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moliere

  • Contre Sainte-Beuve

    Ce qui intéresse Sainte-Beuve dans le christianisme n’est pas tant le Christ ou la Révélation, mais l’impact du christianisme sur la littérature, française notamment (cf. « Port-Royal »).

    Bien qu’il soit athée, cela n’empêche pas Sainte-Beuve de délivrer des certificats de christianisme, ou de les refuser à tel ou tel – Molière par exemple ; et, de façon plus étonnante, Bacon. De façon plus étonnante, car Sainte-Beuve lit en général les auteurs qu’il commente, or Bacon est explicitement chrétien, comme Pascal ou La Bruyère ; tout au plus peut-on reprocher à Bacon de prêcher une doctrine chrétienne hérétique, non pas d’être indifférent ou agnostique.

     Le cas de Molière est différent, car ce dernier ne prend pas position sur la doctrine. Cependant l’épisode de l’aumône faite au pauvre par Don Juan, dans la pièce éponyme, ne peut avoir été écrit que par un esprit chrétien, car elle met le doigt sur le problème de la charité telle que l’évangile le présente, différente de ce que l’on appelle aujourd’hui « solidarité sociale ». De surcroît, les évangiles présentent le monde, la société, comme l’enfer, et Molière fait de même : son misanthrope, son bourgeois vaniteux, et bien sûr son avare, sont possédés par l’esprit du monde ; Don Juan, quant à lui, est un peu plus libre, car il incarne le diable, c’est-à-dire la liberté de jouir sans entrave dont rêve le commun des mortels. Néanmoins Don Juan est mortel, par conséquent il n’est pas libre selon le point de vue chrétien.

    De façon presque comique, car fantaisiste, Sainte-Beuve distingue les chrétiens « durs » des chrétiens « doux ». Doux ou dur, il ne dit rien du Christ, qui est venu apporter la guerre et non la paix, sachant que face à la force de l’esprit de dieu, cette force que le Christ nomme « amour », le monde ne pouvait que se rétracter et entrer en convulsion.

    Quant à Honoré de Balzac, Sainte-Beuve le juge trop vaniteux pour être un converti sincère. Pour attester du manque d’esprit chrétien de Balzac, il cite un propos tenu dans une lettre : « Vous m’écrivez des merveilles sur le sujet du docteur disgracié [le janséniste Arnauld] pour avoir trop parlé de la Grâce. Ils sont étranges, vos docteurs, de parler des affaires du Ciel, comme s’ils étaient Conseillers d’Etat en ce pays-là, et de débiter les secrets de Jésus-Christ, comme s’ils étaient ses confidents. Ils en pensent dire des nouvelles aussi assurées et les disent aussi affirmativement que s’ils avaient dormi dans son sein avec saint Jean… A votre avis, ne se moque-t-on point là-haut de leur empressement et de leur procès ? ».

    Pourtant Balzac cerne parfaitement ici le défaut du jansénisme : une tournure sophistiquée que l’on ne retrouve pas chez saint Paul (qui discrédita le salut par les œuvres en se fondant sur les évangiles), ni même chez Luther ou Calvin.

    A cette date, Balzac n’est peut-être pas encore officiellement converti, mais il a assez d’oreille pour entendre ce qui, dans la littérature chrétienne janséniste, sonne "étrange", c'est-à-dire faux.

  • Psychologie française

    Molière a su montrer que l'esprit du monde est plus vivace dans le misanthrope que dans un esprit mondain déclaré, bien qu'il soit dissimulé chez celui-là.

    Adolf Hitler, par exemple, était un misanthrope qui finit par être ravi par le suffrage universel et les bains de foule. Je prends cet exemple car la misanthropie est une disposition d'esprit que l'on retrouve souvent chez les tyrans ou tyranneaux des temps modernes.

    Le mépris du monde n'est qu'une affectation, une pose de la part du misanthrope, ce qui rend le propos des auteurs misanthropes un peu creux. Sans doute Molière visait-il les jansénistes, dont le propos théologique est doublement creux et mondain, comme un problème de mathématique. Le jansénisme est une religion mondaine française portant le masque de la misanthropie.

    La Bruyère n'est pas misanthrope, car il trouve sincèrement dans la solitude le bonheur et la possibilité d'écrire, dont une vie mondaine l'aurait privé. La Rochefoucauld est un misanthrope supérieur, qui sait qu'il est misanthrope et n'a pas de prétention à la profondeur.

    Léopardi pour sa part a compris très tôt que la vie sociale divise autant les hommes qu'elle les unit ; elle n'offre ainsi aucun remède véritable à la solitude. On est moins seul quand on est seul, dit en substance Léopardi, car au moins cela permet de mieux se connaître, tandis que la société vous contraint à jouer un rôle et ignorer qui vous êtes.

    La dissimulation de l'esprit mondain chez le misanthrope évoque fortement la dissimulation de l'appétit de la chair chez le puritain ; nombre de puritains sont d'ailleurs d'anciens libertins fatigués.

    Molière a aussi montré que libertins et puritains exercent les uns sur les autres une fascination mutuelle. Le libertin est persuadé de jouir d'une liberté dont la puritaine ne bénéficie pas ; et la puritaine est persuadée de jouir d'une liberté dont le libertin ne bénéficie pas. Mais tous deux confondent liberté et jouissance et se nourrissent de la même illusion.

    On peut faire le constat que, sur le plan social, libertinage et puritanisme sont aussi nécessaires l'un que l'autre ; le libertinage pour servir de tempérament au masochisme ou au féminisme, et le puritanisme ou le féminisme sont utiles afin d'exercer une contrainte au devoir social sur la partie de la population vouée au service de l'autre. Quand les femmes veulent obtenir le statut des hommes, il se produit alors une petite révolution ; et quand les peuples veulent obtenir les mêmes droits que l'aristocratie, alors il s'en produit une plus grande. L'obsession de la jouissance a pour effet d'accroître la concurrence entre les hommes et d'accroître leur frustration. L'incitation à la modération est inaudible, à cause du profit que l'Etat totalitaire moderne retire, en termes de coercition, de l'incitation de ces citoyens au sacrifice. Quel est le type de comportement masochiste le plus répandu ? L'exposition à la publicité commerciale des enfants. C'est une manière de fabriquer des citoyens soumis désormais plus efficace que l'école laïque républicaine ; et, par la suite, des adultes irresponsables car pris dans l'engrenage de la nécessité économique.

    C'est bien la publicité aussi qui entretient en permanence la confusion entre jouissance et liberté.

  • L'athéisme

    Je distingue habituellement deux sortes d'athées. Ceux qui sont sentimentaux, et ceux qui ne le sont pas ou peu. Ainsi, le peu d'intérêt que j'ai pour la littérature de Houellebecq vient de ce que son auteur est manifestement du type sentimental, un sentimentalisme analogue à celui du misanthrope. En disant qu'il est "un écrivain qui vit avec son temps", Houellebecq trahit qu'il est un écrivain entièrement charnel.

