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frederic beigbeder

  • Critique littéraire

    "Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un changement de décor. (...)" dixit Frédéric Beigbeder.

    La littérature de Beigbeder n'est elle-même qu'une resucée de Proust. Il n'y a que les médecins allemands pour s'intéresser vraiment à Proust et à Beigbeder. Ce dernier est d'ailleurs un peu moins nul que Proust, car un peu plus critique.

    L'homme du peuple, qui n'a rien à cirer de la littérature et de la culture, à l'instar des chrétiens, pourra se demander de même : "Qu'ont apporté les savants de la fin du XXe siècle ?"

    En ce qui me concerne, je ne recommanderais pas Shakespeare si Shakespeare ne relevait pas de la science, comme la plupart des mythes.

    F. Beigbeder ajoute : "Je ne pense pas que les centres commerciaux soient la plus grande réussite esthétique du siècle précédent, mais je les considère comme un progrès par rapport aux camps de concentration." Ici Beigbeder retombe au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise démocrate-chrétienne, c'est-à-dire de la littérature la plus insane de tous les temps, car il va de soi que les camps de concentration et les centres commerciaux traduisent le même phénomène bestial. On mange en 2014 comme on tue en 2014 : les méthodes d'assassinat nazie sont pasteurisées et hygiéniques. Si les chambres à gaz ont bel et bien été mises en service, c'est ce qu'elles signifient : non pas une cruauté excessive, mais un professionnalisme exemplaire. Les Allemands ont plaidé pour leur défense qu'ils ne s'étaient pas bien rendu compte qu'ils accomplissaient le pire, l'ayant accompli en fonctionnaires plus ou moins zélés. Les centres commerciaux n'ont rien de rabelaisien non plus, mais ils sentent la doctrine sociale démocrate-chrétienne à plein nez. Ils résultent de la germanisation accélérée de la France par ses élites après la dernière guerre, que Bernanos a qualifié de mensonge plus grand que le mensonge de la collaboration lui-même. De fait le parti gaulliste est un des artisans du négationnisme. Conjointement avec le parti communiste, il a fait en sorte qu'on ne puisse tirer aucune leçon de l'histoire.

    Les hommes du XXe siècle appartiendraient-ils au néant ? Tous leurs efforts ne tendraient-il pas secrètement vers la nullité ?

  • Céline et Marx

    "Bulletin célinien" du mois de mars dédié à la correspondance de Céline, écrivain français mi-nazi, mi-communiste, mi-anarchiste, mi-libéral, tout ce qu'on voudra sauf lèche-cul, ce qui lui vaut l'admiration spontanée de tous les enfants, exactement comme pour Guignol, tandis que la ménagère de plus de cinquante ans applaudit non moins spontanément le Gendarme et sa trique, et garnira plutôt sa bibliothèque de romans de Frédéric Beigbeder et d'encycliques de Benoît XVI.

    Le risque à trop sonder le corpus de Céline à la manière d'un chirurgien ou d'un grammairien du XVIIe siècle est de finir par se retrouver au même point que le ténia à grosses lunettes que Céline conchiait. Mathématiciens et insectes n'aiment rien tant que la vieille peau et les cadavres multicolores. On ne mesure pas la charité d'un écrivain avec un thermomètre.

    Là où Céline se montre le plus nazi et le moins communiste, c'est dans sa propre pente pour la médecine, reine des "arts libéraux" désormais. Le nazisme ou le libéralisme sont en effet indissociables -au plan métaphysique-, de la physiocratie ou de la biologie (On a tort, parlant de "métaphysique des tubes", de ne pas penser assez au gros côlon et à toute la mélancolique qui en sort.)

    *

    Citée deux fois par Céline dans sa correspondance, l'analyse de Marx : "Les juifs s'émancipent dans la mesure où les chrétiens deviennent juifs." (sujet dont Marx était parfaitement qualifié pour parler, étant lui-même le fils d'un juif "émancipé"*), m'a fait penser à Simone Weil, pour qui se convertir au catholicisme romain en partant du rejet du judaïsme aurait été un peu comme se précipiter de Charybde en Scylla. Idem quand j'ai entendu un rabbin juif extrêmement talmudique à la télé l'autre jour définir Dieu comme "peut-être" : j'ai sursauté en pensant à Pascal, tant cette théorie de l'"adverbe divin" m'a parue sortie d'un traité du bon usage de la langue française tel que le XVIIe siècle satanique les adorait. Je me demande si Tariq Ramadan, assis à côté dudit rabbin, n'a pas été choqué comme moi d'une telle martingale à propos de Dieu ? D'autant que j'ai cru comprendre que Ramadan connaît bien Voltaire, qui fait remarquer ici que Pascal a tendance à se prendre pour Dieu lui-même.

    Difficile en effet de ne pas regarder le pape aujourd'hui comme une sorte de juif errant, le bouc émissaire de tous les ratages retentissants et sanglants du capitalisme... ou comme une tête de Turc. A sa place, la goutte qui ferait déborder le vase, qui m'amènerait à me remettre en question, c'est d'être soutenu en France par Frigide Barjot, demi-mondaine à peu près aussi étrangère au christianisme que Jacques Duquesne dont elle cherche à piquer la place, sachant pertinemment que se mettre au niveau des andouilles démocrates-chrétiennes ne lui coûtera aucun effort, sauf peut-être de porter une jupe moins courte à la télé passé soixante balais (et encore).

