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michel deon

  • Le métèque Stendhal

    (Le débat sur l'Identité française invite aussi à faire le tri dans les produits d'importation littéraires.)

    Pour faire pièce au propos de l'académicien gâteux (pléonasme) Michel Déon, disons "a contrario" que qualifier le coup de foudre amoureux de "cristallisation" de la part de Stendhal, est un des rares traits d'esprit de ce physiocrate rital (tout penseur libéral peut être qualifié de "physiocrate", de Diderot à Darwin en passant par Stendhal, voire Delacroix, dont les couleurs traduisent une gastronomie intense).

    Au stade guimauve où est rendu Déon sur l'échelle libérale, peut-être la cristallisation n'a pas lieu mais seulement l'adhérence? Quoi qu'il en soit, la théorie de la cristallisation (à peine oiseuse) permet de relier le coup de foudre à la politique aisément. Les femmes, que leur excédent d'âme rend plus "politiques" que les hommes, croient d'ailleurs que "les diamants sont éternels" (Dans la philosophie nazie en rouge et noir, l'âme est constituée d'un bout de carbone.)

    "Quand on passe sa vie entre les bras d'une femme, tout semble obscur." : encore un coup où Stendhal vise juste et honore sa patrie d'adoption, différente sur ce point de l'Italie ou l'Allemagne, où l'idée est beaucoup plus répandue que par chez nous, Freud redoublant saint Augustin (sans compter Luther et sa bonne femme), que "la femme est à l'origine du monde", concentré de connerie anthropologique.

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    A part ça Stendhal aime Shakespeare pour la plus mauvaise raison du monde : parce qu'il le trouve "romantique" (sic), confondant ainsi Shakespeare avec le boeuf Rossini ou Verdi. Les détracteurs de Stendhal plaident qu'aucun argument solide ne soutient la thèse de Stendhal que Shakespeare est plus romantique que Racine ; de fait, ce serait plutôt le contraire, si on considère que le fait de basculer du libertinage dans le puritanisme, comme Racine, est un trait de caractère dominant du type romantique (Ben Laden est le dernier dans ce cas). Le romantisme, dans Shakespeare, c'est Ophélie.

    Et si on donnait Shakespeare et Racine devant un public de nonnes et de putes mélangées, il est presque certain que ce dernier aurait la préférence de ces demoiselles.

    Le constat que les détracteurs de Stendhal ne disposent pas d'arguments plus solides que ceux du Rital m'as-tu vu, incite à classer le XIXe siècle sur le plan artistique au niveau du moyen âge, un moyen âge "descendant".

    Je décide donc de signer l'arrêté de reconduite à la frontière de la littérature de Stendhal (que j'ai toujours eu honte d'avoir apprécié, à l'âge de dix-sept ans, vu qu'on est toujours un peu branleur quand on a cet âge-là).

  • Le Bal des cocus

    Voilà qu'on exhibe Michel Déon un peu partout à la télé, vieil ours qui fut naguère incorrect, aujourd'hui la griffe usée. En période de crise, les bourgeois resserrent les rangs ; le parti n'a plus les moyens de salons multiples.

    On pourrait s'attendre de la part d'un hussard à une littérature de corps de garde, mais pour celui-ci du moins, il écrit plutôt pour les boudoirs. Il est vrai que les bidasses lisent peu, bien qu'ils n'ont que ça à foutre, sauf peut-être des magazines porno et du Max Gallo pour les officiers.

    Moi, quand on me parle de Stendhal comme de Proust, je sors mon revolver. Déon fait pire que vanter le style musical de son auteur-fétiche, cette vieille ganache brûlée trouve le moyen de reprocher à Stendhal un des rares traits d'esprit de son idole, à savoir sa démonologie du coup de foudre ("empruntée" à Molière), qu'il nomme "cristallisation" et qui s'acoquine parfaitement avec l'esthétique nazie, la religion de l'art selon Hegel, également carbonique.

    On pousse Déon à faire de la réclame pour un auteur contemporain ; il hésite un peu, finit par lâcher un nom : Emmanuel Carrère, énième connard narcissique dont on se serait bien passé.

    (NB : Ne pas oublier, si je publie un livre, à souligner le rôle de l'Académie française dans la voyoucratie.)