    Molière nous montre à travers Don Juan le type de l'athée supérieur ou dominant, entièrement dépourvu de sentiments. Cette sorte d'athée connaît souvent une mort brutale et soudaine, la plus désirable quand on ne nourrit pas d'autre espoir que l'espoir de jouissance. Plus désirable, certainement, que le suicide lent et vaguement masochiste qu'acceptent des athées moins raffermis en guise d'existence. 

    Dans sa critique radicale de la société, il était logique que Molière imagine un personnage tel que Don Juan, beaucoup moins ridicule que tous les autres types sociaux, car se comportant rationnellement et avec courage, n'hésitant pas de temps en temps à défier la mort, bref jouant beaucoup moins la comédie que les personnages qu'il croise ; Don Juan joue seulement la comédie de l'amour, car l'amour est du registre exclusif de la comédie.

    Il est tentant de croire que Molière fait l'apologie de Don Juan ou qu'il est derrière ce personnage, comme Shakespeare derrière Hamlet. Mais ce n'est pas le cas, faute de quoi Molière n'aurait pas pu écrire "Don Juan", mais seulement des ouvrages tels que ceux produits par le marquis de Sade.

    La démocratie est la victoire de Sganarelle sur Don Juan, ou plus exactement le prolongement de celui-ci par celui-là. La culture bourgeoise prolonge la culture aristocratique comme Sganarelle prolonge Don Juan. La culture bourgeoise a dieu et maître à la fois, comme Sganarelle. Le bourgeois invoque de temps en temps le nom de dieu ou de quelque succédané comme la paix dans le monde, l'égalité des hommes, avant de se remettre au travail sous l'effet d'un coup de pied au cul, flanqué par quelque esprit plus rationnel et indépendant. Mais comme le nombre des sganarelles ne cesse de croître, et celui des don juans de décliner, la bourgeoisie est condamnée à la panique générale et au chaos.

  • Molière et l'antéchrist

    Molière a brossé un portrait prémonitoire de l'antéchrist : Don Juan. Tout Nitche est dans le personnage de Don Juan. Nitche aurait rêvé de mener la vie de Don Juan ; ne le pouvant pas, à cause des bâtons que sa mère et sa soeur lui mettaient dans les jambes, il a couché les pensées de Don Juan sur le papier.

    Une nonne ne renoncera au voile et à s'enfermer dans le château de l'âme pour faire plaisir à son papa pour rien au monde... sauf l'amour de Don Juan. Ah, si Don Juan pariait sur dieu, plutôt que de faire son La Rochefoucauld ! Mais Don Juan sait que les paris ne sont ouverts qu'à la table de Satan ; c'est lui qui distribue les atouts.

    Molière a brossé aussi un portrait prémonitoire du démocrate-chrétien : Sganarelle. Bientôt la démocratie-chrétienne réclamera des gages à Satan, si elle n'a pas déjà commencé.

  • Saint Molière

    Le culte des saints légendaires dans l'Eglise romaine est un scandale, vu la coïncidence de la propagande et du mensonge. Le témoignage chrétien est l'inverse de la propagande patriotique. Le blanchiment de religieux ayant trempé dans le crime ou la politique n'est pas un scandale moins grand; le cas du sinistre Bernard de Clairvaux est le plus frappant, complice d'assassinats et de manigances politiques.

    Quant aux saints "théologiens", quant ils écrivent n'importe quoi, ce qui est fréquent dans les ordres religieux conventuels, leur canonisation signale la bêtise extrême de ceux qui les ont "canonisés", procédure en soi démentielle, et irrecevable sur le plan spirituel chrétien, car elle relève de l'idolâtrie et du culte de la personnalité.

    L'imbécillité est fréquente chez les moines, à cause des règles de vie qu'ils édictent, et qui vont chez les plus fous se substituer à la parole de dieu. Une caractéristique des évangiles, c'est qu'ils ne fournissent pratiquement aucun règlement de vie. Le point de vue existentiel condamne le christianisme ; le mérite de l'antichrist Nitche est plus grand que de très nombreux prétendus "saints" de le préciser : le Messie des chrétiens n'a aucune considération pour les valeurs sociales, mais ne se soucie que de la vérité.

    Je dois beaucoup à Molière. Il m'a gardé de devenir un intellectuel ou d'avoir du style, ce que j'aurais pu devenir à cause de mon héritage familial et du goût décadent pour l'intellectualisme, qui fait la littérature contemporaine aussi médiocre et fière de l'être que les romans de M. Houellebecq.

    La faiblesse du monde et sa chute imminente probable sont liées au fait qu'il est dirigé actuellement par des intellectuels, c'est-à-dire ceux-là que le Français élevé par Molière voit comme des parasites dans l'ordre de l'esprit, premiers responsables de la bestialité humaine et des génocides. Hitler ? Un irresponsable, mais pas plus que n'importe quel homme politique ; et quelle pureté, à côté de l'extraordinaire duplicité de la haute société britannique.

    Voyez comme les polytechniciens sont blanchis, combien en ce domaine la doctrine nazie de la banalité du mal a plein effet.

    Les intellectuels constituent en quelque sorte l'âme du monde, réalité qu'ils inventent et qui n'existe pas. Rien d'étonnant à ce que Sartre déduise le néant: c'est le territoire de prédilection des intellectuels. L'abstraction fournit un refuge plus sûr aux intellectuels que les postes avancés ou se tiennent les politiciens. Que Marx ait cru bon de démissionner de l'Université afin de pouvoir dire la vérité, c'est quelque chose qu'un esprit français peut assez facilement comprendre.

    L'abstraction ou le langage: on perçoit chez saint Molière qu'il est une chose impure. C'est une notion que les artistes chrétiens authentiques ont toujours tenu à préserver. Ce qui sort de la bouche de l'homme est cause d'impureté, affirme Jésus-Christ, ce qui constitue une condamnation sans appel de l'anthropologie, c'est-à-dire de la foi et de la raison égyptienne ou romaine.

    Aussi peu chrétien en apparence soit L.-F. Céline, cette notion l'explique largement. Si, comme la brute nazie, Céline avait pris le langage pour une chose sacrée, il ne se serait pas permis de le réorganiser. Et d'ailleurs Céline a conscience que la justification du génocide du peuple par les élites, dans les moments où celles-ci se sentent menacées, passe d'abord par le langage, qui sert toujours de caution à la violence. L'ignominie de Bernard de Clairvaux est d'abord d'être un rhéteur, quand la parole de dieu ne fait pas de place à la rhétorique. Et déjà auparavant le combat de Moïse fut celui du mythe contre la rhétorique égyptienne.

     

  • Contre Bernanos

    En réponse à Fodio, qui cite Bernanos sur son blog, sincère royaliste sans doute, mais étrange cependant dans une religion qui ne reconnaît de pouvoir royal que celui de dieu, ou celui du christ, qui a défendu à ses apôtres de l'appeler "maître". Etrange Bernanos, qui semble ignorer que le XVIIe siècle des rois tyranniques est marqué dans son propre pays du sceau de Satan.

