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don juan

  • Sade ou Shakespeare ?

    Faut-il jeter Sade à la poubelle, suivant le désir des censeurs puritains ? On aurait tort de croire que les puritains n'ont pas de désir ; leur désir de censure est un désir en creux, un désir potentiellement sadique.

    C'est peut-être la seule leçon à tirer de Sade : derrière le puritanisme sommeille un sadisme, un désir de couper la tête du roi, ou de trancher les parties génitales des cinéastes, les rois de notre époque où l'illusion tient lieu de droit divin. Posséder, la suprême illusion - être possédé, la triste réalité.

    Si l'on jette Sade, on devra aussi brûler Barbey d'Aurevilly, ce Sade à repentirs, un vrai piège à filles comme le "divin marquis". Barbey avait, dit-on, une certaine expérience de la fascination que les types démoniaques exercent sur les bas bleus.

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  • L'athéisme

    Je distingue habituellement deux sortes d'athées. Ceux qui sont sentimentaux, et ceux qui ne le sont pas ou peu. Ainsi, le peu d'intérêt que j'ai pour la littérature de Houellebecq vient de ce que son auteur est manifestement du type sentimental, un sentimentalisme analogue à celui du misanthrope. En disant qu'il est "un écrivain qui vit avec son temps", Houellebecq trahit qu'il est un écrivain entièrement charnel.

    Molière nous montre à travers Don Juan le type de l'athée supérieur ou dominant, entièrement dépourvu de sentiments. Cette sorte d'athée connaît souvent une mort brutale et soudaine, la plus désirable quand on ne nourrit pas d'autre espoir que l'espoir de jouissance. Plus désirable, certainement, que le suicide lent et vaguement masochiste qu'acceptent des athées moins raffermis en guise d'existence. 

    Dans sa critique radicale de la société, il était logique que Molière imagine un personnage tel que Don Juan, beaucoup moins ridicule que tous les autres types sociaux, car se comportant rationnellement et avec courage, n'hésitant pas de temps en temps à défier la mort, bref jouant beaucoup moins la comédie que les personnages qu'il croise ; Don Juan joue seulement la comédie de l'amour, car l'amour est du registre exclusif de la comédie.

    Il est tentant de croire que Molière fait l'apologie de Don Juan ou qu'il est derrière ce personnage, comme Shakespeare derrière Hamlet. Mais ce n'est pas le cas, faute de quoi Molière n'aurait pas pu écrire "Don Juan", mais seulement des ouvrages tels que ceux produits par le marquis de Sade.

    La démocratie est la victoire de Sganarelle sur Don Juan, ou plus exactement le prolongement de celui-ci par celui-là. La culture bourgeoise prolonge la culture aristocratique comme Sganarelle prolonge Don Juan. La culture bourgeoise a dieu et maître à la fois, comme Sganarelle. Le bourgeois invoque de temps en temps le nom de dieu ou de quelque succédané comme la paix dans le monde, l'égalité des hommes, avant de se remettre au travail sous l'effet d'un coup de pied au cul, flanqué par quelque esprit plus rationnel et indépendant. Mais comme le nombre des sganarelles ne cesse de croître, et celui des don juans de décliner, la bourgeoisie est condamnée à la panique générale et au chaos.

  • L'art moderne

    Rechercher l'originalité, c'est rechercher la folie. C'est ce qu'on exige des artistes aujourd'hui, afin qu'ils remplissent un rôle social. Beaucoup sont assez cons pour se laisser faire.

    En général, ce sont les mêmes clowns qui affichent leur mépris pour l'art religieux. Observez les grimaces d'Einstein sur certains clichés : c'est le signe d'un esprit original défaillant. Si la psychiatrie était une science sérieuse, elle mettrait en garde contre le relativisme d'Einstein. C'est un moine qui m'a fait comprendre l'imbécillité d'Einstein quand j'avais dix-sept ans ; il n'était pas plus sérieux, mais sa maîtrise de la rhétorique et des syllogismes lui permettait de piger à quel petit jeu ce fameux Boche joue. Un prestidigateur le comprendra aussi : attirer l'attention sur un détail, et le tour est joué.

