemple.

    - C'est bien plutôt du côté de ce qui incline l'homme à se croire prédestiné et à raisonner ainsi comme une femme ou un Allemand, selon la raison et la foi qui découle de la biologie jusqu'à former la morale pure la plus insane, qu'il faut chercher la signification du nombre de la bête (666), plutôt que dans la désignation d'une personne morale précise. Ainsi cette enquête rejoindra la fable véridique de la Genèse et l'histoire de la chute du couple originel dans l'espace-temps ou le néant.

  • Paysage odieux-visuel

    (Texte complet de mon article consacré à la télé française et sa propagation d'idées mortifères : odieuxvisuelapinos.pdf)

    Un programme télé bientôt diffusée par "France 2" (sauf si les moralistes le font interdire) vient confirmer deux thèses, avancées sur ce blogue depuis quelques années, dans le prolongement du propos de Simone Weil sur l'oppression totalitaire :

    - Thèse n°1 : le national-socialisme d'Hitler contrairement au nôtre avait le mérite de la franchise. (...)

    - Thèse n°2 : le supplément d'hypocrisie du régime national-socialiste où nous sommes est le produit du travail des journalistes de la presse et des médiats qui font tout pour entretenir la bêtise des classes moyennes, à coup de football, de jeux olympiques et de feuilletons yankees débiles. (...)

    En quoi consiste l'émission ? Il s'agit d'une vraie-fausse émission de télé-réalité, dans laquelle des candidats torturent autrui à l'aide d'un instrument proche de la gégène d'Aussaresse en plus sophistiqué. Après coup ils apprennent qu'ils ne se sont rendus complice avec l'animatrice que d'un simulacre d'électrocution.

    Plus de 80 % des candidats vont se comporter comme des gardiens de camps de prisonniers nazis, soviétiques, ou comme les gardiens du camp de Guantanamo récemment (Voire pire, tous les gardiens de camps n'étant pas automatiquement affectés à la torture). On peut s'attendre de la part des médiats qu'ils fassent tout, lors de la diffusion de l'émission (27 mars), pour occulter que leurs discours moralisants à base de photos de tas de cadavres juifs, les cours d'éducations civiques du Tartuffe X. Darcos ou de ses prédécesseurs, les repentances catholiques, tout ce bazar savamment orchestré pour blanchir le capitalisme de ses propres crimes actuels n'a servi à RIEN, si ce n'est à faire obstacle à un remède plus efficace. (...)

    Dans notre culture virtuelle et juridique, l'intention de torturer traduit plus que le simple 'risque de torture' : elle FAIT le tortionnaire, et les candidats de cette émission devraient être traduits en justice. (...)

    *

    Sur ma deuxième thèse maintenant, on est obligé de relever l'hypocrisie qu'il y a à s'en prendre à la téléréalité exclusivement, animée par une bande d'individus par principe peu scrupuleux et guère plus dangereux que des Pieds-Nickelés au total. (...)

    Plus précisément l'hypocrisie consiste pour des tartuffes gauchistes à ignorer que la télévision ou le cinéma sont avant tout des outils de propagande (que les films de Riefenstahl ou Eisenstein relèvent de la propagande n'empêche pas les cinéphiles d'y voir de belles photos). (...) que la télévision ne surmonte pas ce rôle politique et moral.

    De la télévision contrôlée directement par le pouvoir gaulliste à la presse et les médiats contrôlés directement par des industriels d'accord pour sponsoriser une politique libérale de droite ou de gauche, quelle différence ? Le porno-football-guignolos de l'info de Pierre Lescure plus honorable que les discours ronflants de de Gaulle ? Non, plus efficace.

    Personne n'ignore que les médiats ont servi à mobiliser l'opinion publique des Etats-Unis en quelques semaines derrière les troupes US expédiées en Irak, au prix de mensonges nombreux et sans que cette opinion publique comprenne quoi que ce soit à la géostratégie militaire ni à l'enjeu que l'Irak représentait de ce point de vue, au risque d'inciter de plus en plus d'Irakiens à s'engager par mesure de représaille dans la voie du terrorisme. Encore plus probant l'épisode français puisqu'il a permis deux fois de suite d'opérer sur l'opinion française la même sidération, en deux sens radicalement opposés. (...)