    Bernanos citant le curé d'Ars : "Ce que je sais du péché, je l'ai appris de la bouche même des pécheurs."

    Ce que les disciples de Jésus-Christ savent du péché, il ne l'ont pas appris de l'homme, qui n'en sait rien de plus qu'Adam et Eve; ils l'ont appris de Moïse et de Dieu. Le pécheur, moi, vous, tout mortel, ne peut pas regarder le péché en face, car cela reviendrait à regarder la mort en face, et non dans un miroir comme la basse condition humaine l'impose. Sauf peut-être au seuil de se résigner à mourir, nul homme n'est capable sans l'aide de dieu et ses prophètes de voir le péché en face. On a tous besoin de sentir qu'on est quelque chose, et non pas un tas de molécules en combustion. La culture de vie des païens les plus terre-à-terre charrie le péché comme le torrent charrie les gouttes d'eau. Jésus-Christ est assassiné - il est haï par Nitche, pour avoir définitivement rendue caduque la culture de vie, et il ne faut pas beaucoup plus de lucidité que des suppôts de Satan comme Baudelaire ou Nitche pour reconnaître dans l'argent moderne le dernier souffle de vie du monde.

    Donc seule la parole de dieu, qui est son Esprit, permet de voir le péché en face sans être anéanti par cette vision. L'aspiration à la connaissance de la parole divine est l'aspiration à être pur et lavé du péché - avant d'atteindre cette pureté éternelle, à être secouru par une force contraire à celle soutenant l'homme ordinaire, qui est sa foi ou son espoir, plus ou moins puissante suivant la vertu de cette homme ou de cette femme. Les rois sont faibles, nous dit le prophète Shakespeare, car ils sont appuyés eux-mêmes sur une masse mouvante, et prête à les noyer à chaque instant.

    Autrement dit : l'apocalypse ou le péché. C'est tout le crime du clergé romain (que Bernanos ignore obstinément, condamnant l'intellectualisme sans voir la part immense des clercs dans la casuistique, jusqu'à faire du catholicisme une religion de philosophes), le crime du clergé de faire écran à l'apocalypse, et de contraindre ainsi l'humanité au péché; de restaurer la mort dans ses droits en même temps que le péché, dont le Messie des chrétiens a levé l'hypothèque, rendant toutes les choses nécessaires à sa survie, inutiles pour son salut.

    Le péché et la mort confèrent au clergé un pouvoir immense sur les hommes, en particulier les ignorants, exactement celui que la maladie et la mort confèrent aux médecins aujourd'hui, en un sens plus vrai, car plus concret que celui du clergé démodé, qui d'ailleurs s'incline désormais devant la médecine, vaincu sur un terrain où aucune parabole du Nouveau Testament ne l'incitait à s'aventurer, pataugeant dans la plus barboteuse thérapie de l'âme et les syllogismes kantiens de crétins patentés, docteurs de l'Université.

    Ce pouvoir immense sur les foules, il a été ôté au clergé par le Messie, s'affranchissant lui-même de la chair et du péché. Niant que dieu réclame à l'homme des sacrifices, quand il ne lui demande que de l'aimer, ce qui n'est pas un sacrifice mais une libération. Celui qui réclame des sacrifices, et procure en échange certaines récompenses plus ou moins illusoires, maintenant l'homme dans un cercle infernal de douleur et de plaisir, de labeur et de fruit de ce labeur, n'est autre que Satan. Et la confiance en lui est comme naturelle et spontanée. Elle l'est chez le paysan, plus encore que chez l'intellectuel, qui croit pouvoir rivaliser par ses propres oeuvres avec le diable. Satan et le monde vacillent de la concurrence que les intellectuels font à Satan.

    Confronté à la philosophie, le paysan a souvent le pressentiment que la métaphysique est une imposture, une pure casuistique, qui parle moins vrai que la nature. En quoi il n'a pas tort, le plus souvent, car la culture est toujours inférieure à la nature. Plus elle prétend surmonter la nature, plus la culture est amère et médiocre - au bout du compte il ne reste plus dans la vaste porcherie bourgeoise que la gastronomie à l'intérieur, et les missiles en direction des affamés à l'extérieur.

    Mais, de ce que la nature est toujours supérieure à la culture, il ne faut pas déduire que la métaphysique n'est que du vent. Que les intellectuels simiesques en sont les plus éloignés, ne prouve pas que les choses surnaturelles n'existent pas. Homère, Shakespeare qui trucide des intellectuels dans ses pièces, Molière, ou même Balzac, ne sont pas des intellectuels. Molière sait que la charité véritable est toujours une insulte pour les cacouacs.

    Bernanos, lui, est un intellectuel, qui reconnaît la vanité de l'intellectualisme. Mais c'est Shakespeare qui mène la bataille contre la race de fer, la plus vaniteuse de tous les temps.

     
  • Saint Molière

    S'il y a "peu d'élus" selon les saintes écritures chrétiennes, c'est parce que très peu d'hommes échappent au plan social et aux illusions qu'il procure. Il y a certes beaucoup d'amour chez un homme comme Molière, bien plus que chez Rousseau par exemple, parce que Molière incite son prochain à regarder la société comme le néant spirituel. Tandis que, si J.-J. Rousseau n'est pas le béat socialiste que nous peignent les manuels scolaires modernes, il n'a pas conscience que le mouvement social est nécessairement déclinant. Rousseau est sentimental, comme tous les Allemands. Moi qui suis né au milieu des attrape-couillons libéraux, il y avait de grandes chances que je contracte ce sentimentalisme, qui est pire que de perdre un bras ou une jambe. Je sais donc tout l'amour que j'ai reçu de Molière, et qui a mille fois plus de prix que les vagues ondes chaleureuses de ma propre mère dans ma direction.

    Il faut dire ici le vice particulier des mères juives ou catholiques, qui explique sans doute l'imbécillité d'une majorité de rabbins et de curés catholiques, leur acharnement à prêcher le faux. Je parle surtout pour les curés catholiques, que je connais mieux. Mais pour que le judaïsme soit exprimé en France comme cette moraline pernicieuse sur la shoah, on peut supposer des rabbins la même stupidité.

    Le grand public, c'est-à-dire le public laïc, entretenu dans l'ignorance laïque de tout ce qui n'est pas le calcul mental le plus débile, pompeusement qualifié de "cartésien", le grand public croit que les curés catholiques expriment des points de vue catholiques, alors qu'il n'en est rien. 99 % des curés catholiques ne font qu'exprimer dans leurs sermons les leitmotivs que leurs mères leur serinaient dans l'enfance, un peu comme si c'était Marthe qui avait enseigné Jésus et non l'inverse. Cette volonté farouche, caractéristique des femmes, de n'accorder dans leur vie aucune place à la vérité, on la retrouve dans le clergé catholique.