    L'artiste ou le savant moderne est un enfant de la balle, qu'il finit parfois par se tirer dans la caboche pour en finir. La décapitation des élites est finalement une question de santé publique. Lorsqu'une élite est massacrée par le peuple, elle ne fait que payer un ou deux siècles d'irresponsabilité d'un seul coup. C'est ce qui ne colle pas dans la doctrine de Nitche : il ne veut pas admettre, contrairement à Shakespeare ou Molière, que la décadence touche d'abord les élites. L'analogie est entre le peuple et la matière, et entre les élites et l'âme, et le chaos vient de l'âme. Ce n'est pas le problème des apôtres si les élites se sont emparé du christianisme et l'ont retaillé à leur cote, ouvrant ainsi le néant sous leurs pas. Quel besoin a Dante de s'appuyer sur la religion truquée de Virgile ?

    A part ça Nitche est le moins original qui soit. Il imite de bons imitateurs de la nature. C'est ce qui isole Nietzsche du monde moderne. Il n'est pas assez complexe. Ainsi Deleuze fait de Nitche une pelote compliquée à dénouer. Il trahit complètement l'esprit de son maître. On voit que pour Deleuze, la nature n'est pas assez humaine. Il manque à l'arbre, accrochée à la branche, la corde tissée avec des doigts d'homme pour pouvoir se pendre. Nitche aurait flanqué la paperasse de Deleuze au feu, comme Don Juan botte le cul de Sganarelle.

  • Molière et l'antéchrist

    Molière a brossé un portrait prémonitoire de l'antéchrist : Don Juan. Tout Nitche est dans le personnage de Don Juan. Nitche aurait rêvé de mener la vie de Don Juan ; ne le pouvant pas, à cause des bâtons que sa mère et sa soeur lui mettaient dans les jambes, il a couché les pensées de Don Juan sur le papier.

    Une nonne ne renoncera au voile et à s'enfermer dans le château de l'âme pour faire plaisir à son papa pour rien au monde... sauf l'amour de Don Juan. Ah, si Don Juan pariait sur dieu, plutôt que de faire son La Rochefoucauld ! Mais Don Juan sait que les paris ne sont ouverts qu'à la table de Satan ; c'est lui qui distribue les atouts.

    Molière a brossé aussi un portrait prémonitoire du démocrate-chrétien : Sganarelle. Bientôt la démocratie-chrétienne réclamera des gages à Satan, si elle n'a pas déjà commencé.

  • Point cardinal

    Il y a entre Joseph de Maistre et Régis Debray ou Charles Maurras l'écart qu'il y a entre Don Juan et Sganarelle. Tandis que le premier maîtrise parfaitement la ronde-bosse et la grisaille maçonnique, le principe architectural fondé sur le nombre 666, fonction suprême de subversion de la vérité, grande matrice du paradoxe et du hasard, mastic idéal, Debray ou Maurras, eux, ne font que réclamer en pleurnichant des gages à la politique, comme des gosses qui se mettent à chialer dès que leur mère fait trois pas hors de leur vue.

    "Nique ta mère !", encore une fois quel trait d'esprit du rap ! Aliénés, sans doute, à commencer par l'âme argentée du Capital qui les tient par les couilles, mais au moins ils ont pigé d'où vient l'aliénation. A comparer au "Seule ma mère ou ma soeur aurait pu me faire renoncer à l'éternel retour" du pédéraste Nitche.

    L'imbécile Galilée (Galileo galilei), parangon du judéo-christianisme, prend Dieu pour une équation ; il faut dire que dans ce cas ce n'est plus "Dieu le père" mais carrément "Dieu la mère".

    De Maistre n'est qu'un point, mais il est cardinal. Il mérite la pourpre. De la haine de Joseph de Maistre pour François Bacon, Voltaire ou la peinture, on peut tirer un enseignement, faire un choix. Maurras ou Debray ne font que dodeliner de la tête comme des bonzes qui ont appris leur leçon par coeur. Des gosses qui ne sont jamais sortis des jupes de leur mère.

  • Fin des cons ?

    L'idée grotesque de "fin de l'histoire" qu'on entend souvent aujourd'hui dans la bouche de tel ou tel philosophe de plateau télé ressemble à une sorte de nazisme au rabais, plus "petit-bourgeois" encore que l'hitlérisme qui fit rêver Céline ou Drieu La Rochelle un temps d'"ordre nouveau" plus honnête opposé au mercantilisme.