    Pas de propos moins antisémite que celui de Marx, donc, qui consiste à détruire à la fois l'identité juive et l'identité chrétienne en montrant qu'une religion chrétienne et une religion juive peuvent coïncider, indépendamment de toute idée raciale. On est là à l'opposé du grotesque procès en antisémitisme intenté à Simone Weil cinquante ans après sa mort par des fonctionnaires kafkaïens, ou encore de la fantaisiste tentative récente de BHL d'inventer une sorte de judaïsme talmudique catholique (universel).

    *Un esprit antimarxiste pourrait faire remarquer que Voltaire en était déjà là bien avant, à comparer les deux calottes et à les trouver identiques. Alors il faut dire que l'intérêt de Marx est très loin de se limiter à la question judéo-chrétienne.

     

  • Vol de cacouacs

    Comment se fait-il que la vie de Justine Lévy ou celle de Frédéric Beigbeder nous emmerde ? Tandis que les vies de Voltaire, de Jean-Jacques Rousseau ou de Louis-Ferdinand Céline nous passionnent ? Beau sujet de dissertation si le baccalauréat servait à quelque chose.

    On peut passer par "Jacques Le Fataliste", petit bijou de la littérature janséniste, pour le comprendre. Comment ça, Diderot, janséniste ? Eh bien oui, pas seulement à cause de l'éloge de la fatalité, du destin, de la fortune, "Fata Morgana", divinité sacrée du "saint Empire romain germanique", ce "Titanic" qui n'en finit pas de couler ; mais aussi janséniste par la volonté de rendre moral ce qui s'allie le moins à la morale, à savoir l'art. L'attentat baroque contre l'art, Diderot le prolonge.

    Mais revenons à "Jacques". Son créateur voulut y poser l'identité du destin et de dieu ; ce faisant, il n'a fait qu'illustrer ce qu'est un mauvais romancier. On pourrait dire que l'existentialisme n'est qu'un mauvais roman (en attendant de n'être qu'un mauvais rêve). L'effort pour restaurer quelque vieille ruine gothique et l'exposer dans un intérieur bourgeois. L'existentialisme est un conservatisme allemand : Ratzinger aussi bien que Sartre. Hélas, trois fois hélas, l'existentialisme est bien d'abord camelote chrétienne.

    Voltaire, Rousseau comme Céline ne valent que par leur tentative désespérée d'échapper au destin, partition que les fayots du premier rang, Frédéric ou Justine, se contentent d'exécuter comme des violoneux imbéciles.




  • Crétin ultime

    Lu dans une gazette soi-disant littéraire ce remède du grand dadais Beigbeder pour soigner le capitalisme : obliger les étudiants de l'ESSEC à lire Proust. C'est partir du postulat qu'un étudiant de l'ESSEC SAIT lire, postulat démenti par les faits ; un étudiant de l'ESSEC n'est pas de ce point de vue plus avantagé qu'un polytechnicien ou un étudiant à Sciences-po.

    A l'appui cette citation extraite de "Le Temps retrouvé" : "La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent réellement vécue, c'est la littérature."

    Mais c'est précisément le capitalisme, l'économie virtuelle qui est enfermé dans cette formule de Proust ! Une idéologie femelle de l'expert-comptable pour qui rien n'est chair, tout n'est qu'écriture.

    Entre la vraie vie de Jérôme Kerviel et celle de Proust, celle de Beigbeder, quelle différence ? Ici on voit que Sartre est quand même un peu moins con que Proust, Sartre qui à la fin de "Les Mots" finit par reconnaître tardivement que la poésie est parfaitement réversible (BHL rend hommage à Sartre en retournant sa veste à intervalles réguliers.)

     

     

  • L'aveu

    Confier la responsabilité à Beigbeder de la campagne du Parti communiste en 2002, c’était déjà une manière d’admettre que le PC n’intéresse plus que les bobos.

    Mais le refus du parti, le "niet" de la camarade Marie-Georges, pour rembourser une partie des dettes de la dernière campagne d’affichage, de se séparer de la “Joconde de Marcel Duchamp”, dont il est propriétaire et qui a connu une forte “plus-value”, comme on sait, ces dernières années, alors là c’est carrément un aveu ! l’aveu que le PC se contrefiche bien de la cause du peuple, que c’est le cadet des soucis de messieurs les derniers députés et sénateurs communistes.
    Un urinoir, pour un ouvrier, ça sert à pisser dedans, et pas à autre chose, sauf à se laver les pieds à la rigueur. L’“art” de Duchamp, c’est une préoccupation de bobos - à la rigueur des bobos issus de milieux ouvriers et qui veulent se hisser jusqu’à l’art sans en avoir les moyens.

    *

    Lorsque le Parti communiste disparaîtra complètement, que les blagues sérieuses de Marcel Duchamp sentiront trop la naphtaline, même pour les académiciens du “Monde” ou du “Figaro”, qui est-ce qui le regrettera, le PC, à part Beigbeder, Jean-Pierre Elkabbach, Roger Hanin, quelques bobos - mais déjà la plupart se sont reportés sur Bayrou -, quelques vieilles carmélites lâchées dans la nature, ou encore quelques vieux “barons gaullistes”, en souvenir de la complicité et des accords électoraux avec le PC ?

    Le vote communiste, c'était aussi comme les indulgences de jadis, le moyen pour les bourgeois les plus cyniques de s'acheter une bonne conscience… à ceci près que le vote est un acte gratuit, bien sûr.