    C'est ainsi à peu près la seule catégorie d'hommes qui appréciera dans ce pays la littérature apéro-digestive de Proust, qui résume bien à quoi ces fainéants boches sont occupés : la recherche du temps perdu, c'est-à-dire une des seules activités où l'homme se place au-dessous de l'espèce animale : le luxe de la pensée. Voilà à quoi ces chiens sont occupés : à nous présenter le luxe de la pensée comme l'humanisme. Aussi salauds sont-ils que Molière est saint.

  • Freud et la France

    Les Français, grâce à Molière, ne peuvent pas croire que la psychanalyse est une science, car ils savent que la médecine se nourrit de pieux mensonges, dont les personnes affaiblies ont besoin pour se sentir mieux.

    De même, plus une société est affaiblie, plus elle requiert de ses édiles qu'ils tiennent des discours religieux rassurants. La promesse de démocratie répond à un besoin psychiatrique.

  • Terrorisme

    Si les citoyens d'un Etat totalitaire ne sont pas animés par la peur, alors le caractère sacré de cet Etat est menacé.

    Le regret, de la part de Napoléon ou F. Nitche ou G. Steiner, de la mort du dieu païen qui, selon eux (c'est assez largement inexact car circonscrit à l'empire romain), consolidait les élites dirigeantes et nimbait leur pouvoir politique et moral d'une aura mystique, ce regret traduit leur inconscience du totalitarisme, et ce dans le cas de Napoléon, bien qu'il soit le symbole de cette évolution. Il est vrai que quelques pièces de théâtre de Molière ont suffi à résoudre le XVIIe siècle à un carnaval judéo-chrétien répugnant. Et c'est bien sûr dans le culte solaire de Versailles, bien avant Hitler, qu'il faut voir l'accomplissement de la prophétie de Shakespeare d'un Occident instrumentalisé par Satan.

    Shakespeare parle de Satan de façon symbolique, tandis que Francis Bacon Verulam l'aborde sous l'angle "laïc", si on peut dire, de la science physique. Shakespeare fourni d'ailleurs intentionnellement à la Renaissance son trait de caractère : au lieu de craindre Satan et de reculer devant lui comme le moyen âge, l'humanisme de la Renaissance ne craint pas d'affronter Satan. Bien sûr l'Angleterre de Shakespeare est déjà une technocratie, avec tout ce que ça comporte d'assujetissement aux forces naturelles : donc Shakespeare allie, comme Hamlet, la prudence du serpent à la simplicité de la colombe. Mais les rapprochements entre la science technique et Satan, dans l'oeuvre de Shakespeare ou celle de Bacon, sont nombreux. Shakespeare s'abstient lui-même, contrairement à Luther, du jugement moral, sachant celui-ci satanique et fait pour diviser. C'est aussi la raison pour laquelle Shakespeare échappe au drame bourgeois, dans lequel tout est justification ou presque, et reste ainsi au niveau de la culture, c'est-à-dire des pâquerettes.

    L'emprise de la médecine psychanalytique est tel aujourd'hui qu'il permet de maintenir le citoyen dans un état de psychose, sous couvert de lui prodiguer des soins. Ceux qui démentent que la médecine psychanalytique soit d'abord une religion (Carl Jung le suggère lui-même assez nettement), devraient s'efforcer d'abord de démontrer que la religion ne soigne pas elle-même - qu'elle n'est pas un opium bienfaisant pour les lâches, comme disent les athées mal informés de ce que dieu échappe très largement au domaine religieux.

    La psychanalyse n'est pas seule responsable, mais cette religion allemande fait largement obstacle à l'esprit scientifique et à l'humanisme français, plus disposé à se moquer de la médecine qu'à se prosterner devant le sorcier du village et ses formules magiques : à juste titre.

    Les chrétiens et les juifs responsables, non pas comme l'évêque actuel insensé de Rome, possédé par une philosophie qui n'a rien de chrétien, devraient s'interroger sur la pénétration d'une telle médecine, ourdie par un ennemi des prophètes juifs (Freud), et la tentative de fonder un syncrétisme entre le paganisme et le christianisme (C. Jung), sans fondement scientifique, et alors même que ce syncrétisme-là contient la formule de l'extrême violence génocidaire de la technocratie occidentale. A vrai dire il n'est autre qu'un chien, le chrétien qui tente d'adjoindre quelque doctrine romaine élitiste à un christianisme dont le "Seigneur et maître" s'est clairement fait le serviteur des plus faibles, à l'opposé de ce cortège de mitres et de crosses indécent.

    La médecine psychanalytique s'avère incapable, en général, de lutter contre les symptômes de la folie génocidaire d'un type dans le genre d'Anders Breivik, dont le comportement traduit l'effet d'un culte identitaire, c'est-à-dire d'un dévouement extrême à une personnalité morale (des oeuvres d'art abstraits tel que "l'Etat danois", ou encore "L'Occident"). La preuve, c'est que c'est aux Etats-Unis que le  culte identitaire est le plus répandu, en même temps que la considération de la psychanalyse comme une science est la plus grande.

    Bien sûr la psychanalyse dans le clergé romain n'est pas le moyen de réfréner ses abus sexuels ; le décret d'annulation des pouvoirs spirituels du clergé romain serait beaucoup plus efficace, puisque cette notion est mensongère, et que la notion de pouvoir spirituel est empruntée à la magie ou à la médecine, et rend la manipulation plus aisée : l'enseigne. D'avoir fait des clercs romains les médecins de l'âme, c'est cela même qui les a rendus dangereux.

    La peur est l'état d'esprit significatif de l'homme sentimental. Si l'homme moderne est incité à l'impuissance et au sentimentalisme, à l'image de sa congénère, c'est essentiellement pour des raisons économiques et mercantiles. Ce prêche moral revient à tenter de faire de tous les hommes des militaires ou des militants, car c'est à ce niveau de courage que se situe la femme ordinairement, du courage social.

    Contrairement à l'humanisme véritable, qui traduit le penchant érotique de la pensée comme la marque d'une défaillance de celle-ci (tant pis pour les marchands du temple, qui se voient ainsi privés de leur trafic offrandes), la religion psychanalytique rétablit l'érotisme dans ses droits. Jung décrète que la pensée doit être érotique pour être forte, ce qui revient à faire du marquis de Sade un penseur. Shakespeare au contraire montre que l'assimilation de la pensée humaine à la volonté répond seulement au besoin d'un capitaine d'infanterie ou d'un chef de rayon surgelés.

    La médecine moderne contribue ainsi à plonger les citoyens des Etats totalitaires plus profondément dans un état d'inconscience dangereux. Sans "inconscient collectif", il n'y a pas de guerres mondiales, il n'y a pas de charniers. Seul l'individualisme est véritablement pacifique. Le mercantilisme libéral est plus dangereux encore que le nazisme, qui requiert à peine moins les sentiments et la musique.


  • Aux captifs...

    ...la libération.