    La "fin de l'histoire" perpétue en effet le mépris de la polytechnique nazie pour toute forme d'art ou de dialectique, à commencer par la dialectique historique. De la folie destructrice grandiloquente de Napoléon ou Adolf Hitler, il semble qu'on est passé à une sorte de "Pourvu que ça dure !" bobo, renonciation de la bourgeoisie à chevaucher au-devant de la mort. Contrairement à Don Juan qui ne craint pas de croiser le fer, Sganarelle, lui, préfère croiser les doigts. La "fin de l'histoire" est juste la relève de Don Juan par la grenouille de bénitier Sganarelle.

  • Bouillie bordelaise

    Quand je broie du noir, ça m'arrive rarement depuis un an ou deux, je vais faire un tour sur le blogue d'Alain Juppé, histoire de me poiler un coup.

    La panoplie du "conjugo", de la modestie débordante et des bottes fait d'Alain Juppé un Don Juan juste un peu trop dégarni pour être crédible ; puisque le rôle se joue désormais sans perruque ni chapeau.

    On voit au moins grâce à Juppé que le Tartuffe n'est que l'autre facette de Don Juan.

  • Signes sataniques du temps

    L'ennui ou la mélancolie est un des symptômes les plus sûrs de possession satanique. Celle-ci peut être plus ou moins puissante. Tous les possédés n'ont pas comme Don Juan une âme à se damner sans détours et affronter le spectre en face, ni même à flanquer le feu à quelque chapelle bretonne.

    Les divertissements divers et variés, à commencer par le cinéma, mensonge fascinant, fournissent autant de dérivatifs, de façons de se traîner à reculons vers le gouffre.

    A propos de dérivatif, qu'on ne dise pas d'ailleurs que le morbide Pascal, pour en être réduit à carrer des quarts de cercle et bidouiller des ellipses, ne crève pas d'ennui. Le modèle de Molière pour son Don Juan fut, dit-on, un mondain tombé en dévotion sur le tard. 'Don Juan' et 'Tartuffe' sont deux pièces, mais en un seul homme peuvent être réunis.

  • Signes sataniques du temps

    Cabu qui dessine Sarkozy avec de petites cornes a beaucoup plus de flair que Christine Boutin.

    'Ce qui sort de la bouche de l'homme souille l'homme.' écrit saint Paul. Si l'on ajoute à la diarrhée verbale de Sarkozy le mouvement perpétuel qui agite son corps, on comprend qu'un artiste puisse être amené à voir en Sarkozy un agitateur, plus encore qu'en ses prédécesseurs, bien que le discours ne s'écarte pas du roulement habituel de tambour laïc.

    Les cornes du démon sont aussi des cornes de cocu, car la puissance que Satan promet à ses fidèles, il ne l'accorde jamais. Elle se résout dans l'impuissance et la mort. L'érotisme et Satan, ça fait deux. C'est dans le domaine des sentiments, de la séduction et du flirt poétique que le démon excelle. La science et l'érotisme contre la musique et les sentiments.

    Je repense à Christine Boutin : dans son 'Don Juan', Molière rappelle opportunément la séduction particulière que le diable exerce sur les femmes, la petite paysanne comme la bonne soeur dévote qui se disputent l'exclusivité du beau messager. Quelle est la carte maîtresse de Don Juan pour séduire ces dames ? Le mariage !

    L'engouement pour les stupides parodies de Molière par de Funès vient de là. Ces grimaces servent à protéger la tartufferie démocrate-chrétienne et le don-juanisme laïc des les charges de Molière.

    Nulle 'préscience' chez Molière, c'est le régime laïc qui est archaïque et pue les artifices et le puritanisme du XVIIe siècle à plein nez. Sans Descartes, par exemple, pas d'ingénieur de l'armement démocrate-chrétien, ni de cadre commercial démocrate-chrétien au service de 'Michelin' ou de 'Renault', ni de journaliste au 'Figaro' ; la bêtise de Jean d'Ormesson et tous les gâteux de l'Académie provient aussi du XVIIe siècle. Avant Hegel Descartes rend la division raisonnable.