Pas plus qu'il n'y a de politique chrétienne à proprement parler, il n'y a d'éducation chrétienne à proprement parler, c'est-à-dire de programme éducatif qui puisse s'appuyer sur la parole de Dieu.
Prenons un exemple: les jeunes gens vivant aujourd'hui dans une grande ville occidentale sont particulièrement exposés au vice, compte tenu de l'extraordinaire richesse actuelle, parfois mal acquise, de l'Occident.
Vivre dans un pays au train de vie plus modeste expose moins au vice. Par "vice" j'entends ici surtout de "divertissement", caractéristique des moeurs occidentales contemporaines.
Il n'est bien sûr aucun besoin d'être chrétien pour remarquer ce péril et en tirer les conséquences dans le domaine éducatif. Depuis des millénaires, les conséquences funestes de l'excès de richesse ont été soulignées par maints philosophes ou moralistes. - Malheur à une civilisation qui repose sur l'argent ! a dit un moraliste à la fin du XIXe siècle, et celui-ci n'était pas chrétien mais seulement un bon observateur de l'âme humaine.
Prétendre qu'il y a une "éducation chrétienne" implique de définir la "morale chrétienne" ; si elle ne repose pas sur la nature, comme l'éthique des païens, sur quoi repose-t-elle donc ? Sur la Loi juive ? Celle-ci procure la connaissance du péché, dit l'Apôtre, mais ne mène pas au Salut. On doit comprendre ici que le Salut, priorité chrétienne absolue, ne consiste pas dans l'exercice de la vertu, en quoi de nombreuses religions païennes peuvent être bonnes.
- Aimez-vous les uns les uns autres, commandement de Jésus à ses disciples qui résume tout, n'est pas un précepte éducatif. On n'enseigne pas à aimer comme on enseigne à être sobre ou à respecter ses voisins. On peut être un homme ou même une femme vertueuse, respectueuse de soi et d'autrui, tout en ignorant l'amour de Dieu.
Comme l'interdiction de fonder le royaume de Dieu sur la terre interdit de mélanger les questions politiques et la parole de Dieu sous peine d'être damné, le salut accordé par le Christ à un criminel condamné à mort est dissuasif de prôner une quelconque "morale chrétienne", de même que la plupart des paraboles de Jésus.
Gare, donc, à l'espèce des pédagogues ou des psychologues chrétiens : ils ne savent pas ce qu'ils disent.