    Encore faut-il éprouver l'enfermement et le poids des chaînes sociales, tel Hamlet au Danemark. Eprouver que dire "le lien social", c'est blanchir l'argent ; éprouver que l'argent est la traduction concrète du "lien social".

    S'il y a un esprit français, divergent de ce que leurs élites ploutocratiques voudraient qu'il soit (allemand), il est bien là, dans le mécontentement de la vie. Les Français sont le peuple le moins existentialiste de la terre, c'est-à-dire le moins socialiste, le moins clérical, puisque la foi est toujours faite pour donner un sens à l'existence, qui en soi en est dépourvue.

    Tous les penseurs existentialistes ont trempé ou trempent dans le crime de l'humanité contre elle-même, et c'est un scandale qu'ils continuent d'être enseignés en France, comparable aux méthodes de séduction des pédophiles. L'Education nationale, humaniste ? C'est un repaire de pharisiens, occupés à araser le plus possible l'esprit de résistance humaniste, dissuasif du civisme, qui n'a jamais engendré que les pires catastrophes.

    Vous voulez des noms ? Rabelais, Molière, Balzac, Bloy, Allais, Céline, Bernanos, Simone Weil... la liste est longue des artistes français dissuasifs de caresser la monstrueuse mécanique sociale dans le sens du poil. Tous empruntent la voie ouverte au milieu des factieux par l'épée de Shakespeare, et le malheur des derniers cités de cette liste vient de ne pas avoir reconnu assez l'appui que Shakespeare fournit à la pensée. Sauver Shakespeare des griffes du Grand Siècle satanique est la meilleure action que les Lumières françaises ont accompli, mais l'effort du clergé n'a pas cessé depuis pour faire en sorte de priver Shakespeare de son sens véritable. 

    Entendu que l'esprit du paganisme le plus terre-à-terre est celui de la médecine, on comprend que les thaumaturges ou les utopistes réformateurs de la société ne comprennent rien à Hamlet ou le vilipendent. Hamlet a la pointe de son épée posée fermement sur le garrot du destin. Il ne reste plus qu'à appuyer.

  • New Superstition

    It is not possible in Molière's country to take the German medicine of S. Freund or C. Jung really seriously -as something else than a new baroque religion. And neither in Shakespeare's country I guess?

    Money make people mad, obviously (no need to make long studies on human soul and dreams): the psychanalyst is the therapist who is paid to hide the fact that money make people mad (Women do like those kind of therapists who tell them that money is 'reasonable', as Eva did like the fruit that was given to her by the devil).

  • Molière ou la France

    En tant que chrétien j'ai bien conscience du satanisme qu'il y a à se proclamer "Français". On n'a guère de mal à retrouver derrière le nationalisme, les cornes du diable. La francophonie est l'équivalent pour l'intellectuel, de la culture de la pomme de terre pour le paysan.

    L'amour de la terre et des racines qui va sans dire en Allemagne ou au Japon, est le sentiment le plus douteux pour un Français. Aussi doit-on s'attacher à tout ce qui, en France, s'élève au-dessus de la terre : Molière est le meilleur exemple. Chez tous les détracteurs de Molière, on peut déceler l'inceste.

    Emigré en France, Karl Marx fut déçu par les Français, qu'il s'attendait à trouver moins servile. Sans doute pensait-il que tous les Français étaient imprégnés de la théologie de Molière.

  • Le Christ antisocial

    On comprend aisément que le Christ soit antisocial, quand la société prend le serpent pour emblème ; voire deux SS, comme "sécurité sociale" ou $. Il n'y a d'ailleurs pas de plus beau poème sur l'inconscient social que celui-ci, de J. Racine : "Mais qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?".

    Le mensonge et l'injustice circulent dans la société sous la forme d'une théorie du langage pur et divinisé. "Police partout, justice nulle part", parce que la justice sociale n'est qu'un vain mot ; la société est fondamentalement policière.

    Le lecteur attentif de Shakespeare verra que celui-ci met le langage fleuri et bien tourné, qui se développera comme un cancer au XVIIe siècle, dans la bouche des salauds (Polonius-Copernic, par exemple). L'anarchie antisociale du Christ, à l'opposé, passe par une critique violente du langage humain, véhicule de l'impureté. Gare au "style chrétien" par conséquent, c'est le scorpion le plus venimeux.

    Il y a en outre chez Francis Bacon (alias Shakespeare) une métaphore profonde empruntée à l'Evangile

    Le nazisme n'est jamais qu'un socialisme exacerbé, c'est-à-dire extraordinairement sincère et volontaire, oublieux que la séduction et l'hypocrisie sont essentiels au bon fonctionnement social ; oublieux aussi que les inégalités sociales sont un gage d'équilibre social. Le mouvement nazi est par conséquent analogue à celui de l'adolescent qui rejette violemment l'hypocrisie ou la lâcheté de ses parents ; il est analogue au romantisme à l'intérieur des groupuscules anarchistes (le jihad islamique de Ben Laden), trop immatures pour voir que la violence, attentats terroristes, meurtres, gangstérisme, ne sape pas la société mais, au contraire, la renforce.

    La fascination de la violence, à laquelle le cinéma répond volontiers, est d'ailleurs le fait des personnes les plus niaises et conformistes qui, bien que prises isolément, sont des plus craintive ou efféminées. Pour cette raison, elles aspirent moins à la paix qu'à la violence ou la mort.

    Le personnage du vampire, adulé dans la société antichrétienne, est sans aucun doute la figuration du surhomme socialiste. En effet le sang, impur comme le langage aux yeux des chrétiens, couleur des âmes damnées (le pape qui a décidé de porter la soutane blanche a dû lire accidentellement le Nouveau Testament, chose peu commune de la part d'un évêque), est au contraire du point de vue social un fluide sacré.

    On peut remarquer ici que l'élection du président de la République au suffrage universel revêt pour le chrétien un caractère aussi ésotérique que le culte des vampires. Si la France n'avait pas été largement nazifiée par son élite de tocards libéraux, comprenant bien le profit de l'ignorance et de la bêtise populaires pour le commerce et l'industrie, elle s'interrogerait un peu plus sur le sens de cette cérémonie somptuaire et non moins ridicule que les perruques de Louis XIV, difficile à accorder avec l'esprit français. Les Français qui s'abstiennent de voter sont les plus Français, attachés à cette conception réaliste que la société n'a jamais prêté, ne prête, et ne prêtera jamais qu'aux riches ; quand elle donne aux pauvres, dit Molière dans son portrait de Don Juan en vampire, satire du XVIIe siècle plus vigoureuse encore que celle de Voltaire, la société cherche d'abord à le suborner. Qui, de Molière ou des candidats à l'élection suprême, Bayrou, Villepin & Cie, sont les plus Français ? La réponse n'est pas bien difficile. On est avec l'élection présidentielle au même degré d'ésotérisme religieux que la monarchie de droit divin.

  • Céline contre Nietzsche

    Le moyen moderne mis en place par les élites pour asservir psychologiquement les classes laborieuses et impuissantes s'appelle la "culture". L'acteur culturel est un commissaire politique en temps de guerre économique larvée. Le terme de "culture" suffit à deviner le calcul religieux.

    Le procédé habituel de la culture est quasiment d'ordre culinaire, puisqu'elle procède par l'amalgame des contraires. On pourrait prendre aussi pour emblème de la culture une poterie ; un cratère pour la civilisation grecque, un vase d'aisance pour la civilisation libérale. En effet l'art de vivre justifie l'amalgame. Citons trois dissolvants de la culture :

    - Celui du Christ, qu'il nomme "amour" ;

    - Celui de Marx qu'il nomme "critique" ou "histoire" ;

    - Celui de Francis Bacon alias Shakespeare qu'il nomme : "mythe".

    Contre ces trois dissolvants, la culture tente de s'imperméabiliser par le vernis. Le code civil et la cryptographie mathématique sont les moyens de vernissage les plus efficaces.

    +

    Défaisons maintenant un amalgame que j'ai souvent constaté entre Nitche et L.-F. Céline, bien qu'on peut d'emblée constater la sympathie naturelle des "acteurs culturels" pour Nitche, au contraire de L.-F. Céline qui est réprouvé, ou qu'on s'efforce de réduire au style, c'est-à-dire au silence du mobilier (la comparaison de Céline avec Proust atteignant le comble du ridicule).

    - La haine de Nitche à l'encontre des juifs, des chrétiens et des anarchistes/communistes est justifiée de façon rationnelle par le fait que le judaïsme, le christianisme et l'anarchisme sont des messages ou des doctrines antisociales. Les juifs ne reconnaissent pas d'autre "chef d'Etat" que dieu, déléguant son pouvoir à Moïse, dont le premier souci est de dissuader les "juifs charnels" du culte païen du veau d'or. La vérité poursuivie par Marx n'est pas une matière sociale, la quête identitaire un pur attrape-nigaud du point de vue marxiste ("Facebook" ou le livre des morts). Rationnel sur le plan moral, Nitche ne l'est pas sur le plan historique, lorsqu'il accuse juifs, chrétiens et anarchistes de corrompre la société. Pour cela il faudrait que la démocratie, honnie de Nitche, soit effective ; or, bien que ce soit le rôle de la culture de prétendre qu'elle l'est, seuls les actionnaires de la démocratie le croient. Rationnel Nitche sur le plan moral, mais non au regard de l'histoire.

    - Pour Céline tous les juifs sont des pharisiens, ou bien tous les pharisiens -c'est-à-dire tous les clercs-, sont "juifs". Raison pour laquelle il traite le pape de "juif", Churchill, etc. Il y a pour Céline, effectivement dans la lignée de Rabelais ou Molière, Shakespeare, une sorte "d'ennemi intérieur", et cet "ennemi du peuple", c'est son clergé, dont il récuse jusqu'au mode d'expression (de même que les pamphlets de Rabelais étaient dirigés contre l'université). Le style de Céline est donc celui du démolisseur, loin du style opiacé distillé par Proust. Il y a d'ailleurs ici une leçon culturelle à tirer, qui contredit radicalement l'élitisme méprisant de Nitche, à savoir que la culture populaire est plus solide que celle du clergé et sa cuisine moderne. Ici Céline rejoint Marx et son constat que le parasitisme du clergé ou le culte de l'art sont la principale cause de pourrissement de la civilisation, notamment occidentale, qui se distingue par les fréquentes métamorphoses de son clergé. 

    - C'est sur le plan moral que Céline est moins rationnel. Nitche rejoint le bouddhisme par le sado-masochisme qu'il prône, c'est-à-dire l'acceptation d'une existence nécessairement faite de joies et de douleurs mêlées (on voit déjà ce type d'orientalisme poindre chez Pangloss-Leibnitz, et il n'a rien à voir avec l'intérêt ou la découverte de l'Orient). Nitche déteste le christianisme, qui ne fait pas place à la joie. Céline au contraire en fait l'éloge, ayant parfaitement compris l'usage de manipulation du peuple derrière l'idée de bonheur. C'est au contraire l'invitation à regarder la mort en face qui lui plaît dans le christianisme. Là où Céline se trompe, c'est qu'il n'y a pas plus de culture de mort dans le christianisme que de culture de la joie ou de la vie.

    Le christianisme méprise les lois de la biologie, pourrait-on dire. Joie et mort ne sont du point de vue chrétien que des artifices ou des accidents. Contre la culture de mort : "Laissez les morts enterrer les morts." dit le Christ. Contre la culture de vie, la dissuasion de prendre comme Judas son désir pour la réalité en s'attachant à la valeur du sang et de la chair.

    Le Christ méprise d'autant plus les lois de la biologie que c'est le procédé de la morale, du droit et de la politique de les sublimer, disposant ainsi l'homme au carnage.

  • Who is the Joker?

     

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    My Friend Henri from Sacramento (a Town where you can feel the Devil's Attendance like in most of US-Cities) was surprised when he met me for the first Time by my lack of Humour and Irony; as a Yankee he was translating Humour as a Proof of Spirit, though for lots of French people it is first of all proof of Stupidity or Journalism.

    Women mostly hate the Truth and love contrarily the Society which is based on lies (those that Sociologist are carefully keeping up). Female Irony is thus in this regard worse than Socrates' use of Irony to put Ignorance in light: just the Veil of hypocrisy.

    Modern Poetry is not far away from humour: this is probably the reason why French Prince of Poets Baudelaire (a little bit too smart may be to be said just a poet), why Baudelaire noticed that 'Gospels do not laugh'.

    If you do not admit or understand the link between Irony and Socialism, just watch Adolf Hitler's speeches: he is a great Master of Orchestra and know very well how to make the German female-soldiers not only vibrate as pipes but laugh too. Hitler's art is very close to Chaplin's. I do not doubt that 'in another life' -as Buddhists say-, Hitler would have been a very convincing Hollywood movie-maker.

    *

    Now, is there Humour or Irony in French Art or Literature? It is probably in French Moralists of XVIIth Century that one can find more easily some Humour. But French Spirit is not summarized in this Flight of Ancient Crows. Therefore concerning great Moliere, it is a mistake to believe he is a Moralist. Humour is just a trick for Moliere to protect himself: there is behind which can be taken just as comedies, one of the most violent fights against Society in French Art.

    Same mistake with English Shakespeare: those who do think Shakespeare is writing comedies did not even read Shakespeare. Use of Irony by Hamlet for instance is very specific: it makes his enemies who want to kill him believe that he is mad, and so less dangerous, but the Reader is understanding although that Hamlet is above his ennemies' irony.

    Example of Thomas More is conclusive too: More was praising Politics, which is rather strange for a Christian but does correspond to the Christian Free-masonic tradition (preceeding the Atheist one in Europa) ; and More was therefore famous for his Irony. Shakespeare's Play shows us Thomas More as a liar (promising life and giving death), and a Cuckold of his own opinion about Politics, making More 'the Saint of Cuckolds'.

    *

    Master of Irony and Humour in XXth Century is English Evelyn Waugh, probably without any serious concurrence but Winston Churchill himself. Almost perfect circle. It is true that Waugh is partly of female gender: his obsession of marriage, melancholy, interest for religious rites do reveal a female identity. But the use of Irony by Waugh is not gratuitous at all and curiously mostly against Female Systems like USA ('The Beloved One') or English Army ('Put out more Flags').

    Waugh books are proving that best Irony is asking to beware of irony. Humour requires as every kind of system, mathematics, colors, religion, a.s.o., to have distrust; if you do not you are just turning around like a stupid car-race made by Waugh the symbol of modern thinking making old new and new old and old new and new old...

  • Looney Tunes

     

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    As a result of global dictatorship, a large rate of people in the world is receiving an US-education. I was not watching TV too much when I was young but my first mental impression was although, walking for the first time on the US ground, to walk in a dream (which made me sick because dead can dream as well as they can dance). My second impression was to be in Germany; and in fact, one Nation's soul is nothing else than its money, and dollar is the German 'thaler'.

    Due to Shylock type covenant between France and the USA, French TV-Channels are spreading the US-religion in every French home every night. Some French movies or soap-operas are on TV too, but I am not the stupid French unable to see that French theater is 90% bullshit, made by half-educated French people who have no idea of what cinema does consist in, contrarily to many Us-directors. I am not sure that without the cinema/TV, French politicians would have fucked French people as deeply as they did during those last fifty years: this is the reason why you can be sure that the praise of the cinema 'as the 7th art' is coming from the French bourgeois (still dead).

    Best French movie directors are making commercials; in this category, as crucial as porn, French are maybe better than Us-directors themselves, because of the less puritan laws (I wonder if this advertising for a German car company: 'He has the car, he will get the girl', was French or not?).

    Advantage of these serial stories that we can watch after a while on French-TV is that they do inform people on the US-religion rather well. This is a propaganda of very good quality and Russian or Chinese should take lessons in Hollywood if they want to be the new masters.

    I made thus these summaries out of a few Yankee serial-stories for the kids of my sister who are too young to understand where dreams lead you if you do not fight them:

    - 'Sex in the city': New Whore does prefer Dollar than Sex. She is well educated now (thanks to feminism!).

    - 'The Experts': Praising the dead body is the Civility of Technics and Robots.

    - 'Desperate Housewifes': How USA became a Gay-Nation (and how feathers that were on Sitting-Bull's head first are on French-Cancan dancer Obama's ass now).

    - 'Lost': Revelation is just Entertainment.

    - 'Dr House': Because of its efficiency, one cannot get rid of nazism.

    - '24 H': Everybody is a terrorist but Cops are always the best.

    - 'Numbers': Because he has no phone-call number, Ben Laden is challenging USA-Scientists.

    - 'Prison Break': (No summary: you need to be gay to watch this one as Jail is a Metaphor for Gay-sexuality. French Marquis de Sade was in jail when he wrote his boring praise of politics, violence, torture and sex, and this is partly explaining it. Prison breaks you into a gay jack.)

    - 'Scrubs': ... Just brilliant! I must admit something about this one: if cinema was not 100% religion but art, it would be this 'Scrubs', not that far away from Moliere's message that medical men are possessed by the Devil and his Looney Tunes. When I need to prove someone that USA is one devil's nation, I tell him: 'Just look at the doctors of the Sacred-Heart Hospital in 'Scrubs'. 'Sacred-heart devotion' it is exactly the Christian religion pointed out by Moliere as a satanic come back to primitive superstition.

     

     

     

  • Le Diable dans l'Eglise (2)

    Pourquoi le XVIIe siècle janséniste est-il une étape décisive dans la dissolution -on a presque envie de dire "l'absolution"- du diable, et, partant, du délitement de la théologie catholique ?

    Au passage il convient de souligner que le XVIIe siècle français, en dehors de Corneille et Molière, est bien peu "shakespearien". Si la Renaissance place l'apocalypse et le diable au coeur de la science et de la théologie, avec les juristes, les mathématiciens et les "harmonistes" du XVIIe siècle, c'en est fini de l'histoire. Karl Marx et Frédéric Engels ont en restaurant la dialectique historique mis fin plus efficacement que Voltaire à un obscurantisme de plus de deux siècles. Si on dérouille l'épée de Shakespeare du fourreau de gnose scolastique dans laquelle l'Université l'enferme, on retrouve chez Shakespeare les grands axes de la pensée marxiste : le matérialisme (qui est un naturalisme, et jamais S. ne fait une métaphore au hasard) ; la vérité scientifique contre la puissance politique ("dynamique" contre "dynastie") ; la dimension satanique de l'argent (et son rapport avec le sang et l'âme, remarqué aussi par Léon Bloy) ; la sainte horreur du paganisme et de l'ésotérisme qui est aussi au coeur de l'oeuvre de Marx.

    *

    Il faut aussi aplanir ici une difficulté du vocabulaire courant. La science dite "matérialiste" authentique d'Aristote, Bacon ou Marx n'a rien à voir avec la "polytechnique" bourgeoise, nazie ou capitaliste et son culte de l'objet artisanal ou industriel. Pour un matérialiste, le rapport de l'âme à l'objet est évident et le fétichisme jaillit du miroir aux alouettes païen.

    D'ailleurs la bourgeoisie nationale-socialiste, pour prendre un terme général, ne sait pas faire la distinction entre l'artisanat et l'art, ou l'art et le produit industriel. L'art pompidolien par exemple n'est autre qu'une mystique (pour ne pas dire une mystification) de l'objet d'art : il est donc extrêmement religieux, comme l'art dit "premier", tandis que l'art de la Renaissance, à l'opposé, est profondément irréligieux, dans le sens où il tend à l'élucidation et à la réduction des paradoxes à néant (la musique basée sur l'hiatus de l'âme, cultive au contraire le paradoxe et l'ironie).

    *

    L'occultation du diable : ce que le nuisible autant qu'ignare Jacques Duquesne traduit comme un progrès théologique n'est autre que le produit de circonstances historiques et politiques. Le jansénisme, comme ses cousins germains l'anglicanisme et le luthéranisme, traduisent d'abord la montée en puissance des Etats-nations. Avant que l'équation ne soit parfaite entre le chef de l'Etat et le chef religieux (Napoléon ou Hitler), une étape a été nécessaire d'incorporation des principes politiques et moraux, au prix de graves distorsions du Nouveau Testament bien souvent, d'incorporation de ces principes à la théologie. Or, comme l'a décelé Simone Weil après Marx, la politique est le refuge du païen face aux éléments déchaînés de la nature. Il n'y a pas de société plus "politique et morale" qu'une tribu d'anthropophages. A tel point qu'on peut dire que l'anthropophagie est comme le terme de l'anthropologie. Le capitalisme, largement fondé sur la prostitution, a d'ailleurs réinventé de multiples façons de consommer le corps en toute légalité.

    Ici on peut voir la différence entre l'imbécile Nitche dont Michel Onfray perpétue la tradition d'ignorance crasse pour mieux asservir le populo au Capital, et le savant Marx. Lorsque ce dernier démolit la cathédrale nationale-socialiste, il sait bien que c'est un monument païen qui n'a plus guère de chrétien que l'argument ou le slogan. Il sait que la nouvelle religion de l'Etat n'est que la métastase d'un christianisme nationalisé. Tandis que Nitche est incapable de voir qu'Apollon est LE grand dieu païen et que Dionysos n'est qu'un sous-fifre. Autrement dit rien n'est plus sacré pour Nitche, Maurras, comme pour Schopenhauer avant eux que la religion. Le fonctionnaire, c'est-à-dire l'"homme nouveau" de la religion nazie, endosse les habits du prêtre : son élitisme est du même ordre.

    L'apocalypse étant le passage du Nouveau Testament le plus explicitement dirigé contre la politique et ses cornes sataniques (comme les livres prophétiques juifs sont les moins "talmudiques"), il était parfaitement logique que le "nationalisme chrétien" janséniste ou protestant fasse jeter l'apocalypse aux oubliettes. Les deux phénomènes d'abstraction du diable et de l'apocalypse convergent. Etant donné la signification historique de la "trinité", celle-ci disparaît aussi. Lucifer et l'Esprit saint sont alors regroupés sous le même vocable : la Providence. La présence de celle-ci dans la religion nazie (G.W.F. Hegel) suffit à établir que le nazisme et la morale existentialiste qui en découle sont "néo-gothiques". Le moyen âge ne connaît pas l'histoire. Le national-socialisme allemand dérivé du judéo-christianisme assigne, lui, une raison mathématique à l'histoire, ce qui est encore pire que l'ignorance pure et simple.


  • Le Diable dans l'Eglise

    Le journaliste Jacques Duquesne est l'auteur d'un livre-enquête sur le diable dans l'Eglise. N'importe qui peut faire le constat comme Duquesne que le "diable" a été "évacué" de la théologie catholique (en lisant les dernières encycliques papales), ou ramené au rang de vague concept. L'idée en revanche qu'on puisse être "chrétien et capitaliste", comme Duquesne, longtemps directeur de L'Express, gazette qui n'a pas grand-chose à envier au "Figaro" pour ce qui est de l'asservissement aux banques et aux industriels de l'armement, cette idée est d'autant plus contestable que le caractère satanique du capitalisme apparaît de plus en plus clairement aux yeux du grand public à travers le rideau de fumée médiatique.

    Car Duquesne se réjouit bien sûr de cette occultation du diable par le clergé (Mon propre message sur le blogue de l'abbé D. Letourneau, lui reprochant de se moquer du diable, a été censuré.)

    A votre avis, Tartuffe croit-il plus au diable que Jacques Duquesne ? Non, et pour cause, le jansénisme qui constitue une des cibles favorites de Molière (Tartuffe mais aussi Sganarelle) est une étape décisive dans l'occultation du diable.

    Avant de préciser pour quelle raison le jansénisme* évacue le diable, rappelons que tout théologien un minimum sérieux et ne cherchant pas à accommoder coûte que coûte l'Evangile à l'esprit du monde capitaliste comme Duquesne (le prix d'une telle trahison est sans doute hors de portée de la bourse d'un quelconque multimilliardaire) ou la clique des démocrates-chrétiens gaullistes du "Figaro" et apparentés ("Famille Crétine"), tout théologien sérieux sait qu'on ne peut être chrétien sans croire au diable. Celui-ci est en effet présent du début à la fin du Nouveau Testament auquel les chrétiens accordent une réalité historique (contrairement à Michel Onfray, par exemple, qui émet publiquement des doutes sur l'existence de Jésus).

    (A SUIVRE)

    *Il y a différents types de jansénistes. Même des jansénistes qui ont fini par se tourner vers l'apocalypse comme l'abbé Grégoire. La distance entre Bossuet et Blaise Pascal est assez grande (Voltaire cite dans son "Dictionnaire philosophique" un passage de Bossuet dans lequel celui-ci introduit l'apocalypse, ce qui n'est guère compatible avec le jansénisme, comme on verra un peu plus loin.) C'est un des aspects des Lumières et de la Révolution française dissimulés par le révisionnisme républicain ET démocrate-chrétien : la polémique jansénistes "sécularistes"/contre "millénaristes" est sous-jacente au débat intellectuel, même si Voltaire ne se réfère pas sans cesse comme Shakespeare ou François Bacon aux textes prophétiques juifs, grecs et chrétiens. Je prends donc le jansénisme au sens où Sainte-Beuve l'a caractérisé de façon pertinente à défaut d'être concise (La spéculation théologique est elle-même une caractéristique du jansénisme dans lequel Sainte-Beuve se drape lui-même, prouvant ainsi la permanence du jansénisme bien au-delà de la secte de Port-Royal-des-Champs.)


  • Philologie

    Le suicide d'une société qui a le culte des mots est programmé. Voyez le long cou du curé janséniste prédestiné à la corde. Si l'on vous dit : "Seuls les rats quittent le navire !", pensez plutôt comme Scapin : "Qu'allais-je faire dans cette galère ?" Car Molière comme tous les artistes honnêtes n'a pas de style.

  • Le Bal des cocus

    Voilà qu'on exhibe Michel Déon un peu partout à la télé, vieil ours qui fut naguère incorrect, aujourd'hui la griffe usée. En période de crise, les bourgeois resserrent les rangs ; le parti n'a plus les moyens de salons multiples.

    On pourrait s'attendre de la part d'un hussard à une littérature de corps de garde, mais pour celui-ci du moins, il écrit plutôt pour les boudoirs. Il est vrai que les bidasses lisent peu, bien qu'ils n'ont que ça à foutre, sauf peut-être des magazines porno et du Max Gallo pour les officiers.

    Moi, quand on me parle de Stendhal comme de Proust, je sors mon revolver. Déon fait pire que vanter le style musical de son auteur-fétiche, cette vieille ganache brûlée trouve le moyen de reprocher à Stendhal un des rares traits d'esprit de son idole, à savoir sa démonologie du coup de foudre ("empruntée" à Molière), qu'il nomme "cristallisation" et qui s'acoquine parfaitement avec l'esthétique nazie, la religion de l'art selon Hegel, également carbonique.

    On pousse Déon à faire de la réclame pour un auteur contemporain ; il hésite un peu, finit par lâcher un nom : Emmanuel Carrère, énième connard narcissique dont on se serait bien passé.

    (NB : Ne pas oublier, si je publie un livre, à souligner le rôle de l'Académie française dans la voyoucratie.)